Chers lecteurs -trices,
Voici aujourd'hui la deuxième partie des aventures de Dean, Castiel et Angie.
Mes sincères remerciements à mes lectrices ayant pris le temps de me laisser un commentaire, j'espère que vous trouverez cette suite autant à votre goût et l'univers toujours aussi cohérent.
Je vous souhaite une bonne lecture et un agréable moment en leur compagnie.
Bien à vous,
ChatonLakmé
Angie
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Deuxième partie
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Dean est d'une terrible mauvaise humeur lorsqu'il accueille au refuge le fournisseur dont il a très volontairement manqué l'appel le soir de l'adoption d'Angie.
Tout en l'aidant à décharger les sacs de croquettes avec l'aide de Gabriel, le jeune homme serre légèrement les dents, ravalant ses répliques mordantes et sa colère teintée de déception qui ne le quitte pas, ses yeux s'égarant régulièrement du côté de la route en contrebas. À chaque nouvel aller-retour au camion, la voix de l'homme lui parvient, sonnant de cette pointe aujourd'hui un peu désagréable de compassion devant sa jeunesse encore forcément inexpérimentée, tandis que les flancs peints en blanc du véhicule proclament « Singer & Sons Pets Food since 1947 ».
Dean hoche vaguement la tête en l'entendant commenter avec fierté la qualité des croquettes qu'il lui vend à un prix de camaraderie et il est étrangement soulagé d'avoir Gabriel à ses côtés, le jeune homme meublant ses longs silences par ses babillages et ses râleries devant le poids des sacs.
Bobby Singer est un bon homme dans le fond, agréable et jamais refroidis par les contraintes inhérentes à la gestion d'un refuge animalier et à ses rentrées d'argent parfois erratiques. Aussi, Dean n'a pas pu lui refuser le jour de livraison qu'il lui a indiqué lors de leur rendez-vous téléphonique avorté à la suite de la visite de Castiel après avoir renégocié partiellement les termes de leur partenariat. Les doigts crispés sur son stylo, le châtain n'a pu qu'acquiescer sans enthousiasme avant de raccrocher un peu sèchement.
Et en ce jour radieux de mai, la mort dans l'âme, Dean transporte de lourds sacs en plastique entre la cour et la réserve du chenil couvert, guettant avidement le bruit du moteur de la voiture de Sam.
Car Bobby Singer a pris rendez-vous le jour de la visite de contrôle chez Castiel, faisant s'évanouir ses plans de rapprochement avec le brun car leur fournisseur préfère traiter de leurs affaires avec lui. Alors le châtain s'exécute, essayant de ne pas trop penser à Angie qui doit caracoler de joie, au jeune homme qui va faire visiter son appartement à son frère et à Sam qui s'assiéra probablement dans son canapé ou dans sa cuisine afin de partager un café parce qu'il est certain que Castiel lui en proposera poliment une tasse. Et le blond discutera joyeusement avec lui quand Dean aurait également discrètement admiré sa belle silhouette et la finesse de sa taille tandis que le brun s'affairerait dans sa cuisine en lui tournant le dos.
Empilant lourdement un autre sac sur les précédents dans la réserve, le châtain soupire légèrement. L'espace d'un instant, il a vraiment pensé à décaler leur rendez-vous une seconde fois mais il n'a pas pu se permettre de lui proposer un autre créneau, son fournisseur étant un homme très sollicité dans la région. Deux rendez-vous impossibles à décaler pour les deux principaux intéressés mais l'un est définitivement plus important que l'autre pour Dean et présentement, il n'est en train d'assister à celui qu'il voudrait. Les poings serrés, il a cédé sa place à Sam qui, s'il s'est gardé du moindre commentaire sur le moment, a toutefois quitté le refuge en lui faisant un clin d'œil si taquin que le jeune homme en a presque rugis de frustration.
Dean essuie son front du revers de la main et aide machinalement Gabriel à déposer son propre sac sur la pile quand ce dernier le rejoint en maugréant légèrement, trouvant dans l'effort et la douleur de ses muscles tendus matières à se perdre dans ses pensées.
S'il est honnête avec lui-même, il doit reconnaître que Castiel fait toujours partie de la vie du refuge quelques semaines après l'adoption d'Angie. Spontanément, le brun lui a promis de donner des nouvelles et il s'acquitte de son devoir avec un zèle que le jeune homme trouve particulièrement attendrissant. Il ne se passe pas deux ou trois jours sans que le châtain ne reçoive sur la boîte mail du refuge des photos ou de petites vidéos d'Angie, lui faisant guetter au fil des jours l'adresse électronique du brun. Leur qualité laisse souvent à désirer et quand Gabriel les a vu et a déclaré, mortifié, que son petit frère était vraiment mauvais avec un smartphone entre les mains, le jeune homme ne l'en a trouvé que plus adorable.
Ses préférés, et celles qu'il fait repasser le plus souvent quand il est seul à l'accueil, sont les vidéos faites dans le parc qui se trouve à proximité de l'appartement de Castiel. Par-dessus les rires des enfants à l'espace de jeux, il entend les exclamations de surprise du brun quand Angie le taquine tandis qu'ils jouent ensemble et ses commentaires au langage toujours impeccable quand lui aurait déjà lâché une bordée de jurons colorés. Parfois, quand la chienne joue un peu trop fort et que Castiel s'agite, Dean peut quelques fois apercevoir brièvement le brun à l'écran et l'éclat de ses yeux bleus, le faisant sourire un peu stupidement.
Ce petit fait si ridicule et qu'il garde soigneusement dans le secret du bureau vide lui fait également oublier les interruptions des passants quand le jeune homme est en train de filmer Angie qui parade, sa pieuvre rouge et violette dans la gueule. Le plus souvent, il s'agit de jeunes femmes, blondes, brunes ou rousses, toujours jolies, qu'il imagine sans peine adresser des sourires ravis à Castiel, accompagnés de gloussements un peu ridicules qu'il entend dans la vidéo. Parfois d'hommes mais le châtain n'a aucun mal à reconnaître l'envie de certains d'entre eux qui pointe dans leurs échanges polis avec le brun et qui lui fait serrer les dents. Dean se sent un peu bête mais même s'il n'a eu aucun mal à imaginer le succès de Castiel quand il promènerait Angie dans les rues de Rockport, le constater directement ne rend pas la chose moins désagréable.
Le jeune homme revient à lui en sentant soudain un coude aigu s'enfoncer dans ses côtes et, frottant la zone douloureuse, il jette un regard noir à Gabriel.
« Nous avons presque fini de décharger ces sacs alors n'imagine pas me laisser terminer seul pendant que tu te morfonds dans l'ombre », lui réplique le blond tout en essuyant son front légèrement transpirant avec une grimace de dégoût. « Laisse Sam et Cassie tranquilles chez lui et viens m'aider ! »
Le châtain rougit légèrement et, passant une main sur sa nuque, emboîte le pas au jeune homme d'un air étrangement docile. Il est définitivement honteux de son comportement quand, en rejoignant le camion, il remarque que Bobby a terminé de décharger l'ensemble des sacs restants avec Gabriel, ce dernier poussant un cri rauque de martyr en se saisissant du premier.
« Mais cela n'en finira donc jamais ?! Ce supplice est pire que celui des tonneaux des Danaïdes ! », s'écrie-t-il tout en relevant des yeux humides vers le fournisseur qui l'observe d'un air interdit. « Je croyais que nous avions fini… »
« C'est le cas… Ce sont les derniers », lui réplique l'homme d'un ton bourru avant de jeter un regard à Dean qui ricane. « Surtout que ce sont juste des sacs et pas des tonneaux, alors de quoi te plains-tu gamin ? »
En silence, les deux hommes suivent l'allure du blond qui, lourdement chargé, avance cahin-caha jusqu'à la réserve, ses marmonnements de protestation semblant le suivre comme une malédiction avant que Dean ne se saisisse d'un autre sac, bandant ses muscles dans l'effort.
« Peut-être que tu devrais venir plus souvent. Tu as le don de lui clouer le bec d'une manière vraiment apaisante Bobby », lui dit-il avec malice tout en ajustant sa charge sur son épaule.
Quand l'homme vient l'aider, le châtain le remercie d'un petit sourire et Bobby ajuste machinalement sa casquette sur son front d'un air gêné.
« J'aimerais pouvoir vous aider mais mon foutu dos m'a encore lâché et- »
« Ne t'excuse pas », s'empresse de lui répondre Dean. « En fait, cette activité physique est exactement ce dont j'avais besoin pour me vider la tête et pour épuiser Gabriel d'ici la fin de l'après-midi ! »
L'homme ricane légèrement avant de lui jeter un petit regard en coin.
« Des soucis avec le refuge ? », lui demande-t-il avec un soupçon d'inquiétude.
« Rien qui soit de nature à m'empêcher de te payer ce que je te dois », lui réplique le châtain du tac-au-tac avec un sourire confiant.
Bobby lève les yeux au ciel.
« Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je veux dire gamin. Si je voulais faire fortune, je ne travaillerais pas avec les refuges animaliers de la région en vous proposant des prix ajustés pour vous donner un coup de main », grommelle-t-il légèrement.
« Je sais Bobby », lui dit doucement le châtain avant de mordiller les joues. « C'est- Rien de vraiment important dans le fond, un truc privé. »
Dean ricane légèrement en voyant son fournisseur claquer rapidement la porte arrière de son camion avant de s'essuyer les mains sur son jean élimé.
« Ne compte pas sur moi pour parler de foutues histoires de cœur Dean, ça me ferait mal », lui réplique-t-il d'un ton si bourru que sa gêne en est presque perceptible et le jeune homme éclate de rire. « Ça va aller pour la suite ? »
« Oui. » Le châtain acquiesce, comptant machinalement le nombre de sacs restants. « Sam ne devrait pas trop tarder, il est en visite de contrôle chez un adoptant. Gabriel et moi allons lui laisser sa part… »
Bobby ricane légèrement, s'appuyant contre le flanc de son camion pour le regarder.
