_
Chapitre 2
Curieuse fillette
_

Quelques mois avant l'affaire Somatic

1er janvier 2021 – 8h11

La soirée du nouvel an avait été un coup de poignard pour l'énergie de Hawks, alias Keigo Takami –bien qu'il y ait longtemps qu'on ne l'avait pas appelé par son prénom-, et pourtant, le héros avait une santé d'acier et ça n'avait jamais été une petite gueule de bois qui l'avait l'arrêté.

Il déambula dès huit heures dans la petite supérette du coin, après seulement deux petites heures de sommeil, trainant quasiment son panier sur le sol du magasin. D'énormes cernes marquaient ses yeux habituellement si vifs et il n'avait pas pris la peine de se coiffer convenablement si bien que ses cheveux blonds étaient dans tous les sens. Lui qui était conscient que dans son milieu, l'apparence comptait, ce matin, il n'avait clairement pas la tête à cela.

Il avait grandement apprécié cette longue soirée auprès de tous les héros les plus connus du pays et leurs familles qu'il avait pu rencontrer –et en prime, voir Endeavor en smoking, quelle bénédiction pour les yeux !- et il s'était amusé comme un fou. Ou du moins, il avait pu oublier un instant tous les soucis qui lui tapaient sur le système depuis un moment déjà. Voilà pourquoi il avait tant de mal à récupérer et qu'il avait l'impression de marcher au radar dans la supérette :

Sa vie était un vrai foutoir en ce moment.

Serrant les dents suite au mal de tête qui pointait le bout de son nez, Hawks poussa deux boites d'aspirine dans le panier en plastique, avec tant de maladresse qu'il manqua de faire basculer le présentoir en fer où étaient installés chouchous et bijoux pour petites filles. Il continua ainsi ses emplettes, son appartement étant tout simplement vidé de nourriture. Il y passait si peu de temps dernièrement tant son boulot l'agrippait à la gorge.

Tout en sélectionnant le plus aléatoirement possible des plats préparés du frigidaire qu'il venait d'ouvrir, Hawks fit une note mentale de tout ce qui dérapait dernièrement dans sa vie. Après l'avoir pourtant déjà fait une bonne centaine de fois auparavant. Mais on n'y pouvait rien quand notre esprit était aussi vif et rapide que son propre Alter.

Numéro 1 de la liste : la criminalité qui prenait en ampleur depuis le discours de Stain et l'influence de l'Alliance des Super-Vilains qui lui imposait de longues heures de patrouilles rigoureuses, des arrestations épuisantes et des masses de papiers à remplir.

Hawks fit un détour en remarquant qu'un groupe de jeune fille était réuni au milieu du rayon de confiserie, et il voulait à tout prix éviter de se faire reconnaître –pas que sa casquette et ses ailes miniaturisées à leur maximum pouvait faire grand-chose pour le dissimuler-.

Numéro 2 : la Commission des Héros de la Sécurité allait finir par le rendre fou, à attendre des résultats sans patience, le poussant à aller toujours plus loin dans son espionnage bancal.

Irritation grimpante, Hawks écrasa presque la bouteille de soda qu'il déposa sans douceur dans le panier qui se remplissait doucement mais surement.

Numéro 3 : sa mission d'infiltration dans l'Alliance et ses recherches sur le Front de Libération du Paranormal attaquait sa morale, ses propres valeurs et pourrait nuire salement à son image si les choses s'aggravaient.

Il avait besoin d'un grand remontant et dévalisa pratiquement toutes les boîtes d'ailes de poulets gratinées à faire cuire au four. Le panier était quasiment dépourvu de places, mais Hawks ajouta au sommet des boîtes, un gros paquet de Doritos qu'il se ferait plaisir à dévorer avachi dans son canapé dès qu'il sera rentré.

Numéro 4 (et le plus terrible) : Dabi. Juste, Dabi.

Hawks plaqua brutalement une main contre son visage, avalant un profond soupir et manqua de renverser la moitié de ses emplettes dans le mouvement brusque. Ce type qui avait été son premier contact était la source suprême de tous ses problèmes actuellement. Ce que lui avait obligé la Commission à faire et les semaines suivantes qui permettaient à Hawks de noter des détails minimes à propos de Dabi –comme le genre d'alcool qu'il préférait, comment il prenait son café, ses tics de langages, ses mimiques particulières et la liste était longue-, le tirait dans une direction plus que dangereuse.

