Voici le troisième chapitre !


Chapter 3: Le dîner

Samedi 16 novembre

Elle était en retard. Bien sûr qu'elle était en retard ! Et au pire moment possible en plus !

Et ce n'est pas comme si elle pouvait blâmer le trafic étant donné qu'elle pouvait se faufiler entre les voitures avec sa Ducati –moto que son père lui avait offerte pour ses seize ans- et que, en plus, il n'y avait pas tellement de circulation pour un samedi soir. Mais, alors qu'elle fouillait dans son placard pour la tenue idéale pour ce dîner, la nouvelle mission donnée par Pike occupait pleinement ses pensées à point qu'elle n'avait pas vu l'heure défiler.

Ce n'était pas un gros retard en soi. Elle-même n'en faisait pas un fromage si quelqu'un était en retard de maximum quinze minutes. Au-delà, la personne avait intérêt à avoir une excuse valable. En partant, elle savait qu'elle serait en retard de dix minutes ; seulement cinq si elle avait la chance de trouver une place où garer sa moto près de l'adresse que la PDG lui avait donnée.

Heureusement, sa veste en cuir doublée polaire la protégeait du froid –il faisait à peine un degré Celsius- et de la pluie –l'imperméabilité et la doublure avaient été des facteurs d'achats convaincants le mois dernier. De plus, elle pouvait retirer la doublure polaire pour l'été si elle avait trop chaud ce qui en faisait une veste qu'elle pouvait mettre à toutes les saisons.

Sur la route, elle eut tout le temps du monde pour se laisser aller à ses pensées.

Devant son hésitation, Alexandra avait finalement proposé qu'elles ne dinent pas ensemble juste après leur sortie à la galerie mais qu'elles remettent ça à deux semaines plus tard afin de laisser à la blonde le temps de refuser si l'offre la mettait vraiment mal à l'aise. Le problème était que Clarke n'avait aucune envie de refuser –ce qui n'en faisait au final pas un problème- et que, de toute façon, si elle l'avait voulu, elle n'avait aucun moyen de contacter la PDG pour lui signaler qu'elle ne viendrait pas. Mais soit. Elle voulait apprendre à connaitre la brune et n'avait donc aucune raison de l'appeler.

Mais là, elle aurait tout donné pour avoir son numéro, ainsi elle aurait pu l'avertir de son léger retard.

Arrivée à destination, elle se demanda si elle ne s'était pas trompée de rue. D'un côté, il y avait un parc privé et de l'autre un complexe d'appartements. Elle sortit le bout de papier de sa poche, sur lequel Alexandra avec écrit l'adresse de leur rendez-vous et releva légèrement la visière de son casque.

34B PearlStreet , Portland (Maine)

Heureusement, il ne pleuvait pas très fort, sinon le papier serait déjà trempé.

Le n°34 correspondait à un complexe d'appartements assez luxueux et le B à la porte de droite. Malheureusement, il y avait cinq étages et aucun d'eux ne semblait renfermer de restaurant et le papier n'avait aucune indication supplémentaire. Ne perdant pas encore espoir, bien qu'elle se traitât d'idiote de ne pas avoir demandé le numéro de la brune, elle regarda les noms écrits à côté des sonnettes.

1 - B. et E. Icegeda

2 - F-K. Titus

3 - O. et L. Trikru

4 - I. et G. Polis

5 - A. Pine

Pine ? Comme Anya Pine ? Se demanda Clarke.

N'ayant aucun autre indice, elle se décida à appuyer sur le bouton et attendit.

- Oui ?

Clarke leva les yeux au ciel en entendant l'amusement dans la voix d'Alexandra.

- J'ai failli faire demi-tour, vous savez ? Vos indications manquaient clairement de précisions.

Elle entendit un petit rire.

- Vous voilà pourtant , rétorqua la brune dans l'interphone.

- Uniquement parce que je connaissais le nom de votre assistante, répondit Clarke.

- Un journaliste doit toujours s'informer sur sa cible , dit la PDG avec un brin de malice dans la voix. Je me suis dit que ça ne serait donc pas un problème pour vous. Allez, montez, je vous ouvre !

- Attendez ! L'interrompit Clarke. Je suis désolée pour le retard mais j'ai juste sonné pour vous faire savoir que j'étais arrivée. Je dois encore trouver un endroit où laisser ma moto.

- Les roues sont-elles sales ?

- Euh... Fut surprise Clarke avant de regarder l'état de ses roues. Non, juste mouillées.

