Chapitre 2 :

La nuit était tombée, tout le monde dormait sauf moi. En même temps, difficile de dormir près de la tente de Bill Williamson, ce personnage assez grotesque qui m'ignorait depuis le début de notre rencontre. Il ronflait comme un ours, et même en mettant ma couverture par-dessus ma tête, il m'était impossible de dormir. Je regardai autour de moi, il y avait Mary-Beth qui dormait paisiblement et Karen dormait la bouche ouverte. Elle avait encore bu et je remarquai qu'elle devait avoir un souci avec l'alcool. Mary-Beth m'avait dit que c'était à cause de Sean, un membre du gang, et qu'elle était amoureuse de lui, sauf qu'il était prisonnier à Blackwater. J'ai entendu Dutch dernièrement parlant à ses gars pour aller le récupérer.

Alors que mes yeux n'arrivaient toujours pas à se fermer, je remarquai à l'extérieur de la tente Miss Grimshaw, fusil en main, en train de dormir... ou pas, puisqu'elle me fixait avec ses grands yeux brillants dans la nuit, telle une louve qui garde ses petits. Elle m'impressionnait beaucoup et était respectée par les membres du gang, de ce que j'en savais. Je clignais des yeux, mais je pense qu'elle devait dormir les yeux ouverts. Quelle étrange femme !

Je pensais à Arthur Morgan. Il faut dire que la veille, il ne m'avait pas laissée indifférente. Je me disais alors qu'il serait temps d'aller le remercier, puisque je n'avais pas sommeil, je voulais aller le voir tout de suite. Je m'habillais d'une simple robe de nuit, assez couverte car je suis frileuse, et je me dirigeai pieds nus vers sa tente fermée. Timide, je me disais devant sa tente qu'il devait sans doute dormir. J'ouvris doucement la tente et je vis alors son visage endormi, main sur son revolver. Les hommes ici dorment même avec leurs armes ! Cela ne m'étonnait qu'à moitié, j'ai tendance à ne plus penser que le gang est recherché et que j'en fais partie...

Son visage était beau, il était si beau endormi. Mon regard se tourna vers ses affaires et je vis alors des cadres avec des photos. Je décidai de m'en approcher et je vis alors une jeune femme très belle en portrait. Mon coeur se serra un peu. Je vis un chien et je crus reconnaître lui étant jeune ainsi que Dutch et Hosea ! Abasourdie par ma découverte, mon coeur s'arrêta soudain.

- Hey. Qu'est-ce que vous faîtes ici, Miss Garnier ?

Je me tournai vers Arthur qui était assis sur son lit de camp, ses petits yeux signaient qu'il venait de se réveiller, il n'avait toutefois plus la main sur la gâchette. Toute gênée, ravalant ma salive, je balbutia.

- J-Je, j-je... E-Excusez-moi... J-Je... J-Je voulais juste v-vous remercier...

- Les français réveillent les gens en pleine nuit pour les remercier ? Haha.

Il se leva, et je vis alors dans la lumière de la torche qu'il était en fait assez grand. Il était bien bâti, impressionnant comme un ours et je ne pouvais m'empêcher de devenir rouge devant son regard curieux. Je balbutiai encore mais il me coupa.

- Venez. Je n'aime pas trop qu'on entre dans ma tente sans que j'invite.

Rouge de honte, je le suivis au pas de course et il alla s'installer sur une chaise, devant le feu de camp. Nous étions tous les deux, il se servait du café et m'en proposa une tasse. Je hochai ma tête en guise de confirmation et je pris la tasse chaude entre mes mains.

- Merci. Dis-je d'un souffle.
- Vous allez bien, Miss Garnier ? Pas trop dépaysée ?

Il semblait tellement à l'aise et moi, j'étais toute timide et je semblais cruche face à lui. C'était comme une montagne face à une butte.

- O-Oui... M-Merci... Le p-paysage est beau... A-Alors... V-Vous allez bientôt récupérer Sean ?

- Ouais... dit Arthur d'un air blasé.

- E-Encore quelqu'un du groupe que je vais découvrir.

- Oh, vous ne ratez rien, c'est un jeune insouciant. Si je vais le chercher, c'est uniquement parce que Dutch me la demandé.

Je fronçais les sourcils, j'avais l'impression qu'il était un peu dur. Je ne connais pas Sean, ni encore moins Arthur, mais je sentais en lui comme s'il se protégeait d'une carapace.

- Vous resterez avec nous, alors ? rajouta Arthur.

