/!\ Disclaimer : La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.
Faith rentra chez elle dans un état second ce matin-là. Elle se félicita mentalement de ne pas être venue en voiture à la Pitié. Même si l'air était chaud et que le soleil de cette fin de matinée cognait déjà sans relâche, elle apprécia de pouvoir marcher jusqu'à la station de métro et se vider l'esprit. Du moins essayer de se vider l'esprit.
Dans le métro, en revanche, ce fut une tout autre histoire. Faith dut prendre sur elle pour ne pas rendre le contenu de son estomac au beau milieu de sa rame à cause de la chaleur et des odeurs âpres qui se mélangeaient les unes aux autres et lui soulevaient le cœur. Elle savait que ce n'était pas dû à sa condition. Elle était simplement contrariée.
Et enceinte de Bosco.
Comment avait-elle pu en arriver là ? Ce n'était pas tant qu'il s'agisse de Bosco, le problème, mais plutôt le fait que ça avait eu un impact sur leur relation, quel qu'il soit réellement. Ils s'étaient mis d'accord pour laisser tout cela derrière : après tout ils étaient tous les deux adultes, célibataires et, bien que complètement torchés, ils étaient consentants. Bosco avait insisté sur ce point-là, voulant s'assurer qu'il ne l'avait forcé à rien, mais Faith l'avait rassuré. Après quoi ils étaient retournés chacun à leur quotidien, prétendant avec talent que rien de tout cela n'était arrivé.
En tout cas cela semblait vrai pour Bosco. Faith de son côté n'était pas parvenue à oublier ce qui s'était passé et culpabilisait. Elle n'en voulait pas à Bosco – elle n'avait pas menti quand elle lui avait répondu qu'elle avait été tout aussi consentante que lui – mais à elle-même. Elle s'était laissé aller à des comportements qui ne lui ressemblaient pas.
De tous les hommes qu'il y avait à New York elle avait choisi Bosco. Sans doute parce qu'il restait, même dans son esprit embrumé par l'alcool, la personne en qui elle avait le plus confiance. Parce qu'elle savait qu'il serait présent pour elle, quoi qu'il arrive, parce qu'elle avait eu bien trop peur de le perdre de fois de suite en si peu de temps, d'abord physiquement, puis émotionnellement quand ils s'étaient disputés à propos du retour de Bosco dans les forces. Elle l'avait choisi pour tellement de bonnes raisons, et pourtant elle avait l'impression de s'être servie de lui.
Le lendemain avait été étrange. Elle ne s'était pas tout de suite sentie mal à l'aise, consciente pourtant de ce qui s'était passé et de ce que ça impliquait, au contraire elle avait trouvé à la situation une certaine forme de naturel et de bien-être. Elle avait apprécié se réveiller au côté de son meilleur ami, toujours endormi.
La culpabilité n'était arrivée que plus tard, lorsqu'elle s'était sentie rougir sous son sourire et son visage encore à moitié endormi. Quand il avait agi envers elle comme si tout était normal et qu'ils n'étaient qu'amis, sans pour autant nier ce qu'ils venaient de faire. Alors elle s'était rappelée qui elle était, ce qu'ils étaient eux et l'un pour l'autre, et elle avait eu une boule au ventre. Elle avait prétexté une réunion importante au poste et il avait insisté pour au moins lui préparer un thermos de café. Thermos qu'elle avait toujours chez elle, par ailleurs.
Une fois chez elle Faith entreprit de se changer en vitesse avant de se rendre au poste. Elle s'arrêta juste l'espace d'un instant pour poser la main sur son ventre encore relativement plat. Proctor avait dit que cela irait très vite, à présent. Quand une personne était mise face à sa situation, que le déni était mis à mal, le corps réagissait avec une vitesse étonnante. Quelques heures suffisaient parfois. Cette idée angoissait Faith plus que tout. Le sentirait-elle douloureusement ? S'en rendrait compte seulement ? Que se passerait-il si cela se produisait alors qu'elle travaillait ? Tant de questions, tant d'angoisse, à tel point qu'elle fut tentée de se faire porter pâle.
Ce n'était pas très sérieux, pourtant cette idée s'imposait à son esprit comme la meilleure à ce jour, et avec force. Faith se rendit dans le salon, se laissa dans le canapé, et attrapa le combiné du téléphone fixe. Elle appela le commissariat et fit savoir qu'elle serait absente aujourd'hui. Elle ne savait pas encore si elle serait là le lendemain. Après quoi elle envoya un message à Bosco pour l'inviter à passer la voir après son service. Elle était terrifiée, mais elle n'avait pas le choix.
Elle avait besoin de lui dire la vérité. Elle lui devait au moins ça.
