La semaine se déroula assez vite : Makoto avait trop de choses à faire pour s'ennuyer. Déjà les cours, bien évidemment, qui occupaient ses journées entières. Puis ses devoirs, bien qu'il les finissait généralement en vingt minutes à peine, et enfin le planning pour le futur prochain entraînement. Sans parler de s'occuper de sa mère qui rentrait épuisée de ses journées et de la petite Kamine qui quémandait presque chaque soir de l'aide pour ses devoirs. En bref : rien ne changeait vraiment de d'habitude.
Vous vous demanderez sans doute 'et l'entraînement de Kirisaki Daichi' ? Il n'y en avait plus depuis la fin de la Winter Cup. Le seul entraînement auquel participait maintenant l'équipe était celui organisé entre toutes les équipes. Cela laissait un peu plus de temps libre à Makoto, il ne s'en plaignait donc pas. De toute manière, avec la nouvelle attitude de ses coéquipiers, il n'aurait pas pu faire grand-chose.
Ainsi, le second entraînement mixte arriva assez vite.
Cette fois-ci, Hanamiya fut le premier à arriver. Du moins le pensait-il, jusqu'à tomber sur le coach de Yosen qui faisait une vérification du matériel. Ils se saluèrent brièvement, seulement par politesse, et l'adolescent en profita pour lui donner son planning d'entraînement. Il se rendit ensuite dans les vestiaires sans apercevoir le regard stupéfait de la femme lorsque celle-ci se mit à lire son planning.
Bien heureusement, personne ne reparla de l'incident de la dernière fois. De plus, Mibuchi et Imayoshi ne semblaient pas avoir divulguer quoi que-ce-soit sur leur dernière entrevue. En bref, la journée commençait un peu mieux que Makoto ne se l'imaginait.
Après l'échauffement général, on forma des équipes. Pendant que deux d'entre elles débutaient un match amical, les autres s'entraîneraient sur des exercices particuliers. Autant dire que la formation des groupes en surpris plus d'un, mais chacun réalisa bien vite que cet entraînement était des plus bénéfiques.
Les coachs de Kaijo, Tôô et Yosen échangèrent quelques mots tout en surveillant leurs joueurs :
« Vous me surprenez Araki-san, avoua Harasawa. Votre entraînement est incroyable.
— Je confirme, ajouta Takeuchi. C'est difficile à dire, mais jamais je n'aurai pu mettre en place une telle session. »
La femme resta un instant silencieuse, son regard s'attardant sur Hanamiya qui effectuait des tirs à trois points dans son coin. Elle finit par répondre :
« Mon planning n'a rien à voir là-dedans. Il est même ridicule comparé à celui-là.
— Quoi ? s'étonna Takeuchi. Vous voulez dire ... »
Harasawa suivit le regard de sa consœur et parvint difficilement à cacher sa surprise :
« Hanamiya Makoto, évidemment. Il fait honneur à son titre de génie.
— Mais comment a-t-il pu ? s'exclama presque le coach de Kaijo. Il n'est même pas resté tout le long la dernière fois ! Ne me dites pas qu'en seulement quelques heures il a pu analyser tous nos joueurs ?
— Il a très bien pu revisionner des matchs vous savez.
— En une semaine, alors qu'il a déjà les cours qui lui prennent du temps ? Impossible. Et d'ailleurs, si c'est bien lui qui a planifié ceci, pourquoi n'en avoir rien dit ? »
Araki lui jeta un coup d'œil :
« Vous connaissez sa réputation Takeuchi. Je doute que, malgré son QI, les autres joueurs auraient accepté de suivre son entraînement.
— Sa propre équipe le fui comme la peste, commenta Harasawa. J'ai beaucoup de mal à le cerner. Pourquoi use-t-il de son intelligence dans un domaine qu'il déteste ?
— ... qu'il déteste ? Vous plaisantez, Harasawa ? »
Les deux hommes la regardèrent avec étonnement et Araki reporta son regard sur Hanamiya:
« Je ne comprends pas non plus son attitude, mais je suis persuadé d'une chose : ce garçon est un passionné de basket. »
D'une certaine façon, Hanamiya remerciait le coach de Yosen de ne pas avoir cité son nom lorsqu'elle avait annoncé l'entraînement. Sinon, comment aurait-il pu justifier sa présence dans la même équipe que Kyoshi ? Tout le monde se serait foutu de lui, bien évidemment.
