Traduction : Tressym383
Relecture : Zodiaaque
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NP : C'est avec un énorme plaisir (et une petite appréhension) que je vous partage ce premier chapitre ! Il comporte sûrement quelques erreurs, si c'est le cas je m'en excuse et espère qu'elles ne seront pas trop parasites à la lecture, mais ce n'est que le premier d'une longue série, je ne peux que m'améliorer ! N'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est avec ceux-ci que je peux voir que la traduction/l'histoire plait et ainsi savoir si je peux continuer à m'investir pour vous la partager.
NAO :
You could still be,
what you want to.
What you said you were,
when I met you.
La plupart du temps, l'internat était super. L'école cuisinait tous ses repas, il ne perdait du temps d'entrainement dans aucun trajet et il n'avait pas l'autre sorcière qui l'emmerdait toute la journée. Une chose craignait cependant énormément dans tout ça. Après quinze ans passés dans la même maison, se réveiller dans un endroit qu'on ne reconnaissait pas immédiatement après avoir été kidnappé était un putain de cauchemar. Encore pire lorsque c'était combiné avec de réels cauchemars. La journée prenait déjà la forme d'un putain d'enfer ; il était réveillé depuis déjà une demi-heure, mais la panique post-mauvais rêves ne dégageait pas.
Un grondement strident dans sa poitrine lui criait de fuir quelque chose qui n'existait pas pendant que ses membres étaient figés dans une mystérieuse paralysie qui le rendait incapable de détourner le regard de la porte alors que, putain, absolument rien ne s'y passait.
Ils ont pas besoin d'utiliser la porte, crétin, ils ont un portail
Il repoussa immédiatement la pensée parasite.
Il avait vérifié la serrure, y avait ajouté son propre verrou et avait poussé une chaise contre la poignée pour faire bonne mesure. Mais ça n'avait pas d'importance. Une porte fermée n'arrêtait pas les portails. Ni le vilain boueux*. Ni sa mère avec des clés. Ou des personnes qu'il aurait laissé entrer parce qu'il était un putain de crétin, merde-
Stop.
Il était trop tôt pour dériver comme ça.
Lève-toi, espèce de grosse merde
Il tituba jusqu'à la salle de bain pour réhydrater sa gorge desséchée mais s'étouffa immédiatement. Il s'étouffait avec de l'eau comme un putain d'attardé.
Il ne pouvait pas respirer, il ne pouvait pas respirer. Putain, il allait crever.
Dépassé par les évènements et impuissant, comme elle l'avait prévu.
La chose se frayait un chemin au fond de sa gorge, envahissant son corps alors qu'il ne pouvait absolument rien faire pour l'arrêter.
Des gens se tenaient là, le regardant se noyer, regardant ce monstre le soumettre parce qu'il était faible et pathétique.
Ça allait de nouveau arriver, parce qu'il était faible.
Immobilisé au sol et à nouveau impuissant. Personne ne l'aiderait, il s'était mis seul dans cette situation, il ne méritait pas d'être sauvé.
Il n'avait personne d'autre à blâmer que lui-même et, putain, il se détestait tellement.
Lorsque sa vision revint, il était sur le sol, le dos contre la porte de la salle de bain.
Merde
Inspire cinq secondes, expire pendant six, il s'intima.
L'une de ses premières crises de panique s'était produite chez tante Inko. Elle n'avait pas demandé quel était son problème et n'avait pas levé les yeux au ciel parce qu'il était « dramatique ». Elle lui avait simplement prit la main et lui avait demandé de compter avec elle jusqu'à ce que sa respiration s'apaise.
Bien sûr, Deku avait aussi été là dans ce moment de faiblesse.
Cinq choses que tu peux voir, quatre que tu peux entendre...
Sa chambre était terriblement banale. Tout ce qui attira son attention fût les fiches de devoirs éparpillées qu'il avait balayé du bureau dans un élan de frustration la veille et le T-shirt brûlé qu'il avait déchiré et jeté au sol à il-ne-savait-quelle-putain-d'heure. Sa mère aurait été furieuse si elle avait été au courant.
Très bien, l'écoute maintenant.
