Bonjour à toutes et à tous !
Votre accueil chaleureux à cette nouvelle histoire m'a fait très plaisir.
Merci pour les reviews, followers & favorites !
Je réponds à chacun d'entre-vous qui prenez le temps de laisser un petit mot ;)
Voici la suite sans plus tarder. Je vous souhaite donc une bonne lecture !
Bizzzz
Didie
Chapitre 2
Ce soir-là, en posant ses affaires de cours dans la salle commune avant de descendre dîner, Hermione trouva un parchemin dépassant de son sac. Intriguée, elle le déplia. Une fine écriture cursive, régulière et appliquée, était couchée sur le papier. Le message était anonyme mais il lui fit froncer les sourcils.
« Ton ami Potter a besoin d'aide. Sa magie se disperse. Cela pourrait être dangereux pour lui si ça se reproduisait. Les cas de dispersion de magie sont rares mais existent. Renseigne-toi. Il n'y arrivera pas tout seul. »
Hermione leva les yeux du parchemin pour observer les élèves autour d'elle. Qui pouvait être à l'origine de ce message ? Dans la salle commune cependant, personne ne semblait faire attention à elle. Tout comme elle, les élèves s'apprêtaient à descendre dîner et ils discutaient entre eux, indifférents à son étonnement.
Ron venait de la rejoindre et il remarqua ses sourcils froncés.
-Tout va bien Hermione ? Il y a un problème ?
Pour toute réponse, Hermione se contenta de lui tendre le parchemin.
-Où as-tu eu ce parchemin ? demanda Ron en découvrant le contenu du message.
-Je l'ai trouvé dans mon sac. C'est bizarre, tu ne trouves pas ?
-C'est clair. Qui pourrait bien avoir écrit ça et qu'est-ce-que ça signifie ? Tu crois que le message dit vrai ? demanda Ron, perplexe.
-Je n'en sais rien Ron, mais avoue que ça expliquerait ce qui arrive à Harry en ce moment. Ne m'attends pas pour manger, je vais passer à la bibliothèque pour voir si je trouve quelque-chose à ce sujet.
-Mais Hermione ! Tu vas manquer le repas !
-Garde-moi quelque chose, je mangerai plus tard. Si le message dit vrai, je dois en savoir plus. Et toi, essaie de garder un œil sur Harry. Il est où d'ailleurs ?
-Il était bizarre tout à l'heure mais on doit se retrouver dans la Grande Salle. Il n'a rien voulu me dire.
-Ok, on se voit plus tard ! lui lança-t-elle en se dirigeant déjà hors de leur salle commune.
Hermione connaissait la bibliothèque comme sa poche à force de l'arpenter de long en large depuis sa première année à Hogwarts. C'était son repère dès qu'elle avait besoin d'approfondir un sujet lié aux cours ou à la magie en général. Elle ne mit donc pas longtemps à retrouver le rayonnage où étaient rangés les ouvrages traitant des accidents et maladies magiques.
Ses recherches étaient restées infructueuses jusqu'à présent, ne sachant pas exactement ce qui pouvait déclencher le comportement de son ami. Jusqu'à aujourd'hui, elle n'avait jamais entendu parler de dispersion de la magie, et elle n'avait donc pas pensé à creuser la partie médicale du problème récent de Harry. Maintenant que le mystérieux message du parchemin l'avait aiguillée sur un terme précis, elle savait exactement où chercher des informations complémentaires. Après avoir feuilleté plusieurs tables des matières, elle emprunta plusieurs ouvrages qui lui semblaient appropriés dans son cas. Elle pourrait ainsi les consulter en détail dès ce soir dans son dortoir.
Le repas était terminé depuis un certain temps lorsqu'elle traversa à nouveau le portrait de la grosse dame marquant l'entrée de la salle commune des Gryffondor. Ron l'attendait dans leur coin habituel avec quelques encas qu'il avait remontés pour elle.