Ça n'enchantait pas spécialement Makoto. Seulement, il savait qu'être en équipe avec Teppei serait bénéfique. Voilà pourquoi il n'avait pas hésité longtemps à mettre en place cette équipe composée des rois sans couronnes.
Depuis combien de temps n'avaient-ils pas joué ensemble ? Hanamiya s'en foutait – du moins tentait-il de s'en convaincre. Il ne comprenait pas l'euphorie d'Hayama et Nebuya, ni même celle de Mibuchi et Kyoshi. Les quatre discutaient comme de grands amis et s'extasiait de pouvoir jouer ensemble. Hanamiya, en arrière, les regardait en silence.
C'était étrange et désagréable. Malgré leur statut similaire, Hanamiya avait l'impression qu'un mur les séparait. Rien de bien étonnant en fait : ces idiots croyaient en l'amour du basket, en la passion et les efforts. Ils se disaient que dans ce milieu, tous les amoureux de basket étaient amis.
Quelle niaiserie. Vraiment de pures conneries.
Makoto partit se mettre en place, ne supportant plus la vue de tels imbéciles. Si seulement Kirisaki Daichi ne l'avait pas trahi, il aurait pu remettre à sa place ces joueurs naïfs, les ramener à la réalité. D'ailleurs, en parlant de Kirisaki, où étaient ses imbéciles de coéquipiers ? D'après le planning ils devaient se trouver ... Ah, voilà, Hanamiya venait de les apercevoir sur l'autre terrain. Comme prévu, Yamazaki s'entrainait avec Kasamatsu tandis que Furuhashi était avec Himuro. Quand à Seto, Matsumoto et Hara, ils faisaient un 3vs3 contre Takao, Kuroko et Kagami.
Makoto resta muet, assaillit d'une stupeur qu'il ne pensait pas connaître un jour. Depuis quand n'avait-il pas aperçu de tels sourires sur le visage de ses coéquipiers ? Des sourires sincères, opposés à ceux sadiques qu'ils avaient habituellement.
« Mako, t'es avec nous ? », l'interpella Mibuchi.
Il revint à son propre match pour s'apercevoir que tout le monde le regardait et son sourire arrogant fut son premier réflexe :
« Excusez-moi, mais vous étiez d'un tel ennui que j'ai vite divergé ! »
Certains lui lancèrent des regards noirs qu'il ignora, puis le match débuta.
Makoto avait bien sûr fait exprès de mettre dans l'équipe adversaire Aomine et Kise. Déjà parce que cela ferait du challenge aux rois sans couronnes et puis cela améliorerait le duo entre le blond et le métisse. Du moins, si ces derniers cessaient de se chamailler.
Sérieusement, les deux étaient incapables de se passer la balle, étant en rivalité pour savoir qui marquerait le plus de points. Il fut aisé pour Hanamiya de leur dérober le ballon, qu'il passa à Mibuchi pour achever cette action par un trois points.
« Qu ... C'est une blague ? », s'exclama Aomine qui n'avait rien vu venir.
Pourtant Hanamiya ne possédait pas le don de Kuroko, il n'était invisible aux yeux de personne loin de là. Et malgré tout, le grand Aomine Daiki s'était fait subtiliser la balle sans y être préparé. Même les autres rois découronnés furent surpris.
L'équipe des rois parvint à marquer encore quelques paniers, jusqu'au moment où Kise et Aomine, à bout, prirent conscience qu'il valait mieux laisser leur rivalité de côté. Le match devint d'un coup beaucoup plus intense et le score très serré.
Riko, qui leur servait d'arbitre - sûrement par inquiétude pour Kyoshi et méfiance envers Hanamiya – siffla une pause. En reprenant son souffle, Hanamiya réalisa que tous les autres joueurs avaient cessé leurs exercices pour observer le match et son regard s'attarda sur Kirisagi Daichi qui l'observait avec stupeur. Pour cette fois, Makoto détourna le regard et dissimula sa fuite derrière une envie de se déshydrater.
