Voici la suite. Petite précision que j'ai oublié de faire la dernière fois, mais qui a son importance : l'histoire se déroule juste avant Punk Hasard, pour vous situer.
Merci Shinory pour ta correction et ton soutient ! Et merci à vous qui suivez cette story et qui m'encouragez à poursuivre !
Je ne vais pas m'éterniser en introduction, alors je vous souhaite une bonne lecture.
C'est parti pour le chapitre 2 !
Caplypso's heart
Vers minuit, Zoro fut réveillé par le besoin naturel et pressant de vidanger sa vessie suite à l'absorption d'une quantité non négligeable de liquide (autrement dit d'alcool) juste avant d'aller dormir. Marchant avec une délicatesse forcée, il veilla à sortir des quartiers des garçons sans en réveiller les principaux résidents, bien trop occupés à ronfler bruyamment. L'air extérieur qui l'accueillit à sa sortie était encore saturé de la chaleur étouffante de la journée et la moiteur de la nuit lui colla à la peau. Heureusement qu'il était resté en short. Pourtant, lui qui n'était pas du genre à craindre les températures extrêmes, il n'était pas particulièrement fan des nuits suffocantes. D'autant plus que le vent était désespérément absent pour apporter ne serait-ce qu'une légère brise rafraîchissante. Le bretteur marcha pieds nus sur la pelouse verdoyante tout en s'étirant et en baillant ostensiblement à s'en décrocher la mâchoire. L'océan était d'un calme plat, aucun Roi des mers à l'horizon, ni même de présence menaçante qu'il aurait détecté avec son Haki. Il se frotta l'œil, encore à moitié endormi alors qu'il arrivait à la destination voulue.
Une fois chose faite, le bretteur sortit des latrines dans un nouveau bâillement sonore puis se dirigea d'un pas traînant vers la cuisine. Il farfouilla dans la réserve un petit moment, grognant comme un ours mal léché qui ne trouvait pas ce qu'il voulait, jusqu'à ce qu'il dégote enfin l'objet de sa convoitise, à savoir, une bouteille de saké. Son humeur s'améliora aussitôt. Voilà qui était parfait en cette chaude nuit. Il allait pouvoir la siroter tranquillement à la belle étoile, assis dans l'herbe, adossé à la rambarde du Sunny, bercé par le doux ressac des vagues le long de la coque du navire. Zoro émergea de la cuisine et porta le goulot de la bouteille à sa bouche pour ôter le bouchon avec ses dents mais fut subitement arrêté par un bruit provenant du pont inférieur. En d'autres occasions, il ne se serait pas inquiété, après tout Franky ou Usopp avaient l'habitude de veiller assez tard pour bricoler, mais en l'occurrence, les deux dormaient d'un sommeil de plomb dans les quartiers des hommes. Zoro maugréa sentant que son plan allait tomber à l'eau et porta machinalement la main sur la garde de ses katanas, constamment à sa ceinture (la preuve, on n'était jamais trop prudent).
Le bruit recommença mais cette fois il parut venir du système Soldier Dock. Sans pour autant lâcher sa précieuse bouteille, il se précipita vers la rambarde et regarda par-dessus bord. Quelqu'un venait de l'activer et la porte qui donnait accès au ventre du Sunny était grande ouverte. Zoro s'élança vers le pont inférieur et dévala l'échelle en quatrième vitesse. Si quelqu'un tentait de s'introduire à bord, il allait être reçu, pensa-t-il alors qu'un sourire malsain apparaissait sur son visage.
Toutefois, lorsqu'il arriva au niveau du Soldier Dock, contrairement ce à quoi il s'attendait, le bretteur trouva la navigatrice en train de charger le mini-Merry de divers instruments tels qu'une pelle, le SUPER-détecteur, et sûrement d'autres matériels d'exploration ou de fouille. Zoro resta quelque peu interdit, encore sur le qui-vive, alors qu'il observait sa camarade se démener hargneusement pour faire embarquer un sac-à-dos obèse sur le point de craquer. Mais qu'est-ce qu'elle avait bien pu mettre là-dedans ?
Nami avait gardé son haut de maillot de bain rouge mais un short marron en toile à grosses poches cachait désormais l'échancrure de son bikini.
- Tu comptes rester là à me reluquer les fesses ou tu vas bien vouloir venir m'aider ? assena-t-elle sur un ton très gracieux.
La première option était la plus tentante, et l'envie de la laisser se démerder était assez forte, surtout avec la gentillesse dont elle faisait preuve. Cependant, même si voir son petit derrière s'agiter était une vue agréable, Zoro savait qu'il valait mieux obtempérer sans faire de remarque, aux risques de voir sa dette enfler avec, en prime, un gnon sur le dessus de la tête.
Il attrapa une des lanières du gros sac et le souleva sans forcer, d'une seule main, alors que Nami peinait à le faire décoller du sol avec ses pauvres petits bras. Elle lui jeta un regard mauvais lorsqu'il la nargua d'un petit sourire en coin tout en plaçant le barda dans le petit rafiot. Sans même un merci, la jeune femme lui tourna rapidement le dos dans une envolée de cheveux roux, et continua de s'affairer à charger les dernières fournitures. Zoro grinça des dents face à l'attitude de sa nakama et son humeur massacrante. Une petite voix dans sa tête lui dictait de la laisser se débrouiller et de quitter la pièce pour poursuivre son plan initial. Mais d'un autre côté, à son grand dam, il se souciait d'elle et il y avait clairement quelque chose qui la chiffonnait.
