Disclaimer : "Harry Potter" appartient à JKR.

Relation : James Potter / Severus Snape

Rated : T (pour le langage et les sujets abordés)

Rappel : Cette histoire compte 5 chapitres et 2 bonus, mise à jour tous les vendredis ! :)

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Guest :
Merci à toi pour ta review ! J'espère que cette petite fic te plaira :D En tout cas tu as raison, Snape n'est pas au bout de sa peine, haha... x)
Bonne lecture ! :)

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Enjoy !

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- Chapitre 2 -

Le lendemain, James était bien incapable de monter sur un balai, ou encore moins de se rendre à son entraînement de quidditch : son ventre était noué d'appréhension. Le rendez-vous était à dix-huit heures et, même alors que son dernier cours finissait à seize heures dans les serres de botanique, il était dès seize heures trente avec ses affaires de potions à tourner en rond au rez-de-chaussée à attendre de pouvoir descendre sans être trop en avance. Est-ce qu'il devrait être en avance quand même ? Est-ce que Snape apprécierait qu'il soit en avance ? Et- et combien en avance serait trop tôt ? Déjà, ce serait probablement un peu bizarre qu'il soit là, tout seul, dans le couloir, à la sortie du dernier cours de Slughorn, donc ça ce serait un chouïa trop. Hors de question qu'il se fasse remarquer là-bas par les élèves sortant de cours. Et pourtant…

-Hey, salut James.

Il cacha une grimace derrière un léger signe de la main.

-Salut James.

-Haha, ouais, salut…

Il tenta de se détourner pour que les Serdaigle sortant de leur salle de classe ne fassent pas trop attention à lui.

-Salut James !

Il n'arrivait pas à croire qu'il avait descendu ses fesses au sous-sol si tôt malgré tout. Quarante minutes ! Quarante minutes d'avance ! C'était complètement ridicule. Incongru, comme aurait dit l'autre. Complètement insensé, absolument hérétique, même, comme aurait dit McKinnon dans sa situation.

-Tiens, James, encore une retenue avec Slughorn ?

-Heeey, salut Marlène…

Déjà, c'était scandaleux, qu'est-ce qu'elle faisait là ? Depuis quand elle avait des amies à venir chercher en potion chez Serdaigle ? Il était tellement embarrassé… elle passa son chemin sans rien remarquer, comme les autres. Au moins Lily ne lui avait rien dit à propos de sa légère obsession, ce qui était une nouvelle absolument fabuleuse vu qu'elles passaient leur temps à tout se dire sur tout. James en avait d'ailleurs fait les frais plus d'une fois. Le nombre de choses qui étaient revenues aux oreilles de leurs préfets de cette manière…

-Ah, Monsieur Potter ! J'ignorais que votre cours de soutien devait se dérouler si tôt ?

Slughorn, la cerise sur le gâteau. Ce vieux papy et son enthousiasme débordant.

-N-non Professeur, ce n'est pas tout de suite, je, hm…

-Oh, vous me rassurez ! J'ai encore besoin de mon bureau, mais pas d'inquiétude vous aurez la salle comme promis !

Il l'aurait bien remercié mais ce qui sortit de sa bouche fut absolument incompréhensible – Slughorn n'en remarqua rien et referma la porte de sa salle de classe, laissant James complètement seul dans son couloir. Sérieusement, quarante minutes… Un peu dépité par lui-même, il s'appuya contre le mur derrière lui et se laissa lentement glisser jusqu'au sol. Son chaudron râpa un peu sur les pierres et il grimaça. Ugh, ça commence bien. Snape lui avait seulement dit d'amener son chaudron, rien d'autre. Pas même son livre. James l'avait pris quand même, juste au cas où, ce qui donnait à son sac en bandoulière cette drôle de forme, à la fois ronde et plate. D'ailleurs il le sortit, juste un instant, quand il entendit que le professeur Slughorn allait sortir, juste pour pouvoir mettre le nez dedans et faire semblant de ne pas le remarquer quand il passa devant lui.

