Sache que je...

Partie 1

Concerto

« La musique est la langue des émotions » - E. Kant

Poudlard, la Grande Salle - 24 mars 1999

- Allegro -

'I don't go looking for trouble, trouble usually finds me.'

('Je ne cherche aucun ennui, généralement ce sont les ennuis qui me trouvent.')

C'est ce qui est écrit (avec un joli fil doré - touché velours - cousu à la main) sur le liseré au niveau de la ceinture élastique du boxer (rouge bordeaux) taille basse à la coupe sportive, saillante et valorisante que vient de découvrir Harry Potter en déballant le paquet (rose fuchsia avec de beaux cœurs rouges et un gros nœud rose) remis par un gnome habillé en cupidon, il y a tout juste cinq minutes. Temps nécessaire au Gryffondor pour sortir de sa stupeur et aux élèves encore présents autour de lui et dans la salle à cette heure (le dîner touche à sa fin) de lancer les paris sur l'expéditeur. (Soit 15 Gryffondors, 9 Serdaigles, 5 Poufsouffles et 8 Serpentards, pour être précis.) Les seuls indices laissés par ce dernier sont une petite carte de visite couleur neige, "signée" par l'empreinte de lèvres rouges et une fragrance aromatique fraîche, au fond boisé et sauvage avec un subtil cœur épicé par la fève tonka.

Pas de mots.

Pas de nom.

Qui veut miser ?

Les pronostics donnent vainqueur cette pimbêche de Romilda Vane. (Allez comprendre : La nuance de son rouge à lèvres fétiche est lie-de-vin, pas rouge coquelicot.) Les deux ex de Potter ne sont pas loin derrière dans le classement. (Quel manque cruel d'originalité. C'est affligeant de constater que les gens restent ancrés dans leurs illusions et certitudes.)Ils vont être bien déçus, étonnés et fauchés (Bien fait !) quand la vérité leur sera dévoilée.

En relisant le message sur le caleçon (sur mesure !), Harry s'empourpre davantage. Il est tout gêné et tourneboulé : c'est adorable et jubilatoire à regarder.

Il vient enfin de comprendre qui lui offre ce présent et sa signification réelle ? Question rhétorique : évidemment il sait de qui ça vient. Il n'est pas complètement stupide : il a reconnu le parfum onéreux, enivrant qu'il adore tant humer avec une certaine retenue pour ne pas paraître inconvenant et comment pourrait-il oublier l'image incroyablement érotique des lèvres mutines, sublimées par la couleur de ce rouge à lèvres "emprunté" à Pansy Parkinson, autour de sa virilité ?

Pour l'anecdote : Cette dernière avait laissé traîner son tube de maquillage par inadvertance dans la salle commune aux élèves de huitième année. C'était donc un pur hasard si cet accessoire avait atterri de son sac à main de créateur à la poche arrière du jean, élimé au genou gauche, qui épousait parfaitement le fessier ferme et rebondi de Potter pressé dos contre le mur d'une salle de classe vide.

Harry, les mains baladeuses et le souffle un peu court, jurait qu'il voulait le lui rendre. Alors qu'il déboutonnait sa chemise avec une lenteur insoutenable, il affirma avoir juste oublié de le faire. Il n'était pas jaloux ("Pfff, n'importe quoi !") qu'elle laisse des traces sur la joue de ses compères, en leur faisant la bise comme une Française. ("Quelle coutume idiote ils ont, ces Français ! Et elle n'est même pas Française !") Il espérait juste que les bises ne se transformeraient pas en french kiss : là, oui, il serait capable de lui lancer un Impardonnable. Derrière les yeux voilés de désir et le ton menaçant, qui masquaient une vulnérabilité émouvante, on pouvait lire une inquiétude réelle qu'il fallait vaincre afin de libérer son esprit de ses doutes absurdes. Harry pouvait être rassuré, Pansy était juste une amie qui savait à quoi s'en tenir. Mais les mots ne semblaient pas être suffisants, alors autant se taire et passer aux actes.

