Disclaimer : Les personnes trans sont tous·tes merveilleux·euses et plus courageux·ses que Godric lui-même. Celleux qui oeuvrent contre leurs droits méritent qu'on leur crache au visage.

Attention : Rated M et relation M/M. Thématique du suicide et de la dépression. Vous lisez en connaissance de cause.


Des mercis et des bisous de loin à feufollet, Sun Dae V, tzvine, Merly Flore, henrismh, Lupa, mimi70 et Tiph l'Andouille pour leur review. Vos mots illuminent mes journées !


Bonjour à toutes et à tous !

Comment va la vie de votre existence ?

De mon côté, pas si mal ! J'essaye de prendre avec philosophie les dernières annonces du gouvernement et j'espère sincèrement que je retrouverais mes élèves avant septembre. Dans tous les cas, j'apprécie l'effort de Jean-Michel Blanquer pour sponsoriser pour la troisième fois mon Nano Camp. A ce rythme, je vais terminer ce Spin-Off plus vite que prévu ! (LOL!).

Je suis très touchée par l'accueil de cette histoire. J'ai conscience que le premier chapitre est assez nébuleux, ce qui est clairement voulu, et comme on a tous·tes besoin d'un peu de douceur dans ce monde de brute, je vous laisse aujourd'hui avec le deuxième chapitre qui, peut-être, vous apportera quelques réponses.

Bonne lecture !


Une fois n'est pas coutume, un grand merci à Sun Dae V pour la relecture et ses retours enthousiastes ! Je vais donc redire une fois de plus : sa fic La Course au Chien Sauvage est un must-read si vous aimez Sirius Black !


Black Sunset

Spin-Off : Gravity

Gravity : A mutual physical force of nature that causes two bodies to attract each other.


- Alors, cette nouvelle jambe ?

Nigel tourna la tête à la voix familière.

Raphaël Delacour était appuyé au bout du rayon dédié à la Métamorphose. Sans sa blouse blanche et l'uniforme des Guérisseurs de l'Hôpital des Anges, il aurait presque pu ne pas le reconnaître.

Il répondit à son large sourire par un geste du menton.

- Je suppose qu'elle est satisfaisante.

Raphaël approuva d'un signe de tête qui se voulait sérieux, même si la lumière dans son regard brun racontait une autre histoire.

Au fil de ses quelques rendez-vous avec lui, il avait eu le temps d'apprendre à se méfier. Raphaël Delacour semblait prendre un malin plaisir à saisir la moindre occasion pour le provoquer dans une joute verbale.

- Satisfaisante, hein ? Ça veut dire parfaite avec vous, non ?

Il refusa de répondre.

Il ne le reconnaîtrait jamais à voix haute – et encore moins si Eugène était en mesure de l'entendre, – mais sa nouvelle prothèse était bien meilleure que la précédente. Outre le confort incomparable – il avait l'impression que son moignon était enveloppé dans un nuage – elle était nettement plus pratique. Il avait l'équivalent d'un genou maintenant, ce qui rendait sa démarche plus naturelle. Les nombreux sortilèges qui avaient été intégrés lui garantissaient un meilleur équilibre et une plus grande souplesse de mouvements.

Elle ne remplacerait jamais sa jambe et il la détestait pour ce qu'elle représentait, mais elle lui simplifiait la vie au lieu de la compliquer, ce qui était inespéré.

- Que faites-vous là ?

Raphaël se décolla de l'étagère et le rejoignit.

- Un de mes collègues part bientôt à la retraite. Je sais qu'il aime les livres sur l'histoire de la Médicomagie et je me suis dit que ça ferait une bonne idée de cadeau. Et puisque j'ai soigné un expert en la matière il n'y a pas si longtemps...

- Soigné est un peu exagéré.

Raphaël ouvrit la bouche pour répliquer. Il ne lui en laissa pas le temps.

- Histoire contemporaine ou non ? Si non, quelle époque ? Et quelle spécialité ?

Il s'avéra que Raphaël Delacour n'avait pas plus réfléchi que ça à son cadeau – comme tellement de clients –. Sans vraie surprise, il s'attacha plus à la couverture du livre et aux images qu'il contenait. Il se décida donc pour un recueil de schémas anatomiques à travers les siècles.

- Merci beaucoup pour les conseils, Nigel. Je suis certain que ça va lui plaire. Bonne journée !

- Bonne journée.

Raphaël lui offrit un dernier sourire et un geste de la main avant de pousser la porte. Il l'observa s'éloigner sans vraiment savoir pourquoi.

Eugène lui donna un léger coup d'épaule.

- On dirait bien que tu t'es fait un ami. Méfie-toi, ta réputation de libraire acariâtre pourrait ne pas s'en remettre.

Il leva les yeux au ciel.

- Ne dit pas n'importe quoi, Eugène. C'est juste un client.

- Un client qui a mis plus d'une demi-heure à choisir un seul livre sans que tu ne salues sa sortie par une litanie d'injures et de malédictions. Ça doit être une première.

Il secoua la tête et rejoignit le rayon dédié à la Métamorphose. Il n'avait pas terminé de ranger le dernier arrivage.

...

Il était plongé dans ses mots-croisés quand la cloche du magasin tinta, annonçant l'arrivée d'un client. Il fit mine de ne pas avoir entendu, espérant que l'importun irait se perdre dans les rayons où Eugène avait disparu un peu plus tôt. Il lui faudrait au moins avoir terminé son thé pour trouver la patience de conseiller un idiot de plus.

Les pas se rapprochèrent au lieu de s'éloigner. Il prit une profonde inspiration et releva la tête, un sourire faux aux lèvres.

Le « que puis-je faire pour vous ? », sur lequel Eugène insisterait jusqu'à son dernier souffle, mourut dans sa gorge quand son regard croisa celui de Raphaël Delacour.

Le Soigneur lui sourit, creusant une fossette sur sa joue gauche.

- Je cherche un livre pour ma nièce. Elle fête son dixième anniversaire la semaine prochaine. Mon frère m'a dit qu'elle s'était découvert une passion pour l'Astronomie depuis Noël dernier ?

Il abandonna ses mots-croisés et son thé encore chaud.

- Par ici...

Le rayon sur l'Astronomie était l'un de ses préférés et, sans doute, celui dont il était le plus fier. Outre les ouvrages rares qu'il avait réussi à dénicher grâce à ses contacts parmi les antiquaires – certains ne se rendaient pas compte de ce qu'ils jetaient à la mort d'un membre de leur famille – il y avait aussi une étagère complète dédiée aux photographies que les moldus avaient réussi à capturer dans l'espace.

Raphaël Delacour choisit un premier livre au hasard et le feuilleta rapidement.

- Ce n'est pas un peu trop pointu pour une enfant de dix ans ?

Il haussa les épaules.

- Si elle sait lire et qu'elle est intéressée par le sujet, je ne vois pas pourquoi il faudrait lui donner un de ces livres pour enfants. Les propos sont simplifiés jusqu'à l'absurde. J'ai toujours trouvé ça insultant.

Raphaël le détailla du coin de l'oeil, un sourire amusé aux lèvres.

- J'en déduis que tu cultives l'image du parfait rat de bibliothèque depuis le début ?