Et puis il resta là, à compter les mouches. De façon conceptuelle seulement, parce qu'il n'y avait pas beaucoup de mouches dans les couloirs humides des cachots de Poudlard, surtout au mois d'avril. Il se releva quand même quelques minutes avant l'heure du rendez-vous, juste pour pourvoir faire comme s'il venait d'arriver, ou tout du moins, qu'il n'avait pas été à ce point ridiculement en avance. Evidemment, il vit Snape arriver de loin, puisqu'il était là à attendre comme un abruti depuis quarante minutes. Il hésita un instant à faire comme s'il ne l'avait pas vu pour rendre les quelques secondes de son trajet jusqu'à lui moins embarrassantes, mais Snape avait bien vu qu'il l'avait vu et ça rendit le tout beaucoup plus embarrassant encore – pour James tout du moins, qui ne sut pas quoi faire de ses yeux.

Les cinq secondes les plus longues de toute sa vie.

Snape s'arrêta non loin de lui, et son regard était… indescriptible. Il était sans doute étonné de le voir là à l'heure. S'il avait su… James se sentit un chouïa sondé, il déglutit avec peine, hésita à dire quelque chose. Snape le devança.

-Tu n'es pas en tenue de quidditch ?

Surpris, James baissa les yeux sur sa tenue, comme s'il était obligé de le voir par lui-même pour se souvenir de ce qu'il portait. Il releva les yeux, incertain.

-Tu- tu n'aimes pas ma tenue de quidditch ?

Puis il ferma brièvement les yeux, frappé par tant de stupidité venant de sa part.

-C'est pas ce que je voulais dire…

Il avait la sensation qu'il était inscrit béguin en énormes lettres rouges sur son front. Mais Snape se contenta de hausser un sourcil sarcastique.

-Si tu demandes si je n'aime pas la façon que tu as de te pavaner dans l'école avec, comme si c'était une couronne sur ta petite tête, alors non, je n'aime pas vraiment ta tenue de quidditch.

Il se détourna pour ouvrir la porte et James le suivit du regard, interdit.

-Je ne me… je ne me pavane pas… Souffla-t-il.

Snape ne répondit pas, ou n'entendit pas peut-être. Il ne fit même pas mine d'attendre James, qui fronçait maintenant un peu les sourcils.

-Si ?

Est-ce qu'il se pavanait vraiment ? Il n'aurait pas su dire. En tout cas, ça commençait plutôt mal. Il haussa le pas pour suivre Snape dans la classe, hésita à fermer derrière lui… et puis il décida de laisser ouvert. Il ne voulait surtout pas que Snape se sente pris au piège avec lui, ou quoi que ce fût. Il le vit poser son sac sur une table de devant, relever les yeux vers lui, regarder brièvement en direction de la porte ouverte – il ne dit rien.

-Tu as pris ton chaudron ?

-Heu- oui, oui je l'ai.

James le sortit de son sac et le posa sur la deuxième place de la table de travail. Il se sentait étrangement gauche.

-On va faire un antidote aux poisons violents.

Snape, lui, faisait un travail remarquable à ne pas le regarder. James n'avait aucun doute là-dessus : Slughorn l'avait mis dans une position délicate et il ferait ce cours, mais il le ferait vite et s'en tiendrait au strict minimum. Minimum qui n'incluait pas, de toute évidence, de le regarder. Pas qu'il pouvait le blâmer. Il baissa les yeux.

-Tu te souviens des ingrédients ?

Là, comme ça, à froid, il devait avouer que non, pas vraiment. Mais il ne voulait pas passer dès la première seconde pour un profond ahuri alors il posa très rapidement son sac sur la table pour en sortir le livre qu'il avait finalement bien fait d'emporter avec lui.

-Hm, pas tout mais- attends, j'y suis…

Il trouva la page une poignée de secondes après ça, traça du doigt une ligne invisible sur son livre à mesure qu'il jaugeait le nombre de composés qu'il allait leur falloir.

-Je vais chercher ce qu'il faut ? Demanda-t-il en relevant les yeux.

