D'étranges rêves.

Je compte me casser définitivement sur AO3, donc à part les fics déjà existantes, je ne pense pas poster de nouveaux trucs sur ce site, donc si jamais mes fics vous intéressent (lol), suivez-moi là-bas si le cœur vous en dit ! (Pseudo : AngelicaR2)

- B : Boromir

- Défi de Sarah et Voirloup n°76 : Écrivez sur un fandom dont vous n'avez pas l'habitude

- Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas

Faramir se réveilla en sursaut, manquant de hurler, désorienté et perdu comme jamais il ne l'avait été auparavant.

Qu'est-ce que…

Qu'est-ce qu'il venait de se passer, que lui était-il arrivé ?

Il…

Il avait fait un rêve c'est ça ?

Non…

Pas exactement, pas un rêve, mais plutôt deux.

Un cauchemar, et un autre rêve bien moins douloureux et terrifiant mais tout aussi déconcertant que le premier, et à vrai dire, les deux visions se mélangeaient actuellement dans son esprit pour n'en former plus qu'une, presque comme si le fait qu'il venait à peine de se réveiller l'empêchait encore de clairement se souvenir de ce dont il avait rêvé.

Il cligna des yeux à plusieurs reprises, tentant de reprendre son souffle, ne réussissant pas à comprendre pourquoi exactement il n'arrivait plus à respirer.

Puis, il se souvint de son premier rêve, il se remémora les flammes, il revit le bûcher, il se revit brûler, et à nouveau, il se sentit incapable de respirer correctement.

Tout son corps tremblait frénétiquement, sa respiration erratique ne l'aidait clairement pas à y voir clair, pas plus que ses yeux brouillés par les larmes qu'il ne tarda pas à verser, parce que même si ça n'avait été qu'un songe, un rêve, un cauchemar, une vision, il s'était tout de même vu mourir.

Et c'était une mort qu'il n'arrivait tout simplement pas à saisir ou à comprendre non plus, tout comme son rêve tout entier en réalité, certes, contrairement à Boromir (son père le lui reprochait suffisamment d'ailleurs…) il n'était pas uniquement un guerrier, et il n'aimait pas particulièrement l'être, mais il était tout de même un soldat.

Alors dans ce cas-là, pourquoi ?

Pourquoi avait-il rêvé qu'il mourrait brûlé et qui plus est sur un bûcher ?

Ça n'avait juste pas le moindre sens, il aurait pu comprendre une mort sur le champ de bataille, il aurait pu comprendre les flammes aussi dans une moindre mesure, mais un bûcher ?

Il n'avait pas particulièrement peur de mourir cerné par les flammes par ailleurs, donc puisqu'il ne s'agissait pas d'une de ses craintes profondes qui aurait pu se refléter dans son rêve (après tout, ils vivaient effectivement des temps sombres et dangereux, il n'allait pas le nier), alors, quoi…

Était-ce un rêve prémonitoire ?

Mais là encore, c'était étrange, les soldats de l'ennemi n'allaient pas s'embarrasser à élever un bûcher en plein Minas Tirith, surtout si c'était pour seulement tuer un soldat aussi insignifiant que lui, pas vrai ?

Ça n'aurait déjà pas eu de sens si ça avait concerné son frère, alors avec lui, ça en avait encore moins.

La capitale du Gondor était bien l'un des rares endroits de la Terre du milieu où tout ne s'était pas effondré, et même si la cité tombait un jour, il risquait bien plus de mourir en se battant contre un orc ou n'importe quelle autre créature envoyée par le Mordor que sur un bûcher.

Et pourtant, c'était bien de cela dont il avait rêvé et c'était tout bonnement incompréhensible.

Il lui fallut plusieurs longues minutes pour reprendre sa respiration, et à dire vrai, il n'était pas plus avancé qu'il ne l'était en s'éveillant.

Autant dire qu'il était complètement perdu, et si il ne pleurait plus désormais, si il n'avait plus l'impression d'encore sentir l'odeur de flammes imaginaires qui n'avaient eu d'existence que dans ce songe qu'il ne s'expliquait pas, ses mains tremblaient toujours autant, de même que le reste de son corps.

Faramir prit une profonde inspiration.

Ce rêve n'avait toujours aucun sens, et il avait beau le retourner dans sa tête encore et encore, ça n'y changeait rien, il s'était vu mourir sur un bûcher, seul, désespérément seul, et le simple fait d'y penser provoqua un tiraillement dans sa poitrine.