Il ne releva même plus le tutoiement. Raphaël Delacour était de ces personnes qui insistaient très vite pour cette marque de familiarité. Puisqu'il était incapable de le tutoyer en retour, il faisait attention à ne pas s'adresser à lui directement, dansant avec la grammaire française du mieux qu'il le pouvait.

La dernière fois qu'il s'était fendu d'un « vous » en sa présence, Raphaël avait semblé blessé.

- Je me suis toujours senti à ma place au milieu des livres.

La bibliothèque avait été l'une des seules pièces du manoir où il aimait vraiment passer du temps. Les livres lui avaient permis d'échapper à un quotidien étouffant et aux cris des disputes entre son frère et leur mère. Une fois que son attention était happée par un récit épique ou une notion magique fascinante, il oubliait le reste.

- Quel livre Nigel Sky aurait-il aimé avoir entre les mains quand il avait dix ans ?

- Cet homme est vraiment fixé sur un thème quand il s'agit d'offrir des cadeaux.

La porte du magasin venait de se refermer derrière Raphaël Delacour. Il avait acheté un livre pour l'anniversaire de son frère, cette fois.

- C'est bon pour le commerce, non ? Et puis, un livre, c'est toujours un bon cadeau.

- Si tu le dis.

Eugène avait beau être penché sur l'inventaire, il le connaissait assez pour savoir qu'il se moquait de lui.

- Que veux-tu dire ?

- Rien de plus que ce que j'ai dit.

Eugène s'éloigna avec l'inventaire pour aller pointer les livres sur la Magie de L'Esprit.

Une part de lui espérait que Raphaël Delacour continuerait à trouver des occasions pour offrir des livres, mais il décida de l'ignorer.

Cela ne l'empêcha pas de fixer les feuilles mortes qui tourbillonnaient dans la rue sorcière d'un regard un peu rêveur qu'il ne s'était pas autorisé depuis son septième anniversaire.

...

Il attrapa le dernier livre pour sa commande et grimaça en sentant son poids. Son bras gauche coincé entre deux barreaux de l'échelle, il réussit tant bien que mal à le caler avec les autres sur sa hanche droite, puis commença à redescendre prudemment. Il n'était tombé qu'une seule fois – au tout début – et il avait eu l'impression qu'on lui arrachait la jambe à nouveau.

Il ne lui restait que deux barreaux quand les livres commencèrent à glisser.

Il fit l'erreur de vouloir les rattraper, bascula un peu trop en arrière et sentit le poids de son corps l'entraîner.

Deux mains fermes attrapèrent ses hanches. Il se retrouva plaqué contre l'échelle avec force, un corps chaud collé dans son dos.

-Attention, Nigel, dit une voix familière à son oreille.

La sensation d'un souffle chaud sur la peau de sa nuque le fit déglutir et il sentit son cœur faire une étrange embardée.

Raphaël refusa de le libérer avant que ses deux pieds soient sur le sol et il raffermit sa prise juste avant de le faire.

Il avait l'impression que ses doigts avaient laissé une trace brûlante sur sa peau, malgré l'épaisseur de ses vêtements.

- Merci, marmonna-t-il.

Il réarrangea les livres contre lui et se redressa de toute sa hauteur avant de se tourner vers le Soigneur.

Il ne sut interpréter la mâchoire verrouillée de Raphaël, pas plus que la lueur étrange au fond de son regard. Il passa une main sur son visage et son sourire familier réapparut, comme par magie.

- J'ignorais que le métier de libraire pouvait être aussi dangereux.

Le coin de ses lèvres frémit malgré lui.

- Comment crois-tu que j'ai perdu ma jambe ?

Raphaël écarquilla les yeux, puis éclata de rire.

C'était la première fois qu'il le voyait rire de cette façon : la tête basculée en arrière, une main agrippée à l'étagère la plus proche, comme s'il avait réussi à le terrasser en une seule phrase.

Pendant une brève seconde, il eut l'impression que son cœur enflait dans sa poitrine, mais il repoussa l'idée même. Il préféra rire avec lui, juste quelques secondes.

Merlin, il avait oublié.

Raphaël retrouva son calme, puis son sérieux.

- Tu devrais sourire plus souvent, Nigel. Ça te va bien.

Avec ça, il lui glissa un clin d'oeil, puis tourna les talons.

La cloche du magasin tinta au loin.

Il resta figé dans l'allée, incapable de comprendre ce qu'il venait de se passer.

Paris et Londres étaient deux villes très différentes. Il aimait les hauts bâtiments de la capitale française, ses nombreuses ruelles mystérieuses, la démarche décidée de ses habitants. Il s'était habitué à beaucoup de chose depuis son arrivée ici. L'arrogance des parisiens n'était pas aussi prononcée qu'ils aimaient le faire croire – ou alors, son enfance l'avait habitué à bien pire, ce qui était peut-être le cas – et pour qui savait les prendre, ils pouvaient même se montrer sympathiques. Ils étaient toutefois incapables de faire preuve de politesse – il ne manquait pas de se faire dévisager quand il retenait une porte ou s'il se levait pour laisser s'asseoir une personne âgée – et la vantardise de certains était pire que celle d'un Gryffondor dont l'équipe de Quidditch aurait remporté la Coupe du Tournois des Quatre Maisons.

Non, le plus dur était de trouver un salon de thé digne de ce nom.

Si les français savaient y faire en terme de pâtisserie, ils étaient désemparés face à une recette beaucoup plus simple – deux ingrédients, une température à respecter et un chronomètre à surveiller –. La majorité des enseignes utilisaient des sachets, ce qu'il considérait comme une insulte.

Il lui avait fallu plus d'une année pour trouver un endroit à la hauteur de ses exigences. Tea Timeétait tenu par un couple d'une quarantaine d'année. Elle – française – s'occupait des pâtisseries et lui – anglais – se chargeait du thé. Le choix sucré était restreint, mais toujours frais et de qualité. La collection de thé aurait réussi à rendre sa tante jalouse.

Il poussa la porte avec un soupir soulagé, et secoua la neige qui s'était accrochée à ses vêtements. Les chants de Noël, qui raisonnaient dans la capitale depuis déjà deux longues semaines, devinrent une lointaine rumeur à mesure qu'il se faufilait jusqu'au présentoir de pâtisseries.

Le patron le salua dans un anglais parfait – une autre rareté à Paris – et il se dirigea vers sa table habituelle – celle qui donnait sur la rue passante, lui permettant d'observer sans être vu.

Elle était occupée.

- Que fais-tu ici ?

Raphaël replia son journal un bref instant pour lui jeter un coup d'oeil. Il eut le temps de reconnaître cette étincelle qui annonçait une joute verbale savoureuse.

- Je prends le thé.

- Tu détestes le thé.

Raphaël se rencogna un peu plus contre le dossier de sa chaise.

- Tu avais l'air de sous-entendre que nous ne savions pas le préparer, aussi ai-je décidé de réessayer. A la différence de certains, je peux reconnaître quand j'ai tords.

Il ignora le sous-entendu.

- Et alors ?

- C'est aussi infâme que dans mon souvenir. Le gâteau est pas mal. Tu comptes t'asseoir à un moment ou as-tu besoin que je tire la chaise pour toi ?

Il le savait parfaitement capable de le faire s'il le mettait au défi, aussi s'installa-t-il en silence. La table était étroite. Il pouvait sentir la chaleur dégagée par les jambes de Raphaël sur les siennes. Sa peau se mit à le picoter.

