Disclaimer : les personnages de cette histoire sont TOUS à JK Rowling.

Couple : je place un HP/DM mais très léger, plus sous-entendu et qui se développera seulement à la fin

Petit post it : Bonjour à vous ! J'ai décidément une chance incroyable. Malgré mes publications assez aléatoires dans le temps, vous êtes là, vous revenez, vous lisez, vous commentez, vous followez ! Vous méritez, chers lecteurs lectrices, une hola rien que pour vous ! Hoooooooooolaaaaaaa ! Et un grand merci, évidemment ! Merci aussi à ceux qui sont venus lire, qui ont même favorité cette histoire, et même si vous n'avez pas laissé de messages. (n'hésitez pas hein, cela dit, je ne mords pas ! hihi)

En tout cas, voici la partie 2/3. Enfilez un bon pull, restez au chaud et bonne lecture !


PARTIE 2 : LA GRANDE COURSE DE BALAI.

Le premier jour en Suède permettait aux équipes de s'installer. Aux abords de Kopparberg qui servait de point de départ, une ancienne mine de cuivre à flan de montagne d'apparence délabrée aux yeux des moldus, abritait en vérité un luxueux hôtel de plusieurs étages. Chaque participant à la course avait pour lui et ses accompagnants une grande suite aménagée de plusieurs chambres. Au rez-de-chaussée de cet immense complexe se trouvait le restaurant et une belle salle de conférence dans laquelle était prévue plusieurs réunions et points presse avant le départ.

Harry et les Weasley faisaient le tour de leur suite. Le médicomage qui avait fini par leur faire comprendre qu'il s'appelait Gustav, s'installait déjà dans la plus petite chambre avec son matériel. Draco Malfoy était encore au rez-de-chaussée pour une conférence visant à donner toutes les informations à la presse pour lui permettre de suivre la GCB dans de parfaites conditions.

- La vache c'est grand de partout !, s'extasiait Ron en ouvrant une nouvelle porte.

- Bien, celle-ci c'est la mienne, lança Charlie en le bousculant pour entrer.

Il laissa tomber sa valise sur le lit sans attendre. Harry rigola en approuvant et se décida à son tour pour une chambre dans les tons bleus. Il défit son sac mettant d'un côté ce qu'il pourrait emmener avec lui sur son balai et ce qu'il laisserait à l'hôtel. Avec la tenue prévue pour les grands froids qu'il portait, il n'avait pas trouvé la température extérieure si basse en arrivant. Mais il ne doutait pas que en hauteur, sur son balai lancé à pleine vitesse, les choses seraient quelques peu différentes. D'autant que le parcours leur faisait remonter toute la Suède jusqu'au nord d'Arjeplog, à quelques kilomètres du cercle polaire.

Sur les conseils des encadrants du jeu, il avait donc prévu une tenue complète de rechange qu'il plaça dans sa bourse en peau de Moke offerte par Hagrid quelques années plus tôt. Il y mit également son nécessaire pour réparer son balai. En tant que coach de vol, Ginny possédait également tous les outils et même un balai de rechange pour accompagner Harry. Mais il ne pourrait en bénéficier qu'aux trois ravitaillements prévus tous les cent-cinquante kilomètres environ.

Après une très courte réflexion, il ajouta la petite peluche de Teddy dans sa bourse. Le jeune homme, qu'il considérait véritablement comme son fils, lui manquait terriblement. Hors de question de ne pas l'avoir un peu avec lui. Tout ce qui vint ensuite compléter sa panoplie était de quoi boire ou manger. Il hésita à prendre le petit carnet qu'il s'était constitué avec les indications d'Hermione mais il doutait avoir le temps de le relire en pleine action. Malgré tout, il le laissa tomber dans le sac sans fond.

- Malfoy vient d'arriver, l'avertit soudain Ron qui entrait dans sa chambre.

Depuis leur arrivée, Harry n'avait pas eu l'occasion de parler à l'ancien Serpentard. Il n'était pas certain que ce soit bien utile d'ailleurs. Il suivit pourtant son ami dans le petit salon de la suite. Charlie discutait déjà avec le reporter.

- Et tu fais ça depuis quand ?

- Cinq ans, répondait Draco.

- Je ne te savais pas écrivain, railla Ron en les rejoignant.

- La liste est longue de ce que vous ne savez pas de moi, répliqua le blond.

Ginny s'interposa aussitôt.

- Même si c'est évident qu'on est tous très content de se retrouver après tant d'années, je propose qu'on évite toutes sortes de remarques déplaisantes. Harry doit rester concentré et j'imagine que les suédois tiennent à leur hôtel. Donc on range les baguettes et les insultes et on va tous se reposer.

Intérieurement, Potter se félicita d'avoir choisi la femme la plus autoritaire qu'il connaisse comme coach. Avec elle, il pouvait être tranquille. Ron haussa les épaules et s'installa dans un divan avec Charlie pour étudier une fois encore le parcours de cinq-cents kilomètres. Gustav s'approcha tout sourire vers Harry, lui faisant comprendre qu'il devait de nouveau l'examiner. En soupirant, le brun le suivit dans son cabinet improvisé. Ce n'est que lorsqu'il s'installa sur la chaise désignée par le médicomage qu'il vit que Malfoy était là aussi, appuyé sur le chambranle de la porte de la petite pièce.

- Combien d'examens as-tu à faire ?, demanda-t-il posément.

Si Potter eut la brève intention de lui dire que cela ne le regardait pas, il se souvint des paroles de Ginny et surtout que le blond était là en tant que reporter. Sa question, somme toute badine, pouvait tout à fait lui permettre de gonfler un article sur l'organisation de la GCB.

- Chaque matin et chaque soir jusqu'au départ. Mais comme il ne parle pas anglais, je ne pourrais même pas te dire ce qu'il vérifie exactement.

- Pas grave, je le sais moi, annonça Draco d'un air suffisant.

Gustav tournait autour du brun, plaçant sa baguette à différents endroits et récupérant ainsi certaines informations.

- Comment ça, tu sais ?

- Je sais poser les bonnes questions au bon moment, Potter. Celle-ci, c'était tout à l'heure à la réunion presse.

Un silence plana, seulement coupé par Gustav qui s'écarta, faisant signe à l'attrapeur que tout était bon pour lui. Harry se leva et fit face au blond.

- Et du coup, il regarde quoi ?

- Tension, cœur, circulation veineuse, équilibre interne et flux magique. Étonnamment tu réponds aux critères.

- Formidable, grimaça Harry en le dépassant pour quitter la pièce. Je vais me reposer, annonça-t-il ensuite aux trois Weasley.

En refermant la porte de sa chambre sur lui, il vit Draco faire de même de l'autre côté du salon. C'était étrange de le revoir. Les années étaient passées et l'agacement qu'il pouvait ressentir était plus dû à la surprise non digérée de l'avoir vu débarquer à l'improviste, plutôt qu'à l'ancienne haine qu'ils se vouaient. L'eau était passée sous les ponts. Ils s'étaient mutuellement sauvés la vie, pour des raisons différentes, pour des causes différentes, mais les faits étaient là : sept ans après, leurs querelles d'antan n'avaient plus lieu d'être.