- O-Oui... S-Sauf si vous voulez que je m'en aille... dis-je en baissant la tête.
- Ah non, c'est pas ce que je sous-entendais. Disons que nous ne nous connaissons pas bien et que nous pourrions faire plus amples connaissances. Pas devant une tasse de thé dans un pub, mais par exemple, maintenant, devant cette tasse de café qui va refroidir si vous ne la buvez pas rapidement.

Il avait raison, je bus alors délicatement ma tasse en souriant de honte. Comme je ne répondais pas par timidité, il rajouta.

- Vous voulez faire quoi dans ce pays qui tombe dans la modernité ?

- J-Je... P-Pour l'instant, c'est délicat... M-Mais j'aimerai devenir femme de lettres... J-Je sais lire et écrire, dessiner aussi...

Ce que je disais semblait intéresser Arthur. Il m'écoutait avec curiosité, ses yeux brillaient dans le feu du camp, c'était la première fois qu'un homme m'écoutait ainsi, comme si je disais quelque chose d'intelligent.

- Moi aussi, j'écris... Je dessine un peu aussi. Ca nous fait un point commun.

Quand il me fit un clin d'oeil, mon coeur se balança dans tous les sens. Il avait un charme fou. Je déposais ma tasse vide sur l'herbe, puis, comme à mon habitude, je me rabaissais.

- Je ne sais par contre pas tirer comme vous ni chasser comme vous... Toute seule, je me serai déjà faite manger ou pire autre atrocité...

- Ecrire, lire, dessiner, ça s'apprend. Tout comme tirer et chasser... Vous n'avez jamais toucher à une arme ?

- N-Non, jamais. Répondis-je rouge de honte.

- Je vous apprendrais, c'est promis.

Je soufflais en reprenant mon souffle. Arthur Morgan allait m'apprendre à tirer et à chasser ! C'était le seul de la bande à m'avoir proposé cela en quelques mois. Je me mordais les lèvres.

- Je ne suis pas douée du tout, je vous ferai perdre votre temps...
- C'est des conneries, ça. Vous savez monter à cheval ?
- Non plus...

- Tout s'apprend, Miss Garnier. Avec du temps et de la patience, et j'en ai. Je sais que vous avez besoin d'aide, ça se voit dans votre regard. Alors, je vais vous aider.
- Pourquoi moi...? dis-je le coeur battant.
- Vous posez trop de questions. On attaque à l'aube. Charles veut aller chasser le bison, vous viendrez avec nous. Et là, tout de suite, on va aller voir Dante.
- Q-Qui est...?

- Mon cheval.

Mon coeur s'arrêta net. J'avais un peu peur des chevaux depuis une mauvaise expérience en balade à Paris. Depuis, ces animaux pourtant nobles m'impressionnaient beaucoup. Je suivais Arthur de près, remettant mes cheveux longs en place et je vis sa monture, un magnifique cheval bai foncé avec des tâches blanches un peu partout sur le corps. Il hennit en voyant son cavalier, Arthur le caressa d'une main ferme. Puis, il me tendit les rênes. Je restais hébétée avec les rênes en mains, Arthur remettait son chapeau en place et me montra un chemin.

- Guidez-le jusqu'au chemin pour commencer, familiarisez-vous avec lui, ça lui donnera confiance en vous et vous en lui. Je vous rassure, il va pas vous manger, c'est un fidèle destrier.

Je tenais les rênes en tremblant en menant le cheval, jusque-là, c'était assez simple, le cheval me suivait et Arthur restait près de moi. Puis, Arthur pris les rênes de mes mains et les remis par-dessus la tête du cheval. Là, il monta sur son destrier tel un cowboy et je le regardai avec des yeux brillants. Il me tendait la main.

- Prenez ma main, on fait une petite balade. Rien de méchant, je vous assure.
- M-Mais...

- Y a pas de mais. dit-il en secouant sa main vers moi.
Je pris alors sa main et je me sentis voler hors du sol, il avait une telle force qu'il réussit à me faire grimper et je pus me mettre à l'arrière de son cheval, tenant ses hanches pour ne pas tomber. J'étais de plus en plus rouge et j'espérais que cela ne se voit pas. Arthur me regarda avec un sourire au coin.

- Ca va, Miss Garnier ?

- O-Oui... P-Pour l'instant... Q-Que du pas hein...?

- Oui, oui... dit Arthur en faisant déjà avancer le cheval avant que je ne parle.