-Harry n'est pas avec toi ? demanda-t-elle en s'installant dans l'un des gros fauteuils.
-Il est monté directement se coucher. Hermione, il était vraiment bizarre durant le repas. Il semblait ailleurs et très perturbé. Quand je lui ai demandé ce qui n'allait pas, il ne m'a pas dit grand-chose. Il a éludé mes questions en prétextant qu'il était fatigué. Mais je suis presque sûr que quelque chose le tracasse. Tu crois que ça à voir avec ses rendez-vous chez Dumbledore, ou un autre de ses cauchemars ?
-Je n'en suis pas certaine, Ron. répondit la jeune fille en mordant dans son sandwich improvisé. Pour moi, c'est plus profond que ça. Il semble perpétuellement sur les nerfs depuis sa confrontation avec Malfoy dans les toilettes de Mimi Geignarde.
-Tu crois alors que c'est lié à ses punitions avec Snape ?
-Non, je ne pense pas. Ce n'est pas la première fois qu'il écope de retenues avec lui. Je me demande si ce n'est pas lié avec Malfoy justement…
-Avec la fouine ? Il lui a réglé son compte pourtant !
-Oui, mais justement, Harry s'en veut. J'en suis presque sûre. Dès que j'aborde le sujet avec lui, il se braque.
-En quoi ça expliquerait cette soi-disant dispersion de sa magie ? Ce n'est pas comme si la fouine n'avait pas eu ce qu'il méritait !
-J'ai trouvé plusieurs ouvrages à la bibliothèque, répondit Hermione évasivement. Je vais monter pour prendre le temps de les lire à tête reposée. Toi, tu devrais en profiter pour terminer ton devoir d'Histoire de la Magie à rendre pour demain. Bonne nuit Ron !
Et la jeune fille se dirigea vers les escaliers menant à son dortoir, laissant Ron pester contre la tonne de devoirs que leur donnaient les professeurs cette année.
Elle ne mit pas longtemps à trouver ce qu'elle cherchait…
« La dispersion de la magie survient très exceptionnellement chez les sorciers. Les rares fois où ce phénomène a pu être observé, il s'est traduit systématiquement par une perte de contrôle de la magie du sujet, pouvant aller du simple déplacement involontaire d'objets jusqu'à une sortie de sa magie hors du corps dans les cas les plus graves.
Les travaux du célèbre Maître-psychomage Ulderich Thompson, qui a compilé tous les rapports mentionnant ce phénomène au cours des siècles, ont permis à la communauté sorcière de mieux décrire ce mal peu connu. Le point commun à tous les cas est tout d'abord un grand choc émotionnel, qui fragilise grandement le sorcier. Ce choc psychologique profond ébranle le flux magique du sujet, qui se retrouve ensuite dans l'incapacité de le gérer correctement. Plus le choc émotionnel est grand, plus les répercussions sur sa magie sont importantes.
Lors des cas bénins, un simple traitement avec une potion calmante peut suffire à ce que les choses rentrent dans l'ordre. Mais lors des cas plus graves, lorsque la magie se disperse trop longtemps hors du corps du sorcier, celui-ci peut en perdre la vie.
Les descriptions des cas de dispersion graves mentionnent des tourbillons de lumières colorées qui s'agitent dans tous les sens, provoquant des phénomènes perturbateurs puissants dans l'environnement. Il a été décrit qu'il était très difficile pour l'entourage du sorcier de lui faire retrouver ses repères et son contrôle, d'autant plus lorsque celui-ci se retrouve en pleine crise. De plus, tant que le choc émotionnel à l'origine de la dispersion n'est pas guéri, les crises peuvent aller en se multipliant et en augmentant en intensité, jusqu'à provoquer la mort du sujet.