Harry se laissa donc tomber sur son grand lit et la tête dans l'oreiller, écouta son cœur battre. Il était en Suède ! Dans deux jours, il enfourcherait son balai pour une course épique. Il n'envisageait pas de gagner. Juste de franchir la ligne d'arrivée. Il finit par s'assoupir, un large sourire aux lèvres.

oOoOoOoOo

Le deuxième jour était consacré aux rappels des règles et à une dernière vérification des sacs des concurrents. Les quinze étaient donc réunis dans la grande salle de conférence, accompagnés pour la plupart de leurs équipes. Certains jetaient des coups d'œil encore étonnés par leur présence en ces lieux. D'autres prenaient une attitude fière et combative. Harry avait été saluer Viktor qui s'était montré particulièrement enthousiaste d'avoir une nouvelle opportunité de l'affronter.

- Pas de trrriche cette fois Potterrr !, avait-il clamé en plaisantant de son accent abrupte.

Un jeune homme virevolté dont l'équipe semblait se résumer au médicomage suédois que l'organisation lui avait attribué faisait le tour de la salle pour saluer chacun des concurrents. Il semblait maîtriser plusieurs langues et en arrivant devant Harry, il se mit à parler dans un anglais plutôt bon.

- Je termine par vous Monsieur Potter, bien sûr ! Otto Obermeier, pour vous servir ! Vos exploits nous sont bien entendu parvenus et je suis fier d'être votre adversaire aujourd'hui.

Il serrait vivement la main du brun tout en poursuivant son discours. Harry se surprit à penser que Malfoy n'avait pas menti dans son article : le sorcier, qui devait avoir son âge, était très séduisant.

- Enchanté, finit-il par dire lorsqu'Otto cessa de parler. Et bonne chance.

- De la tactique Monsieur Potter !, s'amusa son adversaire. Pas de la chance !

Il s'éloigna sur ses bonnes paroles. Harry mit aussitôt un coup de coude dans les côtes de Ron qui commençait à le charrier sur ses exploits passés. Lorsqu'il fut appelé, il se dirigea vivement vers la tables des contrôleurs. Il détacha son petit sac en peau de Moke et le vida de son contenu sous les yeux ébahis des trois suédois qui lui faisaient face. Quelqu'un se plaça alors sur sa droite. Il n'eut pas besoin de tourner la tête pour savoir que Malfoy la fouine venait à nouveau mettre son petit nez pointu dans ses affaires.

- Pas mal, commenta-t-il tandis que les contrôleurs vérifiaient chaque objet. Tu t'es bien équipé Potter. Surtout le carnet de voyage et la peluche, ajouta-t-il d'un ton narquois.

Harry se contenta de lui jeter un regard mauvais, ne voulant pas faire d'esclandre juste devant les jurys qui n'avaient l'air d'être de joyeux plaisantins.

- En revanche, poursuivit le reporter, le coup du sac extensible est bien pensé. La plupart de tes concurrents ont un sac en bandoulière qui va certainement les gêner en vol. J'imagine que c'est Granger qui y a pensé ?

Harry récupéra ses affaires que lui tendait l'un des trois suédois et replaça le sac autour de son cou avant de se tourner vers son journaliste attitré.

- Non. C'est Hagrid.

Le ton était sec exprès. Il voulait clore la conversation. Le jury rappela à Harry l'interdiction d'utiliser de sorts chauffants durant la course et d'attaquer ses adversaires avant de lui confirmer que tout était en règle. Les Weasley décidèrent de sortir prendre l'air et la température. Ils se rendirent ensemble en haut de la colline sur laquelle l'ancienne mine était accrochée. De simples moldus n'auraient aperçu que les fils électriques à moitié arrachés par le vent qui, autrefois, venaient alimenter les lieux. Les sorciers qu'ils étaient virent l'installation prévue pour le grand départ. D'immenses poteaux de couleurs alignés de chaque côté d'une allée d'une centaine de mètres, soutenaient de grands fanions jaunes et bleus, à l'image du drapeau suédois, avec le détail de deux balais de courses se croisant au centre. En travers de cette piste, un immense ruban rouge était tendu entre deux pylônes à une dizaine de mètres de hauteur. C'était la ligne de départ.

Harry sentit son cœur battre plus vite. Il avait tellement rêvé ce moment. Après plusieurs mois d'entraînement physique et psychologique, il se sentait parfaitement prêt. À ses côtés, Ginny trépignait en soufflant dans ses gants.

- Punaise, il gèle quand même.

Ses deux frères éclatèrent de rire tandis que Potter fixait toujours le ruban rouge. Et là-haut ? Quelle température allait-il faire ?

oOoOoOoOo

Le troisième jour, enfin. Celui du départ. Il faisait encore nuit malgré une matinée entamée. Des torches aux longues flammes rouge orangé avaient été placées aux pieds des poteaux, tout le long de la piste. Autour, le public se pressait en riant. Un énorme tonneau sur roues proposait un service de la bière locale, très appréciée des moldus comme des sorciers. Des volutes de fumées s'échappaient de tout ce petit monde. Le froid pinçait. Ginny faisait un dernier point avec Harry qui s'accrochait fermement à son balai. Évidemment, Draco Malfoy était juste à côté d'eux, une plume et un parchemin en main, notant parfois quelques mots.

- Souviens-toi Potter, soufflait Ginny, penchée vers le brun. Le premier quart de la course est facile. Profites-en pour gagner le plus de temps possible mais sans t'épuiser. On se retrouve au premier ravitaillement.

- Dans une heure et demie, compléta Harry qui connaissait le parcours sur le bout des doigts.

- Si t'arrive à faire moins, ce serait pas mal. On fera un premier point à ce moment-là.

Quelqu'un les bouscula. C'était Charlie qui revenait avec plusieurs verres de bières à la main.

- Tiens, lança-t-il, les participants ont droit à un verre gratuit. Profites-en c'est peut-être ton dernier !

Harry ricana jaune en acceptant le verre. Le liquide ambré lui réchauffa un instant le gosier. Il ne s'était pas senti aussi excité depuis longtemps. Le bruit autour de lui, la foule qui ne s'intéressait pas spécialement à lui en particulier. Cette impression d'être un sorcier parmi d'autres, s'apprêtant à réaliser un défi, juste pour lui… C'était exactement ce qu'il était venu chercher. Le responsable du comité prit soudain la parole, sa baguette contre la gorge. Il s'était placé en hauteur sur une petite tribune. Il invitait les quinze participants à venir s'aligner sous le ruban rouge.

Ginny serra Harry contre elle. Ron et Charlie lui tapèrent dans le dos. Draco Malfoy le fixa longuement.

- Ce serait con que tu meures ici, finit-il par dire en lui tendant une main gantée.

Le brun hésita entre lui mettre un poing dans la tronche ou répondre à son geste, somme toute amical.

- Je te ferai pas ce plaisir, répondit-il finalement en lui serrant la main.

Il se dirigea ensuite vers la ligne de départ, se glissant aux côtés de Krum qui lui fit une petite place avec un grand sourire.

- Prrrêt ?, lui demanda-t-il.

