Epilogue :
Il faisait chaud dans la chambre de la reine malgré l'hiver bien installé. Les sages-femmes s'activaient, des bassines d'eau chaude et des linges impeccables étaient préparés. Cersei, en chemise blanche, ne voulait que des femmes, à part ses frères, lors de son accouchement. Si Qyburn avait été en vie, ce serait probablement lui qui l'aurait accouchée, mais elle avait décidément perdu beaucoup de choses… Mais gagné tant d'autres. Elle sourit en regardant Tyrion qui lui essuyait le front avec une compresse glacée. Jaime assis à sa droite sur le lit lui tenait la main, intensément concerné. Elle allait avoir un bébé de lui. Son frère, mari et roi consort. Un autre bébé.
Une nouvelle contraction lui arracha un cri strident. La sage-femme entre ses jambes lui dit :
-Ne poussez pas encore ! Le col n'est pas tout à fait assez dilaté.
-Combien de temps ça va durer, encore ? geignit Cersei.
Cela faisait des heures que le travail avait commencé. Elle sentait que quelque chose n'était pas comme d'habitude. Tyrion allait et venait dans la pièce comme un lion en cage. Il lui rappela brièvement les lions de leur grand-père Tytos.
-Est-ce que c'est normal ? demanda-t-il pour la cinquantième fois à la sage-femme en chef.
-Pour l'amour du ciel, arrête d'emmerder cette femme et vient t'assoooaaAAAAAAH ! fit Cersei avec une nouvelle contraction.
Jaime se fit lacérer sa main de chair mais il s'en fichait. En cet instant, comme lors de tous les accouchements de Cersei il se sentait abominablement coupable… Il aimerait pouvoir prendre un peu de la douleur de sa jumelle, mais cela était impossible. Il se rapprocha de son visage, et murmura :
-Imagine, dès que tu pourras remonter sur Drogon. On s'envolera à nouveau tous les trois, avec le bébé ! On sera libres, on flottera…
-Hors de question que mon bébé monte sur ton fichu dragon avant de savoir marcher ! s'exclama Cersei, horrifiée.
-Techniquement, c'est votre dragon, précisa Tyrion, bien que ni Jaime ni lui n'ai osé avouer à Cersei que son grand frère l'avait déjà emmené en balade…
-Vous allez le bouffer en salade ce dragon ! Quand je sortirais de cette pièce je vais demander le divorce et VOUS FAIRE EXILER TOUS LES DEUX A CASTRAL ROC ! cria Cersei en finissant sur un autre cri du à une contraction.
-Poussez maintenant ! lui ordonna la sage-femme.
Le cri guttural de Cersei devint presque inhumain, mais le bébé n'était pas encore prêt à sortir.
-Vous y êtes presque, Votre Majesté, lui sourit la sage-femme d'un certain âge de manière rassurante. Tout se passe bien. Les filles, apportez-moi la bassine d'eau chaude et du linge !
Mais Cersei sentait au fond d'elle-même que ça ne se passait pas si bien que ça… Il y avait quelque chose d'étrange dans cet accouchement… même dans ce bébé… serait-il normal ? Allait-il mourir avant même de naître, comme la prophétie l'aurait voulu ? Elle jeta un regard en biais à Tyrion.
-Viens t'asseoir, ordonna-t-elle d'une voix sèche à laquelle il s'était déshabitué.
Le Lannister nain obéit et donna sa main à Cersei, juste avant une autre contraction.
-Poussez !
Cersei hurla du plus profond de ses entrailles. Les trois Lannister étaient unis dans cet élan de vie, ses deux frères l'entouraient, l'épaulaient, lui tenaient la main dans cet instant fatidique.
Cersei sentit le bébé sortir de son ventre, et elle expira longuement, s'affalant sur les gros oreillers trempés de sueur, exténuée.
Tyrion vit la sage-femme hésiter à sortir le bébé plus loin qu'entre les jambes de sa soeur. Son visage exprimait l'étonnement le plus complet, et un peu de crainte.
Il se leva et prit la place de la sage-femme.
Il devint lui aussi muet et livide. Puis se reprit :
-TOUT LE MONDE, DEHORS !
