Auteur : Lady Zalia
Correction : Sayaka-san22 💙
Type : Un chapitre haut en rebondissements avec un début de chapitre '''Romance''' puis Aventure/Action.
Disclaimers: Univers appartenant à J.K. Rowling. Rating M, Slash Voldarry. Suite directe de ma fanfiction « Dépendant au Serpent ». MERCI pour les très nombreuses reviews sur l'introduction. Je ne pensais vraiment pas en recevoir autant et vous m'avez donné une énergie incroyable. 💙
Par contre… Qu'on soit clair, Voldemort ne sera pas romantique, ni fleur bleue et il ne deviendra PAS gentil. On est clairement sur un pervers narcissique manipulateur doublé d'un sociopathe. Je ne compte pas changer son caractère et tout ce que j'ai fait dans « Dépendant au Serpent » serait absurde si d'un seul coup il se rachetait une conscience. Je pense aussi que cette fanfic n'aurait plus aucun intérêt. Voldemort considère que Harry lui appartient corps et âme et il est prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut, mais il est aussi intelligent et capable de concessions quand cela sert ses plans. Il a gagné une certaine emprise sur Harry tout au long des derniers chapitres et ce dernier est fasciné par sa puissance et l'étendue de ses connaissances. Harry aura toujours son esprit critique, mais une part de lui craint Voldemort tandis que l'autre lui est reconnaissant pour tout ce qu'il lui a offert.
Sur ce… je vous laisse avec ce chapitre tant attendu ! 😃
Chapitre 1
Lorsqu'ils apparurent dans le jardin de leur demeure, il faisait nuit noire et comme toujours, tout était silencieux aux alentours. Après l'agitation de ces dernières heures, Harry sentit un profond soulagement l'envahir et il se laissa entraîner par Voldemort sans vraiment réfléchir. Il pensait que son mentor allait simplement l'amener jusqu'à l'intérieur, il fut donc pris au dépourvu lorsque Voldemort le plaqua contre le mur de la façade avant d'encadrer son visage de ses mains. Il se recroquevilla instinctivement sur lui-même, s'attendant à se faire disputer, mais le mage noir le força à relever la tête.
- Regarde-moi, Sesha. Est-ce que tu crains ma colère ?
Harry ouvrit les yeux et plongea sans retenue dans le regard carmin du sorcier qui le surplombait d'une vingtaine de centimètres.
- Un peu. Je vous ai désobéi.
- C'est vrai. Tu t'es débrouillé pour sauver la vie de tes anciens amis… Soit. De toute façon, tu m'en aurais sans doute voulu si je les avais tués. Et cette nuit, cela ne servirait vraiment pas mes plans que tu m'en veuilles… Au contraire, j'estime que les efforts que tu as accompli ces derniers jours compensent largement cela. Tu as tué pour sauver Nagini, tu as accompli le rituel pour me rendre mes pouvoirs, tu m'as protégé et tu as affronté avec brio tous tes adversaires. Tu mérites que je te témoigne toute ma reconnaissance.
Et alors que Harry était à mille lieues de s'y attendre, Voldemort l'embrassa. Le jeune homme était bien trop sidéré pour réagir, d'autant qu'il était toujours coincé entre le mur et le corps du mage noir.
Mais lorsqu'une langue caressa ses lèvres et qu'une main autoritaire saisit son menton, il se laissa faire. Le premier contact avec la langue de Voldemort l'électrisa. C'était doux, agréable, chaud… La main était descendue pour entourer son cou mais même sans cela, il n'aurait pas résisté avec une grande véhémence. Il était pétrifié par la situation, trop épuisé émotionnellement pour réagir de manière rationnelle, mais Voldemort se fit patient et continua de l'embrasser doucement, sa langue frôlant la sienne avec sensualité.
Finalement Harry se décida timidement à répondre au baiser, et il haleta face à l'intensité des émotions qui l'assaillit alors : C'était comme se retrouver submergé par un raz-de-marée, l'impression était à la fois grandiose et étouffante. Il fut même tenté d'ouvrir les yeux pour vérifier si le phénomène était visible, mais il préféra les garder fermés de peur de briser l'instant.
Il pouvait sentir la magie de Voldemort, cette puissance aussi fascinante que terrible, l'entourer et le caresser comme une créature voluptueuse. Il sentit son rythme cardiaque s'accélérer alors qu'il se laissait peu à peu perdre dans cet échange et lorsque Voldemort mit soudain fin au baiser, ce fut un brusque retour à la réalité. Mais loin de s'éloigner, le mage noir posa son front contre celui de Harry, laissant quelques secondes au jeune homme pour reprendre son souffle.
- Regarde-moi.
Il obéit à nouveau, sentant confusément la rougeur qui s'épanchait sur ses joues. Ils étaient si proches qu'il pouvait voir le moindre détail des iris aux couleurs surnaturelles. Les yeux de Voldemort avaient la profondeur du sang, et ce n'était pas juste un reflet. C'était absolument saisissant.
- Pourquoi vous m'avez embrassé ?
- Tu n'imagines pas combien je te désire, Sesha. J'y pense depuis un certain temps... Cette puissance, cette fougue… Tu es un jeune homme très attirant. Mais cela n'a pas eu l'air de te laisser insensible, si j'en juge par la soudaine chaleur qui irradie de ta peau…
Voldemort était passé au fourchelang et cela fit frissonner Harry, d'autant plus lorsque le mage noir glissa contre sa joue pour venir pincer le lobe de son oreille entre ses lèvres. Harry faillit laisser échapper un gémissement et dut se concentrer pour dire ce qu'il avait en tête.
- Quand j'ai… répondu, c'était comme si nos magies s'entrechoquaient tout d'un coup… c'était…
- Transcendant oui… Je veux plonger en toi pour m'approcher au plus près et goûter cette magie impétueuse que tu possèdes, si brillante que je ne peux que comprendre pourquoi mon morceau d'âme s'est réfugié en toi. Je n'ai pas pour habitude de réfréner le moindre de mes désirs, Sesha, mais je suis persuadé qu'une union consentie de ta part rendrait les choses particulièrement exquises.
Harry écarquilla les yeux mais ne fit pas un geste, ses bras toujours immobilisés le long de son corps par l'étreinte de Voldemort. Le mage noir ne lui laissa pas le temps de réfléchir posément à la question et se jeta à nouveau sur ses lèvres.
Il n'eut cependant pas à forcer pour caresser sa langue car Harry consentit rapidement à lui en offrir l'accès. Encore une fois, c'était sans commune mesure. Il avait l'impression de sentir son cœur prêt à sortir de sa poitrine. Comme une chute libre dans un vide infini, l'adrénaline réchauffait son corps, lui donnant envie de plus. Sa raison s'était tue, étouffée par la puissance de cette énergie magique qui pulsait autour de lui et se mélangeait à la sienne. Jamais il n'avait connu de sensation aussi intense. Voldemort dominait totalement leur échange, mais cette fois il avait envie de se laisser emporter, quitte à prendre le risque de se noyer. Il avait conscience qu'il s'aventurait sur un chemin dangereux et que s'il s'offrait au mage noir, il n'y aurait pas de retour en arrière possible. Voldemort avait parlé d'une "union"…
L'idée de se faire pénétrer par un autre homme avait quelque chose d'effrayant, mais d'un autre côté, il avait l'intuition que Voldemort serait capable de lui offrir plus de plaisir qu'il n'en avait jamais ressenti. Il n'avait jamais pris le temps de réfléchir à sa sexualité, il avait été attiré par Cho et Ginny lui avait inspiré une affection sincère. Mais il ne pouvait ignorer l'excitation qu'il ressentait à se faire embrasser par le sorcier le plus puissant de toute l'Angleterre.
Il était un jeune homme de presque 18 ans et Voldemort était manifestement aussi doué pour infliger le plaisir que la douleur. La main de son mentor avait quitté sa gorge pour glisser doucement le long de son torse et elle s'approchait dangereusement de son aine. Il frissonna et essaya tant bien que mal de retrouver le fil de ses pensées, profitant que le mage noir ait momentanément cessé de l'embrasser.
- Alors, ta réponse ?
- Je…
Il se mordit la lèvre, contenant de peu un gémissement lorsque Voldemort plaqua sa main sur son sexe en érection.
- Allons… Tu en as envie autant que moi. Dis-le…
Manifestement Voldemort avait usé sa patience. Il aurait dû se sentit flatté de voir le mage noir si désireux pour son corps mais cela ne diminua pas sa peur, bien au contraire. Ce n'était pas seulement l'acte en lui-même qui l'effrayait mais plutôt les conséquences que cela pourrait avoir dans sa relation avec Voldemort. Et il allait devoir verbaliser ses craintes s'il ne voulait pas froisser le mage noir.