Ulderich Thompson a émis l'hypothèse que la magie du sorcier, lorsqu'elle se retrouve soudain dispersée à l'extérieur de son corps, a besoin de retrouver un point de repère puissant, jouant un rôle d'ancrage pour ramener à l'intérieur du corps toute l'énergie projetée autour du sorcier. Ce dernier se retrouve bien souvent dans un état second et ne peut donc pas jouer ce rôle d'ancrage comme il le ferait en pleine possession de ses ressources émotionnelles. Une personne de son entourage peut donc essayer de jouer ce rôle à sa place en essayant de l'atteindre durant la crise, mais dans les cas décrits, les résultats ont été très aléatoires.
Bien évidemment, plus la magie du sorcier est puissante, plus l'ancrage est difficile à réaliser. Les seuls cas où l'ancrage a réussi lors de crises importantes de dispersion se comptent sur les doigts de la main. Ils ont été à chaque fois accomplis par une personne ayant un fort impact psychologique sur le sorcier atteint de dispersion. Cela pourrait s'expliquer par le fait que seule une personne avec un impact fort sait intuitivement de quelle manière secouer le sorcier en crise pour qu'il retrouve ses esprits.
Ulderich Thompson a même avancé la théorie des flux magiques et des âmes sœurs pour appuyer son hypothèse. D'après lui, seule une âme sœur est en mesure d'atteindre un sorcier victime de dispersion importante de son flux magique. Il explique en effet que les âmes-sœurs sont liées en profondeur sur des plans magiques supérieurs, et sont par conséquent les seules en mesure de réaliser l'ancrage de la magie dispersée, puisque cette dernière reconnaît en quelque sorte l'empreinte qui la lie à la magie de l'âme sœur. Ce lien, unique et très fort, constituerait donc le parfait ancrage, et rétablirait automatiquement l'équilibre liant les deux individus. Cependant, le faible nombre de cas de dispersion décrits dans toute l'histoire sorcière n'a pas permis à ce jour de valider définitivement la théorie du Maître-psychomage Ulderich Thompson. »
L'esprit d'Hermione tournait à toute vitesse. Harry souffrait-il réellement de dispersion de son flux magique ? Et dans ce cas-là, quel choc émotionnel avait-il pu l'ébranler à ce point ? La mort de Sirius l'avait indubitablement fragilisé, mais cela remontait à presqu'une année maintenant. Se pouvait-il que l'affrontement avec Malfoy constitue un choc suffisant ?
Hermione se posait déjà de nombreuses questions au sujet du Serpentard, bien avant le Sectumsempra. Depuis toujours, Malfoy représentait une constante forte dans la vie de Harry, de par leurs violents affrontements presque quotidiens dans les couloirs. Cette année particulièrement, Harry avait le blond dans sa ligne de mire depuis qu'il s'était mis en tête de le surveiller constamment. Au début, Hermione avait mis Harry en garde. Il n'avait rien voulu entendre. La surveillance du Serpentard avait tourné à l'obsession.
Hermione se demandait maintenant si cela pouvait cacher quelque chose de plus personnel entre eux deux. Dans ce cas, l'affrontement avec le Sectumsempra dans les toilettes de Mimi pouvait constituer le choc émotionnel à l'origine des pertes de contrôle de Harry.
Elle n'avait été témoin que de déplacement d'objets lorsqu'il se mettait en colère, même si toute une étagère de livres à la bibliothèque pouvait difficilement être considérée comme un simple objet. Dans quelle mesure l'état de dispersion de son ami était-il grave ?
Elle doutait qu'une simple potion calmante soit suffisante pour l'aider. Il fallait absolument qu'elle réussisse à le faire parler. S'il se sentait mal, il ne devait pas garder cela à l'intérieur. Si son cas était plus grave cependant, c'était préoccupant. Le livre mentionnait une aggravation des symptômes pouvant conduire à la mort. Hermione ne croyait pas à ces histoires d'âmes sœurs, mais son esprit ne pouvait s'empêcher de passer en revue les personnes susceptibles de jouer un rôle d'ancrage si Harry se retrouvait en état de crise.