Nous descendions tranquillement le chemin de terre, j'avais un peu froid mais je me calais contre le dos de Arthur et mon coeur battait la chamade, j'espérais qu'il ne le sente pas. Il semblait tellement à l'aise et moi, j'avais vraiment l'air d'une cruche. Javier Escuella était de garde et nous regardait avec des yeux ronds.

- Arthur, Miss Garnier ! Bonne balade ?!

- Merci, Javier. On ne va pas loin, c'est juste une découverte.

Javier fit un signe de salut envers nous et je souris tendrement pour la première fois. Le son des sabots était doux au sol, cela n'avait rien à voir avec les calèches à Paris, très bruyantes ou à l'embuscade de Blackwater où ça courait dans tous les sens. En bout de chemin, Arthur tourna sa tête vers moi.

- Ca va toujours derrière ?

- O-Oui, Monsieur Morgan...

- Appelez-moi Arthur.

- A-Alors... Appelez-moi Ali... C-C'est mon surnom...

- D'accord, Ali. Et si nous passions à la vitesse supérieure ?
- D-Doucement, promis ?
- Promis, accrochez-vous juste un peu plus à moi.

J'obéis aussitôt, ne voulant pas le décevoir et le cheval partit au trot en hennissant un peu. Là, il commençait à s'emballer un peu en changeant d'allure, du trot au petit galop mais Arthur le retenait très bien et respectait ma demande, ce qui me toucha au coeur. Alors, courageuse et me sentant bien avec lui et surtout contre lui, je lui demandais alors de partir au petit galop. Tel un cowboy criant l'ordre à son cheval, l'équidé partit au petit galop et je rebondissais beaucoup à l'arrière mais je m'accrochais à Arthur et finalement, la balade était magique sous la lune et les étoiles, on n'entendais que le bruissement des sabots au sol et pour la première fois, j'appréciais une balade à cheval.

Arthur fit demi-tour de manière sèche, ce qui fit remonter la tête du cheval au galop et nous remontions tranquillement en passant au trot sur le chemin du retour. Nous remontions la côte et Javier nous refit un signe de salut. Arthur s'arrêta devant la barrière et me regarda.

- Vous allez toujours bien, Ali ? Vos impressions ?

Toute tremblante à l'arrière à cause des émotions, je soufflais de bonheur en le regardant dans les yeux, plongeant mon regard dans son océan de yeux bleus. Je posais alors ma tête sur son dos, caressant sa hanche de manière tendre.
- Merci, Arthur. C'était une belle balade pour un début... Et vous avez respecté ma demande... Je vous remercie beaucoup...

Il prit ma main et me fit descendre doucement avant de descendre lui-même également de cheval. Il attacha son cheval à la barrière et je sentis son regard posé sur moi tendrement.

- Prochaine étape, le tir. Le soleil va se lever. Allez vous préparer, je viens vous chercher.
J'acquiesçais avec enthousiasme. Même s'il fallait chasser un bison et que je n'en étais pas capable, je serai au moins avec Arthur. Mon coeur battait si bizarrement dans ma poitrine et mon ventre faisait des gargouillis. Je liai cela à la balade et aux secousses sur le cheval mais je sentais en moi grandir un amour attendrissant envers cet homme. Depuis le début, à chacune de nos rencontres, c'est comme s'il me protégeait.

Je courus vers la tente et je vis Mary-Beth déjà debout, Karen toujours endormie et malheureusement, je vis aussi Miss Grimshaw me regarder d'un sale oeil.

- Vous irez faire la lessive ce matin, Miss Garnier. M'ordonna-t-elle. Je balbutiai.
- C-Ces-à-dire que... Q-Que Monsieur Morgan... V-Veut que j'aille avec lui et Charles c-chasser le bison ce matin...
- Vous, chasser ? Ne me faîtes pas rire, vous êtes déjà une piètre laveuse de vêtements, vous ne savez pas cuisinez, alors, aller chasser, et en plus, avec des deux-là...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Arthur pointa sa tête dans notre tente et me regarda.

- Prête, Miss Ali ?

Miss Grimshaw ainsi que Mary-Beth me regardèrent avec de gros yeux. J'étais toute rouge, honteuse de me faire passer un savon par cette sorcière et une fois de plus, Arthur vient en héro me sauver de cette fâcheuse situation. Je le regardai avec des yeux emplis de reconnaissance, m'habillait d'un pantalon en jean, de bottines, d'un chemisier et je fis signe à Mary-Beth et Miss Grimshaw, surtout devant l'air choqué de la sorcière. Je suivis Arthur au pas de course puis il marcha près de moi, me regardant avec un grand sourire.