- Oui, j'en ai envie, mais… Je veux savoir ce que ça implique avec vous.
Le mage noir soupira et Harry s'étonna de l'humanité de sa réaction.
- Toi, moi, dans un lit. Tu as besoin que je te fasse un dessin ? Quelle que soit ta décision, tu m'appartiens, Sesha et je ne permettrais jamais que quiconque pose les mains sur toi, Mangemort ou pas. Quant au reste, ce que nous faisons tous les deux ne concerne personne, donc cette relation restera strictement entre toi et moi. Accepte et je te promets que tu ne le regretteras pas.
Cette fois, Voldemort remonta doucement son genou entre ses jambes et Harry ferma à nouveau les yeux, incertain d'assumer pleinement ce qu'il allait dire.
- D'a… D'accord. Montrez-moi.
Le mage noir l'agrippa avant de transplaner dans ce que Harry supposa être sa chambre. Il n'avait jamais réfléchi à où pouvait se trouver la chambre de Voldemort car il s'était imaginé que le mage noir ne dormait jamais véritablement, mais apparemment il avait bien une chambre dans la demeure et dans sa paranoïa il avait dû en dissimuler l'entrée.
La pièce était plongée dans l'obscurité la plus totale mais il n'eut de toute façon pas le temps d'observer le mobilier car il fut basculé sur un lit et une bouche impérieuse vint se plaquer sur ses lèvres en un bref baiser. Étourdi par le transplanage inattendu et l'avidité manifestée par Voldemort, il sentit confusément le mage noir le priver de sa baguette et de ses lunettes avant de le déshabiller d'un Divesto.
Il était désormais nu, allongé sur le dos et Voldemort se déshabilla à son tour avant de le rejoindre, agenouillé au-dessus de lui. Sans la moindre source de lumière, Harry pouvait à peine distinguer le visage et le torse de Voldemort mais ce n'était pas plus mal. Il ferma brièvement les yeux et soupira de plaisir en sentant la main du mage noir caresser sa joue puis glisser le long de son omoplate avant de s'arrêter au niveau de la chaîne qui retenait le Portoloin.
Voldemort se redressa et Harry put bientôt sentir la baguette de Sureau frôler sa gorge avant qu'une formule ne vienne le libérer du talisman qui y était scellé.
- Mon Sesha, mon précieux Horcruxe. Au début je te voyais comme un enfant insolent puis j'ai remarqué combien tu étais doué, puissant… J'ai vu ta détermination, ta fierté et j'ai commencé à te désirer. Je me suis montré patient, j'ai attendu que tu t'ouvres à moi. À présent que tu m'offres ton corps, je compte bien t'y donner goût. Fais-moi confiance.
Harry retint son souffle en sentant les mains de Voldemort continuer l'exploration de son corps et descendre jusqu'à ses genoux pour les écarter. Il se sentait nerveux mais fit son possible pour ne pas le montrer. Sans même avoir besoin de le formuler, le savait que le mage noir allait diriger chaque seconde de leurs ébats, mais ça le rassurait. Il ne voulait pas l'avouer, mais il avait honte de son inexpérience totale en matière de sexe.
La plupart des étudiants quittaient Poudlard en ayant plus que quelques baisers humides à leur actif, mais la plupart des étudiants ne passaient pas leurs années à essayer de lutter pour leur survie. Il n'eut cependant pas le loisir d'y réfléchir davantage car Voldemort s'était agenouillé entre ses jambes, caressant son sexe au passage, et il relâcha brusquement son souffle en un halètement sonore.
Le mage noir se hissa ensuite jusqu'à son visage pour reprendre possession de ses lèvres et la sensation de ce corps nu et chaud pressé contre le sien le rendit fébrile. Il écarta un peu plus les cuisses et gémit en prenant conscience du sexe en érection parallèle au sien. Il ne parvenait à se l'expliquer, mais il avait envie de sentir le mage noir plus près… Plus profond… En lui.
C'était une pensée inédite, il n'avait jamais désiré qui que ce soit de manière aussi intense. Les caresses sur son sexe, tantôt appuyées, tantôt aériennes, le mettaient au supplice et il avait l'impression que son sang était proche de sa température de fusion.
- J'ai envie… de vous. De vous sentir en moi.
Il n'arrivait pas à croire qu'il avait dit une telle chose. Et pourtant, lorsque Voldemort le regarda avec révérence, il se sentit plus fier que jamais.
- Patience, mon Sesha. Je vais venir bientôt.
Voldemort le bascula sur le côté et Harry sentit bientôt une main glisser le long de sa colonne vertébrale jusqu'à ses fesses. Il ressentit une pointe d'appréhension mais il était bien trop excité pour reculer maintenant.
Lorsque Voldemort le pénétra d'un doigt, il serra les poings, mais un nouveau baiser associé à l'impression d'osmose qui en découlait, le détendit instantanément. Outre le profond désir qu'il ressentait pour le mage noir à cet instant, c'était comme si la magie de Voldemort l'appelait. Lui aussi voulait se fondre en elle et sans doute l'Horcruxe en lui y était pour quelque chose.
Le fragment d'âme était toujours resté en résonance avec son ancien tout et à présent qu'ils étaient si proches, l'attirance en devenait irrésistible. Plus qu'une envie, c'était un besoin viscéral de ne faire plus qu'un avec Voldemort.
Pourtant, si le mage noir devait probablement ressentir la même chose que lui, il se montra patient et manifestement désireux de ne pas le blesser. Chaque caresse attisait un peu plus la ferveur de Harry et lorsque Voldemort retira ses doigts, il gémit sans aucune retenue.
Mais le moment tant attendu était arrivé et le mage noir se redressa, présentant enfin son sexe dressé à l'entrée de son anus. Il le pénétra lentement, s'enfonçant jusqu'à la garde entre ses chairs avant de cesser tout mouvement pour lui laisser le temps de s'habituer. Harry n'avait pas manqué le soupir de plaisir que Voldemort avait laissé échapper une fois entièrement en lui et il failli se mettre à pleurer de bonheur : À cet instant, Voldemort était comme tous les humains, et lui seul avait le pouvoir de provoquer cela.
Ses pensées ne restèrent cependant pas cohérentes bien longtemps car son amant avait commencé ses mouvements de va-et-vient et le courant de magie qui les entourait s'était fait plus dense mais aussi plus agité. Il pouvait presque sentir sa magie crépiter sur sa peau et cela s'ajoutait à toutes les sensations que Voldemort lui procurait. Les martèlements du sexe en lui étaient lents et profonds mais c'était tout ce que Harry désirait, chaque pénétration le rapprochant un peu plus de l'orgasme.
Ses gémissements s'étaient transformés en syllabes inintelligibles tandis que Voldemort haletait sous l'effort. Le sexe de Harry était toujours prisonnier des doigts du mage noir et il avait l'impression que la moindre sollicitation pourrait l'amener à la jouissance, mais Voldemort le retenait au contraire, dans le plus délicieux des supplices. Il le tenait contre lui comme s'il craignait qu'il ne disparaisse et Harry avait refermé ses bras derrière la nuque du mage noir, approfondissant de lui-même chaque baiser initié.
Il se sentait chéri, plus précieux aux yeux de Voldemort que quoi que ce soit d'autre et ça le rendait intensément heureux. Il avait perdu toute notion du temps et lorsque Voldemort accéléra sa cadence pour le pilonner violemment, il sut qu'il allait se libérer d'une seconde à l'autre. Son orgasme fut si intense qu'il eut l'impression d'exploser. Son sexe palpitait encore entre les doigts de Voldemort alors que le mage noir lui donnait les derniers coups de butoir avant de jouir en lui.
Harry resta une minute entière immobile, reprenant doucement conscience de son environnement et de ce qu'ils venaient de faire. Il avait vaguement entendu plusieurs objets tomber sur le sol, signe que leurs magies avaient dû se manifester hors de leur corps mais il se sentait trop épuisé pour ne serait-ce qu'ouvrir les yeux. La tension qui l'habitait était enfin apaisée et tous les événements des derniers jours lui semblaient désormais anodins.
- C'était la chose la plus intense de toute ma vie.
Sa voix était éraillée et son rythme cardiaque reprenait doucement une allure normale, contrairement à Voldemort dont le torse se soulevait à peine.