Ça aiderait si je pouvais entendre, putain
Il avait pu prétendre qu'il ne perdait pas son audition jusqu'à ce que UA fasse examiner leur ouïe et vision de merdes. Il avait réussi à foirer les deux, mais une légère acuité visuelle était plus facile à cacher. Il avait juste à mettre des lentilles quand il lisait beaucoup, ça allait. Des tas de héros portaient des lunettes de toute façon. Les aides auditives, en revanche, n'avaient pas encore quittée leur boîte.
T'aurais peut-être pas été kidnappé si t'étais pas un tel crétin et avais juste porté tes putains d'appareils auditifs
Bref.
Il pouvait entendre les oiseaux, tous criant « je veux baiser » dès le début de la matinée, comme à leur habitude. Et s'il posait sa tête contre le mur les séparant, il pourrait entendre les légers ronflements de Kirishima.
C'était bizarre, hein ? Mais ça l'aidait d'entendre quelqu'un à proximité qui n'était pas ridiculement tétanisé.
Une étrange sensation de dissociation le frappa soudainement lorsqu'il réalisa qu'en réalité, il espérait que certains des autres batards étaient des lève-tôt. Il y avait quelque chose dans les visages familiers qui calmait les hurlements dans sa tête lui dictant de fuir, se battre, se cacher. Il se glissa donc silencieusement dans la salle commune.
Il ne s'attendait pas à ce que le premier visage qu'il verrait soit celui de cet idiot de Deku. Il pouvait simplement remonter les escaliers et-
"Bonjour, Kacchan !"
Merde
Le nerd lui fit joyeusement signe depuis la cuisine, Todoroki assit à ses côtés.
"Pourquoi t'es si content, putain ?" il grogna, recevant un coup d'œil blasé de Double-face.
"Todoroki a fait du thé si tu veux." insista Deku, peu perturbé. "Il est vraiment bon !"
Du thé de bon matin avec Deku, putain, il aurait préféré crever. Enfin… peut-être pas. Il comprenait mieux ce que ça signifiait maintenant, et après réflexion, peut-être que son anxiété constante, accompagnée de pics de terreur dévorante, était pire que prendre du thé avec le nerd.
"Ouais, peu importe." il grommela, essayant d'ignorer l'halètement ravi du nerd lorsqu'il s'assit sur l'un des tabourets de l'îlot de la cuisine. Double-face haussa simplement un sourcil avant de servir une troisième tasse.
"C'est pas mal." il admit à contrecœur.
"Une des rares choses que mon père m'ait fait découvrir et que j'apprécie." répondit platement Todoroki.
C'était de notoriété publique que Todoroki et son père ne s'entendaient pas, mais il doutait qu'aucun d'eux ne s'était rendu compte de ce que Bakugo savait réellement. Alors il garda son ton détaché.
"C'est un vrai connard, pas vrai ?"
"Je ne savais pas que tu avais une opinion si définie." observa Todoroki.
"J'ai des opinions définies sur tout." il dévia facilement. Il était bon pour ça, peu importe ce que les gens pensaient de ses compétences sociales.
Et je suis quelque peu terrifié par les parents
Non, il ne fallait pas recommencer à y penser. Il était descendu ici pour se changer les idées, pas pour les empirer.
"Tu es vraiment intéressant, Bakugo." souligna Todoroki.
"Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire, putain ?" il renchérit. Todoroki était tellement bizarre. Qui disait ça, même ?
"Je veux dire que tu comprends plus que tu veux le faire croire. Je ne sais pas vraiment pourquoi d'ailleurs."
"Ouais, d'accord Freud." Il se recula du comptoir, sentant l'envie de courir un kilomètre ou deux avant le début du cours. "Si c'est ce que tu penses."
Aizawa aimait penser que, lorsqu'on lui donnait un travail, il ne faisait pas les choses à moitié. Alors, lorsqu'il fut chargé d'enseigner à un groupe mal adapté d'adolescents mutants la manière de devenir des secouristes compétents, il n'avait pas eu l'intention d'omettre le fait que cette classe en particulier avait certains… problèmes. Les parfaits exemples n'étaient autre que ses deux meilleurs élèves qui se sabotaient continuellement à cause de leurs problèmes émotionnels. Todoroki avait fait un blocage pendant le festival sportif, et Bakugo… faisait un blocage constant.