« … Une visite que tu aurais aimé faire ? »
« Je croyais que tu ne voulais pas en parler », lui répond le jeune homme tout en lui jetant un petit regard incrédule.
« Gamin, tu sais bien qu'il n'y a marqué « Singer & Sons » sur ce camion que parce que c'était une affaire familiale à l'origine et qu'il pourrait tout aussi bien s'appeler « Singer & Winchester » si Sam et toi décidiez de changer de carrière », lui réplique vivement l'homme tout en désignant le flanc peint d'un petit geste de la main qui fait rougir légèrement le châtain. « Je ne peux pas m'empêcher de me sentir concerné quand on a convenu ensemble d'un rendez-vous mais que tu as l'air d'un air de chien battu. Sans mauvais jeu de mots », achève-t-il d'un ton bourru.
Dean écarquille légèrement les yeux de surprise avant de se mordiller les lèvres.
« Ouais, c'est une visite que j'aurais vraiment aimé faire », finit-il par avouer après un court silence avant de désigner Gabriel d'un petit geste de la tête. « C'est le frère de cet énergumène accro au sucre et il a adopté Angie, la petite akita inu qu'on a récupéré. Mais je suppose que ce n'est que partie remise, il est bien du genre à nous l'amener fréquemment ici en visite. Et il nous envoie des photos et des vidéos depuis son départ », explique le jeune homme avec un sourire un peu tendre.
« Hum. Eh bien la prochaine fois, envoie-moi balader et va le voir. Tu rougis comme une fillette », grommelle Bobby et Dean pouffe légèrement.
« On a toujours traité directement l'un avec l'autre et tu m'as dit que tu préférais faire ça avec moi plutôt qu'avec Sam », lui fait remarquer le châtain tout en haussant difficilement les épaules.
« Ton grand escogriffe de frère me désarçonne, j'ai peur de vous faire encore un rabais rien qu'en croisant son regard de chiot », lui réplique Bobby d'un ton incertain qui fait ricaner Dean, son hilarité enflant soudain en entendant les grognements de Gabriel en les voyant immobiles l'un à côté de l'autre. « Tant que tu ne me laisses pas seul avec lui… », ajoute l'homme tout en jetant un regard clair au blond qui marche à grand pas vers eux. « Je vais vous laisser. Salut Dean. »
Le châtain éclate sincèrement de rire, sentant le nœud dans sa poitrine se défaire agréablement.
Remontant le sac sur son épaule, le jeune homme salue Bobby qui s'empresse de remonter dans son camion avant de démarrer, lui adressant un signe à travers la fenêtre en réponse. Le châtain l'observe attentivement quitter la cour et regagner la route en contrebas avant de s'insérer habilement dans la circulation et de disparaître en quelques minutes. Dean apprécie vraiment Bobby Singer mais tandis qu'il dépose enfin son sac sur la pile de la réserve, il ne peut s'empêcher de soupirer doublement de soulagement. Il sort précipitamment son portable de la poche de son pantalon mais constate avec déception que Sam ne lui a rien envoyé.
Le jeune homme croit sincèrement à l'adage populaire disant que l'absence de nouvelles est le signe d'une situation sereine et paisible mais quand son frère rentre au refuge une grosse demi-heure plus tard, Dean est presque reconnaissant à Gabriel d'avoir renversé par inadvertance un sac de croquettes. Le jeune homme est en train d'en ramasser soigneusement le contenu afin d'éviter d'attirer des rongeurs dans leur réserve et cette tâche minutieuse, car le contenu s'est largement répandu sur le sol, lui donne matière à occuper sainement son esprit.
Dean frémit donc à peine en reconnaissant le ronronnement familier de sa Chevrolet Impala 1967 quand son frère se gare dans la cour et c'est d'un pas lent et parfaitement maîtrisé qu'il le rejoint, tenant encore dans sa main la pelle et la petite balayette.
Ses mains occupées l'empêchant de se jeter sur lui pour le presser de question, le châtain peut donc se contenter de l'interroger d'un ton presque nonchalant tout en ignorant les yeux de Sam qui pétillent de malice.
« Alors ? Comment ça s'est passé ? », lui demande-t-il laconiquement.
Sam sourit légèrement en coin avant de s'approcher de lui, faisant jouer les clés de la voiture dans sa main dans une parfaite décontraction.
« Toujours l'amour fou ! », s'exclame le blond d'un air ravi. « Castiel prend son rôle de maître très au sérieux. Il m'a montré avec un très grand sérieux tous les achats et les aménagements qu'il a faits pour Angie dans son appartement et me l'a fait visiter pour que je m'assure qu'elle était en parfaite sécurité. Je suis sûr que tu aurais trouvé ça vraiment mignon. »
Dean serre légèrement les dents et crispe ses doigts sur le plastique, sa nonchalance s'envolant immédiatement. Il est fou de joie de constater tout ce qu'il a manqué… Que Castiel est, bien évidemment et tout à fait parfaitement, mignon.
« Et les voir se promener ensemble est vraiment craquant. Angie a l'air si ravie qu'elle se tortille presque sur le trottoir et je pense qu'ils sont déjà la nouvelle coqueluche de leur quartier », renchérit Sam, le faisant inspirer profondément.
« Oui, sans doute… »
« Mais sa douce va le faire sacrément tourner en bourrique si tu veux mon avis », reprend le blond et Dean ne peut s'empêcher de lui jeter un regard curieux. « Elle est maligne et elle teste déjà ses limites. »
Le châtain sourit légèrement, repensant à ce qu'il a dit à Castiel concernant le fait qu'il ne servait pas de la chienne pour son propre confort mais que l'inverse serait probablement vrai. Lui aussi aurait probablement envie de taquiner un peu le brun pour le plaisir de se voir courir après.
« Comme elle a du caractère, je me suis permis de dire à Castiel que tu faisais aussi du dressage canin et qu'il devrait peut-être te contacter avant que les choses ne dégénèrent trop… », poursuit Sam d'un ton léger tout en lui jetant un regard malicieux. « Voire de passer demain parce que je sais que tu as un créneau disponible et qu'il vaut vraiment mieux ne pas tarder. »
Son frère le regarde, légèrement ébahi. Il ouvre machinalement la main pour récupérer les clés de l'Impala quand Sam les lui tend, son air vaguement stupide faisant glousser son frère.
« Il n'y a pas de quoi Dean… », chantonne ce dernier avant de s'éclipser en direction de l'accueil, interpellé au passage par Gabriel pour l'assommer de question.
Le blond a un sourire en coin qui devrait probablement inquiéter Dean mais présentement, son air moqueur est le cadet de ses soucis. Sa poitrine se gonflant légèrement, il remercie Sam avec émerveillement dans son for intérieur, tout son corps vrombissant doucement d'aise.
Castiel va probablement l'appeler dans la journée à propos du dressage canin et le châtain s'empressera de lui dire de passer demain pour qu'ils puissent faire leur première séance.
Ils pourront se revoir et le châtain remarquera lui-même combien le brun est mignon, craquant et juste adorable dans son nouveau rôle.
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À travers la fenêtre, Dean sent sur sa nuque le regard moqueur de Gabriel mais il l'ignore, trop occupé à tenter de contenir son trépignement d'impatience tandis qu'il patiente devant l'entrée du petit bâtiment d'accueil du refuge.
Le jeune homme guette l'arrivée de la voiture de Castiel avec ferveur, ses yeux revenant se poser à intervalle régulier sur le bracelet de sa montre dont le cuir noir se détache sur sa peau dorée par le soleil. Le cadran en métal est révélé par les manches de sa surchemise repassée que le châtain a préféré rouler sur ses avant-bras et en voyant les aiguilles, il se mord discrètement les lèvres.
Leur rendez-vous n'est que dans une dizaine de minutes mais sait-on jamais, le brun pourrait être en avance et si jamais Dean était occupé à l'autre bout du refuge, il manquerait un précieux moment à passer en sa compagnie. Tout en consultant une fois encore sa montre, le châtain se dit que beaucoup de choses peuvent se passer dans un laps de temps aussi court.
« Dean ! Eh oh, Dean ! »
Le châtain tourne légèrement la tête et jette un regard noir à Sam qui l'appelle depuis la fenêtre de l'accueil, nonchalamment appuyé contre le montant. Quand il s'approche de lui tout en continuant à regarder prudemment vers la route, le jeune homme entend son frère ricaner, la silhouette plus fine de Gabriel se détachant derrière la sienne.
« Ça devient un peu ridicule franchement », soupire doucement le blond. Gabriel t'a dit que son frère était très ponctuel. « Il sera là à l'heure. Tu as donc encore le temps de m'aider à ranger les factures par ordre chronologique. »
Dean grogne légèrement, se tournant à nouveau ostensiblement en direction de la route.
« Pourquoi tu ne demandes pas à Gabriel de t'aider ? Je l'entends mâchonner des bonbons jusqu'ici », lui réplique-t-il vivement. « Je suis occupé. »
« Et à faire quoi Deanno ? », lui rétorque Gabriel tout en s'accoudant à son tour à la fenêtre, une sucette coincée entre ses lèvres. « Tu as déjà arrangé tes cheveux, le col de ta chemise et tes manches une dizaine de fois en quelques minutes. Si tu le fais une fois de plus, j'ai peur que tu ne déchires le tissu tant tu es fébrile et nerveux. »
« Je ne suis pas fébrile et nerveux ! », s'exclame brusquement le jeune homme en le fusillant du regard mais le blond hausse un sourcil narquois avant de pouffer. « Aide donc Sam à travailler un peu sur l'administratif du refuge plutôt que de m'épier. Tu seras plus productif. »
« Mais ce serait beaucoup moins amusant. Tu es une source perpétuelle de distractions Dean Winchester », ricane Gabriel tout en papillonnant exagérément des yeux dans sa direction avant de lever sa main en l'air afin d'en montrer la paume. « Et je ne peux pas aider Sammy, j'ai les doigts qui collent à cause du sucre. »
Dean lui jette un regard ébahi avant de froncer les sourcils.