Est-ce que Ginny avait un impact émotionnel assez grand sur Harry pour jouer ce rôle ? Étrangement, elle en doutait fort. Ron et elle-même seraient-ils alors en mesure de l'aider ? De plus, qui était l'auteur de ce message glissé dans son sac ? Cette personne se souciait forcément énormément de Harry, mais alors, pourquoi n'était-elle pas venue directement lui en parler plutôt que de garder l'anonymat ?
Sur ces interrogations, la jeune fille finit par s'endormir d'un sommeil agité.
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Draco avait réussi à glisser le parchemin dans le sac de Granger sans se faire remarquer lorsque celle-ci sortait de la bibliothèque en fin d'après-midi. Il était sûr de lui. Ce dont il venait d'être témoin dans les toilettes des filles ne lui laissait aucun doute. Potter était victime de dispersion, et de manière plutôt importante.
Grâce à l'éducation qu'il avait reçue dans sa famille, il connaissait le phénomène suffisamment pour savoir que cela pouvait être grave. Si Potter se retrouvait une nouvelle fois dans cet état, il fallait que ses amis soient au courant. Il n'avait trouvé que cette solution anonyme pour les prévenir. Une explication verbale de sa part n'aurait pas été prise au sérieux, la communication entre eux n'étant pas ce qu'on appelle au beau fixe.
Il espérait toutefois que Granger ait accordé suffisamment d'importance à son message pour effectuer des recherches. Elle n'était pas présente au dîner dans la Grande Salle et il n'avait aucun moyen de savoir si elle avait trouvé son parchemin. Potter était là par contre, avec Weasley, mais il avait l'air complètement à l'ouest. Leurs regards s'étaient croisés à plusieurs reprises. Le brun avait fui son regard à chaque fois. Autant le Gryffondor semblait mal à l'aise, autant Draco avait réussi à masquer parfaitement le trouble qui l'habitait. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à cette intimité partagée avec Potter durant sa crise. Lorsqu'il avait posé sa main dans son dos pour tenter de lui faire reprendre pied, le geste lui avait semblé naturel sur le moment. Les mots prononcés également. A présent, cela le troublait énormément. Il s'en voulait aussi de s'inquiéter pour son rival, alors qu'il avait d'autres problèmes à s'occuper.
Ce soir, il retournerait à la Salle sur Demande pour travailler sur l'armoire. Il avait perdu assez de temps avec son séjour à l'infirmerie. Il devait absolument s'y remettre, et pour cela, il devait rester concentré. Mais Potter occupait tout son esprit.
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Harry n'arrivait pas à se souvenir de ce qui s'était passé dans les toilettes de Mimi un peu plus tôt. Il se rappelait s'y être réfugié pour essayer d'y voir plus clair dans son comportement des derniers jours. Il se sentait constamment sur un fil, à deux doigts de basculer et de devenir incontrôlable à nouveau. Il se rappelait s'être remémoré les événements qui l'avaient conduit à blesser presque mortellement Malfoy, les cauchemars qu'il faisait depuis et son dégoût de lui-même. Ensuite, il ne se rappelait de rien jusqu'à ce qu'il réalise que Malfoy se trouvait réellement assis à côté de lui, et que tous les miroirs avaient explosé, jonchant le sol des toilettes de morceaux de verres brisés. Se pouvait-il qu'il ait encore perdu le contrôle de lui-même ? Cela y ressemblait fortement. Mais que faisait Malfoy auprès de lui ? Était-il lié à cet autre accès de colère ? Le Serpentard n'avait pourtant pas eu l'air d'arborer une attitude menaçante. Au contraire même. Et cela perturbait fortement Harry. Pourtant, le blond avait toutes les raisons de lui en vouloir. Plus encore que d'habitude même.