- Très bien, entrez-la dans le hall. A votre droite, il y a une porte menant à un cagibi à vélo. Personne ne s'en sert donc c'est toujours ouvert et il doit y avoir de la place.

- D'accord, merci ! Répondit la blonde avant que l'interphone ne se désactive.

En effet, la porte du cagibi était ouverte. Elle put laisser sa moto sans craindre qu'elle soit abimée et enleva enfin son casque. Elle hésita quelques secondes à le laisser sur sa moto avant de finalement l'accrocher au guidon et de récupérer sa pochette dans le coffre sous l'assise.

Un ascenseur attendait au rez-de-chaussée, plutôt large –on pouvait aisément y faire entrer huit personnes ou quatre poussettes- et équipé d'un miroir qui lui servit à réarranger ses cheveux, légèrement en bataille après avoir retiré son casque, après avoir déposé son sac-à-dos à ses pieds. La température dans le complexe étant agréable, elle retira sa veste et vérifia qu'elle n'avait pas sué dedans –un coup de déodorant ne ferait pas de mal.

Croisant les doigts pour avoir assez de temps pour se préparer et pour que personne ne prenne l'ascenseur avant qu'elle n'arrive au cinquième étage, elle se dépêcha d'enlever son pantalon en toile rembourré -en cas de chute, il prendrait la plupart des dégâts- et tira sur le bas de sa robe. C'était la seule solution qu'elle avait trouvée pour mettre sa robe tout en faisant la route à moto.

Elle avait opté pour une robe effet deux-pièces : le haut était blanc avec des traits gris fins prononcés et d'autres plus gros noirs mais léger, le bord des manches courtes était bleu marine comme la jupe, celle-ci se terminant juste au-dessus des genoux. Heureusement, elle avait des bottes montantes noires qui suivaient avec sa robe et qu'elle pouvait mettre en conduisant sa moto malgré la pluie.

Lorsque l'ascenseur atteignit le dernier étage, les portes s'ouvrirent sur un petit couloir menant à la porte d'entrée de l'appartement. Même le couloir était luxueux, avec ses murs blancs, la boiserie et la moquette couleur crème. Elle prit son sac à dos et sa veste puis s'avança pour toquer.

Elle supposa qu'Alexandra était sur le point de faire une remarque pleine d'esprit en ouvrant la porte mais la brune se figea, la bouche entrouverte, avant de regarder Clarke de la tête aux pieds. La blonde se sentit rougir. Il fallait dire que la brune n'était pas mal non plus : elle ne put s'empêcher de la relooker du regard tant la chemise blanche aux manches retroussées jusqu'aux coude et le legging noir la rendaient sexy.

- Vous êtes magnifique Clarke, la complimenta la PDG en reprenant contenance, mais, rassurez-moi, vous n'avez pas fait la route comme ça ?

Clarke montra le sac à dos qu'elle avait sur l'épaule.

- Je me suis changée dans l'ascenseur, avoua-t-elle, un peu gênée.

- Intelligent, fit remarquer la brune avec un sourire, et certainement apprécié. Mais pour le retour, changez-vous dans la salle de bain, d'accord ?

La blonde la remercia alors qu'Alexandra la laissa entrer.

- Ça vous dérange si on passe au tutoiement ? J'ai l'impression de parler affaires sinon.

- Ça ne me dérange pas, accepta Clarke.

La brune lui prit sa veste et son sac qu'elle accrocha à un porte-manteau à l'entrée -Clarke garda sa pochette à la main- puis l'invita à la suivre dans le salon.

- Je nous ai préparé une moussaka, j'espère que tu aimes ça ? Je n'ai même pas pensé à te demander si tu avais des allergies, s'inquiéta ensuite son hôte en fronçant les sourcils.

- A ce que je sache, je n'en ai pas, la rassura Clarke. Et j'adore la Moussaka.

- Super ! Et j'ai aussi ramené du vin : un Bellet blanc et un Languedoc rouge. Ce sont des vins français. Qu'est-ce que tu préfères ?

- Je préfère le blanc, dit Clarke qui n'avait jamais gouté à ces deux marques de vins mais qui préférait de toute façon le blanc au rouge. Et encore désolée pour le retard...

- Ce n'est rien, minimisa Alexandra en se dirigeant vers un comptoir entre la cuisine et le salon où se trouvait deux bouteilles et deux verres à vin. Ça ne fait même pas dix minutes. Assieds-toi, le repas n'est pas encore prêt. Je n'ai mis le plat au four qu'au moment où tu as sonné.

