Chapitre 6

Deux jours plus tard, Rogue fut surpris de voir Lupin marcher dans la Grande Salle avec un Harry Potter qui ressemblait au môme habituel et insupportable au lieu d'une ombre brisée de ce qu'il avait été. Il serra les dents et se pencha à nouveau sur son thé. Comment le loup-garou avait-il fait ? Comment était-il si naturel pour quelque chose qui pétrifiait Rogue ? Cela le contrariait énormément, et ne fit qu'augmenter son humeur massacrante. Il était inquiet. Depuis deux semaines, il n'y avait pas eu beaucoup d'appel ni d'assignation venant de Voldemort. Ce n'était pas encore assez pour estimer que quelque chose n'allait pas, mais Rogue était quand même inquiet. Il regarda Lupin qui marchait normalement, presque nonchalamment, et Harry qui le suivait, sa tête presque immobile, penchée sur le côté alors qu'il écoutait, et les yeux fixes, mais brillants.

Le garçon semblait avoir reprit du poil de la bête. Si c'était bien le cas, son corps suivrait bientôt.

« Bonjour, Severus. » Dit Lupin. Il semblait ne pas avoir dormi les deux derniers jours. Rogue ne compatit pas. C'était le comportement normal du Maître des Potions, et il sentait qu'il avait trop de chats à fouetter, et pas assez de bras pour le faire.

« Si vous le dîtes. » marmonna-t-il, en se tournant vers Harry. « Comment progressent les déplacements et la reconnaissance des sons, Potter ? »

Harry bougea. Remus avait entièrement fait du processus d'orientation par les sons un jeu. Il avait couvert les yeux de Harry avec un bandeau, comme pour jouer à un jeu d'enfant, puis il avait poussé Harry à tâtonner autour de lui, pour trouver des objets, puis pour trouver le professeur de DCFM. Ca avait été difficile au début, et il avait eu peur de trébucher contre des meubles, mais après la première vingtaine ou plus de fois où ses genoux furent éprouvés il n'y fit plus attention, les coups ne semblaient plus menaçants. C'était facile avec le bandeau, au début. Il donnait à Harry l'impression qu'il avait été volontairement privé de la vue, et qu'il n'aurait qu'à desserrer le tissu pour voir à nouveau autour de lui.

Ce n'était que la nuit précédente qu'il avait assez bien mémorisé sa chambre pour ne plus se cogner, et ses oreilles semblaient repérer même les sons les plus petits, localisant facilement leurs sources sur la carte mentale qu'il avait de sa chambre, comme une vague représentation dans sa tête de la Carte des Maraudeurs.

Harry était presque sur de lui, mais quelque chose qui s'était passé ce matin avait freiné cette progression.

Il était à nouveau resté gelé sur place lorsqu'il avait fait un pas hors de sa chambre. Il avait eu besoin du calme apaisant de Remus, et de son soutien pour résister au besoin de courir rentrer dans son environnement maintenant familier, dans son sanctuaire où il n'avait pas besoin de voir.

Ce ne fut que grâce à la confiance qu'il avait en Remus et le fait de savoir qu'il ne laisserait rien de mal lui arriver, qu'il réussit à contrôler ses émotions. Elles avaient battu en retraite vers la mare acide au niveau de son estomac pendant qu'ils atteignaient la Grande Salle. Il sentait qu'il pouvait mieux entendre. Les chants des oiseaux, les grincements des meubles, les échos, les vibrations des fenêtres… Son cœur battait rapidement, son cerveau travaillait davantage pour discerner l'afflux de stimulations auditives et se focaliser sur les pas et le bruissement de la robe de Remus Lupin. A la fin il souhaitait presque que tous ces foutus oiseaux dans le ciel tombent et meurent. Comment pourrait-il jamais survivre avec tous ces bruits dans sa tête ? Son esprit chancelait.

« Je vous ai posé une question, Potter. Honorez nous d'une réponse, garçon. » La voix de Rogue lui parla brusquement. Il grimaça, plus parce que le mot 'garçon' lui rappelait des gens peut-être plus mauvais que Rogue. Cette situation lui offrait au moins un plus : ne plus voir l'image de Rogue. Et la voix de ce dernier n'était pas si terrifiante quand elle n'était pas accompagnée de son regard mortel.

« Nous verrons, professeur. » Dit il d'un air sardonique. Peut-être que c'était ironique pour lui d'utiliser ce verbe, mais il aimait ça.

Rogue se renfrogna et jeta un coup d'œil à Lupin. Il avait l'air fatigué mais toujours optimiste. Et bien que cela contrariait Rogue de seulement le penser, il faisait confiance à l'évaluation de Lupin. Il hocha la tête.

« Avez-vous prit un petit déjeuner ? »

Harry secoua la tête.

« Non professeur. »

« Bien. Suivez-moi. Lupin, restez là. »

Le dernier ordre que Rogue cracha autoritairement fit que les sens fragiles et en verre de Harry s'effondrèrent à nouveau. Qu'allait-il lui arriver avec seulement le professeur Rogue et personne d'autre pour arrêter l'homme si Harry n'était pas capable de suivre ou de se débrouiller ?

« Severus, pourquoi ne pas… »

« Non. Vous distrairiez le garçon. Venez le chercher dans deux heures. »

Harry inspira, tremblant. La main de Remus se posa sur son épaule, et le professeur éreinté chuchota à son oreille :

« Ne t'inquiète pas Harry. Tu peux y arriver. Je ne te laisserai pas seul si je ne le pensais pas. »

Harry déglutit nerveusement. Remus ajouta, presque trop bas pour l'entendre, mais aussi clair que du cristal pour l'ouie sensible de Harry : « Je crois en toi, tout comme Rogue, même s'il ne l'admet pas. »

L'image de Rogue en pompons noirs et habillé en pompom-girl était assez amusante pour que Harry sourie et fasse un signe de la tête.

A la vue du visage de Harry, Rogue était formel sur le fait que le garçon pensait à quelque chose qu'il n'apprécierait pas. Il serra les dents et se leva.

« Suivez-moi, Potter. Quand je m'arrête, vous vous arrêtez. Quand j'avance, vous avancez. Je vous préviendrai pour les escaliers et les tournants. Le reste vous êtes plus que capable de le comprendre tout seul. »

« Oui, monsieur. » cracha Harry. Il sentait que le Maître des Potions était un déclencheur facile de frustration. Mais Remus croyait en lui. Il voyait ce qu'il valait, et peut-être que les autres aussi. Harry ne voulait pas les décevoir avant d'avoir donner son maximum, même si cela voulait dire supporter le Maître des Potions et ses remarques narquoises.

Le chemin vers la salle de cour de Rogue fut mémorable. D'abord, Harry se cogna contre le Maître des Potions quand il s'arrêta brusquement, se faisant lui-même une remarque rabaissant disant 'maladroit, Potter. Maladroit.' Cependant il put suivre l'homme de près et il se cogna seulement dans deux des six virages où le Maître des Potions tourna brutalement, et après avoir crié pour la seconde fois, il décida d'utiliser ses mains pour longer le mur pendant qu'il marchait.

Rogue regarda par-dessus son épaule et sourit momentanément en lui-même. Jusqu'où le garçon pourrait-il aller s'il s'adaptait si rapidement et facilement ? C'était époustouflant, même pour lui. Il fit un effort pour que sa voix soit indifférente lorsqu'il atteignit finalement la porte d'une salle de classe maintenant vieille et inoccupée.

« Nous sommes arrivés, Potter. »

« Où sommes-nous, Professeur ? » Demanda Harry plutôt aigre, mais il commençait à maîtriser ses manières exactement comme il commençait lentement à savoir se contrôler.

« Aile ouest, troisième étage, première porte à droite. Maintenant que vous le savez, vous viendrez ici tous les jours seul. »

« Mais… »

« Merlin Potter. Vous avez parcouru ce château encore plus profondément qu'aucun autre élève. Vous connaissez cet endroit bien mieux que personne. Faites confiance à votre instinct et arrêtez d'être aussi pénible en montrant votre malaise. » Dit Rogue avec irritation alors qu'il ouvrait la porte et poussait Harry à l'intérieur.

La pièce sentait le moisi, la poussière chatouillant les narines de Harry. Bien qu'il ne comprenne pas pourquoi, il avait le sentiment que le plafond était haut au-dessus de sa tête, et que la pièce était assez large. Puis il compris pourquoi il avait eu cette impression. Les pas du Maître des Potions avaient un écho très léger, laissant entendre la taille de la pièce. Harry sourit intérieurement. C'était devenu rapidement plus facile.

« La première chose essentielle que vous allez apprendre Potter, est d'être conscient des choses qui se passent autour de vous. Lorsque je serai satisfait que vous ayez maîtrisé cela, je vous rendrai votre baguette et nous entamerons les choses vraiment importantes. »

Harry se hérissa, mais la perspective de récupérer sa baguette, et par conséquent plus d'aide substantielle, l'emporta. Il entendit le Maître des Potions avancer vers lui.

« Tenez cela. » Il serra ce qui semblait être une balle en peluche avec un grelot à l'intérieur.

« Un jouet à mordiller pour chien ? » Dit Harry avec incrédulité après l'avoir touché pendant un moment.

« Exact. » Rogue la prit des mains de Harry et fit quelques pas en arrière. Il la lança et la rattrapa ensuite. « Est-ce que vous entendez cela ? »

« Évidemment. » Dit Harry légèrement énervé.

« Bien. » Dit Rogue et il jeta la balle droit vers Harry, et le frappa avec sur la poitrine. Harry se renfrogna et sursauta, surpris.

« Pourquoi avoir fait ça ? » dit-il sèchement. Rogue sourit d'un air satisfait et rappela la balle à lui.

« Évitez-la, Potter. Écoutez-la venir, et évitez-la. En attendant, je pourrai m'entraîner à viser. »

Harry était abasourdi. Comment pourrait-il esquiver un objet volant?

Rring poc.

La balle le frappa à nouveau à la poitrine.

« Accio balle. » fit la voix incessante de Snape.

Harry ouvrit la bouche pour protester quand

Rring poc.

La balle le frappa encore. Et encore. Et encore.

Rring poc.

Sur la poitrine.

Rring poc.

Sur le torse.

Rring poc.

Sur les jambes. Rogue s'amusait, Harry était de plus en plus en colère.

« Bien que les bleus que vous prenez soient ravissants Potter, vous n'échapperez pas à cela à moins de faire quelques efforts pour l'éviter. Écoutez le son, et bougez loin du bruit. Bougez loin pour que le bruit passe à côté de vous. »

Rring poc.

Cette fois la balle frappa Harry au visage. Ca y était. Ca ne pouvait plus continuer.

Rogue savait que Potter était en train d'atteindre un niveau dangereux. Mais à nouveau, il voulait que Harry soit assez en colère pour pouvoir peut-être passer outre l'évidence et faire comme si rien ne le gênait. Il lança la balle à nouveau.

Rrrrrrrrring...

Le garçon fit un pas de côté.

