Bonjour/bonsoir !
Voici le second chapitre de cette fiction qui vous donne un peu le rythme. Je vais en effet alterner entre le présent et le passé, pour que vous compreniez ce qui s'est passé depuis cette fameuse première rencontre. Bien sûr, les rencontres de nos deux âmes-sœurs vont de développer avec le temps et étant la première, ne vous attendez pas à la romance du siècle !
Petite précision : j'ai pour cette fic fait des recherches quant aux noms, pour essayer de garder leur sonorité mais qu'elle soit d'époque. Jehon est le prénom le plus sourcé et logique de cette époque pour Jean, il se prononce {Yéon} pour faire simple 😊 Cela vous donne aussi un indice pour savoir qui sont les autres âmes présentes au vu de la sonorité des prénoms !
Bonne lecture, je vous retrouve en bas !
CHAPITRE 2 : PREMIÈRE RENCONTRE
- Et vous voulez que je commence maintenant ?
- Cela vous pose problème ?
- La charpente n'est même pas finie, c'est original de demander les murs dès à présent.
- Ce n'est qu'un problème mineure, elle sera bientôt finie, souffla l'homme en serrant les dents. Vous pouvez commencer sur ce mur ici.
Il posa sa palette, son pot de liant ainsi que sa truelle et enfin sa besace qui renfermait les précieux petits morceaux de mosaïques. Il insistait toujours pour venir prendre les mesures avant de réaliser une commande, afin de préparer chaque carré dans son atelier et d'alléger son équipement. Mais s'il avait déjà pris les mesures il y avait de ça plus de six mois, la charpente elle ne semblait pas avoir bougé d'un pouce. Étrange en connaissant le commanditaire de cette bâtisse, un riche marchand toujours stressé qui avait hâte de s'installer à Pompéi pour y faire affaires.
Sans poser davantage de question il posa son drap au sol et s'asseyant, étalant une couche de liant sur un petit pan du mur avant de reprendre son croquis et de commencer à fixer un à un les petits bouts de carreaux colorés.
Il devait y travailler depuis trois heures quand de la poussière tomba sur son liant, sur sa besace et sur lui. D'abord il n'y prêta pas attention, puis il tiqua quand de la sciure tomba comme la neige en hiver, et releva brusquement la tête en criant pour arrêter ce déluge.
- Je vous ai dit de bouger, vous avez pas voulu !
- J'en doute, j'aurais entendu !
- Mais je vous assure ! Vous m'avez même pas regardé !
- Et l'idée que je ne vous ai pas entendu n'a pas effleuré votre esprit ?
Le jeune homme en haut de la bâtisse ferme la bouche comme un poisson, penaud. Non, il n'y avait pas pensé, il était tellement habitué à être ignoré et moqué que pour lui c'était un acte volontaire. Il s'excusa à demi-mot en observant le jeune homme assit par terre s'épousseter les cheveux avant de souffler sur ses petits bouts de mosaïques.
- Je dois me pousser alors ?
- Oui. S'il vous plaît.
- L'ennui c'est que je travaille précisément sur ce mur. Vous ne pourriez pas scier votre poutre ailleurs ?
- Elle est déjà fixée en haut.
Le mosaïste s'arrêta un instant et fronça les sourcils. On ne fixait jamais une poutre, encore moins porteuse d'une charpente, avant de l'avoir correctement ajustée en taille. C'était le meilleur moyen d'abîmer le mur en sciant trop brutalement.
- Vous êtes apprentis non ?
- … Oui. Ça se voit tant que ça ?
- Je ne voudrais pas être rude, mais personne n'a jamais scié ses poutres une fois sa toiture posée.
- Je savais bien que je me trompais ! Mais c'est la faute de mon maître, il ne m'a jamais montré et il refuse de venir sur les chantiers secondaires !
Secondaire ? Cette demeure allait être celle d'un des plus grands marchands de la ville, ce maître devait s'occuper de la rénovation du temple pour oser dire une telle chose. Mais laisser un apprenti incapable s'occuper du reste n'allait pas lui attirer une reconnaissance positive.
- Je vais me pousser.