- Oh oui, confirma Harry en mettant en place ses lunettes de vol et en vérifiant que sa boussole était correctement fixée au manche de son balai.

Le responsable rappela qu'une équipe de sécurité serait en place tous les cinquante kilomètres et qu'au moindre danger, les concurrents avaient la possibilité de leur envoyer des étincelles rouges de détresse.

- On se rrretrrrouve au rrravitaillement ?, s'amusa Viktor en se tournant une nouvelle fois vers Harry.

- Dans tes rêves ! J'y serai avant toi.

Le bulgare explosa de son rire épais. L'excitation prenait tout le public. Lorsque le responsable leur demanda de s'envoler jusqu'au ruban, en restant alignés, des cris commencèrent à fuser, dans différentes langues. La plupart des participants étant suédois, Harry n'eut aucune difficulté à reconnaître la voix de Ron lui hurlant des encouragements en anglais.

Le cœur de l'attrapeur s'affolait. C'était maintenant. Il se sentait vivant, comme jamais. Lui aussi avait envie de crier. Lorsque le décompte du départ commença, qu'il se pencha un peu plus sur son balai, prêt à filer, il lui sembla soudain que toute sa vie jusqu'ici n'avait été qu'un mirage. Il naissait véritablement maintenant.

- Go !

Comme un seul homme, les quinze participants quittèrent d'un coup la zone sous les acclamations du public et des équipes restées à terre. Le pauvre ruban rouge arraché, retomba au sol au ralentis, désormais inutile. Objectif : l'autre ruban, doré celui-là, à l'autre bout du pays, tout au nord de la nuit…

oOoOoOoOo

Il n'avait pas pu s'en empêcher. Au moment du départ, bousculé par les autres, il avait laissé explosé sa joie dans un long cri. Au bout de la piste, chacun s'était isolé, pour être plus à l'aise. Il entendit vaguement le rire de Krum sur sa droite et des encouragements dans la nuit. Trois suédoises participaient à la course et semblaient s'être regroupées. Ce n'était pas une si mauvaise tactique. Harry jeta un œil à sa boussole. Ce n'était pas compliqué : tout droit vers le pôle nord.

Ivre d'adrénaline, et poussé par l'envie d'être un peu plus seul, il s'allongea complètement sur son balai, prit de la vitesse et commença à tournoyer. C'était la première fois qu'il effectuait sa vrille sans public, dans le noir. Sentant que son balai avait atteint sa vitesse maximale il se redressa tout doucement : il s'était considérablement éloigné des autres et, enfin, le silence lui tenait compagnie. Il jeta un œil en contrebas. Des villages moldus apparaissaient lentement dans l'aube naissante. Quelques lumières de voitures, le son d'une cloche au lointain.

Il savait parfaitement que toute la course ne serait pas aussi paisible, mais pour l'heure, il ne pouvait que se féliciter de s'être inscrit.

oOoOoOoOo

Le coup d'envoi à peine formulé, l'équipe de Potter s'était dirigée au grand complet vers les zones de transplanage. Gustav qui connaissait mieux les lieux qu'eux, les entraîna un peu plus loin sur la colline où plusieurs vieux chariots à roulettes servant autrefois aux moldus pour le transport du cuivre de la mine avaient été alignés. Il y en avait quinze. Ils montèrent à bord de l'un d'eux.

- Euh, ça marche comment exactement ?, demanda Ron qui n'était pas très en confiance.

Gustav ne lui répondit que par un grand sourire avant de desserrer brusquement le frein du chariot. Ils disparurent aussitôt en tournoyant à vive allure. Ron ne fut pas le seul à crier. Mais au moins cessa-t-il lorsqu'ils atterrirent au bord d'un lac, contrairement à Malfoy qui se remit plus difficilement du transport. Il n'eut pas le temps de le charrier, Gustav tâchait de leur dire quelque chose.

- Svegssjön !, lança-t-il tout joyeux en désignant le lac. Moi maison !, ajouta-t-il avant de rire.

- Super, il habite pas loin et il est content, grommela Charlie en s'extirpant du chariot.

- Ok, on est à côté de Sveg, enchaîna Ginny plus pragmatique.

- Ja ! Sveg !, confirma Gustav en montrant, de l'autre côté du lac, la lueur d'une ville moldue.

Ils le suivirent ensuite jusqu'à une zone aménagée pour le premier ravitaillement. D'autres chariots apparaissaient autour d'eux. L'endroit, très protégé des moldus, était encadré d'une multitude de petites lumières rouges flottantes dirigées vers le ciel afin d'être bien vues par les concurrents. Seize tentes immenses avaient été montées au milieu du terrain. Ils passèrent avant tout par celle des organisateurs avant de se rendre dans celle qui leur était réservée.

- Jag är så glad !, s'exclama encore Gustav en installant son matériel de médicomage.

Il avait l'air joyeux. Les quatre anglais le regardèrent étonnés avant de se désintéresser de lui. Malfoy sortit sa plume et son parchemin et prit quelques notes. Charlie se proposa d'aller récupérer les vivres dont Potter pouvait bénéficier à la tente du staff. Ron et Ginny étalèrent la carte sur une petite table et imaginèrent où pouvait bien être Harry.

Pour cette première partie de course, ils n'étaient pas inquiets. À part le froid, il ne devait rencontrer aucune difficulté particulière. Ils eurent soudain l'impression qu'un vent chaud venait d'entrer dans la tente. Ils se retournèrent vers Gustav qui avait encore sa baguette en l'air.

- Det är bättre så !, leur lança-t-il en souriant avant de retourner à ses affaires.

Malfoy s'approcha des deux Weasley.

- Mais il le sait qu'on ne comprend rien quand il parle ?, demanda-t-il de sa voix trainante.

- Je commence à me poser la question, grommela Ron en lui jetant un coup d'oeil.

Ginny haussa les épaules et ouvrit son sac d'outils à réparation de balais.

- En attendant que Potter ramène ses miches, je peux vous poser quelques questions ?, lança soudain Malfoy en choisissant une chaise pour s'installer.

Ron soupira.

- C'est mon métier Weasley, lui rappela le blond en posant son parchemin devant lui.

- Qu'est-ce que tu veux savoir Malfoy ?, lança Ginny de sa voix claire.

- Comment l'idée de participer à ce truc de tarés est-elle venue s'insinuer dans l'esprit tordu de Potter ?

- Reformule, sinon on ne répond pas, s'agaça aussitôt Ron.

- Ok, ok, ricana le reporter. Comme ça lui est venu ?

Après un coup d'oeil vers sa soeur, Ron répondit. Il lui raconta comment un soir, alors qu'Hermione dormait déjà, il avait reçu le patronus de Potter chez lui qui lui demandait de le rejoindre dans la seconde. Ils avaient passé la nuit à parler de la course, à lire et relire la présentation sur la Gazette, à peser le pour et le contre.

- Mais en fait, il savait déjà qu'il le ferait, conclut-il en souriant. C'est resté un secret jusqu'à la publication des participants.

- Est-ce que vous saviez que les organisateurs ont reçu plus de cent inscriptions ?, lança Draco qui, visiblement, avait bien travaillé son sujet.