« Finalement, Potter. »

Mais Harry n'avait pas fini.

« Accio balle ! » La balle vint docilement dans sa main et il la lança dans la direction où il entendait la voix de Rogue.

Il rata, bien sûr, mais Rogue aimait le fait que Harry ait réagit de cette manière. Ou du moins les premières secondes. Puis il réalisa que le garçon avait voulu le frapper et cela ne lui plaisait pas.

« Parfait Potter. Maintenant continuez. » grommela t-il et il conjura deux balle de plus.

Lorsqu'il approcha de la vieille salle de classe, le loup de Remus entendit et repéra des grognements, des sonneries, des rebonds et des bruits sourds. Cela faisait le même bruit que s'il y avait un duel à l'intérieur, et son cœur fit un bon dans sa poitrine alors qu'il se ruait à l'intérieur, seulement pour être frappé droit sur le front par quelque chose qui ressemblait à une balle sonnante en caoutchouc. Il cligna des yeux de surprise.

Harry était en sueur, les cheveux collants à son visage, les yeux étincelant de colère étaient même plus marquants parce qu'ils étaient vraiment immobiles. Rogue était aussi en sueur, jetant des balles vers le garçon et les rappelant à lui magiquement comme un fou.

Cela n'était pas ce qui étonnait Remus. Ce qui l'étonnait c'était que Harry s'efforçait de les éviter, les esquiver. Et bien qu'il soit en général atteint par les balles, il les évitait un peu. Et Remus était certain que ce nombre de fois pouvait augmenter.

Attrapeur un jour, Attrapeur, dit en riant la voix de James Potter dans l'esprit de Remus, venant de sa mémoire des jours heureux.

« La séance est terminée. Demain, ici, Potter. A neuf heures pile. Ne m'obligez pas à venir vous chercher. » Dit brusquement Rogue et il sortit furieusement de la pièce, laissant un Harry furieux au bon soin de Remus, qui était démangé, par l'envie d'essayer de lancer lui-même une balle vers Harry et de regarder se qui se passerait.

Rogue rentra dans les cachots, lança sa cape sur un fauteuil dans ses quartiers personnels. Il était fatigué, et se renfrogna. Il se servit un verre de brandy, pour réfléchir sur le comportement de Harry et ses réactions, et s'il devait ressentir un petit apaisement vis-à-vis de son inquiétude pour le délai de septembre.

Il n'eut pas de chance. Le verre de brandy se renversa sur ses pieds alors que ses mains sursautèrent.

La Mage Noir l'appelait, et Rogue n'avait pas d'autre choix que d'y répondre. Il prit sa tenue de mangemort, l'étui de sa baguette, envoya une prière inconsciente à quiconque regardait, et marcha vers les limites de Poudlard, et transplana.

§§§§§§

« Le moment est arrivé, mes fidèles Mangemorts, que tout redeviens comme il se doit. Le traître a été capturé. » Annonça Voldemort de sa voix calme, triomphante et effrayante. Le cœur de Rogue manqua un battement. Allait-il être exécuté ?

Deux Mangemorts masqués firent entrer une personne qui boitait. Rogue se senti à la fois soulagé et nauséeux en le voyant. Il n'était pas le traître en question.

C'était Igor Karkaroff.

Rogue espéra sincèrement que l'homme était déjà mort.

Il ne l'était pas.

« S'il vous plait, Mon Seigneur, » Dit l'homme en reniflant, son visage déjà en sang, une de ses mains mutilées. « Ayez pitié. »

Rogue ferma les yeux. De toutes les choses à dire à Voldemort, le mot 'pitié' était le meilleur moyen pour ne pas en avoir.

Voldemort marcha vers Karkaroff et caressa les joues de l'homme de ses doigts longs et décharnés.

« Je montrerai de la pitié, Igor… » Dit-il alors qu'il cingla l'air et donna un coup, arrachant un cri à l'homme. Tom Jedusort sourit horriblement. « …Peut-être. »

Et quelque part au château de Poudlard, Harry Potter s'assit dans son lit et hurla.

À suivre

Chapitre 7

Remus ne comprit même pas comment il avait fait pour se retrouver à courir dans un couloir, dépassant la tour Gryffondor, et faire irruption dans la chambre de Harry, terrifié par ce qu'il y découvrirait. Le cri lui avait glacé le sang, et était le résultat de plusieurs émotions.

Il fut légèrement soulagé lorsqu'il ne vit rien impliquant du sang ou des blessures corporelles. Bien sûr le fait qu'Harry ait les poings serrés dans ses cheveux, se balançant d'avant en arrière sur son lit ne le rassura pas pour autant. Il n'eut aucune réaction montrant qu'il avait entendu entrer le professeur de DCFM. Remus atteint le lit en deux grandes enjambés et étreint Harry dans un effort pour rassurer le garçon et arrêter les balancements.

« Qui a-t-il Harry ? Que ce passe t'il ? »

Harry ne répondait toujours pas. Son souffle était haché mais il ne criait pas. Il tira les cheveux qu'il serrait encore plus fort, tellement que Remus eut peur qu'il ne les arrache du cuir chevelu.

« Pourquoi est-ce que ça ne va pas chez moi ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas juste être seul ? » Marmonna Harry, prononçant les mots si rapidement que Remus eut des difficultés à saisir le chuchotement entier.

« Qui ne te laisse pas seul Harry ? Dis le moi, et je t'aiderai. » Dit Remus en essayant de l'atteindre, tirant légèrement sur son épaule. Effectivement, les balancements s'arrêtèrent mais les lèvres de Harry formèrent un petit sourire ironique pour lui-même et qui donna la chair de poule à Remus. C'était un sourire sans joie, amer comme il en voyait sur les lèvres de Rogue depuis si longtemps.

« Tu ne sais pas de quoi tu parles, Remus. » La voix de Harry avait un son métallique, dur. Mais qu'avait donc pu provoquer cela ?

« Était-ce une vision, Harry ? » Une voix apaisante et calme fit sursauter le garçon et le professeur Dumbledore entra avec méfiance, et posa une main sur l'épaule tremblante de Harry. Le simple contact avec le vieux sorcier sembla calmer et aider Harry à gérer la situation. Il s'avança et expira maladroitement, alors qu'il acquiesçait.

Remus était perdu.

« Quelle vision ? »

La voix de Dumbledore contenait une tristesse plus vaste qu'un océan alors qu'il expliquait, son bras ne quittant pas les épaules de Harry. Le garçon se pencha un peu vers ce contact.

« Harry a un lien avec Voldemort. Il peut voir ce que Voldemort fait par moment, dans des intervalles de temps apparemment aléatoires. Je... J'avais espéré que Harry n'ait pas à assister à une vision si tôt. »

Remus pâlit, son cœur s'arrêta de battre devant l'horreur pure de ce que cela impliquait. Quelques secondes étaient accordées à Harry durant lesquelles il pouvait voir à nouveau, mais pour ne voir que méchanceté et atrocités. Harry se rappellerait de ce qu'il avait perdu, et ne pourrait jamais profiter de ce court moment de répit en dehors de son monde obscur parce que l'horreur l'envahissait.

Qui pourrait supporter une chose pareille ?

« Il…Il a trouvé Karkaroff. Il l'a simplement tué. » Dit Harry, de sa voix habituelle juste essoufflée et étouffée. Durant la brève pause on entendait juste son souffle irrégulier. Remus fit mine de parler, mais Dumbledore lui fit un signe de la tête. En effet, bientôt Harry parla de nouveau.

« J'ai pu tout voir…les moindres détails. J'ai à nouveau vu les couleurs… et la lumière… et tout ce que je désirais… mais… plus maintenant. J'étais obligé de regarder seulement ce qu'il voulait. J'ai vu… tout. Tout ce qu'il a fait à Karkaroff, je l'ai vu. Je le déteste ! »

Harry dit ces mots avec une voix si basse et menaçante que Remus frissonna. Dumbledore acquiesça.

« Tu en as le droit, Harry. Tu ne devrais pas avoir à subir cela. Je m'excuse, mon garçon. »

Harry serra simplement les dents. Il n'était pas certain de ne pas être furieux contre Dumbledore pour ça. Peut-être que s'il n'avait pas été chez les Dursley, peut-être que s'il avait eu quelqu'un avec lui, il ne serait pas aveugle aujourd'hui, et son souhait le plus cher ne serait pas exaucé dans sa forme la plus horrible. Bon sang, même si Rogue avait été son tuteur, il n'aurait probablement pas fini aveugle. Dérangé et à Serpentard, peut-être, mais pas aveugle, avec seulement les yeux de Voldemort comme fenêtre sur le monde.

« Celui qui contrôle ma vie doit bien rire en ce moment. » Harry haussa les épaules sous la main de Dumbledore et soupira. Son expression sévère ne quitta pas ses traits, et Remus se senti mal.

« Harry, tu contrôles ta propre vie. » Dit Dumbledore « Parce que tu contrôles le moyen de vivre chaque évènement. C'est à toi de décider de laisser ce terrible événement de ta vie te briser ou de te battre et le dépasser. »

Il y eu une longue pause, et Remus vit que le jeune Gryffondor retournait les mots de Dumbledore dans sa tête. Il attrapa le bras de Remus avec une telle force que le professeur fut surpris. Pour un garçon menu, frêle et fragile, Harry avait beaucoup de force.

« Et qu'est-ce que cela pourrait bien m'apporter ? » dit-il avec réluctance et mélancolie.

Dumbledore sourit avec bienveillance, et tapota gentiment le dos de Harry.

« Et bien, personne ne pourra rire davantage. »

Cela éclaira le visage de Harry, et son air dur disparu pour être remplacé par une expression de détermination et une étincelle dans ces yeux immobiles fit que Remus adora Dumbledore. Il était vraiment le plus grand des sorciers.

Rogue marchait devant la cheminée de sa chambre et laissa tomber le masque blanc des Mangemorts sans y faire attention, heureux de l'entendre sur les pierres de la cheminée. Ensuite il débarrassa ses épaules de la lourde cagoule noire avec un haussement dégoûté et fatigué des épaules. Puis il retourna vers la cheminée et lança une pincée de poudre de cheminette.

« Dumbledore. »

La tête du vieux sorcier apparut presque immédiatement.

« Severus, vous êtes là. Entrez, s'il vous plait. »

Dès que ce fut possible Rogue avança et déclara d'une voix sinistre ce qui, pensait-il, surprendrait le directeur.

« Igor Karkaroff a été trouvé et tué. »

Dumbledore acquiesça.

« Oui, je suis au courant de cela. »

Snape fronça les sourcils et cligna des yeux. Il oublia même d'être en colère.

« Et de quelle façon exactement avez-vous été averti de cela, Albus ? »

Dumbledore sembla content de posséder un renseignement qui avait impressionné Rogue, malgré le fait que le Maître des Potions ne montre rarement qu'il était surpris. Il soupira.