-Non.

Il ne le regardait toujours pas. James remarqua qu'il avait ouvert son livre à la bonne page lui aussi, il l'avait posé ouvert devant lui, mais se détournait déjà vers le fond de la salle.

-Toi, tu réfléchis à pourquoi est-ce que ton antidote est raté d'habitude.

Raté… c'était un bien grand mot. « A améliorer », disait Slughorn. Ceci dit il avait aussi dit « un peu décevant », une fois… James grimaça. Les potions, ce n'était vraiment pas son fort. C'était d'ailleurs pour ça qu'il était là aujourd'hui, il fallait bien qu'il s'en souvienne – ça aurait été ridicule de demander un cours de soutien en sortilèges à Snape, par exemple. Pas que Snape était mauvais en sortilèges. Pas qu'il était mauvais en quoi que ce fût, pour ce que ça valait. James dégagea l'espace, mit son sac par terre, posa son chaudron sur le mécanisme inflammable, plaça bien en évidence une plaque de découpe, un couteau, une presse, un mortier – il se dit un chouïa trop tard qu'il aurait sans doute pu se rafraîchir la mémoire du déroulé en relisant la page de son livre avant de préparer ces choses-là, mais Snape revenait déjà, posait son butin de bocaux sur l'établis, commença à les dévisser.

-Alors ?

-Eh bien… ça fait longtemps qu'on ne l'a pas fait en classe, alors…

Snape releva les yeux vers lui et James fut troublé un instant. Il le regardait comme s'il ne gobait pas un mot qui sortait de sa bouche. Mince, se dit James alors. Je le refais, c'est comme si je ne pouvais pas m'en empêcher. Il se trouvait des excuses, il n'arrivait pas à dire qu'il était mauvais à quelque chose. Et pourtant c'était lui qui avait choisi de se mettre dans cette situation ! C'était quand même absolument incroyable. Il détourna les yeux.

-Hm. Slughorn dit que je passe trop rapidement sur les étapes intermédiaires.

Après, ce que çavoulait dire exactement, il n'en avait pas la moindre idée. La réponse semblait satisfaire Snape, ceci dit. Il releva ses manches, eut un geste en direction de son visage qui s'arrêta à mi-chemin, pour finalement laisser tomber. James remarqua l'élastique noir à son poignet. Il se demanda pourquoi il ne voulait pas s'attacher les cheveux devant lui.

-Commence par préparer les ingrédients séparément.

James rapprocha son livre de lui, avança le bras jusqu'au premier bocal et se mit à l'ouvrage. D'habitude il faisait tout au fur et à mesure, en suivant la recette, mais qu'à cela ne tienne, aujourd'hui c'était à la façon Snape. Si Sirius le voyait… Il essaya de ne pas y penser. Pendant ce temps Snape, lui, sortait sa baguette et lança un aguamenti dans le chaudron de James, puis incendio au-dessous. Le temps que l'eau chauffe, James mesura et mit de côté les queues de salamandres, la poudre de Cinium, le chou marin, le sang de chauve-souris, la sauge, les feuilles de houx, l'extrait de navet et le chlorure de potassium. Est-ce qu'il avait oublié quelque chose ? Il avait la sensation d'oublier quelque chose.

-Vas-y, commence. Je t'arrête si tu fais un truc qui va pas.

Il le regardait vraiment le moins possible, c'était assez impressionnant. Mais en même temps, il ne lui avait jamais parlé aussi longtemps d'affilé, alors c'était déjà ça de pris. James le regarda brièvement, juste une seconde, avant d'entamer la première étape. Il avait l'air concentré. C'était comme si… comme si James n'était pas là, où comme s'il faisait tout comme s'il ne l'était pas. C'était parfait. Sans hostilité particulière à son égard, James le trouva… Enfin, comme à chaque fois qu'il le regardait à la dérobée.

-Attends, coupe le chou plus fin avant de l'ajouter. Il sera mieux absorbé par le sang.

