Ils étaient enfin arrivés au château. Hermione avait pu observer durant toute la durée du trajet passé dans le train la diversité des élèves présents à Poudlard. Elle avait arpenté le long de la locomotive, espérant intérieurement avoir la chance de recroiser son ange gardien, sans réel succès. La fillette avait même fait la connaissance d'un certain Harry Potter : beaucoup de livres parlaient de lui comme d'un être exceptionnel. Pourtant il lui semblait que le garçon était d'une nature de tout ce qu'il avait de plus normal, aussi perdu qu'elle dans un monde auquel ils n'avaient pas l'impression d'appartenir.

Quand le train s'était finalement stoppé indiquant l'arrêt final, Hermione, ne tenant plus en place car bien trop impatiente de découvrir les lieux, avait sauté de sa banquette pour dévaler le plus rapidement possible les quelques marches qui la séparaient de la terre ferme. Avec réjouissance et curiosité, elle avait suivi ce géant barbu dénommé Hagrid. Quelle n'avait pas été sa surprise lorsque, une fois toutes les premières années entassées, les barques s'étaient mises en route en parfaite autonomie. C'était donc ça la magie ! Puis la petite sorcière avait eu le loisir de contempler la façade majestueuse de ce qui à présent représenterait son nouveau foyer. Les grandes tours rendues étincelantes par le clair de lune tiraient des cris de ravissement de la plupart des élèves. Hermione n'était absolument pas déçue car le paysage paraissait encore plus invraisemblablement féérique que dans les livres qu'elle s'était empressée de dévorer avant la rentrée, afin d'essayer tant bien que mal de combler sa soif insatiable de curiosité.

A présent ils étaient tous rassemblés devant une porte en bois majestueuse, dont la hauteur vous donner de sévères torticolis rien qu'en la regardant. Fébriles et anxieux face à ce qui les attendaient derrière, le silence s'imposa brutalement quand le claquement des portes retentit. Hermione eu seulement le temps d'apercevoir une femme vêtue de vert avant que la foule d'enfants excités ne l'emporte à l'intérieur. Ce qui la surprit en premier lieu fut la douce chaleur qui se répandit immédiatement en elle, détendant l'ensemble de ses membres : elle se sentait enfin chez elle, en sécurité. Puis pendant que le groupe mené par cette dame à l'aspect intransigeant, traversait un hall au sol dallé, la fillette remarqua au loin une silhouette translucide. Elle n'eut pas le temps de s'appesantir davantage sur le sujet puisque le professeur McGonagall qui venait de se présenter commençait son discours de bienvenue.

-Bienvenue à Poudlard. Le banquet de début d'année va bientôt commencer mais avant que vous preniez place dans la Grande Salle, vous allez être répartis dans les différentes maisons. Cette répartition constitue une cérémonie très importante. Vous devez savoir en effet, que tout au long de votre séjour à l'école, votre maison sera pour vous comme une seconde famille. Vous y suivrez les mêmes cours, vous y dormirez dans le même dortoir et vous passerez votre temps libre dans la même salle commune. Les maisons sont au nombre de quatre. Elles ont pour nom Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Chaque maison a sa propre histoire, sa propre noblesse, et chacune d'elles a formé au cours des ans des sorciers et des sorcières de premier plan. Pendant votre année à Poudlard, chaque fois que vous obtiendrez de bons résultats, vous rapporterez des points à votre maison, mais chaque fois que vous enfreindrez les règles communes, votre maison perdra des points. A la fin de l'année scolaire, la maison qui aura obtenu le plus de points gagnera la coupe des Quatre Maisons, ce qui constitue un très grand honneur. J'espère que chacun et chacune d'entre vous aura a cœur de bien servir sa maison, quelle qu'elle soit. La Cérémonie de la Répartition aura lieu dans quelques minutes en présence de tous les élèves de l'école. Je vous conseille de profiter du temps qui vous reste avant le début de cette cérémonie pour soigner votre tenue. Je reviendrai vous chercher lorsque tout sera prêt. Attendez-moi en silence.