« Harry me l'a dit. »

« Potter !? » La colère oubliée commença facilement à être attisée par son irritation constante d'entendre le nom du garçon. Dumbledore leva une main, alors que ses épaules s'affaissaient un peu plus, et Rogue s'arrêta, son esprit rapide établissant déjà des conclusions.

« Il a eu une vision de quelque sorte, le rendant capable de voir par les yeux de Voldemort. Voila comment je le sais. »

Le visage de Rogue était inexpressif, mais ses yeux étaient inhabituellement vifs alors qu'il réfléchissait à ce nouvel élément. D'une voix moins énervée et plus contemplative, il commenta:

« Cela peut être une bonne chose. Voldemort ne le sait pas. Cela pourrait même être une preuve de ma fidélité envers lui. »

Dumbledore soupira.

« Severus, tu passes à côté de la chose la plus importante."

Rogue fit claquer sa langue.

« Je ne passes pas du tout à côté, Albus. Je sais qu'il y a une autre raison de couver ce pauvre Harry Potter et ses prédictions intéressantes. » Dit Rogue d'une voix traînante, mais sans son ironie habituelle, et il ne soutint pas le regard du Directeur comme il le faisait à chaque fois qu'ils parlaient de Harry Potter.

Dumbledore secoua la tête et se mit un bonbon au citron dans la bouche. Rogue fronça ses sourcils et se frotta la base du nez.

« Est-ce que le garçon est tombé dans un état autiste, s'est recroquevillé dans sa carapace ou autre chose ? » demanda-t-il avec irritation, priant sa chance de faire en sorte que Harry ne soit pas devenu un légume.

« Au contraire, je pense qu'il a une force suffisante qui rivalise la tienne. »Dit Dumbledore avec un petit sourire triste. Rogue leva un sourcil et sourit d'un air narquois.

« Vous voulez dire la colère ? »

La question fut sans réponse, et Rogue n'en dit pas plus.

Ça allait bientôt être l'anniversaire de Harry, mais ces derniers temps le jeune Gryffondor ne s'en était même pas rendu compte, et ne pensait pas particulièrement à des fêtes et à d'autres moments joyeux. Harry voulait tout d'abord comprendre comment Hermione se sentait et ce qui la motivait : un désir profond et intense de se prouver à soi-même et aux autres que l'on ne leur est pas inférieur, mais par moment supérieur. Personne ne rira. Les mots de Dumbledore avaient réussi là où Remus et Rogue avaient échoué : ils avaient donné une mission à Harry, un but qu'il pouvait apercevoir au loin et tout faire pour l'atteindre.

Non pas que ce désir brûlant ne facilite les choses.

Durant les séances avec Rogue, Harry se débrouillait admirablement pour entendre et éviter les deux balles en caoutchouc que le Maître de Potions lui lançait. Il ne les évitait cependant pas complètement quand la numéro trois entrait en jeu. Il n'arrivait simplement pas à calculer comment garder la trace des trois sons presque identiques, ce qui le frustrait encore plus que cela frustrait Rogue, qui attendait maintenant du garçon bien plus qu'avant.

« Vraiment Potter, n'importe qui pourrait croire que vous êtes complètement sourd. Qu'est-ce que c'est que ça, vous ne pouvait pas vous focaliser sur trois objets à la fois ? Normalement le cerveau humain peut en saisir sept simultanément ! »

Harry serrait les dents, essuyait sa sueur et simplement essayait encore et encore et encore, mais même lorsqu'il essayait plus fort il échouait quand même, ce qui causait davantage de remarques sarcastiques venant du Maître de Potion.

Et il n'avait toujours pas récupéré sa baguette. Il fantasmait durant ses moments en solitaire à ce qu'il pourrait faire avec. D'une part, il ne voulait plus longer les murs pour aller quelque part. Il voulait utiliser une variante du sort « guide-moi » pour en rester éloigner, comme ses homologues moldus qui utilisaient leurs cannes pour marcher. Il voulait même ne pas avoir besoin de quoi que ce soit pour éviter les obstacles physiques. A la place il voulait se protéger contre ça et ensuite il jetterait des sorts à ses agresseurs (entendant toujours la voix de Severus Rogue dans son esprit) vers l'enfer et retour.

Mais pour récupérer sa baguette, il devait esquiver ces trois balles pendant les deux heures complètes dans cette salle de classe infernale avec Severus Rogue. Il grommela son extrême frustration et donna un coup de pied là où il savait maintenant qu'il y avait une armure et y pris du plaisir alors qu'un bruit fort retentissait. Lorsque le clang subsista, il la frappa encore et encore, et imagina que c'était Rogue et qu'il était sans défense, demandant pitié. Ah.

« Harry ? Une leçon particulièrement mauvaise ? »

A la voix de Remus Lupin, Harry arrêta. Il se sentait toujours un peu honteux de montrer l'étendue complète de ses sentiments agressifs devant l'homme calme et plaisant, parce que s'il faisait simplement une comparaison, Lupin avait beaucoup de choses pesant sur ses épaules. Bien sur il avait sa vue, et l'obstacle de la lycanthropie était seulement une fois par mois, mais c'était plus qu'un état - c'était une honte sociale, quelque chose qui vous privait de tout si les gens le savaient. Dans ce cas, le pire qu'il pouvait avoir était la pitié des autres gens - cela il pouvait bien sur l'empêcher en disant que ce n'était rien mais la pitié…éventuellement.

« Je ne vois simplement pas comment faire ça. Peu importe combien j'essaye, je ne peux simplement pas toutes les esquiver. Et Rogue n'arrête pas de dire qu'il ne pourra pas me rendra ma baguette tant que je ne réussirai pas les éviter toutes les trois. Je veux dire, je fais des progrès. C'était infernal de réussir avec deux en même temps, et il ne m'a même pas félicité pour ça. Je me demande s'il peut faire ce qu'il me demande de faire ! » Harry souffla après sa tirade et dégluti, passa une main dans ses cheveux, sentant la texture douce et sauvage. Ces derniers temps il aimait cette texture, c'était fascinant, du pelage ou du plumage d'animaux à la forte rudesse de la pierre qu'il y avait sur certains murs de Poudlard. Le monde de Harry était encore rempli d'images, mais quelques-unes était tactiles, avec des détails plus précis et des textures spectaculaires. Le désert qu'il sentait une semaine auparavant commençait jour après jour à devenir une petite oasis. Et il était certain que cela s'améliorerait dès qu'il pourrait faire plus de déplacements que le trajet de sa chambre à la salle de classe et retour, et dans sa chambre, où il savait où tout se trouvait.

Il avait besoin de sa stupide baguette, voila de quoi il avait besoin. Pas d'éviter des balles stupides.

Remus pensa à cela et souri.

« Allons marcher ensemble. » Dit-il et il mit délicatement la main de Harry dans le creux de son coude. Harry hésita.

« Rogue sera furieux s'il découvre que tu me guides quelque part. »

Remus eu un petit sourire narquois, donc Harry pu l'entendre et su quelle expression il avait.

« Je m'occuperai de Severus, cette fois, si besoin est. Laisse-moi te raconter une histoire pendant que nous marchons. »

Harry hocha la tête et se sentit moins crispé que d'habitude, quand après une leçon il était obligé de trouver le chemin du retour en comptant le nombre d'escalier pour revenir à sa chambre. La voix légère et calme de Remus le détendait, faisant un contraste net avec la voix cassante qui l'entraînait.

« Quand on avait à peu près ton âge, Lily a découvert ma lycanthropie, ou plutôt l'a suspectée, parce qu'elle était toujours douée résoudre des énigmes, et elle m'a observé pour vérifier avant de se confronter à moi. Malgré mon souhait de ne pas le dire au reste des Maraudeurs, elle l'a fait, commençant par James dont, elle me l'a dit plus tard, elle était certaine qu'il ne pourrait pas me rejeter. Ta mère était aussi douée pour juger les caractères autant que pour étudier. » Remus eut un large sourire à ce souvenir. Harry sourit, sentant le positivisme les entourer, Remus et lui.

« Les gens parlent rarement de Maman. » Émit-il en guise de remerciement. Remus continua.

« Lily trouva le moyen qui pouvait m'aider et grâce auquel je ne serai plus seul quand le loup prenait le dessus. Elle s'est débrouillée pour nous obtenir un livre sur les animagi. »

Harry était stupéfait.

« C'était l'idée de Maman ? Était-elle, elle aussi, un animagus ? »

« Pas à ma connaissance, mais Lily voulait devenir une Langue-de-Plomb, et peut-être qu'elle ne pouvait pas révéler son statut à cause de ça, si elle l'était bien sûr. Elle était toujours là quand James, Sirius et Peter s'entraînaient, mais elle ne s'entraînait jamais avec eux. En bref, il y a cette soirée dont je me souviens particulièrement bien, je me suis réveillé parce que James descendait dans la Salle Commune et frappait les canapés de frustration. Tu vois, il n'avait pas pu transformer autre chose que sa queue et ses bois malgré tous ses efforts. La transformation ne pouvait simplement pas se terminer. C'est à ce moment-là que Sirius imagina le nom 'Cornedrue' pour lui. »

Harry eu un petit rire, vraiment intéressé. C'était la première fois qu'il entendait une histoire où son père n'était pas parfait partout, et curieusement il trouvait qu'il aimait cette version plus humaine de son père bien plus que celle qui le plaçait sur un piédestal.

« Et que s'est-il passé ? »

« Lily est descendue et lui a offert une tasse de chocolat chaud, ton père a toujours eu un faible pour ça. Et quand il fut calmé, et qu'il lui dit combien il avait essayé et n'avait pas bien réussi, elle lui a simplement dit 'peut-être que tu forces trop'. »

Harry soupira, ses épaules s'abaissèrent légèrement.

« Et après 20 minutes il est devenu un cerf ? »

Rémus ri, et tapota la main de Harry.

« Oh mon Dieu non. Il lui a fallu deux mois pour se relaxer, se calmer et laisser ses sens le guider vers sa forme animagus. Mais il l'a fait. » Remus ouvrit la porte de la chambre de Harry et lui ébouriffa gentiment les cheveux.

« Comme tu le feras. »

À suivre

Chapitre 8

« Arrêtez donc de bouder Potter, et mettez plutôt cette énergie pour combler vos efforts insuffisants, » grogna Snape, faisant tourner son cerveau à toute allure afin de trouver un moyen de facilité quelque peu la tâche au garçon. Malgré le fait qu'il détestait rendre quoique ce soit plus facile pour Harry Potter, il était parfaitement conscient que ce qu'il demandait à l'adolescent était bien loin d'être simple. Il était même plutôt surpris de voir que le garçon était parvenu aussi vite à éviter deux balles en caoutchouc.

