Partie 2 : Tooru Oikawa et Hajime Iwaizumi :
Tooru Oikawa avait toujours aimé admirer les couchers de soleil depuis la fenêtre de sa chambre. Pour lui, ce n'était rien de plus qu'une nouvelle aube à contempler en se levant mais une aube aux nuances magnifiques et lumineuses.
Voilà pourquoi il avait eu cette tendance d'ébouriffer la touffe rousse des cheveux du petit Hinata lors de ses visites au domaine Kageyama afin de prendre des nouvelles de Tobio-chan. Il adorait aussi la mine grognonne du loup-garou à chaque fois qu'il s'était amusé à l'embêter.
Sans oublié le regard assassin de Tobio-chan qui se retenait de lui dire le fond de sa pensée. Voilà que je verse dans la nostalgie, pensa Tooru avec un sourire amer en contemplant un moment les fins rayons crépusculaires pendant qu'il arpentait les bois d'un pas plus ou moins prudent.
La forêt était plus silencieuse à cette période de l'année.
Les premières chaleurs du printemps avaient succédé à la froideur impitoyable de l'hiver.
En tant que vampire, Tooru s'était plutôt estimé comme étant plus chanceux que ses confrères. Oui, chanceux. Un qualifitatif qui le rendit maussade. Comme son sang était dilué avec celui des sorcières provenant de la lignée maternelle, la malédiction avait donc moins d'effet sur lui.
Et par moins d'effet, il voulait dire que les crises étaient plus espacées que celles d'un vampire de sang pur comme Tobio-chan ou Kei-chan. A la base, les siens descendaient tous d'humains de noble lignage qui avaient subi une mutation étrange d'après les dires de feu son père.
Tooru s'était toujours dit que la magie noire y avait aussi eu son lot de responsabilité derrière et, ironie du sort, c'était encore à cause de cette magie noire que le nombre de vampires encore vivants avait réduit comme une véritable peau de chagrin.
La malédiction qui les frappait était en réalité une maladie qui avait non seulement réduit drastiquement leur espérance de vie mais qui se contractait aussi en trois phases distinctes : cela commençait par une gorge sèche et une crise d'anémie, puis par une forte fièvre.
Enfin, la dernière phase les rendait incrontrolable, obsédés par une soif de sang qui les poussait à la folie aussi furieuse que celle d'un loup-garou lors des nuits de pleine lune jusqu'à ce que mort s'ensuive deux jours après, leur coeur cessant d'arrêter.
La famille de Tobio-chan en était morte rapidement, la sienne par contre, avait été la proie de chasseurs qui avaient découvert un de leurs domaines familiaux les plus reculés où ils s'étaient cachés. Kei-chan et son frère ainé étaient les seuls alphas de sa connaissance qui avaient survécu de leur coté et il ignorait s'il y avait encore d'autres vampires dans le coin à part eux.
Et pour rendre la malédiction encore plus vicieuse qu'elle ne l'était déjà, seul du sang de loup-garou pouvait l'enrayer temporairement. Tooru avait plusieurs fois été tenté d'applaudir l'audace du plan des responsables de leur perdition.
D'ailleurs, en parlant de loup, les prunelles aux teintes ocres se posèrent sur le grand canidé alpha au pelage d'un brun presque noir qui l'accompagnait en grognant légèrement.
Ses fines pupilles vertes semblaient lui reprocher sa décision. "Ecoute Iwa-chan, tu sais comme moi que c'est la seule solution, tenta encore de le convaincre Tooru, et puis ça te permettra aussi d'enquêter de ton coté pour..." Il se tut ensuite en fuyant son regard même si le petit coup de tête d' Iwa-chan sous sa paume lui montrait qu'il ne lui en voulait pas.
Tooru, par contre, se reprochait sa faiblesse. Iwa-chan s'était chargé de l'évacuer lors de l'attaque des chasseurs et ils avaient découvert quelques jours plus tard que le village de ce dernier avait été décimé. Ils en ignoraient la raison, surtout que la meute d'Iwa-chan avait été connue pour ses puissants alphas.
Le vampire se souvint distraitement de leur chef de meute avec un rictus agacé. Connaissant le loustic, il se posait vraiment la question du comment. Ouais, cette histoire est vraiment étrange. De toute façon, nous en serons plus une fois arrivés à destination, se dit Tooru tandis qu'ils parvinrent à la sortie de la forêt.