« Tu devrais m'être reconnaissant tu sais », intervient soudain prudemment Sam tout en bousculant le blond du coude afin de lui intimer de se taire. « Je t'offre une occasion parfaite d'être à la fois utile et de te changer les idées avant ton rencard avec Castiel. »
Le châtain sent la rougeur inonder si vite ses joues qu'il a l'impression de voir blanc pendant un bref instant tandis que son visage devient écarlate.
« Ce… Ce n'est pas un rencard ! », réplique-t-il rapidement tout en serrant les poings et en regardant une fois de plus l'heure à sa montre.
À l'intérieur du petit bureau d'accueil, le jeune homme entend Gabriel éclater bruyamment de rire avant de s'arrêter brusquement et de réapparaître à la fenêtre.
« Qu'est-ce-qui n'est pas un rencard Deanno ? », lui demande-t-il d'un ton particulièrement sérieux, ses yeux dorés fixés sur lui.
Dean se frotte la nuque sentant la peau brûlante sous ses doigts mais avant qu'il ne puisse répondre au blond, il voit Gabriel croiser ses bras devant lui dans un geste de défense, son regard s'assombrissant légèrement.
« Ce n'est pas un rencard Dean ? », répète-t-il d'un ton suspicieux. « Parce que Cassie est vraiment très enthousiaste à l'idée de revenir et que j'espère que tu l'accueilleras au moins aussi bien que lors du jour de l'adoption. »
Soudain, le jeune homme explose.
Son taux de stress frôle ridiculement la stratosphère tant il est fébrile à l'idée de revoir le brun auquel il ne cesse de penser tandis qu'il s'est fait un devoir de répondre à chacun de ses mails. La politesse cordiale du début a rapidement cédé la place à quelque chose de plus amical qui le maintient dans un plaisir un peu frustré. Il aimerait que leur nouvelle proximité prenne un tournant plus intime, le souvenir de Sam visitant son appartement revenant régulièrement danser derrière ses yeux et lui faisant serrer les dents. Mais à chaque fois que Dean rédige ses réponses enjouées et affectueuses, il finit par les modifier pour cacher les tentatives de flirt qui les parsèment et qui viennent si naturellement sous ses doigts. Le regard vaguement menaçant de Gabriel sur lui le met hors de lui. La seule chose qu'il veut est que Castiel arrive enfin au refuge afin qu'il puisse le contempler de tout son saoul et vérifier si son cœur fait toujours ces bonds un peu étranges en sa présence.
« Non, ce n'est pas un rencard », aboie-t-il soudain tout en s'éloignant du bâtiment d'accueil. « Foutez-moi la paix tous les deux ! »
Un rendez-vous.
L'idée titille Dean sûr mais il refuse qu'on lui force la main. Le jeune homme veut avoir le contrôle sur les choses, il veut les provoquer et à cet égard, les tentatives d'une subtilité écrasante de son frère et de Gabriel ne font que le crisper. Le jeune homme veut se rapprocher de Castiel et le faire éventuellement craquer tout seul. Il n'a pas besoin d'aide.
« Deanno ! Le parc canin pour le dressage est de l'autre côté ! », s'exclame soudain Gabriel dans son dos et le châtain pousse un véritable rugissement auquel répondent les éclats de rire complices de Sam et du blond.
Écarlate, le châtain est sur le point de les abreuver de jurons quand le crissement du gravier de la cour le fait se retourner brusquement. Une belle berline japonaise avance souplement jusqu'au centre de la cour dans un agréable ronronnement de moteur et Dean s'empresse de passer une main dans ses cheveux et de rajuster le col de sa chemise, ignorant soigneusement les gloussements frénétiques dans son dos.
D'un pas alerte, le jeune homme revient rapidement sur ses pas et il sent son cœur louper un battement en voyant Castiel sortir avec élégance de sa voiture et lui adresser un superbe sourire, sa main encore appuyée sur le montant de la portière.
« Hey, Cas ! », le salue-t-il avec enthousiasme tout en s'approchant vivement du brun.
Les yeux bleus du brun pétillent doucement et ce dernier referme sa portière dans un claquement léger avant de lui tendre la main.
« Bonjour Dean. Comment vas-tu ? », lui répond-il tandis que le jeune homme prend ses doigts dans les siens avec bonheur, savourant le contact de la peau lisse dans sa paume calleuse.
Le salut poli mais amical de Castiel forme un délicieux contraste avec sa tenue, plus décontractée que celle de sa première visite à Second Life. Le brun porte un jean sombre avec un tee-shirt et un léger blouson en toile qui le rend adorablement accessible et plus jeune. Ses mèches sombres sont un peu désordonnées et Dean se demande distraitement quelle forme il pourrait leur donner s'il y passait la main.
« Alors, besoin d'aide à ce qu'il paraît ? », lui demande le châtain d'un ton taquin tout en adressant un petit salut à Angie qui jappe à l'arrière de la voiture.
Castiel lui adresse une petite moue qui donne brièvement envie au jeune homme d'avancer les doigts pour sentir le modelé délicat de ses lèvres tandis qu'il ouvre la portière arrière, attache prudemment la laisse d'Angie à son collier et la fait descendre de la banquette.
« Pas tant que cela », lui répond-il doucement tandis que la chienne tire joyeusement en avant afin d'aller voir Dean. « C'est vrai qu'elle tire un petit peu mais je suppose qu'il est normal que Angie soit un peu excitée maintenant qu'elle n'est plus enfermée entre les quatre murs de son box. »
Le brun se retourne vivement vers Dean qui gratte affectueusement la tête de la chienne qui vient de venir renifler prudemment sa main avant de se jeter dans ses jambes.
« Oh, je- je suis désolé Dean », s'empresse-t-il de se corriger d'un air gêné. « Je ne voulais pas dire que- Je suis sûre qu'elle était très bien au chenil, que tu as fait tout ce que tu pouvais pour la rendre heureuse et- »
« Doucement Cas, je comprends », le rassure le châtain tout en lui envoyant un léger coup de coude taquin dans les côtes sous le regard désapprobateur d'Angie. « Il n'y a pas de soucis et je préfère de loin la savoir avec toi plutôt qu'encore chez nous. Si tu me montrais son enthousiasme maintenant ? », lui demande-t-il tout en mimant comiquement des guillemets.
Castiel lui sourit doucement avec reconnaissance et les deux hommes se dirigent l'un à côté de l'autre jusqu'au parc canin, le brun ne manquant pas de saluer Sam et Gabriel qui les observent attentivement, à moitié pendus à la fenêtre de l'accueil.
« Est-ce qu'ils vont nous rejoindre ? », l'interroge le brun tout en marchant à ses côtés.
« Non », grogne légèrement le jeune homme tout en fusillant les deux hommes du regard, les obligeant à rentrer dans le bureau. « Angie doit se concentrer sur ce qu'elle a à faire et ne pas être distraite. Il vaut mieux que nous restions juste tous les deux pendant la séance », s'empresse-t-il de lui expliquer, mortifié à l'idée d'être désagréable et tranchant.
« Je comprends. » Castiel lui sourit doucement. « Angie est très gentille en promenade mais au parc elle est tellement sollicitée de toute part qu'il finit par devenir difficile de la faire rentrer. »
« Oui, Sam m'a raconté votre sortie. » Dean se mordille légèrement les joues avant de couler un petit regard en direction du brun. « Vous avez beaucoup de succès », s'oblige-t-il à remarquer d'un ton léger.
Tandis que leurs pas se calent naturellement les uns sur les autres, le châtain plonge dans ses pensées, des chevelures de toutes les couleurs et des silhouettes de toutes les formes revenant danser devant sous ses paupières, ponctuées de bruyants rires d'enfant. L'odeur fraîche du brun et la chaleur de son corps parviennent agréablement jusqu'à lui mais ce petit plaisir simple est insuffisant pour faire taire l'inquiétude qui monte lentement en lui. Peut-être que Castiel et Angie ont déjà rencontré leur Anita et leur Pongo, comme les héros des 101 Dalmatiens dont Gabriel a insisté pour donner le nom à une portée de chatons trouvée dans une maison abandonnée et dont il a savouré la délicieuse ironie pendant des jours.
« Un peu trop même », lui répond doucement le brun après un court silence. « Je n'avais pas conscience de la manière dont les gens prennent un chien pour une invitation à discuter et à instaurer une forme de familiarité avec de parfaits inconnus. Je ne compte plus le nombre de fois où je leur ai demandé de ne pas caresser Angie parce qu'elle ne le voulait et qu'ils continuaient d'avancer la main vers elle. On m'a dit que j'étais prétentieux et pas très amusant mais Angie est mon chien et c'est à moi de veiller sur elle, surtout si elle est mal à l'aise », assène Castiel avec d'un air adorablement buté.
Dean hoche un peu stupidement la tête à ses mots, la chaleur agréable dans sa poitrine enflant déraisonnablement.
« Tu as bien fait. Et tu n'as certainement rien de prétentieux ou de ne pas amusant », lui répond-il d'un ton convaincu. « La politesse voudrait qu'un inconnu demande au propriétaire s'il peut caresser son chien parce qu'il est aussi celui qui connaît le mieux le caractère de son animal et ses réactions. Dans le cas contraire, c'est un geste qui peut être considéré comme assez intrusif. »
« C'est également ce que j'ai ressenti. » Castiel opine légèrement de la tête avant de froncer imperceptiblement les sourcils. « C'est comme si je t'avais serré contre moi lors de mon premier passage au refuge pour te saluer. Cela aurait été vraiment étrange et familier… »
Le jeune homme se tait prudemment. Sans doute un tel élan l'aurait troublé dans la manière dont un parfait inconnu aurait brusquement envahi son espace vital mais le bout de ses doigts le picote légèrement à l'idée qu'il aurait pu effleurer le creux des reins de Castiel et plonger son nez dans le creux de son cou pour mieux apprécier son parfum.
