Chapitre 2

Il était dans la cave. Il avait encore été puni pour ce que son grand frère adoptif avait fait. Son frère n'avait qu'un an de plus que lui, mais comme il le méprisait du haut de ses huit ans! Flavien lui en avait sept. C'était sa huitième famille adoptive, et il n'était pas sûr qu'il aurait vraiment du quitter l'autre. Les services sociaux avaient découvert que sa septième famille adoptive cachait de la contrebande grâce à ce qu'il avait dit sans le faire exprès à l'assistante sociale qui venait le visiter tous les mois. Il n'avait pas voulut le dire, mais c'était sorti tout seul. On l'avait alors enlevé de cette famille pour la mettre dans celle-ci. Pourtant, il n'était pas bien heureux ici, mais sa mère adoptive lui avait bien fait comprendre de « fermer sa yeule » comme elle l'avait si bien dit.

Flavien serra son hippopotame mauve en pluche contre lui. Grégoire était son meilleur ami maintenant. C'était peut-être une vieille peluche, mais c'était Mamie Louise qui lui avait donné quand il avait trois ans. Mamie Louise avait été sa 2e famille adoptive, mais elle était morte peu après d'une crise cardiaque. Pourtant, c'était elle que Flavien avait aimé le plus. Elle avait tellement été gentille avec lui, tellement douce! Elle lui avait aussi donné un caillou vert transparent un jour ou ils étaient allés à la plage. Ce n'était en fait qu'un morceau de verre usé par la mer, mais Flavien le traînait partout ou il allait, caché dans le creux de sa poche. Quand il avait peur et qu'il n'avait pas Grégoire avec lui, il serrait son caillou très fort dans le coin de sa poche et c'était comme si Mamie Louise lui donnait un peu de courage.

Il n'aimait pas la cave. C'était un endroit très sombre, et il y avait toujours des insectes qui grimpaient un peu partout. C'était un endroit qui lui faisait peur et c'était probablement pour ça que Pauline l'avait mis là. Elle savait qu'il craignait la cave et elle l'avait donc puni en l'envoyant là.

Flavien serra Grégoire plus fort. Il n'avait même pas été là quand Justin était tombé de l'arbre. Pourtant, son frère était allé pleurer dans les jupes de sa mère en disant que c'était Flavien qui l'avait poussé. Évidemment, Pauline l'avait cru immédiatement, et avait envoyé le plus jeune en punition. Flavien pleurait doucement sur la peluche mauve de son toutou.

-Grégoire? Penses-tu qu'elle va me laisser ici encore longtemps?

Il renifla un peu, et regarda autours de lui.

-J'aime pas la cave Grégoire…Toi non plus hein?

Flavien avait peur de s'asseoir par terre, de peu qu'une créature décide d'aller le rejoindre. Il attendit encore quelques minutes, puis :

-Penses-tu que Bob va m'attendre longtemps près du chêne? D'habitude, si je suis pas là après 10 minutes, il sait que je suis en punition, mais des fois y oublie…

Bob et Flavien s'étaient rencontrés à l'école pendant l'année scolaire. Ils étaient devenus très vite copains. Après l'école, ils se rendaient toujours près du vieux chêne à l'entrée du boisé pour aller jouer. Même maintenant que l'école était finie, ils continuaient d'y aller à la même heure. Pauline ne voulait pas que Flavien sorte trop tôt, mais elle le laissait toujours libre tout l'après-midi. Mais aujourd'hui encore, il avait manqué le rendez-vous à cause de ce stupide Justin! Flavien ne détestait personne, mais son frère adoptif lui tapait royalement sur les nerfs! Il l'accusait toujours de tous les mauvais coups qu'il faisait. Sa mère adoptive croyait évidemment son fils avant le petit nouveau. Flavien avait eu beau se défendre, il avait fini par comprendre que ça ne servait à rien. Maintenant il se laissait juste faire sans rien dire.

Flavien frissonna. C'était l'été mais il faisait frais dans la cave pour un petit garçon en T-shirt et en culottes courtes. Flavien tourna Grégoire et le regarda. Les yeux en plastique de la peluche étaient aussi noirs en profonds que son possesseur.

-T'as froid Grégoire? Je vais te réchauffer…

Flavien frotta son hippopotame mauve quelques instants, puis la trappe de la cave s'ouvrit soudainement.

-Flavien? Fit la voix de Pauline, Viens-t-en ici, j'ai quelque chose pour toi.

Le petit garçon monta les marches grinçantes des escaliers en bois en se demandant si ce quelque chose était bon ou mauvais pour lui…