- Je peux savoir ce que tu comptes faire avec tout ça ?
Elle posa le dernier objet dans le bateau et s'essuya la sueur qui perlait sur son front d'un revers de main.
- Je retourne sur l'île pour chercher le trésor, annonça-t-elle avec une détermination sans faille.
Son ton ne souffrait d'aucune objection, mais cela ne signifiait en aucun cas qu'il ne pouvait pas tenter de la raisonner.
- On a cherché tout l'après-midi et on a fouillé partout, alors qu'est-ce qui te fait croire que tu vas trouver quelque chose à toi toute seule ?
- Vous avez pu passer à côté ! surtout quand on voit l'assiduité avec laquelle vous avez cherché…
Zoro grimaça face à l'insulte à peine voilée. Par moment, elle pouvait se conduire comme une vraie garce. Il aurait mieux fait d'écouter sa petite voix, car à l'heure qu'il est, il serait en train de désaltérer son gosier désespérément sec.
- Ou peut-être qu'il n'y en a simplement pas. Il a pu être découvert ou alors tu as très bien pu te tromp…
- Finis ta phrase et je te jure que tu seras dans l'incapacité de procréer pour le restant de tes jours, gronda la jeune femme à quelques centimètres de son visage.
Il n'était pas du genre à se laisser intimider par de vaines paroles mais la lueur au fond de ses prunelles mordorées lui donna presque envie de placer une main devant la zone menacée. De même qu'il n'osa pas jeter de l'huile sur le feu en lui disant qu'elle serait la première déçue si jamais elle décidait de mettre sa menace à exécution. Nami semblait dans une de ses phases psychotiques, comme à chaque fois qu'il s'agissait d'argent, et un faux mouvement pouvait s'avérer fatal.
- D'accord, fais comme bon te semble, capitula-t-il.
Il savait par avance que cela ne servait à rien de continuer à discuter, elle était bien trop bornée pour cela. Elle monta à bord et s'apprêta à larguer les amarres du mini-Merry. Depuis le quai, Zoro jeta un coup d'œil à tout son fatras avant de reposer son regard sur sa petite silhouette, et soupira. Il regrettait déjà sa décision, mais il ne pouvait pas la laisser partir seule, aussi déterminée soit-elle. Le bretteur posa sa bouteille sur le banc arrière puis monta à bord à son tour sous le regard suspicieux de sa nakama qui s'était installée à l'avant.
- Je ne t'ai pas demandé de m'accompagner, bougonna Nami.
- Je sais.
Il se fit une place entre les différents objets et croisa les bras derrière sa tête pour faire une micro-sieste le temps du trajet. La jeune femme ne répondit rien à cela et accepta la présence de l'épéiste à ses côtés. Le mini-Merry démarra et ils quittèrent le ventre du Sunny pour se diriger sur l'atoll désert, sous le ciel étoilé. Ils débarquèrent quelques minutes plus tard sur la plage de sable fin et Nami se rua sur le détecteur puis elle lui ordonna de prendre le reste.
- Qu'est-ce qui te fais croire que je suis venu là pour t'aider ? demanda-t-il interloqué. J'ai juste dit que je t'accompagnais, c'est tout.
La navigatrice, qui avait commencé à s'éloigner, revint sur ses pas et Zoro s'attendit à subir un de ses coups de poing ravageurs, mais au lieu de quoi, elle s'approcha de lui avec une démarche un peu plus déhanchée que d'habitude. Elle se colla presque à lui en gonflant sa poitrine de façon exagérée pour lui coller sous le nez et d'un air séducteur, elle fit courir son doigt de haut en bas sur les muscles son torse dénudé.
- Zoro…, ronronna-t-elle, si tu m'aides à trouver ce trésor, je saurai me montrer très reconnaissante.
- N'utilise pas tes charmes pour obtenir ce que tu veux de moi, femme ! siffla-t-il entre ses dents. C'est peine perdue.
- Vraiment ? fit-elle suavement en haussant un sourcil.
Oh il n'aimait pas du tout le ton provocateur qu'elle venait d'employer. Elle se pressa contre lui, appuyant ses formes généreuses de façon significative sur ses pectoraux alors qu'elle passait derrière sa nuque pour approcher leur visage. Refusant d'entrer dans son petit manège, Zoro resta de marbre et complètement immobile, même lorsque son souffle chaud et sucré frôla ses lèvres.
- Pourtant, ce n'est pas l'impression que ça donnait un peu plus tôt dans la journée…
Sa lèvre supérieure se retroussa, dévoilant une série de dents blanches alors qu'il se remémorait ce moment particulièrement éprouvant. Jamais il n'aurait cru que manger une stupide glace pouvait faire un tel effet et se fustigea pour la soudaine sensation que ce souvenir provoqua. Cette femme avait vraiment des pouvoirs surnaturels pour réussir à l'envouter et créer une brèche dans ses résolutions. L'éclat malicieux dans ses grands yeux chocolat lui indiqua qu'elle en était clairement consciente, mais il n'allait pas se laisser si facilement influencer.
- Imagine un peu… Si tu m'aides à ramener ce trésor, je pourrais avoir envie de fêter ça avec autre chose qu'une glace, susurra la rouquine.