- Et cela ne fait que commencer. Tu resteras pour l'éternité à mes côtés, Sesha. Jamais je ne te laisserais t'éloigner de moi.
Voldemort avait refermé ses bras autour de son torse pour le maintenir tout contre lui, mais Harry se sentait bien. À cet instant, le mage noir le tenait avec une certaine forme de tendresse, comme s'il avait peur de le briser, et sa possessivité avait quelque chose de rassurant. Il ne put s'empêcher de sourire.
- Je sais. Ça me va.
Désormais, il avait la certitude qu'il ne serait plus jamais seul. Que sa famille d'adoption serait toujours à ses côtés. Si Voldemort avait perdu sa mère et été renié par son propre père, lui avait perdu ses parents et été haï par son oncle et sa tante. Ils avaient tous deux grandis avec cette absence de famille aimante à leurs côtés et même si Voldemort ne l'aurait jamais avoué à haute voix, cela expliquait probablement ce besoin viscéral qu'il avait de le garder en sa possession.
Le mage noir sembla satisfait de la réponse de son Horcruxe humain car son visage s'étira en un sourire sincère et il repoussa les mèches du front du jeune homme avant d'y déposer un baiser empreint de douceur. Harry s'endormit ainsi, la tête posée sur le torse de Voldemort, plus heureux qu'il ne l'avait été depuis bien longtemps.
***/+/***
Quand il se réveilla, il mit quelques secondes à se souvenir où il se trouvait et pourquoi il se trouvait là. Une brusque rougeur envahit ses joues et il se redressa pour regarder autour de lui avec curiosité. Il se trouvait toujours dans le lit de Voldemort, mais celui-ci s'était manifestement levé depuis longtemps.
En revanche, Nagini était sur la couette, roulée en boule contre ses jambes, et il tendit immédiatement le bras pour la caresser. La pièce était toujours plongée dans l'obscurité et seul un mince rai de lumière provenait d'une lucarne partiellement calfeutrée. Apparemment la chambre de Voldemort se trouvait en sous-sol.
Il bailla et s'étira, palpant prudemment la peau de son bras gauche. C'était encore un peu sensible mais sans doute Voldemort aurait-il un baume à lui donner pour cela. Il attira ses lunettes et sa baguette d'un geste vague et jeta un Lumos pour retrouver ses vêtements éparpillés au sol par le Divesto.
Il avait besoin d'une bonne douche. Il y avait une salle de bain attenante à la chambre de Voldemort mais il avait besoin de vêtements propres, il enfila donc son caleçon et son pantalon de la veille, plia le reste de sa tenue sous son bras et entrepris de repérer la sortie. Il trouva un petit escalier en colimaçon et déboucha dans le salon du premier étage. L'accès à l'escalier était dissimulé derrière une bibliothèque et Voldemort avait dû désactiver ses sortilèges car il eut simplement à repousser l'étagère pour passer. Il regagna sa propre chambre avec un certain soulagement.
Il préférait être un minimum présentable avant de se trouver devant Voldemort et il comptait sur son bain pour pouvoir réfléchir posément aux derniers événements : Il avait terminé ses études et ne retournerait probablement plus jamais à Poudlard. Il avait fait ses adieux à Remus, Hermione, Bill et ne reverrait sans doute plus Ron, Neville, Luna ni Ginny. Il avait tué un homme et était désormais considéré comme un parjure par l'Ordre du Phénix tout entier. Sa vie était soudain devenue à la fois bien plus simple et plus compliquée.
Plus simple parce qu'il n'avait plus à se soucier dans quel camp il était. Plus compliquée car son camp était opposé à ses valeurs intimes, parce qu'il ne voulait pas devenir Mangemort et que la seule personne qu'il pouvait encore considérer comme un ami était prisonnier aux mains de ses anciens alliés. Une fois propre et bien habillé, il jeta un Tempus. Il était un peu plus de 13 heures. Il rejoignit la salle à manger pour prendre un petit-déjeuner tardif avant de rejoindre la bibliothèque. Voldemort s'y trouvait, comme il s'y attendait, Nagini à ses côtés.
- Je pensais que vous m'auriez réveillé plus tôt. À moins que vous n'ayez réuni vos Mangemorts ce matin ?
- Non, inutile de se presser, à présent que Kingsley est mort, ils ne risqueront pas d'essayer de prendre le Ministère avant un moment. Par ailleurs, tu as dépensé une grande quantité de magie cette nuit et je voulais que tu te reposes, d'autant plus car nous devons attaquer une base de l'Ordre ce soir. Allons, approche, je vais remettre le Portoloin autour de ton cou.
Harry fit la grimace. Il se souvenait de la sensation particulièrement désagréable que produisait le sortilège sur sa peau.
- Est-on obligé de le sceller ?
- Oui. Ces gens seront déterminés à te capturer. Je veux que tu aies toujours une porte de sortie avec toi. Mais je vais l'incruster entièrement cette fois, ça sera fait une bonne fois pour toutes et ainsi il ne risquera plus de nous gêner. En contrepartie, je te donnerais la possibilité de l'activer toi-même. Allonge-toi sur ce canapé.
Harry soupira et retira sa robe sorcière. Il se doutait que ça allait être douloureux, mais il ne put retenir ses larmes lorsque le sortilège de magie noire fondit le pendentif dans son sternum. Heureusement la sensation d'étouffement ne dura que quelques secondes et une fois terminé, ce fut comme s'il avait un crâne de vivet tatoué entre les deux clavicules. Il attendit quelques secondes le temps de se remettre de ses émotions avant de se redresser et reprendre la parole.
- Quel est le programme pour le reste de la journée ?
- Nous irons retrouver mes Mangemorts en fin d'après-midi pour mettre le plan au point et nous attaquerons la base de l'Ordre à la nuit tombée.
- La base de Northampton, c'est bien ça ?
- Non, bien sûr que non. Puisque tu l'as gentiment laissé partir sans même lui infliger un Oubliettes, ton amie s'est probablement empressée de tout raconter à l'Ordre. Il ne reste plus rien à Northampton sinon des leurres et des pièges. Heureusement, j'ai pu extorquer quelques informations à ce cher Kingsley avant de le tuer, ainsi ils sont loin de se douter que nous allons débarquer dans la seconde base de l'Ordre qui est située à Durham. Quelque part, ta naïveté nous aura servi car ils auront tout déménagé dans la précipitation aujourd'hui et leurs protections seront moins solides. Cela va être un jeu d'enfant.
***/+/***
Harry avait déjà assisté à la première renaissance de Voldemort, pourtant il ne s'attendait pas à une telle scène de vénération en arrivant dans leur résidence secondaire. Lorsqu'ils transplanèrent, tous les Mangemorts se trouvaient déjà agenouillés dans la grande salle et ils s'inclinaient encore sur leur passage, murmurant des "maître !" émerveillés comme s'ils étaient face à Merlin en personne.
Harry dut se mordre la joue pour ne pas montrer combien cette scène l'amusait. Manifestement, si avoir ressuscité une première fois relevait du miracle, subir un second Avada et réapparaître en pleine forme seulement trois jours après conférait à la divinité et Voldemort semblait se délecter de leur émerveillement. Suivi par Harry et Nagini, il traversa la salle comme un roi avant de se tourner vers ses Mangemorts attentifs.
- Messieurs ! Vendredi, l'Ordre du Phénix s'est attaqué à mon apprenti et l'a enlevé à Poudlard. Drago Malefoy et Severus Rogue, à qui j'avais confié la mission de le protéger, ont lamentablement échoué et se sont aussi fait capturer. Par chance, les alliés de Dumbledore n'avaient pas prévu que Harry Potter me serait aussi fidèle… Il a tué son gardien avant de revenir vers moi et combattre à mes côtés. Aujourd'hui, Kingsley Shacklebolt et Dedalus Diggle, sont morts, privant l'Ordre du Phénix de sa tête pensante. Harry Potter n'est pas encore Mangemort, mais je l'estime ce soir est digne de porter votre tenue...
Bien entendu, personne n'osa le contredire. Des applaudissements nourris retentirent et Harry baissa les yeux. Hormis pour le Feudeymon et le rituel, il était loin de se sentir fier de ses actions, cependant il avait accepté de revêtir la tenue des Mangemorts pour éviter d'être reconnu comme la cible prioritaire de l'Ordre du Phénix. Dissimulé derrière son masque, il aurait une plus grande liberté pour agir, même s'il devait pour cela subir les quolibets des Mangemorts. Évidemment, la réaction de Bellatrix Lestrange ne manqua pas :
- Alors Potter, on a perdu sa virginité ! Qu'est-ce que ça fait de tuer un homme pour la première fois ?