Les sages-femme ne se le firent pas dire deux fois, sauf la sage-femme en chef qui, chancelante, eu besoin de l'aide d'une de ses assistantes pour quitter la pièce.
Jaime se leva également, le visage fermé.
Cersei et Tyrion l'observèrent avec effarement et Cersei lui tira faiblement sur la main.
-Pas toi, idiot…
-Vous pensez que je suis idiot ? s'écria-t-il, écoeuré. C'est ça que vous murmurez derrière mon dos depuis des semaines, tous les deux ? Je veux juste VOIR mon bébé ! Comment est-il ? Il lui manque des membres, il est difforme ? Peu importe, je l'aimerai quand même, et s'il le faut, je l'aimerais pour deux ! s'exclama le chevalier en se dégageant de l'étreinte de sa femme pour s'avancer au bout du lit.
-Il est mort ? Demanda faiblement Cersei, presque résignée.
Mais Tyrion avait déjà déjà coupé le cordon ombilical et pris entre ses mains… une boule de peau. à l'intérieur de laquelle s'agitait quelque chose. Il la transporta sous les yeux médusés de son frère et de sa sœur, et la reposa sur le lit, juste à côté d'elle.
Sous le choc, Jaime se rassit aussitôt. Sous le choc, Cersei chercha sa main. Tous les trois fixaient cette étrange chose qui venait de sortir du ventre de la reine des Six Couronnes.
Dernièrement Tyrion avait tancé Jaime pour qu'il s'occupe plus de Cersei, et lui-même et sa sœur avait entamé une relation romantique à laquelle il ne se serait jamais attendu, mais qui lui semblait tellement naturelle qu'il ne se posait étonnamment pas vraiment de questions… Cersei s'était sentie plus entourée, moins seule, et la fratrie Lannister était devenue plus soudée qu'elle ne l'avait jamais été. Et ils étaient là, à présent, tous les trois, contemplant cette étrangeté…
Le petit sac de peau s'agitait à côté des hanches de Cersei. Un pic se formait ici où là, comme si quelque chose à l'intérieur voulait percer la peau mais était trop faible pour y arriver… Ils voyaient une forme en transparence qui ne ressemblait en rien à un bébé… Les trois blonds étaient tellement sidérés qu'aucun d'eux ne pensa à aider la chose à l'intérieur… ça griffait, ça tremblotait, ça roulait un peu d'un côté et de l'autre, ce n'était définitivement pas humain…
Les tentatives durèrent peut-être quelques minutes ou peut-être bien des heures, la fascination tenait Cersei, Jaime et Tyrion en haleine, se serrant tous trois la main durant ce laps de temps indéterminé… Soudain, trois petites griffes brillantes jaillirent de la peau au sommet de la boule, difforme et tendue. Elle se déchira sans peine après cela, et se déposa autour de la créature en petit tas de plis sanglants. Le liquide amniotique se répandit sur les draps.
La minuscule créature s'ébroua. Un tout petit dragon de la taille d'un petit chat, violet foncé, venait d'apparaitre sous les yeux du trio Lannister.
Il étira son long cou, essaya de déplier ses petites ailes, d'un rose intense, ce qui lui prit un certain temps. Aucun des humains dans la pièce ne bougeaient, mais leurs mâchoires étaient toutes tombées et leurs bouches grandes ouvertes. Ils arboraient tous les trois un air stupéfait et un peu stupide. Leur cerveau essayait d'intégrer cette nouvelle réalité.
Puis, soudain, Drogon s'approcha d'une des fenêtres de la chambre de la reine. Il se stabilisa devant, et les Lannister se tournèrent vers ses yeux jaunes qui les fixaient avec semblait-il de l'affection. Le dragon adulte poussa un long cri strident qui résonna sur tout le Donjon Rouge et se transforma en ronronnement guttural.
Le petit dragon violet poussa à son tour son premier cri, strident et aigu, en réponse. Cersei sentit son coeur s'emballer. Dragon s'envola vers d'autres cieux. La blonde libéra sa poitrine de sa chemise blanche, et toucha doucement le bébé dragon sur le dos. Les écailles étaient acérées… Elle l'orienta vers son sein et le pressa, en fit perler des gouttes de lait. La créature violette sortit une minuscule langue et lécha le liquide nourricier avec avidité.