En filant le long du rayon d'alcool, il se maudit une bonne centaine de fois d'être passé au bureau de tabac juste avant pour acheter un paquet de cigarettes particulières. Pas pour lui, non, mais pour Dabi qui lui avait un jour ordonné de passer lui en prendre un paquet avant leur rendez-vous secret –par rendez-vous, ça n'avait été à l'époque, que pour le boulot-. Et voyant par la suite que Dabi en était souvent à court et le rendait de mauvaise humeur. Pas que sa mauvaise humeur influençait le travail ou l'état d'âme de Hawks, mais voir ses yeux s'éclairer de surprise lorsqu'il lui avait ramené un autre paquet quelques jours plus tard, avait été une vision que Hawks n'était pas prêt d'oublier.

Pourquoi ? Pourquoi faisait-il ça bon sang ?

Peut-être… tout simplement pour le tuer plus vite d'un cancer des poumons ? Oh oui, c'est ce que Hawks aurait aimé penser.

Mais ce n'était pas tout. Hawks s'arrêta au beau milieu d'un rayon et claqua sa langue contre son palais. Il y avait un point numéro cinq dans sa longue liste chaotique. Ses yeux se levèrent et croisèrent une paire de lunettes de soleil rouge appartenant à une personne derrière l'étagère de boîtes de conserve.

Une personne aux cheveux roux et de petite taille qui le suivait depuis bien trop longtemps à son goût. Beaucoup trop jeune pour être une groupie –ou du moins, c'est ce qu'il pensait- et un peu trop envahissante dans sa vie privée.

« Hey… Tu vas me dire ce que tu veux à la fin ? » lâcha Hawks, trop fatigué pour opter pour la politesse.

La personne aux lunettes rouges glapit comme surprise d'avoir été prise sur le fait et leva prestement un journal devant son visage tout en se baissant de sorte à ce que l'étagère la cache complètement. Après un lever d'yeux au ciel, Hawks contourna l'étagère remplie de victuaille et fit face à l'inconnue accroupie et au vu de son accoutrement, avait quelque chose à cacher.

« Ça fait bien deux semaines que tu me suis sans dire un mot, » lui fit Hawks plissant les yeux dans sa direction. « Je ne pensais pas être si effrayant. Si tu as quelque chose à me dire, faut pas hésiter. »

Après tout, il avait l'habitude d'être chéri par la population, surtout du côté des jeunes femmes. On jouait des coudes pour prendre un selfie avec lui ou bien obtenir un autographe. Les seules fois où on l'avait suivi comme cela, ça n'avait été que par des journalistes affamés, des bad-guy souhaitant lui faire la peau ou bien des agents de la Commission qui analysait ses moindres faits et gestes.

« Pardon, pardon, pardon ! » s'exclama la personne d'une voix suraigüe.

Il s'agissait donc d'une fille. Et lorsqu'elle se leva, repliant le journal –qu'elle avait même maintenu à l'envers devant son visage-, Hawks se rendit soudain compte elle était plus que jeune. Probablement l'était-elle encore plus sous son épais manteau noir qui dévoilait des poignets vraiment tous fins. L'état de panique de la jeune fille calma aussitôt son irritation portée par la fatigue et ses problèmes tenaces, et il se prit à être presque… curieux.

« Tu as quel âge, douze ans ? » lui demanda Hawks en penchant légèrement la tête sur le côté, essayant de voir à travers les lunettes teintées de l'enfant.

« Dix, monsieur, » répondit-elle, scrutant le sol. « Monsieur Hawks. Vous êtes bien Hawks, n'est-ce pas ? » ajouta-t-elle en levant la tête vers lui.

Hawks jeta un rapide coup d'œil autour de lui, mais à cette heure-ci, la supérette était peu peuplée et le groupe de jeunes filles était parti du côté de la caisse. Il hocha donc la tête et croisa les bras, hanse du panier serré autour de son coude.

« Et est-ce que tes parents sont au courant de ta présence ici ? » l'interrogea Hawks, soudain plus suspicieux.

Il ne voyait aucun adulte pouvant faire office de parents dans les alentours, et il n'avait pas vraiment envie d'être coupable de complicité pour aider une enfant à fuguer.

« Euh… Oui, oui ! » lâcha la fillette en hochant vivement la tête, ce qui pourtant ne convaincu en rien Hawks. « Pas d'inquiétude, Monsieur Hawks. Puis-je vous demander quelque chose ? »

« La chose pour laquelle tu me suis depuis deux semaines ? »

La fillette hocha vivement la tête, poings serrés dans une certaine excitation. Ses cheveux roux coupés courts lui retombèrent devant ses yeux, mèches qu'elle retira sur le côté d'un geste rapide de la main.