Harry ferma brièvement les yeux et s'assura que toutes ses barrières mentales étaient en place. Il avait fallu que cette folle emploie ce mot précisément… Nul doute que pour elle, tuer quelqu'un équivalait à prendre son pied, mais là il avait juste envie de disparaître. Heureusement, il s'était préparé à cette éventualité et il haussa simplement les épaules avec un soupir, comme si toute cette histoire l'ennuyait prodigieusement.
Plusieurs autres Mangemorts vinrent lui adresser leurs félicitations et il leur accorda à peine un regard. Il pensait plutôt à Rogue et surtout Drago qui étaient tous deux prisonniers. Il espérait que son ami allait bien. Déjà qu'il avait dû abandonner son épreuve d'Astronomie pour venir à son secours, avoir été fait prisonnier n'avait pas dû améliorer son humeur. Il espérait malgré tout qu'il n'aurait pas trop de ressentiment à son encontre…
Durant l'heure suivante, Voldemort leur présenta le plan de la base de l'Ordre, qu'il avait recréé à partir des souvenirs de Kingsley. L'endroit semblait être constitué de plusieurs galeries souterraines censées perdre d'hypothétiques assaillants et il y avait de fortes chances que quelques sortilèges et pièges magiques soient de la partie. Il était prévu qu'ils transplanent tous en même temps à proximité de la base et qu'ils la prennent d'assaut.
Voldemort avait ordonné de tuer tous ceux qu'ils croiseraient et Harry pria mentalement pour qu'aucun de ses anciens amis ne soient présents. Outre la libération des deux prisonniers, lui-même devait surtout récupérer sa baguette qui avait été entreposée quelque part. Quelques minutes avant l'heure du transplanage, Voldemort le prit à part pour lui donner ses dernières recommandations :
- Mets ton masque avant de transplaner et ne le retire sous aucun prétexte. Je sais que tu peux te débrouiller en duel mais tu seras accompagné d'Augustus Rookwood et Julius Travers qui sont tous deux raisonnablement compétents. Je ne te mets pas en compagnie de Bellatrix donc ne leur fausse pas compagnie, mais si tu te retrouves dans une situation critique, abandonne-les sur place et utilise le Portoloin pour te mettre en sécurité. Je resterais à l'extérieur avec Nagini pour maintenir la zone Antitransplanage et cueillir les fuyards.
Harry hocha la tête et attrapa le masque que Voldemort lui tendait. Il jeta un regard circulaire pour repérer ses deux coéquipiers et eut un sourire en reconnaissant leurs masques grossiers. Voldemort avait vraiment fait quelque chose d'élégant avec le sien...
Ils transplanèrent peu avant minuit et Harry observa les alentours avec curiosité. Ils étaient apparus sur les berges d'un fleuve bordé par un bosquet mais il entendait les sons d'une route moldue à proximité, fréquentée malgré l'heure tardive. Un pont moderne traversait le fleuve et il pouvait voir les murs d'un château médiéval dépasser des arbres.
Le décor était idyllique mais les raisons de sa présence en ce lieu lui revinrent en mémoire et son sourire se fana. Le premier cercle de Mangemorts était présent, mais plusieurs Rafleurs les avaient rejoints, menés par Fenrir Greyback en personne. Harry eut un frisson en contemplant le loup garou qui avait transformé Remus et failli défigurer Bill.
Il n'avait jamais eu l'occasion de contempler l'homme d'aussi près mais maintenant qu'il le voyait en détail, il se serait bien passé de l'expérience. Il était en train de curer ses dents pointues à l'aide d'un ongle crasseux et Harry détourna son regard avec une grimace de dégoût. À côté de lui, ses hommes de mains s'attisaient les uns les autres à qui ferait le plus grand nombre de victimes, inconscients qu'ils étaient là pour servir de chair à canon.
L'entrée du refuge de l'Ordre n'était dissimulée que par la végétation et un sortilège repousse-Moldu mais il était impossible d'en deviner la présence à moins d'en connaître l'existence. Une fois tout le monde réuni, Voldemort le poussa en avant, jouant avec la Baguette de Sureau de son autre main.
- Messieurs ! Rendez-moi fier.
Voldemort leva le bras et jeta le sort Antitransplanage sur la zone. Harry ignorait la superficie des lieux, mais cela ne sembla pas requérir le moindre effort pour le mage noir qui souriait avec sadisme, se repaissant sans doute d'avance de tous ceux qui allaient mourir ce soir. Bellatrix fit sauter la porte dissimulée avec un caquètement hystérique et le premier rang des Rafleurs s'engouffra dans la base, suivis par Fenrir.
Vint ensuite le tour des Mangemorts et Roockwood et Travers entrèrent alors, suivis par Harry, la mort dans l'âme. Il se sentait nauséeux et aurait mille fois préféré être n'importe où ailleurs, mais il n'avait pas le choix. Voldemort n'avait même pas eu besoin de le mentionner, les deux Mangemorts faisaient davantage office de surveillants que de gardes du corps. Ils avaient probablement pour consigne de le Stupefixer et le ramener à Voldemort s'il commençait à vouloir jouer les sauveurs, il était donc pieds et poings liés.
L'assaut de la base fut rapide. L'Ordre n'avait laissé qu'une surveillance minime, tel que Voldemort l'avait prédit, et les deux gardes furent à la fois pris par surprise et submergés par le nombre sans avoir eu la moindre chance de riposter. L'alerte fut donnée malgré tout, et c'est alors que le gros des combats commença.
La horde de Mangemorts ne comptait que peu de pertes mais c'était avant tout car les Rafleurs faisaient tampon. En face, les forces de l'Ordre fondaient à vue d'œil et les corps tombaient sous les yeux de Harry, tantôt emportés par un Avada Kedavra, tantôt fauchés par un maléfice plus vicieux. Les hommes de Voldemort détruisaient tout sur leur passage, piétinant les corps, sans aucun égard pour ceux qui n'étaient parfois que blessés, alliés comme ennemis.
Harry avait l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine et il aurait sans doute fait demi-tour si Roockwood n'était pas passé derrière lui pour l'inciter à avancer. Il évitait soigneusement de s'attarder sur les cadavres au sol, de peur d'y reconnaître un visage familier, mais il ne pouvait ignorer les bruits… Les râles d'agonie des mourants se mêlaient aux exclamations des combattants, au bruit régulier des corps tombant sur le sol et à d'autres qu'il ne voulait même pas identifier. Les murs tremblaient régulièrement alors que des explosions et sorts fusaient ça et là et Harry se demanda si la base ne risquait pas de s'effondrer sur elle-même.
Soudain, un corps lacéré tituba devant lui, et il réprima un violent spasme, reconnaissant la marque de fabrique de Fenrir Greyback. Le lycanthrope semblait avoir rangé sa baguette pour se battre à "mains nues", mordant et griffant tout ce qui ne portait pas la tenue des Mangemorts.
Une fois le cœur de la base atteint, la mêlée se dispersa enfin et les Mangemorts se séparèrent en plusieurs petits groupes, pour le plus grand soulagement de Harry. Il avait l'impression d'étouffer, et il ferma les yeux quelques secondes. Il devait se concentrer sur sa propre mission, c'était la seule chose à faire. Sa baguette était bien là, quelque part, et il était pressé de la retrouver. Il jeta un sortilège de détection pour déterminer la direction à prendre avant de l'indiquer à ses deux gardiens.
Rookwood et Travers se tenaient toujours à ses côtés, tel qu'il le leur avait été ordonné, et il avança sans se préoccuper d'eux davantage. Dans un sens, ils allaient faire le sale boulot à sa place… Ils parcoururent ainsi plusieurs couloirs sans rencontrer personne, au grand soulagement de Harry, jusqu'à ce que la baguette lui désigne une porte manifestement verrouillée par un sortilège complexe.
Deux runes brillaient en son milieu et Harry pouvait sentir une puissante magie en émaner, signe que son jeteur de sort n'était pas un débutant en la matière. Peut-être Bill Weasley avait-il déjà trouvé un moyen de récupérer une baguette finalement… Rookwood s'avança prudemment.
- Un enchantement hautement explosif, ça…
Harry hocha la tête. Voldemort lui avait déjà montré les dégâts qu'un tel enchantement pouvait produire et puisque toute la base était troglodyte, le risque de mourir ensevelis ne devait pas être négligé : Ils ne pouvaient se permettre d'utiliser la force brute. Harry savait que Rookwood avait été Langue-de-plomb mais il ignorait ses qualifications concrètes et il désigna la porte du menton.