James s'exécuta. Il hésita un instant à lui demander… mais après tout il était là pour apprendre, alors il se décida à la poser, sa question.

-Ce n'est pas… ce n'est pas le chou qui absorbe le sang ?

D'ailleurs, ça se disait chou, ça avait plus l'allure d'une algue. Est-ce que chou marin n'était pas un nom un peu bourgeois pour un type d'herbe mouillée ? Peut-être. Snape vérifia quelque chose dans le chaudron.

-Pas quand le sang de chauve-souris a été épaissi à la salamandre, sous les bonnes proportions ça modifie sa densité et c'est le chou qui se fait ingérer.

Ooh. D'où le conseil de le couper fin. Pourquoi est-ce que Slughorn ne leur disait pas ces choses là… La petite Lily vêtue de blanc sur son épaule lui souffla qu'il leur avait très probablement dit un jour. Pourquoi est-ce qu'il ne l'expliquait pas aussi bien alors ! Une fois ciselé, il versa le chou dans le mélange. Le tout déjà orange montra progressivement quelques touches de vert olive, qui s'étirèrent peu à peu sur toute la surface. Ça commença à montrer des signes de réelle ébullition et Snape baissa le feu. Ça continua de frémir, tranquillement.

-Tu devrais toujours surveiller la température de ta potion, ça jouera sur sa qualité.

James hocha la tête une fois, pour signifier qu'il avait compris. Il jeta un œil à son livre, pour voir si c'était précisé qu'il fallait que ça boue ou que ça frémisse, mais il n'y avait qu'une illustration un peu simpliste sur le côté. Encore quelque chose que Slughorn avait dû préciser à l'oral sans doute. Il voulut regarder brièvement en direction du livre de Snape, de l'autre côté, mais son regard fut attiré par Snape lui-même, qui regardait un petit réveil près de lui sortit de James ne savait où. Quelque chose le frappa, un instant. Il me donne de vrais conseils, se dit-il – et il fut un instant envahi de… quelque chose. Il versa la poudre de Cinium, un peu sans regarder, et plongea sa longue cuillère en bois dans la préparation pour mélanger le tout. Snape releva les yeux vers le chaudron.

-Ne- ne tourne pas en rond, dit-il.

-Comment ça ?

Mais Snape fit un pas de côté vers lui, lui fit signe de lui laisser la place, un chouïa pris de cours, comme s'il ne voulait pas perdre du temps à expliquer et laisser le chaudron comme ça.

-Attends- donne, fit-il en lui prenant la grande cuillère.

James le laissa faire, lui laissa l'espace, incertain. Il le vit se mettre à remuer de droite à gauche, puis de haut en bas, en passant toujours par le milieu.

-Si tu… comment dire. Tu as mis de la Cinium, d'accord ?

James fit oui de la tête.

-Si tu fais un tourbillon toute la poudre va se déposer au fond au milieu et elle va- enfin elle va se cristalliser avant d'avoir pu être dissoute par le chlorure.

James le regarda faire. Comment faisait-il pour se souvenir de tous ces détails, toutes ces propriétés ? La vapeur du chaudron montait, tranquille, jusqu'au visage de Snape. James le vit mettre vivement une mèche derrière son oreille, mais de l'autre côté, là où il ne pouvait pas le voir. Ses cheveux avaient l'air de le gêner. James ouvrit la bouche pour… mais il s'abstint. A la place, il posa cette question qui trottait à l'arrière de sa tête.

-Combien de temps on a avant la cristallisation ?

-Hm. Huit. Dix secondes peut-être.

Secondes, d'accord. Il comprenait mieux son empressement. Aussi, James voyait maintenant pourquoi son antidote était toujours « passable », au mieux, et ce que Slughorn entendait par « passer trop vite sur les étapes intermédiaires ». Il se dit un instant que Snape ferait vraiment un bon professeur. Enfin, là il avait été forcé par Slughorn et tout ça, mais s'il choisissait de l'être. La cuillère glissait au fond du chaudron dans un léger bruit d'étain et, pendant une poignée de secondes, ils n'entendirent plus que ça. James aurait pu rester comme ça des heures.