Il ramassa rapidement ses carreaux et ses outils et se décala sous l'ombre du seul arbre planté dans la cours pour profiter de son ombre alors que le soleil était déjà bien haut dans le ciel. La chaleur cognait, mais étant abritée par le mur il ne l'a ait remarqué qu'en sortant et en plaigna encore plus le jeune charpentier, sous le soleil et sans savoir ce qu'il faisait.
Il profita de cette pause forcée pour admirer le chantier, qui était tout sauf cohérent. Quelques arbustes, un bassin à moitié creusé, tout les murs debout mais certains sans finitions tandis que d'autres étaient déjà peints. Une toiture à demi achevée et aucun pavé dans la cour. A force d'être stressé, le propriétaire devait s'emmêler et demander à ce que tout soit fait en même temps, entraînant un grand retard dans les travaux.
Le mosaïste fixa le jeune apprenti sur son toit. Son teint était hâlé, ses cheveux sales, ses mains abîmés et son habit semblait avoir déjà vu au moins deux vies. Ses sandales étaient les seules choses corrects qu'il portait, sans parler du fait qu'il ne voyait à ses pieds aucun sac de nourriture, aucune gourde.
- Vous avez à boire ?
- Non, j'ai oublié, je suis dés-
- Alors venez partager un peu, souffla le mosaïste en secouant une gourde pleine d'eau devant lui. Vous pourrez bien reprendre après, ce n'est pas une pause déjeuner qui va vous retarder.
Son habit n'était pas si vieux, ce qui lui avait donné cette impression d'usure c'était en réalité la maigreur du garçon. Bien sûr, ses bras étaient aussi musclés que ceux dont avait besoin un charpentier, mais ses joues étaient creuses, ses membres trop longs sur fins pour un corps qui ressemblait à un ballot de paille.
- J'ai aussi du pain qu'on peut partager, si vous avez oublié le vôtre.
Le jeune brun s'assit, penaud, à l'ombre de l'arbre. Il remercia son nouveau collègue à chaque fois que celui-ci le tendait la gourde ou le pain, chose qu'il était obligé de faire pour que le garçon daigne boire ou manger. Il n'osait rien demander, ne prenait rien, mais regardait avec envie les tranches de viandes séchées étendues près de lui.
- Tu peux te servir.
- Mais c'est à vous.
- Tu peux aussi me tutoyer, souffla le jeune homme en tendant deux tranches épaisses au petit ballot de paille, qui les englouti en oubliant presque de mâcher. On va travailler à côté pendant un moment, autant être cordial. Je m'appelle Jehon.
- Moi Marcus. Merci pour la viande.
- Arrête de me remercier dès que je fais quelque chose, je vais prendre la grosse tête.
Marcus laissa échapper un rire, le premier. Jehon trouva ce son étonnement doux et mélodieux, comme les chants d'un oiseau qui vient tout juste de grandir et qui fredonne ses premières notes.
- Tu travailles sur ce chantier depuis longtemps ?
- Non. J'étais à l'atelier avant, je préparais le bois. Mais ils sont tous au temple alors il m'a envoyé ici.
- Qui ça ?
- Mon maître.
Jehon fronça les sourcils. Aussi maigre et mal vêtu, sans dire un nom mais une distinction sociale, son nouvel ami n'était peut-être pas l'artisan libre qu'il avait imaginé.
- Je ne suis pas citoyen romain. Je vois que vous vous poser la question.
- Arrête de me vouvoyer, je ne suis pas digne d'autant de respect, souffla Jehon sans relever ce qu'il venait d'apprendre. Il s'en doutait un peu, ça ne l'étonnait pas, et il ne voulait pas le mettre mal à l'aise. Pourtant tu t'appelles Marcus.
- Mes parents sont romains. Mon père avait des dettes. Il m'a vendu.
C'était dit sans émotion, avec tant de détachement que cela rendait la chose encore plus horrible. Le mosaïste lui adressa un regard compatissant et, mal à l'aise, lui tendit la dernière tranche de viande. Il avait la chance d'avoir grandi dans un foyer aimant, d'avoir eu une formation qui lui permettrait de vivre honnêtement toute sa vie, et même s'il vivait dans une cité, dans un empire constitué d'esclave, il était toujours mal à l'aise à l'idée que certains soient nés libres.