« T'es incroyable Makoto ! s'écria Hayama. T'as progressé depuis la Winter Cup !
— C'est vrai ! confirma Mibuchi. Un vrai meneur, je suis choqué ! T'en as pensé quoi Teppei ? »
Kyoshi lança à peine un regard à Hanamiya et haussa les épaules :
« Peu importe. »
Makoto aurait presque écarquillé les yeux. "Peu importe" ? C'était quoi ça ? Où était passé le gentil et adorable Kyoshi, tout niais même avec ses adversaires ? Visiblement il était toujours là, mais pas pour lui. Et Hanamiya ne comprenait pas pourquoi ça le vexait autant. Après tout, il aurait dû s'y attendre.
Agacé, il ricana :
« Ne sois pas jaloux Kyoshi. Même au minimum de tes capacités, tu restes un peu utile ! »
Il n'attendit pas pour retourner sur le terrain, esquivant les réprimandes de ses camarades.
A cause de son genoux, Kyoshi ne pouvait pas se donner à fond et devait se ménager énormément jusqu'à rétablissement complet, d'ici ... d'ici très longtemps. Hanamiya le savait bien sûr, c'est pourquoi il lui avait confectionné des exercices qui n'aggraveraient pas sa blessure. Mais bordel, qu'est-ce que ce type pouvait le faire chier...
Resté près du banc, Nebuya observa Makoto s'éloigner.
« Un problème Eikichi ? interrogea Reo.
— Ouai. Vous avez dit que Makoto avait progressé.
— Et bien c'est le cas, non ?
— ... Ce n'est pas plutôt qu'il ne s'est jamais donné à fond lors de la Winter Cup ? »
Ils échangèrent tous les quatre un regard sceptique. Décidément, l'attitude de Hanamiya était incompréhensible.
Le match repris et les rois s'étonnèrent de la vivacité des plus jeunes. Kise et Aomine n'avaient pas dit leur dernier mot, loin de là, menant attaque sur attaque sans relâche et mettant une pression incroyable sur leurs adversaires. Il faut dire que les encouragements de leurs amis n'étaient pas étrangers à tout cela.
Hanamiya remarqua bien vite qu'ils n'étaient pas les seuls à être encouragés : Kyoshi, Hayama, Mibuchi et Nebuya l'étaient également. Mais pas lui. Pas d'encouragement pour Hanamiya Makoto. De toute façon il n'en avait rien à faire, rien du tout. N'est-ce pas ... ?
Il préféra se concentrer sur le match.
Aomine se précipita vers le panier mais Hanamiya lui barra le chemin. Visiblement, le métisse lui en voulait toujours pour tout à l'heure et se montra plus agressif dans son jeu. Makoto retint un sourire narquois : l'as de Tôô était trop facile à énervé. Il suffisait de voir comment il s'en était pris à lui lorsqu'il avait menacé Kuroko.
« Enfoiré ... Bouge avant que je m'énerve ! pesta Daiki.
— Le but est de gagner tu sais ? Je ne vais pas volontairement te laisser marquer », se moqua Hanamiya.
Aomine, comme beaucoup de gens, ne supportait pas la simple vue d'Hanamiya. Alors entendre ses moqueries était encore pire. Ce soi-disant 'génie' méritait une belle raclée - pas en violence, Daiki était un minimum réglo ! Il souhaitait seulement le vaincre sur le terrain ! Même si frapper ce vil serpent était tentant.
L'As se décida à foncer avant de perdre trop de temps et força le passage. Le contact fut un peu plus brutal que prévu, et Makoto dû malgré lui s'écarter. Mais il se réceptionna mal, se crispa en sentant une douleur aiguë dans sa cheville.
Merde.
Le coup de sifflet indiquant un panier retentit, très vite suivi du sifflet de fin de match. Égalité parfaite, tout cela parce qu'Hanamiya n'avait pas été foutu de faire une défense correcte. Le capitaine de Kirisagi Daichi pesta contre lui-même, agacé, et ignora les félicitations que s'adressaient les autres joueurs pour se rendre sur un banc à part.
Il ressorti son ordinateur et nota les données de ce match. Comme il le pensait, le duo Kise/Aomine était incroyable, pouvant faire face aux cinq rois sans couronne. Mais quelque chose lui disait que leurs capacités n'étaient pas les seules infos à prendre en compte.