Un langoureux french kiss plus tard, qui le rendit tout tremblotant et haletant, fut un bon début de remède pour lui faire oublier un temps ses craintes, à défaut de les apaiser complètement.

Un autre baiser et quelques caresses stratégiques et Harry fut même prompt à passer aux aveux : Bon d'accord, il l'admettait (en même temps qu'il se déchaussait) il gardait le tube de rouge à lèvres exprès car il lui était venu une idée. (Il enleva son pantalon.) Il était... (Une chaussette.) Comment dire ?... (Puis l'autre.) Curieux ? Oui, c'était ça : Il était simplement curieux de voir ce que donneraient les marques colorées laissées par ses baisers sur une peau claire si parfaite qui sentait divinement bon (il nicha son visage dans le cou à sa portée et huma longuement, tandis que ses mains s'aventuraient sous un pull en cachemire beige -taupe, pour être exact, mais qu'importe-) et ailleurs que sur la joue... Cette confession fut murmurée, avec un mélange d'assurance et de pudeur, au creux d'une oreille dont il mordilla le lobe … avant de se reculer dans l'expectative d'une réponse qui n'arriva pas tout de suite car le cerveau mettait un peu temps à assimiler ses paroles et ça demandait réflexion. Harry sembla regretter l'idée. Il comprenait que ça puisse paraître bizarre. Quelle idée tordue. Ils devaient vite l'oublier et ne plus jamais la... Euh, mentionner... (Il voulait s'éloigner mais les mains agrippées à ses hanches l'en empêchèrent et le plaquèrent contre le mur.) Oh, vraiment ? Il était d'accord... Pour se mettre à genoux... Et tester lui aussi ce coloris... Oh, Merlin... (Ça n'était évidemment pas le bon prénom, mais par souci d'anonymat, on pouvait faire comme si.)

« Alors enlève ton caleçon, Potter. » avait dit la voix traînante de la personne agenouillée à ses pieds, après avoir appliqué le rouge à lèvres d'une main experte… Oh, Merlin... (Là, il avait vraiment employé ce nom. Harry serait vite pardonné car il n'avait plus l'esprit très cohérent.) C'en était déstabilisant et grisant à la fois… (La tête d'Harry buta contre le mur de pierre, tandis que son sexe butait contre un palais. Il chercha un point d'appui au mur car à cette cadence ses jambes qu'il sentait devenir cotonneuses et tremblantes ne le soutiendraient pas longtemps. Il passa alors ses mains dans la chevelure à sa portée et s'y agrippa du mieux qu'il put, jusqu'à atteindre l'extase.)

L'expérience, bien qu'indéniablement satisfaisante, n'avait plus jamais eu lieu, de cette manière. Cela dit : il ne faut jamais dire jamais…

Retour au présent…

Harry a les yeux dans le vague et les pupilles dilatées. Il a un petit sourire un peu niais. Il se demande si son « admirateur secret » a d'autres surprises en réserve ? La réponse est, une fois encore, oui. Ce n'est là qu'une mise en bouche… Comprendre : un apéritif. (Arrêtez de sourire bêtement comme Potter ! Le jeu de mots était involontaire ! Bande de dépravés !)

Harry revient à la réalité, déglutit puis ancre ses magnifiques yeux verts, avec intensité, en direction d'un élève, assis plus loin, désinvolte, un sourire en coin (et un rire machiavélique en tête), qui l'ignore avec superbe... Pendant douze secondes. (Nouveau record.) Leurs regards se croisent alors et Potter sait. L'avenir s'est éclairé, il devine où il va. Dans la douceur du soir, il sent que le monde a changé… Maintenant tout semble différent (1) … Ah ! Si seulement ! ... Car la vie n'est pas une putain de comédie musicale sous forme de dessins animés que les enfants (et certains adultes) moldus adorent.

Non. Harry sait surtout qu'il est irrémédiablement foutu. Il sait que l'heure est venue de dévoiler la vérité et qu'il est trop tard pour faire machine arrière, maintenant que les hostilités sont lancées. Il sait aussi que sa petite moue suppliante (bien que craquante) ne fonctionnera pas et qu'il est inutile de suggérer d'un signe de tête peu subtil (C'est Potter, après tout) de s'éclipser maintenant pour se réfugier dans son lit pour une session sous la couette, sans couette.

