chapitre b

Cela faisait maintenant une semaine que Harry avait habité chez Severus. Le yakuza se rappela en souriant du moment où Harry lui avait ordonné de l'aider à déménager ses affaires, sans doute pour se venger des deux jours de repos forcé qu'il avait dû subir par sa faute...

Severus appréciait vraiment la vie avec Harry, malgré le fait qu'il avait toujours été habitué à vivre seul. Mais pouvoir torturer son nouveau colocataire à n'importe quel moment de la journée était définitivement un plus à ne pas négliger...

Severus avait assigné deux gardes du corps à son amant, qui le suivaient dans tous ses déplacements, et même s'il ressentait aisément la gêne du jeune homme face à cette manœuvre, il savait que Harry ressentait le besoin de celle-ci. De cette manière, il ne voulait pas priver son amant de sa liberté en l'assignant à résidence mais lui laisser vivre sa vie. Mais il avait tout de même l'agréable surprise de retrouver le jeune homme chez lui tous les soirs, lorsqu'il rentrait du boulot. Quelle bonne idée de le laisser vivre ici décidément !

Néanmoins, après un peu de vie commune, Severus prit conscience d'un point qui l'ennuya quelque peu. D'après ses observations personnelles et les rapports de ses hommes, il s'était rendu compte que Harry restreignait considérablement ses sorties, préférant passer la majeure partie de son temps dans l'appartement, quitte à louper le travail. Ce n'était pas un ennui d'un point de vue financier mais connaissant son tempérament, c'était définitivement très étrange que Harry se laisse entretenir comme ça, lui qui était plutôt du genre à lui crier au visage qu'il deviendrait riche par ses propres moyens et qu'il n'avait besoin d'aucune aide de sa part.

Severus lâcha un soupir. Il était peut-être un peu trop parano, son métier le poussait sûrement à ne voir que le pire quelle que soit la situation. C'était sûrement ça. Il actionna la poignée de la porte de son appartement et ses yeux se posèrent directement sur Harry, assis sur le canapé et les yeux fixés sur les immeubles visibles de la fenêtre. Le jeune homme ne fit aucun geste qui pouvait laisser penser qu'il avait entendu la porte s'ouvrir et il se dirigea vers lui, jusqu'à poser une main sur son épaule. Sa réaction fut violente, ce qui surprit considérablement le yakuza. D'un geste brusque, il se leva du canapé tout en poussant un cri strident, et se retourna vers Severus en plantant son regard dans le sien. Celui-ci découvrit avec stupeur un regard exprimant une frayeur intense, qui ne dura qu'un instant, avant que Harry ne redevienne lui-même en reconnaissant son amant.

« Vous aviez passé le mot où quoi, pour me faire une crise cardiaque ! »

Alors il n'avait pas rêvé ? Quelque chose était définitivement étrange chez lui...

Severus remarqua que le jeune homme évitait délibérément son regard, les yeux baissés voilés par quelques mèches de cheveux. Le yakuza s'approcha alors de lui et d'une main, il lui saisit le menton pour le forcer à le regarder. Lorsque ses orbes d'ébènes rencontrèrent ceux d'émeraudes, il n'y découvrit qu'une lueur interrogatrice et plus rien de la panique qu'il avait entraperçue précédemment.

"Eh... ?

Le yakuza resta un moment à le fixer en silence, semblant rechercher quelque chose d'anormal dans son regard, mais rien. Satisfait, il esquissa un sourire.

Dans les mois qui suivirent, les soupçons d'Asami se transformèrent bientôt en certitude : Harry vivait très mal la situation. Le yakuza avait aisément pu remarquer, lors de leurs quelques sorties en couple, les regards apeurés que Harry n'avait de cesse de jeter par-dessus son épaule. Le jeune homme n'avait pourtant rien à craindre : en compagnie d'un des chefs de la mafia et entouré d'une dizaine de gardes du corps, il fallait être totalement suicidaire pour essayer de s'en prendre à eux.

Mais celui-ci lui assurait à chaque fois que tout allait bien, souriant alors d'un air forcé. Si ce fait avait été le seul notable, la situation n'aurait pas été aussi inquiétante. Mais Harry en était ensuite venu à faire des crises de panique. La première était survenue trois mois plus tôt, Severus avait alors enlacé le jeune homme de ses bras protecteurs pour lui faire ressentir qu'il n'avait rien à craindre et avait attendu un long moment que son amant se calme. Puis les crises s'étaient multipliées. Et il était venu un moment où juste enlacer Harry n'avait plus suffi et Severus avait été contraint à étreindre le jeune homme pour le calmer.

Le yakuza ne savait pas comment faire autrement, il n'avait jamais été très doué avec les mots et pensait que des gestes pouvaient tout résoudre. Alors il essayait de rassurer Harry par ses gestes. Mais que ferait-il quand l'étreindre ne suffirait plus ? Severus donna un coup de poing violent dans la table qui se fracasse en contacte avec sa main. Il se sentait totalement impuissant, mais que pouvait-il faire de plus ? Lui qui avait l'habitude de tout contrôler, cette situation le mettait dans une colère noire.

Deux mois encore passèrent, Severus ne pouvant qu'assister impuissant au désespoir de son amant. L'état du jeune homme ne s'était pas du tout amélioré, bien au contraire, et le nombre de crises avait encore augmenté, ses étreintes pour calmer le jeune homme étant à chaque fois plus longues. Combien de temps encore la situation pourrait continuer de cette manière ? Pas longtemps, sinon Harry voudra s'en aller.

Severus entendit soudain la porte de la chambre s'ouvrir et se retourna pour tomber sur son amant. Le jeune homme, les yeux baissés vers le sol, semblait hésiter à lui dire quelque chose, triturant ses doigts d'un geste nerveux.

"Rogue je dois te dire quelque chose." Babutia-t-il entre ses dent, ne voyant pas la préoccupation de son plus âgé amant en entendant le vouvoiement indiscret sortir de ses lèvres qu'il chérissait. Le jeune homme releva brusquement les yeux, une lueur décidée dans le regard. Severus, d'un signe de tête, l'invita à continuer.

"Ça ne peut plus durer ! Cette situation doit s'arrêter."

Severus resta silencieux un instant, attendant des éclaircissements de la part de son amant. Voyant que ceux-ci ne venaient pas, le yakuza en demanda, légèrement anxieux de la réponse de Harry.

"Je pense que l'on doit prendre des distance entre nous."

De nouveau, Harry sembla puiser tout le courage qu'il avait pour prononcer la phrase fatidique.