Finalement, j'ai décidé d'écrire un autre OS dans la même lignée que le précédent (que je trouve un peu court). Avec comme fil conducteur : le couple Deuteros/Asmita et les fleurs !

Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas.


Les fleurs du souvenir

Quelques mois avant le début de la guerre sainte, dans le jardin du temple de la vierge se trouvait Asmita, le maître des lieux. Ce dernier profitait du beau temps et de la quiétude de l'endroit pour méditer en extérieur, sous les sals jumeaux. S'en fut ainsi depuis la matinée, jusqu'à ce que le chevalier ressentît une présence qui vint perturber sa concentration.
Une personne avait réussi à s'infiltrer discrètement au sein du Sanctuaire, et elle était arrivée jusqu'à son temple sans se faire repérer. Elle s'approchait désormais de lui, d'un pas tranquille. Asmita ne bougea pas, conservant son air serein, il n'avait aucune raison de s'inquiéter. Après tout, il connaissait très bien l'homme qui se tenait, à présent, face à lui : il s'agissait de Deuteros des Gémeaux.

Il y avait quelques années, le second gémeau s'était exilé du Sanctuaire, après la tentative de coup d'État d'Aspros. Deuteros avait été dévasté par la perte de son frère et s'était retrouvé totalement désorienté, il avait préféré prendre ses distances pour réfléchir et s'entraîner en prévision de la guerre à venir. Les deux chevaliers étaient tout de même restés en contact, Asmita était l'une des rares personnes en qui le gémeau avait confiance. Ils avaient l'habitude de discuter par télépathie, mais de temps en temps, il lui prenait l'envie de lui rendre visite. Le Grec trouvait en sa compagnie l'apaisement de l'âme, la présence et les paroles de la vierge lui procuraient un bien-être qu'il ne pensait jamais connaître un jour. Quant à l'Hindou, la douleur et la détresse du cadet des jumeaux l'avaient profondément touché, jamais il ne se serait cru capable de faire preuve d'autant d'humanité, lui qui avait longuement hésité à rejoindre les rangs d'Hadès, n'ayant plus eu foi en l'humanité. Cependant, ses rencontres avec Deuteros et avec Athéna l'avaient fait changer d'avis : l'être humain pouvait lutter contre son destin, il avait donc décidé de croire en eux.

Au fil des conversations et des rencontres, une solide amitié s'était tissée entre eux, chacun apportant du réconfort à l'autre et éprouvant un profond respect mutuel. Néanmoins, leur relation avait fini par évoluer : au début ce fut une attirance envers l'autre, ils avaient essayé tant bien que mal d'ignorer cet attrait, croyant que c'était dû au fait qu'ils ne côtoyaient pas grand monde et que c'était juste une sensation passagère. Cependant, ils avaient fini par arrêter de se voiler la face : ce n'était pas un simple penchant mais bel et bien un sentiment plus fort. Et c'était dans le confort et l'intimité de ce jardin, qu'ils avaient commencé à s'échanger leurs premiers baisers, leurs premières caresses et leurs premiers mots d'amour. C'était leur endroit à eux, où ils pouvaient s'aimer librement.

A cette période de l'année, les arbres étaient en fleurs, les pétales roses virevoltaient gracieusement au grès du vent, un spectacle enchanteur à voir. Ce fut dommage que la vierge ne pût pas admirer ce phénomène, mais de toute manière, il s'en moquait pas mal : tant qu'il était avec Deuteros, rien d'autre n'avait de l'importance à ses yeux. Le gémeau s'était installé à ses côtés, laissant l'Hindou poser sa tête sur son épaule, passant doucement sa main bronzée dans sa longue et soyeuse chevelure blonde dorée. Ils restèrent ainsi pendant un long moment, dans la sérénité et l'harmonie du jardin, sous les sals en fleurs.

Toutefois, le chevalier de la Vierge remarqua que celui des Gémeaux avait l'air perdu dans ses pensées, les yeux dans le vague, caressant machinalement ses cheveux. Il décida de l'interroger :

« Qu'est-ce qui te préoccupe autant ?

_ … Pas grand-chose... Je pensais juste à l'avenir...

_ Mais encore ?

_ … Je ne sais pas... je me demande vraiment si tous les combats à venir ne seront pas vains...

_ Honnêtement, je ne pense pas que cette guerre sera la dernière.

