Je ne possède aucun des personnages des films

[Suite de "Exfiltration" ] : 10 jours après les évènements de Los Angeles, Ethan obtient le droit de sortir de l'hôpital à condition qu'il se repose. Si ce dernier imaginait passer les prochaines semaines dans une planque de l'IMF, ses discussions avec Illya et les étranges visions qu'il a eu lorsqu'il s'est senti mourir vont lui faire prendre une autre direction, mais tout n'est pas fini Conrad est toujours dans la nature et son désir de vengeance est toujours aussi fort.

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


RACINES

Chapitre 2

Comté d'Otsego. Etat de New York.

25 km de Middlefield

L'équipe avait prit place dans un gros 4x4 relativement confortable. Luther était au volant, Ethan assis à côté de lui, les yeux perdus dans le vague… A l'arrière, Ilsa était assise entre Benji et Brandt. La jeune femme ne le quittait pas des yeux. Il n'avait pas beaucoup parlé pendant le voyage, mais là, il était totalement mutique depuis une heure et elle le trouvait de plus en plus blanc. Il se sentait mal… Il tremblait même légèrement et elle aurait bien aimé tendre la main pour serrer la sienne, mais elle ne le pouvait pas tout de suite. Elle espéra qu'il finirait par leur parler un peu.

Pour le moment, Ethan n'avait pas réellement envie de parler. La tête tournée en direction de la vitre, il observait le paysage défiler autour d'eux. Son cœur battait de plus en plus fort au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de leur destination. Il la connaissait encore par cœur cette route. C'était normal, il était à moins de 25 km de chez lui… chez lui… Il ne l'avait jamais vraiment reprise, mais il lui arrivait de la voir en rêve quand il s'imaginait en train de revenir. Il en avait eu souvent envie. Il avait déjà retrouvé sa mère à proximité, notamment à la ferme de son oncle 100 km plus loin, mais Middlefield, il s'en était toujours tenu loin… et plus il se rapprochait, plus il y avait des souvenirs qui remontaient… Il pensait aux deux ruisseaux qui traversaient la ville et dans lesquels il se jetait avec ses copains… James… Un meilleur ami, un frère pour lui qui n'en avait pas… Ils étaient toujours ensembles… Il n'y avait bien que les parties de pêche dans le lac Otsego qui ne lui manquaient pas… c'était bien trop ennuyeux… Même à 12 ans, Ethan voulait de l'action… Il avait eu… trop même… Ce n'était pourtant pas si mal Middlefield… C'était calme, tranquille, le cœur du bourg était inscrit au site historique… Il y avait pire… bien pire…

Ethan frémit, soupira et ferma les yeux en voyant le panneau annonçant 20 km… 20 km… c'était trop, bien trop… et surtout c'était ridicule. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Il n'avait rien à faire ici ! Il n'y avait plus rien ! C'était ridicule.

Un frisson plus fort le parcourut et son souffle se fit court, trop court… il ne pouvait pas… Du coup, il se redressa et murmura.

- Arrête la voiture.

Luther sursauta et tourna la tête en direction de son ami.

- De quoi ?

- Arrête la voiture !

- Ethan.

- J'ai besoin d'air. Arrête la voiture !

- Ecoute, Ethan…

- Arrête la voiture ! Hurla-t-il en tremblant.

Luther freina et se gara sur le bas côté. Il eut à peine le temps de s'arrêter qu'Ethan était déjà en train d'ouvrir la portière. Il jaillit de celle-ci et s'en écarta à grandes enjambées. Il manquait d'air. Il lui fallait de l'air. Plusieurs mètres plus loin, Ethan s'immobilisa et posa sa main gauche sur sa poitrine. Son cœur battait fort, trop fort, trop vite. Il devait se calmer… sinon il allait tourner de l'œil. Il ferma donc les yeux et se concentra sur sa respiration.

Au moment où Ethan avait jailli de la voiture, Ilsa s'était lancée à sa poursuite, écrasant un peu Benji au passage. Ce dernier protesta, mais elle s'en moqua et courut derrière lui.

Avec un certain soulagement, elle le rattrapa un peu plus loin en lisière de la forêt. Il paraissait en proie à de violentes émotions et il tremblait, ce qui ne lui ressemblait pas... Ilsa prit une longue inspiration et se rapprocha pour glisser sa main sur son bras.