Mais il y en avait d'autres, avec des personnalités plus discrètes, auxquels il fallait aussi penser. Beaucoup d'entre eux se construisaient par rapport à leur propre perception d'eux-mêmes.
Il avait donc fignoler un devoir qu'ils allaient tous détester et dont ils se plaindraient sans doutes. Pour commencer, ils allaient analyser la réputation et l'opinion publique des héros, puis les compareraient aux personnes qu'ils connaissaient via l'école et les stages. Pourquoi étaient-ils connus ? Était-ce intentionnel ou par accident ? Ensuite, ils se concentreraient sur leur propre image. Quel genre de héros voulaient-ils devenir ? Comment l'opinion publique affecterait-elle leur carrière ? Plus important encore avec l'attention que la classe avait reçu dernièrement, s'ils voulaient travailler dans l'anonymat plutôt que sous les projecteurs, ils feraient mieux de bientôt prendre cette décision.
Il devait désormais faire les groupes. C'était facile pour certains. Il mis Shoji et Hagakure ensemble pour étudier les avantages et les inconvénients de se donner en spectacle ou d'être invisible. Ils se joindraient à Midoriya et Todoroki (il n'envisageait même pas de séparer ces deux-là sur un sujet qui touchait sans aucun doute de près le fils d'Endeavor). Ils étaient tous très à l'écoute et ne mettraient personne à l'écart. Le sens de l'humour lié aux réseaux sociaux de Kaminari équilibrerait l'intellectualisme excessif d'Iida, tandis qu'Ojirou et Ochako les maintiendraient dans la réalité.
Un groupe lui donnait cependant des difficultés particulières quant à son raisonnement. Kirishima et Jirou iront ensemble, il décida. Ils partageaient une apparence solide et pleine de confiance, mais avaient de profondes insécurités sur leur valeur en tant que héros. Mais comment les pousser à s'ouvrir l'un à l'autre ?
Momo. Il y ajoutera Momo. Ce serait sûrement bénéfique pour tout le monde. Sa propre conscience d'elle-même s'était si souvent manifestée que s'en était devenu normal pour la plupart des élèves. Jirou et Kirishima étaient du genre à éviter de se plaindre, mais ils s'ouvraient volontiers s'ils pensaient que ça profitait à quelqu'un. Mais la serviabilité de ces deux-là suffirait-elle...
Il devait mettre Bakugo quelque part. Le gamin était un peu plus détendu et disposé à parler avec Kirishima. Plus important encore, il le respectait suffisamment pour prendre ses opinions et ses sentiments au sérieux. S'il se fiait à ses suppositions, Bakugo respectait aussi Momo pour son intelligence et la manière complexe avec laquelle elle utilisait son alter. Il n'était pas sûr du comportement de Jirou et Bakugo ensemble, mais celle-ci avait le caractère nécessaire pour ignorer ses explosions.
Le dernier soucis était de savoir comment séparer Midoriya et Bakugo autant que possible tout en gardant tous ses élèves à problèmes à portée de voix et dans son champ de vision.
Pourquoi ai-je accepté ce job ?
C'était toujours ce putain de Deku.
Chaque fois que la vie remettait Bakugo à sa place, Deku était au premier rang. Que ce soit lorsqu'il se faisait noyer par le boueux, se faisait entraîner dans un portail, ou juste lorsqu'il perdait pieds, les yeux stupidement larmoyants du nerd étaient sur lui. Alors bien sûr, lorsque sa mère décida de faire une scène, Deku et son putain de complexe de héros devaient y être impliqués.
Il savait qu'elle serait énervée. Onze appels manqués et des messages vocaux de plus en plus furieux lui avaient signalé que sa mère allait le détruire la prochaine fois qu'elle le verrait. Il n'avait juste pas pensé qu'il aurait à sauter dans la tombe qu'il s'était lui-même creusé avant ce week-end. Il s'avérait qu'il avait sévèrement sous-estimé la motivation de Bakugo Mitsuki pour se faire entendre.
