Chapitre 2

Je sortis prudemment sur la carlingue. Le lamantin se tenait là, dans le vide intersidéral à quelques centaines de mètre de moi. Il tourna le regard et me contempla de ses petits yeux tristes.

Je fis quelques pas vers lui et comme s'il avait compris que je venais tenter de faire contact, il flotta lentement vers moi.

La bête devait faire au moins 30 ou 40 mètres et devait peser dans les 250 tonnes. L'impressionnant animal ne semblait pourtant pas agressif. Il tendit la nageoire lentement vers moi, comme s'il voulait communiquer par un quelconque geste. Je tendis aussi le bras, sentant en moi une impression de confiance. J'avais l'impression qu'il ne me voulait aucun mal.

L'espace entre ma main et l'immense nageoire diminua, diminua, jusqu'à ce qu'il n'existe plus du tout et le contact se fit.

À ce moment, je sentis un genre d'onde de choc, un peu comme un nuage d'électricité statique qui m'enveloppa totalement et je fus transi sur place.

-Charles! Fit la voix de Valence dans mon scaphandre.

-Capitaine!

Mais je ne pouvais pas répondre. Je fixai l'énorme museau du lamantin qui s'approcha de moi… Mais je n'avais pas peur. Il y avait quelque chose qui me disait que je ne devais pas avoir peur, comme si c'était le lamantin lui-même qui tentait de me rassurer. Comme une image mentale, un souffle qui courait sur mon esprit, me chuchotant de ne pas m'inquiéter, d'avoir confiance en lui.

L'énorme museau s'appuya sur le vaisseau et la nageoire poussa mon corps sans réponse à l'endroit ou sa tête et son corps se rejoignaient.

J'entendis des cris d'alarme dans mon scaphandre, mais je ne les distinguai pas. Il y avait devant nous un genre de fissure spatiale qui venait de s'ouvrir, une brèche dans le vide intersidéral. Un mélange de bleu et de vert s'en échappait dans un tourbillon d'émeraudes et de saphirs fluides et translucides.

Le lamantin se dirigea vers la fissure et y entra, moi sur son dos.