Ethan avait bien perçu les bruits de pas, mais il sursauta lorsqu'une main se posa sur son bras gauche. Il tourna la tête et butta sur le regard de la jeune femme.

- Ilsa ?

- Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Demanda-t-elle en pressant plus fort son bras pour essayer de le faire arrêter de trembler.

Ethan la détailla, prit une longue inspiration et souffla.

- Je ne peux pas faire ça.

- Ethan…

- Non… C'est vrai Ilsa… Je n'ai pas le droit de faire ça, pas maintenant alors que j'aurais pu le faire avant, quand ils étaient vivants… Je n'ai pas le droit de revenir maintenant… Tu trouves ça ridicule ?

- Non…Bien sûr que non. Jamais je ne trouverai ta douleur ridicule. Je comprends. C'est normal et humain… Moi aussi j'aurais aimé te ramener vers eux et les rencontrer.

- Il y avait un hôtel dans la dernière ville que nous avons traversé, on peut faire demi-tour, passer la nuit là-bas et repartir demain, souffla la voix de Luther qui venait de les rejoindre.

Son ami avait vraiment envie de le ramener chez lui. Il savait que cela pouvait lui faire du bien, mais il ne voulait pas le faire souffrir et il le voyait trembler comme une feuille. Il était tellement blanc. Ce n'était pas le but qu'il recherchait. Il préférait encore faire demi-tour.

Ethan redressa la tête et planta son regard dans celui de son ami. Il secoua la tête pour lui signifier un accord et souffla en réponse.

- Emmène-moi au cimetière avant, que je puisse au moins faire ça…

OoooO

Le 4x4 se gara devant la porte du cimetière de Middlefield. Luther coupa le contact et se tourna vers Ethan. Il allait ouvrir la bouche pour lui demander s'il voulait qu'il vienne avec lui, mais ce dernier lui répliqua.

- Attendez-moi ici, je n'en ai pas pour longtemps.

Sans attendre de réponses, Ethan sortit de la voiture. D'un bon pas, il se dirigea vers la porte, la passa et s'immobilisa en découvrant les tombes… des tombes… Ethan ne savait pas ce qu'il faisait là, il se sentait mal, dévasté, mais il ne pouvait pas reculer.

Alors, il prit une longue inspiration et se rapprocha. Le pire dans tout ça, c'était qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvaient les tombes de ses parents. Il lui fallut donc de longues minutes pour les localiser et soudain…

Soudain deux noms le firent bloquer : « Nathan Hunt »… « Margaret Hunt »… Ils étaient là, juste là, et toutes ses émotions le submergèrent.

...

Dans la voiture, Luther avait observé la silhouette de son ami se glisser dans le cimetière avec un pincement au cœur. Il connaissait Ethan. Il savait ce qu'il allait ressentir, ce qui allait se passer et il n'était pas sûr que de le laisser affronter ça tout seul fut une bonne idée. Il voulait bien lui laisser du temps, mais il savait qu'il serait obligé d'aller le chercher. Il aurait besoin de soutien pour traverser ce moment.

...

Ethan trembla et relut une nouvelle fois les noms sur les croix. Ils étaient bien là… juste là… et des dizaines d'images l'assaillirent pendant qu'il tomba à genoux sur les tombes…

Il revit son père le prendre dans ses bras quand il avait chuté de l'arbre à l'âge de 7 ans, se cassant la cheville, il le revit lui apprendre à tirer pour l'emmener à la chasse avec lui, il revit des moments de rire entre eux comme il revit les disputes… des disputes de plus en plus violentes avec le temps, des incompréhensions, des ordres de venir l'aider à la place de faire ses devoirs, l'impression d'étouffer sous la pression qu'il mettait sur ses épaules et leur dernière altercation… Celle qui l'avait fait partir en pleine nuit… Celle qui lui avait brisé tout retour possible à Middlefield et la douleur lui étreignit la poitrine.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?… Pourquoi tu ne m'as pas parlé au lieu de hurler ? Tu crois que je n'aurais pas compris ? Je t'aimais… Je t'aime toujours papa… pardon…

Les larmes jaillirent sur ses derniers mots et les images continuèrent à remonter en lui.