La classe s'était regroupée par groupe de quatre, formant des sortes de cercles malformés autour de bureaux réarrangés. Jirou et Momo étaient perdues dans un débat passionné sur les avantages et les inconvénients d'inclure Midnight dans leur projet. Bakugo basculait sa chaise sur deux pieds jusqu'à ce qu'elle touche le mur, les bras croisés et rechignant sur le fait qu'il ne voulait rien avoir à faire avec ce devoir.
"Les femmes qui revendiquent leur pouvoir n'incluent-elles pas la puissante influence de la sexualité ?" demanda Momo pensivement. "Nous devrions donc traiter Midnight comme une héroïne respectée, son costume étant juste un élément parmi d'autres sur elle."
"Mais son costume accapare son image dans les médias !" argumenta Jirou. "Est-ce que c'est vraiment de la « revendication » si ce pouvoir ne fait qu'utiliser le patriarcat ancré dans les médias pour gagner plus d'argent ?".
"Les héros masculins utilisent aussi leur image pour attirer l'attention des médias, n'est-ce pas Kirishima ?"
"Euhhh..." Kirishima devint aussi rouge que ses cheveux, la bouche béante comme un poisson mourant. "Je ne- Hm, je m'y connais pas vraiment sur le sujet..."
"Les débats sur le sexisme ne peuvent pas éduquer les hommes s'ils refusent de faire partie de la conversation." fit remarquer Jirou.
Un Kirishima acculé chercha désespérément de l'aide auprès de Bakugo. "Quelque chose à dire ?"
"Je me fous de ce que les gens portent."
"D'accord, mais ça n'aide pas vraiment la conversation non plus." gémit Kirishima avant de s'effondrer, abattu. "Je sais pas ce que je suis censé dire, là."
Le coin de pièce où ils étaient offrait une vue dégagée de l'entrée, permettant ainsi à Bakugo de traverser les cinq étapes du deuil entre le moment où sa mère apparut dans l'embrasure de la porte et le dernier claquement de ses chaussures se plantant face à son bureau.
Il enterra sa surprise derrière ce qu'il espérait être une expression neutre (son « neutre » se manifestant souvent comme de la colère) tandis que sa respiration se coupait d'anticipation.
"C'est bien de voir que tu n'es ni mort ni en prison." elle sourit, sans humour. "Je commençais à penser que tu avais encore été kidnappé par des vilains."
"J'étais juste occu-"
Le bavardage ambiant de la classe se figea et le silence soudain attira l'attention de tous ceux qui avaient réussi à manquer le claquement sonore de la gifle bien pratiquée de sa mère.
"Tu ne vis peut-être plus à la maison, mais je reste ta mère." elle rappela glacialement. "Si tu veux rester dans ta chic école de héros, tu réponds à ton putain de téléphone."
"QU'EST-CE QUI VA PAS AVEC TOI PUTAIN ?!" il hurla, n'opposant pour autant aucune véritable résistance lorsqu'elle le tira de sa chaise en l'empoignant par les cheveux. Son autre main agrippa son poignet pour mieux le manœuvrer. Les yeux du blond restèrent verrouillés au sol, observant au passage les ongles créer des croissants sur sa peau alors qu'elle l'escortait brutalement jusqu'au couloir. Tant qu'il ne regardait pas les autres, il pouvait toujours se persuader qu'ils n'étaient pas en train de le fixer.
"Tu penses te payer la tête de qui, putain ?" Mitsuki demanda à la seconde où la porte se referma derrière eux. "Même si tu me répond pas, je reçois quand même tes notes, tu sais ! Ça sert à rien de m'éviter."
Bakugo resta silencieux, espérant qu'il pourrait simplement attendre la fin de sa tirade avec son habituel air renfrogné.
"Un « C » en anglais ? T'es sérieux ? T'apprends l'anglais depuis le CM1 !"