Un frisson dévala sa colonne vertébrale et sa bouche s'assécha subitement. Ils étaient si proches qu'il ne suffirait que d'une petite inclinaison de la tête, de quelques millimètres, pour combler l'espace qui séparait leurs lèvres.
- Tu es diabolique, souffla-t-il de sa voix rauque.
La tension était tellement intense entre eux que l'air semblait crépiter entre leurs deux corps. Zoro voulu s'avancer pour attraper cette bouche tentatrice qui le narguait impunément mais la jeune femme s'écarta aussitôt, un sourire triomphant placardé sur le visage. Elle s'éloigna avec son détecteur entre les mains et commença à scanner le sol en l'ignorant royalement.
« Maudite sorcière ! » hurla-t-il intérieurement. Cette femme allait le rendre dingue ! Il fallait qu'il se reprenne, bon sang ! Zoro attrapa le sac-à-dos et le passa sur ses épaules avant de se saisir d'une pelle ainsi que d'une lampe frontale.
Ils cherchèrent chacun de leur côté pendant un peu plus d'une heure sans être plus chanceux que la fois précédente. L'ancien chasseur de pirates planta la pelle dans le sol et balaya la sueur qui perlait sur son front avant de s'octroyer une petite pause. Ça n'avait rien de difficile physiquement, mais la patience dont il avait fait preuve jusqu'à maintenant se tarit. Si même Luffy avec sa chance du démon n'avait rien trouvé, c'était que ce soi-disant trésor n'était plus là, s'il n'avait jamais existé. Après tout, Robin l'avait lu sur un ancien bout de papier, alors il y avait fort à parier que d'autres explorateurs ou pirates aient pu le dénicher avant eux. Pourquoi ne s'en rendait-elle pas compte ?! Il jeta un œil dans sa direction. Absorbée par l'écran du détecteur, elle ne paraissait même pas avoir remarqué sa minute d'inactivité. Heureusement, car à coup sûr, il en aurait pris pour son grade. Et dire que, s'il s'était écouté, il serait en train de dormir paisiblement à l'air libre sur le pont avec l'alcool qui se distillerait tranquillement dans son organisme. Cela lui fit penser que sa bouteille l'attendait toujours dans le canot. Il n'était peut-être pas trop tard pour réaliser ce dont il avait envie depuis qu'il était réveillé. A quelques dizaines de mètres de là, la sorcière lui tournait le dos et continuait ses investigations. Elle avait réussi à l'enrôler dans ses travaux forcés, mais à la base, il n'était venu uniquement que pour s'assurer de sa sécurité. Alors si elle voulait passer la nuit à fouiner partout, grand bien lui fasse, mais hors de question qu'il lui serve d'esclave, et peu importe ce qu'elle pouvait lui promettre.
Fort de sa nouvelle résolution, Zoro retourna au mini-Merry et troqua son équipement contre l'objet de sa convoitise. Il n'y avait plus qu'à trouver un coin sympa où il pourrait la siroter. Il alla en bordure du lagon et planta ses trois katanas dans le sable avant de s'asseoir en tailleur juste à côté. Il arracha le bouchon avec les dents et le recracha à quelques mètres de là puis porta le goulot à sa bouche. La douceur du saké enveloppa sa langue, puis son palais, dans une délicieuse sensation, avant de couler dans sa gorge. Le pirate but avidement, ne prenant même pas la peine de respirer entre chaque gorgée. Après avoir descendu près de la moitié de la bouteille en une fois, il essuya la commissure de ses lèvres d'un revers du bras et soupira de satisfaction. Ça faisait un bien fou !
- Je peux savoir ce que tu fais ?
Sa bonne humeur s'évapora subitement et un grognement las remonta des tréfonds de sa poitrine.
- Qu'est-ce que j'ai l'air de faire à ton avis ?
Du coin de l'œil, il la vit venir vers lui l'air furibond, et elle se posta, une main sur les hanches, dans son champ de vision, lui bloquant la vue sur le lagon.
- Est-ce que tu m'as entendue dire qu'on avait fini les recherches ?
- Non.
- Alors retourne chercher ton équipement et va fouiller le coin là-bas, ordonna-t-elle d'un ton autoritaire en pointant du doigt la forme arrondie du banc de sable.
- Non.
Zoro jura que, malgré l'obscurité, de la fumée sortait de ses oreilles.
- Zoro, si tu ne te lève pas dans les secondes qui suivent, je te jure que…
- Tes menaces ne me feront pas bouger. Je ne vais pas m'acharner inutilement pour quelque chose qui n'est visiblement pas là. Tu peux continuer aussi longtemps que tu veux, mais je ne bougerais pas d'ici.
- Grrr… espèce de… argh !
Elle repartit en bougonnant, les poings serrés et la démarche raide. Il pouvait s'asseoir sur la petite récompense qu'elle lui avait proposée. Tant pis, au moins il avait son moment de répit avec son saké. Zoro perdit son regard dans le reflet du ciel étoilé qui s'étalait sur toute la surface de l'eau. La clarté du quartier de lune rendait l'obscurité un peu moins opaque et permettait de distinguer sans trop de difficulté les formes alentour. Tout y était d'un calme plat, avec pour fond sonore, le chuchotement apaisant des vagues qui venaient lécher le cercle de sable perdu au beau milieu de la mer. Il trinqua à cet instant et avala une gorgée du précieux liquide avant de poser la bouteille à côté de lui pour s'étendre sur le dos. Le bretteur lança un dernier regard à sa camarade qui grommelait dans son coin alors qu'elle arpentait de long en large la langue de sable puis ferma sa paupière pour piquer un petit somme.