Ils se trouvèrent alors au sommet d'une petite colline où le vampire s'émerveilla alors à la vue des fermes, des manoirs les surplombant et surtout de la grande cité entourée par des remparts au loin le tout baigné par les magnifiques teintes orangées du crépuscule.
Une tour de pierre blanchie nimbée d'une aura magique irisée était érigée au centre de la cité et formait un dome translucide recouvrant toutes les habitations jusqu'à la petite prairie située au pied de la colline.
"Ouah, les sorciers ne plaisantent pas sur la sécurité, déclara Tooru à voix haute en couvrant sa tête de la capuche de son manteau en velours mauve, je te laisse chercher Makki, Iwa-chan, fit-il ensuite au loup-garou en train de scruter les environs, je t'attends là."
Il regarda ensuite le loup descendre rapidement la colline en faisant fi de la barrière présente en bas. En temps normal, les loups-garous étaient connus pour leur furtivité. Ils pouvaient facilement fureter entre les maisons sans faire le moindre bruit et... Oh non. Tooru ajusta sa vue en plissant les paupières.
La nuit commençait à tomber donc il pouvait observer plus facilement ce qui se passait aux alentours. La vue des vampires était très acérée et ce qu'il vit le mit en rogne : des humains aux armure cuirassée en argent venaient d'encercler Iwa-chan. "Merde, marmonna le vampire entre ses dents. Il ne possédait que ses pouvoirs de vampire, son sang de sorcier ne lui offrant qu'une amplification de ceux-ci.
Toutefois, Tooru eut une idée. Une idée suicidaire mais une idée quand même.
Le vampire se leva prestement et descendit de la colline pour traverser la barrière magique en misant sur son héritage de sorcier. Ça passe ou ça casse.
Et c'était passé... A la différence près qu'il eut ressenti une multitude de picotements très douloureux qui l'avaient affaibli grandement. La sensation de gorge sèche qu'il eut aussitôt ne lui disait rien de bon.
Tooru tomba à genoux et vit une fiole apparaitre dans son champ de vision. "Tiens, fit une voix amicale mais irritée qui lui était familière, je me disais que tu en aurais besoin mais je ne pensais pas que tu ferais ton suicidaire.
- Toi aussi, tu m'as manqué, Makki. Mais au moins, ça a fonctionné, répliqua faiblement Tooru en ouvrant le petit récipient afin de s'abreuver du sang présent à l'intérieur. Le sang de loup-garou lui fit du bien même s'il préférait s'abstenir de demander comment Makki avait pu en obtenir dans la cité humaine.
Le vampire se remit debout après avoir recouvré ses forces et prit l'élégant collier ras-le-cou noir que lui tendit son ami. "C'est un collier enchanté qui dissimulera ta vraie nature, lui expliqua ensuite Makki, et ne t'inquiète pas pour Iwaizumi. J'ai touché deux mots à la garde pour qu'ils l'amènent dans un lieu où il sera en sécurité. Je t'en dirai plus mais pas ici, ajouta-t-il lorsque Tooru fut sur le point de lui demander où.
Le vampire hocha la tête et enfila le collier en soupirant avant de le suivre.
Takahiro Hanamaki, qu'il surnommait affectueusement Makki, était un ami de longue date, omega comme lui, et un membre de la Confrérie renégate de la sorcellerie, une guilde de sorciers indépendante qui se rebellait contre le Temple de la magie dont le siège se trouvait probablement dans la tour qu'il avait aperçue tout à l'heure.
Les dissidents avaient choisi de vivre dans les bois avec les loups-garous et les vampires. Makki, cependant, avait pris la décision de partir pour la cité afin d'espionner les agissements des sorciers (qui préféraient qu'on les appelèrent "magiciens"... C'était d'un pompeux).
Il y avait aussi trouvé son plaisir cela dit en s'acoquinant avec un humain alpha. Enfin, plus qu'acoquiner vu que celui-ci l'avait marqué. Toujours fut-il que Tooru devait maintenant faire profil bas et s'accoutumer à la vie dans la cité en tentant de ne pas se faire prendre.
Il espérait toutefois que Makki eut raison concernant Iwa-chan. Il vaut mieux lui faire confiance, se dit-il lorsqu'ils arrivèrent au pont menant au poste de garde, c'est parti.
Ses dernières pensées allèrent vers ses confrères vampires.
Si tout se passe bien, cette malédiction sera du passé. Tenez bon.