« Est-ce que… on pourrait partager un repas ? Un petit déjeuner, aujourd'hui ? »

Alors là, Hawks était sur le cul. Plusieurs fois il avait eu des invitations à diner ou à sortir manger un bout entre ses heures de travail. Par ses collègues, mais aussi, des fans, parfois un peu trop étouffants, femme et homme confondus. Mais alors jamais une fillette de cet âge n'était allée lui proposer une telle offre.

Est-ce que par hasard, je serais son héros favori ? pensa Hawks en clignant plusieurs fois des yeux.

Et même, pour une enfant, c'était un peu osé comme question. Voire courageux. La fillette avait beau porter des lunettes de soleil, Hawks sentait que des étoiles poussaient dans ses yeux, et il avait trop de cœur pour lui refuser cela. Pourtant, il était fatigué, son corps tenait à peine debout et il avait du boulot.

Cependant, quelque chose d'étrange poussait son cœur à accepter cette drôle de demande.

« Seulement si tu m'enlèves ces lunettes, » reprit Hawks en lui offrant alors un petit sourire taquin. « Malgré ta petite taille, tu as pratiquement l'air d'un poseur de bombe. »

Si ses cheveux n'avaient pas été roux, Hawks aurait presque eu l'impression de voir une version miniature de Dabi tenter de se mêler dans la foule. Il ricana intérieurement à la comparaison.

« Vous acceptez donc ? » s'exclama l'enfant, surexcitée.

« J'aimerais d'abord toucher deux mots à tes parents. Histoire qu'ils sachent ce que tu fabriques. »

Les rares parcelles de peau du visage de l'enfant qui étaient visibles pâlir à vue d'œil et la fillette lâcha un « Mais… » Pratiquement brisé. Il y avait décidément un problème avec les parents. Elle s'était enfuie de chez elle, ça ne faisait aucun doute. Peut-être que cela faisait deux semaines qu'elle avait fugué, mais pourtant, Hawks ne se rappela pas avoir lu ou entendu des informations concernant un enfant disparu. En tout cas, pas une enfant de dix ans aux cheveux roux.

Et Hawks concéda qu'il n'y avait qu'un moyen de lui soutirer les vers du nez sans faire du mal à son petit cœur, tout en acceptant la requête qui lui semblait si importante.

« Très bien, nous allons manger ensemble ce midi, » capitula Hawks en prenant un air plus sérieux, pointant l'enfant du bout de son index pour continuer. « Mais après cela, je veux que tu me promettes de me donner l'adresse de tes parents. »

La concernée retroussa ses lèvres suite à la requête, et finit par hocher la tête puis retira ses lunettes de soleil et lui sourit radieusement :

« Merci, Monsieur Hawks ! »

Le héros eu un temps d'arrêt lorsqu'il croisa les iris dorées de l'enfant. C'était étrange comme ses yeux étaient semblables aux siens. Ça ne l'étonnerait pas d'apprendre que si elle avait un Alter, il serait de type volatile ou reptile au vu des pupilles pratiquement fendues de noire qu'elle portait.

Soudain, il sentit son téléphone vibrer dans la poche de son jean. D'une main, il récupéra l'engin électronique qu'il prit soin de déverrouiller loin des yeux et vit qu'il s'agissait d'un SMS de Dabi.

Cendrier sur pattes [08:48] – Dix heures, deuxième appart' de Giran.

Merde, les affaires reprenaient, et si tôt après les fêtes. Alors qu'il pensait que Dabi aurait profité de ce jour pour se saouler et ne plus voir la lumière du jour avant le lendemain matin, voilà qu'il s'était grossièrement trompé. Il jeta un bref coup d'œil vers la fillette aux yeux pétillants qui attendait avec parfaite patience, mains derrière le dos.

Il ne pouvait décidément pas briser son espoir. C'était au-dessus de ses moyens. Ainsi, d'une main, il répondit par deux messages, immédiatement répondu.

Moi [08:48] - jai un rendez vous

Moi [08:48] - un gosse qui a besoin d'aide

Cendrier sur pattes [08:49] - J'espère que tu te fiches de ma gueule

« Un problème, Monsieur Hawks ? » lui demanda la rouquine en penchant la tête sur le côté. « J'espère ne pas vous mettre dans l'embarras.