Harry avait beau essayer se remémorer les événements, il ne se rappelait de rien d'autre, et il se sentait particulièrement vulnérable par rapport à cela. Au repas, le blond le regardait, sans rien laisser transparaître. Harry se sentait en position d'infériorité à l'idée que Malfoy puisse être au courant de choses dont lui-même n'avait pas souvenir. De plus, il se sentait épuisé physiquement et moralement. Ron avait remarqué son mal-être car il avait essayé de le questionner à plusieurs reprises. Harry avait réussi à esquiver ses questions en répondant qu'il était sous le coup de la fatigue, et son ami s'en était contenté. Heureusement, Hermione n'était pas présente au repas, occupée encore à la bibliothèque. Si elle avait été là, Harry n'aurait pas réussi à esquiver ses questions aussi facilement qu'avec Ron. Il savait bien que ses amis s'inquiétaient pour lui, mais Harry ne se sentait pas le courage de dévoiler ses états d'âmes en profondeur avec eux. S'il le faisait, il devrait développer les émotions qui l'habitaient depuis qu'il avait failli tuer Malfoy.
Comment expliquer à ses amis des choses qu'il n'arrivait pas à s'expliquer lui-même ? Ron et Hermione n'arriveraient jamais à comprendre la place de plus en plus grande que Malfoy occupait dans son esprit, et dans son cœur s'il voulait être honnête avec lui-même.
Il monta donc immédiatement se coucher après le repas, sans attendre qu'Hermione ne revienne de la bibliothèque.
Une fois dans son lit, il ne dérogea pas à ce qui était devenu son rituel du soir. Il déplia sa carte du Maraudeur. Le point symbolisant Malfoy se déplaçait dans un couloir du 7ème étage, puis il disparut soudainement aux abords de la Salle sur Demande, laissant Harry songeur.
En se glissant sous ses draps, il pria intérieurement pour que sa fatigue ait raison de ses cauchemars cette nuit, et il s'endormit aussitôt.
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À peine réveillée, Hermione avait déjà un plan en tête pour aider Harry. Si elle ne se trompait pas, et son instinct lui dictait qu'elle avait raison, elle devait tout d'abord s'allier avec la personne qui lui avait glissé ce message dans son sac la veille. Elle était presque sûre d'avoir deviné son identité. Pour cela, elle devait la contacter de la même manière, en ajoutant une amélioration de son cru. C'est pourquoi elle glissa un message dans le sac d'un certain garçon blond juste après le petit déjeuner, un message accompagné d'un parchemin vierge qui communiquait avec son double en sa possession.
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En s'installant en cours de sortilège, Draco découvrit un message de Granger glissé entre ses affaires de cours, ainsi qu'un rouleau de parchemin vierge qui ne lui appartenait pas. Gardant son air impassible habituel, il prit connaissance du message sans que personne ne remarque rien.
« Malfoy, si tu es l'auteur du message que j'ai trouvé dans mon sac hier, et je suis quasi certaine que c'est toi, c'est que tu tiens à lui. J'ai fait quelques recherches comme tu me l'as conseillé. Si tu veux qu'on en parle, j'ai joint un parchemin qui communique avec celui que j'ai en ma possession. Mettons nos différents de côté pour l'aider, si tu veux bien. »
Intérieurement, il ne put qu'admirer son intelligence. Sans rien dévoiler de personnel dans le message, il était pourtant parfaitement compréhensible par celui auquel il était destiné. Granger avait bien joué le coup. De plus, elle avait tout fait pour qu'ils puissent communiquer dans la plus grande discrétion, ce qui n'était pas pour lui déplaire.
Impressionné par tant de compétences, il plaça le parchemin près de ses notes de cours. N'importe qui, y compris le professeur Flitwick, aurait pu jurer que Draco Malfoy faisait partie des élèves les plus attentifs au cours ce matin-là. Au lieu de prendre des notes assidues, il était pourtant en grande conversation avec une élève de Gryffondor, qui, elle, assistait à un cours d'Histoire de la Magie.
