Il n'avait pas besoin de ce magazine, ni d'aucun d'entre eux sur ce sujet (Juste de ses chers magazines sur les oiseaux).

Stanley Uris alias Stan the man en était venu à cette conclusion tout à l'heure, en ayant eu bien raison de filer chez son petit ami pour se changer les idées et se retrouver complètement apaisé suite à son précédent moment avec Richie... Pas le plus humiliant de son existence non plus, juste très étrange. Déstabilisant, à remuer des pages encore trop inconnues du chapitre de sa vie, de ses émotions à présent embrouillées, raturées, un peu froissées. Des pages pas aussi lisses et brillantes que celles de ce foutu magazine. Vraiment pas à l'image de ce gars sur la couverture d'ailleurs...

Bill Denbrough était définitivement mieux que ce bout de papier, à l'avoir accompagné observer les oiseaux et déshabillé du regard une bonne partie de l'après midi alors qu'il le dessinait dans leur petit coin secret de forêt. En plus de lui prouver une fois encore combien ça le détendait de poser pour le chef officieux des Losers qui accessoirement était un artiste de plus doué en plus d'être son petit ami. Qui l'avait donc ensuite déshabillé tout court, une fois qu'ils étaient rentrés.

Ce magazine offrait sûrement de très belles photos de spécimens masculins qui ne laissaient pas Stan insensible bien-sûr (normal, quoiqu'en disent son père et les autres), mais aucun bouquin ne pouvait lui faire ressentir ce genre de chose : Après l'avoir dessiné de la plus académique des manières, Bill avait troqué ses crayons et pastels contre sa bouche et ses doigts pour dessiner sur sa peau de cette façon plus détaillée. Plus précise. Plus intense. Plus physique.

Chaque parcelle de son corps qu'il avait mainte et mainte fois esquissé. Insistant sur des zones qui lui donnaient satisfaction au lieu de fil à retordre quand il le dessinait sur papier.

Ce n'était pas non plus avec quelques pages glacées qu'il pourrait véritablement faire l'amour. Le ressentir autant que ses sentiments. Il y a fort à parier que les minutes à suivre la jouissance suite à du plaisir solitaire provoqué par ce style de revue seraient amères et tristes. Tandis que ces moments aussi doux d'un duvet d'oiseau pouvaient réellement se savourer dans les bras de celui qu'il aimait. Celui qui lui avait murmuré ce Je t'aime à l'oreille alors que l'observateur des oiseaux venait de se lover dans les bras de Bill Denbrough, comme il le faisait toujours suite à ce genre de séance de dessin plus rapproché. À se plonger, dans cette agréable chaleur lui rappelant une douce brise d'été. Plus que jamais environné, entouré, par cette tendre odeur de fruits rendue un peu moite mais d'autant plus entêtante. Ajouté à ces chants d'oiseaux que le connaisseur en la matière n'avait aucun mal à imaginer, visualiser en fermant les yeux et en frottant très doucement sa joue contre le torse de son compagnon. Stan ne connaissait pas meilleure berceuse ni meilleur endroit pour se sentir réellement rassuré, sans craindre l'avenir ou quoique ce soit. Ni même du regard des autres. Ou bien de son père, en particulier s'il s'achetait un magazine gay pour citer cet exemple totalement par hasard évidemment...

Voilà, pas besoin de plus de preuves, Stanley n'avait pas besoin de ce genre de lecture pour se sentir heureux et épanoui. Richie l'avait juste une fois de plus embrouillé avec son soi-disant don ! Pourtant... Richie, justement, comme une grenouille (un crapaud plutôt) qui aurait sauté à pieds joints dans leur rivière de tranquillité, venait une fois une de plus tout embrouiller. Barbouiller.