Le bruit de quelque chose qui heurta le sol juste à quelques centimètres de lui le réveilla en sursaut et il posa instantanément la main sur le premier katana qui se trouvait à proximité. Toutefois, son alerte ne fut que de courte durée car le pirate réalisa bien vite que le son qu'il avait entendu n'était autre que le SUPER-détecteur qui gisait au sol aux pieds d'une rouquine visiblement toujours de mauvaise humeur. Cette dernière s'assit (ou plutôt, se laissa tomber sur son postérieur) sans un mot à côté de lui et attrapa la bouteille. Avant qu'il n'ait eu le temps de l'interrompre, elle descendit la quasi-totalité de ce qu'il restait d'une traite.
- Hey ! c'était ma bouteille ! je comptais la finir pour ton information !
Elle lui colla la bouteille contre le torse d'un geste peu délicat tout en l'ignorant. Un peu déstabilisé, il l'attrapa et Nami rétracta sa main et vint enserrer ses jambes qu'elle avait ramené contre son buste. Elle posa le menton sur ses genoux et fixa l'horizon d'un air morne. Zoro la détailla avec un sourcil levé, puis posa son regard sur la bouteille dans ses mains. Par chance il restait un fond de saké, qu'il s'empressa de vider avant qu'elle ne change d'avis, puis reposa le contenant en verre dans le sable. Il fixa à son tour l'étendue d'eau sombre et ils plongèrent tous les deux dans le silence. Il n'avait jamais été doué pour réconforter les gens… en fait il n'aimait pas ça. De son point de vue, c'était une perte de temps que de s'apitoyer sur son sort ou sur celui des autres. Se relever et continuer de se battre, sans jamais rien lâcher, voilà comment il voyait les choses. Pourtant, en cet instant, il aurait aimé savoir quoi dire pour la faire sourire à nouveau et ne plus voir cette lueur de tristesse dans ses yeux. Il ne comprenait pas pourquoi ce trésor revêtait une telle importance pour elle, mais le fait est qu'elle tenait vraiment à le trouver, et cet échec semblait particulièrement l'affecter.
- Pourquoi est-ce si important pour toi de trouver ce trésor ?
Nami continua de fixer l'étendue plane en silence et il crut qu'elle ne lui accorderait jamais une réponse mais il l'entendit prendre une profonde inspiration puis elle s'adressa à lui d'une voix mélancolique.
- En réalité, le texte que Robin a traduit n'indique pas seulement un trésor. Il raconte avant tout une histoire… celle d'un marin qui naviguait à bord d'un navire d'échanges commerciaux…
« Un jour, lors de leur traversée, sur ce qui est décrit comme étant le Nouveau Monde, le bateau fut pris dans une violente tempête et il sombra avec tous les hommes à son bord. Par chance, le marin survécu mais il était gravement blessé. Il dériva pendant plusieurs jours sur une planche en bois et, c'est à moitié mort qu'il s'échoua sur une plage au beau milieu de l'océan. Lorsqu'il reprit connaissance, toutes ses blessures avaient disparu et il se trouvait dans une forêt luxuriante où il y avait des arbres remplis de fruits ainsi qu'une source d'eau douce. Le marin pensa qu'il était finalement mort et qu'il se trouvait au paradis. C'est alors qu'une femme apparut. Elle était d'une incroyable beauté mais paraissait quelque peu méfiante à son égard. Elle lui apprit qu'il avait frôlé la mort et que c'était elle qui l'avait sauvé en guérissant ses blessures à l'aide de son pouvoir mais qu'il allait devoir partir. Le marin, d'abord surpris, lui demanda quel était le nom de sa sauveuse. La jeune femme s'appelait Calypso. C'était une nymphe, désignée par les dieux pour être la gardienne ainsi que la protectrice de l'île. Elle lui apprit que, selon la volonté divine, aucun humain n'était autorisé à rester. Le marin, un peu surpris, la remercia mais lui demanda pourquoi elle avait choisi de le sauver au lieu de le laisser mourir. Calypso resta silencieuse, gênée de lui avouer qu'il était le premier homme qu'elle voyait d'aussi près. Les dieux lui avaient toujours interdit d'entrer en contact avec un humain, mais poussée par la curiosité, elle avait bravé l'autorité pour le sauver.
Embêté, le marin lui expliqua qu'il ne pouvait pas partir car il n'avait plus de navire. Alors la jeune femme accepta qu'il séjourne quelque temps sur l'île en attendant que le prochain bateau ne passe à proximité.
Il resta plusieurs jours, puis les jours se transformèrent en mois. Ils finirent par se rapprocher puis finalement, ils tombèrent amoureux. Le marin vécut une année entière coupé du monde avec celle qu'il considérait comme l'amour de sa vie. Puis un beau jour, un navire passa au large… et malgré son amour pour elle, l'envie de retrouver la civilisation se fit plus forte. Il proposa alors à Calypso de l'emmener avec lui, de lui faire découvrir le vaste monde et ses beautés, mais malheureusement, elle ne pouvait pas quitter son île car elle en assurait la survie. Voyant qu'il était tiraillé entre son envie de rester et celle de partir, Calypso prit la décision de le laisser s'en aller, mais à une condition, que lorsqu'il aurait accompli ce qu'il avait à faire, qu'il revienne vers elle. Le marin accepta en lui promettant de revenir quoi qu'il advienne, et qu'à son retour, il l'épousera. »
Nami marqua une pause et Zoro attendit patiemment la suite, même s'il ne comprenait pas vraiment où tout cela menait. Ce n'était vraiment pas son truc les histoires, mais cela avait l'air de lui tenir à cœur d'en parler, alors il fit l'effort d'écouter jusqu'au bout.
