Sirius releva la tête en maugréant contre l'alarme qui venait de sonner. Il ne comprenait pas bien l'utilité de mettre une alarme pour réveiller des prisonniers qui n'avaient pas le droit de sortir de leur cellule, cette prison commençait déjà à le rendre fou. Il avait passé sa première nuit à pleurer, avait peu dormi durant sa suivante et ainsi de suite. Actuellement il réussissait à dormir presque 3H par nuit. C'était peu mais de toute façon il ne se dépensait pas beaucoup pendant la journée. Un bout de pain lui était apporté à midi puis le repas du soir était servi entre 18H et 20H au bon vouloir des gardiens. La seule autre activité de sa journée était la sortie dans la cours 1H par jour. Là encore l'heure était profondément aléatoire et dépendait des gardiens. Les Aurors tenaient des planning rigoureux, veillant à ne pas mélanger des prisonniers trop ennemis, ou trop ennemis pour les plus turbulents d'entre eux. Pour l'instant Sirius ne s'était retrouvé qu'une fois en présence de l'homme qui l'avait fixé durant le repas et cela lui avait suffit. Cet être lui faisait froid dans le dos et son regard perçant et insistant le mettait mal à l'aise. Pourtant, penser à lui lui faisait bien passer le temps, en à peine deux semaines en prison, lorsque Sirius ne se morfondait pas, ressentait un profond ennuie. Il préférait de loin l'ennuie au désespoir, il ne pouvait pas se permettre de tomber en dépression, les Détraqueurs le sentiraient bien trop vite. Dans ce lieu de perdition Sirius n'avait peut-être plus que son âme en sa possession mais il y tenait.
« - Bonsoir » Sirius sursauta en entendant la voix doucereuse qui venait de derrière lui. Il se retourna prestement pour faire face à son interlocuteur qui sourit d'amusement en voyant la panique qui avait étreint un instant l'homme dos à lui. L'animagus soupira, l'homme du réfectoire, il n'était pas certain de vouloir commencer une conversation avec lui, surtout durant sa seule heure de détente à l'extérieur. Il grogna vaguement en réponse pour lui faire comprendre qu'il le dérangeait. Pas le moins gêné du monde, le mystérieux prisonnier s'assit à côté de lui sur le rebord en pierre qui faisait face à la mer. Sirius avait choisit cet endroit car il était au calme, protégé par une arche qui reliait la cours de la prison à l'océan. L'immensité lui donnait un certain sentiment de liberté dans un sens.
Il prit alors le temps de détailler l'homme assis à côté de lui, il avait les cheveux presqu'aussi noir que les siens mais grisonnant au niveau des tempes et chose surprenante, bien que lisses ils étaient assez cours, chose peu courante chez un sorcier. Ses yeux étaient d'un gris froid et avec son visage émacié et ses lèvres fines et si pales qu'elles en devenaient presque invisible, il avait l'air aux porte de la mort. Probablement qu'il avait dû être séduisant plus jeune, d'une beauté froide et aristocratique dont Sirius ne se serait pas plaint. Mais dans cette prison il ressemblait d'avantage à un cadavre ambulant, et Sirius comme tout être humain, n'était pas particulièrement friand de cadavre.
« - Tu n'es pas obligé de me fixer de la sorte » Siffla l'intéressé. « Je sais que nous sommes dans une prison mais gardons nos manières. »
Ce fut la phrase de trop pour Sirius.
« - Nos manières alors que c'est toi qui a commencé à me dévisager le soir de mon arrivée ? Que tu t'assoies à côté de moi sans me demander la permission alors que, au vu de l'endroit que j'ai choisit ça me semble clair que j'ai envie d'être seul ? Ah ! Elles sont biens belles tes manières ! »
Le rire de son interlocuteur le figea. Bien que ce fut un rire sincère et presque chaleureux, il était encore plus glacé que les vents qui battaient cette maudite prison.
« - Pardonne-moi, il est vrai que ce n'était pas très poli. Laisse-moi m'introduire dans les règles alors, je suis Andrew Duncan, Sang-Pur, ancien membre du Mangemagot, et toi ? »
Sirius leva un sourcil, surpris par la mention de la place dans la société qu'avait occupé Andrew. Il n'avait jamais entendu parler de lui. Qu'avait-il donc pu bien faire pour se retrouver là ?
« - Tout le monde sait qui je suis... » Grogna Sirius.