Si polie, pour son âge, Hawks en aurait presque pleuré. Cependant, il se contenta alors de secouer la tête et tapoter doucement le crâne de l'enfant.

« Je préviens juste un collègue que je le retrouverais un peu plus tard. »

C'était étrange comme la joie de la fillette qui éclata à nouveau pouvait être aussi… contagieuse. Hawks sentit son cœur battre plus fort et il lui sourit en retour, puis, tapa à nouveau une réponse à Dabi qu'il sentait impatient.

Moi [08:49] - repousse à 11h stp

Moi [08:50] - jai un paquet de clopes pour toi

Il y a quelques mois, il n'aurait jamais osé demander de reporter d'une heure, voire quelques minutes, leur rendez-vous. Il avait tout fait pour entrer dans les grâces de Dabi et paraître le plus sérieux possible concernant ses objectifs et ses motivations afin que le vilain croie réellement à son histoire. Mais à aujourd'hui, il savait qu'il n'y aurait aucune conséquence pour lui. Ou du moins, pas de conséquences mettant sa vie en jeu.

Rapidement, il eut une réponse de Dabi, ce qui le fit ricaner tout haut, et il répondit aussitôt.

Cendrier sur pattes [08:50] - Si c'est pas ma marque, j'te file un tueur à gage au cul

Moi [08:50] - tu préférerais me finir de tes propres mains ; )

Sans attendre une réponse du brun, Hawks verrouilla son téléphone et se reconcentra sur la fillette devant lui.

« As-tu une envie particulière de nourriture ? » lui demanda alors Hawks, la fatigue qui tirait les traits de son visage semblant s'être envolée.

« Tout ce que vous désirez, Monsieur Hawks ! »

« Alors je désire que tu me dises ce que tu aimerais avoir au petit-déjeuner. »

Il avait souvent interagi avec des enfants dans le cadre de son travail, mais jamais cela n'avait été aussi facile qu'avec cet enfant. C'était troublant, mais pourtant vivifiant. La fillette réfléchit alors à la question, poing contre son menton, puis avoua doucement :

« J'aime-… J'adore les Milk-shakes. »

« Alors j'ai l'endroit parfait pour toi ! »

O

1er janvier 2021 – 8h51

Le Piaf [08:50] - tu préférerais me finir de tes propres mains ; )

Dabi ne prit même pas la peine de lui répondre, profondément agacé par le report de leur rendez-vous, mais comme lui avait répété Hawks plusieurs fois, il avait à garder les apparences. Sauver des gosses était une routine qu'il ne pouvait probablement pas se permettre de foutre aux oubliettes.

« Qu'est-ce qui te rends de si mauvaise humeur, Dabiii ? »

Et pour ne rien arranger, la voix fortement aiguë de Toga Himoko déchirait ses tympans. Avachi dans le canapé de leur repaire secret, Dabi se laissa s'affaler plus amplement contre le matelas et jeta le téléphone sur la table basse entre les bouteilles de bière vides, miettes de nourriture et dépôts de cigarettes.

« Rien qui ne te concerne, » répondit Dabi d'une voix grave, pressant une paume contre son front, protégeant ses yeux de la lumière.

Bon, avoir repoussé leur rencontre allait permettre à Dabi de récupérer une petite heure de sommeil en plus, ce n'était surement pas plus mal après la soirée qu'il avait passée.

Le gang avait fêté le nouvel an comme il le souhaitait, chacun de leur côté –et Dabi avait fichtrement aucune envie de savoir ce que ses collègues avaient fait-. Mais vers deux heures du matin, ils s'étaient retrouvés un à un au repaire et comme des idiots, s'étaient regardé dans le blanc des yeux avant de finalement en remettre une couche et dévaliser le coffre d'alcool –tout en faisant en sorte que Toga n'y touche pas, en plus d'être mineure, elle était assez folle comme ça-.

Et à présent, Dabi n'avait aucune idée d'où pouvait se trouver le reste du gang. Peut-être terré dans leur chambre à cuver ? Shigaraki était sans nul doute à l'extérieur déjà en train de bosser –avec Kurogiri jamais très loin-, et Compress était dans le salon avec lui et Toga, pianotant sur un ordinateur portable.