Un serveur vint lui apporter sa commande – thé vert et tarte au citron –.

- Comment as-tu trouvé cet endroit ?

- Tu l'as mentionné, une fois.

Il était presque certain que ce n'était pas le cas. La seule personne à qui il avait parlé de ce salon de thé était Eugène, principalement parce qu'il était la seule personne à qui il confiait certaines choses. Il était prêt à parier que son patron s'était fait un plaisir de renseigner Raphaël, même s'il ne comprenait toujours pas les motivations du Soigneur. Il travaillait dans un hôpital réputé, il était doué pour parler aux gens – du reste, plus que lui – et il n'était pas repoussant comme lui. Il avait de la famille et des amis – nombreux, sans doute –.

Pourtant, il était là, un jeudi après-midi de décembre, dans le monde moldu, à boire le thé avec lui alors qu'il détestait ça.

C'était incompréhensible, vraiment.

Un bruit de feuille froissée le sortit de ses pensées. Raphaël lui tendait une partie de son journal. Il eut un sourire en reconnaissant les mots-croisés.

- Je n'ai jamais demandé. Quel était ton livre préféré quand tu étais petit ?

- Les contes de Beedle le Barde, répondit-il, sans même réfléchir.

Sa réponse surpris Raphaël suffisamment pour qu'il rabatte à nouveau son journal pour le dévisager.

- Vraiment ? Je n'aurais jamais pensé que tu étais du genre à croire à ces histoires.

- Mon frère me le lisait, avoua-t-il.

L'expression de Raphaël s'adoucit et la lumière dans son regard devint presque tendre.

Il sentit ses oreilles commencer à chauffer. Il détourna les yeux vers ses mots croisés.

- Il me rappelle de bons souvenirs, c'est tout.

Des souvenirs d'un temps plus simple, quand il était un petit garçon auquel on ne reprochait pas encore sa timidité et dont le frère n'était pas encore devenu un paria.

Plus tard, Raphaël avança un peu sa chaise. Son genou droit se retrouva plaqué contre le sien.

Il ne bougea pas.

Il fit un dernier tour de la librairie pour vérifier que tout était en ordre, caressant les étagères du bout des doigts comme il l'avait toujours fait, aussi loin qu'il puisse se souvenir. La porte de la réserve était bien verrouillée, tout comme la petite arrière-boutique et la cheminée. Tous les stores étaient baissés.

La librairie était parée pour la journée hebdomadaire de fermeture.

Il referma la porte avec un soupir soulagé. La journée avait été longue, les clients rares. Il n'était pas mécontent de ne pas travailler le lendemain.

- Joyeux anniversaire, Nigel !

Il sursauta tellement fort qu'il faillit faire tomber la clé qu'il venait juste de retirer de la serrure.

Raphaël rit doucement, la mélodie familière, puis apparut à sa gauche. Comme souvent, il avait revêtu une tenue moldue, dont un de ces jeans que les jeunes sorciers français adoraient.

- Merci, dit-il, plus par habitude qu'autre chose.

Il n'était pas un grand fan du concept. Il vieillissait alors que tellement d'autres n'avaient pas eu cette chance et il n'arrivait pas à s'en réjouir.

S'il avait eu son mot à dire, il se serait arrêté à dix-huit anniversaires.

Il rangea la clé magique dans la poche intérieure de sa cape – celle qui aurait dû servir pour sa baguette – puis releva la tête pour faire face à Raphaël.

- Que fais-tu ici à cette heure ?

A part les quelques fois où il l'avait croisé dans son salon de thé préféré par pur hasard – ou un hasard nommé Eugène –, Raphaël privilégiait les heures d'ouvertures de la librairie pour passer lui dire bonjour – et le traîner dans la boulangerie la plus proche pour l'obliger à avaler un déjeuner digne de ce nom s'il n'était pas trop tard –.

Raphaël se décolla du mur avec une sorte de nonchalance étudiée qui lui rappelait parfois son frère, surtout quand il avait les mains enfoncées dans ses poches comme ce soir.

- Et bien, quelqu'un m'a dit que tu te contentais généralement d'arroser ton anniversaire avec une tasse de thé, et je trouve ça un peu trop triste pour te laisser continuer une année de plus.

Il leva les yeux au ciel. Il ignorait quand Eugène trouvait le temps de dire autant de choses à Raphaël sur son compte, mais il allait finir par lui dire d'arrêter parce qu'il n'était pas convaincu que cela soit une si bonne idée.

- Si les français ont le droit de boire du Champagne à la moindre bonne nouvelle, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas en faire autant avec ma boisson nationale, dit-il.

- Je croyais que la boisson nationale du Royaume-Uni était la bièraubeurre ?

- C'est très discutable.

Il fit un premier pas en direction de son immeuble. Pour être tout à fait honnête, il était fatigué. Il avait envie de rentrer chez lui, d'enlever sa prothèse, et de se coucher de bonne heure.

Raphaël attrapa son bras avec douceur. Son regard brun se ficha dans le sien, presque hypnotique.

Il était presque trop proche, ce qui commençait à être une habitude.

- Laisse-moi t'offrir un verre ? On n'a pas vingt-sept ans tous les jours.

La vérité, c'était que ce n'était même pas son anniversaire aujourd'hui et que cela ne l'avait pas empêché de prendre un an de plus dans l'indifférence générale.

Il soupira.

- S'il-te-plaît ?

L'expression de Raphaël semblait presque douloureuse. Son coeur se serra en réponse, même s'il ignorait – ne voulait pas savoir – pourquoi.

- Un seul verre, accepta-t-il, un peu malgré lui.

Étrangement, le sourire de Raphaël – celui-là même qui faisait apparaître une fossette sur sa joue gauche – lui donna l'impression que ses entrailles devenaient un peu liquides.

- Je connais un bar pas loin !

Il lui emboîta le pas en silence. Raphaël avait été de repos aujourd'hui, aussi n'eut-il pas d'anecdotes croustillantes sur les Urgences des Anges, et il ne tarda pas à être obligé de participer activement à la discussion, quand bien même sa journée – voir sa semaine – n'avait rien eu de très excitante.

Ils se rapprochaient de la statue d'Adèle la Flamboyante, qui permettait de quitter le quartier sorcier, quand des bruits de pas précipités leur firent tourner la tête.

Un homme, vêtu de l'uniforme des Guérisseurs des Anges, courait dans leur direction. Il était presque sûr qu'il était un peu plus jeune que lui, et peut-être un peu éméché.

- Raphaël ! Tu tombes à pic ! On a besoin de toi !

Du coin de l'oeil, il vit Raphaël se tendre un peu.

- A quel sujet ? demanda-t-il poliment.

- Pierre et Amandine nous ont fait faux bond pour la soirée de quiz. Si je ne trouve personne pour les remplacer, on sera disqualifiés ! Je ne veux pas laisser l'équipe des journalistes gagner encore une fois !

Raphaël secoua la tête.

- Désolé, Bilal, mais c'est l'anniversaire de mon ami et j'ai promis de lui offrir un verre…

Il cligna des yeux plusieurs fois de trop.

Mon ami.