C'est très audacieux (à cette heure, son dortoir est un lieu risqué car partagé et le trajet est semé d'élèves pour y accéder) et indéniablement tentant (en partie pour ces mêmes raisons)... mais non, il va devoir patienter et endurer avec son courage légendaire la suite du programme.

Après tout, le plaisir est dans l'anticipation et l'attente, comme dirait l'autre, et nul doute qu'il sera ravi de savoir que l'objet de toute son attention (et affection) porte sous sa tenue impeccable de grand couturier un sous-vêtement vert foncé affriolant avec une inscription sur l'avant :

"I'm the trouble."("Je suis les ennuis.")

Mais ce détail, Harry le découvrira plus tard... quand il y aura moins de public. Certaines choses doivent rester privées.

- Adagio -

Pour l'heure (20h04), un nombre considérable de paquets, en forme de cœur, lui tombent dessus. Littéralement.

Granger, à sa gauche, a l'ennuyeuse gentillesse d'envoyer un sort pour protéger son meilleur ami de tous ces colissimowls (2) qui s'abattent l'un après l'autre, comme une averse de présents, au ralenti, sur la table des Gryffondors.

Malheureusement (ou pas), l'un d'eux percute le front de Weasley. (Ce qui est plutôt comique à voir. Ça a laissé une marque !) La Belette se console avec un chocolat qui est sorti de la boîte maudite et a atterri pile dans son assiette vide (depuis seulement deux minutes). Verdict du palais du gourmet de seconde zone :

« Mouais. Il est plutôt bon, même s'il est fourré à la mélasse. Il reste du pudding ?»

Potter admire la montagne de boîtes devant lui et se passe, embarrassé, une main dans les cheveux, les ébouriffant davantage. (Il devrait songer à se couper les pointes légèrement bouclées car il va finir par ressembler à un hippie négligé. Quoique la perspective savoureuse de pouvoir agripper les mèches rebelles plus facilement, ce qui élicitera un grognement sensuel de sa part, voire plusieurs, n'est pas inintéressante.)

Granger s'agite : elle gourmande son glouton de petit-ami qui aurait pu finir empoisonné ou pire sous l'emprise d'Amortentia !

Pitié, tout le monde n'a pas l'esprit mal tourné et de mauvaises intentions… Comme le jure solennellement son meilleur ami à tout va.

Saviez-vous, à ce propos, qu'il possède une carte spéciale pour épier les allées et venues de toutes les personnes qui se trouvent à l'école ?

C'est scandaleux ! Pourquoi n'en existe-t-il qu'une seule copie ?! Car c'est quand même bien utile quand on veut éviter de croiser quelqu'un… et/ou de se morfondre pour rien du manque de ponctualité du balafré qui a pourtant une cape d'invisibilité (lui !) donc aucune excuse valable qui justifierait de faire poireauter dix, quinze, voire une fois vingt-sept longues et interminables minutes la personne avec qui il avait un rendez-vous de la plus haute importance et qui a vraiment cru que Potter ne daignerait plus faire jouir de sa présence. (Spoiler alert : il a joui deux fois cette nuit-là…)

Autant vous dire que cette fois-là, la réconciliation sur l'oreiller a eu lieu sans passer par la case « dispute. » C'est dire si la frustration était à son comble. (Personne ne tenait les comptes, mais ça faisait -approximativement - quatre jours, cinq heures et vingt-sept minutes, bordel !) Les préliminaires aussi sont passées un peu à la trappe, juste le temps de poser la part de gâteau d'anniversaire de Weaslaid apportée par Harry – vaine tentative pour obtenir un début de rédemption – sur la table de bureau, déshabiller et lubrifier Harry à l'aide d'un sort (pratique la magie quand on est pressé !), un autre sort de protection lancé et les excuses pitoyables de Potter penché en avant sur ladite table, (« Désolé, je ne pouvais pas partir avant que Ron ait soufflé ses, oh, bougies, ça aurait paru suspect… hm… déjà qu'Hermione me questi… yah… ngh… ») ont très vite fait place à des gémissements et autres râles de plaisir.