Hermione sentit la nervosité prendre le dessus dès la fin de ce monologue d'introduction. Elle n'était absolument pas préparée à une épreuve de sorcellerie ! A voix haute elle dressa rapidement la liste des sorts qu'elle avait pu retenir au cours de ses précédentes lectures. Son pouls palpitait de plus en plus vite et de plus en plus fort ; une grosse crise d'angoisse menaçait de tomber. Pour se calmer, la sorcière lança un regard aux alentours et constata avec un plaisir non dissimulé que tous étaient plantés dans la même situation. A sa droite, des garçons chuchotaient quelque chose au sujet d'un hypothétique troll tandis qu'elle entendit derrière elle une de ses nouvelles camarades fondre en larmes.

Alors qu'elle se concentrait sur les lieux, mémorisant chaque détail minutieusement afin d'oublier son stress, le professeur fit sa réapparition pour les mener dans la Grande Salle. Lorsque les battants s'ouvrirent complétement, Hermione, subjuguée, en perdit le fil de ses pensées. La grande Salle était bien plus belle que dans sa tendre imagination : quatre longues tables s'étendaient, occupant presque la quasi-totalité de l'espace et accueillant les élèves sorciers. Au fond, on pouvait distinguer une estrade hébergeant surement le corps professoral de l'école. Le tout était éclairé par des milliers de bougies brillantes comme des feux follets, qui semblaient flotter dans les airs, naviguant au gré des courants d'air. Mais ce qui poussa l'admiration des enfants à son paroxysme fut certainement le plafond : un ciel bleu profond constellé d'étoiles resplendissantes s'étalait sur la voute arquée. Cependant ce n'était en aucun cas une fresque ou un décor fixe ; le plafond n'avait rien de banal puisqu'il bougeait.

-C'est un plafond magique. Il a été fait exprès pour ressembler au ciel. Je l'ai lu dans L'histoire de Poudlard, laissa échapper la jeune fille dans un murmure incontrôlable, trop captivée pour s'adresser à quelqu'un en particulier.

La Répartition commença et la fillette fut soulagée de constater qu'il fallait seulement enfiler un vieux chapeau rapiécé pour être dans l'une des quatre maisons. A mesure que les noms défilaient et les applaudissements se succédaient, Hermione sentait son corps trépigné d'impatience. Elle voulait en finir au plus vite et n'avait de toute façon aucune maison en tête particulièrement. Lorsque le professeur McGonagall ouvrit sa bouche une énième fois pour appeler le prochain élève, Hermione sentit dans chaque fibre de son être que son tour était arrivé. Sa respiration se bloqua et son regard se fixa sur le Choixpeau qui l'attendait sagement sur le tabouret en bois. Elle entendit à peine son nom ; son corps se mit automatiquement en mouvement, avançant par de petits pas précipités et incertains vers l'objet de son trouble. Plus rien ne comptait. C'est à peine si le poids des regards de l'ensemble de la Grande Salle l'effleurait : l'appréhension l'avait totalement coupée de la réalité.

Hermione prit une brève inspiration et porta d'une main tremblante le couvre-chef à sa tête. Cependant avant de se retrouver dans le noir complet à cause de la taille excessive du Choixpeau pour sa petite tête, la jeune fille eut le temps de distinguer une lumière dans le brouillard. A seulement quelques dizaines de mètres d'elle, une auréole embrasée l'observait avec un large sourire d'encouragement. Hermione ne pouvait voir que lui ; et les peu de secondes se transformèrent en un moment d'éternité. Ses couleurs rouge et or portées fièrement sur son uniforme, il lui sembla qu'il lui lança un clin d'œil. Puis ce fut l'obscurité absolue. Une voix éraillée retentit alors dans sa tête ne laissant pas le temps aux pensées de se développer.

