Le lendemain, Myriam ouvrit les yeux, s'étira et sortit de son lit. Elle vit les rayons du soleil levant traversés les rideaux blancs de sa chambre spacieuse. Celle-ci avait les murs rose pâle et un plancher fait en bois de chêne. Une grande bibliothèque, où des livres étaient rangés, se trouvait adosser contre le mur de gauche et à gauche de celle-ci, il y avait un bureau marron en bois de hêtre. Au moins, c'était plus facile de récupérer des manuels au lieu de se déplacer, pensa-t-elle. En face des deux fenêtres, il y avait son lit qui avait des draps de couleurs chaudes et à côté de celui-ci, un chevet où était déposée une petite lampe. Quant à l'armoire marron chocolat en bois de pin sylvestre, elle était placée près de la porte et c'était là où étaient rangés les habits de la princesse.
C'était aujourd'hui que l'Esperanza partait pour le Nouveau Monde. Donc il y aurait beaucoup de monde qui regarderait le départ et qui participerait à la fête. Elle était tout excitée dans sa tête de découvrir enfin un autre endroit que Barcelone, de rencontrer des nouvelles personnes et d'avoir les réponses à sa question concernant son origine.
Elle avait décidé de mettre des habits et des chaussures simples, c'est-à-dire d'une robe bleu marine et des bottes noires. Elle s'attacha les cheveux en une natte.
Quand elle eut fini de se préparer, elle regardait son collier. Qui me l'a donné ? pensa-t-elle. Il cache tellement de secrets. Peut-être que certains d'entre eux seront révélés quand j'aurai les réponses à mes questions.
Elle fut sortie de ses pensées parce que quelqu'un toqua à sa porte. Elle se dirigea vers la porte, l'ouvrit et vit un domestique qui lui dit que Gaspard et Gomez étaient déjà dans la salle du trône et qu'il allait s'occuper de prévenir Mathéo et Luciféro. Elle acquiesça puis sortit de sa chambre en veillant bien à ce que le domestique ne fût pas devant la porte de peur qu'il se la prît dans le visage. Elle attendit une à deux minutes avant d'apercevoir ses deux gardes du corps marcher dans sa direction. Eux aussi avaient pris des choses simples : pantalons noirs, pull vert pâle pour le noiraud et orange clair pour le blondinet.
Quand ils furent à côté de leur meilleure amie, celle-ci leur dit :
- Je vais aller voir Zia pour lui dire au revoir.
- Bien sûr, approuva Mathéo. Prenons notre temps. Nous en avons beaucoups d'ailleurs
- Mathéo enfin, fit Luciféro en soupirant. Ce n'est pas le bon moment de traîner parce que le bateau part à une heure précise et il y a les deux idiots qui nous attendent.
- Ne perdons pas de temps, déclara-t-elle. Allons-y maintenant.
Les trois adultes coururent jusqu'à la chambre de l'adolescente. Arrivés devant la porte de celle-ci, elle toqua mais n'entendit aucune réponse. C'est bizarre, se dit-elle. À cette heure-ci, elle est toujours dans sa chambre en train de lire. Peut-être que ma mère l'a appelée.
En voyant qu'elle ne faisait rien, le blondinet s'apprêtait à ouvrir la porte mais son ami l'en empêcha car cela ne se faisait pas d'ouvrir l'accès de la pièce sans avoir l'autorisation de la personne. Sur ses mots, ils revinrent sur leurs pas.
Lorsqu'ils furent parvenus dans la salle du trône, les deux meilleurs copain de celle-ci rejoignirent Gomez et Gaspard en leur jetant un regard rempli de haine et sans les saluer. Quant à Myriam, elle enlaça une dernière fois ses parents adoptifs puis elle sortit du palais accompagnée par les quatre hommes.
- Vous êtes jolie princesse, complimenta l'homme aux cheveux gris tandis que la foule applaudissait sur leur passage.
- Arrêtez de la draguer ! hurlèrent les deux gardes irrités. Vous aurez à faire à nous si vous continuez !
- Ce n'est pas vous qui décidez ce que le commandant fait, rétorqua le noiraud. Si…
- Hé les gars ! cria-t-elle presque. Vous réglez vos problèmes plus tard en privé ! Alors restez calmes et mettez votre rancune de côté ! Les gens sont en train de vous regarder bizarrement d'ailleurs !
Ce qu'elle avait dit était vrai : tout le monde les observait en faisant les yeux ronds.
Les deux camps se lançaient des regards noirs pendant toute la durée de la marche jusqu'au bateau. La fille adoptive du roi et de la reine d'Espagne les regarda puis soupira discrètement. Franchement j'ai l'impression d'avoir des gamins qui se disputent, pensa-t-elle.
En quelques minutes, ils arrivèrent sur l'immense embarcation dont les voiles étaient préparées pour le départ. Il y avait des matelots qui préparaient le bateau. Tandis que le commandant et le capitaine allèrent dans la cabine où se trouvait le commandant Pérez, les deux hommes et la jeune femme observaient et faisaient des signes de la main à la foule qui s'était amassée devant le bateau. Ils voulaient voir une dernière fois la ville et ses habitants.
Tout à coup, un énorme bruit se fit entendre. La foule regarda à gauche. Quant aux marins et les trois adultes rejoints quelques secondes plus tard par les ennemis jurés de Mathéo et Luciféro, ils remarquèrent à leur droite des feux d'artifices lancés par des individus. C'était à ce moment-là que le navire commença à quitter le port. Jolis feux d'artifices ! se dirent-ils
Les trois meilleurs amis se retournèrent et aperçurent trois marins : le premier était un homme grassouillet qui avait les yeux sombres et des cheveux auburn et qui portait un bonnet rouge, une chemise grise aux épaules orange, une ceinture à sa taille, un pantalon marron clair et des chaussures marron chocolat. Le deuxième était un homme aux cheveux bruns et aux yeux sombres qui avait mis une chemise marron-orange, un pantalon gris, une cape bleue et des bottes grises. Quant au troisième, il avait des cheveux et une barbe bruns, et des yeux noirs. Ses habits étaient composés d'une chemise marron et d'un pantalon plus foncé que sa chemise et avait pris les mêmes chaussures que la personne le plus à sa droite.