« Elle l'attendit pendant des mois, puis des années, scrutant l'horizon à la recherche du moindre navire. Quelques-uns passèrent de temps à autre mais sans jamais s'arrêter. Toutefois, elle ne désespérait pas, car après tout, il lui avait promis de revenir. Finalement, un beau jour, un bateau jeta l'ancre au large de l'île et un homme accosta sur la plage. Calypso était tellement heureuse, son amour était enfin revenu, mais lorsqu'elle arriva pour l'accueillir dans ses bras, ce n'était pas lui. L'homme se présenta comme un ami du marin, et lui annonça à regret que celui-ci était mort des années plus tôt dans une guerre pour laquelle il avait été forcé de s'enrôler, mais dans son dernier souffle, il avait fait promettre à cet ami de retrouver Calypso pour lui remettre une bague, gage de son amour pour elle. L'homme lui donna le bijou et repartit en la laissant à nouveau seule. Affligée par le chagrin, elle se retira au centre de son île et pleura toutes les larmes de son corps. Cela dura des jours et des jours, sans que sa peine ne s'efface. A force de pleurer, la terre se gorgeât du sel de ses larmes et l'eau douce de la source devint si salée que toute la végétation environnante mourut peu à peu. L'île se transforma en une terre aride de sable blanc mais Calypso continuait toujours de pleurer l'amour qu'elle avait perdue, si bien que petit à petit, l'eau s'accumula autour d'elle. Souffrant toujours de la perte de son amant, et ne supportant plus de voir son île dépérir à cause d'elle, Calypso finit par s'arracher le cœur, mais au lieu d'avoir un muscle palpitant entre les mains, elle trouva une pierre aux couleurs chatoyantes. Son cœur s'était petit à petit cristallisé dans sa poitrine, pour devenir aussi dur et étincelant qu'un diamant, qu'elle décida de jeter pour ne plus avoir à souffrir.
Cependant ses pleurs ne s'arrêtèrent pas, et même si la douleur n'était plus là, l'eau salée continua de stériliser la surface de l'île et, bien vite, elle finit par la submerger. Calypso mourut, noyée par son chagrin. Cependant, elle avait trahi sa parole envers les dieux. Elle s'était approchée d'un humain, pour se lier à lui et lui offrir son cœur. De surcroît, l'île qu'elle était censée protéger avait péri également. Pour tout cela, les dieux condamnèrent son âme à errer sur cette terre aride pour l'éternité, sans possibilité de rejoindre celui qu'elle aimait, au paradis. Tout comme son cœur, son corps se transforma en pierres précieuses, qui se dispersèrent sur cette île. L'histoire raconte que parfois, on peut apercevoir ce trésor briller de mille feux. Il est dit aussi que celui ou celle qui trouvera l'une de ces pierres, sera protégé, ainsi que tous ceux auxquels cette personne tient, par l'esprit de Calypso, afin qu'une tragédie semblable ne se reproduise pas… car il n'y a pas pire que d'être séparé de ceux qu'on aime. »
Sa voix s'était de plus en plus atténuée à la fin de sa phrase tandis qu'elle était chargée d'émotion. Nami avait pris cette histoire très à cœur et elle avait paru la vivre. De son côté, Zoro l'avait écouté avec attention, sans même s'endormir comme il l'aurait fait habituellement, dans un silence respectueux mais quelque chose le chiffonnait. Il attendit encore un peu pour être sûr qu'elle avait bien terminé son récit avant de s'exprimer.
- Si je résume, tu nous as fait chercher tout l'après-midi ainsi qu'une partie de la nuit sur une île, au hasard, à cause d'une ancienne fable qu'Usopp aurait pu inventer et qui parle d'une femme changée en pierre, c'est bien ça ?
Le regard de Nami dévia vers lui et elle fronça les sourcils dans une expression méfiante.
- J'aime pas trop ta façon de résumer. Ça n'a rien de dingue et ce n'est pas du HASARD ! Dans le texte, il y avait quelques indications géographiques. Je l'ai étudié attentivement pendant longtemps et j'ai fini par découvrir qu'il s'agissait de véritables indices et que la localisation était bien réelle, mais à l'époque nous n'étions pas dans la bonne zone. Du moins, jusqu'à aujourd'hui. Tout concorde, Zoro ! ça devrait être ici ! s'exclama-t-elle en levant les bras au ciel.
- Peut-être qu'il n'y a rien, parce que c'est juste un conte pour enfant…
- CA N'A RIEN D'UN CONTE POUR ENFANT !
- Bien sûr que si ! C'est rien qu'une histoire dégoulinante de romantisme pour jeunes filles ! Enfin réfléchi ! des dieux qui demandent à une femme de garder une île ?! Elle tombe amoureuse du premier venu, puis s'arrache le cœur pour finalement se changer en trésor ?!