Il se souvenait de ce test. Enfin, en quelque sorte. Il se souvenait de la petite lueur de panique qui coulait à travers le brouillard qui enveloppait son cerveau. Il avait reconnu les mots, mais n'avait pu les associer à aucune signification cohérente à cause de la brume lointaine et onirique dans laquelle il se glissait de temps en temps depuis deux semaines.
Mitsuki soupira.
"Si c'est ta nouvelle façon d'agir, je suppose que c'est toujours mieux que lorsque tu essayes de tuer tes camarades." Elle passa une main dans ses cheveux, dans son blond cendré identique au sien, putain qu'ils se ressemb-
Il laissa ses yeux chanceler de son visage au le sol avec inconfort. Une erreur.
"Regarde-moi quand je te parle." Elle lui frappa le côté de la tête avec impatience.
Ils verrouillèrent leur regards un moment, le temps qu'elle cherche sur son visage soigneusement neutre des indices.
"Alors ?" elle s'impatienta. "Tu veux bien t'expliquer ?"
"C'était juste un putain de contrôle." il marmonna. "Ça se reproduira plus."
"Tu ferais mieux." elle insista. "Cette école est putain de chère. Et tu peux certainement pas compter sur ton tempérament de vainqueur pour compenser tes erreurs. Entre le festival sportif et les vilains qui essayent de te recruter, je suis assez surprise que tu te sois pas déjà fait expulser."
"Ouais, j'ai compris !" il marmonna sèchement, priant pour que sa classe ne puisse pas entendre tout ce sermon.
"Vraiment, Katsuki ? As-tu « compris » une chose de ce que j'ai dit ? Parce que t'as l'air de continuer à faire tout ce que tu veux. Même Eraser a une limite sur la quantité de conneries qu'il peut supporter. Il finira par en avoir assez de te défendre. "
Okay, ça, ça piquait un peu
"Et tu te demandes pourquoi je réponds pas à tes appels..." il signa tranquillement son propre arrêt de mort.
Il tendit les épaules et leva les bras avant même qu'elle ne bouge. Elle ne le frappait pas avec ses poings, ses coups étaient donc relativement inoffensifs, mais elle était toujours plus grande que lui et visait toujours la tête.
Il savait comment les bloquer ou les esquiver, connaissait les positions pour garder son équilibre, mais il ne se défendit pas. Ce n'était pas un combat, il ne pouvait pas commencer à réagir comme si s'en était un ou ses instincts pourraient lui faire faire quelque chose qu'il regretterait vraiment.
Alors il trébucha sur quelques mètres, avec des vibrations dans le crâne et un acouphène dans les oreilles.
"Je peux t'aider, Izuku ?" Son ton soudainement doux le frappa autant que le choc du nom prononcé. Putain de Deku-
"Je- euhh, je venais juste..." il bafouilla. "Pour vérifier… Enfin, voir si tu avais besoin de notes ou-"
"Ça va, putain." il grogna. "Retourne en classe, bordel."
"Hm, ouais, d'accord." il répondit maladroitement.
"Tu passeras le bonjour à ta mère pour moi !" demanda chaleureusement Mitsuki alors que la porte se refermait.
"Fouineur de merde." grommela Bakugo, lui valant une autre claque, moins agressive.
"Izuku travaille dur et se fait des amis parce qu'il n'insulte pas constamment ses camarades de classe."
"J'ai des amis." l'affirmation glissa toute seule, le surprenant autant que sa mère. Il ne pouvait dire si elle le croyait vraiment.
"C'est une bonne école, Katsuki." Elle avait soudainement l'air fatiguée, ressemblant presque à quelqu'un de son âge pour une fois. "C'est même le seul endroit qui me laisse espérer qu'on pourrait faire de toi un membre décent de la société. Alors ne fous pas tout ça en l'air."
Enfin, enfin elle repartit. Mais pas sans crier une dernière fois dans le couloir derrière elle. "Et réponds à ton putain de téléphone !"
Le couloir vide fit légèrement écho, rallongeant au maximum le cris de sa mère. Il finit par s'estomper, laissant place au léger bourdonnement de la climatisation et des néons fluorescents.