- Bonjour princesse, je suis le capitaine Mendoza, salua-t-il. Et voici Sancho et Pedro. Je suis ravie de vous rencontrer.
- Enchantée de vous connaître, dit la brunette en souriant. Je vous présente mes deux gardes du corps Mathéo et Luciféro.
- Votre collier est joli, complimenta le capitaine.
- C'est gentil, fit la concernée. Mais ne le tou…
- Ça va Men… Mendoza ? demanda Sancho après avoir entendu un cri de douleur. C'est à cau… cause du collier ?
- Comment ça se fait que ce bijou fasse mal ? s'étonna Pedro. Il est ensorcelé, je parie.
- J'allais vous prévenir mais vous l'avez déjà fait, répondit-elle. Il n'y a que moi qui le peut toucher.
- Ne vous inquiétez pas, dit le blondinet. Mon camarade et moi, nous nous sommes déjà fait avoir plusieurs fois.
- Qui vous a donné ce collier ? questionna Mendoza.
- Je n'en ai aucune idée, répondit-elle. Mes parents adoptifs m'ont dit qu'ils m'ont vu avec le collier autour du cou quand j'étais petite.
- Je vois, fit-il. Est-ce que d'autres personnes le savent ?
- Oui, confirma le noiraud. Il y a Zia, la reine, le roi, Esteban, Gomez et Gaspard. En parlant de ces deux-là, ils sont toujours dans leur cabine avec Perez. Mais...
- Bravo Mathéo ! félicita-t-elle avec ironie en voyant son meilleur ami avec le crochet de l'échelle qui permettait la maintenir. Heureusement qu'il n'y a personne sur cette échelle sinon il y aurait un ou plusieurs blessés.
- Je reviens, déclara le navigateur. Je vais juste vérifier l'état de ce navire.
Il partit voir une autre échelle en corde, essaya d'enlever l'un des crochets et vit qu'il sortit de son socle. Il fit de même avec un autre mais de l'échelle d'en face donnant ainsi le même résultat. Ce trois mât est en mauvais état, pensa-t-il. Pourquoi naviguer avec ça plutôt qu'un autre ?
Sancho et Pedro reprirent leurs travaux respectifs avant de rejoindre l'homme à la cape bleue pour lui parler à propos d'Esteban.
Quant à Myriam, Mathéo et Luciféro, ils discutaient avant d'être interrompus par Gaspard. Il était bien énervé et tenait dans ses deux mains Zia et Esteban. De plus, il criait à Gomez et à Perez qu'il les avait trouvés dans la cale et qu'il avait l'intention de les jeter par-dessus bord. En entendant cela et en voyant qu'il se dirigeait vers le bord du bateau, Mendoza arriva et donna un coup de pied au visage du moustachu sous les yeux surpris des marins, Gomez et Pérez, un homme grassouillet aux cheveux bruns et aux yeux noirs portant une chemise rouge, une veste vert clair, une culotte bouffante bleue et des bottes de cuir noir. Il se releva et il s'apprêtait à demander qui avait fait ça. Mais il n'eut pas le temps car la princesse se plaça juste devant lui et lui hurla dessus :
- Ça ne va pas non ?! Si le roi et la reine savent ce que tu vas faire, c'est une sentence grave qui va te tomber dessus !
- Elle a raison Capitaine Gaspard, ajouta le brun. Ses enfants sont sous ma protection et je vous prierais à l'avenir de les laisser tranquille.
- Je vais juste régler son compte à ce type, dit le sbire du commandant Gomez après avoir poussé avec douceur la princesse vers sa droite. Je vais te réduire en bouillie ! se mit-il à crier sur l'adulte en face de lui.
- Je suis Mendoza votre navigateur et moi seul suis capable de faire franchir l'Esperanza le détroit qui passe au sud du Nouveau Monde, se présenta-t-il.
- Et bien parfait puisque tu es un marin, tu n'ignores pas nos coutumes, fit le noiraud avant de le seau complètement abîmé dans la mer. Tu vas donc me faire le plaisir de jeter toi-même ces deux galopins par dessus bord ou alors.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? questionna la princesse qui avait envie de rire en le voyant faire des mouvements ridicules avec son épée.
- Bah on ne sait jamais si ce Mendoza m'attaque, répondit le concerné qui continuait de manier son épée.
- Ce ne sont pas des passagers clandestins, répliqua le brun. Cette jeune fille, la princesse Myriam, ses deux gardes du corps et le seigneur Gomez la connaît n'est-ce pas ? Et vous aussi commandant Pérez ! Et ce garçon, c'est Esteban celui qui commande au soleil. Tout Barcelone connaît ses pouvoirs. Et vous, vous voulez le jeter à l'eau ?
- Bon range ton épée, ordonna-t-elle presque. Tu es en train de les effrayer.
- La princesse vous a demandé de ranger votre épée, dit Pérez qui se trouvait à côté de Gomez.
- Tu as bien de la chance que la princesse soit là sinon je te provoquerais en duel, déclara-t-il.
Il se retourna, fit une référence aux deux hommes et à la jeune femme et cria sur les marins pour qu'ils se missent au travail.
Il eut une discussion entre les trois adultes sur la petite Inca et sur l'état du trois-mâts. Pourquoi veulent-ils Zia ? se demanda-t-elle.