Mais le temps passait vite. Il devait rendre sa baguette au garçon d'ici la fin de la semaine, si ce n'est pas aujourd'hui même. Mais maintenant qu'il avait dit à Potter qu'il ne la récupèrerait pas avant d'avoir au moins réussit à éviter trois balles- - Ce qui, selon Snape, prouverait largement que le garçon aurait pris conscience qu'en se servant en cas de besoin de ses quatre autres sens, il avait la capacité de ne pas rester figé, comme ça aurait pu en être le cas. Harry gémit, puis prit deux ou trois bonnes bouffées d'air, marmonnant intérieurement 'Laisse tes sens te guider… relaxe…et merde. Allez, bon sang, relaxe-toi'

Snape hocha la tête d'un signe appréciateur, puis fit claquer sa langue, chose qu'il avait l'habitude de faire durant les entraînements pour attirer l'attention de Harry.

« Bien, Potter, si vous avez fini de vous réprimander tout seul, je vous demanderais de bien vouloir prêter attention à ce que je vais vous dire. Je ne vais pas vous envoyer de balles pendant quelques secondes. Restez simplement où vous êtes et écoutez chacune des trois balles. Ou serait-ce trop vous demander? » Dit-il d'une voix traînante afin de s'assurer que l'entêtement du garçon se mettrait en marche et l'aiderait ainsi à mieux se concentrer. La détermination dans sa façon de serrer les dents eut suffisamment de satisfaire le maître des potions.

« Très bien, écoutez donc. » Dit-il, puis il commença à lancer les balles d'un côté à l'autre de la pièce les faisant sonner dans le silence, permettant ainsi au garçon de bien s'imprégner du son, tout en lui permettant également d'évacuer les quelques craintes dont le loup-garou lui avait fait part. Bien évidemment, il n'admettra jamais à Lupin qu'il avait pris son conseil au sérieux…

Harry écoutait le son que faisaient les trois balles, des trois presque identiques, il entendait à présent une différence quelque peu subtile dans leur façon de sonner, puis il se représenta mentalement leurs trajectoires partant de la main de Snape pour y revenir quelques instant plus tard, tout en respirant d'une manière régulière et se relaxant du mieux qu'il le pouvait. Quatre jours après sa promenade avec Remus, il avait accompli de sensible progrès, réussissant à éviter la troisième balle une fois ou deux.

Lorsqu'une balle arrivait sur lui comme il pouvait l'entendre et le sentir, Harry faisait un pas de côté, se baissant instinctivement pour laisser le bruit de la seconde le frôler, puis il se tournait à gauche pour éviter la troisième, sautant encore vers l'avant pour échapper au retour de l'une…

… Il fallut près de cinq minutes à Potter pour qu'il réalise qu'il y était finalement parvenu. C'était dans de rare moment comme celui-ci que Snape avait envie de sauter et de faire la danse de la victoire et crier 'Oui!'. Telle était sa satisfaction face à la fluidité et aux instincts de Potter maintenant que le garçon avait décidé de ne pas se laisser abattre lorsqu'il avait recommencé à lancer les balles sur lui.

Cette saleté de loup-garou avait raison!

Les cris de joie de Harry ramena le maître des potions à un niveau de prudence pour ce qui concernait son approbation, puis il fit disparaître les balles attendant patiemment une minute que les singeries de Potter se finissent tandis que celui-ci réalisait qu'il avait vaincu une des étapes les plus difficiles qu'il n'ait jamais eu à vaincre dans son entraînement.

« Avez-vous fini vous acclamations, Potter? »

Le garçon tourna la tête en direction du grand homme sombre, il sourit tandis qu'il se rapprochait, suivant la voix du maître des potions, il tendit la main comme s'il attendait quelque chose. Snape arqua un sourcil. Il savait qu'il désirait sa baguette, mais il était encore un peu retissant pour la rendre au garçon. Ce n'est pas qu'il appréciait particulièrement la lui confisquer, mais plutôt parce qu'il n'était pas sûr de savoir si Harry serait capable de gérer la magie à pleine puissance comme il en était avant. Snape était le genre d'homme à toujours vérifier par deux fois.

Il grommela en voyant la tête de Harry puis dit lâchement au garçon dont le sourire s'évanouissait rapidement:

« Essayeriez-vous d'attraper quelque chose en particulier, peut-être? »

Harry fronça les sourcils et dit d'une voix parfaitement contrôlée et contenue:

« Ma baguette, Snape. Je la veux. J'ai esquivé les balles; J'ai fait tout ce que vous m'avez demandé jusqu'à maintenant. A présent, je veux que vous me rendiez ma baguette. »

« Quand est-il du 'Professeur' Snape? Pensez-vous pouvoir obtenir ce que vous désirez avec autant d'impolitesse? » Dit Snape d'une voix traînante puis tandis qu'il croisait les bras sur sa poitrine, il s'approcha de Harry d'un peu plus près. Le fait qu'il ait pris conscience que Snape ne lui rendrait peut-être pas sa baguette après avoir fait tant d'efforts lui saisit le cœur telle la main froide d'un spectre.

Il prit une profonde respiration, ses yeux s'assombrirent d'une rage contenue, puis de la même voix qu'il utilisait en classe lorsqu'il ne pouvait plus suffire de dire à Snape de se la fermer et qu'il n'avait que faire qu'on lui retire des points, il dit:

« S'il vous plait, Professeur Snape, je voudrais que vous me rendiez ma baguette. »

Snape sourit d'un amusement visible. Le test était parfaitement planifié dans sa tête et il était déjà lancé.

« Non. » Ronronna-t-il, d'une voix presque joueuse. Harry serra les poings.

« Vous aviez promis. »

« Je n'ai pas souvenir de vous avoir promis quoique ce soit. » Snape regarda le garçon avec intérêt, se demandant de quelle manière le jeune Gryffondor allait le persuader de lui rendre quelque chose dont il n'était pas sûr qu'il soit prêt à posséder.

« Vous vous devez de me la rendre. » Les yeux immobiles de Harry fixaient la poitrine du maître des potions, brillants d'une lueur indiquant non seulement l'élaboration d'un plan mais également d'une colère bouillonnante. Snape se tenait de toute sa hauteur, les bras croisés et tapotait des doigts le bras opposé.

« Il n'y a rien que je ne sois obligé de faire pour vous, Potter »

« Oh mais si, Professeur Snape. Vous vous devez vraiment de me rendre ma baguette… » Sourit Harry de la manière d'un serpent, ses yeux verts étaient semblables à ceux d'un cobra, perdant leur capacité hypnotique seulement parce qu'ils ne pouvaient pas se fixer sur la proie.

Snape sourit intérieurement.

« Voudriez-vous avoir la bonté de m- »

Il remarqua, mais trop tard, que Harry s'était soudainement avancé très près de lui sans avoir fait le moindre bruit. Les mains du garçon se faufilèrent vers la main qui tapotait son autre bras, et d'un mouvement vif comme l'éclair il attrapa l'étui situé dans la manche de Snape-

- et la baguette du maître des potions fut aux mains de Harry.

Harry sourit intérieurement, il pencha la tête tandis qu'il bondissait en arrière, pointant Snape avec la baguette et le saucissonna de la tête aux pieds avant qu'il n'ait eu la chance de s'écarter. Tout le processus ne prit pas plus de cinq secondes.

Snape était d'une colère monstre mais en même tant se réjouissait énormément, il n'entendit qu'à peine les paroles de Harry, perdu dans sa réflexion au vu de ce que Harry était devenu, quelque un d'accompli, et tout cela lui réchauffait son cœur habituellement froid- ou peut-être était-ce cette rage brûlante qui le consumait de se faire traiter ainsi par un élève.

« … Voyez-vous ce que je veux dire maintenant, Professeur Snape? » Harry prononçait ses mots d'une voix tout aussi traînant que celle de Snape.

Snape serra les dents et grogna plus pour la satisfaction de Harry que pour exprimer son mécontentement.

« Vous êtes particulièrement chanceux, même pour un Gryffondor, que ce soit l'été, Potter, où votre maison n'aurait pas décollé de la dernière place pendant les prochaines décennies en vue des points que je vous aurais retirés. Il est si méprisable de s'attaquer à un professeur ! Vous avez poussé le bouchon un peu trop loin! » Cria-t-il à Harry, sentant bel et bien que sa voix ne s'accordait pas à la véritable expression de son visage. Harry était presque renfrogné une fois ses paroles finies, mettant également fin aux hurlements de Snape tout aussi brusquement que ça n'avait commencé, puis il dit de sa voix pragmatique:

« Et vous trouverez votre baguette sur votre lit dans votre chambre, bien entendu. Quel imbécile vous faites de pensez que je la gardais sur moi. Maintenant, relâchez-moi ou je vous mettrais en détention en dépit des vacances d'été. »

§§§§§§

Harry découvrit qu'il tenait bien plus à sa baguette qu'à son balai, et pourtant il vénérait toujours son balai. Mais sa baguette lui procurait ce qu'il avait bien peur de ne jamais retrouver.

Sa liberté.

Elle représentait bien plus qu'un bâton à tenir entre ses mains, elle le menait en effet à différents endroits, lui permettant ainsi de ne pas compter les marches d'escaliers, de ne pas faire attention aux moindres détails, aux bruits, et d'apprécier les changements subtils dans l'air sans craindre d'aller s'aplatir dans un mur. Il se sentait comme protégé- sa victoire sur Snape l'avait rendu bien plus confiant que le fait qu'il ait réussit à éviter les trois balles. Il était tellement heureux d'être parvenu à un tel niveau inattendu qu'il n'était plus sûr de détester encore le sale bâtard grincheux- bien sûr il ne pouvait s'attendre à rien d'autre que réprimandes et impolitesses de sa part, mais il l'avait entraîné après tout. Il l'avait poussé à aller toujours plus loin encore et encore et bien au-delà de ce qu'il pensait être ses limites. Et en effet, Harry se rappelait de lorsqu'il était vraiment sur le point de se briser en morceaux et de se perdre à jamais, n'était-ce donc pas cet homme qui l'avait ramassé et essayé de le soutenir, même de manière aussi brutale et maladroite?

Harry sourit intérieurement. C'était avec ce sourire que Minerva McGonagall vit entrer Harry dans le bureau de Dumbledore, d'un pas assuré et (merlin soit loué) sûr de lui comme il ne l'a jamais été. La directrice de Gryffondor se permit de poser son regard sur la main droite de Harry, la main qui tenait la baguette, qui était toujours bandée avec sans aucun doute un fin tissu cicatriciel en dessous. Elle s'émerveilla face à la force dont faisait preuve le garçon. Et en même temps elle se sentait si honteuse que ses yeux étaient rouges et que son cœur avait brûlé jusqu'à maintenant de chagrin et de désespoir.

« Bonjour, Harry. » Dit-elle d'une manière tendue et Harry tourna légèrement sa tête penchée vers elle. Ses yeux semblaient éteints mais ils n'avaient jamais été aussi brillants et charmeurs. Elle remarqua que le garçon était plus mince, d'une carrure bien plus développée que ce qu'elle pensait qu'elle puisse devenir, et il avait quelque peu grandi- ou peut-être parce qu'il se tenait un peu plus droit. Son visage était empreint de tension et de douleur et toutes ses émotions façonnaient son âme en un chef d'œuvre, comme le ferait un marteau et une enclume sur du métal.