- Je n'aurais pas du te poser cette question, c'était déplacé.
- Et v- toi ? Tu es apprenti aussi ?
- Non, je gère mon propre atelier. C'est modeste, mais mon travail commence à se faire reconnaître.
- Félicitations !
Marcus arborait un grand sourire tendre, la tête légèrement penchée pour éviter le soleil sur des yeux. Il avait beau être un ballot de paille aux cheveux ébouriffés sans aucun talent de charpentier, il respirait la bonté d'âme.
Jehon se promit de prendre une double ration de pain et de viande chaque jour, pour pouvoir nourrir son ami qui passait sa vie au chantier. Il était là quand le mosaïste arrivait, il était encore là quand il partait. Marcus lui avait avoué que pour gagner du temps, et comme il n'avait de toute façon pas de maison, il dormait sur le chantier. Chaque erreur qu'il faisait ralentissait le chantier, et comme il n'y connaissait rien il devait en faire une chaque jour, pendant des semaines qui devinrent de longs mois. Les arbres perdirent leurs feuilles, les raisins furent récolter, le foin coupé, la mosaïque presque entièrement terminé, mais le toit donnait toujours sur le ciel d'automne. Le marchand était parti pour affaire et ne donnait plus de nouvelles, alors Marcus était le seul des ouvriers à travailler chaque jour, tandis que les autres attendaient le retour des paiements pour mettre la main à la tâche.
- Tu vas t'en sortir ?
- Bien sûr ! Regarde, j'ai déjà appris à tailler correctement, j'arrive à faire des chevilles et je ne m'écrase plus les doigts avec le maillet !
- Piètres progrès, se moqua Jehon, la tête levée vers son jeune ami. Je repasserai bientôt voir comment tu t'en sors. J'ai déjà un autre chantier qui m'attend.
- Tu seras bientôt le mosaïste le plus célèbre de tout Pompéi ! S'exclama Marcus en souriant à pleine dents, tout en faisant un signe de main à son ami qui s'éloignait.
Tout ses mois, c'était la gentillesse du charpentier qui avait le plus ému Jehon. Il était généreux sans rien avoir, curieux sans rien savoir, naïf en s'extasiant sur la moindre chose qu'il voyait. Il avait passé des semaines à guetter la naissance d'oisillons dans l'arbre après avoir vu un nid, et n'avait pas cessé de parler d'à quel point il aimait le chant des oiseaux. Il ne faisait que parler des qu'il en avait l'occasion avant de s'excuser de prendre autant la parole, ce qui faisait rire Jehon qui lui demandait de continuer son histoire. Oui, le jeune homme parlait énormément, mais c'était bon de l'entendre se confier a quelqu'un. Il était enthousiaste chaque semaine quand Jehon lui racontait les nouvelles qu'il avait lui-même entendu dans une taverne ou au forum et questionnait sans cesse le monde.
Le mosaïste avait développé une grande affection pour ce jeune homme à qui tout était promis avant d'être arraché de force pour une vie de labeur sans aucune reconnaissance. Un attachement peut-être plus grand qu'il ne croyait, songea-t-il en sentant son cœur se serrer au fur et à mesure qu'il s'éloignait de la bâtisse.
oOo
Quelques semaines s'étaient écoulées depuis la fin du chantier. Jehon progressait rapidement sur la nouvelle œuvre qui lui avait commandé dans la maison d'un riche particulier particulièrement imbu de sa personne qui avait souhaité une fresque le représentant entre deux statues de divinités. Jehon essayait de passer aussi souvent que possible sur le chantier, mais son travail et le jour qui diminuait lui rendait la tâche difficile. Et depuis quelques jours, les vibrations qu'il sentait partir de la terre rendait sa tâche encore plus difficile, déplacement au dernier moment chaque carré de quelques millimètres, ce qui était bien assez pour gâcher son travail tout entier.
Son travail du jour achevé, Jehon nettoya méticuleusement ses outils et les rangea dans sa besace aux côtés des carreaux de mosaïques qu'il avait préféré laisse de côté à cause d'une coupe mal faite ou d'une couleur qui au final ne lui convenait pas dans sa fresque. Il salua brièvement le maître de maison et se rendit à son atelier, plus bas vers la sortie de la ville. Même si son affaire marchait bien, il n'était toujours pas assez riche pour s'offrir une belle échoppe dans le centre de la ville, près du forum.