Alors qu'il lui caressait tendrement les cheveux, comme d'habitude, Bill s'était arrêté d'un coup. Comme si celui ci venait de se souvenir de quelque chose d'important, comme si les frasques de Trashmouth en faisaient partie...! S'écartant légèrement de sa chère et tendre moitié, Bill avait tendu le bras vers la table de nuit. Stan aurait encore préféré que son compère lui mette sous le nez sa peluche Gizmo, à tant effrayer Stanley Uris mais qui restait un objet important puisque c'était le dernier cadeau que Georgie avait offert à son grand frère, mais pas ça... Ce foutu magazine, précisément celui trouvé et acheté par Richie Tozier !

Ainsi c'était donc vrai, Bill lisait assidûment ce genre de chose ?! Son compagnon n'était aucunement déçu ou outrageusement choqué de ses manières, toutefois il aurait quand même préféré être au courant de ce secret à un autre moment. Pas alors qu'ils partageaient les effluves de leur plaisir mutuel et que Stan ne voulait rien entendre d'autre que des gazouillements d'oiseaux et les battements du cœur de son petit ami. En plus de se répéter inlassablement tout ce que Billy lui avait murmuré à l'oreille entre chaque manifestation de plaisir. Et non être au fait de la dernière bêtise en date de Richie, certainement pas !

- Avant que tu viennes me voir, Richie m'a apporté ça. Il m'a expliqué que c'était un cadeau de ta part mais que tu n'osais pas me l'offrir.

Vu le sursaut du prétendu auteur si modestement timide de ce glorieux cadeau, se redressant d'un coup et à afficher un air sincèrement ébahi de tant d'audace un brin grossière alors qu'une nouvelle connerie signée Trashmouth ne devrait plus l'étonner, Bill avait finalement ri de bon cœur en comprenant le fin mot de l'histoire ou plutôt la chute de cette bonne blague. De toute façon, ça l'avait beaucoup étonné que Stan lui fasse ce genre de présent. Le juif du groupe n'était pas exagérément prude ni coincé, loin de là, mais il savait se montrer plus subtil d'habitude.

Aussi, une fois son rire calmé et la contenance de Stanley Uris un peu moins ébranlée, le chef spirituel des Losers lui avait avoué qu'il l'avait volontairement attendu avant de jeter un œil à ce fameux magazine. En butant un peu sur ses mots, Bill ajoutait comme quoi ça serait plus sympa de le lire ensemble, comme un truc normal à faire en couple... Au point où ils en étaient, comme semblait le penser le petit regard de Stan à se lever un fois de plus vers le ciel. Avec moins d'agacement que d'habitude cependant, puisqu'il n'était pas complètement ennuyé ou agacé. Juste encore assez abasourdi.

Au final, Stan devait bien admettre que cet ouvrage pouvait se révéler intéressant malgré toutes ses appréhensions pour ne pas dire ses à priori. Ça l'avait aussi rassuré que son petit ami ne regarde pas avec trop d'envie ces hommes sur les photographies, que lui même trouvait beaux mais sans aucune idées mal placée derrière la tête. Bill avait juste observé, avec un petit sourire faisant poindre la même réaction chez son ami, que tous ces gars ne valaient pas sa muse. Stan the man, en l'occurrence, avec lequel l'artiste toujours fortement inspiré sur ce sujet venait d'échanger un baiser chaleureusement approbateur.

Lire les différents témoignages de ses confrères homosexuels se posant plein de questions tout en s'apportant des conseils s'ajoutait comme un autre détail fortement réconfortant. Sincèrement rassurant.

Certains devaient même faire face à des parents qui ne prenaient pas au sérieux les choix de leur enfants, étaient homophobes à différents niveaux. Ce détail on ne peut plus important malgré tout faisait écho à leur propre cas.

À ce sujet, maintenant, Stan savait tout juste ce qu'il pourrait répondre à son père si celui ci l'apercevait avec ce genre de lecture supposées choquantes et immorales, encore pire que les trucs pornographiques normaux : Armé d'un même regard décidé, avec presque de la rancœur dans la voix, le jeune homme lui balancerait la vérité tout de go. Comme quoi, malgré tout le respect pour sa religion, il préférait mille fois lire ce magazine gay plutôt que d'étudier la Torah. La stricte vérité !