- Ma baguette est conservée là-dedans, il va falloir passer. Vous êtes capable de briser de tels sorts, Rookwood ?
- Je ne suis pas un spécialiste, je le crains. Je crois me souvenir que Lucius n'est pas mauvais en runes. Il faudrait le ramener pour qu'il me seconde.
- Non, on ne va pas passer la nuit ici. Nous allons opérer simultanément. Vous vous chargez de la série de gauche et je m'occupe de la droite. Il faut toutes les désactiver à la suite mais je ne serais jamais assez rapide si je devais m'en charger seul.
Voldemort l'avait initié à la dissipation de pièges magiques mais n'ayant jamais fait d'arithmancie, il ne pouvait neutraliser qu'une rune à la fois, ce qui le rendait bien moins efficace qu'un briseur de maléfices tel que Bill Weasley. Cette annonce ne sembla pas rassurer Travers qui recula de quelques pas.
- Ola, Potter, tu sais ce que tu fais ? Ce truc peut nous péter à la gueule !
Harry lui jeta un regard méprisant à travers son masque.
- Oui, et puisque ce n'est pas votre cas, faites donc le guet, vous vous rendrez utile. Il ne faut pas que nous soyons interrompus.
- Le maître a p't'être dit que t'étais son apprenti, mais pas qu'on était tes ordres, Potter !
Harry avait une furieuse envie de l'envoyer balader, heureusement Rookwood intervint.
- C'est bon, Julius, son idée est bonne. Potter, êtes-vous prêt ?
Harry hocha la tête. Au moins Rookwood le respectait un tant soit peu. Il verrouilla son regard sur la porte, concentré sur la tâche à accomplir. Pour chaque rune, il devait tracer son opposée pour la neutraliser. Les runes allaient apparaître les unes à la suite des autres et il n'aurait que quelques secondes pour chacune d'entre elles.
Après un dernier coup d'œil à son homologue, il traça la première rune de la pointe de sa baguette et celle-ci s'illumina dans l'air avant de disparaître, dissipant avec elle celle de la porte. La seconde rune était un "cen", le feu. Il traça donc un "isaz", la glace. Puis apparut "gyfu", le don et il traça d'une main sûre la rune "nyd", le besoin. Enfin apparu "daeg", qui sous-entendait la création. Après une seconde d'hésitation, il traça "ear", la fin. Le sceau magique disparut un instant plus tard et il s'autorisa à souffler. Le Mangemort avait terminé en même temps que lui et Harry hocha la tête.
- Bien joué, Rookwood. Allons-y.
La petite pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer semblait conserver toutes les possessions les plus précieuses de l'Ordre. Harry trouva rapidement une boîte contenant toutes les baguettes confisquées car en plus de la sienne, il y avait aussi celle de Drago et celle de Severus. Il rangea la baguette de Montgomery et empoigna sa propre baguette avec soulagement. Il avait l'impression de retrouver une vieille amie. Il enfouit ensuite la boîte dans sa sacoche avant de parcourir la pièce du regard. Il y avait peut-être ici des informations qui pouvaient intéresser Voldemort, mais d'un autre côté, devait-il aider un homme qui utiliserait ces informations pour faire plus de mal encore ? Il n'eut cependant pas le loisir de prendre une décision car Rookwood prit la parole :
- Julius, tu n'as qu'à prendre ce côté, je me charge de celui-là. Potter, voyez si vous pouvez trouver quelque chose d'utile dans les coffres face à vous.
Harry retint un soupir et ouvrit néanmoins prudemment l'un des coffres qui se trouvaient devant lui. Il n'était protégé par aucun sort et révéla plusieurs parchemins de moindre importance mais aussi un qui attira son attention. Il reconnut immédiatement l'écriture de Hermione et tressaillit en comprenant de quoi il s'agissait : C'était la liste des membres de l'Armée de Dumbledore, autrement dit, toutes les recrues potentielles de l'Ordre du Phénix ou qui étaient au moins hostile au gouvernement actuel.
Il ne fallait surtout pas que Voldemort ou l'un des deux Mangemorts ne tombe dessus mais il préférait tout de même éviter de le laisser entre les mains de l'Ordre. Il ne pouvait pas le détruire dans l'immédiat sans attirer l'attention mais il eut une idée. Il traça discrètement une série de runes à l'intérieur du coffre avant de le refermer. Ainsi, son piège serait impossible à enrayer depuis l'extérieur et la prochaine personne qui l'ouvrirait verrait son contenu se détruire sous ses yeux. C'était la meilleure chose à faire. Il fouilla les deux autres coffres sans trouver quoi que ce soit de notable avant de se retrouver vers les deux Mangemorts comme si de rien n'était.
- Je n'ai rien trouvé. Continuons tout droit pour voir où mène ce couloir. Apparemment Drago et Rogue n'ont pas encore été retrouvés.
Travers maugréa quelque chose d'inintelligible derrière son masque, mais accepta cependant d'ouvrir la marche. Des éclats de combats lointains leur parvenaient à travers les murs mais il semblait bien qu'ils avaient été les seuls à s'engager dans ce couloir, et donc qu'ils pouvaient potentiellement croiser un adversaire intact à un moment ou un autre.
Un peu plus loin, le couloir se divisait en deux et Travers se porta spontanément volontaire pour vérifier la partie droite tandis qu'ils iraient à gauche, au soulagement de Harry qui n'avait pas vraiment envie de rester ici plus longtemps que nécessaire. Accompagné de Rookwood, il arriva bientôt dans ce qui semblait être les cellules de la base.
Par chance, il semblait que le gardien avait abandonné son poste. Harry parcourut les différentes prisons du regard et il ne put retenir une exclamation choquée en trouvant celle dans laquelle était son ancien professeur. Rogue portait son habituelle tenue mais elle était désormais en lambeaux, et son visage, son torse et ses bras étaient parsemés d'une multitude d'hématomes et de plaies plus ou moins graves.
Son teint, naturellement pâle, était désormais cireux, signe qu'il devait avoir perdu une certaine quantité de sang, et ses yeux étaient profondément cernés. On aurait dit un cadavre ambulant.
- Rogue !
Harry s'empressa d'ouvrir sa cellule pour l'aider à se relever, mais le potionniste se dégagea avec une grimace.
- Laissez-moi, Potter et par Salazar, ne m'humiliez pas davantage avec votre pitié ! Est-ce que vous avez ma baguette ?
Le jeune homme consentit à se reculer et fouilla dans son sac avant de tendre l'objet à Rogue. Immédiatement, le potionniste se mit à murmurer plusieurs sorts pour faire apparaître des bandages autour de ses membres blessés et Harry invoqua un broc d'eau qu'il accepta avec un hochement de tête avant de le vider d'une traite.
- Vous pouvez marcher seul, professeur ?
- Evidemment, pour qui me prenez-vous ? Et cessez de m'appeler ainsi, je ne suis plus votre professeur, Merlin merci ! Alors ainsi, vous avez rejoint nos rangs ?
Il avait désigné la tenue de Harry d'un mouvement de menton et ce dernier souleva son masque pour le regarder dans les yeux.
- Non ! Voldemort veut que je porte cette tenue pour éviter que l'Ordre ne me prenne pour cible.
Le visage de Rogue se fendit d'un rictus, comme s'il s'amusait de la situation.
- C'est une sage précaution, votre très cher Ordre vous veut au pilori. Vos dernières actions les ont passablement énervés, j'en ai moi-même même fait les frais depuis la mort de Shacklebolt.
- Ce n'est pas moi qui ai tué Kingsley.
- Ça, je m'en doute bien. Est-ce que vous avez trouvé Drago ? Ils nous ont séparés depuis notre arrivée ici et je crains que certaines jeunes recrues de l'Ordre n'aient décidé de faire de lui un exemple, en représailles pour ce qu'il a pu leur faire subir à Poudlard.
- Quoi ?! Qui ça ?
Rookwood intervint alors.
- Pas le temps de discuter, on n'est pas là pour mener une enquête ! La base tout entière est ratissée par les nôtres, Severus. Où que soit le jeune Malefoy, nous le trouverons et qui que soient ses tortionnaires, s'ils sont ici, ils mourront cette nuit. Sortons d'ici, le maître sera sans doute satisfait de te voir en vie.
Harry pouvait presque voir le sourire mauvais de Rookwood en disant ça. Il savait que Rogue avait été longtemps le favori de Voldemort et de nombreux Mangemorts avaient envié sa place. Pour autant, Rogue restait plus intelligent que la moyenne et savait toujours se montrer utile.