Hanamiya jeta un rapide coup d'œil aux deux as puis revint sur son écran. La cohésion. Une équipe, aussi puissante soit-elle, ne pouvait fonctionner sans cohésion. Kise et Aomine étaient parvenus à laisser leurs différends de côté. Si toute la GM se révélait aussi unie sur le terrain, ce n'était en rien étonnant qu'elle soit monstrueuse.
« T'en as pas marre d'être si sérieux ? »
Makoto manqua de sursauter. Il releva les yeux, cachant au mieux sa surprise lorsque son regard croisa celui de Seto. Ce sale traître ... Hanamiya ferma son ordinateur:
« Qu'est-ce que tu veux ?
— Te féliciter. C'est la première fois que je te vois jouer aussi honnêtement. »
Hanamiya lui aurait bien fait ravaler son sourire mais se contenta de l'ignorer et rangea ses affaires avant de se relever. Seto l'arrêta :
« Tu comptes vraiment retourner t'entraîner ?
— Aux dernières nouvelles, je suis là pour ça.
— Je parle de ta cheville. Tu risques d'aggraver ta blessure. »
Le capitaine lui lança un regard étonné et Seto leva les yeux au ciel :
« Je t'en prie, je te connais un minimum. Même si t'es doué pour cacher la douleur. Essaie de pas trop forcer, ce serait con qu'il y ai un accident maintenant.
— Pourtant ça arrangerait tout le monde. »
Kentarō afficha une mine stupéfaite, regarda son coéquipier sans parvenir à y croire. Il ne s'attendait sûrement pas à une telle réponse de la part d'Hanamiya, ni même à un regard aussi vide. Où était passé son capitaine fier et arrogant ?
Et bien il était toujours là. Il le réalisa quand Makoto lui tira la langue d'un air moqueur :
« Jamais je ne dirais ça, crétin ! »
Seto pesta. Il s'y attendait quelque part, mais il détestait quand Hanamiya agissait ainsi :
« Le problème Makoto, c'est qu'avec toi on est sûr de rien. T'es incompréhensible. T'as l'air de rechercher la solitude mais t'a besoin de nous pour faire des coups foireux. T'as l'air d'haïr le basket mais tu viens quand même aux entraînements. T'a l'air tout le temps d'avoir un poids sur les épaules, mais quand on te parle tu fais passer ça pour de la comédie. »
Tandis qu'il parlait, son capitaine fronçait les sourcils.
Hanamiya et Seto se connaissaient depuis un moment maintenant et Seto était l'une des rares, des très rares personnes, à parvenir à cerner un minimum le génie, ce qui ne plaisait pas forcément à ce dernier.
« Tch ... Quelle connerie tu racontes encore », grogna Makoto en s'éloignant rapidement.
Mais son regard fuyant ne passa pas inaperçu.
Seto eut un sourire satisfait lorsqu'il vit son capitaine de diriger vers les vestiaires, endroit où se trouvait la trousse de soin. Il décida qu'il n'avait plus à s'en mêler – pour l'instant – et retourna s'entraîner.
En arrivant dans le couloir menant aux vestiaires, Hanamiya s'étonna d'apercevoir Yamazaki accroupi devant une porte, sans aucune discrétion, visiblement en train d'espionner quelqu'un.
Curieux, il s'approcha de son joueur en silence, jeta un coup d'œil dans l'embrasure et fut davantage surpris en voyant Moriyama, un joueur de Kaijo. Tient, c'était surprenant ça. Son coéquipier avait donc des vues sur lui ? Il ricana, vint doucement susurrer à l'oreille du rouquin :
« Vilain voyeur. »
Yamazaki se fit violence pour retenir son cri de stupeur, mais son sursaut fit bien rire Hanamiya qui reprit sa route en direction de leur propre vestiaire. Le rouquin lui emboîta le pas, le visage rougit par la honte.
« ... Qu'est-ce que tu comptes faire ? », demanda-t-il à son capitaine lorsqu'ils furent seuls dans le vestiaire.
Makoto haussa un sourcil, franchement étonné par la question, et partit récupérer la trousse de soin :
« Rien. Que veux-tu que je fasse ?