« Granger ? »
« Malfoy ? »
« Comment puis-je être sûr que c'est à toi que je parle ? »
« Alors j'ai bien deviné ? C'est toi l'auteur du message que j'ai trouvé hier dans mon sac ? »
« Tu ne réponds pas à ma question. »
« Ok, si je dis dispersion, tu as ta preuve ? »
« Il semblerait que oui. »
« De mon côté, comment être sûre que ce parchemin est bien entre tes mains ? »
« Parce que je sais que tu parles de Potter. »
« Ok, ça me va comme détail. »
« Je dois admettre que ce moyen de communiquer est intelligent. »
« Merci du compliment. J'avais besoin de te parler sans attirer l'attention. »
« Qui te dit que j'ai envie de m'en mêler davantage ? »
« Tout d'abord, le fait que tu joues le jeu sur ce parchemin. Ensuite, ma déduction est juste, tu es bien l'auteur du message d'hier, et tu n'aurais pas écrit ce message si tu ne tenais pas à lui. Donc, puisque tu tiens à lui, tu es sans doute intéressé par les recherches que j'ai faites hier soir à la bibliothèque. »
« Je suis tout d'abord curieux de savoir comment tu as su que c'était moi. »
« Je ne pouvais pas en être absolument sûre, mais je ne suis pas aveugle, Malfoy. En plus, tu as parlé de lui en disant Potter dans le message. Peu de personnes dans l'école l'appelle ainsi. Ils utilisent ce qu'on appelle un prénom. Le message aurait donc plutôt mentionné que Harry avait besoin d'aide. »
« Cela aurait pu venir d'un professeur. »
« Un professeur aurait employé le vouvoiement pour s'adresser à moi, et il y a peu de chance qu'un professeur soit resté anonyme. Il m'aurait convoquée ou même, aurait convoqué directement Harry à l'infirmerie. J'ai donc passé les élèves en revue pour en arriver à toi assez rapidement. »
« Impressionnant, Granger. Mais je t'ai alertée, en quoi le reste me regarde ? »
« Tu veux vraiment jouer à ce jeu ? Continuer à faire comme si ce qui lui arrive ne t'atteint pas ? C'est vraiment ce que tu souhaites, Draco ? Car je ne pense pas y arriver seule à vrai dire, et si je ne me trompe pas, tu es impliqué dans les événements. »
« De quelle façon ? »
« Je vais déjà te copier le passage que j'ai trouvé hier. »
Draco n'attendit pas longtemps avant de recevoir un long texte extrait d'un livre, lui sembla-t-il. Granger avait dû utiliser un sort de duplication. Cette fille était vraiment douée. Il se plongea dans la lecture sans tarder. Visiblement, Granger avait trouvé des détails intéressants sur le sujet. Si ce psychomage Ulderich Thompson avait raison, et si Draco se fiait à ce qu'il avait vu la veille dans les toilettes de Mimi, Potter faisait partie des cas graves de dispersion.
Plusieurs passages attirèrent son attention.
« Ulderich Thompson a émis l'hypothèse que la magie du sorcier, lorsqu'elle se retrouve soudain dispersée à l'extérieur de son corps, a besoin de retrouver un point de repère puissant, jouant un rôle d'ancrage pour ramener à l'intérieur du corps toute l'énergie projetée autour du sorcier. […] Une personne de son entourage peut donc essayer de jouer ce rôle […] Ulderich Thompson a même avancé la théorie des flux magiques et des âmes sœurs pour appuyer son hypothèse. D'après lui, seule une âme sœur est en mesure d'atteindre un sorcier victime de dispersion importante de son flux magique. Il explique en effet que les âmes-sœurs sont liées en profondeur sur des plans magiques supérieurs, et sont par conséquent les seules en mesure de réaliser l'ancrage de la magie dispersée, puisque cette dernière reconnaît en quelque sorte l'empreinte qui la lie à la magie de l'âme sœur. Ce lien, unique et très fort, constituerait donc le parfait ancrage, et rétablirait automatiquement l'équilibre liant les deux individus. »
Ces explications étaient plus détaillées que ce qu'il avait pu lire sur le sujet il y a longtemps au Manoir. De plus, avec un cas concret sous les yeux, la théorie n'était plus quelque chose d'abstrait ni de lointain. C'était bien réel, et cela touchait le Survivant en personne.