Dean acquiesce en silence avant d'ouvrir la barrière du parc canin pour laisser entrer Angie et le brun. Redressant sa jolie tête fine et intelligente, la jeune chienne se tourne légèrement vers Castiel d'un air interrogateur, tout son corps déjà tendu d'excitation. Dean la caresse gentiment derrière l'oreille avant de les amener au centre du parc, loin de la barrière et des oreilles indiscrètes de Sam et Gabriel.
« Doucement jeune fille », rit-il en la voyant remuer si fort la queue d'enthousiasme que son arrière-train se tortille comiquement avant de relever les yeux sur Castiel. « Est-ce que tu peux lui faire accomplir des ordres simples pour commencer comme des Assis, Couché, Au pied par exemple ? Je vais vous observer. »
Le châtain sourit avec attendrissement en voyant Castiel se redresser inconsciemment avant de hocher sérieusement de la tête pour s'éloigner un peu avec Angie et se concentrer.
Après quelques minutes d'étude attentive, Dean bénie silencieusement la perspicacité de Sam qui a indiqué au brun de le contacter. Parce que le travail va durer plusieurs semaines, peut-être même à un rythme de deux séances hebdomadaires. En voyant la jeune chienne s'asseoir à peine sur son arrière-train avant de se redresser et de bondir vers Castiel qui la repousse dans un petit rire avant de jeter un rapide regard à Dean et de tenter d'être plus ferme, le châtain sourit légèrement. Son frère est un véritable génie.
Dans un profond soupir, Angie se couche soudain au pied du brun et ce dernier relève les yeux sur Dean, semblant attendre son retour avec timidité.
« Mais qu'est-ce-que tu as fais à cette chienne pour qu'elle devienne aussi diabolique ? », ricane le châtain en s'approchant et les joues roses de Castiel chatouillent délicieusement son ventre.
Passant une main gênée dans sa nuque, le jeune homme grommelle légèrement tout en triturant la laisse entre ses doigts.
« Tu exagères… », lui rétorque doucement le brun. « Il y a en effet un petit peu de travail mais elle est jeune, elle a juste besoin d'un petit peu d'éducation. »
S'agenouillant devant Angie pour la caresser du bout des doigts, Dean soupire profondément.
« Cas… », lui dit-il d'un ton plein de sollicitude avant de le regarder, les yeux brillant de malice. « Je suis désolé de te dire cela mais Angie te mène clairement en bateau. Je ne veux pas te vexer mais elle était mieux éduquée à son arrivée au refuge. »
L'air profondément coupable et un peu blessé de Castiel à ses paroles le fait presque bondir en avant et Dean ne peut s'empêcher de se redresser et de poser familièrement sa main sur son avant-bras dans un geste qu'il espère réconfortant.
« Il n'y a rien d'irréparable tu sais. Angie est jeune, j'aurais dû te dire d'être plus ferme et te parler des séances de dressage plus tôt. J'ai été négligent et je suis aussi un peu fautif. »
Les yeux baissés sur Angie, le brun soupire légèrement avant de se mordre les lèvres.
« Je sais qu'elle en profite tu sais », lui murmure le jeune homme tout en lui envoyant un regard un peu timide sous ses longs cils noirs. « Mais quand elle me regarde comme ça, comme si elle me souriait… Je suis peut-être un peu faible », reconnaît-il en souriant tendrement à la jeune chienne.
« Cas, Angie est une fille. La manière de manipuler un individu mâle est plus ou moins inscrite dans son ADN », le taquine Dean en levant les yeux au ciel et il est heureux d'entendre résonner le beau rire de Castiel.
Le châtain ferme brièvement les yeux, son estomac se tordant légèrement sur lui-même. Il n'avait pas conscience que ce son lui avait autant manqué. Quand leurs regards se croisent, il se perd un instant dans la contemplation des yeux de Castiel. Étaient-ils aussi bleus le jour où il est venu pour adopter Angie ? Avec ses nuances délicates de ciel d'été quand le brun est dans la lumière ? Et ses cheveux noirs présentaient-ils ces mêmes délicieux reflets chocolats au soleil ?
« Dean ? », l'interpelle doucement le jeune homme, le faisant revenir à lui.
Le châtain se racle la gorge et rougit légèrement.
« Sam m'a dit que tu habitais en appartement », se reprend-il habilement et le brun hoche la tête. « Est-ce qu'elle a fait des bêtises pendant ton absence ? »
Le rapide regard en coin que lui adresse le jeune homme avant de triturer la laisse d'Angie le fait glousser discrètement.
« Possible… », lui répond Castiel d'un ton évasif et adorable.
Dean lui donne un petit coup d'épaule amical pour l'obliger à poursuivre et le brun se tortille pour lui échapper.
« Elle a rongé une chaussure et un coussin du canapé, elle s'est roulée dans les draps du lit et elle a fouillé dans la poubelle avant que je ne la descende », avoue-t-il finalement dans un souffle tout en se grattant la nuque d'un air gêné. « Entre autres choses… »
Dean inspire légèrement. Lui aussi aimerait bien se rouler dans les draps du lit de Castiel. Il est sûr qu'ils sentent délicieusement bon le propre et l'odeur si agréable du brun. Peut-être seraient-ils encore tièdes de la chaleur de son corps et de ce parfum si piquant du sommeil qui l'envahit toujours d'une langueur bienheureuse et agréable.
Quand Angie se redresse légèrement pour lui jeter un regard qui lui paraît lire en lui ses désirs avec une limpidité confondante, le châtain lui adresse un sourire un peu tordu avant de se pencher pour la caresser pour dissimuler son trouble au brun. Dean se raidit imperceptiblement en sentant Castiel s'agenouiller à son tour dans l'herbe, emmêlant ses doigts dans les poils duveteux d'Angie qui frémit de bonheur sous leurs caresses mêlées.
« Elle a aussi mâchouillé un boxer, j'en ai retrouvé des morceaux jusque dans le salon », ajoute le brun après un court silence, son ton nonchalant un peu trop nonchalant pour couvrir le bruit de gorge de Dean tandis qu'il s'étrangle silencieusement. « Mais ce n'est pas très important. C'était un cadeau de mon ex-petit-ami et je ne l'avais jamais aimé. Trop… gay à mon goût », achève-t-il avec une petite moue.
« …On dit que c'est l'intention qui compte plus que le présent lui-même », lui répond le jeune homme un peu stupidement avant de secouer légèrement la tête. « C'est ce que dit Sam en tout cas. »
Agenouillé à côté de lui, leurs épaules se touchant presque, le brun opine légèrement de la tête avant de sourire.
« Je serais d'accord en temps normal parce que j'ai été bien élevé mais je n'apprécie que moyennement qu'on cherche à m'imposer un fantasme sans m'en avoir parlé avant », renchérit-il doucement. « Il y avait tellement de ficelles dans cette chose que j'ai vraiment eu peur qu'Angie ne se torde littéralement l'estomac. J'ai gardé mon portable à côté de moi pendant toute la soirée sans la quitter des yeux. »
« Ah. Oui, c'est effectivement prudent de ta part. Bon réflexe… »
Dean sent ses mots butter contre ses lèvres et rendre sa langue lourde et malhabile mais son manque d'éloquence lui semble être le dernier de ses soucis quand il est à peu près certain d'hyperventiler à cet instant précis. Il a appris trop d'information d'un coup dans la réponse de Castiel.
Le brun est gay, sinon bisexuel.
Il est gay et célibataire.
Il a eu un petit-ami qui lui a un boxer avec des ficelles trop gay pour être porté avant que Angie ne décide de s'en faire un jouet à mâchouiller.
Avec un peu moins de bave et de dents, Dean sait qu'il aurait également pu s'amuser avec… Son imagination s'enflamme, des images brûlantes de certains des films porno qu'il regardait encore il y a des années dansant derrière ses paupières, quand le refuge ne lui prenait pas toute son énergie et le plongeait pas dans des nuits de quelques heures d'un sommeil lourd et réparateur. Dans ces vidéos aux mauvais scénarios convenus et aux acteurs aux corps d'athlètes de haut niveau, ce ne sont soudain ni les environnements de tournage qui lui reviennent, canapé en cuir de salon ou transat de piscine, ni les muscles luisant de sueur bandés dans l'effort, mais de modestes taches de couleur. Des sous-vêtements blancs, noirs, gris, rouges, pastels, psychédéliques, à motifs, avec des découpes ou des accessoires laissant peu de place à l'imagination et qui découvrent des courbes appétissantes et sensuelles, des sexes en érection et des intimités palpitantes.
Castiel a eu un boxer de cette sorte.
Dean se mord la lèvre pour ne pas poser les questions indiscrètes qui lui brûlent les lèvres et dont il aimerait vraiment connaître les réponses pour alimenter ses fantasmes nocturnes. Imaginer le brun lui parler de fantasmes et des tenants et aboutissants de cet érotique sous-vêtement le fait un instant papillonner des yeux et le jeune homme jette un petit regard à Castiel qui garde prudemment les yeux rivés sur Angie, le haut de ses pommettes légèrement colorés de rose.
« Ouais, je- je vois ce que tu veux dire », balbutie-t-il un peu ridiculement avant de pouffer légèrement en voyant le brun hausser un sourcil légèrement dubitatif. « Je t'assure Cas, je vois parfaitement. Un soir je me suis retrouvé au lit avec un mec. Quand il a retiré son pantalon, il portait un truc tellement improbable que j'ai éclaté de rire tant il était ridicule. …Il était tellement vexé qu'il m'a mis dehors et m'a jeté mes fringues au visage », achève le jeune homme tout en se mordillant les lèvres d'un air contrit.
Le brun le regarde un instant d'un air adorablement stupéfait, avant d'éclater de rire. En le voyant se laisser tomber sur les fesses dans l'herbe, Dean le rejoint rapidement dans son hilarité, immensément soulagé. Castiel sait qu'il regarde lui aussi les hommes. C'est parfait. Vraiment parfait.