Eugène avait beau utilisé ce terme quand il faisait référence à Raphaël depuis des mois – depuis le début – c'était la première fois que l'un d'eux le reconnaissait à voix haute, même si, bien sûr, il n'y avait pas vraiment d'autre façon de définir leur relation. Certes, ils n'avaient pas grandis ensemble, ils ne s'étaient pas côtoyés à Beauxbâtons et ils ne se rejoignaient pas le soir dans un bar pour commenter le classement de la Ligue nationale de Quidditch autour d'une Bièraubeurre, mais ils se voyaient plusieurs fois par semaine, d'une façon ou d'une autre. Raphaël déjeunait régulièrement avec lui, il avait pris l'habitude de le rejoindre au salon de thé quand son planning le permettait, il passait à la librairie pour discuter avec lui de tout et de rien.

Il ne s'expliquait pas comment cela était possible, mais il avait l'air d'apprécier sa compagnie – et lui la sienne –.

Il n'était pas certain que cela soit une bonne idée.

Bilal se tourna brièvement vers lui.

- Joyeux anniversaire, mec. S'il n'y a que ça, les boissons sont pour moi ce soir ! Vous n'aurez même pas besoin de nous aider à répondre aux questions ! Il me faut juste deux personnes pour valider notre participation !

Il ignorait de quoi il s'agissait, mais une part de lui n'était pas mécontente à l'idée de ne pas se retrouver en tête à tête avec Raphaël Delacour. Entre la promesse d'alcool et sa fatigue, il avait un peu peur que sa langue se délit, ce qui le mènerait tout droit à une catastrophe.

(L'autre partie de lui haïssait ce Bilal et son interruption, mais elle n'avait plus voix au chapitre depuis très longtemps).

- Je te revaudrai ça, mec, c'est promis ! Je suis prêt à m'occuper de toute ta paperasse pendant un mois s'il le faut !

Raphaël leva les yeux au ciel et fit claquer sa langue contre son palais. Il lui jeta un long regard.

- C'est ton anniversaire, Nigel. Tu décides.

L'expression de Bilal devint suppliante. Face à son silence, il se laissa même tomber à genoux, ignorant le pavé glacé par l'hiver, les mains pressées l'une contre l'autre devant son coeur.

Il n'avait promis qu'un seul verre à Raphaël. Plus tôt il le boirait, plus vite il pourrait rentrer chez lui. Il lui serait sans doute plus facile de s'échapper si Raphaël était distrait.

Il haussa les épaules.

- Peu m'importe, dit-il.

Il fit mine de ne pas voir la façon dont les traits de Raphaël s'affaissèrent un peu, non plus qu'il ne releva le regard sombre qu'il lança à Bilal tandis que ce dernier sautait sur ses pieds avec un cri de joie.

Il étouffa sans pitié la vague de regret qui lui serra la gorge et alourdit son estomac, se rattachant à la sensation désagréable pour se convaincre qu'il venait de prendre la bonne décision.

De toute façon, il ne méritait pas l'amitié de Raphaël Delacour.

- Tu es sûr que ça ne te dérange pas ? lui souffla-t-il, son visage soudainement plus près du sien.

Il força un sourire enthousiaste. Il n'aimait pas les bars. Il n'aimait pas beaucoup l'alcool non plus. Et, par-dessus tout, il n'aimait pas fêter son anniversaire. C'était aussi bien comme ça.

- Absolument.

- Parce que Bilal trouvera une autre solution.

- Je te dis que ça m'est égal.

Sa réponse fut un peu plus sèche qu'il ne l'avait pensée.

Raphaël détourna les yeux.

- Vous venez ?! Ça commence dans moins de cinq minutes !

Son enthousiasme ne réussit pas à briser le silence étrange entre Raphaël et lui, aussi fit-il un premier pas pour rejoindre Bilal.

- Nigel, c'est ça ? lui demanda-t-il.

Il hocha la tête.

- Bilal Naciri. Je suis aussi au service des Urgences avec Raphaël. Tu fais quoi dans la vie ?

- Je suis libraire.

- Très bien. Pour ce soir, tu travailles aux archives des Anges si quelqu'un te pose la question.

Les autres collègues de Raphaël les acclamèrent comme s'ils venaient de réussir à fabriquer une Pierre Philosophale. Puisqu'il précédait le Soigneur et que Bilal s'échappa vers le bar après l'avoir présenté au quatre autres personnes, il se retrouva coincé sur la banquette, entre le mur et Raphaël.

D'un seul coup, son plan pour disparaître à la première occasion semblait bien compromis.

Bilal revint accompagné d'une serveuse, un morceau de parchemin dans sa main gauche et ce qui ressemblait beaucoup à une plume à papote dans l'autre.

Raphaël commanda un verre de whisky pur feu et il se contenta d'un verre de vin rouge quand, vraiment, il aurait préféré une tasse de thé.

Le bar était bruyant. Il y avait la clameur des discussions, les éclats de rire tonitruants d'un homme à la table derrière lui et ceux anormalement aigus d'une femme installée au comptoir, sans oublier de la musique au fond et le tintement des verres. Il regretta un peu plus sa décision, pour d'autres raisons cette fois.

Merlin, ça devait être à peu près tout ce qu'il détestait.

- Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bienvenus au rendez-vous tant attendu ! Le quizz du samedi !

Un homme se tenait devant le bar. Il portait une veste d'un rouge agressif et un chapeau haut qui accentuait encore plus sa taille déjà impressionnante.

Il fronça les sourcils tandis que les personnes à sa table applaudissaient avec enthousiasme – Bilal porta ses doigts à bouche pour siffler –, imités par non moins que cinq autre groupes.

L'homme fit apparaître un tableau noir d'une geste de sa baguette magique.

- Je suis Philippe, votre humble maître du jeu pour ce soir. J'ai préparé des questions sans pitié pour vous départager ce soir. Et, Adèle en soit témoin, nous avons six féroces équipes, chacune prête à tout pour écraser les autres.

Les applaudissements redoublèrent. Il porta les doigts de sa main droite à sa tempe.

Merlin, dans quoi s'était-il fit embarquer au juste ?

Philippe présenta les cinq autres équipes – les journalistes, les étudiants, les brigadiers, les avocats et les banquiers –.

- Vous êtes prêts ?

Il se mit à chercher la sortie des yeux tandis que les cris redoublaient.

Merlin que les français pouvaient se montrer bruyants !

Raphaël était étrangement silencieux à sa droite, son visage tourné vers Philippe, mais son expression fermée. Il faisait tournoyer son verre déjà vide sur la table.

Si cela était encore possible, il se sentit encore plus mal – presque oppressé –.

Il eut un sourire dur.

C'était tous ce qu'il méritait.

S'il ignorait comment Raphaël avait pu se mettre dans le crâne qu'être ami avec lui était une bonne idée, il n'était toutefois encore trop tard pour le mettre face à la réalité. Il n'était qu'un égoïste fini doublé d'un lâche. Il valait mieux qu'il mène une vie solitaire au risque de blesser des personnes innocentes encore.

Il se raccrocha à cette pensée, ferma les yeux et bascula la tête en arrière, décidé à attendre que la soirée se termine le plus vite possible pour qu'il puisse retrouver la tranquillité – le silence glaçant – de sa chambre de bonne.