« Et toi, Houdiniiii, qu'est-ce que tu fais ? » demanda ensuite Toga, déjà lassé de Dabi, tout en faisant glisser son siège jusqu'au bar et Compress. « Du troll sur internet ? Tu as continué d'utiliser tes faux comptes pour insulter les héros ? »

« Rien de tout cela. Je suis actuellement avec mon nouveau joujou, » lui répondit Compress sans cesser de taper des données sur son clavier. « Mon détecteur de rayonnement gamma. »

À cette réponse, Toga tira la langue de dégoût, aussitôt accablée par l'activité peu enrichissante. Elle se laissa alors tournoyer sur son siège, tête tirée en arrière et lâcha d'une voix tout à fait blasée :

« À quoi ça te sert de pister ce genre de truc ennuyant, sérieusement ? »

« Figure-toi qu'il pourrait nous faciliter bien des choses, » expliqua l'homme masqué en désignant quelque chose sur son écran. « Une vague de cette ampleur peut indiquer la présence d'un grand pouvoir, l'utilisation d'une arme puissante qui pourrait nous être utile et même-… »

« Blablabla, ennuyant ! »

Dabi était à deux doigts de leur crier de la fermer. Compress, hormis son verre de champagne, était resté mollo sur la boisson, et Toga n'avait bu que du jus. Aucun des deux ne savaient ce que c'était que d'avoir la vraie gueule de bois.

« Sache que ça intéresse grandement le boss, » répliqua Compress en lançant un regard qui devait très certainement être lourd derrière son masque. « Il y a deux semaines, une vague d'onde gamma a été détecté à la sortie de Musutafu, comme jamais vu auparavant. Sans ce petit bijou, personne n'aurait pu-… »

« ENNUYANT ! » lui cria Toga en pressant deux mains contre ses oreilles.

Dabi allait étrangler la lycéenne. Il se leva brusquement du canapé, attrapa son menton déposé contre le dossier qu'il jeta par-dessus son épaule et se dirigea vers la sortie après avoir rangé son téléphone. Il allait se pieuter dans à l'appartement que Giran n'utilisait plus que pour quelques réunions secrète ou pour y cacher des criminels, mais qui était pour le moment vide. Localisation qu'il avait donné à Hawks.

« Dabi, où tu vas ? » l'interrogea Toga vivement alors que Dabi abaissait la poignée de la porte.

« Encore une fois, c'est rien qui te concerne. »

De dos, il fut assuré que la jeune fille lui tirait la langue, ou pire, lui faisait un doigt, manie que lui avait refilée Twice. Et avant qu'il ne referme la porte derrière lui, il entendit Toga s'écrier :

« Souhaite une bonne année à notre oisillon préféré ! »

Dabi grinça des dents.

O

1er janvier 2021 – 9h46

Alors que la fillette sirotait gaiment son Milk-shake aux fruits rouges, Hawks resta à l'observer curieusement, poing contre son menton, seconde main mélangeant distraitement son café chaud. En tant que premier janvier et si tôt le matin, Hawks apprécia de ne pas voir foule et d'être plutôt tranquille. Il était sûr d'attiser de nombreuses questions si la presse le trouvait attablé avec une enfant.

« C'est délicieux ! Merci Monsieur Hawks ! » s'extasia-t-elle, ses deux mains contre la coupe en verre.

« Tu peux m'appeler Hawks, tu sais. En fait, ce n'est même pas un conseil, c'est un ordre, » lui fit Hawks avec un petit sourire amusé.

Pour toute réponse, elle hocha vivement la tête et pris une autre grande gorgée de son dessert.

« Et toi, quel est ton nom ? » lui demanda ensuite le héros, se décidant à creuser un peu si jamais il pouvait obtenir le nom de famille de la fillette.

La rouquine détourna les yeux du côté de la vitre qui donnait sur la rue, mâchouillant alors la paille rose plongée dans le lait frais. Hawks attendit alors, intrigué par la soudaine timidité de l'enfant.

« Hiromi, » avoua-t-elle alors, à moitié marché par la paille qu'elle croquait nerveusement.

« Comme le nom sur l'enseigne, là dehors, » fut la réponse de Hawks qui désigna du bout de son pouce le magasin de maquillage en face de la rue.

La fillette devint aussitôt toute rouge et manqua d'avaler de travers. Elle lâcha la paille et agita ses mains devant elle.