Le salon était assez spacieux, avec un grand home cinéma, un canapé blanc en L qui semblait confortable et une table ovale assez grande pour que huit personnes s'y attable près d'une baie vitrée. Clarke s'assit sur le canapé blanc moelleux en plissant sa jupe et mettant ses mains froides sous ses cuisses pour les réchauffer.

- Tu invites souvent des filles dans l'appartement de ton assistante ?

Alexandra sourit en rapportant les verres de vin avant de s'assoir face à Clarke sur l'autre bout du canapé.

- Mon appartement est plus fonctionnel que confortable et je préfère ne pas donner mon adresse pour des raisons évidentes. Et en ce qui concerne la fréquence à laquelle j'invite des filles, je préfère ne pas répondre.

- Je travaille pour un magazine de loisirs Alexandra, pas pour un magazine people, rétorqua Clarke avec un sourire.

- Tu pourrais vendre des informations sur moi aux plus offrants, suggéra-t-elle, faussement concernée.

Le sourire de la blonde fana lorsqu'elle se rappela de la mission que Pike lui avait attribuée.

- Je ne crois pas que tu le feras, essaya de la rassurer la brune lorsqu'elle vit que Clarke ne souriait plus. Mais je suis assez privée en ce qui concerne certaines informations.

- Mais tu m'as invitée à dîner pour qu'on apprenne à se connaitre, non ?

- Oui, mais je voulais que nous soyons à l'aise et loin des regards indiscrets. Tu serais étonné de voir jusqu'où seraient prêts à aller les paparazzi pour récolter des informations sur moi. Il y a deux ans, j'en ai surpris un caché derrière une plante dans un restaurant où j'étais allée avec une amie. Je ne l'ai repéré que parce que cet imbécile avait oublié d'enlever le flash !

Clarke éclata de rire.

- Et qu'est-ce que tu as fait ensuite ? Demanda-t-elle à la brune lorsqu'elle eut fini de rire.

- Je lui ai fait effacer les photos qu'il avait prises juste devant moi et effacer la discussion qu'il avait enregistrée avec son téléphone.

- Ça arrive souvent ? Que les paparazzi te poursuivent comme ça ?

- Au point de se cacher, non. Mais il arrive qu'ils me poursuivent jusqu'à ma voiture. Heureusement, j'ai beaucoup de relations dans les endroits où j'aime aller donc je peux voyager incognito la plupart du temps. Ce qui m'amène à cette question : comment as-tu fait pour me trouver il y a deux semaines ?

Clarke eut un sourire en coin, pas peu fière de ses recherches.

- Tu as mis une photo d'une grosse citrouille sur ton compte Instagram.

- On était début novembre, dit Alexandra en levant les yeux au ciel. Et il y avait Halloween il n'y a même pas trois semaines ! Ça aurait pu être n'importe quoi, n'importe où ! Rétorqua la brune pour qui cela ne semblait pas suffisant.

- C'est vrai, reconnut Clarke. Mais il y avait aussi le bout d'une banderole avec le mot "concours" dans le coin de la photo.

- Encore une fois, le festival où je suis allée n'était pas le seul, insista la brune. Il y en avait un aussi à Dover et à Manchester ! Et le New Hampshire n'est pas le seul à faire ça ! Il y en avait dans le Maine et dans le Vermont aussi.

- Mais c'est dans le New Hampshire que tu as grandi, plus précisément à Keene.

- Donc je devrais éviter d'être aussi évidente, c'est ce que tu me dis ?

- Si tu veux être tranquille, je suppose que oui.

Alexandra but une gorgée de vin en fredonnant, l'air pensif, puis se leva gracieusement.

- Ça doit être presque prêt. Tu viens ? Demanda-t-elle à Clarke en lui tendant la main.

Se mordant la lèvre, la blonde se dit de ne pas trop réfléchir et d'accepter cette main que la PDG ne lâcha que lorsqu'elles furent devant la petite table carré de la cuisine.

- Je t'en prie, assieds-toi où tu veux, lui dit-elle avec un sourire. Est-ce que je t'en ressers un peu ? Demanda-t-elle en parlant de son verre de vin.

- Non merci, je vais boire de l'eau après ça.

- C'est plus prudent pour le retour, acquiesça Alexandra, appréciant le choix de Clarke.

Elle se tourna vers le comptoir de la cuisine et disposa une corbeille de pain, les assiettes, un dessous de plats et les couverts avant de remplir une carafe d'eau et de remplir un verre pour la blonde. Elle posa ensuite la carafe sur le côté afin que Clarke puisse se resservir quand elle voulait.