Malgré lui, il écouta d'une oreille les différentes questions posées par Philippe. Puisqu'il s'agissait principalement de faits historiques français – moldus ou sorciers, d'ailleurs – il ignorait souvent à quoi elles faisaient références.

Quand il passa à des généralités sur la magie – des formules, des ingrédients de potion, quelques runes à traduire – il dût se faire violence pour ne pas lever les yeux au ciel.

- Parmi ces quatre propositions, laquelle n'est pas une lune de Saturne ? Juno, Minas, Dioné, Japet.

- Really ? And here I thought those questions were suppose to be difficult ? A third year with half a brain cell could tell it's Juno, grommela-t-il, préférant l'anglais pour ne pas s'attirer les foudres de ses voisins de table.

Il sut qu'il venait de réussir le parfait contraire au soudain silence et à la façon dont la peau de son visage se mit à le picoter.

Il ravala son soupir et rouvrit les yeux.

Ils le dévisageaient tous, les yeux ronds.

Seul Raphaël continuait de fixer Philippe et son tableau enchanté.

- Juno ? répéta l'une des femmes – Marie, si sa mémoire était bonne –. Tu es sûr ?

Il la dévisagea et haussa un sourcil qu'il voulait sarcastique mais qui serait sans doute interprété comme arrogant.

Son frère avait réussi à provoquer des scandales avec moins que ça. Peut-être parviendrait-il à se faire sortir du bar s'il se montrait assez désagréable ?

Bilal donna sa réponse à la plume à papote, ce qui leur permis de remporter un point. Bilal le dévisagea ouvertement à son tour.

- Tu ne m'avais pas dit que tu es un libraire ?

- Si. Je lis des livres. Ce que, de toute évidence, chacun d'entre vous devrait faire de temps en temps.

Il avait espéré en vexer un ou deux – voir même les cinq, parce que les français étaient parfois trop fiers – mais ils éclatèrent de rire à l'unisson. Bilal reconnut même qu'il n'avait pas tout à fait tord.

Il fut presque sûr de voir le coin des lèvres de Raphaël frémir, ce qui lui donna l'impression de respirer plus librement pendant une trop courte minute.

Il y eut une nouvelle série de questions portant sur la culture générale, pour lesquelles il ne fut d'aucune aide. Raphaël semblait être incollable sur les équipes de Quidditch et les dernières chansons populaires.

A la fin de cette manche, les étudiants sont premiers avec 36 points, suivis par les journalistes avec 32 points et les soigneurs avec 29 points. Les derniers du classements sont les brigadiers, aussi sont-ils éliminés pour ce soir. La dernière manche commencera après une pause de quinze minutes.

Raphaël se dévoua pour aller chercher une nouvelle tournée de boissons, ce qu'il aurait bien mis à profit pour s'échapper si Marie n'avait pas commencé à lui parler, lui demandant dans quelle librairie il travaillait, et pourquoi il avait quitté le Royaume-Uni, et s'il était vrai que les garçons portaient tous des kilts à Poudlard.

Entre deux réponses sarcastiques, il chercha Raphaël des yeux, finit par le localiser devant le bar, puis devint le témoin d'une scène qui le laissa perplexe.

Un homme venait d'entourer les épaules de Raphaël avec un naturel qui semblait indiquer que ce n'était pas la première fois. S'il eut l'impression que Raphaël était surpris – agréablement – il ne se dégagea pas de l'étreinte mais fit aussitôt la bise à l'inconnu – ce qui n'était pas très courant entre deux hommes –. Ils discutèrent pendant de longues minutes, leurs visages proches l'un de l'autre, la main de l'inconnu sur le bras de Raphaël, puis sur sa nuque juste avant qu'il ne s'éloigne pour rejoindre ses amis à une table trop loin de la leur pour qu'il puisse en apprendre davantage.

S'il ne s'était pas arrangé pour vexer Raphaël un peu plus tôt, il aurait pu lui demander qui était cet inconnu, mais à l'heure actuelle, il devait se contenter d'hypothèses.

Il ne pouvait pas s'agir de son frère, parce que l'inconnu était noir et il semblait plus jeune que Raphaël. De plus, il n'avait jamais vu deux frères se comporter de la sorte.

Il devait donc s'agir d'un ami. Raphaël les évoquait rarement mais il supposait qu'il avait d'autres que lui, des personnes avec qui il avait été à Beauxbâtons, des collègues avec lesquels il travaillait ou simplement des personnes qu'il avait rencontré au hasard.

Il aurait aimé se convaincre que c'était aussi simple que cela, mais il n'était pas complètement stupide. Les gestes de l'inconnu – la façon dont il avait touché Raphaël – ce n'était pas de cette façon dont se comportaient des amis. Même s'il n'était pas un expert sur la question, il avait passé beaucoup de temps à observer ses condisciples à Poudlard pour éviter de participer à des discussions insipides.

Ces gestes-là étaient intimes, et ce n'était pas la seule chose qui le laissait perplexe. L'inconnu s'était directement immiscer dans l'espace personnel de Raphaël et Raphaël n'avait même pas reculé.

Il n'avait même pas été surpris. Ou gêné.

Pour tout ce qu'il avait pu voir, il avait même semblé se rapprocher un peu plus encore, comme pour mieux entendre ce que lui disait l'inconnu.

Et certes, le bar était bruyant mais pas au point de rendre une conversation difficile.

Raphaël revint, un nouveau whisky pur feu à la main et un verre de vin pour lui, ce qui lui donna une raison comme une autre pour oublier ce à quoi il venait d'assister. Les français étaient parfois étranges – les parisiens encore plus –, cela ne serait pas la première fois que leur comportement le laissait un peu perdu.

Une serveuse apparut quelques minutes plus tard avec une grande assiette de frites, une seconde de charcuterie et du pain. L'initiative fut saluée par les cinq collègues de Raphaël.

Le fait que Raphaël ne profita pas qu'il y avait de la nourriture sur la table pour l'inciter à manger quelque chose – ce qui semblait être sa grande obsession – lui confirma qu'il était peut-être un peu plus que simplement vexé.

Il voulut s'en réjouir – et pas seulement parce qu'il n'avait pas vraiment faim –. C'était mieux ainsi pour tout le monde. Il avait beau avoir réussi à refaire sa vie à Paris et passer pour un commerçant des plus respectables, la vérité était qu'il n'était qu'un mensonge auquel on aurait appris à marcher et à parler. Tôt ou tard, son passé allait le rattraper et tous ceux qui auraient été assez stupides pour s'immiscer dans sa vie risquaient un douloureux réveil.

Pourtant, il se surprit à détailler Raphaël à plusieurs reprise, ses yeux s'attardant sur ses cheveux ébouriffés – il ne cessait pas de passer sa main dedans –, ses épaules tendues, la façon dont sa jambe gauche tressautait ou encore son verre à nouveau vide.

Bien sûr, c'était sans préciser le fait qu'il semblait décidé à l'ignorer jusqu'à la fin de ce jeu stupide.

Il n'était pas bien sûr de comprendre pourquoi.

Ses entrailles lui donnèrent l'impression qu'il venait d'avaler des plombs brûlants.

Ce n'était pas qu'il ne comprenait pas pourquoi. Il n'était peut-être pas la personne la plus sociale de la création, mais il n'était pas idiot. Raphaël avait voulu fêter son anniversaire avec lui et il avait sauté sur la première occasion pour se défiler.