Ce rêve n'avait peut-être aucune signification cachée quelconque, ou même de véracité, mais dans ce rêve, non seulement il mourait (ou se mourait, ce qui n'était guère mieux honnêtement), mais surtout il était seul.

Où était son frère, où était son père, où étaient ses hommes ?

Pourquoi ?

Pourquoi mourait-il seul dans cette vision ?

Peut-être était-ce le fait que dans ce qu'il avait vu, il était lui-même à moitié inconscient, n'arrivait plus à respirer correctement à cause des flammes, mais jamais la solitude ne l'avait à ce point-là étouffé qu'à ce moment-là.

Tout le contraire de son autre rêve en somme.

Un autre rêve qui n'avait pas réellement plus de sens, et alors qu'il se souvenait encore du bûcher, des flammes, et du sentiment de terreur, d'effroi pur, qui s'était saisi de son cœur à ce moment-là alors que tout flambait autour de lui, il commençait déjà à oublier ce qu'il s'était passé durant son second rêve.

Tout ce dont il se souvenait à vrai dire, c'est que cette fois, il n'était pas seul, mais il n'avait aucune idée de qui étaient les deux personnes avec lui, à ses côtés, il ne savait pas où il se trouvait dans ce rêve.

Il n'avait également aucune idée de si oui ou non ils étaient importants, il ne les connaissait sans doute même pas, ne les avait probablement jamais rencontrés, mais tout de même, quelque chose résonnait sous son crâne, la certitude qu'ils l'étaient pour lui, qu'ils comptaient, ou du moins, compteraient un jour.

Et pourtant, malgré tous ses efforts, il sentit peu à peu tous ses souvenirs de ce rêve, des deux rêves, se dissoudre peu à peu dans l'air, se mélanger, et des images qui étaient pourtant parfaitement claires quelques secondes auparavant dans son esprit lui parurent peu à peu de plus en plus confuses au fur et à mesure qu'il se réveillait.

Jusqu'à ce qu'il ne reste de tout cela que des flammes et un éclat de rire, sans que cela fasse le moindre sens.

Peut-être que ce fut justement ce qui le décida à n'en parler à personne, ni à son frère, ni à son père (surtout pas à son père en réalité) ou à qui que ce soit d'autre dans tout Minas Tirith (et Mithrandir n'était pas là malheureusement).

Parce que, maintenant que tout n'était plus que flou et incertitude dans sa tête et dans sa mémoire, à quoi bon raconter deux rêves dont il ignorait absolument tout de la signification, et qui, en plus du reste, n'étaient probablement de toute façon pas très importants ?

Sans oublier que si il se doutait bien que Boromir l'écouterait très certainement, son père, à l'inverse, n'y prêterait sûrement aucune attention.

Alors il se tut, et, une fois calmé, se leva, s'habilla, et fit comme si rien ne s'était passé.

§§§§

Il y avait un combat dans son rêve, réalisa Éowyn en se réveillant, et alors même qu'elle se savait en danger, une part d'elle-même avait envie, paradoxalement, que cet événement, s'il devait se produire un jour, arrive le plus vite possible.

Ça lui permettrait au moins de se libérer de cette atmosphère mortifère et empoisonnée qui régnait autour d'elle, d'enfin faire abstraction des regards de Gríma Langue de Serpent sur elle, d'occulter temporairement la perte de raison progressive de son oncle, et de peut-être oublier pendant un moment que le Rohan et son monde s'écroulaient autour d'elle.

(Il y avait l'autre rêve aussi, mais elle ne s'y attarda pas trop longtemps, parce que le bonheur avait depuis bien longtemps déserté le Rohan et sa vie en générale.)

§§§§

Dans le rêve, il tombait.

Soit, se dit Aragorn, il était un rôdeur après tout, sa vie était déjà pleines d'embûches, et avec Sauron encore en vie (enfin, tout est relatif, si tant est qu'un gros œil géant puisse être considéré comme étant vivant), il ne serait jamais réellement tranquille ou serein.

Surtout avec la mission qui était la sienne, il risquerait sa vie de nombreuses fois, et il n'était pas surpris, ni inquiet à vrai dire, à l'idée d'avoir fait ce rêve.

Il s'en sortirait, il en était certain (ou alors il mourrait en essayant, c'était déjà quelque chose, de tenter de sauver le monde là où son ancêtre Isildur avait manqué de le condamner à l'ombre et à la nuit), il se voyait chuter et pourtant…

Il n'avait pas peur.