- Parle-moi un peu de toi Clarke, demanda-t-elle quand elle eut terminé.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Eh bien, je connais ton nom, ton prénom, ton métier et le poste que tu souhaites avoir mais c'est à peu près tout. Oh ! Et je sais aussi que tu es prête à tout pour bien faire ton boulot, ajouta-t-elle avec malice.

Les joues de Clarke rosirent.

- Ce n'était pas mon meilleur costume, répondit-elle en faisant allusion à son habit de livreur. Et je n'ai habituellement pas besoin d'aller aussi loin pour prendre une photo.

- Je suis spéciale alors ? C'est noté, dit la PDG avec un sourire en coin.

Clarke secoua la tête, essayant de s'empêcher de rougir davantage.

- Alors, changea-t-elle de sujet, ma mère, Abby, est chirurgienne et mon père, Jake, est ingénieur. Ils habitent à Dover dans le Hampshire. Je suis fille unique bien que l'une de mes meilleures amies passait tellement de temps à la maison qu'elle fait pratiquement partie de la famille, dit Clarke en souriant avec tendresse en pensant à Raven. J'ai grandi à Dover et j'ai même été diplômée là-bas mais je suis venu travailler sur Boston car mon ami Wells avait trouvé deux postes qui nous correspondaient au même journal.

- Et tu disais avoir été passionnée par l'art depuis toute petite, se rappela la brune. Alors pourquoi la photo et le journalisme ?

- J'ai pensé à faire de mon passe-temps mon métier mais, malheureusement, être artiste ne paye pas beaucoup. Il faut beaucoup de chance pour se faire un nom et pour pouvoir en vivre. Alors ça reste un passe-temps pour le moment. Et puis, j'aime la photo, c'est une forme d'art aussi, tu sais ? C'est aussi pour ça que je veux autant ce poste dans la rubrique d'art : ça rassemble toutes mes passions.

- C'est un choix judicieux, approuva la brune.

- Et toi ? Tu voulais travailler dans l'entreprise de tes parents quand tu étais petite ?

- Je voulais être comptable, dit la brune en souriant. J'adorais les chiffres -et ça n'a pas changé- et je voulais être la comptable personnelle de mes parents. Mais me voilà à gérer un poste un peu différent aujourd'hui. Heureusement, j'aime mon travail, donc je n'ai pas à me plaindre.

- Ça doit prendre beaucoup de ton temps, supposa Clarke. Pourtant tu as pu aller au festival des citrouilles, à la galerie à Boston et m'inviter à dîner ce soir.

- C'est vrai, confirma la PDG. D'ailleurs je suis dans les bâtiments une heure avant tout le monde et je ne rentre chez moi que deux heures après que le dernier employé soit parti. Ainsi je ne culpabilise pas de ne pas travailler le week-end.

- Mais ça fait environ cinquante d'heures de travail hebdomadaire, réalisa Clarke les sourcils froncés.

- Quarante-sept heures et trente minutes, en fait. Quand je ne saute pas la pause déjeuner, ajouta la brune en riant. La plupart de mes confrères ont des horaires plus courts et continuent de travailler à la maison sauf que je ne veux pas mélanger vie professionnelle et vie personnelle.

- Tu as décidé de ça depuis le début ou tu as réajusté tes horaires après quelques temps ?

- Je faisais comme tout le monde la première année mais je me suis rapidement rendu compte que ça ne m'allait pas : on m'appelait très souvent quand j'étais chez moi pour des urgences, expliqua-t-elle en prenant une gorgée de vin. Ça m'a d'ailleurs couté ma relation avec ma petite amie de l'époque.

Elle termina son verre de vin avant de mettre ses maniques aux mains puis reprit :

- Une fois que je rentre chez moi, je ne veux plus penser au boulot. J'ai donc fini par déléguer certaines responsabilités à des gens de confiance qui peuvent me remplacer quand je ne suis pas disponible.

Elle se leva lorsque le four sonna mais continua :

- Ainsi je ne suis normalement pas dérangée les week-end ou les soirs de semaine, ce qui me permet de faire des activités comme celles que tu viens de citer ou d'inviter une jolie fille à dîner, dit-elle en lui faisant un clin d'œil.

Clarke rougit mais la brune ne le vit pas, occupée à sortir le plat du four.

- Ca sent super bon ! S'exclama la blonde lorsqu'Alexandra eut posé le plat sur la table.