- Parfois certaines fables contiennent une part de vérité…
- Sérieusement ?! Et une pierre qui protège les gens qui nous sont chers… Franchement ?! C'est du grand n'importe quoi. T'estimes qu'on a besoin d'être protégé ?! Tu ne nous fais pas confiance ou quoi ?!
Alors là, c'était une première ! Nami qui voulait trouver une babiole, non pas pour en tirer un bon gros paquet d'argent, mais pour protéger l'équipage. Si c'était là la vraie raison de sa persévérance à fouiner sur cette île, il y avait de quoi être vexé. Comme s'ils avaient besoin d'être protégé par un quelconque artefact. Rien que pour lui, c'était insultant. Il ne s'était pas entrainé aussi dur pour que Nami se sente obligée de chercher une babiole chimérique pour se sentir en sécurité !
- Bien sûr que si !
- Alors pourquoi tu t'entêtes ?! on a pas besoin de ce genre de connerie !
- CE N'EST PAS UNE CONNERIE ! Si on trouvait une de ces pierres, on pourrait la revendre à bon prix. Et si jamais il s'avère que c'est vrai, qu'elle assure une protection, un peu de sécurité ne pourrait faire pas de mal ! surtout dans le Nouveau Monde ! Argh ! Pourquoi je m'entête à vouloir t'expliquer tout ça…, soupira désespérément la jeune femme. Tu sais quoi, retourne sur le bateau si tu veux, ou paume-toi quelque part, je m'en fiche.
Elle se détourna quelque peu de lui pour bouder dans son coin, le menton posé sur ses genoux qu'elle tenait précieusement contre son torse. Cette histoire lui tenait plus à cœur que ce qu'il n'aurait cru, et il ne comprenait pas vraiment pourquoi d'ailleurs. C'était une de ses banales histoires à l'eau de rose avec une fin dramatique, pas de quoi en faire tout un plat. En plus, c'était surtout à lui d'être contrarié ! Pourtant la voir si dépitée, le privait de ce ressentiment.
- Nami…
- Fiche-moi la paix ! coupa-t-elle sèchement.
Qu'est-ce qu'elle pouvait être chiante ! Ce n'était pas de sa faute à lui si son histoire était toute pourrie et qu'il n'y avait aucun trésor sur cette fichue île ! L'idée de suivre son conseil et de lever l'ancre en la laissant sur place était plutôt tentante, mais il se ravisa et resta à ses côtés. Il sentait bien qu'elle lui en voulait et que même, sa présence l'exaspérait, mais il s'en fichait. Nami n'avait pas le moral et il ne pouvait pas l'abandonner. Après avoir passé un moment à contempler l'horizon, il eut une idée. Il n'était, certes, pas un homme de mots, mais définitivement d'action et tout ce qu'il souhaitait c'était ne plus voir cet air abattu chez son amie. Zoro se releva d'un bond décidé et fit face à la jeune femme qui s'attachait toujours à bouder dans son coin. D'un geste vif et assuré, il la saisit par le bras et la redressa sur ses pieds.
- Hey ! Mais qu'est-ce qui…, commença-t-elle à se rebiffer.
Cependant, il ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase qu'il se pencha et l'attrapa par les jambes et la jeta par-dessus son épaule comme un vulgaire sac alors qu'elle poussait un cri de surprise. Il passa un bras sur l'arrière de ses cuisses et l'autre autour de ses mollets pour l'empêcher de se débattre et de s'enfuir.
- Zoro ! Qu'est-ce que tu fais ?! Repose-moi tout de suite !
Tout comme elle précédemment, il l'ignora et se dirigea à grandes enjambées vers le lagon. Elle se redressa et dut comprendre ce qu'il comptait faire car rapidement, la navigatrice gigota nerveusement sur son épaule.
- Zoro ! Repose-moi immédiatement ! Espèce de primate des cavernes !
Ses pieds entrèrent dans l'eau tiède tandis que Nami lui labourait furieusement le dos de ses poings, ce qui ne le dissuada en aucun cas à poursuivre son idée. L'eau atteignit rapidement ses mollets, puis son short ainsi que le haut de ses jambes.
- Je te jure que tu vas me le payer si tu oses faire ça !
Il se retrouva immergé jusqu'au niveau de la taille et un des orteils de la jeune femme trempa dans l'eau.
- AH ! ZORO ! Ramène-moi sur la plage ! s'écria-t-elle d'une voix suraiguë.
Elle redoubla d'effort pour se dépêtrer de son emprise, en vain, car il était bien plus fort qu'elle. Il s'arrêta uniquement lorsque le niveau arriva à son nombril.
- D'accord, si tu me ramènes sur le rivage, je promets de t'offrir tout l'alcool que tu voudras pendant une semaine.
Zoro étudia sérieusement la proposition qu'elle lui faisait. Après tout, ce n'était pas tous les jours que Nami parlait d'offrir quelque chose, mais comme toute proposition qui émanait d'elle, mieux valait se méfier. Pourquoi refusait-elle à ce point de se mouiller ? Elle était pourtant du genre à prendre un bain de minuit et elle passait littéralement des heures dans la salle de bain à squatter la baignoire. L'incident de la baignoire en était la preuve. En plus l'eau était agréable, elle n'avait rien de la froideur du grand large mais plutôt une certaine tiédeur conférée par l'espace clos constamment exposé au soleil. Toutefois, si elle ne tenait vraiment pas à se baigner, et bien soit, mais avant il avait lui aussi ses conditions à poser.