- On dirait que je vous épargne la corvée des autres femmes, aujourd'hui.

- J-Je ne me rappelais plus que c-c'était jour de lessive aujourd'hui... Comme tous les jours, d'ailleurs mais... Je suis encore en émotion depuis tout à l'heure...

- Vous allez vous habituer vite aux chevaux, ce sont de braves bêtes que nous avons en plus.

- Je n'aime pas vraiment monter à cheval, c'est pas trop mon truc... Je préfère être dans le chariot plutôt que sur le cheval.
Arthur s'arrêta soudain et regarda le chariot vide, près des chevaux en train de brouter.

- Vu la taille des bestiaux que nous allons chasser aujourd'hui, on va prendre plutôt le chariot. Vous voulez conduire ?
- N-Non, j-je ne sais pas...

Arthur me regarda avec ses yeux magnifiques. Il ne me forçait en rien et je dois dire que c'était rare chez les hommes ces jours-ci. Il était bon et loyal. Je montais alors sur le chariot, Arthur en cocher, et Charles nous rejoignit. Je ne l'avais même pas vu arriver qu'il s'installa à l'arrière dans le chariot.

- Salut, Charles. Fit Arthur. On va sur les plaines, c'est ça ?

- Oui, Arthur. Bonjour, Miss Garnier. Fit-il en me faisant un hochement de tête. J'ai vu des bisons par là-bas lors de ma dernière balade dans le coin. Ils sont nombreux, nous n'en chasserons qu'un seul et proprement.

J'appréciais beaucoup Charles. Il respectait aussi les animaux et bien que je n'aime pas la chasse, je savais que mes deux camarades ne faisaient aucun mal à un animal, pas comme cette ordure de Micah que j'ai vu la dernière fois en train de tirer sur des lapins juste pour le plaisir, laissant leurs cadavres pourrir près du camp. Je pense que Arthur n'aime pas non plus Micah Bell, je ne sais pour quelle raison, mais de toute façon, c'est un personnage détestable.

Nous arrivions sur les plaines et je pus observer avec admiration les nombreux bisons. Arthur descendit le premier, l'arc à la main, une flèche dans l'autre, je le suivis et Charles scrutait le sol à la recherche d'autres animaux. Arthur me regarda, tout en scrutant aussi les bisons de loin. Il vit un petit lapin sortir de son terrier.

- Observez, Miss.

D'un coup, sans que je ne puisse réellement observer puisque tout était allé si vite, le lapin avait déjà une flèche sur son corps, un petit cri était sorti de sa bouche. Arthur alla vite le récupérer et le déposa sur le chariot. Il me regarda dans les yeux.
- Vous n'avez pas bien regardé, n'est-ce pas...?

- C-Ca a été un peu trop vite pour moi, Arthur... Dis-je, rougissant de honte.

Arthur se mit derrière mon dos, je soufflais comme un boeuf tellement j'étais rouge et mon coeur battait trop fort, puis il posa entre mes mains l'arc et la flèche, donnant la position de chasse. Charles avait réussi à faire approcher un bison d'assez près, et là, mon coeur a bondit. La flèche était partie, toute droite, en direction du bison et toute droite en pleine tête. Le bison s'écroula au sol. Arthur ria en me tapotant le dos, je basculais un peu en avant.

- Haha, bravo Miss Ali, magnifique !

- Bravo, Miss Garnier. Fit Charles en me souriant.
Nous coururent jusqu'au corps du bison et je remarquai en tremblant que le pauvre animal n'était pas mort. Arthur soupira, me regarda, et me tendit le couteau, prenant ma main en-dessous de la sienne.
- Je vous apprend à dépecer...

- N-Non, l-la vue du sang me...

Je n'eus pas le temps de le contredire que le couteau tua d'un coup le bison et j'étais en train d'arracher sa fourrure avec Arthur. J'étais pâle, je regardai alors Arthur avec dégoût et en même temps avec compassion. Il soupira.
- Des fois, il ne faut pas laisser les choses s'envenimer... Ce pauvre animal souffrait, je ne pouvais pas vous laisser dire non et attendre son agonie. Il fallait en finir maintenant. Ce sera tout pour aujourd'hui. Je vous apprendrai à tirer avec un revolver plus tard. Laissons reposer les émotions.

Je ne disais rien et pourtant, pleins de pensées me gagnèrent la tête. Je n'avais jamais tué un animal de ma vie et encore moins de cette ampleur et je n'avais jamais non plus arracher la fourrure ni les cornes... Toutefois, au fond de moi, je me sentais courageuse... Comme l'était Arthur. Je crois qu'il essaie de faire développer un potentiel que je cache au fond de moi, par manque de confiance en moi. Et le pire dans tout ça, c'est que cela marche.