« Qu'avons-nous là ? Une jeune sorcière ambitieuse et dont la soif d'apprendre n'a d'égale à l'intelligence. Intéressant... Tu sembles aussi très humble et déterminée, prête à te sacrifier pour les choses qui te tiennent à cœur. Quelle maison pourrait-elle te convenir le mieux ? Serdaigle ou bien Gryffondor ? »

Hermione ne pensa à rien d'autre qu'aux couleurs rouge et or aperçues sur les vêtements de Fred : son choix fut vite décidé.

« Gryffondor. Hum... Il semblerait bien que tu sois destinée à de grandes choses jeune sorcière. »

Sa respiration repris dès l'instant où le chapeau cria fermement le nom de la maison des valeureux lions. Lorsqu'elle enleva sa coiffe maintenant inutile, la lumière l'aveugla directement et elle descendit chancelante les marches de l'estrade pour rejoindre sa table tel un automate, sous les applaudissements de la Grande Salle. Ces derniers résonnèrent longuement dans sa tête et l'unique sentiment qui l'envahit durant le reste du diner fut une satisfaction plénière.

La soirée était maintenant terminée et l'heure de se coucher avait sonné. Le repas s'était déroulé d'une façon magique pour Hermione qui ne s'était jamais sentie aussi à l'aise de toute sa vie. Passé l'émerveillement quant aux plats délicieux qui étaient apparus de nulle part, la nouvelle Gryffondor avait longuement discuté avec un certain Percy Weasley qui s'avérait être le Préfet de sa maison. Il lui avait expliqué en quoi consistait cette tâche honorable puis l'avait rassurée vis-à-vis des prochains cours s'annonçant dans les jours à venir. La brunette était d'ailleurs prête à parier que ce Percy faisait partie de la même famille qu'un autre garçon dénommé Fred. En effet, elle lui avait d'abord adressé la parole seulement grâce à sa ressemblance physique avec son ange-gardien. Ange-gardien avec qui elle n'avait pourtant pas pu échanger au cours de cette merveilleuse soirée.

A présent, les élèves étaient rassemblés en groupe et suivait tranquillement le chemin menant aux dortoirs. Hermione se sentait épuisée après tant d'émotions néanmoins cela n'empêcha pas sa curiosité de se manifester. Alors qu'elle gravissait l'un des escaliers mouvants, son attention fut attirée par un étrange rassemblement de fantômes et tableaux. Discrètement, la brunette bifurqua vers le point de rencontre pour tenter de comprendre ce qu'il se tramait : au vue de leurs visages sérieux ainsi que de leurs coups d'œil successifs, cette réunion avait tout l'air d'être une conspiration secrète ! Et Hermione adorait les énigmes, surtout quand il s'agissait de les résoudre dans la plus discrétion possible. Arrivée à quelques mètres d'eux, elle s'avança à pas de velours, se faisant aussi minuscule qu'elle pouvait et profita surtout de la part d'obscurité qui divisait le couloir. Mais elle eut à peine le temps de saisir quelques bribes de la conversation que les fantômes et portraits, alertés par un bruit suspect, se dispersèrent rapidement. La fillette avait tout de même pu glaner les mots « troisième étage », « chien » et « pierre ». Quelle était la signification de ceci, elle n'en avait aucune idée, mais, sa curiosité maintenant piquée au vif, comptait absolument découvrir le fin mot de cette histoire. Perdue dans ses suppositions, la sorcière se rendit compte qu'elle était seule dans le couloir et complétement égarée.

-Rah ça t'apprendra à t'occuper des affaires des autres, imbécile ! pesta-t-elle contre elle-même, se giflant mentalement de désespoir face à sa situation actuellement embarrassante. Comment je vais retrouver mon chemin moi maintenant ? Pourquoi dès le premier jour ?

-Dis donc, encore besoin d'aide, petite Hermione ?

