Hey !

Et voilà l'OS du jour deux, sur le thème Fusain. C'est la suite directe du premier, mais ça ne devrait pas arriver souvent. Là, c'est surtout parce que c'est la scène d'introduction.

Merci à Robotfan, Yu, Lae et Micha pour leur review !


Le vide

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Demyx se tient devant lui, comme il se tenait dans le salon de sa maison il y a plus de dix ans. Les mains jointes, curieux de découvrir cette pièce immense aux murs lourds de décorations. Les étagères croulaient sous les babioles que sa mère collectionnait, de minuscules figurines colorées attrapées dans les brocantes.

Il revoit ce regard presque bleu posé sur les œufs peints. Il n'osait pas les toucher, mais Saïx sentait qu'il en mourrait d'envie.

Aujourd'hui Demyx serre entre ses mains un bouquet de lavande, et il fuit son regard. Ça, au moins, ça n'a pas changé.

– Du coup, je suppose que t'as pas de vase ?

– Non, effectivement.

– Zut.

– C'est rien.

Il désigne sa table amovible.

– Tu peux les poser-là.

– T'es sûr ?

– Oui.

Il se demande pourquoi Demyx a pris la lavande. C'est joli, ça sent bon, mais ce n'est pas le genre de plante qu'il aurait choisi, en de telles circonstances. A sa place, il aurait acheté des fleurs aux pétales sombres comme une mine de fusain.

Non, c'est faux. A sa place, il n'aurait pas pris de fleurs.

– Ça va mieux, ton visage ?

– Ça guérit.

Il préfère ne pas y penser. Oublier les pansements, et la plaie en dessous. Et la douleur qui revient encore, quand les cachets ne font plus effet. Oublier.

Mais il doit lui demander. Ça lui brûle la langue depuis que Demyx est entré dans cette pièce. Il faut que ça sorte.

– Comment ça s'est passé ?

Le drôle d'oiseau se mordille la lèvre. Encore un tic qu'il n'a pas perdu. Un reste de l'enfance.

– Pour le... Enfin...

– Oui.

Il sait très bien de quoi il parle.

– Bah, comme un enterrement ?

Sitôt que Saïx entend ce mot, il le déteste. Il le déteste autant qu'il se déteste.

Il aurait voulu venir, mais les médecins lui ont déconseillé de sortir dans son état. Il n'a pas insisté.

– Les gens ont fait des discours. Y en avait qui pleuraient, et puis il a plu. Et j'avais pas pris de pull, en plus. J'ai pas trop vu le temps passé en vrai, c'était... Je sais pas, c'était bizarre. C'est comme si je m'étais réveillé qu'en partant.

Se réveiller. Si seulement il pouvait se réveiller.

– Je crois qu'j'ai toujours pas réalisé. C'est grave bizarre.

Demyx a ce genre de rire triste qui broie le cœur.

– Paraît que c'est normal. Enfin c'est ce que ma psy dit.

Oui. C'est aussi ce qu'Aqua disait, quand leur grand-mère est morte et qu'il a passé deux longues semaines égaré, comme dans une autre monde. C'est normal. Ça reviendra.

Mais maintenant que c'est elle qu'ils enterrent, il regrette ce vide.

– J'veux pas te déranger si jamais t'as besoin de te r'poser.

Saïx hausse les épaules. Non, Demyx ne le dérange pas. Sa présence a toujours été une évidence logique.

– C'est bon.

Comme s'il avait attendu ce signal toute la journée, le garçon s'assied enfin.


Voilà ! Si je gaffe pas, normalement il y aura alternance des points de vue pour chaque partie.

A demain !