- Dans ce cas, on arrête les fouilles, tu admets qu'il n'y a aucun trésor sur cette île et on repart pour le Sunny…
- Hors de question ! il reste encore tout un secteur qui n'a pas été… AAAHH !
Ce fut avec une facilité déconcertante qu'il la souleva, son petit corps frêle ne pesait presque rien comparé aux poids qu'il soulevait habituellement, et il l'envoya à quelques mètres devant lui. Zoro put contempler, comme au ralentit, les yeux de la rouquine s'agrandir petit à petit jusqu'à ce qu'ils deviennent exorbitants, figeant son visage dans une expression horrifiée alors qu'elle semblait suspendue dans les airs.
- ZORO ! Espèce de…
Splash
Malheureusement, la fin de sa phrase se retrouva noyée dans l'eau sombre du lagon alors qu'elle disparaissait entièrement sous la surface. Le bretteur compta les secondes avant qu'elle n'émerge à nouveau. 3… 2… 1…
Nami refit surface en crachant et toussant énergiquement pour évacuer l'eau salée qu'elle avait malencontreusement ingurgitée lors de sa plongée. Sa chevelure rousse s'était détachée et retombait désormais gorgée d'eau sur ses épaules en lui collant à la peau. Quelques mèches indisciplinées s'étaient plaquées sur son visage et couvraient en partie ses yeux mais Zoro pouvait distinguer très nettement la lueur meurtrière qui dansait au fond de ses prunelles acérées.
Mission accomplie ! Elle n'arborait plus cette air morne et défaitiste. Il la préférait largement en colère, car il pouvait gérer une Nami furax, mais avec une Nami triste il était un peu désemparé. L'eau lui arrivait juste en dessous de la poitrine mais la posture de la jeune femme était visiblement rigide. Ses bras étaient plaqués le long de son corps et à n'en pas douter, ses poings devaient être étroitement serrés. De plus, de là où il était, il pouvait voir une veine colérique battre sur sa tempe alors sa bouche se contorsionnait en grimace rageuse.
- Toi…, siffla-t-elle dans un grondement.
La navigatrice parut chercher quelque chose dans ses poches puis son haut de maillot de bain.
- Si c'est ton climat-tact que tu cherches, il est resté sur la plage.
Elle marqua un temps d'arrêt, visiblement surprise et fronça les sourcils d'incompréhension. Ce qu'elle pouvait être pénible avec son bâton de sorcière. Dès que quelque chose la contrariait, elle leur envoyait une décharge avec ses mini-orages.
- Je te l'ai enlevé au cas où tu tenterais de m'électrocuter.
Lorsqu'il l'avait soulevé, elle avait été bien trop distraite pour s'apercevoir qu'il avait ôté son arme de la poche arrière de son short avant de la lancer à côté de ses katanas. Certes ce n'était peut-être pas des plus loyal, et encore moins quelque chose qu'il avait l'habitude de faire, mais au moins elle était désarmée, tout comme lui.
La jeune femme poussa un hurlement rageur et s'élança vers lui toutes griffes dehors avec la ferme intention d'en découdre.
- JE VAIS TE…
Une salve d'eau lui aspergea le visage et la stoppa brutalement. Par anticipation, Zoro, avait levé rapidement le bras, la main bien à plat comme s'il s'apprêtait à la recevoir avec une gifle, et l'avait abattu en un éclair sur la surface de l'eau en faisant un mouvement ample pour envoyer la plus grosse quantité de liquide possible sur la Furie. Nami sembla un peu hébétée par ce geste surprenant mais se ressaisit bien vite et reprit son assaut. Le bretteur réitéra son action en envoyant une nouvelle gerbe dont elle se protégea de ses mains.
- Arrête ça tout de suite !
- Ou sinon quoi ? demanda-t-il malicieusement.
Le froncement de sourcil de la jeune femme s'accentua et il aurait juré que ce n'était pas des dents qu'elle avait, mais des crocs qui se dévoilaient sous sa lèvre retroussée. C'était plus fort que lui, un petit rictus amusé avait relevé un soin de sa bouche. C'était fou ce qu'il prenait plaisir à l'embêter, c'était un peu une petite vengeance pour toutes ces fois où elle se moquait de lui. Non elle n'allait pas s'en tirer si facilement. Ils restèrent immobiles, à s'observer en chien de faïence, lui, la main à fleur d'eau prête à envoyer une nouvelle salve, et elle les bras levés avec les paumes tournées vers lui pour se protéger la figure. Chacun guettait le mouvement de l'autre jusqu'à ce que la jeune femme tente une approche. Zoro réagit aussitôt et frappa la surface mais son opposante esquiva sur le côté et envoya à son tour une giclée d'eau sur lui. Les gouttelettes lui aspergèrent le torse et le visage mais il trouva cela plutôt agréable car ça avait le bénéfice de le rafraîchir. Nami avait bien progressé, elle était à moins de deux mètres et continuait d'avancer avec un bras replié devant ses yeux et l'autre qui raclait la surface. Le pirate aux cheveux verts n'était pas en reste non plus et répliquait à chaque déferlante qui lui était projetée.