Elle en était soufflée.

Harry lui sourit et lui fit un signe de tête tout en abaissant sa baguette.

« Professeur McGonagall. Enchanté. »

Dumbledore était fier, il n'osait pas imaginer ce qu'allait donner cette année. Il dit d'un ton joyeux, les yeux scintillant:

« Harry, Professeur McGonagall est rentrée un peu plus tôt que prévu à Poudlard- Elle t'aidera dans l'apprentissage scolaire et dans l'écriture afin que tu puisses suivre en classe. Bien que le professeur Flitwick soit ton professeur de sortilèges, je pense vraiment que tu t'amuseras plus avec Minerva. »

Dumbledore fit signe à McGonagall qui s'éclaircit la voix et ramassa quelques lettres.

« Nous commencerons très bientôt, Harry, sur comment lire des lettres et des livres, d'ailleurs pas plus tard que maintenant, car d'après ce que je peux constater, vous avez du courrier, de M. Weasley et de Mlle Granger.

Harry blanchit, toute couleur le quitta. Il avait oublié ses amis ainsi que le fait qu'ils n'étaient pas au courant de sa nouvelle condition et de sa situation quelque peu délicate. Qu'était-il supposé faire, qu'était-il supposé dire? Ron le traiterait-il comme un invalide, Hermione éclaterait-elle en sanglots? Le regarderont-ils comme quelque un de dangereux ou de faible, oublieront-ils Harry et le traiteront comme quelque un d'autre?

Dumbledore s'approcha de Harry et lui toucha de nouveau l'épaule. Encore un fois cet effet de douceur aida Harry à se ressaisir.

« Pour l'instant, Mr Weasley et Miss Granger ne savent rien d'autre que le fait que tu résides à Poudlard au lieu d'être dans le Survey. J'ai pensé que c'était à toi de choisir de leur dire ainsi que la manière dont tu t'y prendras. »

Harry se mordit la lèvre se déplaça. Passant sa main dans ses cheveux, il dit doucement:

« Je… ne suis pas sûr de savoir quoi leur dire… et de ce qui… en découlera. »

Dumbledore acquiesça pour lui-même et réfléchit pendant un moment. Puis il sourit.

Il me semble que ton anniversaire soit dans une semaine ou deux. Ça ne laisse le temps que pour une petite fête. Bien sûr, le professeur McGonagall t'aidera à entretenir tes correspondances jusqu'à ce que tu puisses le faire par toi-même. Il te reviendra donc le choix de le leur dire le jour de ton anniversaire ou avant cela. »

§§§§§§

« Que dois-je faire, Remus? Je veux dire, je… détesterais entendre de la pitié dans leur voix. Je ne veux pas qu'ils me pleurent comme si j'étais mort, et je sais qu'ils le feront. » Harry faisait les cent pas dans sa chambre, sans prêter quelconque attention, comme s'il voyait- il connaissait ses appartements tellement bien à présent qu'il n'avait plus besoin de se concentrer sur là où son subconscient allait guider son corps.

« Tu ne peux rien faire pour éviter leurs premières réactions, Harry. Ils seront tristes, et ils ressentiront de la colère tout comme tu l'as ressenti, mais ils s'apercevront que ce n'est pas la fin du monde, exactement comme tu l'as fait. » Dit Remus, tremblant au fond de lui en pensant à Sirius. Il se demanda si Harry avait déjà pensé à son parrain en cavale et à sa réaction face à quiconque aurait l'idée de blesser Harry.

« Je suppose…, » Harry déglutit et prit une profonde respiration tandis qu'il se dirigeait vers son bureau et s'y assit. Il sortit un bout de parchemin et toucha l'intégralité jusqu'à ce qu'il soit sûr que c'était lisse puis il ouvrit la page. Il sortit sa baguette et agita élégamment sa baguette au-dessus de celle-ci.

« Scribulus. » Ordonna-t-il puis il commença à dicter tandis que l'encre s'infiltrait dans le papier pour venir former des mots à la surface:

« Cher Ron,

Je ne t'ai pas répondu immédiatement parce que je devais d'abord penser à ce que j'allais te dire, et comment j'allais le faire. J'ai de bonnes nouvelles et une mauvaise. Je vais commencer avec la mauvaise. Mais je te supplie de finir cette lettre pour connaître les bonnes nouvelles, d'accord?

Tu auras certainement remarqué que cette lettre n'est pas de mon écriture. C'est parce je la dicte grâce à un sort que McGonagall m'a appris. Il m'est impossible de tout expliquer de façon moins brusque, alors mieux vaut ne pas tourner autour du pot: je suis aveugle, Ron. Je ne te dirai pas comment je le suis devenu, donc pas besoin de me le demander, mais je suis bel et bien aveugle. C'était la mauvaise nouvelle.

Maintenant, la bonne nouvelle: Je n'aurai plus à retourner chez les Dursley. Je reçois déjà beaucoup d'aide de la part de tous - même de Snape! Tu ne me croiras pas mais, aussi désagréable qu'il puisse être, saches qu'il est celui qui m'a entraîné à me déplacer comme je le désire et à faire attention à tout ce qui m'entoure. Dumbledore non plus ne m'a jamais laissé perdre espoir et McGonagall m'enseigne en ce moment ce que je dois faire pour suivre en classe, et crois-moi c'est de la rigolade en comparaison avec les cours de Snape.

Tiens, encore une autre bonne nouvelle: notre professeur de DCFM sera le professeur Lupin! Il était ici avec moi depuis le début et il restera aussi enseigner cette année. Je l'entends même déglutir et renifler au moment même où je suis en train de dicter cela. Je parie qu'il s'en trouve touché à présent? » Harry eut un sourire doux et chaleureux tandis qu'il faisait une pause afin de mieux entendre Remus, qui en effet faisait de son mieux pour ne pas laisser ses émotions le submerger, pendant que Harry composait sa lettre. Il ne savait pas si ce qu'il ressentait était de la fierté, du chagrin, de la colère ou tout simplement les trois à la fois. Harry poursuivit.

« Une meilleure nouvelle encore: Je vais avoir une vrai fête d'anniversaire ici même à Poudlard et vous êtes tous invités. Dumbledore l'aurait fait autrement. Vous me manquez tous également . S'il te plait viens et ne sois pas triste pour moi. Je ne le suis pas.

À bientôt,

Harry »

Harry annula le sort de l'encre qui écrit, fit un double de la lettre et les plia. Il adressa la première à Ron et l'autre à Hermione. Il déglutit et soupira, tout en disant:

« Hedwige me manque, Remus. Tu penses qu'ils l'ont envoyée en même temps que leurs lettres? » Demanda-t-il, pas encore tout à fait content de ne pas avoir reçu celles-ci en mains propres.

« Elle est dans la volière, attendant d'être appelée. » Remus eut un sourire doux tandis qu'il voyait l'expression du visage de Harry s'illuminer. Celui-ci se leva et pointa sa baguette vers la porte en prononçant: « Directa Volière. »

Remus sourit intérieurement, il se trouvait maintenant seul dans la chambre de Harry. Il ferma les yeux et s'appuya contre le dossier de la chaise. Il trouvait que dans cette chambre il y avait comme un mélange de paix et de douleur et il se promit de tout faire pour aider le fils de son ami dans son combat.

Il espérait juste qu'à la fin il ne resterait plus que de la paix.

À suivre

Chapitre 9

« Bonjour Harry. Tu a l'air légèrement rouge. » Madame Pomfresh salua le garçon qui entrait silencieusement dans l'infirmerie, alors qu'un sort d'orientation guidait sa main qui tenait la baguette comme un chien d'aveugle guidait un moldu. Harry était en effet en sueur, quelques uns de ses cheveux noirs et indisciplinés étaient humides contre son front, et il s'était rapidement renfrogné.

« Je viens juste de finir de faire de la gymnastique selon professeur Rogue.» dit-il de manière presque désinvolte, mais ces derniers temps il y avait intonations caustiques derrière l'amabilité de sa voix. Madame Pomfresh fut vexée, elle n'avait jamais vraiment approuvé la façon dont le Maître des Potions s'y prenait avec le Garçon-Qui-A-Survécut, et approcha.

« Et bien si jamais tu ressens la moindre gène, viens me le dire et je verrai ce que je peux faire pour qu'il ralentisse. » Dit-elle comme une mère inquiète. Harry eu un grand sourire simplement à cause du ton affectueux, attachant et maternel qu'avait la voix de l'infirmière.

« Ne vous inquiétez pas madame, je n'hésiterai pas. » dit-il, riant en lui-même à l'image du Maître des Potions et de la matrone furieux et hargneux s'échangeant des insultes sur son entraînement.

Pompom attendit que Harry mette sa baguette dans sa poche et tende son bras bandé. Elle commença gentiment à dérouler le bandage, une procédure qui jusqu'à maintenant se faisait dans le silence complet avec des souffles tremblants. Aujourd'hui était une nouvelle étape dans l'observation. Elle remarqua qu'Harry fronça les sourcils alors qu'il sentait ses manipulations, et vit combien sa peau le picotait, était sensible et sur le qui vive au moindre contact. Elle se mordit les lèvres comme elle le faisait toujours lorsque la dernière couche de bandage fut enlevée.

La main et l'avant-bras de Harry étaient terriblement couverts de cicatrices qui semblaient former des lignes ondulées irrégulières sur la peau du garçon. Elles étaient encore rouges et irritées, mais en bonne voie de guérison grâce aux charmes qu'elle leur jetait. Elle souhaitait seulement pouvoir effacer les cicatrices. Pas qu'elle ne pouvait pas les cacher avec des sorts de glamour, mais c'était différent lorsque les marques avaient vraiment disparu.

« Puis-je toucher ? »

La voix calme de Harry la fit sursauter. Il n'avait jamais auparavant utilisé une voix basse et profonde comme celle-là. C'était la voix d'un Harry différent, plus blessé, moins frivole, plus fort, plus mature, … ou peut-être qu'elle était juste tendue.

« Eh, de quoi parles-tu, mon chéri ? »

« Mon bras. Est-ce que je peux toucher les marques ? » Répéta Harry, sa voix n'était jamais montée plus haut qu'un octave et cela fit frissonner Madame Pomfresh sans qu'elle sache pourquoi.

« Oui, bien sûr. » dit-elle et elle retira ses mains alors que les doigts de Harry, lentement et doucement, tapotaient et touchaient autour de la zone. Elle regarda attentivement son expression. Ses yeux étaient partis moyennement loin, immobiles, mais ils étaient le reflet profond d'émotions tumultueuses qu'elle voyait sur son visage si jeune. C'était comme si la scène se rejouait dans l'esprit de Harry…

« Qu'est-ce que c'est que toute cette fumée !? Sale bon à rien, que vas-tu ruiner maintenant ? »...

« Tu aimes brûler des choses hein ? Je vais te montrer une brûlure ! » « Oncle non ! »

« Tu oses lever la main sur moi pour m'en empêcher !? »…

« NE ME REGARDE PAS COMME CA ! »…

Harry se secoua avec un petit souffle, et cligna plusieurs fois les paupières pour faire diminuer la sensation irritante dans ses yeux. Comme pour la tempête autour de son cœur, il verrait comment traiter avec ça plus tard.