- Ah non, mais comment ils ont choisi ?

- À part Otto, tous sont de célèbres joueurs de Quidditch, expliqua Malfoy. J'imagine que c'est une valeur sûre pour vouloir mettre sa vie en danger sur un balai.

- Et Otto, il fait quoi ?

- Si j'ai bien compris, il sait juste bien parler et bien placer son argent, ricana le blond.

Le retour de Charlie avec une petite caisse contenant les denrées pour eux et pour Harry n'arrêta pas la conversation qui se poursuivit tranquillement. Après tout, ils n'avaient que ça à faire.

oOoOoOoOo

Il vit les lueurs rouges après avoir repéré le lac. Aussitôt, Harry entama une descente qui lui cingla le visage de vent froid. Une pause allait être plus que bienvenue. En s'approchant encore, il comprit que les tentes portaient les initiales des concurrents. Il repéra la sienne par les énormes H et P peints sur le dessus. En se posant devant, il ne s'attendait pas à entendre Malfoy rire.

- Je vous dérange ?, lança-t-il en ôtant ses lunettes de vol.

- Harry !

Ginny bondit jusqu'à lui, suivit de près par ses frères.

- Alors ?, lui lança Ron en le débarassant de son balai.

- Froid, répondit l'attrapeur en souriant. Mais aucun problème. Ginny, j'ai peut-être un peu forcé sur la vrille avec le balai. Peux-tu vérifié sa symétrie ?

- Je suis sur le coup patron !

La rouquine se mit au travail tandis que Charlie plaçait devant lui un grand bol de bouillon.

- Tiens, commence par ça.

- J'ai les jambes raides, avoua Harry en s'installant à table.

- Je vais signaler ton arrivée aux organisateurs !, hurla Ron en quittant précipitemment la tente.

Le brun se laissa choyer. Après une bonne heure de vol dans le froid, il appréciait ce moment de détente. Mais il tenait à ne pas trop s'attarder. Plus ses pauses seraient longues, plus il prenait le risque de se voir distancer par les autres.

- Quelque chose à raconter ?, lui demanda soudain Malfoy à ses côtés.

- Il fait froid.

- Quelque chose d'intéressant à raconter ?, insista le blond en levant un sourcil.

- Draco s'est drôlement documenté sur la course, lança Charlie en lui tendant à présent quelques carrés de chocolat. Il nous a partagé des anecdotes bien sympas.

- Super, grimaça Harry. Quelque chose qui peut m'être utile pour la suite ?

Ils n'eurent pas le temps de lui répondre : Ron revenait, rouge comme une pivoine.

- Soixante douze minutes ! Tu es le premier pour l'instant !

- Hey génial !, s'exclama Charlie. Vive la vrille de Potter !

Le brun leur lança un grand sourire avant de se tourner vers Ginny. Celle-ci lui confirma que la symétrie de son balai était encore bonne mais qu'il n'allait pas falloir trop abuser des pirouettes tout de même, de risque de le déséquilibrer.

Gustav s'était contenté de rester debout près de l'entrée de la tente, attendant de voir si le concurrent dont il avait la charge avait besoin de ses services. Après le quatrième morceau de chocolat, Harry se leva et reprit son balai.

- Je repars, annonça-t-il. Autant profiter un peu de mon avance.

En sortant de la tente, le froid le rattrapa aussitôt. Il apperçut certains de ses adversaires qui arrivaient seulement. Il enjemba son balai et croisa le regard de Ron.

- Quoi ?, demanda-t-il, fronçant les sourcils.

- Toi et moi, on sait ce qui t'attend maintenant. Fais gaffe.

- T'inquiète. Dans moins de deux heures, on en rigolera.

Il donna un grand coup de pied au sol et s'éloigna vivement de son ami, de la tente et de la chaleur, pour s'enfoncer dans une aurore étrange qui semblait se faire manger par la nuit au fur et à mesure de sa progression vers le cercle polaire. Comme si le jour peinait à venir puis abandonnait.

oOoOoOoOo

Deux heures plus tard, il n'était toujours pas réapparu. À tour de rôle, Ginny, Ron et Charlie, sortaient de la tente, scrutaient le ciel et retournaient au chaud, dépités. Après son envol de Sveg, ils avaient repris le chariot de mine en compagnie de Gustav pour atterir près d'un nouveau lac, plus grand que le premier, au milieu d'une plaine enneigée.

- Merde, il fait vraiment nuit ici, s'était aussitôt exclamé Ron.

- Ja ! Flåsjön, avait lancé Gustav en désignant l'endroit.

Ils s'étaient réinstallés dans la tente et patientaient. Draco avait fini par s'endormir sur un lit couchette. Le médicomage n'était pas loin de faire la même chose, la tête tombant par moment sur son torse alors qu'il lisait un ouvrage.

Seuls les trois Weasley semblaient vraiment inquiets. Après deux heures trente, ils entendirent soudain des cris. Réveillé en sursaut, Malfoy les suivit à l'extérieur tout en enfilant son manteau. Une sorte de boule de feu approchait à vive allure du camp. Les responsables de l'organisation avaient tous leur baguette pointée en direction du ciel, prêts à tout. Ils parvinrent à ralentir la chute de ce qui s'avéra être deux concurrents dont les balais partaient en fumée. Draco les reconnut et précisa aux trois rouquins qu'il s'agissait de deux membres de l'équipe nationale de quidditch de Suède. Visiblement, les dragons aux museaux courts ne les avaient pas épargnés. Leurs équipes respectives accourraient et les emmenèrent dans leur tente pour des soins. Charlie se dirigea vers les encadrants. Lorsqu'il revint, ce n'était pas avec de bonnes nouvelles.

- Les deux qui viennent d'arriver sont bien les premiers sur cette partie. Visiblement, les dragons sont en forme : cinq candidats ont abandonné et sont actuellement avec l'équipe de sécurité du deux-centièmes kilomètres.

- Oh Merlin…, murmura Ron dont le regard soucieux se porta une nouvelle fois vers le ciel sombre.

Dans la demie-heure qui suivit, un des américains arriva, en piteux état. Les cinq qui avaient abandonné furent rejoins par un sixième, puis un septième, défiguré par une brûlure. Dans la tente de Potter, même Malfoy commençait à trépigner. Soudain, le ciel sembla s'illuminer. Des lumières voletaient et s'approchaient en zigzags, à allure très moyenne.

- C'est lui !, hurla Ron qui grâce à ses jumelles avait reconnu Harry. Il porte quelqu'un sur son balai. Il y a Krum et Obermeier aussi !

À ses côtés, Malfoy secoua la tête de dépit.

- Il a encore joué au héros.

Ginny lui lança un regard noir avant de le bousculer pour se précipiter là où les derniers arrivants allaient probablement atterrir. Les autres équipes attendaient également, formant un cercle. Ils étaient cinq. À peine touchèrent-ils le sol que Viktor Krum et Otto Obermeier appelaient les médicomages en hurlant. Harry aida le sorcier qu'il portait à s'allonger. Ses deux acolytes en aidaient un autre qui, visiblement, ne réagissait plus.

- Il s'est fait attraper par un dragon, résuma Otto précipitamment.