Une pensée lui traversa alors l'esprit. Comment allait-elle s'habiller ? Peut-être pas ce soir, mais dès que son corps hurlerait la vérité aux yeux du monde. L'été était tombé sur New York, étouffant la ville du matin au soir.
Elle ne pouvait légitimement pas venir en robe pour travailler, ça ne ferait pas du tout sérieux. Mais elle ne pouvait pas se contenter de mettre des chemisiers comme elle le faisait habituellement, cela trahirait tout de suite sa condition. Il lui faudrait alors opter pour quelque chose de plus ample, une blouse peut-être. Faith quitta sa place sur le canapé et se dirigea vers son armoire pour faire un inventaire. Elle soupira. Dans tous les cas il lui faudrait refaire une garde-robe, elle n'avait plus rien gardé de ses précédentes grossesses, ne prévoyant pas d'avoir d'autres enfants avec Fred.
Puisqu'elle avait encore toute la journée devant elle, Faith décida d'en profiter pour faire du shopping. Elle s'en serait bien passée, mais il fallait bien qu'elle accepte l'évidence et qu'elle se prépare à accueillir un enfant. Et si elle décidait de ne pas le garder, finalement ? Tant pis, elle n'achèterait que des vêtements confortables pour sa grossesse, et éventuellement quelques pyjamas et les choses de première utilité pour le bébé, qu'elle laisserait avec lui dans le cas où elle ferait le choix de le confier à quelqu'un d'autre.
Faire les boutiques dans ce genre de circonstances lui rappela des souvenirs. Une sensation douce-amère qu'elle ne parvenait pas à exprimer. Mais quand la vendeuse s'approcha d'elle et lui fit remarquer avec un sourire en coin qu'elle si prenait vraiment très tôt, avec un regard appuyé vers son ventre encore inexistant, son humeur se rassombri.
Evidemment qu'elle avait du temps. Jusqu'à ce qu'elle n'en ait plus. Et ça, elle ne pouvait pas du tout le prévoir. Faith se débarrassa de la jeune femme en lui faisant savoir qu'elle profitait de son unique jour de congé pour tout préparer parce qu'autrement elle n'aura pas le temps. La vendeuse acquiesça avec un regard empli de pitié avant de la laisser tranquille. Faith leva les yeux au ciel et se dépêcha de terminer ses achats.
Faith prit le temps de rentrer chez elle, prenant sur elle pour ne pas se retourner toutes les trente secondes comme une criminelle dans la crainte de tomber nez à nez avec Bosco avec des vêtements de grossesse dans les bras. Surprise ! se moqua-t-elle intérieurement. Mais la vérité c'était que ça ne la faisait pas du tout rire, bien au contraire.
Quand enfin elle se retrouva à l'abri dans son hall d'immeuble, elle s'autorisa à souffler. Son cœur battait la chamade et elle ne s'en était même pas rendu compte. Faith laissa échapper un rire nerveux, se trouvant complètement ridicule. Bon sang, elle était inspecteur à la criminelle et avait été flic pendant plus de 10 ans. Pourquoi alors tremblait-elle comme une feuille à l'idée de parler avec son meilleur ami ? Au pire il lui dirait de se débrouiller toute seule parce qu'il ne veut rien avoir à faire là-dedans, mais il n'y aurait pas mort d'homme. Pas vraiment.
Pour occuper son esprit jusqu'au soir, Faith décida de faire du ménage et du rangement. Son appartement en avait de toute façon bien besoin. Après le départ de Fred et des enfants, avec le coma de Bosco puis son nouveau poste, elle s'était un peu retrouvée dépassée et avait repoussé tellement de chose au lendemain, toujours plus loin chaque jour, se contentant du minimum.
Ainsi pendant plusieurs heures elle fit du tri, réorganisa chaque pièce et chaque placard, avant de faire un grand nettoyage. Vers 22h elle s'autorisa enfin à faire une pause. Elle prit une longue douche bien relaxante avant de se préparer à manger. Elle n'avait pas très faim mais fit un effort tout de même. Après tout elle mangeait pour deux, à présent. Si on peut dire.
Lorsque sonna 23h, Faith, qui s'était relativement détendue, recommença à s'agiter. Elle avait enfilé une salopette short qu'elle s'était achetée et qui pourrait contenir son ventre lorsqu'il se déciderait à apparaître. En attendant elle se portait très bien, même si paraissant peut-être un peu large. Mais Bosco ne remarquerait pas la différence. Il ne remarquerait rien si elle ne lui parlait pas. Stop ! se sermonna-t-elle. Il n'était pas question de faire marche-arrière. Elle ne voulait plus mentir à Bosco, ça leur avait trop coûté par le passé.
Alors ? =)