« Harry, mon chéri ? » La voix préoccupée de Pompom fit que Harry prit une respiration profonde et balaya l'expression, quelle qu'elle soit, qu'il avait prise pendant qu'il expirait. Il retira sa main de sur son avant-bras, et sourit légèrement. Ou du moins il pensa qu'il souriait.

« Je vais bien, Madame Pomfresh. Est-ce que vous le bander encore ? »

« Juste pour cette semaine, seulement pour qu'il n'y ait pas de danger d'infection, Harry. » Dit-elle gentiment et commença à enrouler un tissu léger autour de sa main et un peu plus haut.

Harry resta silencieux durant une bonne partie du moment, mais ensuite il senti que son cœur déborderait s'il ne posait pas de question à propos de ce qui le tourmentait depuis qu'il avait commencé à penser à autre chose que le fait qu'il était fichu parce qu'il était dorénavant aveugle.

« Qui m'a ramené à Poudlard ? »

Pompom leva à peine les yeux à ses mots.

« Et bien, le professeur Rogue l'a fait. Et il en était plutôt furieux. »

Si Harry fut surpris, il ne le montra d'abord pas.

« D'être venu me chercher ? »

« Oh non. D'avoir laissé ces moldus en vie, je pense que c'était ses mots. » Dit Pompom en enchantant les bandages pour qu'ils restent neufs et en place durant les prochains jours.

§§§§§§

Rogue faisait les cents pas dans ses appartements dans les cachots, perdu dans ses pensées. Essentiellement à propos d'Harry Potter. Il se creusait la tête dans le but de trouver un moyen pour que le garçon puisse se débrouiller en Potion. Des enchantements pouvaient l'aider à lire et à écrire mais la vue était importante en Potion : la couleur, la teinte, la surface qui pétillait, tout cela était jugé seulement par la vue.

Rogue regarda le fauteuil face à lui, puis prit un morceau de tissu et se banda les yeux, il resta là un moment, savourant une approximation légère de ce que Harry vivait.

Il découvrit qu'il détestait cela. Il arriva à marcher à pas lourds un moment et se cogna un genou avant d'atteindre le fauteuil et de s'asseoir. Penchant sa tête en arrière, ayant toujours les yeux bandés, il n'eut pas besoin d'aide pour se rappeler ce jour, celui qu'il avait sommairement décrit à Dumbledore…

« Vous allez avoir ce qui est à vous, Moldu. Doloro projectum ! » Grogna-t-il alors que Vernon commençait immédiatement à hurler lorsque toute la douleur qu'il avait infligé à sa jeune charge ce jour-là déferla soudainement en lui. La voix de Rogue siffla comme le bruit d'une hache qui tombe. Des sorts furent jetés à sa maigre femme et à son monstrueux fils, et la porte se ferma derrière eux avec un bang, les enfermant dedans. Il ligota le fils, de manière douloureuse. Il suspendit la femme la tête en bas au plafond.

Pour Vernon, il avait d'autres plans…

Il agita ses mains paresseusement alors que le corps de Vernon suivait la route que suivait le bout de sa baguette sans se soucier des obstacles occasionnels, comme les murs, les fenêtres, les portes où les meubles. L'homme se retrouva vite en sang. Il hurla et demanda grâce, et Rogue se délecta de ses gémissements, oubliant presque qu'il tenait un garçon gravement blessé et inconscient sur un bras. Il s'en souvint seulement lorsque Harry essaya de tousser et cracha même davantage de sang sur la manche du Maître des Potions. Rogue laissa Vernon s'écraser devant ses pieds et lui jeta un regard mauvais. Il le mit un moment sous Doloris, et quand les hurlements faiblirent après qu'il diminua le sortilège, il parla.

« Je n'ai pas le temps de terminer de vous rendre la monnaie de votre pièce, Dursley, mais je reviendrais. Espérez que je oublie. » Dit-il d'une voix soyeuse au morceau de graisse devant lui et parti, laissant tous les sorts et maléfices qu'il avait jeté…

Rogue enleva le bandeau de ses yeux avec un air très renfrogné. Il aurait du en faire plus. De toutes les atrocités que Severus Rogue avait vu, il bouillait quand même de colère devant la notion de maltraitance des enfants. Il sorti furieusement des cachots et parti vers Pré-au-Lard. Bien qu'il n'ait pas pensé à son problème, il avait quand même trouvé une solution.

§§§§§§

C'était l'anniversaire de Harry.

Ron marchait sur les terres de Poudlard avec raideur. Il avait eu quatre jours entiers pour digérer la lettre de Harry et il n'arrivait toujours pas à s'y faire. Hermione s'était organisée pour le rencontrer donc ils iraient voir Harry en même temps. Ron tournait en rond, se sentant comme s'il n'avait plus d'estomac. Il avait quitté sa mère qui pleurait encore, Ginny n'avait toujours pas quitté sa chambre et Fred et George étaient inhabituellement calmes dans la leur. Son père avait serré ses dents et avait lu et re-lu la lettre de Harry comme s'il pouvait en tirer davantage d'informations.

Ron n'avait pas besoin de plus d'information. Seulement deux sources de problèmes auraient pu infliger à Harry des dommages aussi graves : Voldemort et ces moldus chez lesquels il vivait. Les deux cas étaient terribles.

« Hé, Ron. » Hermione monta vers lui en courant. Il vit que ses yeux étaient fatigués et son visage marbré, comme si elle avait pleuré et avait essayé de le cacher. Se regardant l'un l'autre pendant un long moment, ils s'étreignirent.

« Tu l'as déjà vu ? » Demanda t'elle timidement. Ron secoua la tête.

« Non. On s'était mis d'accord pour aller le voir ensemble. »

« Comment crois-tu qu'il sera ? »

« Je sais pas. Probablement fou si Rogue l'a tourmenté au maximum. Pourquoi est-ce que Dumbledore a laissé le con près de lui ? »

« Allons, Ron. Je suis sûre que le Directeur sait ce qu'il fait. Et surveille ton language, parce que tu ne dois rien dire de stupide à Harry. » Commença t'elle à le réprimander et termina en rembarrant son compagnon roux. Ils partirent vers l'entrée du château alors que Ron hochait pensivement la tête.

Harry était assis dans la Grande Salle et il se sentait vraiment nauséeux. Il n'avait pas eu de réponse de Ron ni d'Hermione, il n'avait donc aucun moyen de savoir si ils allaient venir à sa fête d'anniversaire ou non. Il espérait et en même temps redoutait qu'ils le fassent. Remus sourit quand il s'assit à côté de lui sur le divan.

« Ne t'inquiète pas, Harry. Tout se passera bien. Tu verras. »

« Je ne sais pas. Je suis… Bon Dieu. Je préfèrerai aller essayer d'esquiver quatre balles avec Rogue lui-même plutôt que d'avoir cela qui m'explose à la figure… » Marmonna Harry, se tordant les doigts nouvellement agiles.

Remus eut un petit rire.

« Fait attention, Harry, ou ce cher Severus te prendra au mot. »

Harry allait répondre lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, et les pas traînants de nouveaux venus. Il se raidit et déglutit. Ils allaient pénétrer la salle dans quelques minutes maintenant… quelques minutes maintenant…

« Harry ! » La voix d'Hermione arriva à lui, et ses pas rapides montraient qu'elle courait pour le retrouver alors qu'il se levait. Il tendit les mains, et Hermione tomba dans ses bras et le serra. Harry ferma les yeux et sourit.

« Hé, Mione. Tu m'as beaucoup manqué. Je pense que j'ai entendu Ron entrer avec toi ? »

« Je suis là Harry. Que veux-tu dire en disant m'avoir entendu ? » La voix de Ron était un peu engourdie, mais cela n'alarma pas Harry. A la place il sourit, amusé.

« Je veux dire que je t'ai entendu entrer. Et tu marmonnais. »

« Tu as appris comment faire attention à ce qui t'entoure, hein Harry ? J'ai lu des choses dessus, et je me suis aussi renseignée sur plusieurs choses comme comment les moldus se débrouillaient avec…avec ce que tu as, et il y a aussi le Braille que tu peux apprendre… si jamais tu le souhaites… »

« Mione… » Dit Harry avec un sourire à la fois triste et heureux. Elle s'arrêta. « Tu parles trop. » Harry eut un petit sourire, et Ron pouffa à côté de lui. Il se tourna vers Harry.

« Allons tous nous rasseoir, alors, et nous écouterons aussi un peu de musique. » Dit Remus, et Hermione et Ron rayonnèrent en voyant le professeur de DCFM le plus populaire être aussi là. Ils étaient donc si préoccupés à propos de Harry, qu'ils ne s'étaient aperçus de rien d'autre. Remus eu un large sourire et après le salut habituel et l'assurance de Harry qu'il lui était d'un grand support, il agita sa baguette et une musique rapide et gai se fit entendre partout dans la salle. Puis il partit discrètement pour laisser le trio seul.

C'était presque le moment des cadeaux et des bonbons quand Ron éclata.

« Tu es vraiment aveugle Harry ou tu nous fais marcher ? »

Harry vacilla.

« Heu, Ron, tu vas bien ou tu as bu quelque chose que tu n'aurais pas du ? »

« Tu es trop sûr de toi. Tu n'es pas maladroit et tu n'as pas l'air d'avoir des problèmes pour te déplacer. Outch ! » Jappa-t-il lorsque Hermione lui donna un coup de pied sous la table. Remus sourit fièrement, Harry ne savait pas s'il devait rire ou s'énerver. Hermione tenta de réparer les choses.

« Excuse-le Harry, vraiment il… »

« Non, c'est bon Hermione. Il a raison. Mais j'ai eu beaucoup de temps pour m'exercer, Ron. En fait j'y travaillais avec Rogue. »

De surprise Ron recracha son jus de citrouille.

« Tu es en train de me dire que Rogue t'a aidé à ne pas être un invalide ? »

« RON ! »

Harry savait qu'il aurait du se sentir en colère. Il aurait du se sentir insulté. Mais à la place il avait envie de saisir Ron par les tempes et de l'embrasser sur chaque joue pour avoir été si politiquement incorrect. Il jeta donc sa tête en arrière et rit.