Il était lui-même blessé au niveau de son bras droit, visible malgré l'épaisse couche de vêtements et semblait mal en point. Krum avait le nez cassé. Harry, encore accroupit aux côtés du deuxième américain qu'il avait ramené donnait lui aussi quelques explications aux médicomages. Enfin, il se releva. Avant de rejoindre son équipe, il se tourna vers Viktor et Otto pour leur serrer la main.

Ce fut là que Ginny, Ron, Charlie et Draco virent son dos. Son manteau arborait un énorme trou, très certainement brûlé par les flammes bleues des dragons à museau court qui vivaient dans ces montagnes. Le vêtement semblait avoir fondu et s'être mélangé à la chair de l'attrapeur. C'est en boitant qu'il finit par les rejoindre.

- Merlin Harry…, commença aussitôt Ron.

- Gustav, le coupa son ami en grimaçant.

- Viens par là, le guida aussitôt Charlie.

En les suivant, Malfoy constata, inquiet malgré lui, que les pas de Potter laissaient des traces de sang dans la neige. Si ce rouge luisant contrastant avec le blanc brillant du sol avait quelque chose d'artistique et de beau, c'était surtout très inquiétant.

Pour ne pas gêner le médicomage qui observait la plaie béante du brun, Ginny s'affaira aussitôt sur le balai un peu plus loin, Charlie préparait un rapide repas et Ron cherchait dans leurs affaires de quoi lui constituer une nouvelle tenue propre.

- Kappan stör mig, grommela Gustav.

Harry était assis à l'envers sur une chaise, les deux bras appuyés sur le dossier. En entendant son médicomage baragouiner dans sa langue natale, il soupira.

- Ouais, il a commencé à faire ça après ton départ, commenta Draco qui vint s'asseoir juste devant lui avec sa plume et son éternel parchemin. On comprend rien, mais il parle quand même.

- Pas le moment Malfoy, s'agaça Harry.

Gustav vint à leurs côtés et pointa du doigt l'épais manteau du brun. Il fit mine ensuite de retirer son propre pull.

- Je crois qu'il veut te mettre à poil, commenta l'ancien serpentard de sa voix traînante.

Harry se contenta de hocher la tête. Gustav pointa sa baguette sur lui, murmura un sort et le brun se retrouva torse nu, non sans un petit cri de douleur lorsque le vêtement tira sur sa plaie. Tandis que le médicomage retournait à ses affaires pour choisir une fiole de soin adapté, Potter fixa curieusement le visage de Malfoy. Celui-ci avait eu une réaction étonnante lorsque son vêtement avait disparu.

- Mais… tu rougis ?

Et bêtement, cette simple constatation fit ricaner l'attrapeur, lui faisant oublier les trois dernières heures très difficiles qu'il venait de vivre.

- Et ben alors Malfoy, gêné de me voir à demi-nu ?, en rajouta-t-il tandis que plus loin dans la tente, Ronald se joignait à sa moquerie.

Charlie s'approcha, un bol de soupe chaud à la main.

- Arrête Harry. Je le comprend tu sais. Si tu n'étais pas comme un frère, je t'aurai probablement déjà fait une proposition qui ne se refuse pas.

Il appuya sa remarque d'un clin d'œil en direction du blond dont la pâleur habituelle n'était plus qu'un lointain souvenir.

- Vous m'emmerdez, grommela celui-ci en se levant pour s'éloigner.

- Charlie ça suffit !, s'agaça Ginny toujours penchée sur le balai. Potter, peux-tu dire à ces deux énergumènes que tu n'es pas intéressé et que ça n'est pas le moment !

Harry commença d'abord par grimacer en gémissant : Gustav commençait à appliquer un onguent de son cru sur son dos et la démarche n'était pas des plus agréables. Puis il leva la tête vers Charlie, acceptant le bol de soupe.

- Charlie, frangin, je ne suis pas intéressé. Malfoy…

Il laissa planer un court silence, avant d'ajouter en souriant :

- C'est vraiment pas le moment.

Si Ginny et Ron relevèrent aussitôt la tête en fronçant les sourcils devant l'évident sous-entendu que contenait cette réplique, Charlie quant à lui, explosa de rire. Draco n'eut aucune réaction. Sa rougeur ayant disparu, il se contentait d'écrire en reprenant son air d'aristocrate que rien n'atteignait.

- Allez, mange, ordonna finalement l'aîné des Weasley. Et raconte-nous !

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Harry avait très vite compris que plus il avancerait dans la course, moins il pourrait compter sur la lumière du jour, malgré l'heure avancée de la matinée. Il avait donc lancé un sort créant une boule lumineuse qui le précédait et le guidait en quelque sorte. Il commença à ralentir lorsqu'une odeur de souffre fit vaciller sa lumière. Pour se rassurer, il en créa une deuxième. Puis une troisième. Au détour d'une petite montagne, il sut que la définition du danger l'attendait là. Trois énormes dragons tournoyaient autour de leur nid, tentant d'attraper deux silhouettes dans la nuit.

Le brun avait un instant hésité : profiter de la situation pour les dépasser, ou aller les aider ? Il ne put se décider à abandonner ses adversaires. Il s'approcha. C'étaient deux des trois suédoises. En quelques mots d'anglais maîtrisé, elles lui firent comprendre que leur amie était coincée dans une faille de la roche et que c'était ça que les dragons protégeaient : elle était devenue leur repas pour plus tard.

- On ne les a vus qu'au dernier moment !, hurla l'une des sorcières en volant près de Harry. Ils l'ont fait tomber de son balai.

- Il faut appeler la sécurité !, répondit le brun sur le même ton.

- Non ! On ne peut pas abandonner !

- Elle ne pourra pas sortir de là seule sans balai !, justifia le brun.

Au loin, d'autres concurrents étaient passés à vive allure sans les voir. Mais les flammes bleues qui apparurent brusquement de derrière une autre colline et les cris qui se firent entendre indiquèrent qu'ils n'allaient pas être mieux loti que les suédoises.

Très vite, Harry eut l'impression que plus rien n'allait, que plus rien n'irait jamais. L'un des trois dragons, impatient visiblement, avait décidé de se lever et commençait à battre ses ailes pour s'envoler.

- Attention !, hurla-t-il aussitôt en prenant de la hauteur.

La suite n'avait été que courses, échappatoires, brûlures, carnage. Les quinze participants s'étaient tous croisés à cet endroit infesté de Suédois à museaux courts, femelles et mâles, et rarement la nuit polaire avait semblé si claire.

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- Certains ont commencé à envoyer des étincelles rouges pour faire venir la sécurité, expliqua Harry tout en buvant sa soupe. Avec Krum, on a décidé de trouver une échappatoire pour quitter les lieux. On ne voulait pas abandonner.

Il tendit son bol vide à Charlie en le remerciant. Dans son dos, Gustav finissait d'étaler l'épaisse crème marron malodorante qui l'apaisait quelque peu.

- Deux suédois ont réussi à passer, ça nous a motivé pour faire pareil.

- Ils sont arrivés une demie-heure avant vous, confirma Ron.