« Euh ! Euuuuuh ! C'est pas ce que vous croyez ! »

« Très bien, je comprends que tu ne souhaites pas me dire ton prénom, c'est ton choix. Après tout, moi aussi, on ne m'appelle pas par mon prénom, mais par mon nom de héros. »

Hawks agrémenta ses propos par un sourire et un pouce levé. Loin de lui l'envie de la mettre dans l'embarras. Il sentait que quelque chose n'allait pas chez elle, et il s'en sentait affecté. Quoi qu'elle vive à la maison, il espérait pouvoir lui apporter un peu de réconfort ici, même si c'était juste le temps d'un petit déjeuner.

« Moi aussi j'ai… un nom de héros, » reprit soudainement la fillette, rentrant la tête dans les épaules.

Qu'elle était mignonne. Hawks porta la tasse de café et ses lèvres puis hocha la tête, la poussant à continuer.

« Enfin, pas de héros héros, » précisa-t-elle, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres alors que ses yeux scrutaient un point invisible derrière la vitre. « Mais puisque c'est mon rêve, on m'a déjà aidé à trouver un surnom. »

« Qui t'as aidé ? Des frères, des sœurs ? »

S'il pouvait obtenir des noms, peut-être serait-il capable de retrouver les parents derrière, le problème serait réglé en moins de deux. Ou même, tirer des informations sur sa famille. Il espérait réellement qu'elle n'avait pas fui parce qu'elle se faisait abuser par ses parents. À cette pensée, il sentit son estomac se tordre.

« Mes parents. »

Ah, le sujet des parents lui était servi sur un plateau d'argent.

« Ils ont l'air chouettes tes parents, non ? » lui fit Hawks, plissant les yeux pour cerner toute expression qu'il pourrait soutirer de l'enfant.

« Ce sont mes parents adoptifs. Et oui, ils sont géniaux. Je les aime beaucoup. »

Le sourire qu'elle lui offrit lui parut tout à fait honnête et Hawks hocha lentement la tête, laissant son dos regagner la banquette derrière lui. Ainsi donc, ses parents ne semblaient ne pas être le problème.

Mais alors qu'il allait la questionner subtilement sur d'éventuels frère et sœurs, quelque chose attira son attention. Le manteau noir qu'avait ouvert la fillette glissa sur l'une de ses épaules et Hawks ne rata absolument pas ce qu'il y avait à voir. Dans son dos, le bout d'une petite paire d'ailes était visible. Des ailes aux plumes rouges.

Ses yeux s'arrondirent sous la surprise et la fillette s'en rendit soudain compte. Comprenant que ses ailes étaient visibles, elle remonta prestement l'épais manteau sur ses épaules, serrant les pans contre son torse.

« Pourquoi les caches-tu ? » lui demanda Hawks, totalement éberlué.

Et bah ça. Si jamais un paparazzi prenait une photo d'eux au café, les gros titres allaient probablement annoncer que Hawks avait une petite sœur cachée. Hormis les cheveux qui n'était clairement pas les siens suite à la couleur et la texture, elle aurait pu être son portrait craché en plus jeune et au féminin.

« Parce que… Je… » tenta-t-elle d'expliquer en jouant avec ses doigts.

« Tu en as honte ? »

Mais l'enfant secoua vivement la tête dès la question posée. Pour le prouver, elle rouvrit alors son manteau, le laissa glisser le long de ses bras et déploya deux belles ailes qui malgré la petitesse, restaient très correctes pour dix ans. Hawks se mit alors à rire gaiement.

« C'est franchement fou, ça ! Est-ce que par hasard tu ne m'aurais pas suivi comme ça parce que nous partageons le même Alter et que ça t'a intrigué ? »

Trop mignon pensa à nouveau Hawks. Quand il aura la tête à vouloir des enfants –et ça ne risquait pas d'arriver- -et si bien sûr son partenaire à ce moment-là n'était pas un homme-, il penserait automatiquement à cette curieuse petite fille qu'il avait croisé à la supérette du coin.

« En réalité… » avoua-t-elle tout en grattant pensivement la crème du Milk-shake à l'aide de la paille mordillée. « Je cherche… mon père. Mon vrai père. »


Chapitre plus court, mais qui avance. Voilà donc la trame sur laquelle se repose cette fic. Encore une fois, beaucoup de questions, mais les réponses vont arriver ^^

Prochain chapitre, on se concentre sur Dabi et Hawks ! (petit lemon en prime si tout se passe bien).

PS : J'adore écrire sur Toga, je sais pas pourquoi, je rigole toute seule en l'imaginant prendre vie sous ma plume (mon clavier ahaha).