Chapitre 2
Lorsque Charles se releva du téléfax, son regard absent fit questionner les membres d'équipage qui attendaient l'arrivée des deux hommes.
-Charles, Demanda Valence avec appréhension, Qu'est-ce qu'il y a?
-Où est Flavien? S'inquiéta Pétrolia.
À la prononciation de ce nom, Charles ne fit que détourner le regard et s'éloigna lentement, le visage livide et le regard vidé de toute expression.
-Charles?
Valence ne comprenait pas du tout la réaction de son amoureux. Qu'était-il arrivé pour qu'il réagisse de la sorte? Il semblait complètement étranger au monde qui l'entourait, et sortit de la Salle de Commandement de façon machinale, sans aucune explication. La porte se referma sur son passage, laissant l'équipage dans un silence lourd d'incompréhension.
Tous échangèrent un regard inquiet, et Valence prit finalement son rôle de psychologue :
-J'vais aller lui parler…
Elle accourut dans le corridor juste à temps pour voir la porte de la cabine du capitaine se refermer. Elle se dirigea vers celle-ci.
Lorsqu'elle entra dans la pièce, elle trouva Charles assis par terre, adossé contre le lit, las, perdu dans ses pensées.
-Qu'est-ce qu'il y a Charles? Demanda doucement Valence en s'accroupissant à côté de lui, Qu'est-ce qui s'est passé?
Valence redoutait le pire, mais il fallait qu'elle sache pourquoi Charles était dans cet état. Pourtant, il restait muet comme une tombe, fixant un point fictif devant lui.
-Charles, dis-moi ce qui se passe…Tu m'fais peur…
On eut dit que cette dernière phrase fit un déclic dans la tête du Capitaine car celui-ci cligna des yeux et ouvrit la bouche.
-Il est trop tard Valence…trop tard…
-Trop tard pour quoi? Demanda la psychologue, incertaine de vouloir vraiment savoir la réponse.
-Il est mort…mort! Et j'ai rien pu faire…
-Qu…Qui ça? Flavien?
-J'ai rien pu faire, Répéta Charles, affligé.
Sa voix était devenue tremblante, brisée par sa détresse. Les larmes roulaient abondamment sur ses joues, tels deux ruisseaux de diamants sur sa peau satinée.
Valence était estomaquée. Flavien, mort? Mais c'était impossible! Comment une telle chose avait-elle pu se produire? Elle sentit elle aussi un nœud lui prendre à la gorge et sentit une larme perler sa joue.
-C…comment?
Charles secoua la tête. Ça n'avait plus aucune importance maintenant. Flavien était mort, et rien ne pouvait changer cela. La douleur le déchirait à l'intérieur. Jamais il n'aurait cru avoir si mal, être si déchiré à la perte d'un être cher. Il s'était toujours imaginé ce que quelqu'un pouvait ressentir dans cette situation, il avait pensé le savoir… Comme il avait eu tort! Horriblement tort! Le mal le ravageait, le dévastait comme une tempête sur un rivage sablonneux, laissant seulement le néant, un vide cruel, insupportable.
Valence prit place près de lui, s'adossant elle aussi à la base du lit, et l'attira vers elle. Il accepta son étreinte réconfortante et se blottit contre son épaule, tentant de faire fuir la douleur avec la chaleur et la douceur de ce contact si familier.
Tout était sombre, embrouillé. Il y avait une odeur de terre et d'humidité. On entendait le bruit de gouttes d'eau résonner dans un écho lointain. Une main caressait doucement ses cheveux, mais il ne pouvait pas voir qui c'était. Quelqu'un chantait doucement près de lui, d'une voix mélodieuse, enchanteresse.
Lentement, sa vision s'éclaircit un peu et il put distinguer le visage d'une jeune fille penchée au-dessus de lui. Sa peau était d'une pâleur immaculée, comme la neige un matin d'hiver, et ses longs cheveux d'ébène tirés en arrière revenaient inonder ses épaules délicates. Ses vêtements étaient simples, un petit chandail sans manches attaché avec des ficelles autours de la taille et plusieurs étoffes formant la jupe bohême. Ses yeux ressemblaient à des cristaux traversés d'arcs-en-ciel. Un sourire rêveur se peignait sur ses lèvres rosées.
Flavien cligna des yeux plusieurs fois. Était-ce un ange?
Soudain, il fut prit d'une douleur atroce là où le morceau de métal l'avait atteint. Il gémit et son visage se tordit affreusement.
-Shhhhh, Murmura la jeune fille en caressant le côté de son visage, Vous irez mieux demain. Dormez sans crainte.
Il fut enveloppé d'un voile hypnotique comme la brume opalescente à la surface d'un lac au crépuscule et il sombra à nouveau dans un gouffre sans rêves.