Le parchemin le tira de ses réflexions.
« Malfoy, tu as pris connaissance de ce que j'ai trouvé ? »
« Oui Granger, je viens de lire. »
« Alors, tu en penses quoi ? »
« C'est détaillé et plutôt concordant dans la description. »
« Je n'ai été témoin que de pertes de contrôle faisant voler des objets. Tu penses que ça peut être plus grave ? Qu'est-ce qui t'a fait penser directement à une dispersion de sa magie ? »
« Sache tout d'abord que j'avais déjà entendu parler du phénomène, Granger. Ma famille possède de nombreux ouvrages au Manoir, et l'éducation que j'ai reçue fait que je connais énormément de choses sur la Magie. »
« Je vais ignorer l'arrogance de ta réponse pour ne garder en tête que le bien de Harry. Penses-tu que ça soit grave ? »
« Je t'ai fait passer un message car j'étais présent lorsqu'il a fait une crise hier après-midi. Et c'était plutôt inquiétant, oui. »
« Inquiétant comment ? »
« Sa magie était visible hors de son corps et il n'était pas vraiment en état de faire quoique ce soit. »
« Comment est-ce possible ? ? Que s'est-il passé exactement ? Tu as fait quoi au juste pour que ça se déclenche à ce point ? »
« Déjà, tu prends un autre ton avec moi. Je n'ai rien fait pour que ça se déclenche, je l'ai trouvé comme ça dans les toilettes des filles. Les miroirs avaient explosé et je passais par-là, donc je suis entré. »
« Et que s'est-il passé ensuite ? »
« Je ne savais pas trop quoi faire, alors j'ai essayé de le faire réagir pour qu'il reprenne ses esprits. »
« Tu peux détailler ? »
« J'ai dit certaines choses qui n'ont eu que peu d'effets, puis je me suis approché, et j'ai continué de parler. Au bout d'un moment, sa magie a réintégré son corps et il a repris conscience d'où il était. C'est tout. »
Hors de question pour Draco de lui préciser qu'il avait touché Harry et que les sensations que lui avaient procuré ce contact ne le quittaient plus.
« Si j'en crois le livre, tu as donc joué un rôle d'ancrage. »
« Il semblerait. »
« Cela confirme ma théorie. »
« ? »
« Écoute, sans savoir ce qui s'est passé hier, j'en étais venue à la conclusion que ses problèmes de contrôle de sa magie ont commencé depuis qu'il t'a lancé ce sort. C'est pourquoi je disais que tu étais impliqué dans ce qui lui arrive.
Le livre parle d'un choc émotionnel important à l'origine de la dispersion. J'ai d'abord pensé à la mort de son parrain mais, même si ça l'a beaucoup remué, cela remonte à presqu'un an maintenant. Le peu que Harry a bien voulu me confier, c'est qu'il s'en veut énormément de t'avoir lancé ce sort. Il l'a fait en paniquant, sans réfléchir et surtout sans en connaître les effets. Je lui ai dit ma façon de penser et que ça avait été stupide de sa part. Il culpabilise beaucoup et je vois bien qu'il est à fleur de peau depuis.
Sans parler de toute cette année écoulée et ce qui se passe entre vous. Je me suis dit que votre haine l'un pour l'autre avait atteint des sommets mais maintenant, je me pose des questions. Est-ce vraiment de cela dont il s'agit ? Ton message me conforte dans l'idée qu'il y a autre chose entre vous que je n'arrive pas à cerner. D'autant plus si tu as réussi à faire ancrer sa magie en pleine crise. Est-ce que j'ai raison, Draco ? »
Cette fille était décidément très perspicace et très observatrice. Pas étonnant qu'elle soit en tête de promotion depuis la première année.