Non, il comprenait très bien.

Ce qui était moins évident était pourquoi il tenait tant à souhaiter son anniversaire avec lui. Ils ne se connaissaient pas depuis si longtemps que ça – il le vouvoyait encore régulièrement six mois plus tôt – et ils ne savaient pas grand-chose l'un de l'autre – Raphaël ne savait quasiment rien de lui –. Ce n'était pas comme s'ils étaient des amis d'enfance ou qu'ils avaient fait leur étude ensemble.

Peut-être que Raphaël avait simplement eu pitié de lui ce soir. Il n'aimait pas du tout cette possibilité – il n'avait besoin de la pitié de personne, il se débrouillait très bien tout seul depuis sept ans – mais cette explication avait le mérité de faire sens. Après tout, il n'était rien sinon un bon samaritain.

Il essaya de se convaincre que tout cela était vraiment pour le mieux pendant plusieurs minutes, mettant son entêtement à contribution, avant de s'avouer vaincu quand ses yeux semblaient sans cesse dévier vers Raphaël et que les regrets lui serraient de plus en plus la gorge.

Même s'il estimait que ce n'était pas une bonne idée – pour tout un tas de raisons – Raphaël le considérait comme un ami et il aurait dû refuser d'aider Bilal.

En plus, il serait sans doute déjà chez lui s'il s'en était tenu à sa promesse d'un seul verre.

Il était incapable de prononcer tout cela à voix haute, aussi choisit-il d'attraper quelques frites et de se faire une tartine de rillettes.

Il n'était pas un très grand amateur de charcuterie, mais Raphaël serait sans doute impressionné par le fait qu'il ait choisi l'option la plus grasse à disposition.

Cela ne lui valut qu'un brève regard en coin.

Sa bouchée laissa un goût amer dans sa bouche qui le convainquit d'en rester là. Il attendait depuis le début que Raphaël se lasse de le fréquenter, après ce soir, ça devrait être chose faite.

Il ignora la façon dont son estomac lui donna l'impression de faire une chute sans fin dans ses entrailles.

La solitude était tout ce qu'il méritait. Il se réhabituerait à s'en contenter.

Le retour tonitruant de Philippe et de son jeu stupide lui offrit une distraction comme une autre.

- Nous voilà donc arrivés à la dernière manche, j'ai nommé la Spécialité. Chaque équipe m'a apporté cinq questions portant sur chacune de leur spécialité et elles serviront à départager nos dernières équipes en lice. Pour rappel, il s'agit d'un vrai ou faux. Vous êtes prêts ?

Cette fois, il réussit à rester impassible face aux cris. S'il s'agissait de la dernière manche, cela signifiait qu'il serait bientôt libre de partir – de s'enfuir –.

- La première question est la suivante : Pigfarts est l'une des quatre maisons de l'école de sorcellerie britannique Hogwarts.

Peut-être que si les circonstances avaient été différentes, iaurait-il été capable d'ignorer ce qu'il venait d'entendre. Après tout, il avait tiré un trait sur le pays où il avait grandi, ce qui était censé inclure Poudlard, ses maisons, son directeur et tous ses anciens camarades. Il était habitué à la tendance des français à se moquer des britanniques – il leur accordait même parfois qu'ils avaient raison –. Ce n'était qu'une pique de plus.

Ce soir, il sentit une vague de colère emporter son bon sens. Il braqua un regard purement assassin sur ce Philippe, regrettant pour la première fois de ne plus posséder de baguette magique.

Il l'aurait transformé en grenouille, ça lui aurait appris.

- Je suppose que l'on va partir sur faux, donc, remarqua Raphaël à sa droite.

Son sourire amusé apaisa un peu sa colère. Les cinq autres rirent, Bilal fit une remarque qu'il n'écouta même pas, trop occupé à soutenir le regard de Raphaël.

Au bout d'un long moment, Raphaël haussa un sourcil.

- Je déteste ce jeu, admit-il finalement.

Raphaël pencha la tête sur le côté, puis haussa son deuxième sourcil.

- Des regrets ?

Il était habitué à ce que son ton soit un peu plus léger que ça. Il ravala la boule qui était revenue dans sa gorge.

- De toute évidence.

Raphaël resta impassible.

- Il va te falloir faire un peu mieux que ça, Sky.

C'était sans doute la première fois qu'il l'appelait par son nom de famille de cette façon. Il eut l'impression de prendre une gifle.

Il tutoya la possibilité de juste refermer la bouche et de rester silencieux pour le reste de la soirée pendant une brève seconde, avant d'abdiquer, un peu malgré lui.

- Je suis désolé, Raphaël, souffla-t-il finalement.

Son expression s'adoucit aussitôt.

Le poids sur sa poitrine disparut.

- Tu vois quand tu veux.

L'œillade noire qu'il lui adressa n'était que pour sauver les apparences. Le sourire de Raphaël s'élargit, ce qui lui confirma qu'il n'était pas dupe. Il attrapa la tartine de rillettes qu'il avait abandonné après sa première bouchée.

- Tu as de la chance que ce soit ton anniversaire, Nigel, dit-il, la bouche pleine.

Il retint le soupir de soulagement qui torturait ses poumons.

- Et pour information, ce verre que tu m'as promis vient juste de se transformer en dîner.

Cette fois, il leva les yeux au ciel mais il accepta sans même discuter. Après ça, le jeu devint un peu plus tolérable, même s'il fut à nouveau incapable de deviner une seule bonne réponse. Ce fut l'équipe des étudiants qui remporta le jeu. Bilal se contenta donc d'avoir battu les journalistes, ce qui avait été son objectif pour la soirée.

En guise de remerciements pour sa grande contribution à leur victoire, il entonna la chanson « joyeux anniversaire » à pleins poumons, qui fut repris par les quatre autres collègues de Raphaël et quelques autres personnes à travers le bar.

Des années à devoir cacher la moindre de ses émotions au risque de s'attirer des ennuis ne furent pas de trop pour le sauver d'un fard mémorable.

Il suivit Raphaël à l'opposé de la salle, là où le bruit était un peu moins abrutissant. Ils s'installèrent à une petite table dans un recoin à l'abri des regards.

La carte du bar proposait d'avantage d'options pour l'apéritif – une obsession française qui aurait pu rivaliser avec celle de sa mère à servir des petits-fours à chaque réception – aussi commanda-t-il un burger, quand bien même il était peu probable qu'il réussisse à terminer son plat. Comme à leur habitude, Raphaël se chargea de faire la discussion. Il lui parla de ses cinq collègues. Il apprit que Bilal avait été son apprentis et que Marie était au service des maladies infectieuses.

Il lui fut reconnaissant de ne pas mentionner sa maladresse du début de soirée.

- Dans quelle maison étais-tu, finalement ? lui demanda-t-il en piochant dans les frites auxquelles il ne comptait pas toucher.

Sa bouchée de burger lui donna l'impression de doubler de volume entre le moment où il l'avait portée à sa bouche et le moment où il déglutit.

Raphaël dérogeait rarement à la règle tacite entre eux : son passé était un sujet trop sensible pour être évoqué. Quand sa curiosité lui échappait, il se montrait aussi vague que possible quand il le pouvait, ou il mentait ouvertement.