-Ta racine est prête ?

La racine ! C'était ça qu'il avait oublié. Il se retourna vers les bocaux que Snape avait ouvert au début, en bougea vivement un, puis deux, trois- ah ! Elle était là, sortie de son bocal, couchée derrière le pot de chou. James la prit et, surpris, retourna les yeux vers son manuel. Racine de type A, c'étaitécrit. Il eut un hoquet amusé.

-Je ne savais pas que l'amorsyne était un type A ! J'étais persuadé que c'était un type C. Je ne sais pas pourquoi…

Slughorn n'utilisait pas celle-là en cours, lui. Il utilisait… hm… voyons… James plissa les yeux pour essayer de se souvenir. Snape releva les yeux vers lui.

-Je ne savais pas que tu savais à quoi ressemblait une racine d'amorsyne.

-Oh, j'ai refait toutes les étiquettes la semaine dernière ! Répondit James avec enthousiasme, saisissant le bocal en question.

Et puis immédiatement il s'en voulut d'avoir réagi comme ça. Il avait semblé bien trop content de lui, bien trop fier, même. Snape avait déjà détourné les yeux, il sortait la cuillère du mélange, faisait retomber les dernières gouttes dans le chaudron et posait la cuillère sur l'établit. Il avait l'air… frustré. Par James. James qui grimaçait de sa bêtise.

-Excuse-moi, je voulais pas avoir l'air… je ne dis pas ça pour…

Emporté par la satisfaction du travail accompli, il n'avait pas vraiment pensé à l'image que ça pourrait donner de lui… Snape devait être persuadé qu'il se vantait d'avoir été mis en retenue. Maintenant James voyait mieux ce que Lily avait voulu dire quand elle avait parlé de la façon dont il devait le voir. Le bocal dans les mains, il baissa les yeux vers l'étiquette toute fraîche. Il les avait toutes collées à la main, il en avait encore des crampes rien que d'y penser. Slughorn ne l'avait pas quitté des yeux une seule seconde, pour être certain qu'il ne fasse pas d'erreur, une encyclopédie énorme ouverte devant lui. Il s'était vraiment appliqué pour écrire, pour que ce soit bien lisible. Il n'écrivait pas très bien, en cours. C'était parce qu'il n'aimait pas vraiment ça. Enfin, la théorie. Enfin, ce n'était pas si important… Il reposa le bocal sur la table, reprit la racine dans sa main et releva les yeux.

-Est-ce que je dois la coup…

Mais la fin de sa phrase resta en suspens, pris de cours par le regard de Snape sur lui. Ce n'était pas de la méchanceté, ni rien même qui s'en apparentait, mais il détourna les yeux dès que leurs regards se croisèrent et s'affaira à remettre en place les ustensiles dont ils n'allaient plus avoir besoin à leur place sur la table. James se sentit légèrement… déstabilisé.

-Quoi ? Fit-il.

-Rien.

Pourtant il y avait clairement quelque chose, et maintenant James voulait vraiment savoir ce que c'était ! Est-ce qu'il avait encore dit quelque chose de stupide ? Lily l'avait mis en garde contre ces trucs là, mais il ne se rendait pas compte quand ça sortait de sa bouche. C'était comme, comme… une maladie !

-Allez, quoi ? Insista-t-il.

-Rien du tout !

Il se tut. Snape avait l'air… énervé. Frustré, définitivement. De toute évidence, James faisait tout de travers. Pour la racine, il n'osa pas redemander. A la place, il jeta un œil de biais vers son manuel, puis vers celui de Snape, grand ouvert, pas vraiment en face de lui mais ça lui suffit. Il y vit des rayures, des ratures, des notes dans la marge. Il regarda du coin de l'œil vers Snape. Il ne l'imaginait pas du genre à écrire sur les livres de l'école… Ceci dit, il n'osa pas poser la question. C'était écrit de couper en quatre, mais dans la marge ça disait de fendre en deux. Il hésita. Est-ce qu'il devait faire comme le manuel ? Comme les annotations ? Il maintint la racine sur la planche à découper, prit un couteau, regarda une dernière fois en direction du livre.