Il y avait l'autre rêve en revanche, celui où il avait vu deux personnes qu'il n'avait pas su reconnaître, mais il le sentait déjà confusément.

Ils auraient un rôle clef à jouer dans les jours à venir.

Et il avait hâte de les rencontrer pour en connaître la raison.

§§§§

Quelques semaines plus tard.

Il avait fait un autre rêve.

Oh mais cette fois-ci, Faramir le savait, le sentait au plus profond de ses os, ce rêve-ci, oui ce rêve était viscéralement important, il ne pouvait pas se l'expliquer, ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais…

Cette fois il n'avait rien oublié, et chaque détail était gravé dans son esprit au fer rouge, sans qu'il puisse s'en défaire.

Il y avait eu cette voix, qui avait résonné dans sa tête, et ces vers aussi…

Cherche l'Épée qui fut brisée :

À Imladris elle réside

Des conseils y seront donnés

Défiant les charmes morgulides.

Un signe sera mis au jour

Que le Destin est imminent :

Luira le Fléau d'Isildur,

Le Demi-Homme se levant.

Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ce rêve, et il y avait aussi les deux rêves dont il ne se souvenait qu'à moitié, mais qui pourtant, restaient bien là, tapis sous son crâne, comme un rappel constant de ce qu'il ne devait surtout pas oublier, et avec ce nouveau rêve se répétant plusieurs fois, peut-être…

Peut-être que ça signifiait quelque chose en fin de compte, peut-être que ses rêves avaient un sens finalement contrairement à ce qu'il avait tout d'abord pu croire.

Et puis surtout, Boromir avait fait le même rêve.

Ça aurait pu être une coïncidence, mais alors qu'il entendait son grand frère prononcer les mêmes mots que ceux qu'il avait entendus, il avait su, oh il avait su que ce n'était pas le cas.

« Nous devons en parler à Père, lui fit Boromir, et il ne put qu'acquiescer, leur père était l'intendant du Gondor, si quelqu'un devait choisir lequel d'eux deux irait à Fondcombe assister au conseil d'Elrond, c'était bien lui, même si à vrai dire, Faramir aurait aimé pouvoir y aller lui-même, mais il avait bien conscience qu'il n'avait pas le choix.

C'était à Denethor de prendre cette décision.

Et Faramir hésita.

Si ce rêve-là était important alors il était aussi possible que… que le rêve précédent le soit aussi, pas forcément celui du bûcher, qui ne signifiait rien, mais… mais l'autre.

Peut-être ?

Peut-être que, si jamais son père décidait de ne pas l'envoyer à Fondcombe, était-ce là qu'il était supposé aller ?

Quel que soit l'endroit en question…

D'après les descriptions qu'il avait pu lire dans les livres qu'il avait trouvés à la bibliothèque, et qui correspondaient à ce qu'il se souvenait avoir vu, il s'agissait du Rohan mais dans ce cas-là…

Pourquoi diable aurait-il rêvé du Rohan, pourquoi était-il supposé y aller au juste ?

- J'ai fait un rêve, avoua-t-il finalement… Un autre rêve, enfin… deux rêves même, et je ne sais pas vraiment si ça a de l'importance, mais…

Son frère aîné fronça les sourcils.

- De quoi parlaient ces rêves ?

- Je ne m'en souviens pas très bien, lui confia-il, dans le premier, je ne me rappelle que de flammes et de rien d'autre.

Ce n'était pas un mensonge, il ne s'en souvenait plus, ou peut-être son esprit avait-il justement fait tout son possible pour occulter de façon définitive les images qui avaient envahi son crâne durant cette fameuse nuit, parce que personne n'a vraiment envie de savoir à quoi ressemblera sa propre mort.

- Et le deuxième ?

- Je ne m'en rappelle pas vraiment non plus, mais… Je crois… je crois que je me trouvais au Rohan.

Un air de confusion apparut sur le visage de Boromir mais il ne fit aucune remarque.

- Dans ce cas-là… Si tu estimes que ça a de l'importance, tu dois en parler à Père, nous devons tous les deux lui en parler, quoi que cela puisse signifier…

Puis, son visage s'illumina.

- Je ne sais pas exactement ce que tout cela signifie mon frère, mais une chose est sure… Notre destin va changer. »

(Oh si seulement il avait su.)

A suivre…