— Qu ... Tu vas pas me virer de l'équipe ? Ou te servir de moi pour atteindre Kaijo ? »
Hanamiya en fit presque tomber les soins. Quoi, ses coéquipiers l'imaginaient vraiment aller jusque-là ? Ils l'imaginaient cruel au point de pourrir la vie de tous ceux qui cherchaient le bonheur ? Encore une fois, Makoto ne comprit pas pourquoi cela le vexait autant.
« J'en ai rien à foutre de ta vie sentimentale, tu fais ce que tu veux ! »
Sûrement sa réponse fut-elle un peu trop abrupte puisque Yamazaki sursauta pour la seconde fois avant de regarder son capitaine avec stupéfaction.
Hanamiya pesta intérieurement en réalisant que ses sentiments lui avaient quelque peu échappé et préféra faire mine de rien en s'occupant de sa cheville. Il croyait qu'avec ça, cela mettrait définitivement fin à la discussion et que son coéquipier partirait. Mais à la place, Yamazaki vint s'assoir en face de lui :
« Tu t'es blessé lors du match ? C'est une première. »
Hanamiya ne sut trop comment interpréter cette phrase. Cela ne ressemblait pas à une moquerie : le rouquin ne riait pas. Était-ce de l'inquiétude ? C'était peu probable.
Furuhashi arriva à ce moment dans les vestiaires. Il s'attarda un instant sur son capitaine avant de regarder Yamazaki :
« Hiroshi, on te demande sur le terrain. Tu viens ?
— Ah, ouai j'arrive. »
Les deux quittèrent la pièce, laissant Makoto seul une nouvelle fois.
Celui-ci acheva de s'occuper de sa cheville et quitta les vestiaires à son tour, en songeant qu'il allait devoir prendre garde pour la suite.
— — —
L'entraînement prit fin assez tard, aux alentours de 19h. Les joueurs les plus pressés étaient déjà partis tandis que les autres rangaient le matériel. Hanamiya ne faisait partie d'aucune de ces catégories : encore une fois assis sur un banc, il pianotait sur son ordinateur en grignotant un carré de chocolat, notant plusieurs de ses observations.
Tandis que la salle se vidait, le coach de Yosen s'approcha de lui et parla suffisamment bas pour qu'il soit seul à entendre :
« Merci pour ton travail. Pourrais-je compter sur toi la prochaine fois aussi ? »
Il la jaugea un instant du regard avant de retourner à son écran :
« Si vous voulez.
— Bien, encore merci. N'hésite pas à me contacter. »
Elle quitta le gymnase sur ces mots et Hanamiya se décida enfin à se rendre aux vestiaires. Le matériel était maintenant rangé, les derniers joueurs achevaient de se préparer. Il allait être le dernier à partir. Du moins le pensait-il jusqu'au moment où il entra dans le vestiaire.
Il eut du mal à dissimuler sa surprise :
« Qu'est-ce que tu fais là Kentarō ? »
Son coéquipier, allongé seul sur l'un des bancs, releva son masque en baillant :
« Je t'attendais, t'en as mis du temps.
— ... Tu m'attendais ?
— Pourquoi t'as l'air si étonné ? On a toujours fait ça.
— Plus depuis qu'on a cessé nos entraînements au bahut. »
Seto haussa les épaules. S'il voulait rentrer avec son capitaine, il le faisait et point barre.
Hanamiya n'était pas sûr de comprendre cette attitude et préféra ne pas y penser. Il partit donc se changer en silence, sous le regard de son camarade.
« Apparemment t'as grillé Yamazaki, commenta Kentarō.
— Quoi, t'étais au courant ?
— On l'est tous, y'a que toi qu'a pas été mis dans la confidence. »
Makoto lui lança un regard noir : il lui balançait ça comme ça ?
« Super, et vous me cachez quoi encore ? »
Seto aborda un sourire narquois :
« T'es vexé. »
Pris sur le fait, Hanamiya pesta et lui tourna le dos, achevant de se changer. Ce n'est pas comme s'il pouvait réfuter de toute façon.
« Les gars te diraient plus de choses si tu montrais enfin que tu tiens à eux.