- Ravenclaw, dit-il sans y réfléchir à deux fois.

Raphaël fit la moue.

- Ce qui signifie ?

- Que je suis très intelligent.

Il roula des yeux d'une façon un peu théâtrale qu'il se refusa à saluer d'un sourire amusé.

- Ça, c'est très discutable.

Il aurait aimé le contredire sur ce point, mais il savait qu'il était plus prudent qu'ils changent rapidement de sujet.

Raphaël appuya son menton sur sa main, et le dévisagea si longtemps qu'il sentit ses oreilles commencer à chauffer, tandis que sa pomme d'Adam tressautait dans sa gorge. Il plongea son visage dans son assiette, même si la nourriture avait un drôle de goût.

- Et dans quelle maison aurai-je été ?

- Je ne suis pas le Sorting Hat, grinça-t-il en essayant d'être juste assez sec pour le décourager de continuer cette discussion.

- Mais puisque tu es si intelligent, tu dois bien avoir une idée.

Il fit l'erreur de relever les yeux vers lui.

Son regard accusateur resta mort né.

Raphaël le détaillait toujours aussi intensément. Il était toutefois certain de ne lui avoir jamais vu cette expression. C'était comme s'il avait mal quelque part mais que c'était une bonne chose. Son regard brun brillait d'une étrange façon, presque comme s'il était fiévreux. Tandis qu'il le dévisageait en retour, son sourire devint timide.

Il déglutit.

Il ignorait la raison derrière cette expression – il ne voulait pas savoir – mais elle lui allait un peu trop bien.

La plupart du temps, il arrivait parfaitement à ignorer le fait que Raphaël Delacour était un homme très séduisant. Ses cheveux châtains encadraient un visage avenant – un front large, un nez droit parsemé de tâches de rousseur, une mâchoire volontaire – presque toujours illuminé d'un sourire. Il était un peu plus grand que lui, les épaules larges, et, parfois, ses tenues laissaient entrevoir le fait qu'il était sans doute un peu musclé.

Il n'était toutefois pas aveugle et il le voyait plusieurs fois par semaine. De temps à autre, Raphaël lui rappelait que, si les choses étaient différentes – si différentes – il se laisserait facilement convaincre de l'embrasser, de le toucher, peut-être même de construire une vraie relation.

La vie était rarement aussi simple. Raphaël ne partageait pas son inclinaison pour les hommes et Raphaël était son – seul – ami. Il n'allait pas risquer ça pour une énième étreinte défendue dans une allée sombre.

De toute façon, le sexe faisait partie de ces choses sur lesquelles il avait tiré un trait. La guerre avait corrompu sa magie, brisé son âme et ruiné son corps. Avec une jambe en moins, d'innombrables cicatrices et une personnalité déplaisante, les seuls hommes qu'il pouvait espérer serrer contre lui étaient ceux qui accepteraient de l'argent en échange. Il n'était pas encore tombé si bas.

Il lui fallut une longue seconde pour retrouver ses esprits. Il ignora le visage de Raphaël pour un point juste au-dessus de son épaule gauche. Raphaël avait bu plusieurs verres d'alcool. Il était sans doute un peu ivre.

- Hufflepuff, dit-il finalement.

Sa voix ne trahit rien du désir inconvenant qui lui donnait l'impression que son corps vibrait ou que sa peau était soudainement un peu trop étroite.

- A tes souhaits, se moqua Raphaël.

Il échoua lamentablement à garder les yeux baissés.

Si cela était encore possible, le regard brun de Raphaël était encore plus brillant.

Merlin, il était magnifique.

Ses yeux fixèrent ses lèvres pendant une seconde de trop avant qu'il ne s'oblige à reprendre le fil encore.

- Tu as raison, enfonce-toi.

Il aurait aimé que son ton soit un peu plus mordant – comme il l'était souvent quand ils se moquaient l'un de l'autre –. A la place, il avait l'impression qu'il venait de confesser quelque chose d'interdit.

De tendre.

De dangereux.

La panique lui vola le peu de souffle qu'il lui restait. Il replongea le nez dans son assiette, décidé à terminer ce burger jusqu'à la dernière miette si cela lui permettait de gagner du temps.

Pour faire quoi, il ne savait pas trop, mais quelque chose.

Peu à peu, il réussit à reprendre le contrôle sur ses émotions. Il se raccrocha à l'Occlumentie pour enfermer cet incident dans un coin de son crâne, se promettant qu'une telle chose ne pouvait jamais se reproduire s'il voulait que Raphaël et lui restent amis.

Si ce dernier remarqua quelque chose d'étrange, il le garda pour lui. Il eut beau argumenter qu'il n'avait pas faim pour un dessert, Raphaël insista, parce qu'un anniversaire sans gâteau n'était pas un anniversaire – apparemment –, lui promettant de le partager avec lui si ce n'était que ça.

Quand la serveuse apporta le moelleux au chocolat, une petite bougie y était plantée. Elle lui glissa un clin d'œil. Il fit claquer sa langue contre son palais.

Raphaël ouvrit la bouche.

Il pointa sa fourchette vers son visage.

- Si tu chantes, je m'en vais.

Raphaël leva ses deux mains devant lui en signe de rédhibition, ce qui ne l'empêcha pas de siffloter l'air traditionnel quand même.

Viviane, Morgane et Circée, il était pire qu'un enfant de cinq ans.

- N'oublie pas de faire un vœux, lui rappela Raphaël.

Il n'avait jamais cru à ces bêtises – comme il n'avait jamais cru aux horoscopes et à la divination – et la vie s'était chargée de lui démontrer qu'il avait sans doute eu raison. Combien de fois avait-il souhaité que tout – sa relation avec son frère, avec ses parents, la guerre – s'arrange pour n'être que déçu après ?

Depuis son arrivée à Paris, il se gardait bien aussi de penser à l'avenir, parce qu'il n'était qu'en sursit.

La présence de Raphaël le convainquit toutefois de faire une exception.

Faites que cela dur le plus longtemps possible.

Il souffla sa bougie et, juste comme ça, les incidents de la soirée lui semblèrent être arrivés à quelqu'un d'autre.

Ils mangèrent son gâteau d'anniversaire en silence, ce qui le laissa penser que la soirée touchait à sa fin et qu'il pourrait rentrer chez lui.

C'était un soulagement, vraiment. Il ignorait s'il devait blâmer ses trois verres de vin – ou les trois whisky de Raphaël – mais le souvenir de l'expression de Raphaël un peu plus tôt ne cessait de revenir le hanter à chaque fois qu'il relâchait sa concentration, provoquant une embardée de son rythme cardiaque en prime.

- Ça va ?

Il se redressa et s'obligea à croiser son regard.

- Bien sûr. Fatigué, c'est tout.

- Ah, c'est ça de vieillir, se moqua-t-il.

Il leva les yeux au ciel.

- Tu peux parler.

Raphaël termina son verre d'eau d'une longue gorgée. Il s'interdit de fixer ses lèvres ou sa gorge ou quoique ce soit d'autre que ses yeux.

Merlin, que lui arrivait-il ce soir ?!

- Qu'est-ce qui te fait dire que je suis plus vieux que toi ?