La brune sourit en servant Clarke en premier.

- J'espère que le goût sera à la hauteur de l'odeur, répondit-elle avec un sourire plus timide.

Clarke sourit, appréciant ce côté de la brune qui n'avait été que confiante depuis leur première rencontre. Elle prit une première bouchée de la Moussaka et ferma les yeux pour apprécier les différents aliments composant le plat. Chacun d'eux était assez chaud mais pas brulant, épicé comme il fallait et la cuisson était parfaite. Elle prit une deuxième bouchée puis une troisième, hochant vivement la tête de ravissement, regardant Alexandra en secouant la main pour dire "c'est trop bon !".

La brune eut un sourire ravi et se mit enfin à manger, ayant attendu l'avis de Clarke sur ce qu'elle avait cuisiné.


Clarke n'avait pas imaginé que la brune puisse parler autant. Non pas que ça la dérange, au contraire, elle adorait l'écouter parler.

Après que Clarke lui ait dit vouloir en savoir plus sur elle, la PDG s'était lancée sur les nombreuses activités qu'elle faisait quand elle avait enfin du temps-libre. Elle n'avait pas le temps de tout faire mais, chaque samedi, elle faisait quelque chose de différent : aller voir un match de basket, un match de baseball, faire du surf, aller dans un musée ou une galerie, passer toute une après-midi dans une salle d'escalade ou toute une matinée à la salle de gym avant de passer l'après-midi au spa. Le dimanche était réservé aux amis ou à la détente chez elle : elle aimait parcourir Netflix, allongée sur son canapé.

Anya Pine et Lincoln Forest étaient ses meilleurs amis, la première depuis le collège et le second depuis le lycée. Anya ayant suivi le même cursus qu'elle, il avait semblé logique qu'elle travaille avec sa meilleure amie : elle faisait plus confiance à Anya qu'à un tas d'experts qu'elle n'avait fait que voir de loin les rares fois où elle était entrée dans les bâtiments de ses parents durant son enfance. Lincoln, lui, était devenu coach sportif et courait avec Alexandra chaque samedi et dimanche matin et c'était lui qui la coachait lors de ses séances de boxe à la salle de gym.

- J'ai aussi un stagiaire depuis septembre, dit la PDG. Normalement, nous n'acceptions que les stagiaires de l'université car c'est plus facile pour les papiers étant donné qu'ils ont dix-huit ans et que leur cursus est prévu pour y intégrer des stages, mais Aden Black a sauté une année en primaire et une autre au collège, il est en dernière année de lycée et il est sacrément brillant.

Clarke sourit à l'entrain de la brune.

- Alors tu as un stagiaire de quinze ans ? Et il s'en sort bien ?

- Si tous les stagiaires que j'avais eus avaient pu être comme lui, soupira la brune en levant les yeux au ciel. D'habitude, ils veulent bien faire mais en font trop ou, certains, pas assez ! Mais Aden, en plus d'être intelligent et perspicace, a l'esprit d'initiative, ne parle jamais inutilement, a de très bonne idée et... Comment ne pas s'attacher à lui ?

- C'est vraiment bien que vous ayez une bonne relation entre PDG et stagiaire. Ce n'est pas souvent que ça arrive, se souvint Clarke en pensant à son stage plus que difficile à la gazette de sa ville natale.

- Et il me regarde avec admiration, c'est la chose qui me gêne ou qui m'agace parfois mais pas avec lui. Parfois je me demande s'il ne pas m'a pas confondue avec une actrice ou une astronaute tellement j'ai l'impression de ne pas mériter qu'il me regarde comme il le fait !

- Alexandra... Commença Clarke en faisant trainer son prénom, mécontente que la brune parle ainsi d'elle-même.

- Lexa, l'interrompit la PDG avec un doux sourire. Mes amis m'appellent Lexa.

- Lexa, reprit alors Clarke en lui rendant son sourire, tu es PDG de l'entreprise la plus en vue du domaine médicale et technologique de la côte Est à seulement vingt-huit ans. Mais en plus tu fais bien ton boulot ! Comment ne peux-tu pas mériter l'admiration qu'il te porte ?

- J'ai juste l'impression que c'est un peu trop, avoua-t-elle. Oui, d'accord, faire tout ce que je fais à mon âge, ce n'est pas commun mais... je ne sais pas...

- Il te rend mal à l'aise ?

- Pas du tout, dit Lexa sans même avoir besoin d'y réfléchir.