Plus il s'attarderait, plus le retour en classe serait gênant. Il décida qu'une entrée silencieuse ne serait pas fidèle à lui-même et attirerait plus l'attention que de simplement exploser violement la porte, comme à son habitude. Il l'ouvrit donc d'un coup de pied, bien que ce fut avec moins de panache que d'habitude. Il ne regarda pas sa classe, mais put sentir leurs yeux sur lui.
De toute évidence, ils en avaient au moins entendu une bonne partie. Deku avait ouvert la porte au milieu de la dispute, ce fouille-merde. Pire, quelqu'un avait-il vu? Être traîné en dehors de la classe par les cheveux était déjà assez embarrassant, mais si toute sa classe savait en plus qu'il s'était fait gifler par sa maman... Il ne pensait pas que son ego y survivrait.
Il tira agressivement sa chaise et s'y affala. Il finit cependant par manquer de crayons à ranger dans son sac et dut affronter le groupe.
"Wow, Bakugo, c'est pour ça que t'es si grincheux tout le temps ?" Elle s'appuya contre la table avec une expression espiègle sur le visage. "Tes parents ne t'ont pas fait assez de câlins ?"
"Va te faire foutre."
"Oooh, j'ai touché un nerf sensible ?" elle sourit. "C'est pour ça que t'es tout le temps si frustré ? Papa et Maman ne t'ont jamais appris à aimer ?"
"Tu sais que dalle sur mes parents, putain."
Les étincelles ne l'intimidèrent pas.
Elle se pencha un peu plus près, baissant la voix. "Je parie que ton père te frappe."
"Non !"
"Ouais, c'est ce que t'aimerais dire." elle taquina.
"Qu'est-ce qu'il y a avec les parents de Bakugo ?" Un public commençait à se former, pour regarder cette nouvelle élève oser provoquer le chef de meute.
"Il est tout le temps grincheux parce que ses parents ne l'aiment pas." elle déclara avec désinvolture. "Il tabasse des gosses à l'école pour compenser."
"Continue de dire de la merde, tu vas voir où ça va te mener !"
Les étincelles crépitantes se transformèrent en petites explosions.
"J'ai trop peur." elle se moqua. "Mais t'es à une bagarre de la suspension, n'est-ce pas ? Et ça rendrait papa et maman très fâchés. Ils t'enverraient sûrement au lit sans dîner."
"C'est pour ça que t'as dû quitter ton ancienne école ?" il retrouva finalement sa voix, déterrant la hargne que sa mère lui avait inculquée. "Ils en ont eu marre que tu sois une telle connasse ?"
Bien, elle la ferma. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce qu'il puisse aussi bien se battre avec des mots qu'avec des poings. Il pouvait tourner ça à son avantage.
"Ou peut-être qu'ils en ont juste eu marre de voir ton pif de piaf."
"Recourir à la vulgarité et à des insultes immatures. Très malin." Elle gardait une voix ferme, mais la douleur transparaissait. Ils commençaient à être à cour d'insultes lorsque la sonnerie retentie.
Ils avaient tous le visage de cette fille désormais. Cette même expression qui le transperçait. Cette pitié mal placée que son agression avait renforcée. Il détestait ça. Et bien sûr, Deku était toujours le pire de tous.
"Si tu trouves pas autre chose à regarder, je vais arracher tes yeux de ta putain de tête." il claqua, se satisfaisant du sursaut de surprise du concerné, qui détourna aussitôt son attention.
"On a réussi à trouver un accord concernant Midnight." Kirishima rompit le silence gênant avec charité. "On peut garder le sujet tant que Jirou et Momo l'écrivent, le présentent elles-mêmes, et disent à tout le monde que je n'y suis pas impliqué parce que j'ai pas mon mot à dire sur ce que les femmes peuvent porter ou non."
"T'as pas à te couvrir autant le cul, Tête d'ortie. Tout le monde sait que tu respectes les femmes."
"Baku-bro..." Kirishima rayonna. "C'est la chose la plus gentille que tu m'aies jamais dite."
Ça l'est probablement, espèce de merde. C'est ton meilleur ami et la chose la plus gentille que tu lui aies jamais dite c'est « t'es pas misogyne ».
"Tu vas aussi réclamer ta non-implication ?" demanda Jirou.