Même si l'échec de Rogue avait provoqué cette situation, Harry doutait que Voldemort ne veuille le tuer dans l'immédiat.
Ils firent ainsi demi-tour et eurent la surprise de voir Travers les attendre à un croisement en compagnie de Drago Malefoy qui semblait en relativement bon état comparé à Rogue. Harry pressa le pas, heureux de revoir son camarade.
- Hey, Drago, comment vas-tu ?
- Harry, c'est toi ?
La réponse du Serpentard stoppa Harry immédiatement et il tendit sa baguette droit vers Drago qui eut un mouvement de recul.
- Ce n'est pas Drago Malefoy. Poussez-vous, Travers !
Le Mangemort n'eut cependant pas le temps de réagir. Harry n'avait même pas terminé sa phrase que le faux Drago Malefoy avait sorti la baguette qu'il avait dû cacher dans sa manche et il menaçait désormais Travers en l'utilisant comme bouclier humain.
- Alors, Potter, qu'est-ce que tu vas faire ? Jusqu'où es-tu prêt à aller pour sauver tes nouveaux amis, sale traître ?
- Et bien c'était efficace de vous faire porter un masque, indubitablement !
Harry secoua la tête en entendant la remarque pleine de sarcasme de Rogue mais il n'avait pas quitté le faux Drago du regard ni baissé sa baguette.
- Mes nouveaux amis ? Je ne sais pas qui tu es, mais tu fais erreur, je me moque complètement de ce qu'il peut lui arriver. En revanche, je cherche Drago Malefoy et quelque chose me dit que tu sais où il se trouve…
- J'ai fait partie de l'Armée de Dumbledore, à l'époque où tu prétendais encore te battre dans le camp du bien. Mais j'ai toujours su que tu étais un menteur, Potter. Lorsque tu nous as abandonné, ça ne m'a même pas étonné. Au moins à présent, tu montres ton vrai visage aux yeux de tous !
Son visage était grimaçant, signe qu'il devait ressentir une haine ou du moins une jalousie tenace envers Harry qui essayait encore d'associer un nom au preneur d'otage. Ce fut Rogue qui lui donna la réponse.
- Je connais cette voix… Zacharias Smith, si je ne m'abuse. Doué pour les enchantements mais terriblement arrogant et une écriture digne d'un troll. Je ne vous pensais pas assez inconscient pour rejoindre l'Ordre du Phénix.
- Taisez-vous ! Je suis un descendant de Helga Poufsouffle en personne ! Il est de mon devoir de lutter contre les mages noirs qui gangrènent notre pays !
Harry profita de sa colère pour jeter un sortilège de sable mouvant à ses pieds et Zacharias fut déséquilibré, permettant à Travers de s'enfuir. Pas assez rapidement cependant car le Poufsouffle jeta un Bombarda dans le dos Mangemort qui hurla sous la douleur et fut projeté en avant par le souffle de l'explosion. Mais les effets du sort ne s'arrêtèrent pas là. L'onde qui en avait résulté avait fendu le sol sur toute la largeur du couloir et d'inquiétants craquements se faisaient à présents entendre tout autour d'eux. Rookwood invoqua un bouclier pour les protéger des débris qui commençaient déjà à tomber du plafond.
- Cet imbécile a fragilisé la structure. Il faut qu'on déguerpisse d'ici !
- Hors de question ! Drago Malefoy est quelque part. Si on ne le trouve pas, il va finir enseveli vivant !
- Je me moque de Malefoy. Suivez-moi, Potter. Le maître m'a chargé de vous ramener entier et je compte bien lui obéir !
Harry lui jeta un regard de pur défi avant de se lancer à la poursuite de Zacharias Smith qui avait profité du tremblement de terre pour s'enfuir. Harry entendit Rookwood lâcher un juron derrière lui mais il ne s'arrêta pas pour autant.
Il n'avait jamais craint le danger et quand bien même Voldemort avait décrété qu'il était précieux, cela n'était pas près de changer. Il était désavantagé par rapport à son adversaire qui connaissait les lieux, cependant il était un meilleur athlète que lui et il le rattrapa bientôt, débouchant dans une large salle où quelques cadavres gisaient déjà sur le sol.
Au moins cette fois il n'allait pas être gêné par les murs. Il attaqua immédiatement Zacharias qui entre-temps avait repris son apparence originelle. Son ancien camarade s'était manifestement entraîné depuis la dernière fois qu'il l'avait vu car il para son sort immédiatement.
Le Poufsouffle avait le visage rougi par sa course et le regard farouche. Il jeta un maléfice mais Harry l'esquiva presque sans y penser avant de contre-attaquer. Il n'avait pas le temps de tester son adversaire car de la poussière tombait régulièrement du plafond et il restait persuadé que la vie de Drago était en jeu. Il jeta plusieurs Stupefix informulés en faisant exprès de viser légèrement à côté pour mettre Zacharias en confiance mais son adversaire avait fait partie de l'Armée de Dumbledore et connaissait son adresse.
Loin de se laisser prendre au piège, il lui lança des sortilèges explosifs en rafale que Harry fut bientôt obligé de contenir pour éviter que le plafond ne lui atterrisse sur la tête.
- Ce n'est pas comme ça que tu pourras t'échapper, tu sais ! Voldemort a jeté un sort antitransplanage sur la zone. Je veux juste savoir où est Drago Malefoy !
- Tu ne comprends pas, Potter ! Quoi qu'il arrive je suis mort donc quitte à partir, autant en emporter le maximum avec moi ! Cette salle est le cœur de la base. Tu ne pourras pas contenir tous mes sorts ! Bombarda Maxima !
Ainsi il l'avait volontairement amené ici… Harry serra les dents, car lutter contre Zacharias Smith exigeait toute sa concentration. Le Poufsouffle n'avait plus rien à perdre et était devenu de ce fait un adversaire redoutable. Il ne lui laissait désormais plus le temps d'attaquer et la poussière dégagée par ses explosions rendait difficile la visée.
Harry ne pouvait lui-même pas utiliser l'environnement sans fragiliser encore davantage la structure, il allait donc devoir réussir à le toucher directement, sans passer par ses subterfuges habituels. C'est alors qu'il eut une idée. Zacharias était un sorcier Sang Pur, fier de ses origines. Il était donc loin de s'attendre à voir Harry foncer sur lui pour lui décocher un violent coup de pied entre les jambes.
Le Poufsouffle paniqua en le voyant si proche et resta ridiculement pétrifié par son agression. Le coup de pied lui arracha un cri de douleur et son premier réflexe fut de placer ses mains devant son sexe. Bien évidemment, Harry avait prévu ce geste et jeta immédiatement un Terrent Aurae qui trancha la main droite de son adversaire avec une rapidité effroyable. Zacharias se mit à hurler alors qu'une gerbe de sang jaillissait de plaie béante qu'était devenue son poignet. Harry éloigna d'un coup de pied la main coupée qui tenait toujours la baguette avant de déséquilibrer Zacharias, sa baguette pointée vers sa gorge.
- Où est Drago Malefoy !
- Je dirais rien. Tue-moi, maintenant, qu'on en finisse ! Comme ça ton maître pourra te féliciter !
- Tu sais, Zacharias, on peut parfaitement survivre avec une main en moins. Bien sûr, si je t'abandonnais ici, tu mourrais de soif en moins d'une journée, mais d'ici là, j'ai largement le temps de te torturer pour te faire parler. Alors soit je mets fin à tes souffrances, soit on va rester encore un moment ensemble, mais je ne te promets pas que tu vas apprécier. Où est Drago Malefoy ?
Le Poufsouffle se mit à ricaner.
- Tu rêves… Si je crève, lui aussi il crève. Et tu n'imagines pas combien cette simple idée me rend heureux. J'suis pas près de te dire où je l'ai planqué !
Harry soupira. Il n'avait certainement pas prévu de torturer un ancien camarade d'école, mais l'obstination de Zacharias le mettait au pied du mur. Déjà qu'il venait de jeter le sort qu'il s'était promis de ne plus jamais utiliser quelques mois plus tôt… Il jeta un Incarcerem bien serré qui immobilisa le Poufsouffle tout en faisant office de garrot mais il se sentit incapable d'utiliser un Doloris. Il s'assit au sol avec un soupir.
- Je suis pas fait pour être Mangemort.
- T'es pitoyable, Potter. Et c'est à moi que tu dis ça !