- Sauf que dans la brèche, l'américain qui nous suivait s'est pris un coup d'aile. Je l'ai rattrapé in extremis. C'est à ce moment là que la femelle qui nous suivait m'a léché le dos, ajouta-t-il en ricanant.

- Et l'autre que Viktor et Otto portaient ?, demanda Ginny, craignant la réponse.

Harry la regarda, embêté.

- On l'a trouvé plus loin, dans la neige. On ne sait pas, avoua-t-il.

Un lourd silence s'abattit sur la tente. Depuis la table où il s'était installé, Malfoy n'avait pas perdu une miette du récit de Potter. Dans le dos du brun, Gustav se redressa enfin.

- Jag slutade, lança-t-il avant d'aller ranger sa fiole.

- Ça donne quoi ?, demanda Harry en essayant de voir par-dessus son épaule.

- C'est vraiment moche, lâcha Ron. Honnêtement mon vieux, je ne serai pas étonné que tu gardes une sacré cica…

- T'es vraiment stupide Ronald Weasley, le coupa sa sœur. T'inquiète Harry, t'es toujours aussi beau.

- On pourrait demander l'avis de Malfoy, non ?, ajouta aussitôt Charlie en se tournant vers le blond qui leva les yeux au ciel.

Il n'eut pas l'heureuse possibilité de répliquer : deux membres du staff venaient d'entrer dans la tente. Harry se leva aussitôt.

- Monsieur Potter ? Comment allez-vous ?, demanda l'un deux.

- J'ai connu mieux. Mais pour l'instant, j'ai aussi connu pire, je crois, répondit Harry.

- Vous voulez donc continuer ?

- Bien sûr !

Les suédois expliquèrent à l'équipe qu'ils comptabilisaient neuf abandons et qu'ils faisaient donc le tour des tentes de ceux qui restaient pour s'assurer de leur état.

- Qui est encore en course ?, se renseigna aussitôt Draco le reporter.

- Krum, Obermeier, Green, Sandberg, Björk et votre ami Potter.

Malfoy ricana en disant qu'il était amusant de l'imaginer ami avec ce gars, ce à quoi les deux suédois ne surent quoi répondre.

- Laissez, il est frustré, expliqua Charlie en souriant. Donc plus que six participants ? Est-ce que certains sont déjà repartis ?

- Non. Mais nos deux compatriotes ne devraient plus tarder.

À cette annonce, Harry se tourna aussitôt vers Ron qui lui tendit sans un mot les vêtements de rechange. Il enfila, non sans grimacer et serrer des dents, un nouveau manteau et ajouta une cape épaisse par-dessus. Le cercle polaire se rapprochait. Il glissa ses mains dans de nouveaux gants et demanda comment allait son balai. Ginny lui fit un rapide résumé de ce qu'elle avait fait dessus avant de le lui tendre.

- Tu es sûr de toi ?, demanda-t-elle.

- Absolument.

Quelques minutes plus tard, il s'envolait, en même temps que trois autres concurrents. De loin, il reconnut la silhouette massive de Krum et celle, beaucoup plus fluette d'Obermeier. Les savoir encore dans la course le rassurait : Otto avait montré de grandes capacités magiques face aux dragons. Il se pencha brièvement pour voir la tente et le campement devenir plus petits, puis il se concentra sur sa boussole. Le paysage allait changer. Des plaines et des collines, il allait à présent affronter les premières vraies montagnes suédoises. Les Alpes scandinaves étaient son prochain ennemi.

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Le silence le rendait sourd. Il neigeait, il ne sentait plus ses doigts. Ses jambes crispées autour du balai lui faisaient mal. Pour couronner son état physique flamboyant, sa brûlure dans le dos le lançait terriblement. Il ne savait pas si c'était la crème de Gustav ou la plaie en elle-même, mais il ne pouvait que serrer les dents et geindre légèrement lorsqu'un coup de vent glacial plus fort qu'un autre le déportait brusquement.

Jamais il n'était resté aussi longtemps sur un balai. Son match de Quidditch le plus long n'avait duré que quatre heures trente. Pour cette course, il avait dépassé ce record depuis plus de trois quart d'heure.

Malgré ses boules de lumières qu'il avait réinvoqué autour de lui, il n'y voyait pas grand chose. Seule sa boussole l'assurait d'être dans la bonne direction. Mais soudain, à travers ses lunettes de vol, une masse noire, immense, se matérialisa devant lui. Il bifurqua brusquement en poussant un cri, évitant de peu de s'écraser au sol.

Les montagnes.

Il fut obligé de ralentir l'allure, pour contourner le rocher imposant. Il se doutait que ces neiges éternelles ne seraient pas assez moelleuses pour accueillir son corps meurtri s'il venait à tomber. Le froid intense commençait à rendre ses mouvements moins souples. Il ralentit encore, slalomant entre les roches enneigées. Il songea un instant qu'en plein été, lorsque le soleil éclairait la région en permanence, le paysage devait être sublime. Il se fit la promesse de revenir un jour, avec Teddy.

Tout à sa concentration pour éviter les montagnes, il ne vit pas tout de suite ce qu'il se passait au-dessus de sa tête. De vives couleurs vertes ondulaient lentement à travers les nuages. La neige cessa et Harry aperçut enfin le spectacle d'une aurore boréale. Il voulu prendre encore un peu d'altitude, à la fois pour éviter les prochains sommets montagneux et pour profiter de la vue plus facilement, mais son balai ne tenait pas le choc, il dut redescendre.

C'est en contournant un nouveau gros rocher glacé qu'il aperçut, à plusieurs kilomètres encore, au creux d'une haute plaine, les petites lueurs rouges matérialisant le campement du troisième et dernier ravitaillement. Il n'en cru pas ses yeux. Avait-il réellement déjà traversé les cent-cinquante kilomètres que constituaient cette troisième partie ? Combien de temps avait-il mis ? Il avait rapidement perdu de vue les autres concurrents. Que s'était-il passé ?

Sans s'en rendre compte, emporté par l'enthousiasme et ses questions, il s'était penché sur son balai et avait forcé l'allure. Il comprit son erreur trop tard. Le campement était encore loin malgré la vision dégagée qu'il offrait, et les derniers sommets n'étaient pas moins dangereux. Son balai ne semblait plus vouloir réagir : poussé par sa dernière accélération, il continuait sa folle progression juste au-dessus d'une crête vertigineuse. Bloqué par le froid, ne sentant plus son corps en dehors de la brûlure terrible de son dos, Harry sut qu'il n'avait plus qu'un espoir : celui que quelqu'un, là bas en contrebas, l'aperçoive pour ralentir sa chute. Il fixa les lueurs rouges, voulu crier mais n'y parvint pas. Une centaine de mètres avant le sol, il ferma les yeux et se laissa aller complètement sur son balai, involontairement. Il entendit un craquement sous ses doigts : le manche commençait à se fendre. Et puis, d'un coup, il eut mal et n'entendit plus rien.

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Draco Malfoy pouvait se vanter de savoir garder son flegme en toutes situations. En tout cas, il pouvait s'en vanter devant un nombre important de gens insignifiants. Malheureusement pour lui, il était en ce jour, en compagnie de personnes qui l'avaient vu dans de fâcheuses postures. Mais c'était il y a bien longtemps. La guerre était finie. Depuis, il s'était constitué une belle et solide réputation de journaliste sportif et rien ne pouvait désormais ternir son image d'homme réservé.