Cersei sourit.
Ses frères étaient encore sous le choc. La Main de la reine se leva, chancelant, et alla chercher une carafe de vin et deux verres. Il en tendit un au roi consort qui ne put même pas boire correctement sans en renverser sur le lit. Ils contemplèrent tous deux leur sœur nourrir le petit dragon aux ailes rose foncé pendant un moment, une lueur maternelle dans le regard…
-Je crois… balbutia finalement Tyrion. Je crois que c'est une fille…
-Ma couronne, ordonna Cersei d'une voix régalienne.
Jaime se saisit aussitôt de l'objet, un nouveau diadème en or orné de rubis, assortie à sa couronne, que Cersei avait fait forger et sertir pour leur mariage et le couronnement de son roi consort. Il la passa toutefois à Tyrion, ne pouvant la déposer que très difficilement d'une seule main sur la tête de sa femme. Cersei releva la tête et détourna les yeux du petit dragon. Ce fut Tyrion qui ceint le front de sa sœur de l'objet de pouvoir. Il le déposa délicatement, répartissant élégamment du bout des doigts les boucles blondes un peu aplaties par la sueur de l'accouchement, qui avaient encore poussé depuis la première fois où elle l'avait autorisé à passer la main dedans. Il ressentait encore l'émotion de ce moment à chaque fois qu'il lui caressait les cheveux...
La suzeraine des Six Couronnes, Cersei Lannister, la main gauche posée sur son dragon nouveau-né, la main droite posé sur l'épaule de son mari, roi consort et frère, sa Main et frère à sa gauche, les regarda tour à tour dans les yeux, et déclara :
-Nous allons fonder notre dynastie. Une dynastie de dragons.
Tyrion se dit que sa grande sœur et amante se la jouait peut-être un peu trop Targaryenne. Puis il regarda le dragon. Elle avait parfaitement de quoi… Elle venait de donner naissance à un putain de dragon. Elle l'avait porté neuf mois en elle. Jaime et Cersei Lannister avaient conçu un dragon ! Le sang des dragons coulaient dans leurs veines plus puissant qu'il n'avait coulé dans aucun autre Targaryen depuis que l'Histoire existait… La vraie Reine Dragon, c'était sa sœur.
Jaime, lui, était galvanisé. Il pensait à la future famille de dragons que ce petit être recouvert d'écailles violettes et Drogon allaient fonder.
-Tyrion, tu es toujours techniquement marié à Sansa Stark, pas vrai ? demanda Cersei sans attendre de réponse. Tu vas te rendre dans le Nord et lui proposer de renouveler vos vœux de mariage : dis-lui que vos descendants seront les héritiers directs des Sept Couronnes, donc de tout Westeros.
-C'est un ordre, ma reine ? demanda le dernier vrai Lannister.
-C'est un ordre indiscutable de ta reine, entérina Cersei.
Tyrion ne répondit pas mais se resservit amplement du vin. La conversation avec Sansa allait s'avérer salée…
-Nous allons appeler cette petite fille Myrcella, continua Cersei, considérant la discussion à propos de Sansa Stark close.
Litany : Ah non. Qu'est-ce que je vous ai déjà dit à propos d'appeler vos nouveaux enfants comme vos enfants décédés ? C'est super malsain !
-Mais ferme-la ! s'exclama Jaime en lui lançant son verre de vin à la tête.
-On fait ce qu'on veut ! répliqua Cersei.
-Ce sont le roi et la reine des Six Couronnes alors ils ont le droit de faire pas mal de choses… compléta Tyrion. Y compris des trucs un peu cons…
-Ceci dit, concéda Cersei avec un voile de tristesse devant ses magnifiques yeux émeraudes, elle n'a pas tout à fait tort… Appelons-là Joanna, plutôt.
Litany : Mais non ! C'est pas mieux : ça va faire ressortir ton ressentiment envers Tyrion face à la mort de votre mère !