De loin, on aurait deux enfants en train de s'éclabousser. Si bien qu'au bout d'un moment, la jeune femme avait cessé de ronchonner et laissa échapper un petit rire amusé qui se transforma rapidement en fou rire. Zoro ralentit la cadence et la laissa volontairement s'approcher de façon à ce qu'elle soit à sa portée. Il vit son sourire triomphant lorsqu'elle arriva à sa hauteur en l'aspergeant énergiquement. Pauvre petite, pensa-t-il. Elle pensait sincèrement avoir eu le dessus sur lui ? D'un seul coup, le bretteur bondit en avant, enroulant un bras autour de la taille de la jeune tandis qu'il la contournait agilement. Il ramena vivement son dos contre son torse alors qu'elle poussait un cri de surprise, et se laissa tomber à la renverse en l'entrainant avec lui.
Cependant, une fois sous l'eau, il relâcha son étreinte, son but n'était pas non plus de la noyer. Nami se démêla rapidement de ses bras et regagna l'air libre avant lui. Si bien que, lorsqu'il tenta d'émerger à son tour, elle appuya de toutes ses forces sur ses épaules pour le faire replonger. Ah elle voulait jouer à cela…
Profitant d'être submergé, il la saisit par les jambes et tira dessus pour l'entraîner au fond. Elle apparut soudainement dans un halo orangé presque surnaturel avec les rayons du clair de lune qui filtrait à travers l'eau limpide. Ils se retrouvèrent nez à nez, les lèvres pincées et joues gonflées d'oxygène, mais avec le sourire, à flotter dans l'apesanteur artificielle du milieu aquatique. De par cette proximité, il put observer à loisir les grands yeux noisette de la navigatrice et constata avec un certain soulagement qu'ils avaient retrouvé leur éclat pétillant. Il ne l'avouera jamais à voix haute, mais en cet instant, il la trouvait d'une beauté incroyablement captivante. Peut-être était-ce dû à la pâleur de l'éclat lunaire qui se reflétait sur sa peau laiteuse, avec ses longs cheveux flamboyants qui enveloppait sa silhouette, ou bien au fait qu'elle flottait, telle une apparition féérique… toujours était-il, qu'il ne pouvait détacher son regard de cette femme. Le regard de cette dernière s'adoucit comme si elle avait lu dans ses pensées et se rapprocha de lui. Ils étaient attirés par une étrange attraction alors qu'aucun ne semblait vouloir détacher son regard de l'autre, jusqu'à ce que leurs nez s'effleurent. Zoro passa ses bras autour de la jeune femme, plaçant une main dans le creux de ses reins et l'autre entre ses omoplates tandis qu'elle enlaçait son cou. Le temps sembla s'arrêter dans cette dimension où ils avaient l'impression d'être seuls au monde. Leurs paupières s'abaissèrent alors que leurs lèvres se frôlaient presque timidement, faisant monter la tension entre eux. Puis soudain, Nami écarquilla les yeux et s'écarta vivement de lui afin de remonter à la surface. Zoro fronça les sourcils et la suivit. Lorsque sa tête émergea, le monde parut refaire surface avec lui tandis que les bruits environnants lui assaillaient les oreilles. Il chercha immédiatement sa compagne du regard et la vit, bouche grande ouverte, en train d'aspirer goulument de grandes bouffées d'air. Evidemment, elle n'avait pas la même capacité que lui à se tenir en apnée.
Après quelques profondes inspirations, Nami retrouva une respiration normale. Elle lui jeta un coup d'œil espiègle et l'aspergea mais sans grande conviction. C'est pourquoi il ne se contenta que d'un « hey » de protestation, pour la forme, et saisit le poignet qui venait de l'attaquer. Il l'attira contre lui et elle se laissa faire sans rechigner. Zoro plaça sa large main sur la joue de la jeune femme et glissa ses doigts dans sa chevelure de feu détrempée tandis que son autre main venait se poser sur sa hanche. De son pouce, il retraça délicatement les lèvres rosées et charnues qui semblaient l'appeler silencieusement. Comme à chaque fois, il chercha une quelconque hésitation dans son regard avant de pouvoir clamer cette bouche ensorceleuse comme sienne, et comme à chaque fois, il n'en vit aucune. Alors il combla les derniers centimètres entre eux pour sceller leurs lèvres, mais à quelques millimètres de son objectif, un scintillement à la surface de l'eau attira son attention. Il se figea dans son mouvement et son œil dévia sur l'étrange source lumineuse d'une couleur bleutée qui semblait provenir du fond marin. Très vite, une autre lueur apparue à un pas de là, mais cette fois d'une teinte jaune, puis une autre encore un peu plus loin, d'un rose éclatant.
- Nami, appela-t-il avec une pointe de méfiance.
Il y en avait de plus en plus et Zoro regretta d'avoir laissé ses armes sur le rivage.
A suivre…
Ahah ! je ne suis pas sympa de vous laisser en plan une nouvelle fois. Même pas un petit bisou entre nos deux protagonistes, c'est dur… La prochaine fois peut-être ?
Pour ce qui est des raisons de la morosité de Nami, ce n'était sûrement pas ce à quoi vous vous attendiez. J'ai tenu à intégrer un peu de mythologie grecque en m'inspirant de l'histoire d'Ulysse. Bon ma petite légende autour du trésor de Calypso n'est ouf, j'en conviens, mais elle aura son utilité pour plus tard.
En tout cas, j'espère que ça vous aura tout de même plu. Comme toujours, faite-moi savoir ce que vous en avez pensé.
Je vous dis à très bientôt !