Il posa son matériel sur son établi et traîna péniblement les pieds jusqu'à son espace de vie. Une simple demeure sans aménagement à part une petite fresque sans but qu'il composait sur son temps libre avec ses carreaux défectueux. C'était surtout un arrangement de couleurs et de formes plutôt qu'un paysage où une scène définie, mais il aimait ne rien jeter de son matériel.
Il avala sans plaisir une soupe d'oignon presque froide et se glissa dans son lit froid, le vent chantonnant derrière ses volets fermés. L'air était chaud et lourd, le silence presque oppressant et si le vent ne venait pas taper contre la pierre, on aurait presque pu entendre la course de la lune dans le ciel nocturne.
- MAIS RÉVEILLE TOI BON SANG !
Jehon se dressa sur son lit, les yeux grands ouverts et tremblant. Il était couvert de sueur et la première chose qu'il réalisa une fois conscient était cette odeur si forte de souffre, cette chaleur qui l'empêchait presque de respirer et les cris au-dehors de ses volets fermés. Son voisin et ami Conan se tenait face à lui, les pupilles écarquillées et le front dégoulinant de sueur.
- Dépêche-toi il faut quitter la ville !
- Mais qu-
- LE VÉSUVE JEHON, LE VÉSUVE, beugla le romain en dévalant les escaliers. Prends juste le nécessaire on a plus le temps !
Sans comprendre ce qui se passait, le jeune homme descendit maladroitement les petits escaliers de pierre de sa mansarde et attrapa sans réfléchir son sac d'outils. Les vêtements et la vaisselle c'était bien peu à côté d'outils choisis avec soin. Il enfila ses sandales et s'élança aux côtés de son ami dans une rue en panique, pensant presque encore rêver.
Chacun y allait de ses cris de terreurs, son hésitation à fuir ou aller chercher ses proches plus au cœur de la ville et l'interdiction face au ciel rouge de colère. Jehon jeta un coup d'œil par-dessus son épaules et vit les enfers qui cavalaient vers eux, d'immenses coulées de lave rougeâtre et fumantes avalant sur leur passage maisons, arbres, familles et vies.
- Marcus …
- MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS !
- Je peux pas le laisser ! Répondit simplement Jehon en posant son sac dans les bras de son ami avant de faire demi-tour en direction de la ville. Il savait, après des semaines passées ensembles, que le chantier était isolé de la grande rue, que Marcus avait le sommeil lourd, que personne ne venait jamais voir s'il allait bien, que personne ne penserait à lui dans un moment pareil. Et sans pouvoir s'expliquer pourquoi, son ventre s'était tordu à la pensée qu'il puisse être en danger et son cœur s'était serré à l'idée de ne plus jamais le revoir.
Sa course était lente, aussi bien parce que ses sandales nouées à la hâte coulaient sur ses jambes comme si la raison tentait de lui faire faire demi-tour que parce qu'il devait pousser des centaines de gens qui courraient et hurlaient dans la direction opposée à la sienne. Personne ne faisait attention à ce fou qui voulait aller vers le volcan, certains parents dans la panique lâchait même la main de leurs enfants et ne le réalisaient pas alors éviter ce manant ne venait même pas à leur esprit.
Son cœur déjà si serré se rétracta encore plus quand il remarqua avec effroi que de plus en plus de maisons étaient écroulées autour de lui. Le choc et la chaleur croissante avaient fait lâcher les pierres faibles et le bois de mauvaise qualité. Les bâtisses encore en travaux étaient déjà entièrement au sol, comme celle où Marcus était, celle qui était à deux rues de côté, celle d'où aucune lumière ne provenait, celle au aucun toit ne coupait la nuit rouge.
Aucun toit.
Il s'arrêta net, ses pieds désormais nus foulant la poussière et la sciure. Le souffle coupé par la fumée et la chaleur étourdissante qui faisait déjà flamber les feuilles de l'arbre de la cour, ses mosaïques au sol entourés de liant ramollis, ses larmes s'évaporent presque aussitôt qu'elles quittaient ses prunelles dorées.