-Fred, s'exclama-t-elle en se retournant, heureuse de tomber sur quelqu'un et encore plus en découvrant son identité. Euh je crois que je me suis perdue. Aurais-tu la gentillesse de m'indiquer la route à prendre pour que je puisse rentre saine et sauve au dortoir, s'il te plait ? demanda piteusement Hermione, la tête abaissée vers le sol, signe de son malaise.

-Ça va finir par devenir une habitude ! Mais je ferais office de chevalier servant une seconde fois avec plaisir, lui répondit le garçon avec un sourire taquin, amusé par son attitude intimidée. Ah voilà mon frère jumeau, Georges ! Autant que tu le rencontres avant de te tromper. Georgie, je te présente Hermione, la première année dont je t'ai parlé dans le train.

-Nous nous rencontrons enfin, petite Hermione ! C'est un plaisir, lui lança un garçon tout aussi roux qui venait juste de débouler dans le couloir. Sa voix avait pris la même inflexion cérémonieuse et exagérée que Fred lors de leur premier échange. Hermione lui sourit en guise de réponse, intimidée. Elle était flattée d'avoir été l'objet de l'une de leur discussion et voir un deuxième Fred rendait la situation encore plus bizarre.

La brunette observa les deux frères qui se tenaient côte à côte. Elle fut à la fois frappée par leur ressemblance mais également par leurs différences. Là où tout le monde s'exclamait sur les traits physiques si semblables, la jeune ne vit pourtant que leurs divergences. Ces dernières paraissaient en même temps tellement évidentes bien qu'infimes. Ainsi, ils n'avaient pas le même sourire ni la même voix : Fred affichait particulièrement un sourire en coin qui faisait d'ailleurs ressortir une fossette tandis que Georges montrait plutôt un large sourire aux dents blanches. De plus, le premier possédait une voix plus basse et l'autre plus enjouée.

C'était plein de petits détails qu'Hermione remarquait à une vitesse affolante et avec une précision remarquable : leurs positions, les taches de rousseur, la forme des sourcils... Elle s'acharnait tellement à leur trouver des différences physiques qu'elle ne prêta absolument pas attention à leur conversation pendant qu'ils retournaient tous ensemble à la salle commune de Gryffondor. Une fois arrivés, Hermione mémorisa le mot de passe donné par Fred et rassura Georges quant au souvenir du chemin emprunté. Elle s'apprêtait à les remercier une dernière fois avant de monter les escaliers qui menaient apparemment à son dortoir, quand Fred fronça les sourcils puis lui indiqua fermement :

-Ne te balade plus dans les couloirs le soir, surtout après le couvre-feu : c'est interdit par le règlement. Tu pourrais tomber sur des choses étranges ou dangereuses ; on ne sera pas toujours là pour te sauver la mise.

Georges réprima un sourire étonné et amusé face à la recommandation de son jumeau. Ce dernier prenait très à cœur son rôle de protecteur, ce qui était à la fois attendrissant et intéressant à noter, compte tenu de la nature insouciante qu'ils partageaient tous les deux. Hermione, quant à elle, haussa les sourcils pour toute réaction, traduisant elle aussi son étonnement.

-Pourtant vous aussi vous trainiez dans les couloirs, fit-elle remarquer malicieusement en s'approchant de lui, je me demande bien ce que vous faisiez dès le premier soir d'ailleurs ! Tu ne devrais pas donner des conseils que tu ne respectes pas toi-même tu sais ? Mais je prends note et je ferais plus attention à l'avenir, promis. Bonne nuit vous deux !

Sur ces paroles, elle tourna rapidement les talons en direction de son lit tant désiré après cette longue journée, laissant un Fred abasourdi par sa réponde et un George régalé par le spectacle auquel il venait d'assister. Il vit son frère rougir et grogner quelques mots dont « sacré caractère » et « je l'aurai prévenue » faisait partie, tandis qu'il se dirigeait lui aussi vers son propre dortoir. George s'étira puis s'avança à sa suite, néanmoins impatient de découvrir comment la relation entre ces deux-là évoluerait.