-C'est la première fois que tu t'excuses pour quoi que ce soit.

James releva les yeux vers lui, pris au dépourvu – il ne s'était pas attendu à entendre ces mots sortir de sa bouche. Mais surtout, surtout, il ne s'était pas attendu à ce regard, et un sentiment étrange le traversa comme un spectre. Une seconde passa, peut-être deux, une éternité. Il ouvrit la bouche pour répondre quelque chose, n'importe quoi, mais il mit un instant de trop et la porte de la salle de classe s'ouvrit dans un grand bruit – Severus détourna les yeux.

-Les garçons je suis confus, lança Slughorn en entrant. Je vous avais dit que vous auriez une heure mais j'ai deux jeunes gens ici qui ont un devoir sur table à rattraper ! C'était complètement sorti de ma tête !

Il rit de son rire de grand-père et Snape, sans attendre une seconde de plus, se mit à remballer tout ce qu'il avait apporté. En un instant, sans un regard et sans un mot, il avait refermé son sac et passait déjà la porte pour disparaître dans le couloir, laissant James le soin de ranger les ingrédients, les outils et son chaudron. James qui ne pouvait se résoudre à quitter la porte ouverte des yeux, complètement à côté de ses souliers.

-Oh, c'est un beau début d'antidote aux poisons violents ! S'exclama son professeur en s'approchant.

Les deux élèves qu'il avait amenés avec lui s'installaient sur les bureaux de devant, James ferma enfin la bouche dans une moue dépitée. Slughorn, lui, était pris d'un doute.

-C'est un antidote aux poisons violents, n'est-ce pas ?

-Hm, confirma James – puis il souffla. Oui.

-Eh bien le vôtre n'a jamais eu une nuance aussi belle, même terminé, félicitations Potter !

Il se détourna de la porte, eut pour son professeur un genre de sourire contrit.

-Merci, Monsieur.

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James ne décrocha pas un mot de la soirée. Il ne pouvait plus s'arrêter de penser à ce que Snape lui avait dit, juste avant que Slughorn ne les interrompe. C'est la première fois que tu t'excuses pour quoi que ce soit. Il n'avait pas paru en colère, ni même agacé. James, lui, était tombé de haut. D'ailleurs, il tombait toujours. Et ce n'était pas… ce n'était pas de se rendre compte qu'il ne s'était jamais excusé, c'était… C'était de se rendre compte que, en fait, il devait des excuses.

-James ? Tu veux faire une partie ?

Et c'était évident, ça l'aurait été pour tout le monde. Mais à James c'était passé au-dessus de la tête, complètement. Et à Sirius, et aux autres pour ce que ça valait. Il fit non de la tête, pour la partie de cartes. Poutant, Snape en méritait. Des Excuses. D'ailleurs, James voulait lui en faire. Il voulait lui en faire maintenant. Mais il était neuf heures et demie du soir et il était assis dans son lit. Remus s'assit sur le bord de son matelas.

-Eh, fit-il. T'es sûr que tu veux pas en parler ?

James releva les yeux vers lui, surpris.

-De quoi ?

Mais Remus n'avait pas l'air dupe une seule seconde. James le vit regarder brièvement vers Sirius et Peter, puis vers lui de nouveau. Il déglutit. Mais il ne pouvait pas s'agir de Snape, James n'avait absolument rien laissé passer, il en était certain, ce devait être autre chose – après tout Remus n'était pas médium. En tout cas… il ne pensait pas qu'il en était un… Mais son ami avait sur le visage un savant mélange de gêne et d'inquiétude.

-On voit bien que t'as la tête ailleurs, tu sais ?

-A- Ah oui ?

C'était peut-être quand même à propos de ça alors. James regarda vers les deux autres à son tour, occupés à distribuer les cartes – il déglutit de nouveau.