"Je m'en fous." Il grimaça intérieurement au son fatigué de sa voix.
"Je suppose que l'avis du public n'est pas quelque chose qui t'intéresse." songea Momo. "Tu n'as pas l'air de te soucier de ce que les autres pensent de toi."
"T'as tout à fait raison." il grommela, et putain il devait se ressaisir. Il sentit sa gorge se nouer et un sanglot étouffé s'en échappa. Il parvint à peine à le déguiser en toux étranglée.
Tu vas pas pleurer, espèce de merde, c'est pathétique. Bouge-toi, bordel.
"Ça va, bro ?" demanda prudemment Kirishima.
"Magnifiquement bien." il claqua, priant pour que le temps avance plus vite afin que l'horloge puisse mettre un terme aux dernières secondes du cours.
"Mec, moi qui pensais que mes parents étaient affreux ! Ce qu'il s'est passé était irréel." Kaminari abandonna son groupe pour sauter derrière Kirishima. "Ta mère pourrait même être plus effrayante que toi."
"Va te faire foutre, crétin."
"La ressemblance est frappante." répondit Kaminari avec une stupéfaction simulée.
"Retrouvons-nous dans la salle commune après les cours." suggéra Momo avant que l'antagoniste croissant ne devienne incontrôlable. "Nous pourrons te faire rattraper ce que tu as manqué et nous nous organiserons."
"Ouais, peu importe." Il repoussa son cahier et réussit à se précipiter à mi-chemin de la sortie lorsque-
"Bakugo."
Il n'avait jamais autant voulu fuir Aizawa qu'à cet instant.
"Reste. J'ai besoin de te parler."
Merde
Le temps que la classe se vide, il eut le loisir d'imaginer une douzaine d'endroits où il aurait préféré être.
"C'était une conversation agressive." Aizawa était impassible, le visage aussi illisible que d'habitude.
"Et ?" Bakugo le défia de continuer. Eraser était odieusement inflexible.
"Que s'est-il passé dehors ?" il demanda sans détour.
"Rien que vous n'ayez jamais vu." Bakugo fourra ses poings serrés plus profondément dans ses poches et s'efforça de regarder son professeur dans les yeux.
"Durant la visite chez toi," déduit Aizawa. "J'ai choisi de ne pas intervenir parce que tu allais de toute façon aménager dans les dortoirs. Les relations entre parents et enfants s'améliorent souvent d'elles-mêmes lorsque l'enfant déménage. Ça ne semble pas être ton cas."
"Ça va." il insista avec obstination.
"Non."
Il... ne savait pas trop quoi dire face à ça. Alors il resta silencieux, pour une fois.
"Les deux seules fois où j'ai vu ta mère, elle t'a frappé, et là elle te traine hors de la classe par les cheveux." déclara Aizawa. "Ce n'est pas signe d'un foyer sain."
"Allez vous faire voir." Bakugo grogna, la colère rattrapant finalement le choc.
"Tu ne veux rien ajouter ?" Le vétéran héros resta impassible.
"Vous venez de dire que je vis plus là-bas de toute façon, alors ça concerne qui si ma mère est odieuse ?"
"Ça me concerne si mon élève est maltraité."
Tout l'air quitta ses poumons, comme s'il venait d'être frappé.
"On se dispute juste beaucoup, c'est pas si grave." Ça semblait incertain, même pour lui.
"As-tu seulement déjà essayé de répliquer ?"
Le silence se prolongea bien trop longtemps avant qu'il ne réponde. "Ce que je fais vous regarde pas."
Il s'enfuit trop vite pour que ce soit autre chose qu'une retraite.
Les cours était heureusement terminés pour la journée. La plupart des étudiants allaient bientôt dîner, ce qui lui donnerait l'occasion parfaite de se glisser dans sa chambre et "d'oublier" la session de travail de Momo.
*Vilain boueux : Hedoro Viran en japonais, Sludge villain en anglais et Le Gluant en français. J'ai décidé de ne pas utiliser la traduction française officielle ici parce que le ton humoristique qui lui est propre ne convient pas à l'histoire.