Sa poitrine se gonflant régulièrement sous l'effet de son fou-rire, Dean coule un regard en coin au brun avant de laisser son regard caresser discrètement son corps. Ses mains sont abandonnées dans l'herbe et sa belle silhouette continue d'être agitée par une puissante hilarité qui gonfle ses muscles et semble les faire vibrer, ses longues jambes croisées devant lui. Quand le jeune homme le voit essuyer une petite larme qui perle à ses longs cils noirs, ses yeux céruléens brillants de joie, le châtain note les très subtiles petites rides qui viennent les plisser légèrement et dont il aimerait sentir le relief sous ses lèvres.
À cet instant, Dean a une certitude. Si Castiel s'était montré à lui ce soir-là dans ce ridicule jockstrap blanc à large élastique, jamais il n'aurait ri et il se serait agrippé au matelas de toutes ses forces plutôt que de se faire éjecter sur le palier. Ses reins le brûlant sous l'effet d'un désir mordant, le châtain l'aurait puissamment renversé sur le matelas avant de vénérer la courbe musclée et ferme de ses fesses découvertes par le tissu et auxquelles il est persuadé que ses paumes se seraient parfaitement adaptées. Il les aurait couvertes de baisers avec adoration, remontant vers la cambrure élégante du dos qu'il devine sous les chemises du brun ou descendant vers ses cuisses ciselées, tandis que le brun ondulerait sous lui et gémirait joliment. Dean se serait nourri du parfum, du goût et de la texture de sa peau avant de s'aventurer un peu plus avant et de le toucher à cet endroit qui les aurait voluptueusement fait vibrer tous les deux.
D'un air un peu hébété, le châtain se sent brusquement revenir à lui en entendant l'aboiement joyeux d'Angie en voyant arriver Sam et Gabriel au parc canin et il resserre imperceptiblement ses cuisses l'une contre l'autre pour calme la pulsation douce et tiède qu'il sent dans son aine. Sentant le regard doux de Castiel posé sur lui, le jeune homme passe rapidement une main sur son visage afin de retrouver ses esprits avant de le claquer ses mains l'une contre l'autre pour attirer l'attention de la jeune chienne sur lui.
« La récréation est terminée gamine, il est temps de s'y mettre maintenant », dit-il tout en se relevant, Castiel s'exécutant à son tour avec souplesse.
Essuyant légèrement ses genoux tachés d'herbe, Dean lui sourit doucement.
« Je pense qu'il veut mieux commencer par le début Cas. D'abord les ordres simples. Ensuite on s'attaquera à ton problème de chaussettes et de boxers », lui propose-t-il d'un ton taquin avant de fouiller dans la poche de son jean et d'en sortir un sachet de friandises.
Les deux hommes rient en cœur en voyant Angie dresser soudain l'oreille avec attention, sa jolie tête fine pointée en l'air en direction de la main du châtain.
« Tout travail mérite récompense et je peux t'assurer qu'un chien comprend très rapidement le principe. Prends-les pour maintenir son attention et qu'elle fasse le lien entre celui qui donne l'ordre et la friandise », lui indique Dean. « Je vais demander aux deux voyeurs de partir. »
Le brun hoche lentement la tête et récupère le petit paquet dans un léger bruit de crissement qui fait japper Angie d'excitation. Au léger effleurement de leurs doigts, Dean sent son aine le picoter plus fort et il s'empresse de remonter le parc canin pour revenir à la barrière, sa tête enfoncée entre ses épaules.
Hors de question que Angie recommence à s'attaquer au tiroir à sous-vêtements de Castiel.
Le châtain veut plus que tout y jeter un coup d'œil avant.
o0O0o
Quand Dean regarde rapidement l'heure sur l'écran de son portable, il est très surpris de voir qu'une heure et demie est déjà passée.
À côté de lui, Castiel est en train de cajoler tendrement Angie, la félicitant pour son formidable travail et sa bonne volonté après une énième séance de dressage ponctuée de nombreuses discussions entre les deux hommes. Si le châtain n'avait pas encore le clicker rouge dans une main et le sachet de friandises dans l'autre, il pourrait croire qu'ils sont en train d'achever une promenade agréable et paisible dans le parc proche de l'appartement du jeune homme, savourant en silence leur proximité et l'absence totale d'intrus pendant leur moment passé à deux. Dean sait combien il peut être impressionnant quand il se redresse et gonfle ses muscles et il n'a aucun mal à imaginer qu'il aurait aisément préservé leur petite bulle à coup de regards noirs et d'épaules discrètement pressées l'une contre l'autre.
« Je suis agréablement surpris par les résultats que tu as obtenus en quinze jours Cas. La séance d'aujourd'hui était excellente. Angie a été très réceptive et si tu continues à poursuivre les exercices chez toi régulièrement, tu devrais reprendre rapidement la main sur cette petite manipulatrice en fourrure », s'exclame Dean d'un ton taquin.
« Ne dis pas une chose pareille… Inutile de lui donner du grain à moudre si elle fait un jour sa crise d'adolescence », le gronde faussement le brun tout en posant comiquement ses mains sur les oreilles de la jeune chienne. « Elle a été parfaite. »
Le jeune homme hausse un sourcil interrogatif avant de ricaner doucement.
« Je me demande qui de toi ou d'elle a le plus besoin de dressage dans l'absolu. Angie te mène vraiment par le bout du nez… », rit-il avant de se figer et de rougir violemment. « Je- Enfin, je ne voulais pas dire que- C'est- »
Écarlate, Dean passe une main gênée dans sa nuque avant de regarder Castiel dont les yeux clairs sont attentivement fixés sur lui et semblent le brûler, un petit sourire venant ourler ses lèvres fines.
« … Tu ne vas pas m'aider pour que je m'en sorte n'est-ce pas ? », lui demande-t-il d'un air vaguement bougon après un court silence tandis que le brun continue de le regarder d'un air tranquille.
« En effet… Continue à te flageller encore un tout petit peu et je pense que je pourrais passer outre le fait que tu aies songé à m'éduquer à coup de clicker et de récompenses », rit doucement Castiel tout en continuant à caresser Angie.
Imaginer brièvement le brun sagement assis sur ses genoux dans les draps, son corps tendu dans l'attente d'un ordre tendre à venir fait rugir quelque chose en Dean et le jeune homme se mord si vivement les joues pour s'empêcher de répliquer quelque chose de déplacé qu'il a l'impression de sentir un imperceptible goût de fer envahir sa bouche. Celui-ci est désagréable, un peu piquant, mais le jeune homme y prête à peine attention, sa poitrine se réchauffant agréablement sous l'effet de ce qu'il est tenté d'interpréter comme un début de flirt.
« Est-ce que tu viens vraiment de faire un jeu de mot avec un fouet ? », lui demande-t-il plus prudemment tout en haussant un sourcil narquois.
Castiel hausse négligemment les épaules mais le châtain voit ses joues se colorer légèrement et Dean a envie de rire un peu stupidement.
« Pour revenir à notre sujet », reprend le brun après s'être discrètement raclé la gorge. « Angie est une élève très attentive et elle est toujours prête à travailler. Elle me rend vraiment la vie facile et je sais qu'elle adore venir au refuge pour nos séances hebdomadaires. Moi aussi d'ailleurs », dit-il, la rougeur venant marbrer délicatement sa nuque.
Dean ne se lasse pas de voir la peau blanche de Castiel se colorer, même si la caresse emplie de dévotion de ses lèvres n'y est pour rien. Elle est le signe de leur complicité qui ne cesse de s'accroître depuis une quinzaine de jours, nouant entre eux une amitié douce qui réchauffe sa poitrine à chacune de leurs taquineries et qui lui fait prendre conscience avec une étonnante acuité de son isolement jusqu'à présent.
« Je suis en effet positivement sûr que le professeur est également excellent », se rengorge le jeune homme d'un air comique qui fait délicatement pouffer le brun. « Le seul moyen d'éduquer un chien est d'y consacrer du temps et de la patience. Tu as vraiment dû y mettre du tien pour arriver à de tels résultats en quinze jours. Rassure-moi, tu continues à travailler n'est-ce pas ? », lui demande-t-il d'un air faussement inquiet.
Le brun glousse et lui donne un petit coup de coude dans les côtes.
« J'aime prendre le temps de le faire parce que je suis très fier d'elle et de ses progrès et que je ne parviens probablement pas à le lui cacher autant que je le devrais », lui répond Castiel et Dean lève les yeux au ciel. « La faire travailler me donne aussi l'occasion de me changer les idées. Mon métier peut parfois être prenant, je vois nos séances comme une récréation pour moi tout comme Angie pense s'amuser. »
S'appuyant légèrement contre la barrière, le châtain le regarde avec curiosité.
« Dans quel domaine travailles-tu d'ailleurs ? Gabriel nous a juste dit que tu roulais sur l'or mais il n'a rien précisé », lui demande-t-il avec intérêt.
La moindre information sur la vie de Castiel est bonne à prendre et Dean dresse toujours attentivement l'oreille à chacune de leurs discussions. Leur amitié se teinte légèrement d'une forme d'intimité qui fait bourdonner son corps et qui le laisse espérer que, derrière leurs mains qui se serrent pour se saluer et leurs sourires, il existe une envie de quelque chose de plus, encore balbutiante et un peu timide.
« Gabriel exagère. Je gère juste mieux mes fonds que lui. Je suis peut-être une véritable catastrophe en ce qui concerne l'utilisation d'un appareil high-tech mais il est lui-même incroyablement incompétent quand il s'agit de gérer son argent pour autre chose qu'acheter des sucreries. C'est un véritable panier percé…», grommelle légèrement le jeune homme avec une pointe d'inquiétude avant de relever les yeux vers Dean. « Je suis analyste financier, je surveille la santé et la croissance des entreprises cotées en Bourse pour pouvoir ensuite conseiller les traders ou les investisseurs. »
Le châtain tente de dissimuler sa légère grimace mais son effort doit être particulièrement maladroite car Castiel éclate joyeusement de rire devant lui, inclinant la tête en arrière et dévoilant la ligne fascinante de sa gorge.