« Tu attends quoi de moi au juste, Granger ? »
« Tu ne nies pas, donc j'ai raison, n'est-ce-pas ? Tu tiens à Harry beaucoup plus que ce que tu veux bien montrer. Et il semblerait que pour lui, tu représentes quelqu'un d'important. Suffisamment pour que ce soit un choc pour lui de te voir en sang, et suffisamment pour que tu sois en mesure de lui venir en aide lors d'une crise de dispersion »
« Je te répète ma question une dernière fois. Que veux-tu que je fasse, Granger ? »
« Draco, si tu possèdes cette importance à ses yeux, et inversement s'il compte aussi pour toi, tu es le seul à pouvoir l'aider correctement à sortir de cette impasse dans laquelle il s'est fourré. Je ne veux même pas chercher à comprendre pourquoi vous vous montrez toute cette haine depuis toutes ces années, ni à analyser votre relation de soi-disant ennemis. Tu as fait le premier pas en m'adressant un message hier, je mets donc de côté notre passé houleux pour te faire confiance et te demander de l'aider. De mon côté, je vais essayer de parler avec lui et de lui montrer mes recherches sur ce qui lui arrive. J'attends juste de toi que tu restes dans les parages en cas de nouvelle crise, car il y en aura d'autres n'est-ce-pas ? »
« Effectivement, il n'est pas au bout de son problème. Quand comptes-tu lui parler exactement ? »
« Je comptais discuter avec lui dans le parc après le repas de midi, pendant que Ron est occupé avec l'équipe de Quidditch. »
« Weasley n'est pas au courant du problème ? »
« Disons qu'il pense que je n'ai pas encore terminé mes recherches sur le sujet, et qu'il est à mille lieues d'envisager que tu sois lié à tout cela. »
« Tu comptes lui dire quand au rouquin ? »
« Quand je serai certaine que tu acceptes d'aider Harry. Il est venu te rendre visite à l'infirmerie tu sais. »
« Qui ? Harry ? »
« Oui, Harry. Il y est allé sous cape d'invisibilité mais je sais qu'il y est allé. Même s'il ne m'a rien dit, je l'ai aisément deviné. »
« Tu sembles être une vraie amie pour lui, Granger. Il se pourrait que je décide de retirer certaines choses que je t'ai dit sans vraiment les penser. »
« Tu me surprends aussi, Draco. Et j'ai un prénom si tu ne savais pas. C'est Hermione. »
« Très bien… Hermione. Je serai dans les parages après le repas. Potter risque de ne pas réussir à gérer ce que tu vas lui dire. »
« Merci d'être là pour lui, Draco. Cela me touche beaucoup. »
« Je n'agis que par intérêt. Potter est le seul à pouvoir nous débarrasser de l'enflure qui me pourrit la vie depuis qu'il est revenu. »
« Si tu le dis. Je pense au contraire que dans l'histoire, si j'en crois Ulderich Thompson, vous êtes deux à pouvoir le faire. Harry et toi. Ensemble. Je n'irais pas jusqu'à vous qualifier d'âmes sœurs, j'ai un peu de mal à l'imaginer pour l'instant. Mais votre lien va au-delà que ce que vous voulez bien admettre, même si cela me coûte de le dire. »
Draco roula le parchemin sans répondre à l'affirmation de Granger. Cette fille avait le mérite de mettre à chaque fois le doigt sur des vérités qui dérangent. Bien entendu que Potter comptait pour lui ! C'était toutefois plus facile de faire croire l'inverse. Du moins jusqu'à présent, il y était parvenu sans trop de mal. Avec les événements des derniers jours, c'était devenu beaucoup plus difficile. Que se passerait-il s'il s'ouvrait davantage face à Potter ? Une peur diffuse s'amplifia au plus profond de lui. Supporterait-il un autre rejet ?
ooOOoo
à suivre...
Je vous dis à la semaine prochaine ;)
Prenez soin de vous !