Marcus était assis, adossé contre un mur où trônait encore péniblement la pièce maîtresse des mosaïques réalisées par Jehon quelques semaines plus tôt. La gourde de l'eau qu'il lui avait offerte gisait au sol près d'un maillet abîmé et bientôt réduit en cendres.
Ses tâches de rousseurs autrefois semblables aux étoiles de la nuit ressemblaient maintenant à de la terre collée, de la poussière imbibant un visage trempé de sueur et de sang, un demi visage dont la vie ne ferait plus jamais ressortir ses pommettes hâlées, ce regard joueur et enfantin, ce nez finement sculpté, ses cheveux d'ébène toujours envahis de brisures de bois.
Il n'ira plus jamais escalader les toitures des maisons, il n'apprendra plus à faire des chevilles de bois, il ne saura jamais correctement manier le burin et n'aura pas eu le temps de remercier Jehon pour son pain. Il ne verra jamais Rome dont il rêvait, il n'aura jamais sa liberté qui lui avait été arraché, il n'aura jamais de tombe, il ne sera jamais rappelé à quelqu'un dans un cimetière.
Il giserait là pour toujours, le visage écrasé par la dernière poutre qu'il avait tenté de fixer, son épaule disloquée par le choc et ses jambes tendues raides devant lui. Son habit était désormais d'un bordeau aussi profond que celui des plus grands crus de la région, sa main écorchée posée avec une étrange lassitude près de lui, les doigts tournés vers le ciel.
Jehon sentit ses genoux fléchirent et se laissa tomber au sol, incapable d'accepter la moindre bouffée d'air dans ses poumons. Il allait exploser, il sentait son cœur se déchirer et ses côtés se fracturer, Marcus disparaissait derrière des torrents de larmes et la seule chose qu'il lui resterait bientôt était la cendre que le volcan leur offrait en échange de toutes ses vies.
Il sentit à peine les deux bras qui passaient sous ses épaules qui le tiraient en arrière, il entendait à peine cette voix qui lui hurlait de se relever et de courir, il réalisait à peine qu'il avait perdu une personne qu'il n'avait pas eu le temps de connaître comme il aurait voulu, qu'il n'avait pas eu le temps d'aimer comme il aurait dû.
Il se laissa relever et courut machinalement quand cette présence lui tira le bras, regardant toujours en arrière vers le corps sans vie d'un jeune homme qui n'aurait jamais dû être là.
Il ne vit rien d'autre de sa course, les larmes lui brouillant la vue pour son plus grand contentement. Il ne voulait plus rien voir ou entendre, à quoi bon. Il ne pourrait plus le partager avec lui. Il aurait dû faire plus, il aurait pu faire plus. Pourquoi l'avoir laissé dormir seul ici ? Pourquoi ne pas lui avoir proposé de dormir chez lui, déjà qu'il lui donnait de quoi se nourrir.
L'image de Marcus adossé contre son œuvre et tué par la sienne ne quitta brièvement son esprit que quand il sentit des vagues fraîches laver ses genoux meurtris. Ils avaient couru jusqu'à la plage, lui et Conan qui était venu le chercher et qui désormais lui hurlait dessus, les yeux remplis de larmes. Jehon ne comprenait rien. Il n'entendait rien. Il regarda derrière lui, et vit sa ville en proie aux flammes et bientôt entièrement recouverte d'un grand manteau gris. Il toussa, les poumons gonflés de cendres et de mort, et se laissa de nouveau traîner par Conan vers le sud, là où la nuit était noire et froide.
Toutes les nuits seraient froides désormais. Ses journées seraient mornes, le chant des oiseaux l'irriterait, les charpentiers l'horripilerait, les bruns aux teints hâlés lui rappellerait, le moindre maillet l'enfoncerait.
Tout ne serait qu'un deuil d'un homme qu'il avait à peine connu et qui pourtant avait détruit son cœur sans le vouloir.
Vous êtes prévenus, j'aime le drame.
Ma description de l'éruption du Vésuve est purement fictive et romancée, même si je me suis appuyée sur des faits historiques. Facilite scénaristique ...
N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre et je vous retrouve bientôt pour la suite !
Drakenkat