« Je sais oui, ce n'est absolument pas sexy… », glousse-t-il légèrement. « Mais c'est un métier que j'adore, qui demande d'être en permanence en éveil et attentif et donc d'éviter l'ennui. Et les chiffres me parlent. Ils sont faciles à comprendre, parfois plus que les humains. »
Tout en contemplant le brun, Dean songer qu'il pourrait probablement rétorquer assez brillamment à la première affirmation du jeune homme, la première pensée lui venant étant le fait que Castiel doit être absolument renversant s'il doit porter un costume tous les jours.
Il vient gratter la tête d'Angie.
« Je ne t'imaginais pas en loup aux dents longues », lui répond-il d'un air sincèrement étonné.
« Parce que ce n'est pas le cas. Je travaille dans une petite société familiale dont le portefeuille de clients est relativement restreint et pour lesquels nous faisons parfois nous-même des placements », lui explique doctement le brun. « Ce sont surtout de petits épargnants qui ont quelques centaines de dollars à jouer à la Bourse et des sociétés de trading un peu secondaires. Nous ne travaillons pas pour enrichir les leaders de la Silicon Valley ou l'industrie pétrolière. »
« …Et ça ne t'intéresserait pas ? », lui demande le châtain tout en lui jetant un petit regard en coin. « Parce qu'à t'entendre, je t'imagine dans un petit bureau poussiéreux entouré par des collègues ventripotents habillés de costumes des années 1980 à larges cravates en train de boire du mauvais café… »
Castiel pouffe doucement avant de secouer lentement la tête.
« Oh Dean… Mon cadre de travail n'a rien d'aussi dramatique », lui répond le brun avec un sourire malicieux. « L'entreprise est peut-être familiale mais je t'assure que la largeur des cravates est tout ce qu'il y a de plus convenable. Nous sommes installés dans un bel immeuble moderne dans le centre-ville, à côté du front de mer. La paye me convient également largement, je n'ai pas énormément de dépenses personnelles. »
« Je vois… » Dean hoche la tête d'un air convaincu avant de se pencher légèrement vers le jeune homme d'un air de conspirateur. « Dans ce cas, juste de toi à moi, que penses-tu de la santé de Cinnabon ? » [ndla : une fameuse entreprise américaine de boulangerie et une des plus importantes franchises du secteur]
Le brun éclate d'un beau rire joyeux qui fait japper Angie d'excitation et emplie le jeune homme d'un sentiment un peu absurde de toute-puissance.
« Elle est excellente Dean, tout le monde aime les roulés à la cannelle ! », s'exclame le brun tout en le bousculant un peu plus fort dans son hilarité avant de relever des yeux brillants vers lui. « Est-ce que tu sais qu'ils en font également au caramel et noix de pécan ? Crois-moi, leur prospérité est assurée… »
Le châtain hoche la tête d'un air ravi avant de s'asseoir dans l'herbe à côté de Castiel, Angie couchée à leurs pieds et profondément occupée à mordiller sa pieuvre rouge et violette en peluche. S'appuyant en arrière sur ses mains, Dean étend ses jambes devant lui dans un petit soupir de bien-être avant de grimacer légèrement et de passer une main gênée dans sa nuque.
« Et dire que je m'acharne à essayer de tenir la comptabilité du refuge… », rit-il un peu désagréablement. « Sam me propose son aide mais il s'occupe déjà de toute la partie juridique, je ne veux pas qu'il en fasse plus que sa part. Et je ne confierai jamais rien de sérieux à Gabriel… »
Castiel lui jette un petit regard avant de lui sourire avec douceur.
« Tu serais surpris de voir tout ce que mon frère est capable de faire quand il le veut bien », lui fait-il remarquer. « Tu- Est-ce que tu souhaiterais que je te donne un coup de main ? Pour la comptabilité ? », précise le jeune homme en voyant le regard interrogatif du châtain.
« Tu- Tu ferais ça ? », lui demande Dean tout en se redressant vivement. « Tu analyses des chiffres toute la journée, tu ne vas pas en plus le faire sur ton temps libre… Franchement Cas, c'est- »
« Je t'assure que ça me ferait plaisir », s'empresse de lui répondre le brun. « Je serais ravi de pouvoir t'aider et de te soulager un petit peu quand il y a tant à faire au refuge. Ça ne me dérange pas Dean… »
Ses yeux rivés dans les siens, le châtain lit sans peine la détermination de Castiel et son envie sincère de pouvoir le décharger un peu de ce qu'il considère, après Gabriel, comme son second enfer personnel. Dean rit légèrement avant de passer sa main dans sa nuque.
« Je ne te cache pas que cela m'aiderait vraiment en effet. Et si tu trouves du plaisir… Je sais maintenant que tu as des désirs très particuliers Cas… », se moque-t-il gentiment.
Le brun lève brièvement les yeux au ciel, un petit sourire aux lèvres et Dean ricane un peu plus fort. Castiel se mordille les lèvres un instant avant d'ouvrir la bouche mais la voix puissante de Gabriel brise soudain leur petit moment tranquille, faisant se crisper imperceptiblement le châtain.
« Cassie, j'ai fini ! Si Deanno a arrêté de te martyriser, on pourrait peut-être rentrer ! », s'exclame bruyamment le blond tout en lui adressant de grands signes des bras, ses mains s'agitant en l'air dans une rythmique vaguement désordonnée.
Un petit soupir aux lèvres, le brun se relève lentement, passant une main dans ses cheveux avant de sourire à Dean qui fusille consciencieusement le jeune homme du regard.
« Navré Dean mais il est temps pour le petit garçon de goûter… », lui dit-il d'un ton doux teinté de regrets avant d'inviter Angie à se redresser également d'un petit claquement de langue. « Et concernant mon aide pour la comptabilité… Puisque tu es un ami, tu accepteras sans doute de me laisser jouir de la situation », achève le brun avec un sourire malicieux. « À la semaine prochaine Dean. »
Castiel lui fait un petit signe de la main avant de traverser le parc canin pour rejoindre son frère qui s'agite, assis dans un équilibre précaire sur la barrière. Le châtain lui répond d'un sourire avant de se laisser tomber dans l'herbe de tout son long, un sourire idiot aux lèvres. Son corps agité de légers tressautements rieurs, il passe une main fébrile sur son visage avant de croiser ses doigts sur son ventre et de fermer les yeux.
À l'issue de la visite de contrôle, Sam avait utilisé beaucoup de qualificatifs pour désigner le brun qui avait fait rugir une bête jalouse en lui. Mais à cet instant précis, Dean est bêtement heureux. Car s'il a pu se rendre compte au fur et à mesure des séances de dressage d'Angie que Castiel est sans aucun doute mignon, adorable et craquant, son frère a manqué un trait de sa personnalité qui tord légèrement son estomac.
Outre un humour piquant, le jeune homme est aussi incroyablement sexy. Et Dean sent la bête dans son estomac se mettre à ronronner doucement.
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C'est avec une fascination que dans un autre contexte il trouverait assurément un peu étrange, que le châtain observe les doigts blancs et effilés de Castiel courir élégamment sur le clavier du vieil ordinateur de l'accueil tandis que ses yeux parcourent des factures et des notes couverts de chiffres. Son autre main les disperse au fur et à mesure en différentes piles parfaitement ordonnées dans un concert léger de cliquetis de touches au rythme staccato tandis qu'il saisit leurs données sans même jeter un regard à l'écran dont Dean voit se remplir les lignes du tableur à une vitesse affolante. À intervalle régulier, le brun se mordille les lèvres sous l'effet de sa concentration et le jeune homme crispe légèrement ses doigts sur les papiers étalés devant lui, son regard avide suivant le chemin discret et luisant laissé par sa langue quand il vient humidifier sa chair afin de l'apaiser.
Quand Sam se racle bruyamment la gorge à côté de lui, le faisant sortir de sa contemplation muette, Dean rougit violemment en voyant son sourire narquois et il s'empresse de lui jeter au visage une boulette de papier dans un geste vengeur. Les joues rouges, le jeune homme se replonge vivement dans le classement et le tri des papiers de l'association dont les piles sont bien moins ordonnées et évidentes que celles que Castiel a organisé sur le bureau.
Dean sourit un peu stupidement. Si on lui avait dit un jour qu'il trouverait un attrait quelconque au traitement des archives…
Tandis qu'il referme une pochette de couleur tout en indiquant l'objet de son contenu sur la page avant, le châtain glisse un nouveau regard en coin à Castiel, parfaitement droit sur l'inconfortable chaise de bureau et les manches de sa chemise roulées sur ses avant-bras laissant apparaître le jeu discret de ses muscles ciselés dans son imperceptible effort.
Son propre enthousiasme n'a probablement rien à voir avec l'action elle-même. Ce dernier n'est sans doute lié qu'au fait que Castiel travaille lui-même juste à côté de lui sur la comptabilité de Second Life et que le jeune homme a l'impression qu'ils sont encore un peu plus proches. Que la scène a quelque chose de presque domestique, s'il fait exception de la présence de son frère à côté de lui, qui range les archives dans des boîtes soigneusement étiquetées, et de celle de Gabriel qu'il croit deviner dans la pièce adjacente, en train de réaliser des cocottes avec les papiers à jeter.
Couché sous le comptoir de l'accueil, Angie dort profondément, la tête sur le pied de Castiel, ses sourcils et sa truffe s'agitant comiquement sous l'effet de tics nerveux. Et le châtain sait que c'est également la raison pour laquelle Castiel reste si parfaitement immobile devant l'ordinateur quand ses doigts courent si vite sur le clavier. Le brun se penche régulièrement sur le côté afin de lui jeter de petits regards attendris et attentifs qui vont complètement fondre Dean tandis qu'il surveille attentivement sur son repos. Le châtain aimerait bien que le jeune homme le regarde également de la sorte, avec cet éclat doux brillant dans ses yeux bleus et cet adorable petit sourire qui murmurent des paroles de réconfort et de tendresse, qui susurrent qu'il est parfois bon de s'abandonner quand quelqu'un veille précieusement sur vous.
