Chapitre 2

Il fallut quelques instants avant que Flavien puisse assimiler ce que l'homme devant lui avait dit.

-Qu'est-ce que vous voulez dire?

-Écoutez Flavien, je sais que ça doit être déboussolant pour vous, alors venez dans mon bureau, je vais vous expliquer.

L'homme plus âgé se dirigea vers une porte dans un coin de la cafétéria. Flavien hésita un instant, mais décida finalement de le suive ; ce n'était pas comme s'il avait un autre choix.

Après avoir franchi la porte, ils se retrouvèrent dans un long corridor, qui ressemblait étrangement à un couloir d'hôpital. Ils marchèrent un moment, tournèrent un coin qui donnait sur un couloir identique et finalement, Charles s'arrêta devant une porte, qu'il déverrouilla à l'aide d'une clé.

À l'intérieur se trouvait un bureau très spacieux, avec un lit d'examen, ainsi que deux chaises bien rembourrées, une devant et une derrière le bureau. Trois grandes fenêtres laissaient entrer la lumière éblouissante du soleil de midi, filtrée par de grands verticaux blancs.

Charles prit place derrière le bureau et fit signe à Flavien de prendre l'autre chaise devant lui. Flavien fit comme on lui demandait. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il était. Ce Capitaine Patenaude qu'il voyait était peut-être sous l'influence d'une drogue, ou peut-être était-ce un clone… Mais avant d'agir, il devait en savoir plus sur cet endroit et les raisons qu'on l'y avait emmené.

Enlevant ses lunettes, l'homme devant lui prit la parole.

-Je suis Charles Patenaude, Médecin en chef de cet établissement. Vous nous avez été emmené ici à la suite d'une blessure que vous avez subit lorsque vous aviez 14 ans. Vous étiez sur le banc lors d'une partie de hockey cosom, et vous avez reçu le pock directement sur le côté du front. Vous avez subit un traumatisme crânien assez grave, et lorsque vous vous êtes réveillé, vous avez commencé à divaguer.

-Hein? S'exclama Flavien, Mais je n'ai jamais reçu de pock sur le front moi!

-Vous ne vous en rappelez pas, Répondit Charles avec calme, Parce que vous n'êtes jamais sorti de vos hallucinations. Plusieurs médecins ont essayé, mais en vain. Finalement, j'ai accepté de vous garder ici dans l'espoir que je réussirais un jour à vous redonner la raison.

-J'vous crois pas! Dit Flavien en secouant la tête, Je me rappelle très bien de mes années à l'académie avec Bob et de notre voyage dans le Romano Fafard qui dure maintenant depuis près de quatre ans. Vous…vous êtes un alien, c'est ça! Vous êtes un alien qui peut changer de forme! Vous avez pris la forme du Capitaine Patenaude!

Charles se leva et contourna son bureau.

-Voyons, voyons Flavien, calmez vous.

-Approchez-moi pas!

-Flavien, je ne veux pas vous faire de mal. Venez, je vais vous prouver que j'ai raison.

Flavien le regarda d'un air suspicieux, mais n'osa tout de même pas s'approcher. Charles sortit de son bureau, et Flavien le suivit, réticent.

Après quelques minutes, ils arrivèrent à une grande porte coulissante et Charles appuya sur les touches d'un petit système de sécurité pour y entrer un code. La porte s'ouvrit et dans une inondation de lumière, Flavien suivit l'homme sur la terrasse. Le spectacle qui s'offrit à lui le laissa bouche bée.

Devant lui s'étendait Montréal avec ses imposants gratte-ciels et son fleuve qui scintillaient sous le ciel azur. Il n'y avait aucune trace de dôme ou de quelconque protection que ce soit. La ville s'élevait majestueusement au-dessus du brouhaha quotidien des gens qui l'habitaient.

Flavien du admettre que si ce n'était pas Montréal, alors ça y ressemblait franchement beaucoup.

-Où est le dôme? Demanda-t-il, toujours méfiant.

-En 2031, tous les gouvernements du monde s'allièrent pour nettoyer la planète et réparer la couche d'ozone. Un immense anneau couvert de panneaux solaires fut installé autour de la planète pour capter de l'énergie, et des éoliennes furent installées dans les déserts. Un système fonctionnant par hydrolyse permet aux voitures d'avancer. La Terre est maintenant au niveau de pollution le plus bas depuis 150ans, et ça continue de s'améliorer. Le dôme a été démantelé.

Flavien prit une grande inspiration. L'air qui vint lui chatouiller les poumons était le plus frais qu'il avait respiré depuis longtemps. Tout avait l'air si réel…

-Vous me croyez maintenant? Demanda Charles doucement.

-Ça pourrait être une illusion, Répondit Flavien en haussant les épaules.

-Et comment aurions-nous su quoi reproduire?

-Vous pourriez lire dans mes pensées

-Et vous avez déjà rencontré un seul être vivant qui puisse lire dans les pensées?

Là, Charles marquait un point. À part le spectre du Capitaine Fafard*, personne qu'il avait rencontré n'avait encore pu lire dans les pensées.

-Non, mais il faut une première fois à tout.

Il n'était pas prêt à admettre que le Romano Fafard et son équipage n'existaient pas. Il refusait de les abandonner. Il devait trouver un moyen de les contacter. Il ne voulait pas rester prisonnier de cet endroit où ils voulaient lui faire croire que tout ce qu'il connaissait n'existait pas.

À Suivre…

*Voir Le spectre