« Oui Ron, Rogue m'a aidé à ne pas être un invalide. Je n'apprends pas comment me débrouiller en classe, et demain je commencerai le duel, parce que Rogue est nerveux… » Harry se tu, pencha la tête sur le côté puis eu un petit rire, « et je crois qu'il arrive avec deux autres professeurs, si je ne me trompe pas. »

« Mec, tu es effrayant . » Murmura Ron alors qu'il voyait à l'autre bout de la Grande Salle Dumbledore, MacGonagall, Lupin et Rogue approcher. Dumbledore portait un petit chapeau de forme conique en papier, et quand ils furent parvenu là où les trois étudiants étaient assis, il dit joyeusement :

« C'est le moment des cadeaux, je crois. Je ne manquerai pas cela. J'ai amené les objets appropriés pour les moments de fêtes, je crois. » Dit-il comme il tendait un petit chapeau de papier à l'ensemble des professeurs, puis à Ron et Hermione, et enfin en plaça un sur les cheveux en nid d'oiseau de Harry. Il eut un petit rire et le ferma sous son menton. Remus l'avait déjà fait, alors que MacGonagall et Rogue avaient un peu de réluctance à cette idée, et le firent seulement après que Dumbledore les ait regardé sérieusement. Et encore, celui de Rogue avait l'air misérable, perché sur la tête du Maître des Potions. Ron aurait vraiment désiré avoir une caméra, et Hermione était bouche bée.

« Fermez votre bouche, Miss Granger, vous n'êtes pas un poisson. » Lui dit brusquement Rogue, et elle ferma sa bouche si vite que ses dents claquèrent.

Dumbledore se mit à l'aise et dit :

« Faisons apparaître les cadeaux, alors. Ce n'est pas une petite affaire d'avoir quinze ans. » Et il frappa ses mains.

Harry entendit le bruissement et le petit pop et il su qu'il y avait un certain nombre de boites devant lui. La voix de Dumbledore pépia à ses oreilles alors qu'une boite était pressée dans ses mains.

« Celui-là est de moi ! » Dit-il d'un air radieux, trop fier de lui. Harry sourit chaleureusement. C'était la première fois qu'il était assis à une table sur laquelle se trouvaient ses cadeaux comme Dudley… non, il ne voulait pas se souvenir des Dursley maintenant. Il ouvrit le papier, l'entendit se déchirer et ouvrit la boite, ses doigts longeant le coton dans lequel il trouva une sphère en verre ronde, à ce qui lui semblait. Il leva un sourcil, pas vraiment sûr de ce qu'il avait reçu du directeur de l'école.

« C'est une sphère notiem, quand tu seras submergé d'émotion, tu la prendras dans tes mains et elle t'aidera. » Dit doucement Dumbledore, et le cœur de Harry manqua un battement, la boule de cristal était soudainement devenue précieuse pour lui. Il la mit soigneusement de côté alors que Remus lançait nonchalamment sa boite vers Harry… et Harry l'attrapa presque par réflexe. Les épaules de Rogue semblèrent se relâcher, et Ron eu le souffle coupé.

« Mec, tu es effrayant . »

« RON ! »

Harry eut un petit rire et déballa le suivant. Les doigts fouillant à nouveau, il trouva un ensemble de plume à papote et encrier. Il sourit faiblement.

« C'est comme celui de Rita Skeeter ? » Demanda-t-il, faisant rire tout le monde.

Le cadeau de MacGonagall était une Plume Lis-Moi. Elle pouvait lire les écrits de son propriétaire ou les livres sur lesquels elle était placée. Ensuite vint la boite de Ron, plutôt grande, avec plusieurs sucreries et d'autres régals faits maison de Madame Weasley et un livre de quidditch de la part de Ron, qu'il avait trouvé après trois jours de recherche avec son père. Harry fut touché. Il ne s'attendait pas à autant d'acceptation. Le cadeau d'Hermione était une cane pliable, enchantée pour assister seulement Harry.

« Je voulais te donner quelque chose d'aussi utile que possible… Pour quand la magie n'est pas pratique. » Dit-elle et Harry eut un petit sourire.

« Merci, Mione. Je suis content de l'avoir. Je voulais… montrer que j'étais plutôt indépendant de la magie. »

Rogue grogna et fit un pas en avant.

« Bien, nous verrons cela plus tard, Potter. Voila mon cadeau… Assurez-vous de l'utiliser. » Dit-il rapidement et laissa alors Harry ouvrir la boite, sur laquelle il sentait des petits trous.

« Harry, fait attention en l'ouvrant. » ne put s'empêcher de dire Ron et esquiva un coup de pied prévisible venant d'Hermione. Harry sourit à nouveau.

« Ron, je suis sûr que nous sommes tous tout à fait en sécurité avec les professeurs Dumbledore, Lupin et MacGonagall ici. » Harry rit, et Dumbledore aimait le son du rire de Harry… il ne l'avait pas entendu rire jusqu'à ce jour.

« Et bien, Harry, voyons voir ce qu'il t'a donné. » Dit Remus et Minerva se pencha en avant, curieuse.

Harry ouvrit la boite (elle n'avait pas d'emballage), et avança ses doigts se glisser dedans. Il pensa d'abord qu'il n'y avait rien dans la boite à part du sable, mais ensuite une bande mince et froide de quelque chose glissa sur ses doigts et autour de son poignet. Il y eut soudain plusieurs soupirs autour de lui, et Harry demanda doucement :

« Quelle sorte de serpent ? »

« C'est un serpent corail, Harry. » Dit Hermione, mi excitée, mi apeurée.

« Pour ton information, il est rouge, noir, blanc et jaune. C'est un serpent Griffondor. » La voix de Remus était secouée de rire.

« Il peut être ton familier, Harry. » Dit Dumbledore, « une chose vraiment utile. »

« Es-tu Maître Harry ? » Siffla le serpent à Harry.

« Oui, en effet. » Répondit-il en Fourchelang.

« Tu ne vois pas. » Dit le serpent. Harry soupira.

« Non, je ne vois pas. »

« Peu importe. Je ssssuis Ssssasha. Je t'aiderai quand tu en auras besoin. » Le serpent ondula avec tendresse deux fois autour de son poignet et avança le bout de sa langue fourchue pour caresser la peau de Harry. Harry sourit.

« Elle s'appelle Sasha et elle m'aime bien. » Annonça t'il à ses amis incrédules et ses professeurs souriants.

À suivre

Chapitre 10

« Vous daignez finalement vous montrer, Potter. » Ricana Rogue, bien que son ton ne fut pas venimeux. Harry inclina la tête, un peu confus.

« Je suis à l'heure, professeur. Pourquoi avez-vous changé de salle de classe ? »

« Pour que vous utilisiez un peu votre tête, Potter, aujourd'hui nous allons commencer le combat en duel. La salle de duel est un bien meilleure un endroit, vous ne pensez pas ? » dit Rogue pendant qu'il retirait son manteau. Harry acquiesça.

« Attendez juste que je pose Sasha sur une chaise à l'écart. »

Rogue arqua un sourcil.

« Vous avez emmené votre serpent avec vous ? » demanda-t-il, puis il se donna un coup de pied mentalement.

Harry fit une pause.

« Oui. Elle est d'une compagnie très plaisante. » Dit-il, mais la question était sous-entendue. Il laissa son manteau sur un divan contre le mur de la salle, et siffla au serpent coloré de rester dessus pendant sa leçon. Rogue serra les dents. Pour un Gryffondor, Potter avait commencé réaliser trop de choses sans beaucoup d'indices. Une bonne capacité, mais Rogue détestait cela quand même.

« Montez sur la plate-forme, il y a quelques marche sur votre gauche. » Lui indiqua Rogue, en agitant sa baguette magique. Il observa Harry pendant qu'il se déplaçait, avançant lentement un pied après l'autre. Il fit un pas sur la plate-forme et fit face au maître de potions.

« Dans de nouveaux endroits, la canne d'Hermione m'aide. » Dit Harry pensivement. Rogue acquiesça.

« Vous pouvez l'utiliser quand nous n'avons pas des leçons. »

« Pourquoi pas ? »

« Parce que je ne veux pas risquer que vous vous perdiez comme un hibou en plein jour si vous la perdez ! » lui dit Rogue froidement et Harryfit mentalement un pas en arrière. La voix de Rogue redevint plus neutre lorsqu'il lui parla de nouveau :

« Tenez votre baguette magique devant vous et tenez-vous prêt. Vous allez devenir meilleur en duel, parce que maintenant vous dépendez de votre audition. Pouvez-vous imaginer pourquoi ou devrais-je vous le dire ? »

Harry serra les dents momentanément pour calmer son indignation, puis il répondit avec une voix calme comme il l'employait toujours avec son professeur de potions :

« Car vous devez énoncer les charmes ou les sortilèges à voix haute. »

« En effet. Vous aurez quelques fractions de seconde supplémentaires pour réagir lorsqu'un adversaire vous attaquera - et ce court instant peut vous sauver la vie, ce qui est malheureux. »

Harry leva les yeux au ciel. Bien qu'il n'était plus autant affecté par les réprimandes de son professeur, ça devenait plutôt fatigant. Il se demanda si Rogue pensait que cela encourageait Harry à agir avec un certain entêtement afin de réfuter ses fausses accusations. Ca pourrait fonctionner jusqu'à un point, mais Harry voulait par dessus tout récupérer un semblant de normalité avec ses pairs - il ferait tout ce que son professeur lui demanderait afin de réussir.

« Mais comment pourrais-je esquiver, professeur ? Un sort n'a pas le même son qu'une balle. » Demanda-t-il.

Rogue aimait Harry parce qu'il n'était pas présomptueux.

« Vous vous déplacez toujours de là où vous vous tenez - aussi dramatiquement que possible. Et vous devez toujours avoir votre sortilège de bouclier sur vous. Améliorez-le encore, vous devez attaquer avant que votre adversaire n'ait la chance de le détruire . »

« Mais comment je vais pouvoir toucher mon but ? »

Rogue cliqua sa langue d'irritation.

« Vous visiez assez bien lorsque j'étais la cible. Vous devez utiliser votre ouie. Elle s'affinera avec la pratique. Maintenant moins de bavardage et plus de travail. »

Rogue avait à peine dit ses derniers mots qu'Harry entendit un murmure soupçonneux, avant de se sentir expulser dans les airs et de retomber sur le plancher à cause d'un sortilège. Il grogna.

« Ne vous laissez jamais distraire par le bavardage »" Rogue avait à peine commencé sa phrase que Harry, blême de rage à cause manque d'avertissement, visa avec sa baguette le bruit et cria Expelliarmus plutôt fort.

Rogue se pencha facilement, pendant que le sort d'Harry atteignait son but.

« Vous n'avez pas même visé le bon mur, » il ricana au garçon qu'il ramassa et reposa sur ses pieds.

Le cuir chevelu de Harry le piqua lorsqu'il entendit un autre bruit subtile retentir soupçonneusement comme 'jambes-en-coton', et il roula sur le côté comme une grenouille paniquée.

« Bien. C'est l'idée. » La voix de Rogue fendit l'air comme un coup de fouet, donnant à Harry la chance de jeter un Impedimenta vers le bruit.

Rogue se pencha encore, mais avec plus de soin cette fois - la malédiction n'était pas passée loin cette fois. Naturellement il n'y avait aucune raison de dire ça à Potter.