Après avoir finalement mangé la part de gâteau (ça aurait été bête de gaspiller et Harry proposait son torse en guise d'assiette, ça aurait été très bête de refuser) et soufflé la bougie de Potter, le second round sous la douche a été bien plus doux, plus lent, plus propre aussi, mais tout aussi intense.

Harry contemple une friandise avec curiosité et dévotion. Il n'a pas l'air inquiet pour deux noises, juste un peu surpris, avant de sourire avec malice puis de rassurer ses amis. Il goûte lui-même un chocolat. Sa réaction est un tantinet exagérée (le gémissement n'était pas franchement nécessaire...), mais après tout, c'est bien connu qu'il adore la tarte à la mélasse. Ça l'amuse, on dirait. Il sourit encore et reprend un chocolat dont il suçote la pointe avec application avant de l'engloutir en entier. Il le laisse fondre dans sa bouche puis l'avale, les yeux fermés. Généreux comme il est, il fait profiter à tout le monde la vue de sa mine réjouie au bord de l'extase. C'est limite indécent. (Et privé, nom d'un Scrout-à-Pétard !) Le pire est qu'il ne fait pas exprès d'être provocant, c'est juste son attitude au naturel, sans filtre. Le parfait exemple de l'ingénu romantique qui est inconscient de son sex-appeal. Il est capable de montrer ses émotions avec une telle facilité que c'en est déconcertant et dans une moindre mesure enviable…

Harry accepte – avec un peu de réticence, il est vrai, par pudeur ou jalousie, difficile pour le coup à dire - de partager le contenu de ces cadeaux tombés du ciel à qui le veut. Chose qu'il va regretter dans quelques instants, car quelqu'un va bien finir par remarquer la forme particulière des chocolats...

Vous allez voir, d'une seconde à l'autre...

Ou pas.

Ah, l'innocence des Gryffondors... C'est déprimant.

Harry se permet un clin d'œil discret dans ma direction (Bon, okay, inutile de se cacher plus longtemps et admettons l'évidence : il n'est pas aussi naïf qu'on pourrait le croire) quand il pense que personne ne fait attention. Étonnamment, c'est presque le cas. Il ne faudrait pas éveiller les soupçons de Granger maintenant. Alors vite, c'est le moment de passer à la phase suivante.

- Menuet -

Il y en a 52. Des boîtes de chocolats. Tout comme le nombre de roses multicolores qui viennent d'apparaître et flottent dans le faux ciel de la grande salle.

Des "Oooohs" admiratifs et des "Ahhhhs" attendris retentissent. Un "atchoum" vient se perdre là-dedans : Pansy explique qu'elle est allergique à la mièvrerie. Quelle peste ! Elle est juste jalouse de ne point être le récipient de tant d'attention.

Chaque fleur est enfermée dans une bulle protectrice, avec sur chacune une lettre de l'alphabet. Grâce à un ingénieux sortilège, les fleurs se regroupent dans un ballet floral aérien très joli et un message apparaît :

« Une fleur pour chaque jour de notre histoire d'amouuuuuuuuuur.» annonce Ginevra Weasley à voix haute.

Tous les visages se tournent vers la rouquine qui prend place à côté de Blaise, assis en face d'un des dix plus beaux partis de moins de vingt ans du monde sorcier. (D'après un sondage paru en janvier dans Sorcière-Hebdo.)

« C'est ce qui est écrit ici » se justifie-t-elle en montrant les fleurs qui sont maintenant alignées. Elle répète qu'elle n'est pas l'auteure de "cette effusion de sentiments mièvres et surfaits". Tout le monde sait que Potter et cette garce ont rompu l'été précédant cette nouvelle rentrée scolaire. Mais bon, le gnome cupidon (identique à celui envoyé lors de la Saint-Valentin 1993) peut laisser croire effectivement qu'elle a récidivé. Il n'en est rien, cette fois-ci. Tout comme à l'époque, à dire vrai. Oui, je suis responsable de tout ceci. Il est temps que ça se sache ! (Je lui en donnerais du mièvre et du surfait !... Non, calme-toi et retiens-toi de lui jeter un Impardonnable. Inspire... Expire...)