— Tu recommences avec tes conneries. »
Kentarō se permit de rire :
« En fait t'es un véritable tsundere. »
Il se baissa soudain, esquivant de peu la chaussure que venait de lui jeter son capitaine, et son sourire ne s'agrandit que davantage. Il se leva et s'approcha de son coéquipier, qui semblait soudain bien pressé de partir.
« Franchement Makoto ... »
Il lui ébouriffa les cheveux :
« T'as pas besoin de fuir sans arrêt. »
Hanamiya écarquilla les yeux. Pourquoi Seto tenait-il tout le temps de tels propos ? C'était absurde, inutile, dénué de preuve et d'intérêt. Makoto n'en avait rien à faire de son équipe, du basket, ou de toutes ces choses superflues. Il n'en avait rien à faire d'être seul et détesté, d'essuyer chaque jour des regards haineux, de ... de ...
Merde. Il avait vraiment envie de pleurer ? Là, maintenant, à cause de quelques mots ? Pourquoi devait-il s'émouvoir de ce genre de choses ? Pourquoi ... ?
Il serra les dents, la tête basse, cachant son regard derrière quelques mèches de cheveux. Il laissa son front reposer contre l'épaule de son coéquipier, se permettant pour la première fois un tel contact. Quelle tête faisait Seto à présent ? Était-il surpris ou se foutait-il de lui ? Hanamiya préférait ne pas savoir.
« Je ne fuis pas ... », répondit-il enfin, sans grande conviction.
Kentarō n'ajouta rien mais vint lui frotter le dos dans un geste de soutien.
Sur le chemin du retour, ils n'évoquèrent plus ce moment. Ils discutèrent simplement comme si rien ne s'était passé et Seto pris plaisir à apprendre des informations croustillantes à son capitaine :
« Furuhashi et Hara n'arrêtent pas de se tourner autour. Je les ai surpris 2-3 fois en train de flirter, c'est assez marrant à voir.
— J'ai dû mal à imaginer, et j'en ai franchement pas l'envie.
— Tu rates quelque chose, c'est rare de les voir comme ça. Bha, en même temps c'est leur vie privée.
— Et concernant Yamazaki, ça a débuté quand ? »
Kentarō pris le temps de réfléchir :
« Mm ... Un moment déjà il me semble. Tu te souviens, il surveillait Moriyama parce que ses aptitudes de basketteurs l'intriguaient ! Et bien ... je dirais qu'à force de le surveiller, il a fini par aimer autre chose que ses attributs sportifs.
— ... Moriyama Yoshitaka. Il tourne beaucoup autour des filles.
— Ouai. Yamazaki a abandonné l'idée de se déclarer. De toute façon, même si son crush était gay il lui aurait rien dit. On est Kirisaki Daichi après tout. Notre équipe n'est pas la plus appréciée. »
Tous les membres de l'équipe avaient leur part de responsabilité quant à leur réputation. Mais pourtant, Hanamiya avait la désagréable impression qu'il en était le principal facteur. Il garda cette réflexion pour lui et répondit simplement :
« Notre meilleure astuce c'est la ruse. On est suffisamment compétent pour retourner l'esprit de Moriyama. »
Seto le regarda :
« Tu comptes jouer les entremetteurs ? Sérieusement ? »
Soudain embarrassé, Makoto haussa les épaules :
« J'ai rien d'autre à faire, puisque vous m'avez lâché au basket. »
Kentaro leva les yeux au ciel, non sans sourire :
« On t'a lâché pour tes coups foireux. Mais si c'est pour un match honnête je suis prêt à revenir, et les autres aussi. »
Ils s'arrêtèrent à un carrefour, lieu où ils devaient se séparer. Seto bailla, passa une main dans ses cheveux avant d'achever :
« Je te fais confiance pour Yamazaki. Mais appel-moi si t'as besoin d'aide. »
Ils se saluèrent et Kentaro disparut dans une autre rue.
Hanamiya resta un instant sans bouger, à observer l'endroit où était parti son coéquipier. Il détestait se l'avouer mais ce crétin était parvenu à lui remonter le moral. Cela le fit pester mais, tandis qu'il reprenait sa route, il ne remarqua pas qu'un sourire étirait doucement ses propres lèvres.