Autour d'eux, la poussière s'était dissipée et les craquements s'étaient espacés. Apparemment la base n'était pas encore prête à s'écrouler. Harry observa plus en détail le champ de bataille qui l'entourait. Au moins un Mangemort était tombé mais il n'avait aucune envie d'aller soulever son masque pour connaître son identité et du reste, il s'en fichait un peu. Il se releva en entendant quelqu'un approcher. Heureusement, c'était Rogue, baguette à la main et il était seul.
- Potter. Vous comptez rester ici encore longtemps ?
- Rogue. Vous avez semé Rookwood ?
- Je l'ai convaincu de raccompagner Travers jusqu'à la sortie. Je lui ai dit qu'après toutes ces années à vous courir après, je n'aurais aucun mal à vous retrouver. Il n'avait pas l'air très désireux d'affronter un effondrement pour vous poursuivre.
Harry secoua la tête, amusé malgré lui par les remarques de Rogue. Mais un coup d'œil à la "situation" lui fit reperdre son sourire immédiatement.
- Il ne veut pas parler. Il a caché Drago quelque part pour qu'il y meure. Je ne sais pas quoi faire.
- Et je n'ai pas de Veritaserum sur moi. Il va donc nous falloir trouver une solution. Je suis certain qu'un digne Gryffondor comme vous sera capable de trouver une alternative à la torture.
Harry fit la moue. Pourquoi ne pas utiliser l'autre Impardonnable ? Zacharias avait fermé les yeux mais Harry savait qu'il écoutait leur conversation attentivement. Il soupira à nouveau et harangua sa victime de la pointe de sa baguette.
- Dernière chance, Zacharias.
- Va au diable, Potter.
- Ça tombe bien, il m'attend juste dehors. Par contre, il n'est pas aussi patient que moi et je n'ai pas envie de lui donner une autre raison de me jeter un sort. Donc maintenant on ne discute plus… Impero ! Dis-moi où tu retiens Drago Malefoy, maintenant.
Le regard de Zacharias se fit vague et tout son corps se détendit. Il garda cependant le silence et Harry craignit pendant un moment que sa volonté soit plus forte mais il ouvrit finalement la bouche, sa voix atone témoignant de l'efficacité du sort.
- Il est dans ma chambre, je l'ai enfermé dans une cage recouverte d'un sortilège d'illusion en forme d'armoire.
Harry dissipa l'Incarcerem et souleva Zacharias par le col de ses vêtements pour le forcer à se relever, occasionnant une gerbe de sang sur le sol.
- Et bien tu vas nous y conduire. Allez, on te suit.
Il prit soin de ramasser la baguette au sol et de la mettre dans sa poche arrière avant de quitter la grande salle. Rogue le suivit et ils durent traverser plusieurs couloirs, enjambant de temps à autre le cadavre d'un membre de l'Ordre, jusqu'à arriver dans la pièce occupée par Zacharias Smith.
Ils ne croisèrent aucun autre Mangemort, apparemment la majorité d'entre eux avait déserté les lieux depuis que la menace d'un effondrement avait retenti. Dans la chambre, l'ameublement y était très sommaire : Outre une grande armoire qui faisait un peu décalée avec le reste de la pièce, il y avait simplement un lit avec un coffre à son bout, une table de nuit, un bureau et une chaise. Une tapisserie représentant l'emblème de Poufsouffle était accrochée au mur et un tapis réchauffait un peu l'atmosphère mais cela ne suffisait pas à compenser l'ambiance sinistre due à l'absence de fenêtre.
Zacharias indiqua l'armoire à l'aide de son moignon sanglant et Rogue jeta un Finite Incantatem qui dispersa l'illusion, révélant une sordide cage magique d'un mètre carré où Drago Malefoy était prostré, les poignets et les chevilles liées par un Incarcerem. Il était inconscient et lorsque Harry dissipa la cage, il s'affaissa sur lui-même comme une poupée de chiffon. Severus l'allongea délicatement sur le sol et Harry tendit la main pour sentir son pouls. Sa peau était glacée et ses bras et son visage étaient maculés de blessures.
- Son cœur bat mais faiblement. Par contre, je ne connais presque aucun sort de soin.
Rogue secoua la tête et pointa sa baguette sur Drago.
- Revigor. Drago, DRAGO ! C'est moi, Severus Rogue. Comment vous sentez-vous ?
Le Serpentard papillonna des yeux en poussant un long gémissement et Harry invoqua un broc d'eau pour le proposer à son camarade tandis que Severus l'aidait à se redresser. Drago semblait souffrir intensément, et il ne fit pas un geste pour attraper le récipient tendu.
- Pro… fesseur… Potter, c'est toi ? Ce connard de Smith… il m'a torturé… J'ai les deux bras cassés.
Rogue l'aida à boire et jeta les sorts de premiers soins, posant une attelle sur chacun des bras de Drago. Harry souleva son masque, offrant un visage contrit à son camarade :
- Les Mangemorts ont envahi les lieux et tué tous les membres de l'Ordre présents. Voldemort nous attend à la sortie. Est-ce tu penses pouvoir marcher ?
- Pas tout seul. Comment vous m'avez retrouvé ?
Harry s'écarta, désignant du pouce Zacharias qui se tenait à quelques pas derrière lui, toujours envoûté par le maléfice. Drago écarquilla les yeux en le reconnaissant, son visage se déformant soudain sous le coup d'une rage intense.
- Lui ! Laissez-moi le tuer ! JE VEUX LE BUTER POUR TOUT CE QU'IL M'A FAIT ! Je veux me venger ! Potter, dis-moi que tu as ma baguette !
La voix de Drago était éraillée, comme s'il était sur le point de pleurer et Harry recula d'un pas face à la fureur manifeste de son camarade. Il semblait à bout de nerf, ses émotions saturées par un mélange de douleur, de haine et de honte. Rogue aida Drago à se relever et Harry sortit la baguette d'aubépine de son sac pour la glisser dans sa main.
- Tiens. Je ne ferais rien pour t'en empêcher.
Rogue n'avait pas lâché le Serpentard qui semblait toujours au bord de l'évanouissement, comme si sa vengeance était la seule chose qui le faisait encore tenir debout. Il le mit cependant en garde, s'attachant une nouvelle fois à jouer ce professeur qu'il n'était plus.
- Vous n'aurez qu'une seule chance, Drago. Au vu de vos blessures, la puissance requise par ce sort va vous assommer, j'espère que vous en êtes conscient.
Drago avait presque arraché sa baguette de la main de Harry et si ses jambes tremblaient, ce n'était pas le cas de la main qui tenait la baguette. Il était manifestement on-ne-peut-plus déterminé à mettre fin aux jours de son bourreau. C'était légitime, au vu des blessures qui maculaient son corps, il avait dû passer un sale quart d'heure et quelque part, Harry était plutôt soulagé de ne pas avoir à le faire lui-même.
Il se détourna d'ailleurs et s'éloigna de quelques pas, peu désireux d'assister à la mort d'un ancien camarade. Il détestait la guerre qui les obligeait à s'affronter et subir ce genre de choses. Il n'avait jamais apprécié Zacharias Smith. C'était un élève arrogant, presque aussi suprémaciste des Sang-Purs qu'un Mangemort et qui avait souvent cherché à le décrédibiliser lorsqu'ils étaient à Poudlard. Mais il ne l'aurait pas cru capable de torturer quelqu'un de sang-froid. Et Drago allait devenir un meurtrier par sa faute.
- AVADA KEDAVRA !
Le hurlement de Drago eut quelque chose d'un peu enragé, mais il fonctionna. Zacharias Smith s'écroula en arrière comme une statue que l'on venait de briser, son corps atterrissant sur le sol avec un bruit sourd et terriblement angoissant. Son visage n'exprimait plus rien et Harry sentit un frisson d'effroi le parcourir. Il avait envie de s'enfuir, loin de ce regard vide que le mort portait sur lui, mais il resta pétrifié. Ce fut finalement la voix de Rogue qui le sortit de sa stupeur.
- Potter… POTTER ! Réveillez-vous, il faut y aller. Aidez-moi à soulever Drago !
Drago était à nouveau tombé inconscient entre ses bras et Harry parcouru d'un pas la distance qui le séparait de son ancien professeur, impatient à l'idée de quitter cet endroit.
- Comment va-t-on le transporter jusqu'à la sortie ?
Il avait soulevé le corps inconscient pour soulager Rogue et le potionniste leva un sourcil méprisant.
- Ça me semble évident, Potter, vous devez faire léviter son corps jusqu'à la sortie, et ne comptez pas sur moi pour le faire à votre place, ma magie est actuellement à son niveau le plus bas.