- Mais tu ne comprends pas pourquoi il te regarde comme un petit frère qui admire sa grande sœur ?

- C'est exactement ça ! S'exclama la brune en claquant des doigts. Il me regarde exactement comme ça !

- C'est mignon, dit Clarke avec un sourire tendre. Et s'il est un bon stagiaire et qu'il ne dépasse pas de limite, en quoi est-ce un problème ?

- C'en n'est pas un, dit la brune en haussant les épaules.

Elle se leva pour débarrasser leurs assiettes et les mettre dans l'évier.

- Je n'y suis juste pas habituée, ajouta-t-elle. Tu veux qu'on mange le dessert maintenant ou tu préfères encore attendre un peu ?

- C'est comme tu veux.

- Alors, maintenant, dit Lexa avec un sourire joyeux. J'y ai pensé toute l'après-midi en les préparant. Je vais les mettre un peu au four pour les réchauffer, on peut s'installer dans le salon en attendant.

- Qu'est-ce que tu nous as préparé ?

- C'est une surprise, dit la PDG avec un sourire en coin. J'espère que tu aimes le chocolat et la vanille.

Clarke fit une grimace et Lexa écarquilla les yeux.

- Tu n'aimes pas ça ? Fut sidérée la brune. Le chocolat ou la vanille ?

- Je n'aime pas le chocolat, avoua Clarke, essayant de ne pas sourire quand Lexa se mit à réfléchir, les sourcils froncés et les yeux bougeant rapidement de gauche à droite, surement à une solution alternative pour le dessert. En fait... j'adore ça ! S'exclama-t-elle avec un sourire malicieux.

Lexa fut partagée entre soupirer de soulagement et lever les yeux au ciel.

- Avec cette blague de mauvais goût, tu mériterais que je ne te serve pas de dessert, menaça-t-elle.

- Oh non ! Le chocolat est un sujet très sérieux pour moi ! S'exclama Clarke. Tu ne peux pas me dire que le dessert en contient et me dire que je n'en aurai peut-être pas.

- Raconte-moi une anecdote sur le chocolat et tu auras ta part, proposa alors Lexa.

La blonde réfléchit une bonne minute avant de trouver :

- Tu connais Harper McIntyre ?

- L'ancienne mannequin ?

Clarke confirma.

- Eh bien, juste avant qu'elle n'arrête cette année, j'ai pu l'interviewer et elle m'a révélé que son rêve avait toujours été d'être pâtissière. C'est d'ailleurs parce qu'elle a été acceptée dans une école de cuisine qu'elle a arrêté. Lors de l'interview, elle m'a fait goûter le gâteau au chocolat qu'elle avait cuisiné le matin-même et il était vraiment bon !

La PDG fit la moue.

- Bon, consentit-t-elle, c'est une bonne anecdote. Tu mérites ta part de chocolat.

Clarke leva les bras et les replia en signe de victoire.

- En fait, dit la brune en se levant pour aller ouvrir le four, j'ai lu l'article que tu as fait sur moi. Je n'ai pas eu l'occasion d'acheter le magazine en version papier alors je l'ai lu sur internet et j'ai vu qu'il y avait beaucoup de commentaires sur le fait que j'avais posé devant le tableau de Dali mais la plupart étaient positifs. Il y avait même des gars du Times et de Forbes dans les commentaires.

- Ouais, Pike, mon patron, m'a dit ça, grimaça Clarke. Mais les gens m'ont essentiellement félicitée pour avoir réussi à avoir une photo de toi, ajouta-t-elle en haussant les épaules. Je n'ai donc pas vraiment de mérite puisque que tu as accepté que je te prenne en photo. Merci encore d'ailleurs.

- Prend les compliments comme ils viennent, dit Lexa de la cuisine. Oui, tu as pris la photo car je t'ai donné mon accord mais tu l'avais mérité et tu as été persistante sans pour autant être gênante.

- J'avais pourtant pensé que le coup de la livraison t'aurai agacée et que tu m'enverrais ton garde du corps.

- Si ça avait été quelqu'un d'autre...

Mais la brune ne finit pas la phrase. Clarke entendit la porte du frigo s'ouvrir puis se refermer, des bruits de couverts, à nouveau le frigo puis Lexa apparut avec deux assiettes.

- Je t'avais aperçu dans la foule et j'ai pensé que tu étais mignonne. Même si tu as passé ton temps à me suivre.

Clarke rougit puis se mordit la lèvre, culpabilisant pour la mission de son patron. Elle ne pouvait vraiment pas demander ça à Lexa...