Pour mémoire, le poème disait :

"Ses yeux sont verts comme un crapaud frais du matin.

Ses cheveux noirs comme un corbeau, il est divin.

C'est mon héros et c'est mon roi.

Je voudrais tant qu'il soit à moi.

Celui qui a combattu et vaincu.

Le Seigneur des Ténèbres à mains nues. "(3)

(Ne vous moquez pas de ces vers niaiseux, le poète en herbe avait à peine douze -presque treize- ans.)

La preuve est là : Seuls les serviteurs de Voldemort le désignaient par le terme : "Le Seigneur des Ténèbres." Bon, admettons, cette année-là, elle était possédée par un bout d'âme du Lord Noir, faisant d'elle une "Alliée" de Voldemort. Ce qui pourrait expliquer cette appellation. La pointer du doigt pour lui faire porter le chapeau avait été très facile. (Assumer mes sentiments confus à l'époque envers le balafré-qui-a-terrassé-l'autre-serpent-dégénéré l'était bien moins... Oui d'accord, ils le sont encore : j'ai parfois l'impression de ne rien contrôler. Pourtant, paradoxalement, j'ai les idées très claires sur ce que je veux. Et mes désirs ne se résument plus /pas seulement à un Harry qui s'offre à moi, complètement à ma merci… Alors, je fais des efforts : la preuve avec aujourd'hui. Bah non, ce n'est pas une mise en scène pour l'humilier, tss.) Il est étonnant qu'elle n'ait jamais démenti cette accusation. Même après tout ce temps.

Elle doit avoir ses raisons. Blaise peut toujours se renseigner et s'assurer qu'elle ne cherche pas à re-séduire Harry, puisqu'il sort avec elle depuis trois mois.

Qui est donc le véritable auteur de ce poème, vous demandez-vous avec un suspense insoutenable digne d'une série télévisée moldue pour ménagère de plus de cinquante ans ?

Une dernière mise de 10 gallions par un parieur anonyme, un certain Paco M. (qui pourra ainsi s'offrir les sublimes bottes en peau de dragon, en édition limitée à dix exemplaires, repérées dans le catalogue printemps-été du Sorcier Sauvage, ainsi qu'un stock de rouge à lèvres pour six mois avec sa part des gains futurs) avant de clôturer les paris et votre curiosité va bientôt être satisfaite...

- Presto -

Quelques personnes savent que Potter fréquente (en cachette) quelqu'un d'autre : « Un sorcier. » C'est tout ce qu'il a laissé échapper un soir à ses deux meilleurs amis car ils s'interrogeaient sur ses sorties nocturnes à répétition, accessoirement sur la trace de rouge à lèvres sur le col de sa chemise toute froissée (ils n'ont pas vu les autres marques sous ses vêtements, heureusement), et que Harry voulait juste aller dormir (et rêver de ma sublime personne) en paix.

« Ils ne se doutent de rien d'autre, promis ! On ne va pas se disputer pour si peu, si ? » a-t-il demandé en enserrant la taille de son "formidable petit-ami" (ses mots à lui) depuis quatorze jours (son comptage) à l'époque de cette confession : un 14 février.

(Journée qu'il déteste car il reçoit des lettres et cadeaux de fans hystériques et tordus. Les miens sont sophistiqués comparés aux leurs et bien plus efficaces pour charmer Potter - il en est à son onzième chocolat avalé et, heureusement, zéro signe alarmant d'indigestion en vue - Pourtant, ça ne l'a pas empêché de jouer le jeu du parfait prétendant romantique et de m'offrir une rose blanche éternelle... Ce n'est pas un nom de code pour sa virginité. J'avais eu le privilège de le déflorer deux semaines avant. Du coup, faute de présent de ma part, je lui ai donné carte blanche pour nos ébats cette nuit-là. Ce fut une nuit mémorable en découvertes - C'était mignon : Il ne connaissait pas le concept du rimming. Par contre ses doigts ont su trouver ce point sensible qui m'a fait voir des étoiles à une vitesse affolante. - et un enchaînement de positions que la décence m'interdit de dévoiler.)