Rien. Sauf un Potter inconscient tombant du ciel. Lorsque les équipes de l'organisation de la GCB avaient aperçu la silhouette d'un concurrent arrivant beaucoup trop vite vers eux, ils s'étaient tous préparé à l'accueillir et à ralentir sa chute. Lorsque Ron avait confirmé qu'il s'agissait bien de Potter, Draco s'était légèrement crispé. Mais lorsque sans raison apparente, ce stupide gryffondor prit encore de la vitesse sur les derniers mètres, surprenant tout le monde, il ne put s'empêcher de se mordre la lèvre. Lorsque le sol enneigé accueillit Harry dans un affreux craquement, un lourd silence de quelques secondes précéda les cris.

- Det är levande !, hurla l'un des encadrants dans sa langue natale. Il est en vie !, traduisit-il aussitôt en anglais.

Ron fut le plus habile à jouer des coudes pour arriver le premier auprès de Potter qui gémissait au sol.

- Frangin ! Frangin, tu m'entends ? On est là, ok ?

Ginny ramassa le balai dont le manche s'était fendu en deux. Aidé de Charlie, Gustav ramena Potter vers la tente grâce à un sort de lévitation : le staff se préparait déjà à accueillir deux autres concurrents. Draco écarta précipitamment les pans de tissus épais marquant l'ouverture de leur abri et laissa passer le médicomage. Gustav installa Harry sur l'un des lits et commença tout de suite l'examen. Ron ne cessait d'appeler le brun inconscient, n'osant le toucher. Le torse de l'attrapeur se soulevait nerveusement, comme si sa respiration était rendue difficile.

- Brutna armar och revben, lâcha enfin Gustav en reposant sa baguette.

Draco surprit tout le monde en réagissant le premier.

- Mais bordel arrête, on comprend rien ! Il a quoi Potter ?

Vexé par son ton dans un premier temps, Gustav demanda ensuite à Charlie de s'approcher. Il posa ses mains sur la poitrine du grand rouquin et la tapota en levant trois doigts. Puis il mima un bâton que l'on cassait.

- Trois côtes cassées, traduisit Draco d'une voix blanche.

Ne s'arrêtant pas là, Gustav prit le bras gauche de Charlie, montra son os et refit la même démonstration.

- Oh misère, il a trois côtes et le bras de pétés, s'inquiéta Ronald.

Puis, alors qu'il se penchait de nouveau vers le brun, il s'exclama :

- Il se réveille !

Les yeux d'Harry papillonnaient légèrement, en effet. Mais à peine sortait-il de sa nébuleuse perte de conscience que la douleur l'envahit. Un long gémissement s'échappa de ses lèvres, alors que ses paupières se crispaient à nouveau.

- Par Salazar, une potion anti-douleur, t'as pas ça dans ton sac !, s'énerva aussitôt Malfoy en direction de Gustav.

Le médicomage lui répliqua ce qui ressemblait fort à une injure en suédois avant d'aller chercher deux fioles dans son barda. Harry les but à contre cœur, crachotant à moitié. Puis il se laissa retomber sur le lit, abattu. Un membre du staff entra alors dans la tente. Il échangea quelques mots avec Gustav avant de s'adresser au reste de l'équipe :

- Monsieur Potter est arrivé en premier. Le départ pour les cinquante derniers kilomètres aura lieu lorsque le sixième participant arrivera ou abandonnera. Si Monsieur Potter souhaite abandonner…

Il ne put finir : un gémissement ressemblant à une tentative de parler venait de sortir d'entre les lèvres du brun.

- Oui Monsieur Potter ?, demanda le suédois en se tournant vers lui.

- Je… je continue…, grommela Harry.

- Parfait.

Sans autre état d'âme, il quitta la tente, laissant les trois Weasley assener leur frère d'adoption de questions sur ses capacités à se rendre compte de son état physique actuel.

- Tu ne veux pas arrêter sur ce bel exploit ? T'es arrivé premier à deux épreuves !, s'extasiait Ron.

- Je continue…

- Tu sais, là tu va mieux parce qu'il fait chaud, enchaîna Charlie, et qu'on est aux petits soins. Mais dehors, il fait toujours aussi froid.

- Je continue…

- Harry, ton balai est mort. Tu vas devoir faire la dernière partie avec ton Nimbus, expliqua Ginny.

Draco vit les mâchoires du brun se contracter.

- Je continue, lâcha-t-il encore d'un ton plus ferme.

- Bien, je crois que c'est clair !, s'amusa Malfoy. Il veut continuer. Maintenant, qu'est-ce qu'il a bu là exactement ?

Gustav, semblant comprendre la question aux gestes mimés par le blond désagréable qui s'adressait à lui, lui montra les étiquettes des deux fioles.

- Un anti-douleur et du poussos, lut-il. Parfait, dans une heure, il est sur pied.

- Et si le sixième arrive avant ?, fit remarquer Ron.

- Je vais voir où ils en sont, lança aussitôt Charlie. Ginny, prépare le Nimbus. Draco, fais réchauffer une soupe s'il te plaît. Et Ron, tu reste avec lui.

Les cinquante derniers mètres de la GCB n'étaient pas les plus dangereux, loin s'en fallait. Leur ajout à la course était davantage lié au spectacle qu'au sport en lui-même. Les concurrents ayant atteint le dernier ravitaillement repartaient tous en même temps pour une dernière ligne droite de vitesse. Ainsi, l'arrivée à Arjeplog de ces héros valait le coup pour les spectateurs qui avaient fait le déplacement directement depuis Kopparberg et qui attendaient depuis plus de six heures. La fête battait son plein là-bas, sous le ruban doré : la bière, la musique, des feux d'artifices. Tout était prévu pour que le public s'amuse en patientant.

Sous la tente, Harry finit par se sentir soulagé, grâce aux effets de la potion anti-douleur. Il se redressa et finit même par s'asseoir au bord du lit. Lorsque Malfoy lui apporta son bol de soupe, il eut même la force de faire un trait d'humour.

- Tu as mis quoi comme poison ?, lâcha-t-il d'une voix rauque abîmée par le froid.

- Du sang de dragon, répondit le blond du tac au tac. Histoire ne rester dans le thème de tes conneries.

Même Ron esquissa un sourire, avant de se reprendre, se rendant compte qu'il avait failli rire à une plaisanterie de Draco Malfoy. Le bras gauche du brun pendait encore lamentablement le long de son torse. Il prit donc le bol de sa main droite valide et en but une longue gorgée en grimaçant.

- Merde, c'est brûlant.

Aussitôt, le blond pointa sa baguette sur le breuvage qui brilla un instant et l'encouragea d'un signe de tête à réessayer.

- Beaucoup mieux, le remercia Potter en buvant tranquillement. Punaise, les gars, souffla-t-il ensuite, j'ai bien cru y rester cette fois.

- Pourquoi t'as accéléré juste à la fin ?, lança Ginny depuis le fond de la tente où elle tâchait de faire quelque chose avec le balai fendu.