La brune posa une assiette devant Clarke et la blonde en eut l'eau à la bouche : un fondant au chocolat encore tiède était accompagné d'une boule de glace à la vanille. Le parfait duo chaud-froid, sucré, tendre, fondant et le tout en compagnie d'une femme à la beauté à couper le souffle.

Non, elle ne pouvait pas faire ça. Elle dirait à Pike que la photo de Lexa était une occasion unique et qu'il lui était impossible de faire davantage.

- Tu as l'air bien pensive, fit remarquer la PDG. Tu cherches une excuse pour partir plus tôt ou tu essayes de faire durer le dîner ?

Clarke reprit ses esprits et prit un peu du gâteau et de la glace dans sa cuillère avant de prendre sa première bouchée, lui laissant le temps de trouver une réponse.

- Toutes les bonnes choses ont une fin, répliqua-t-elle avec un sourire. Mais je ne suis pas prête à partir tout de suite.

- Tant mieux, parce que je ne suis pas prête à te voir partir non plus, répondit Lexa avec un sourire taquin. Du coup, je te propose qu'on se pose des questions pour apprendre à mieux nous connaitre. On a le droit à une question à la fois. La personne qui la pose doit y répondre aussi et on a le droit à un seul joker.

- Je te rappelle quand même que je suis journaliste, dit Clarke avec un sourire amusé. Alors attends-toi à des questions plus originales que "quelle est ta couleur préférée".

- Mais moi, ça m'intéresse de savoir ça, dit Lexa avec une moue.

- Alors demande-moi, répondit la blonde.

- Ok, alors, dit la PDG en carrant ses épaules avant de demander avec le plus grand des sérieux :

- Quelle est votre couleur préférée, Miss Griffin ?

Les lèvres de Clarke s'étirèrent grandement malgré elle, alors qu'elle voulait imiter le visage de Lexa, puis laissa tomber et laissa montrer son amusement.

- C'est une question très difficile qui demande beaucoup de réflexion de ma part, dit-elle en tapotant son menton de l'index, les yeux rivés au plafond. Hummm... J'ai beaucoup de mal à me décider... Puis-je en choisir deux ?

- Accordé, répondit la brune avec un hochement de tête.

- Le vert foret et le violet aubergine, répondit-elle sans l'ombre d'une hésitation avant de prendre une énième bouchée de son dessert.

- Demander à une artiste de discuter des couleurs n'était peut-être pas la meilleure des idées, supposa Lexa. Je vais devoir sérieusement y réfléchir aussi.

- Et vous, Miss Woods ?

- Puisque tu en as donné deux, moi aussi : le bleu bleuet et le lavande.

- Ce sont des couleurs qui vous vont bien, dit alors Clarke. Le bleu symbolise l'infini, la nature, la paix, le calme, la sérénité, la fraicheur et la sensibilité.

- Je l'ignorai, dit Lexa. Enfin, à part pour la nature, je pense, puisque le bleu fait souvent penser à la mer ou l'océan. Et que signifient le vert et le violet ?

- Le vert symbolise beaucoup de choses dont la nature, l'équilibre, la fraicheur, la réussite, l'harmonie, l'énergie et le calme. Le violet signifie la subtilité, le mystère, le romantisme, l'idéalisme ou encore la protection. Et la mélancolie aussi. Les couleurs ont tellement de signification, dit Clarke avec un sourire, mais ce sont les principales que je retiens.

- Si je devais choisir cinq mots parmi ceux que tu viens de citer pour te décrire, je crois que je choisirai fraicheur, énergie, calme, romantisme et protection. Le lavande est autant considéré comme du bleu que comme du violet, ajouta ensuite Lexa. Et je pense que les valeurs du violet me vont bien aussi.

- Pour le mystère et la subtilité ? La taquina Clarke, les joues rosies. A mon tour maintenant ! S'il fallait que tu ne manges qu'une seule chose pendant un mois, ça serait quoi ?

La brune joignit ses mains après avoir déposé sa cuillère dans son assiette maintenant vide et posa son menton dessus, pensive.

- Ma gourmandise va m'en vouloir mais je ne veux pas prendre trois tailles de pantalon en si peu de temps, donc je vais répondre un gratin de poireaux.

- Sérieusement ? Et si tu ne prenais pas un seul gramme, peu importe le plat, tu choisirais quoi ?

- C'est une autre question ça, Miss Griffin, pointa Lexa.