Dean laisse le brun s'amuser avec les tableaux de chiffes de Second Life depuis quelques semaines à présent. En retard dans la comptabilité et dépassé par les urgences inhérentes à la vie d'un refuge animalier, le jeune homme a finalement accepté l'aide de Castiel à la séance d'éducation canine suivante. Son équilibre financier s'est transformé au quotidien en une prouesse de cirque un peu permanente éprouvante pour ses nerfs dont Dean ne pouvait se permettre d'avoir une mauvaise visibilité. Si la question timide de Castiel sur son salaire l'a fait ricaner, son corps s'est raidi quand ils ont évoqué le paiement aux fournisseurs ou de la vétérinaire travaillant avec eux. Le châtain est chatouilleux sur son orgueil et la crainte de faire défaut à l'un ou à l'autre lui a fait murmurer des paroles d'accord quand le brun lui a timidement reparlé de sa proposition.
Le grincement familier de l'assise du fauteuil attire soudain son attention et le jeune homme voit Castiel plier et déplier rapidement les doigts de sa main droite avant de s'étirer longuement devant le petit bureau, faisant craquer son dos délicieusement cambré et étirant ses bras au-dessus de lui pour former une belle ligne courbe et sensuelle. Son regard allant caresser un instant ses reins avant de remonter le long de sa colonne vertébrale jusqu'à ses longs doigts effilés, Dean se demande distraitement si le brun se cambrerait aussi joliment contre lui tandis qu'il parsèmerait sa poitrine blanche de baisers.
« Fini… », soupire doucement Castiel après avoir fait rouler un instant ses épaules dans un petit grognement de bien-être.
Oubliant immédiatement les catalogues de fournisseurs périmés qu'il tient dans ses mains, Dean écarquille les yeux de surprise.
« Déjà ? », s'étonne-t-il d'un ton incrédule. « Tu disais qu'il y avait énormément de travail… »
Le jeune homme sent son estomac tressauter étrangement quand le brun lui adresse un petit sourire taquin après avoir vérifié les dernières lignes remplies et soigneusement enregistré le fichier.
« Tu vas me vexer Dean. Je suis particulièrement efficace de mes dix doigts… », lui répond-il avec un regard malicieux.
Entendre Castiel continuer à filer la métaphore du plaisir surprenant qu'il prend à travailler sur des chiffres le fait légèrement s'étrangler et à côté de lui, Dean entend Sam fait de même, la tête cachée derrière une montagne de boîtes d'archives mais ses larges épaules tressautent trop fort pour que le châtain parvienne à ignorer son hilarité.
Le jeune homme lui sourit doucement avant de ranger les papiers dans leurs classeurs dédiés et d'annoter la tranche avec des gestes élégants qui le captivent.
« Dean, aller… Toi et moi nous n'avons pas encore fini », le sermonne gentiment Sam, sa voix vibrant d'un rire contenu. « Il est presque dix-neuf heures et je commence à avoir faim. Hors de question de continuer à faire ça encore une heure parce que tu es trop distrait. »
« Oh, va te faire voir Sammy… », lui réplique vivement Dean tout en lui donnant un petit coup de pied vengeur dans le tibia.
À côté de lui, Castiel éteint l'ordinateur avant de s'asseoir à son tour par terre non loin de lui, prenant la tête d'Angie sur ses genoux pour la cajoler.
« Je peux vous aidez si ça vous permet de finir plus tôt », lui propose doucement le brun, riant légèrement en voyant la chienne rouler rapidement sur le flanc afin de présenter son ventre blanc et duveteux à ses caresses.
« Hors de question Cas, tu en as déjà beaucoup fait ! », se rebiffe légèrement Dean alors qu'il ferme une nouvelle boîte. « Si Sam ne s'obstinait pas à faire des étiquettes aussi artistiques pour des boîtes que nous allons de toute manière remiser derrière nous sans avoir besoin d'y revenir, nous aurions déjà fini depuis longtemps… »
« Je marque le nom de leur contenu sur la tranche Dean », lui répond son frère d'un ton incrédule tout en brandissant une boîte devant lui pour appuyer ses dires. « En quoi cela serait artistique ? »
« On se le demande… », grogne légèrement le jeune homme. « Contente-toi d'écrire en majuscule le titre et on devrait arriver à terminer d'ici la nuit. »
Castiel pouffe doucement d'amusement et se déplace légèrement afin de s'appuyer contre le montant du bureau, étendant ses jambes devant lui pour permettre à Angie de se caler contre lui. Leurs corps se frôlent et le châtain se remet au travail de plus belle, rougissant légèrement d'orgueil.
Pas question que le brun vienne l'aider parce qu'il est incapable de travailler correctement, d'autant plus qu'il a pu constater combien le jeune homme est lui-même d'une redoutable et fascinante efficacité. Dean est un homme adulte et parfaitement responsable, il ferait donc un compagnon des plus fiables. Le buste droit et les muscles bandés, il plie rapidement une nouvelle boîte en carton avec des gestes sûrs sous le ricanement moqueur de Sam.
« Je comprends oui », lui répond doucement le brun tout en tripatouillant les oreilles d'Angie du bout des doigts. « C'est juste que- Enfin, je voulais vous proposer quelque chose pour ce soir mais peut-être que vous êtes déjà pris… », bafouille-t-il adorablement tout en se mordillant les lèvres.
Alors que Dean s'apprête à lui demander d'un air curieux ce dont il s'agit, Gabriel fait une entrée fracassante dans la pièce, son pull noir couvert de poils de chat. Le châtain ricane légèrement. Son insupportable employé n'était donc pas en train de faire des cocottes en papier.
« Je reviens de la chatterie ! », s'exclame le blond avec enthousiasme tout en contournant le bureau pour se laisser tomber sur le fauteuil. « Bon sang, si tu les voyais Cassie, ils sont tous tellement craquants ! Même le gros noir avec le bout des pattes blanches qu'on a récupéré il y a une semaine m'aime bien ! », renchérit-il tandis que Angie fronce délicatement son museau, tendant légèrement la tête vers lui.
« Tu parles », grommelle Dean entre ses dents. « Lucifer est une véritable saleté. La dernière fois que je suis allé nettoyer sa caisse, il m'a presque arraché la main… »
Faisant effectuer au fauteuil un parfait tour sur lui-même d'une rapide impulsion du pied, Gabriel claque sa langue contre son palais.
« C'est parce que tu ne fais aucun effort Deanno... Et qu'il sent ta peur », ricane le jeune homme avant d'arrêter brusquement le fauteuil en s'agrippant au comptoir. « Oh fait Cassie, tu leur as proposé pour ce soir ? », demande-t-il tout en regardant le brun qui les a écoutés, un petit sourire aux lèvres.
Dean voit le brun rougir légèrement et baisser les yeux sur Angie qui le regarde avec des yeux mouillés d'affection. Parfois, le jeune homme suspecte qu'il regarde le brun un peu de la même manière.
« Je n'en ai pas eu le temps… Je m'apprêtais à le faire mais tu es entré avec toute la discrétion qui te caractérise Gabriel », lui répond Castiel tout en levant les yeux au ciel tandis que le châtain lui jette un regard intrigué.
« Je vois… Bon, les frères Winchester ! », s'exclame le blond tout en regardant les deux frères l'un après l'autre. « C'est l'anniversaire de Cassie aujourd'hui et on vous invite à passer la soirée avec nous pour fêter ça ! Aucun refus ne sera accepté et sachez que je vous en voudrais mortellement si vous insistez parce que je déteste férocement tous ceux qui font pleurer mon petit frère », prévient-il d'une voix lourde de menace.
« Gabriel pour l'amour de Dieu, arrête ! », grommelle Castiel tout en enfonçant légèrement sa tête entre ses épaules.
Dean se sent pâlir légèrement.
« C'est ton anniversaire ? », répète-t-il d'un ton incrédule. « Et dire que nous t'avons fait faire de la comptabilité pendant toute la fin de l'après-midi… Tu… Quel âge as-tu ? »
« Oh Deanno, c'est tellement indélicat comme question », glousse Gabriel à côté de lui avant de pointer un index vengeur dans sa direction. « Comme si cela ne suffisait pas d'avoir obligé Cassie à regarder d'ennuyeux tableaux de chiffres et des factures… »
« Je te remercie Gabriel mais tu n'as pas à essayer de préserver ma délicatesse. Et je suis parfaitement heureux d'avoir pu aider Dean et Sam aujourd'hui. Tu fais une montagne d'un rien », lui répond Castiel tout en lui jetant un regard noir avant de tourner la tête vers Dean. « Je vais avoir- »
« Trente-trois ans ! Mon tout petit frère fête ses trente-trois ans aujourd'hui ! », le coupe le blond avec exaltation tout faisant faire un nouveau tour à son fauteuil.
Dans la manœuvre, le jeune homme heurte durement le genou du châtain du bout de ses pieds mais Dean le remarque à peine, ses yeux rivés sur Castiel.
« Trente-trois ? », murmure-t-il doucement. « Tu es plus âgé que moi ? »
Dean est surpris. Il est toujours sorti avec des femmes plus jeunes que lui, rarement avec des hommes, et ses aventures masculines n'ont jamais été plus loin qu'un agréable moment passé dans un lit. Castiel est le premier à lui faire ressentir autant de choses, autant de sensations et d'envies différentes, et il est plus âgé que lui. Il n'est plus jeune que de deux petites années mais le châtain trouve ça déraisonnablement séduisant. Dean a toujours été le pilier sur lequel on pouvait s'appuyer, accumulant sur ses épaules les charges et les responsabilités, mais l'idée d'avoir à son tour une épaule solide et puissante pour le porter lui plaît décidément énormément.