« Pathétique ! » dit-il au garçon qui s'était rapidement remis sur ses jambes. Cette fois il n'eut même pas le temps de prononcer l'incantation qu'il avait l'intention de jeter à Harry que celui-ci avait recommencé à l'attaquer :

"Lepidae ! » la voix de Harry était pointue et acide, et son sortilège rapide. Il était encore loin de sa cible, mais à la surprise de Rogue, il n'eut pas besoin de viser ; la malédiction le suivit réellement malgré ses esquives, et le toucha. Rogue eut l'impression que des centaines de rasoirs chauffés à chaud lui rentrait dedans. Ce n'était pas un Crucio, mais c'était si soudain que Rogue réagit immédiatement : il cria.

Harry eut le souffle coupé lorsqu'il entendit le cri du maître de potions. Jamais avant il n'avait vu l'homme autrement que fier et maître de lui-même. Il n'avait pas voulu lui arracher une réaction si douloureuse. Bien qu'il ait souvent fantasmer sur ce moment, pendant que Rogue se tortillait par terre devant lui, en criant de tout son cœur, il n'eut pas la réaction qu'il pensait pouvoir avoir quand cela arriverait. Au lieu de ça, il regrettait. Il se sentit horrifié et affligé et il ne toléra pas d'infliger ceci sur l'homme a terre.

« Finite Incantatem ! » cria-t-il et il écouta.

Le cri s'était arrêté, et dans la pièce il n'y avait qu'une respiration lourde. Harry marcha rapidement vers le bruit.

« Professeur ? »

Il n'obtenu aucune réponse. Harry sentit la peur lui ronger le ventre. Le sortilège avait-il était trop fort pour l'homme ? Peut être qu'il était... blessé ? Gravement ?

Il s'approcha de l'homme, une légère odeur âcre atteint les narines de Harry – du sang. Il ne pouvait pas saigner ? C'était seulement un sortilège !

Harry se baissa, et toucha la forme allongée de son professeur. Il était si effrayé que quand des doigts froids et longs lui saisirent le poignet abruptement, il sursauta.

« Ce n'est pas parce que votre adversaire ne répond pas que ça signifie qu'il est à terre et blessé - rappelez-vous en Potter, et la prochaine fois vous ne serez pas forcément chanceux, donc terminez le travail. » Lui dit Severus Rogue, sa voix reflétait sa souffrance même si elle semblait soyeuse aux oreilles d'Harry, qui pendant ce temps laissait son cœur reprendre son rythme normal. Harry avala sa salive et sourit de soulagement, bien qu'il ait subit ce qui ressemblait à une réprimande.

« J'ai cru que je vous avais sérieusement blessé, monsieur. » Dit-il, son poignet toujours emprisonné dans une des mains de son professeur.

« Votre rêve ne s'est pas encore réalisé - j'ai seulement été étonné. Le sortilège de Lepidae n'est pas enseigné en quatrième année. » La voix de Rogue était considérablement plus douce. Harry se demanda quelle pouvait être l'expression de son professeur. Avait-il vraiment cru que Harry voulait le faire souffrir ? D'un autre côté, l'avait-il voulu ? Harry lui-même avait pensé qu'il voulait le faire souffrir quelques instants plus tôt.

« Hermione et moi avons étudié beaucoup de sortilèges - pour le tournoi des Trois Sorciers, professeur..., » Harry trembla au souvenir de ce moment honnis, et il ajouta « ... et mon rêve n'est pas de vous blesser. »

Il y eut une pause, et doucement les doigts longs et froids libérèrent son poignet. La voix était péniblement neutre maintenant.

« Je vois. Et quel est votre rêve dans ce cas ? »

Harry fronça les sourcils, tortilla ses doigts, comme il pensait à une réponse appropriée.

« Je veux que tout ceci prenne fin – comme ça je pourrait avoir un semblant de normalité dans ma vie. » Termina-t-il dans un chuchotement, comme s'il était effrayé que le fait d'exprimer son souhait signifierait qu'il ne serait jamais réalisé.

Rogue avait eu peur que le garçon ne réponde pas, le silence avait été long avant que celui-ci ne réponde à sa dernière question. Ce n'était pas la façon dont le maître de potions avait pensé que le Griffondor lui répondrait - et d'une manière ça le choqua.

Il n'avait pas prévu que Harry Potter ait le même rêve que lui.

« Je vois. » répéta Rogue, mais cette fois il laissa sa vraie voix apparaître. La variation dans l'expression de Harry lui indiqua que le garçon l'avait remarqué. « Alors commençons à travailler pour que ce rêve se réalise, voulez-vous ? »

Sa voix en était presque plaisante.

« Pourquoi te bats-tu avec Ssseverus?" demanda Sasha lorsqu'elle fut sécurisée autour du poignet de Harry. Ce dernier sourit légèrement.

« Ce n'était pas un combat. C'était un duel. Je dois apprendre à me battre sans ma vue. »

La langue de Sasha sortit, de façon irritée.

« J'ai pensé que je pourrai t'aider avec ta vue. »

« Et tu le fait. » Lui dit Harry, se sentant attaché au jeune serpent trop consciencieux.

Minerva McGonagall était prête pour aider Harry lorsqu'il entra dans son bureau, guidé par sa baguette magique. Elle sourit pendant qu'il entrait bien qu'elle sut que son sourire passerait inaperçu. Mais au cours des derniers jours, des dernières semaines, elle avait été plus fière de lui que durant les quatre dernières années.

'Bonjour Harry. Vous avez apporter votre familier avec vous ? »

Harry sourit doucement.

« L'un d'entre eux." Dit-il en soulevant son bras gauche où Sasha était enroulé comme un bracelet multicolore. Elle huma l'air autour de la vieille sorcière, et la trouva assez confortable pour reposer sa tête sur le dos de la main de Harry.

Minerva inclina la tête.

« Très bien. Vous comprenez que vous ne devriez pas utiliser qu'en cas d'obligation le lien que nous sommes en train de former entre vous et - ce serpent. »

« Sasha, » corrigea Harry poliment.

« Oui, le lien entre vous et Sasha ne peut pas être en activité pendant de longues périodes, particulièrement au début. Si vous l'entretenez trop long, vous pourriez épuiser Sasha au point de la rendre malade ou la tuer, » l'informa-t-elle, et Harry avala sa salive et inclina la tête gravement.

« Je comprends. Elle est seulement là pour m'aider avec les potions et la divination où j'ai absolument besoin de ma vue. »

« Très bien. » dit Minerva. « Soulevez votre baguette magique et répétez après moi, puis quand je vous le dis, touchez la tête de Sasha avec le bout de votre baguette magique. »

« Ah Severus, mon fidèle mangemort. » Appela Voldemort après qu'il eut finit d'initier une nouvelle recrue. Rogue perdit son appétit. Il fit un pas en avant et se mit à genoux.

« Mon Seigneur. »

« Que me rapportes-tu comme nouvelle sur Poudlard et Harry Potter ? »

Rogue récita son rapport bien préparé.

« Potter est vivant et guéri de toutes ses blessures, mon Seigneur, mais on ne peut le guérir de sa cécité. Dumbledore a invité le loup-garou Lupin afin qu'il encourage le garçon, mais il est en train d'abandonner et de tomber dans la dépression. Il se remet faiblement avec la pitié et la culpabilité qu'il lui apporte, mon Seigneur. Dumbledore veut lui apprendre à vivre avec sa cécité, mais les progrès sont lents. »

Voldemort était heureux. Rogue fut épargné de Doloris, et la réunion se termina dans une paix relative. Mais quand tout les mangemorts furent parti, Voldemort appela quelqu'un.

« Queudver. Tu vas à nouveau me servir. »

L'homme chauve avança vers lui, en rampant et pleurant.

« Tout… tout ce que vous voudrez, mon Seigneur, je ferai tout pour vous. » Bégaya-t-il, déclenchant une grimace de dégoût chez Voldemort.

« Silence. Tu vas retourner à Poudlard - et voir comment Harry Potter se porte. Tu me raconteras tout. Tu as deux jours. »

Et le gros rat avec une patte rougeoyante disparu rapidement au loin, craignant Poudlard mais redoutant la menace de Tom.

Remus marcha dans la chambre de Harry, légèrement nerveux. Harry sourit au loup-garou et s'assit face à plusieurs ingrédients de potions. Sasha s'était enroulée sur le bureau, jetant un coup d'œil aux objets et sifflant de temps en temps. Harry semblait plus heureux qu'il ne l'avait jamais été de tout l'été.

« Je peux tout voir à travers Sasha, Remus ! Je... Je peux voir par elle! » dit-il avec tant de bonheur qu'il irradia toute la pièce de son bonheur, y compris Remus. Il sourit d'une oreille à l'autre pendant qu'il étreignait Harry et gratta le serpent, qui sembla apprécier la caresse sur sa tête.

Harry se pencha rapidement au-dessus du serpent et murmura un sort. Le serpent coloré siffla et se lova autour du poignet gauche de Harry comme à son habitude. L'inclinaison différente de sa tête indiqua à Remus que le lien avec Harry et Sasha était inactivé.

« Pourquoi as-tu désactivé le sort ? »

« Elle a besoin de se reposer. Si je laisse le sort actif plus d'une heure ou deux, elle devient toute groggy. Je ne veux pas la rendre malade. Je veux dire, elle est si gentille avec moi. » Harry sourit doucement et pris sa canne fermement dans sa main.

« OH. Il y a un hibou pour toi. Il est venu dans mon bureau, mais la lettre est pour toi. » Lui indiqua Remus, et vu la façon dont ça avait été dit, le visage de Harry pâli.

« C'est de Sniffle, n'est-ce pas ? »

Remus inclina la tête, puis se rappela que ce n'était pas une réponse puisque Harry ne pouvait pas le voir, aussi il dit :

« J'en ai peur. Tiens, ouvre-la. »

Harry la prit, puis ondula sa baguette magique au-dessus de la lettre de sorte qu'il entende dans son esprit ce qui était écrit quand il toucha la surface, comme si ses yeux l'avait lu à son esprit. Il constata que la voix était légèrement trop forte à son goût...

Cher Harry,

Pourquoi ne m'as-tu pas écrit depuis si longtemps ? J'ai entendu dire que tu n'étais à Privet Drive – comment cela se fait-il ? J'ai été surpris que tu ne sois plus là. Les Dursley sont de gentils moldus effrayés et ils croyaient que j'était un mangemort. Est-ce que tu vas bien ? J'espère que mon hibou t'a retrouvé sain et sauf. Je me suis vraiment inquiété. Essaie de me répondre, même si ce ne sont que quelques mots afin de me dire ce qu'il s'est passé. Ne pas savoir me torture.

Ton parrain,,

Affectueusement

Harry expira un grand coup.

« Il ne va pas apprécier ce qu'il m'est arrivé. Peut-être que je ne devrais pas lui dire. »

Remus était pensif.

« Il serai plus dur pour lui de l'apprendre dans les journaux quand les étudiants reviendront et que la nouvelle s'ébruitera. » Dit-il.

Harry prit sa décision.

Il prit un nouveau rouleau de parchemin, l'ouvrit, lança un sort à l'encre, inspira profondément, et commença à dicter.

À suivre