Harry remit son masque et jeta le sort, faisant léviter le corps de Drago devant lui. Le Serpentard portait encore une partie de son uniforme de Poudlard et les manches en lambeaux pendaient de part et d'autre de ses épaules. Rogue lui avait apposé plusieurs bandages mais à en juger par ses traits marqués, il semblait encore souffrir malgré son inconscience.
Harry espérait au moins que la mort de son tortionnaire l'avait soulagé moralement… Ils progressèrent ainsi dans les couloirs, Rogue claudiquant derrière lui et Harry fut impressionné par l'attitude du Mangemort.
Il restait imperturbable malgré la situation, sans compter le fait qu'ils traversaient littéralement un champ de cadavres, et Harry en fut soulagé. Il avait déjà bien assez à gérer avec ses propres émotions pour devoir faire avec celles des autres. Mais alors qu'ils marchaient depuis plusieurs secondes, Rogue rompit le silence qui s'était installé.
- Que s'est-il passé lorsque vous vous êtes enfui ?
- Je pensais que l'Ordre vous l'avait déjà raconté…
- Oh, ils m'ont dit que vous étiez le pire des traîtres, un être abject assoiffé du sang des innocents, ça pour sûr. Mais j'aimerais savoir ce qu'il s'est réellement passé.
- L'homme chargé de me surveiller était Charles Montgomery, le père des jumelles du même nom. Il voulait tuer Nagini mais comme je lui ai crié en fourchelang de ne pas sortir du sac, il m'a mis un coup d'épée. Forcément ça a fait sortir Nagini et il en a profité pour l'attaquer. Ça m'a en quelque sorte enragé… J'ai réussi à me libérer, j'ai volé la baguette de l'homme et je l'ai tué. Je n'ai pas réfléchi, l'idée qu'on lui fasse du mal m'était insupportable.
Harry se retourna juste à temps pour voir Rogue plisser les yeux.
- Le familier du Maître semble avoir acquis pour vous une grande importance.
- Oui. Quand il… Je veux dire… C'est elle qui m'a capturée. J'étais persuadé que j'allais mourir. Mais elle m'a dit que je pourrais vivre, si je lui obéissais. Depuis, elle est restée tout le temps avec moi ou presque… Ça s'est fait comme ça.
- C'est donc par crainte de mourir que vous avez décidé de vous soumettre ?
- Non ! Mais il m'a fait comprendre que ma quête était vaine. Et il a accepté d'épargner mes amis. C'était la seule solution. Et je ne voulais pas devenir un martyr.
- Je vois. Et ensuite ? Comment est mort Kingsley ?
- Nagini a activé le Portoloin pour me ramener à la maison et il était là, comme avant. Il avait besoin d'aide pour récupérer l'intégralité de ses pouvoirs et je n'avais d'autre choix que de la lui fournir. Mais Kingsley m'avait jeté un sortilège de traçage et lorsqu'il nous a retrouvé, cette fois Voldemort l'a tué. Il n'y a rien à dire de plus.
- C'était un homme intègre comme il en a peu. Incompatible avec notre époque, sa mort était inéluctable.
Cette fois, ce fut Harry qui plissa les yeux, mais comme il portait toujours son masque, Rogue ne le vit pas.
- Vous êtes vraiment à part pour un Mangemort.
- J'évite les morts inutiles quand je le peux mais je n'hésite pas à tuer quand cela s'impose. Servir le Maître ne consiste pas simplement à massacrer aveuglément tout ce qui se trouve sur notre passage. À vous de trouver votre place, Potter.
Harry continua à marcher, méditant sur les derniers propos de Rogue. Lorsqu'ils passèrent enfin les portes de la base, il retrouva l'air frais avec un certain soulagement. Tous les Mangemorts ou presque se trouvaient là et Voldemort avait dû s'impatienter, en témoignait la présence de Travers et Rookwood allongés au sol à ses avaient probablement dû recevoir quelques Doloris pour l'avoir abandonné.
Harry s'avança jusqu'à rejoindre le mage noir et déposa lentement Drago sur le sol avant de s'incliner devant Voldemort, imité par Rogue. Voldemort leva sa baguette, provoquant un frémissement dans l'assemblée.
- Ah, vous voilà enfin ! Il a encore fallu que tu joues le noble sauveur des âmes en détresse... J'espère pour toi que tu as une bonne excuse pour avoir pris tant de temps !
Harry se sentait encore assommé par les longs corridors empuantis par l'odeur de la mort, mais il devait répondre sans quoi Rogue ou même Drago risquaient de faire les frais de la mauvaise humeur du mage noir.
- Un membre de l'Ordre avait enfermé Drago Malefoy et l'avait dissimulé sous une illusion. J'ai dû le poursuivre, le combattre et le faire parler. C'est lui qui a essayé de faire s'écrouler la base.
Le visage de Voldemort s'étira en un sourire satisfait. Il se pencha et retira le masque du visage de Harry avant de l'inciter à se redresser d'un doigt sous le menton. Comme Harry s'y attendait, Voldemort plongea brièvement dans ses souvenirs et il lui donna ce qu'il attendait : Le combat contre Zacharias Smith et la mort de ce dernier, quelques instants auparavant.
- Oh, mais que vois-je… Tu as réutilisé ce sort finalement ! Et Drago a préféré le tuer de ses mains pour laver son honneur. Amusant… Bien, Messieurs ! Cette nuit est une réussite. L'Ordre est désormais réduit à une volée de moineaux, sans tête pour les diriger ni base pour les rassembler. Corban ! Tu vas me piéger l'entrée pour tuer ceux qui viendraient chercher leurs morts. Vous autres, vous pouvez rentrer chez vous. Lucius, tu t'assureras que ton fils puisse reprendre son service bientôt. Sesha, Nagini, nous rentrons.
Nagini vint s'enrouler autour de Voldemort et Harry se laissa étreindre pour le transplanage. Il n'avait qu'une hâte : retirer ses vêtements tâchés de sang et sombrer dans le sommeil. Une partie de lui avait envie d'oublier tous les combats et les morts de la nuit tandis que l'autre voulait tout faire pour garder à jamais ce souvenir gravé dans son cœur. Voldemort lui avait dit qu'il finirait par s'habituer à la violence mais il ne voulait surtout pas devenir aussi insensible qu'un Mangemort.
Une fois de retour dans les ténèbres rassurantes de leur jardin, il s'écroula à genoux, moralement épuisé par la violence des heures précédentes. Mais plutôt que de le forcer à rejoindre la demeure comme il en avait l'habitude, Voldemort resta à ses côtés, la main posée sur sa nuque.
- Même si ton combat n'était pas très honorable, tu as su utiliser le sortilège que je t'avais enseigné et pour cela je suis fier de toi.
Une impression familière l'entoura et dans sa fatigue, Harry mit quelques secondes à l'identifier. Voldemort avait posé deux doigts sur son front, caressant doucement sa cicatrice et c'était comme s'il avait déployé sa magie pour entrer en connexion avec l'Horcruxe en lui et le calmer. Harry ne pouvait nier que c'était efficace.
Il inspira longuement, dodelinant de la tête, la nuque toujours prisonnière de la main gauche de Voldemort. Ce n'était pas désagréable, plutôt… apaisant. Nagini était aussi venue pour frotter sa tête contre son torse et un minuscule sourire réapparut sur son visage.
- Si je n'avais pas été là ce soir, Drago Malefoy serait sans doute mort à l'heure qu'il est, donc je suis assez content que vous m'ayez emmené, même si j'ai dû assister à... tout le reste. Je me dis que je peux tout de même faire de choses bien en étant à vos côtés...
- Tu m'en vois ravis. Oublie ces hommes, ils étaient nos ennemis. Ils n'ont aucune importance. Maintenant que tu es diplômé, nous allons consacrer les prochains jours à ton entraînement. J'ai beaucoup de choses à t'apprendre. Je compte bien faire de toi le plus puissant des Mangemorts… Mon Sesha.
Spéciale dédicace aux copines du Discord qui ont toujours un mot gentil, un encouragement ou un conseil et surtout à Lessa (même si elle ne lira jamais ce chapitre ^^) pour m'y avoir invité et avoir rompu ma solitude. Si j'ai réussi à mener ce chapitre là où je le voulais malgré cette période compliquée, c'est surtout grâce à vous. 💙
Chapitre 2 prévu vendredi 16 avril au plus tard (peut-être plus tôt comme mes vacances ont été avancées à vendredi prochain).