Des images où il revit le sourire et la douceur de sa mère. Il la revit en train de cuisiner, tentant de lui en apprendre les rudiments pour qu'il ne soit pas aussi mauvais que son père. Il sentit ses mains sur lui, les étreintes douces et apaisantes, les baisers pour le rassurer… pour l'endormir quand il était enfant, pour lui dire qu'il ne devait pas en vouloir à son père plus tard, pour lui dire adieu quand elle l'avait surpris en train de s'enfuir en pleine nuit… Elle avait toujours été tendre, aimante… Elle l'avait toujours soutenu… Elle avait même fini par lui pardonner de n'avoir pas été là pour l'enterrement de son père, pour l'enterrement de son oncle aussi… Est-ce qu'elle lui avait pardonné de ne pas être là pour le sien ? Ses tremblements se firent plus forts et Ethan s'écroula en avant.

- Je vous aime tellement… Je suis désolé…Vous me manquez. Je vous aime… Pardon… J'aurais dû être là… J'aurais dû revenir, ne pas partir du tout… je vous aime… pardon…

Ses larmes se firent plus forts, incontrôlables, lui faisant perdre toute sa maîtrise de super agent secret. Il était bouleversé, bien trop pour se maîtriser et il se recroquevilla, posant sa main gauche sur le sol pour ne pas s'écrouler totalement pendant qu'il se mettait à trembler de plus en plus…

Rien ne semblait pouvoir le sortir de sa douleur et il perdit toute notion de temps. Une notion qui revint quand il perçut des pas. Ethan aurait voulu se redresser, maîtriser ses sanglots, ne pas paraître aussi misérable, mais c'était impossible. La douleur était toujours aussi vive.

...

Luther lui accorda une demi-heure avant de se décider à sortir de la voiture. Ilsa lui adressa un regard étonné.

- Qu'est-ce que tu fais ? Il nous a dit d'attendre.

- J'ai déjà attendu assez, dit Luther en se dirigeant vers le cimetière à son tour.

Il aurait pu ajouter autre chose, mais pourquoi faire… Ils devaient bien se douter de l'épreuve qu'il était en train de traverser… Et ils lui avaient bien dit qu'ils étaient une équipe, même plus qu'une équipe. Ils ne pouvaient pas le laisser seuls… pas ici en tous cas. Du coin de l'œil, il balaya les lieux et son cœur se serra. Ethan était là, à genoux sur le sol, prostré… Il tremblait de tous ses membres et il pleurait… Il pleurait comme jamais son ami ne l'avait vu pleurer… pas même en Afghanistan quand on lui avait annoncé de manière abrupte la mort de sa mère… C'était plus profond, plus violent, plus déchirant.

Il se rapprocha donc de lui et l'appela doucement, mais il ne réagit pas, toujours bloqué dans sa profonde douleur. Luther soupira et se mit à genoux. Sa main se posa sur son épaule qu'il pressa doucement.

- Ethan ?

En sentant une main sur son épaule, Ethan ne put retenir un sursaut. Il se redressa un peu et braqua un regard hagard sur Luther, remarquant dans le même temps la présence des autres membres de l'équipe dans son dos. Un frisson le parcourut et il tenta maladroitement de maîtriser ses larmes pendant que la main de son ami glissait sur sa nuque pour la presser.

- Calme-toi…

- Je… Je les ai abandonné Luther.

- Ne dis pas ça…

- C'est pourtant la vérité. Ils ont dû croire que je les détestais, mais…

- Non…ça je sais que c'est faux. Tes parents t'aimaient autant que toi tu les aimes… N'ai pas de doutes là-dessus… La vie n'a pas été tendre avec vous, mais ils savaient que tu les aimais.

- Tu crois ?

- Bien évidement… Regarde tes larmes… Ce n'est pas une preuve d'amour, ça ?

Ethan ne sut pas quoi répondre et Luther soupira, avant de presser un peu sa nuque et de le ramener contre lui, lui offrant son épaule pour pleurer. Ethan frissonna et sentit les sanglots revenir de façon violente. De sa main valide, il s'accrocha à Luther et laissa filer sa douleur… C'était étrange, le lien qui s'était tissé, entre les deux coéquipiers en 25 ans… ils étaient amis… frères… et il avait besoin des bras de son frère…

Luther le laissa pleurer un instant avant de lui presser la nuque en lui frottant doucement le dos.

- Allez Ethan. Calme-toi. Chut… Respire… On va y aller. J'ai trouvé un hôtel pour passer la nuit et…

- Non, l'interrompit Ethan en se redressant, essuyant une partie de ses larmes en reprenant peu à peu le contrôle.

- Non ?

- Maintenant que je suis là, je dois finir. Je veux rentrer chez moi.


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