- J'ai glissé, avoua Harry. Et le balai est parti en vrille sans que je ne le veuille.

- Tu nous as fichu une sacré frousse, confirma Ron. Heureusement que les gars du staff ont quand même réussi à ralentir ta chute.

Charlie entra brusquement dans la tente. Il était pâle et ne semblait pas porteur d'une bonne nouvelle.

- Harry… le gars que Viktor et Otto ont ramené tout à l'heure… il est mort.

Ginny en lâcha le balai. Potter ferma les yeux face à cette nouvelle terrifiante.

- Quand vous l'avez ramassé dans la neige, il devait être en hypothermie, expliqua Charlie en allant prendre sa sœur dans ses bras. Et ils n'ont pas réussi à le faire revenir.

- Et merde…, murmura Ron, catastrophé.

Gustav qui semblait comprendre à demi-mots, s'excusa un instant et sortit de la tente pour aller, sans doute, s'acquérir de la triste nouvelle.

- On attend plus que l'arrivée de Björk, rajouta Charlie.

Harry hocha la tête et remit le nez dans son bol.

- Comment vont les autres ?, demanda-t-il ensuite.

- Ils ne m'ont pas trop donné de détails, avoua l'aîné des Weasley en s'approchant. De ce que j'ai compris, Otto n'arrive plus à marcher à cause du froid et Robert Green, l'américain que tu as sauvé du dragon, s'est éclaté une main contre une roche.

- Et Krum ?, demanda Ron.

- Toujours le nez qui saigne, mais je n'en sais pas plus.

Malfoy s'en était retourné vers la table et avait pris ces quelques informations sur son rouleau de parchemin qui commençait à être recouvert d'encre, des deux côtés. Lorsque Gustav revint, l'air abattu, il proposa pourtant à Harry de jeter un œil à son dos. Charlie voulu lancer une nouvelle boutade à Malfoy, lui conseillant de fermer les yeux, mais le cœur n'y était plus. La plaie était affreuse : le froid, l'action et la chute de Potter n'avait pas arrangé les choses, et ce, malgré l'onguent. La brûlure brillait et suintait sur tout le dos. Ginny se détourna discrètement tandis que Ron tâchait de poursuivre la conversation avec son ami qui décrivait les lueurs des aurores boréales. Gustav remit de la crème sur tout le dos après avoir nettoyé comme il le pouvait et lui refit boire une gorgée de poussos.

À peine Harry finissait-il sa potion qu'un suédois entra, annonçant l'arrivée du sixième et dernier concurrent encore en lice. Le deuxième départ de la course était donc programmée pour le quart d'heure suivant. Le brun accepta une nouvelle fois de finir la course et se leva, en s'appuyant sur Ron.

- Ça va ?, s'inquiéta celui-ci.

- Mince, j'ai les jambes en coton, gémit Harry qui se rassit aussitôt.

- Tu veux qu'on te porte Potter ?, ricana aussitôt Malfoy.

- Oui, confirma l'attrapeur qui ne plaisantait pas. Toi et Ron faites à peu prêt ma taille. Je vais m'appuyer sur vous. Ginny, le balai est prêt ?

- Évidemment, confirma la rouquine.

- Charlie, montre-nous le chemin s'il te plaît.

La petite troupe se mit donc en route. Chaque bras posé en travers des épaules de ses deux soutiens, Harry se laissait plus traîner qu'il ne marchait. En traversant le camp, petit à petit, il parvint à poser ses pieds à terre et à mimer le mouvement. Arrivés là où le nouveau départ devait avoir lieu, ils aperçurent Krum qui portait un magnifique bandage autour du visage, lui barrant le nez et un œil. Il leva tout de même un pouce en l'air en voyant arriver Harry. À ses côtés, Robert Green tenait maladroitement son balai de la main gauche, la droite étant enfouie sous des bandages encore sanguinolents. Ils virent approcher Otto Obermeier qui, comme lui, ne pouvait plus tenir sur ses jambes. N'ayant que son médicomage pour l'aider, ils avançaient à grande peine.

- Malfoy, tiens bien Harry, je vais l'aider.

Avant que le blond ne puisse dire quoique ce soit, Ron était parti vers le jeune participant pour l'aider à rejoindre la ligne de départ.

- Merde, murmura le brun qui se sentit un instant vaciller. Me lâche pas.

Pour toute réponse, Draco resserra sa prise autour de la taille de l'attrapeur afin de le maintenir debout. Son cœur battait la chamade. Était-ce le danger qui rôdait ? La vue de toutes ces blessures ? Était-ce la main de Potter sur son épaule ? Jamais en tant que reporter il n'aurait pensé avoir la chance d'encadrer un tel événement.

- Hey, murmura à nouveau Potter. Tu me fais mal.

- Oh pardon, s'excusa aussitôt Draco qui revint à la réalité, desserrant quelque peu sa prise autour du brun. Pourquoi il ne t'a pas donné plus de potion anti-douleur aussi ?, s'énerva-t-il.

- Parce que chaque candidat n'a droit qu'à une seule dose, expliqua Harry qui récupérait son balai des mains de Ginny. Mais je m'étonne que tu ne saches pas ça, Monsieur j'ai tout lu tout vu sur la GCB ?

Le blond se contenta de serrer les dents.

- Et puis quoi ?, poursuivait Harry à qui ce nouveau départ redonnait un peu d'énergie. Tu t'inquiètes pour moi Malfoy ?

- Tu veux que je te lâche ?, siffla le blond, menaçant.

Harry rigola en grimaçant, la douleur de ses côtes étant encore bien présente. Un des membres du staff s'avança et leur donna l'ordre de monter se placer devant le ruban rouge. Charlie et Draco aidèrent Harry à enfourcher son Nimbus 2001 et à s'envoler jusqu'à la ligne de départ. Ron, qui avait fait de même pour Obermeier revint ensuite vers eux.

- Je rappelle à tous les concurrents et leurs équipes que l'arrivée à Arjeplog marquera la fin de la course. Cependant, c'est le cumul de vos temps sur chacune des quatre parties qui nous permettra de désigner le vainqueur. Vous n'êtes plus que six. Je veux que vous me fassiez chacun un signe pour nous assurer que vous continuez cette course en état de conscience.

Toutes les têtes tournées vers le ciel virent les six concurrents alignés lever un pouce en l'air. Le compte à rebours fut lancé et ils partirent d'un coup, comme un seul homme. Aussitôt le camp s'activa : il fallait vite rejoindre Arjeplog car cette dernière portion de la course étant plus courte et sans réel danger, il y avait fort à parier que les concurrents ne mettraient pas longtemps à arriver. C'est donc en supportant une nouvelle fois l'écœurement du portoloin que l'équipe de Potter quitta le sol gelé en tournoyant. Au moins, cette fois-ci, personne n'avait crié…

à suivre...


Et voili voilou ! J'ai beaucoup aimé faire parler Gustav dans sa langue natale. Trente points pour Poufsouffle à ceux qui auront compris ce qu'il dit ! Merci d'avoir lu, merci d'être là, merci. Bisous !

Lusaka.