Cersei la toisa d'un air éminemment supérieur, et répliqua :
-Tu sais où est allé mon ressentiment envers Tyrion ?
Et sans rien ajouter, elle attira son petit frère à elle, et l'embrassa tendrement. Le baiser dura un long moment...
Litany : Ah… Oui… Bon… Mais… c'était l'anniversaire de Solène, et je voulais lui faire plaisir, et le Cerion… Je...
Jaime regardait la scène les bras croisés, en souriant.
Litany : Et toi, ça te fait plaisir ?!
-Très !
Litany *le fixe d'un air effaré* : T'es sûr ?
-J'ai toujours rêvé qu'ils se rapprochent… Si ça doit être par le biais romantique, je serais bien en peine de juger ou de m'indigner… tant qu'ils ne m'écartent pas…
Cersei lâcha enfin les lèvres de Tyrion qui avait à présent un air terriblement idiot sur le visage et vint plaquer un baiser sonore sur la joue de son jumeau :
-Tu sais bien que ça n'arrivera pas.
-J'ai besoin d'être rassuré, parfois…
-Attends que je sois remise et tu vas voir comment je vais te rassurer…
Les jumeaux ricanèrent, front contre front : le monde extérieur pouvait bien aller se faire foutre quand ils étaient ainsi complices.
Litany : Je vous préviens, j'écris pas de plan à trois, moi…
Cersei soupira.
-Qu'est-ce qu'on fait d'elle ? demanda Jaime. Vous voulez que je la balance par la fenêtre ?
Litany : Heu… ce ne serait pas un peu… redondant ?
Le roi consort des Six Couronnes haussa les épaules. Puis il se leva du lit et saisit Litany par le bras sans ménagement et l'entraina vers la porte.
Litany : Hey, mais hey ! Doucement Blondinet ! Lâche-moi !
Jaime ouvrit la porte et la jeta aux gardes :
-Au cachot pendant trois semaines. Bien froid, le cachot.
-A vos ordres, Votre Majesté !
Litany : Tu es conscient que ça ne va pas arranger notre relation ?
Jaime referma la porte.
Litany *crie* : Le fluff vous pouvez vous le foutre au cul ! Ce sera full dramaaaaahhh !
Jaime revint s'assoir auprès de Cersei comme si rien ne s'était passé. Le petit dragon violet tétait à nouveau.
-J'ai l'impression de l'avoir déjà vue… murmura Cersei, pensive.
-Oui, moi aussi, fit Jaime en fronçant les sourcils.
-Et bien à moi, elle ne me dit rien du tout ! déclara Tyrion. Et on s'en fiche bien du reste. N'est-ce pas, petite Joanna ?
Il caressa la tête du bébé dragon du bout du doigt, et celui-ci émit un petit son comme un ronronnement.
-Où en étions-nous ? demanda Cersei.
-Tu m'envoyais à l'autre bout de Westeros pour demander en mariage une femme que je n'aime pas parce que je t'aime toi.
-Mais tu vas faire ce que je te demande.
-Je dois admettre que politiquement parlant l'idée à du charme.
-Sansa Stark aussi a du charme ! s'exclama Cersei. Je pourrais te demander pire.
Tyrion haussa les épaules.
-J'ai toujours trouvé les autres femmes fades comparées à toi, alors maintenant que tu es devenue une monarque que j'admire plus que je n'aurais jamais pensé…
-C'est parce que j'ai une Main qui me conseille très intelligemment...
Jaime toussota.
-Je sais que vous êtes dans la période lune de miel, et que vous n'avez pas encore consommé, mais si vous continuez à vous envoyer des fleurs comme ça, je vais me sentir un peu à l'écart…
Tyrion pouffa.
-Grand dadais… bien sûr qu'on t'aime aussi !
-Viens dans nos bras !
Les deux frères Lannister montèrent dans le lit avec leur sœur et le bébé dragon, et ils se blottirent tous les uns contre les autres en riant et s'échangeant des caresses sages et des baisers un peu moins sages…
Et ils conquirent le monde, eurent beaucoup d'enfants et de bébés dragons et vécurent heureux jusqu'à la fin des temps…
Fin.