Personne (ou presque) ne sait qui est ce bel inconnu, aussi mystérieux que charismatique, qui a une propension à la mise en scène de génie et envisage une carrière d'orateur quand il aura fini ses études.

C'est sur le point de changer aujourd'hui.

Vous vous demandez peut-être pourquoi avoir choisi ce jour ? Oui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, nous ne sommes plus le jour de la Saint Valentin, mais bon :

1) Harry n'est pas fan de cette fête. Moi, elle m'indiffère. Et on s'était promis : "Pas de cadeaux, Potter ! Je passe pour quoi, maintenant ?!... La prochaine fois, je te fais prêter le Serment inviolable... Arrête de dire que je suis adorable quand je boude... Les flatteries ne te mèneront à rien... Oui, je suis fâché... Non, je ne veux pas que tu partes !... Oui, tu peux m'embrasser... Plus bas, bien sûr, si tu insistes..."

2) Les événements de ce soir ont demandé du temps de préparation et le choix d'une date aléatoire permet une plus grande surprise encore. J'ai failli choisir le dernier jour de classe pour ne pas avoir à supporter les regards méprisants ou les insultes - ce n'est pas lâche, mais du bon sens !- puis finalement ça me paraissait plus judicieux et honnête de le faire ce soir... C'est ce que souhaite Harry : dire la vérité à ses amis (et au monde sorcier) qui, je le cite :

« …Devront accepter notre relation car je t'aime et je ferai tout pour qu'elle perdure le plus longtemps possible. Et toi ? » -Harry Potter, 23 mars 1999-

Je n'étais pas en mesure, à l'époque, de lui répondre tout de suite par des mots clairs et cohérents. J'avais plutôt envie de gémir et hurler de frustration (Oui, Potter a souvent cet effet indésirable sur moi) : J'étais si proche de la délivrance que c'en était douloureux et vertigineux (sans parler du fait que nous étions à cinquante mètres du sol : un vol en balais tout à fait anodin qui s'est rapidement transformé en compétition pour attraper un vif d'or –je jurerais qu'il en a toujours un sur lui ! Ça doit être son porte-bonheur – Il a gagné, bien sûr, et pour une fois, je ne m'en plaignais pas car j'avais le droit à un agréable lot de consolation) et lui avait stoppé les mouvements frénétiques de sa main perdue dans mon caleçon, après son : « Et toi ? ». (Là, j'avais une raison d'être contrarié.)

Alors, pantelant et chancelant, j'ai agrippé avec une force insoupçonnée son avant-bras musclé et moite (par l'effort et la pluie qui commençait à tomber) pour qu'il bouge sa putain de main et j'ai fébrilement acquiescé de la tête. (J'étais résigné à lui montrer ma coiffure ruinée par l'averse mais pas à sacrifier mon orgasme.)

Je ne suis pas sûr à quoi je disais oui : son « je t'aime » ou sa promesse. Les deux, probablement. Je ne sais pas si c'était la réponse qu'il attendait. En tous les cas, il a semblé satisfait. (Son sourire était magnifique et contagieux.) On s'est embrassés puis j'ai niché ma tête au creux de son épaule et il m'a fait perdre pied moins de deux minutes plus tard. Alors que je reprenais mon souffle, mon front humide, transpirant et collé au sien, je l'ai remercié. Explicitement pour ce moment et de m'avoir empêché de m'écrouler de mon balai. Implicitement : De croire en nous. De m'aimer. Voulait-il que je lui dise ces trois mots à voix haute à ce moment-là ? Je ne le saurais peut-être jamais…

À suivre

(1) extrait légèrement remanié de la chanson « Je veux y croire » (OST Raiponce)

(2) néologisme qui vient de ma chère rickiss et que j'utilise avec son accord. 3

(3) traduction de la lettre envoyée à Harry pour la Saint Valentin (Tome 2)