_ Alors, pourquoi devons-nous nous battre, si l'on sait pertinemment que cela n'aboutira à rien ?

_ Tu commences à douter ? C'est normal je suppose, j'ai eu une période d'incertitude aussi. Après une longue phase de réflexion, la rencontre avec la déesse m'a aidé à me décider. Je veux croire en ses idéaux, peut-être ces batailles ne les réaliseront pas, mais je suis intimement convaincu qu'ils joueront un rôle important pour le futur. Un jour, tous ces sacrifices porteront leur fruit.

_ Pff... Haha ! Tu as toujours su trouver les mots pour me réconforter, tu me redonnes la foi.

_ Ne nous inquiétons plus de l'avenir, profitions de l'instant présent. »

Asmita mit fin à la discussion et se pencha pour embrasser tendrement Deuteros, ce dernier y répondit avec ferveur. Son compagnon avait raison, cela ne servait à rien de penser au lendemain tumultueux, il devait vivre pleinement les moments où il était avec lui, le blond était sa seule certitude.

Le zéphyr souffla, entraînant avec lui les fleurs des sals jumeaux. Ces dernières voyagèrent pendant un certain temps, avant d'atterrir dans la maison de la vierge.

Shaka y était en pleine médiation, il pressentait que, d'ici peu, la guerre sainte contre Hadès aurait lieu. Le blond hésitait encore sur quoi faire, est-ce que soutenir Athéna dans son combat était une bonne chose ?
Soudain, il perçut quelque chose s'introduire dans son temple. Intrigué, il ouvrit les yeux et vit des fleurs roses flotter dans les airs. L'Hindou tendit les mains et les attrapa délicatement, quelle fut sa surprise quand il reconnut l'espèce : des fleurs de sal ! C'était étrange, comment se faisait-il qu'il en trouvât, alors que ce n'était pas la saison ?

Tout à coup, une image traversa son esprit : pendant un bref instant, il avait aperçu un homme aux cheveux blond, portant l'armure d'or de la Vierge, accompagné d'un autre homme à la peau mate et à la longue chevelure bleu foncé. Avait-il rêvé ? Puis en reportant son regard sur les fleurs, il les revit. On aurait dit qu'elles étaient chargées de souvenirs... Shaka pouvait clairement les voir miroiter à travers elles.

Il voyait les deux hommes sous les sals jumeaux, à des moments différents, en train de parler et avoir des gestes affectueux entre eux. Le blond devina qu'il percevait, sûrement, le passé de son prédécesseur, en compagnie de son amant. Ces arbres sacrés étaient présents depuis les temps mythologiques, veillant sur chaque chevalier de la Vierge, leurs fleurs avaient le pouvoir de transcender l'espace-temps et avaient atterri à cette époque. C'était incroyable, l'amour était donc possible même en temps de guerre imminent. Le précédant chevalier avait été aussi en proie des mêmes doutes que lui, mais cet homme ainsi que la déesse l'avaient éclairé.

En voyant cela, sa perplexité s'envola, il n'avait plus de doute, c'était décidé : lui aussi se battrait pour la cause d'Athéna. Les efforts et les sacrifices des chevaliers de la précédente guerre ne seront pas vains ! Cette fois-ci, ils allaient mettre un terme à ce conflit qui durait depuis trop longtemps, ils triompheraient d'Hadès grâce à eux !

Mû par cette nouvelle résolution, Shaka laissa les fleurs s'envoler à nouveau, les remerciant de l'avoir guidé.

Elles dérivèrent encore, portées par le vent, et arrivèrent cette fois-ci dans les mains d'un homme aux cheveux bleu lagon, il s'agissait de Kanon. Le Grec avait également eu les mêmes visions que la vierge, et fut ébranlé par l'amour qui unissait son prédécesseur à celui de Shaka, tout comme il avait été ému par l'amour d'Athéna. Ce sentiment qui l'avait jadis sauvé, le conforta dans son choix : il allait se battre aux côtés de ses pairs et leur déesse !

La brise souffla à nouveau, faisant voler les pétales roses jusqu'à les faire disparaître dans les airs.


Il me semble que Shaka avait dit que les pétales des sals jumeaux du temple de la Vierge ont le pouvoir de voyager à travers l'espace et le temps. J'ai trouvé l'idée intéressante à exploiter pour relier différentes époques.