En début d'après-midi au camp, j'avais retrouvé Miss Grimshaw presque maintenant respectueuse envers moi, peut-être hypocritement... Mary-Beth me regardait avec tendresse et presque avec joie. Etait-ce le fait que je me rapprochais de Arthur Morgan ?

Alors que je finissais la lessive, je voyais Arthur s'approcher de Kieran, le jeune O'Driscoll ou je ne sais d'où il vient. Nous l'avions récupérer dans l'ancien camp et il nie appartenir à cette bande de hors-la-loi. Pour le moment, il restait donc prisonnier dans notre camp, attaché à un arbre et mort de faim. Cela me rendait triste pour lui. Je vis alors Arthur s'approcher de lui. Il lui parlait. Entendant le ton monter, je laissais tomber ma lessive devant les yeux exaspérés de Miss Grimshaw et ses soupirs et j'approchais de Arthur et de Kieran. Le jeune O'Driscoll me regarda avec des gros yeux, quand Arthur se retourna et me vit.

- Quoi ? fit-il d'une voix rauque et impressionnante. Il semblait jouer les gros durs mais je détestai le harcèlement. Je prenais mon courage à deux mains.
-A-Arthur... et si vous laissiez Kieran tranquille... Venez, je voudrais vous montrer quelque chose.

Arthur me faisait aussi les yeux ronds, regarda Kieran et pendant que je tournai le dos pour aller dans ma tente, je sentais qu'il me suivait et qu'il soupirait. J'entrai dans ma tente et je ressorti avec un livre. Je m'asseyais sur le tronc d'arbre et invita Arthur à s'asseoir près de moi, ce qu'il fit. Il enleva son chapeau, se gratta les cheveux et le remit sur sa tête. Il sortit une cigarette, l'alluma et la fuma. Sortant une bouffée de sa bouche, j'ouvris le livre.

- Il ne faut pas vous mêler de choses qui ne vous regardent pas, Ali. Dit-il de manière à vouloir m'impressionner.

- Je déteste le harcèlement, Arthur. De ce que je sais, ce garçon ne vous a rien fait. Inutile donc de le martyriser.

Il voulut m'interrompre en grognant mais je le regardais droit dans les yeux.

- Cela ne vous convient guère de jouer les gros durs. Vous êtes bon au fond... je le sens.

- Mmm.

Il ne me répondit pas mais je savais qu'au fond, il se remettait en question.

- J'ai tué pleins de gens... des fois pour rien... Je ne suis pas bon du tout...

- Si, Arthur. Moi, je le sens... et je le sais...

Ma main se posa sur la paume de la sienne. Il ne se dégagea pas et me regarda dans les yeux. Je plongeai mon regard dans le sien, le coeur battant. Puis, je me rappelai le portrait de la femme dans sa tente. Je retirai ma main.

- Q-Qui est-ce au fait...? Le portrait... de la femme...?

- Oh... Une... C'est rien. Juste... une histoire ancienne.

Il baissait les yeux, j'eue mal au coeur sur le coup car il semblait devenir triste tout d'un coup. Alors, je repris sa main tendrement.

- Vous vivez dans le passé, Arthur...? On m'a toujours dit qu'il fallait aller de l'avant et ne pas regarder en arrière... c'est pour ça que je suis dans ce pays... Car je crois au progrès, surtout en tant que femme...

Il me scruta alors, regardant mes épaules puis ma bouche et mes yeux. Je caressai sa main tendrement, comme si à mon tour, je le protégeais. Il se cachait sous une carapace mais je savais au fond qu'il était très bon dans son coeur. Il me dit alors qu'il devait aller chercher Sean, je lui disais alors au revoir. Quand il revint sans Sean, puisque apparemment, personne n'était parti le chercher, je remarqua alors dans sa tente qu'il manquait le portrait de la femme. Je le vis alors sortir de sa tente, puis m'observer au loin alors que je servais la nourriture. Il me regardait avec des yeux remplis de tendresse et son sourire fit battre mon coeur tel un tambour, telle une douce musique et je repensais à aujourd'hui, tous ces bons moments passés ensemble, à apprendre, à profiter, écoutant les chansons de Javier et secouant doucement ma tête au rythme de la musique. Je sentais en moi un bonheur naissant et surtout un amour naissant envers Arthur.