Derbyshire, Angleterre 2013 -
Amelia Armelyn Lys Jade de Villiers, c'était son nom, mais généralement on s'arrêtait à Amelia voir Amy pour les intimes. La jeune femme sortie de la douche en enroulant une serviette autour d'elle. Elle essora sans ménagement ses longs cheveux ébène. Son téléphone vibré frénétiquement sur le lavabo, la lettre L s'afficher en gros sur l'écran. Elle souffla est décrochant en enclenchant le haut-parleur.
- Qu'est ce que tu veux ? demanda-t-elle sans réel intérêt.
- Réunion de dernières minutes, fit une voix grave et masculine
- Je suis occupée.
Elle essuya le miroir du revers de sa main et se trouva confrontée à son regard vert perçant. Un cocard s'étalait sous son œil droit et sa couleur violacée contrastait dangereusement avec à pâleur de sa peau.
- Je crois que tu ne vas pas avoir le choix ma belle alors bouge tes fesses et habille toi, répondit la voix d'un ton taquin en raccrochant.
L'ébauche d'un sourire se dessina sur ses lèvres. C'était certainement la seule personne sur terre à pouvoir lui parler ainsi. Louis son coéquipier, enfin son dernier coéquipier avant ça ils appartenaient à une équipe de six personnes. Malheureusement au fils des années, les uns après les autres, ils étaient tombés. Ces personnes qu'elle considérait comme sa famille, elles les avaient enterrés, chacun jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Louis et elle.
Sa véritable famille c'était autre chose, pour eux elle était une sale petite chose qui entachait leur réputation. Elle était la fille bâtarde de la seule héritière d'une des plus grandes et anciennes familles anglaise. Sa mère ne s'était jamais mariée, n'avait eu qu'elle et voilà que maintenant elle était malade. Amelia passait la voir de temps à autre depuis que son état de santé l'avait interné à l'hôpital. C'était une femme très douce, jamais vraiment ancrée dans la réalité. Elle aimait sa fille, mais parfois elle ne se souvenait plus de son existence, elle avait ses moments bien à elle ou son esprit était ailleurs. Il s'est avéré en fait qu'elle avait une maladie dégénérescente qui touchait son cerveau, un jour elle oublierait simplement de respirer et ce sera la fin. Les médecins n'étaient pas optimistes, il n'y avait pas de traitement.
À part cette situation familiale peu enchanteresse, Amelia aurait pu être une jeune femme tout à fait ordinaire, mais alors ça aurait été trop simple.
Non au lieu de cela elle était née avec un QI supérieur à la moitié. Le hasard à voulut que 3 ans après sa naissance le MI6, l'agence de service secret anglait, a lancé le projet « Eureka ». Ce projet consistait à créer une armée de super espion. Certes ce n'était pas vraiment l'idée de siècle et certains pays avaient déjà une belle longueur d'avance sur eux, mais selon une étude récente de nombreux enfants étaient dotés dès la naissance d'une intelligence supérieure. Cependant en grandissant dans des milieux lambda, ils finissent par perdre leur don. L'expérience était donc de recruter de jeunes enfants démontrant des facultés intellectuelles hors normes et de les conditionner pour en créer des armes humaines capables de tout. Enfin ça c'était le pitch initial, cependant l'erreur humaine étant toujours possible l'équipe de 6 enfants finissait sur un couple de jeunes adultes totalement inadaptés au monde réel, mais très doués sur le terrain.
Amelia enfila son uniforme, elle essayait de ne pas penser à eux ni à sa mère. Le secret c'était de se détacher émotionnellement de tout ce qui pouvait la déconcentrer. Elle quitta son domaine et rejoignit la base opérationnelle à l'aide de sa moto. Louis l'attendait devant la bâtisse appuyée sur le mur, ses cheveux châtain scintillaient au soleil.
- Il nous envoie où cette fois ? demanda-t-elle.
- Aucune idée, on ne m'a encore rien dit.
C'était ainsi, les missions s'enchainaient sans vraiment se distinguer les unes des autres.
Elle partirait douze heures plus tard pour l'Australie afin de prendre connaissance des recherches d'un éminent scientifique au nom compliqué. Elle n'était pas hypermnésie, mais rien qu'un coup d'œil à ses documents, elle ou Louis pourront les reconstituer, lettre par lettre, à leur gouvernement.
Avant son départ elle passa voir sa mère, Eleonor, à l'hôpital. Elle entra dans la chambre, et s'assit doucement à côté du lit.
- Salut maman.
La femme trop mince qui était allongée ne cilla pas, son regard se perdait au loin et elle ne semblait pas avoir conscience de la personne qui se tenait à côté d'elle.
Amélia ne dit rien de plus, elle se contenta de changer les fleurs sur la table de nuit. La jeune femme s'apprêta à sortir quand sa mère la reteint par le bras.
- Maman ?
Eleonor tourna alors son visage vers sa fille.
- Mon bébé
Amélia se retient de lever les yeux au ciel.
- Je n'aime pas leurs regards, dit la femme.
- À qui ? questionna sa fille.
- Aux docteurs, il n'y a que de la pitié dans leurs yeux.
- Oui je m'en doute, souffla Amelia peu intéressé.
- J'ai quelque chose pour toi.
La jeune femme haussa un sourcil, sa mère délirait encore ou était-elle sérieuse ? La main d'Eleonor glissa sur le poignet de sa fille pour le prendre sa main, elle y déposa alors une petite clé en argent.
- C'est la clé de tes tiroirs de bureau ? À la maison ?
- Oui il y a une lettre pour toi, tu sais pour le moment où je ne serais plus là.
- Ne pense pas à ça.
- Je ne suis pas idiote ma chérie, elle prit une inspiration, je le sens tu sais.
Amélia eut un rictus, ne pas y penser, se dit-elle en serrant les dents.
- Je vais devoir y aller Maman, ne les fait pas tourner en bourrique en mon absence.
- Au revoir ma chérie.
Elle lui embrassa le haut du crâne et sortit de la chambre pour préparer son départ.
La jeune femme rentra chez elle, saisit une sorte de sac de sport noir. Dedans, il se trouvait tout ce qu'elle pourrait avoir besoin lors de sa mission, des armes, du change et des barres de chocolat. Certes les barres de chocolat n'étaient pas indispensables, mais c'était un peu son péché mignon.
- Tu es prête ? demanda une voix derrière elle.
Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qui était son interlocuteur.
- Faut-il encore que je change les serrures ? dit-elle avec une moue blasée.
- Tu sais bien que ça ne servirait à rien, lui répondit son ami taquin.
Il s'approcha d'elle est posa ses mains sur les hanches gracieuses de son amie.
- Louis, dit-elle sur un ton d'avertissement.
- Faut qu'on y aille Amy, tu es avec moi ? demanda-t-il d'une voix douce.
- Toujours.
- Et ta mère ?
- Comme d'habitude, on y va ?
Elle se retourna et fut confrontée au regard vert bleu du grand brun. Il couvrirait ses arrières et elle en ferait de même comme toujours.