Il le lui avait dit, des mois de cela, quand il lui avait annoncé qu'il avait désormais une seconde nièce – Gabrielle – avec laquelle il avait presque vingt-neuf ans d'écart à deux semaines près. Il ne connaissait pas la date exacte, mais il savait que c'était en juillet.

- Je suis très intelligent, éluda-t-il.

Raphaël éclata de rire. Ses entrailles se transformèrent en une centaine de papillons. Le coin de ses lèvres frémit.

- Tu m'en diras tant. Quel jour suis-je né dans ce cas ?

Il plissa les yeux et fit mine de réfléchir longuement. Il existait des théorèmes d'Arithmancie qui auraient pu lui permettre de deviner la date exacte, mais il aurait eu besoin de savoir des choses sur ses parents, sur sa baguette, ou encore sur sa taille exacte. Il n'avait aucune de ces réponses.

Il se contenta de retrouver quand était née sa nièce et d'y ajouter deux semaines.

- 13 juillet 1958 ?

Raphaël sembla impressionné.

- Non, mais presque. Le 14.

- Le jour de la Révolution Française ?

Il haussa les épaules.

- Je ne suis pas passé loin de m'appeler Fête Nationale, oui. Petit, je pensais que le feu d'artifices était donné pour mon anniversaire. J'espère que celui de cette année sera réussi, parce que ça sera quand même mes trente ans !

- Je suis certain que les moldus ne manqueront pas de prendre en compte ce détail, ô combien important, dans leurs préparatifs.

Ce fut au tour de Raphaël de lever les yeux au ciel.

- Dans tous les cas, tu n'as pas la moindre excuse pour oublier la date. On y va ?

Bien entendu, il insista pour payer – parce que c'était son anniversaire – puis il le guida à travers le bar, une main entre ses deux omoplates.

Il n'eut pas du tout l'impression que sa peau prenait feu à cet endroit.

Ils passèrent non loin de l'endroit où l'inconnu était installé. Entouré d'amis, un verre de vin à la main, il sembla dire quelque chose qui provoqua l'hilarité générale. A cette distance, il ne put que remarquer ses ongles multicolores, le trait doré qui soulignait son regard et ses lèvres brillantes. Il dut sentir son regard sur lui car il tourna la tête. L'inconnu eut un sourire amusé, qu'il doubla d'un clin d'œil, avant de lever son verre bien haut.

- Bonne chance, Raphaël !

Il eut juste le temps de voir Raphaël secouer la tête, et peut-être rougir un peu, mais la lumière du bar céda la place à la pénombre de la rue sorcière, aussi n'eut-il aucune certitude.

A l'extérieur, un vent glacial s'était levé. Il resserra les pans de sa cape autour de lui.

- Un ami à toi ? demanda-t-il quand même, parce qu'il ne comprenait définitivement plus rien.

Raphaël enfonça ses mains dans les poches avant de son jean et haussa les épaules.

- On peut dire ça…

Il eut beau froncé les sourcils et le fixer un peu, il ne dit rien de plus.

Il n'insista pas, parce que Raphaël faisait toujours preuve de tact quand il ne voulait pas parler de quelque chose. Il pouvait bien lui rendre la pareille pour une fois.

Il jeta un regard derrière lui, dans la direction de son immeuble.

Il lui sembla que le sourire de Raphaël était un peu forcé quand il tourna à nouveau la tête vers lui.

- Encore joyeux anniversaire, Nigel.

Il lui serra le bras avec douceur puis il fit un premier pas en arrière, qu'il imita.

- Merci pour cette soirée.

- De rien. Bonne nuit.

- Bonne nuit.

Il se détourna. Sa cape se mit à claquer derrière lui sans qu'il n'essaye de la resserrer contre lui parce que là, maintenant, le froid était le bienvenu.

Parce qu'il pouvait sentir les yeux de Raphaël braqués sur lui et qu'il ne savait définitivement pas quoi faire de ça.

Il ne put respirer librement qu'une fois la porte de son appartement soigneusement refermée derrière lui.

Cette nuit-là, ses rêves furent hantés par les yeux bruns de Raphaël Delacour.

Il avait beau avoir grandi au Royaume-Uni – à Londres – et étudié pendant sept ans en Écosse, la pluie le mettait encore de mauvaise humeur, surtout quand il s'agissait de ces averses interminables, venues de nulles part, comme le mois de Mars savait si bien les faire.

C'était dans ce genre de situations qu'il regrettait de ne plus avoir de baguette magique.

Il poussa un soupir de soulagement quand la librairie fut enfin en vue.

- Ton ami est passé tout à l'heure. Il a laissé ça pour toi.

Eugène avait une façon bien à lui de prononcer le mot « ami » quand il faisait référence à Raphaël Delacour. C'était presque comme s'il roulait des yeux avec sa voix.

C'était un petit paquet, emballé simplement. Le papier brun était maintenu en place grâce à une ficelle. Il pouvait se tromper, mais cela ressemblait beaucoup à un livre.

Il le déballa sans rien déchirer.

Son cœur manqua un battement quand il découvrit le titre.

Les contes de Beedle le Barde

Le livre était neuf : le cuir de la couverture était encore doux et la lumière se reflétaient sur les dorures. Il était complètement différent de celui qu'il avait eu, enfant. A force de passer dans les nombreuses mains poisseuses au fil des générations, les coins étaient écrasés, certaines pages étaient déchirées et la couverture donnait parfois l'impression qu'elle allait se détacher.

Par habitude, il voulut le feuilleter rapidement, curieux de découvrir les illustrations de cette édition.

Le livre s'ouvrit directement là où Raphaël avait placé un marque page.

Il avait aussi laissé un mot sur la première page.

A de nouveaux bons souvenirs.

RD

Sa gorge se serra.

Le marque page était la carte de visite d'un restaurant dont il n'avait jamais entendu parlé. Au dos, il y avait une date et une heure.

Les battements de son cœur s'emballèrent, accompagnés d'une profonde envie de vomir.

Il replaça la carte dans le livre, ses mains tremblantes.

Ça, ce n'était définitivement pas une bonne idée.


Behind the Scenes :

- J'ai commencé à écrire cette histoire après la sortie flamboyante d'Adèle Haenel lors de la cérémonie des Césars. Le clin d'oeil est clairement appuyé.

- Puisque je doute que les français aient traduit tous les noms associés à l'histoire de Poudlard, j'ai décidé qu'ils seraient toujours prononcé dans leur version originale.

- Pigfarts Intergalactic School of Martian Witchcraft and Wizardry dirigée par le très célèbre Growlus Rumbleroar toute droite tirée de A Very Potter Musical (qui, btw, est un très bon anti-dépresseur naturel en ces temps troublés).


Comme d'habitude, je suis curieuse d'avoir votre avis sur :

- Nigel Sky, son aura d'écorché vif et sa stupidité presque touchante.

- Eugène, sa clairvoyance à peine dissimulée par ses moqueries.

- Raphaël Delacour, son charme, son entêtement et sa douceur.

Et bien entendu, si vous avez des théories concernant le(s) lien(s) entre ce Spin-Off et le reste de mon UA maison, je suis tout ouïe.

Je vais pas vous mentir, le moyen le plus efficace pour me motiver à poster le prochain chapitre est une review !

On se dit à la prochaine du côté de Black Sunset : Supernova.

Orlane.

Mis en ligne le 03/04/2021