-T'es pas obligé de nous dire, bien sûr…

Il regarda Remus et fut traversé par l'envie subite de tout lui dire, ça remonta de ses tripes comme une vague familière, accompagnée du sentiment de soulagement qui allait généralement de paire avec la grande satisfaction de se confier, et à Remus en particulier. Lui demander conseil peut-être même. Pourtant, il ravala tout ça. Ça heurta un mur en lui et en un instant ça retourna de là où ça venait. Il baissa, puis releva les yeux vers lui.

-Vous avez vraiment remarqué, ou c'est que toi ? Demanda-t-il, hésitant.

Remus grimaça un instant.

-Surtout moi, c'est vrai… admit-il.

Il jeta un œil vers les deux autres et James l'imita. Quand son regard revint vers son ami, il sut qu'il allait faire quelque chose qu'il n'avait jamais fait jusqu'à présent.

-Ne leur dis rien, s'il-te-plaît.

Il allait cacher quelque chose à Sirius.

-Pas pour l'instant en tout cas…

Et surtout, il allait lui cacher qu'il lui cachait quelque chose. C'était déjà arrivé, bien sûr, que Sirius sache que James gardait un secret – mille fois. Secret qu'il cherchait toujours à lui faire cracher, bien sûr, et puis ce n'était jamais rien de bien sérieux. Mais là… Et puis, cette fois-ci, ça ne concernait pas que James.

-D'accord, fit Remus.

Il avait le ton bas de quelqu'un qui n'était pas sûr que l'idée fût bonne, et James s'en voulut un instant de l'inquiéter comme ça pour pas grand-chose – il tenta un sourire, qui dut paraître un peu contrit.

-J'imagine que tu ne vas pas me dire ce que c'est… Tenta Remus.

James grimaça, et ça eut au moins le mérite de faire sourire son ami.

-Dis-moi juste, fit-il, c'est quelque chose qui te rend triste ?

James s'apprêta vivement à répondre que non, bien sûr ! Mais la façon qu'avait eu Snape de le regarder cet après-midi là lui revint en mémoire et le coupa dans son élan. Remus haussa un sourcil sceptique, témoin sans aucun doute du changement sur son visage.

-Est-ce que ça te rend… heureux ? Hésita-t-il – et ça se voyait qu'il n'y croyait pas trop.

Pourtant James avait eu ses fulgurances – juste après qu'il lui ai accordé ce cours, par exemple. Il baissa les yeux. C'était vrai que pour l'instant ça le rendait plutôt stressé qu'autre chose. Il releva les yeux et il avait un petit sourire, un petit sourire de quelqu'un qui avait un secret.

-Disons… que ça me fait ressentir un paquet de trucs…

De la peine et de la honte, oui, peut-être, mais il y avait aussi la joie de pouvoir passer du temps avec lui, l'enthousiasme d'avoir la possibilité de lui parler de cette façon, une incroyable légèreté… si tant était donné qu'on pouvait ressentir de la légèreté. Remus plissa les yeux. James savait qu'il n'avait pas pu lire tout ça sur son visage mais, tout de même, il douta un instant.

-Okay… Fit son ami, suspicieux.

S'il se faisait un avis sur la situation, en tout cas il n'en dit rien. Avec un petit sourire, peut-être un peu soulagé de savoir que Remus savait qu'il se passait quelque chose, il décida de changer d'avis :

-Eh, Pete, je jouerai à la prochaine !

Remus esquissa un petit sourire à son tour, tandis que Peter levait un pouce dans sa direction, les yeux sur les cartes. Dès le lendemain, James écrirait des excuses à Severus. De vraies excuses, comme il en aurait mérité depuis longtemps déjà.

A suivre...


Un début, ma foi... pas si parfait... Mais au moins James réalise qu'il y a encore du chemin à faire ! :')

Qu'est-ce que vous en dites ? Les excuses, une bonne idée pour débuter ? x)

Bien sûr j'attends vos avis avec impatience, et en attendant je vous dis à vendredi prochain (30/04/21) pour le chapitre 3 ! :)

Ciao ciao ~
Chip.