- Oh mais tu m'as posé une question déjà avec la signification des couleurs ! Donc tu m'as posé deux questions en suivant !

- Bon, d'accord, accepta Lexa.

La brune proposa d'abord qu'elles se déplacent dans le salon et elles s'assirent sur le canapé.

- Mon péché mignon est le vol-au-vent, avoua-t-elle. J'ai pu gouter à une bouchée à la reine lors d'un voyage en Belgique –c'est une croute cylindrique en pâte feuilletée avec une garniture faite de viande et de sauce à l'intérieur, c'est le vol-au-vent, expliqua-t-elle en voyant le regard confus de Clarke- il y a trois ans et je n'en suis pas repartie avoir d'avoir eu la recette.

- Ce n'est pas exactement le genre de réponse que j'attendais et, en même temps, je ne suis pas surprise, répondit la blonde en souriant. Moi, je choisis sans hésiter les spaghettis carbonara. J'en ai beaucoup mangé à l'université.

- Et tu n'es pas écœurée à force ?

- J'ai alterné avec la bolognaise et le fromage, donc non. Et puis, ce ne serait que pour un mois, pas quatre ans !

Puis Lexa lui raconta que le pire rendez-vous qu'elle ait eu n'était pas vraiment un rendez-vous à la base. Enfin, pour elle. Durant sa première année à l'université, elle avait dîné avec une fille avec qui elle avait un projet à rendre et pensait qu'elles travailleraient dessus après avoir mangé. Mais la fille en question l'avait invitée pour des raisons romantiques et non pas pour des raisons scolaires. Malheureusement pour la brune, elle ne l'avait réalisé que lorsque son binôme avait tenté de l'embrasser.

Alors qu'elle parlait, la brune avait posé un bras sur l'accoudoir et s'était tournée vers Clarke, l'une de ses jambes étant pliée sur le canapé. Il n'y avait qu'une trentaine de centimètres entre elles deux et Clarke s'approcha de Lexa en se mettant dans la même position qu'elle.

Clarke lui parla ensuite d'un garçon pour qui elle avait eu un énorme béguin au lycée et qu'elle avait invité à une fête qu'elle faisait pour son dix-huitième anniversaire. Sauf qu'à la fête, Clarke avait trouvé le garçon dans la salle de bain en train d'embrasser sa meilleure amie. La blonde n'en avait jamais voulu à Raven car cette dernière n'avait pas connaissance de son béguin et avait décrété que, de toute façon, ce garçon embrassait terriblement mal.

- Préfères-tu avoir des regrets ou des remords ? Demanda ensuite la blonde.

La PDG réfléchit profondément avant d'ouvrir la bouche.

- C'est assez compliqué parce que les regrets ne concernent généralement que toi alors que les remords peuvent impliquer quelqu'un. Mais je n'aime pas les regrets et, en tant que PDG de mon entreprise, j'ai l'habitude de prendre des risques, bien que je considère mes décisions sous tous les angles avant de les prendre.

- Donc tu préfères avoir des remords si je comprends bien ? Précisa Clarke.

La brune lui offrit un doux sourire avant de lui prendre la main et d'entrelacer leurs doigts. Clarke se laissa faire, le cœur battant avec force contre sa cage thoracique.

- C'est bien ça. Et toi Clarke ? Tu préfères avoir des regrets ou des remords ? Répéta Lexa en la regardant dans les yeux avec intensité.

La blonde se mordit la lèvre, pensant à la fois à la question et à leurs mains liées. Bien que... Franchement : était-il nécessaire de réfléchir aussi longtemps ?

Clarke se pencha vers la brune et appuya ses lèvres sur les siennes, Lexa y répondant rapidement et posant sa main libre sur la joue de la journaliste. Elle sentit la PDG sourire, ce qui la fit sourire à son tour avant qu'elle ne se recule, se mordant la lèvre à nouveau, les joues roses et le regard brillant.

- Il faut vraiment que tu arrêtes de faire ça, lui dit Lexa en secouant la tête, le sourire aux lèvres.

- De faire quoi ? Demanda Clarke, réellement confuse.

- De te mordre la lèvre ! J'ai envie de l'embrasser à chaque fois que tu le fais, expliqua-t-elle, son regard fixé sur la bouche de la blonde.

- Alors qu'est-ce que t'attends ? Rétorqua Clarke, commettant de nouveau le même délit, volontairement cette fois.

Lexa ne se fit pas attendre.


N'hésitez pas à me dire si vous aimez ou pas et ce que vous en pensez !

L'épilogue sera publié demain.