« - Eh bien il se trouve que moi je ne le sais pas. Ici nous recevons assez mal les nouvelles du monde extérieure, tu t'en rendras compte. De plus si ce que tu as fait est en lien avec la politique alors sache que je m'y intéresse très peu. Les dernières informations que je possède concernent un certain Voldemort qui, parait-il tenterait de prendre le pouvoir sur l'intégralité du monde sorcier.
- Tes informations sont un peu périmées en effets… Je me nomme Sirius Black, si cela te dit quelque chose.
- Le nom de Black ne m'est certes pas étranger, je n'ai cependant jamais entendu parler de toi. As-tu accompli quelque exploit qui t'on rendu célèbre avant de finir ici ? Ou ces-dits exploits t'ont t'il justement conduit en ce lieu ?
- Le dernier, mais pas pour les raisons que tu penses…
- Je conçois, ici nous sommes tous innocents. Je ne t'obligerais pas à en parler, je te donnerais simplement un conseil : ne reste pas ici face à l'océan, le sentiment de liberté qu'il procure face qu retour à la réalité au bout d'une heure est trop choquant pour nos cerveaux, dans un an tu seras fou. » Andrew marqua un temps puis se leva. « Sur ce, je me dois de te laisser, l'heure est passée et il est temps pour nous deux de retourner à nos cellules. »
Sirius hocha la tête et se leva à son tour, marchant vers les gardes cote à cote. Il se séparèrent pour être reconduits chacun dans leur cellules qui se trouvaient dans des ailes différentes.
De retour sur son bloc de pierre Sirius et après tout en mangeant son bout pain en prenant bien soin de mâcher, ici la nourriture était rare donc il valait mieux manger de la meilleure manière pour se remplir l'estomac et faire taire pour au moins une heure la sensation de manque, se repassa les évènements de la matinée. Andrew Duncan était assez étrange dans son genre. Sirius ne pensait pas se tromper en le catégorisant aristocrate, ou même très certainement noble. Certes sa manière de parler avait du perdre de sa richesse à cause des années en prison, mais sa gestuelle, ses manières et ses exigences semblaient empruntes d'un temps oublié. Il ricana en se faisant la réflexion, « hors du temps » si effectivement il ne recevaient pas de nouvelles du monde extérieur alors c'est bien là qu'il se trouvait.
Sans s'en rendre compte il commença à somnoler. Le visage de James lui apparut alors devant les yeux, un air empli de reproche, puis Lily qui avait les larmes aux yeux, enfin il commença à apercevoir le visage de Harry la mine grave et le regard haineux. Sirius émergea en sursaut. Il se mit à pleurer, bruyamment. « Il doivent me détester c'est sûr, et Harry, ô dieux,Harry je suis désolé je ne vais pas pouvoir te protéger, tu vas aller dans un enfer avec ces moldus qui ont en haine la magie ! Les années que tu vas passer dans l'ignorance par ma faute. » commença-t-il à penser. Il se fustigeait tout en jurant à toutes les entités divines, et même diaboliques dont il avait entendu parler qu'il ferait tout ce qu'il serait en son pouvoir, même si pour l'instant ce n'était rien, pour sauver Harry de cette situation.
Un coup porté à sa porte le tira de ses pensées.
« Visite ! » Gueula Glenn. Ce dernier depuis leur dernière altercation n'avais pas réitéré ses menaces, il se contentait d'aboyer sur le prisonnier pour lui parler, ce qui faisait lever les yeux au ciel à Sirius. D'ailleurs celui-ci ne voyait pas très bien ce qu'on lui voulait, ni qui le voulait. Douloureusement il s'extirpa de son bloc de pierre et présenta ses poignets pour recevoir les menottes. Glenn ricana en lui annonçant qu'un de ses vieux amis l'attendait au parloir. Sirius leva un sourcil d'interrogation mais l'Auror resta muet.
Le parloir était une pièce encore plus petite que le réfectoire, chaque table disposait d'un sort de silence pour préserver l'intimité des personnes, sous réserve qu'aucun plan d'évasion ne soit évoqué. Ainsi était réglé le sortilège. Le coeur de Sirius s'emballa lorsqu'il vit une silhouette encapuchonnée se tenir à la seule table occupée. Néanmoins il s'assit sans faire d'histoire, dévoré par la curiosité. Lorsqu'il fut installé, l'homme face à lui enleva sa capuche pour dégager son visage. Sirius glapit de surprise et dans un mouvement de recul tomba de sa chaise.
« - Snape ! »