Castiel lui sourit à son tour mais la surprise est clairement lisible sur son visage.
« Tu es plus jeune ? », lui demande-t-il avec étonnement. « Je pensais que nous avions le même âge… »
Les yeux du brun pétillent de malice et Dean le trouve vraiment beau, inconfortablement assis par terre à côté de lui. Il a un côté un peu enfantin qui contraste délicieusement avec ses trente-trois ans. Trente-trois ans… Le châtain sent un long frisson remonter le dos de sa colonne vertébrale et il s'empresse de remplir sa boîte d'archives afin de s'occuper les mains, ignorant le regard désapprobateur de son frère en voyant faire rentrer les documents au forceps, sans égard pour leurs coins pliés.
« Ne t'en fais pas Cassie ! », s'exclame Gabriel tout en se penchant en avant pour lui pincer affectueusement la joue. « Ce n'est qu'un mauvais moment à passer et très bientôt, la vie merveilleuse de la pré-quarantaine t'ouvre les bras ! »
Castiel grimace légèrement sous ses doigts et recule légèrement contre le bureau pour éloigner prudemment sa tête des doigts agiles de son frère.
« Je te remercie Gabriel mais passer le cap ne m'angoisse pas. Enfin, pas trop… », murmure-t-il doucement.
Dean ne peut que remarquer ses longs doigts fins qui viennent effleurer doucement les très légères rides qui apparaissent au coin des yeux dans un geste un peu coquet. Le jeune homme adore ces petites marques qui sourient tout autant que les lèvres du brun quand il est heureux ou joyeux et il baisse la tête sur sa boite en carton, redoublant brusquement d'ardeur.
« Ne t'en fais pas Cas, tu les portes très beau… », lui dit-il avec une brusque franchise qui fait glousser Sam et rosir ses propres joues.
« Merci Dean. »
Le châtain se rend soudain compte qu'il serait prêt à faire beaucoup de choses pour un sourire de Castiel. Surtout quand ses petites pattes d'oie se plissent si joliment au coin de ses beaux yeux bleus. Brièvement, il songe à quoi pourrait ressembler le brun à l'aube de la quarantaine, ses cheveux sombres peut-être légèrement striés d'argent aux tempes lui donnant l'allure d'un de ses hommes un peu plus mûrs et parfaitement séduisants qu'il voit parfois marcher le long du le front de mer. Dean aurait peut-être encore ses cheveux couleur miel, mêlant leurs couleurs quand il se pencherait sur lui pour l'embrasser, et le jeune homme trouve le contraste délicieux.
« Donc je peux vous inviter à boire un verre tout à l'heure ? », reprend soudain le brun après un court silence.
Le jeune homme repose une nouvelle fois la liasse de feuilles qui est en train de feuilleter pour le regarder avec stupéfaction, ignorant soigneusement le grommellement de Sam qui lui dit qu'il n'avance absolument pas dans leur travail.
« Mais de quoi tu parles Cas ? C'est plutôt à moi de t'offrir un verre. Pour ton anniversaire », précise-t-il rapidement en voyant Gabriel hausser un sourcil de manière suggestive dans le dos du brun.
Castiel fronce légèrement les sourcils, arrêtant du bout des doigts un nouveau tour de manège du fauteuil dont le mouvement commence à agacer Angie.
« Est-ce ainsi que Sam et toi fêtez vos anniversaires ? Gabriel et moi avons toujours fait le contraire », lui dit le brun tout en fronçant légèrement les sourcils. « Une manière de passer le cap. Je ne sais plus trop ce qu'il m'avait dit la première fois qu'on l'a fait pour se justifier… »
Sam rit franchement à côté de Dean, empilant deux nouvelles boîtes dans un équilibre parfait.
« Ça ne m'étonne pas de lui… Et dire que tu nous accuses ensuite de maltraiter ton frère le jour de son anniversaire », ricane le jeune homme tout en jetant un rapide regard au blond. « Qu'est-ce-que tu as prévu pour ce jour pas si spécial que cela dans ce cas ? », lui demande-t-il d'un air taquin.
Assemblant à nouveaux plusieurs boîtes en carton, le châtain tend l'oreille, particulièrement attentif au programme. Sa seule petite déception est que le celui-ci a été conçu pour eux quatre. Un peu égoïstement, le jeune homme se serait bien vu terminer de fêter l'anniversaire de Castiel en tête à tête avec lui, assis dans un canapé à boire une bière. Peut-être qu'un peu chatouillé par l'alcool, il aurait courageusement fini par prendre la main du brun dans la sienne tandis qu'elles se toucheraient sur l'assise. Et peut-être qu'enfin, alors que le jeune homme lui ferait ce si beau sourire toujours si doux, Dean se serait penché vers lui pour l'embrasser.
Il sourit un peu stupidement à cette idée.
« Une soirée à se goinfrer de sucreries pendant que Cassie choisira un film ! Le meilleur anniversaire qui soit… », soupire Gabriel d'un air extatique.
Dean ricane légèrement.
« Je croyais que c'était l'anniversaire de Cas, pas le tien Gabriel… Et pour l'amour de Dieu, arrête de faire tourner ce fauteuil, tu me donnes la nausée ! », grogne-t-il tout en enserrant son genou d'une main de fer afin de l'arrêter dans son nouvel élan avant de regarder Castiel. « Quel film as-tu choisi ? »
« Oh… » Castiel rougit légèrement. « Autant en emporte le vent de Victor Fleming. C'est un de mes films préférés. »
Le jeune homme fait fonctionner sa mémoire à la vitesse d'un avion de chasse pour retrouver dans ses lointains souvenirs des bribes un peu égarées sur une lecture imposée quand il était au lycée. Dean se souvient surtout de la couverture qui lui avait tous sauf donner envie d'ouvrir l'épais volume et il ricane légèrement.
« Ah oui. L'histoire de la godiche O'Hara… », marmonne-t-il tandis qu'il fourre des papiers dans une boîte sous le regard blasé de son frère qui les ressort discrètement pour mieux les arranger.
Castiel fronce légèrement les sourcils.
« Je suis désolé mais je ne peux pas te laisser dire ça Dean », le gronde-t-il légèrement. « Scarlett O'Hara est un personnage féministe extrêmement moderne et complexe. Elle- »
Gabriel tape soudain si bruyamment dans ses mains que le brun s'arrête, lui jetant un petit regard noir.
« Changement de programme ! Vous venez nous rejoindre chez Cassie tout à l'heure », le coupe vivement le blond d'un air ravi. « Je préfère de très loin te voir scotcher sur un canapé devant un film en costumes pendant quatre heures plutôt que d'aller boire un verre avec toi, Deanno… Ça va être tellement plus drôle », glousse-t-il, vite rejoint par Sam.
À ses mots, Dean blanchit légèrement. Il se souvient que son livre de lycée était particulièrement épais mais y avait-il vraiment matière à faire un film de plusieurs heures ?
Du coin de l'œil, il voit Castiel baisser légèrement la tête, tout à fait concentrer à cajoler la tête d'Angie.
« Je peux choisir autre chose… », propose gentiment le brun mais le jeune homme bondit presque.
« Non, ce sera parfait ! Cas, c'est ton anniversaire, tu dois faire ce dont tu as envie et les autres n'ont qu'à supporter en silence par affection pour toi… », ajoute-t-il d'un ton dramatique.
Le brun rit doucement, ses yeux pétillants légèrement. Tandis qu'il tend une main devant lui pour récupérer une autre pochette, Dean réalise soudain que Sam et lui ont fini et c'est avec un profond soulagement qu'il étend enfin ses jambes devant lui, son frère se relevant lentement tout en dépliant son long corps.
« Dean et moi pouvons amener le dîner si tu veux », lui propose gentiment le blond tout en se cambrant en arrière, les mains posées sur ses reins. « J'ai repéré un restaurant libanais qui vient d'ouvrir en centre-ville et qui propose des plateaux de mezze. »
Dean renifle légèrement avant de se remettre également debout et d'épousseter son jean.
« Ne sois pas ridicule Sam. C'est un anniversaire, on va acheter des pizzas et une tarte et ce sera parfait », le reprend-il tout en attrapant deux boîtes d'archives afin de les ranger.
« Tes goûts sont dignes d'un enfant de dix ans Dean… », soupire son frère d'un air exaspéré et Castiel rit doucement, se relevant à son tour pour les aider. « Castiel ? Qu'est-ce-qui te ferait envie ? », lui demande-t-il tout en se tournant vers le jeune homme.
Ses mains serrées sur la première boîte en carton à sa portée, ce dernier jette un petit regard en coin à Dean. Le châtain a presque envie de croire qu'il s'agit de la réponse à la question de Sam et qu'il est tout ce que le brun désire.
« … Les pizzas me semblent être une bonne idée », acquiesce-t-il avec un sourire. « Je vous laisse le choix du dessert. Je ne suis pas très sucre et Gabriel finit toujours par manger ma part. »
Dean pousse un petit cri de joie vainqueur qui fait se relever vivement Angie avant que la jeune chienne ne vienne se jeter dans ses jambes pour jouer, manquant de le faire tomber avec son chargement.
« Je suis d'accord pour laisser tomber le libanais mais j'ai repéré une nouvelle pâtisserie en ville que j'ai très envie d'essayer », annonce Gabriel avec gourmandise.
Tandis que Sam tente de faire comprendre au jeune homme qu'un bon gâteau n'est pas forcément une montagne calorique faite de sucre blanc raffinée et de crème montée au beurre, Dean termine de ranger les boîtes d'archives dans la pièce adjacente avec l'aide silencieuse et concentrée de Castiel.
Il va enfin voir le brun en dehors du refuge, dans l'intimité. Dans celle de son appartement.
Ce soir, le jeune homme va regarder un film avec lui dans son canapé tout en mangeant une pizza et en buvant une bière. S'il fait abstraction de la présence bruyante de Gabriel et du grand corps de son frère, cela ressemble fortement à ce qu'il a imaginé.
