Stiles est en train de dormir quand son téléphone se met à sonner. Ça fait 3 jours maintenant qu'il est dans un état végétatif. Le premier matin il a juré qu'il ne se laisserait plus jamais aller à la boisson comme ça ; sa cuite le faisait regretter et il n'avait aucune idée de comment il était rentré chez lui. Il se souvenait vaguement d'avoir été accompagné, et il avait remercié son proprio qui habitait au premier étage parce qu'il était évident qu'il n'avait pas réussi à ouvrir la porte tout seul. (Comme son proprio était un vieux sénile, il vaut juste fait un signe de main et, comme à chaque fois c'était toujours gênant entre eux) Bon sang, il s'en voulait a mort parce que ce n'était pas comme ça que son père l'avait appris et que de manière générale se bourrer la gueule au point de ne plus avoir ne serait-ce qu'un souvenir de la veille, c'était toujours une mauvaise idée. Il s'en était voulu pendant toute la matinée, priant pour ne pas avoir accidentellement tué quelqu'un avec sa Roscoe hier soir.
Mais cette abstention n'avait pas duré parce que le soir même il était déjà en train d'entamer sa propre bouteille de rhum. Les cuites au rhum étaient les pires pour lui. Il regretta vraiment, cette fois. Et il passa le troisième jour entre son lit et les toilettes, à se demander ce qu'il allait bien faire de sa vie, maintenant, et à gerber en y pensant.
Il ne sait pas trop comment le dire à son père et celui-ci croit sûrement qu'il se prépare au plus gros défilé de sa carrière parce que les messages qu'il a reçu de son paternel sont des messages d'encouragement maladroits avec des tournures de phrases que Stiles soupçonne de ne même pas exister. Stiles ne sait même pas comment lui dire qu'il sait que sa patronne l'a tiré au sort pour annuler son projet et qu'il ne trouvera pas d'investisseurs pour ses œuvres parce que, eh bien, il n'avait plus aucune œuvre. Et d'ailleurs y avait-il seulement eu un défilé de prévu ? Il a la terrible impression de vivre un cauchemar dont on ne se réveille pas et d'être le spectateur de sa vie de la pire façon qui soit. C'était terrifiant. Sur les 6 tenues qu'il avait réalisé dans son atelier, 3 étaient parties en fumée. Il restait bien les 3 autres robes dans son dressing, dont une qui attendait toujours qu'il fixe les rivets de son corsage. Il était tenté d'aller finir la robe quand même mais ça lui paraissait tellement inutile.
De toute façon, ses tenues étaient visiblement destinées à n'être portées par personne. Toute la bonne volonté du monde ne suffisait pas à avoir du talent. Il songea à ses 4 mannequins habillés dans son dressing, et au nombre incalculable de tenues qu'il n'avait jamais vu porté autre part que sur lui-même. S'il avait déjà commencé à penser que c'était une possibilité auparavant, là, il était convaincu qu'un truc ne voulait juste pas qu'il vive de sa passion. Était-ce seulement une passion ? Un métier ? Avec du recul n'était-il pas au final qu'un type tordu de plus qui avait une sorte de fascination pour les poupées ? Peut-être que son projet d'avenir n'était qu'un kink de type en malaise dans sa propre identité et sexualité ? Oh mon dieu il était déjà en train de détruire les 5 années de thérapie de confiance en lui que lui avaient accordé Lydia, Danny et Jack-Jack (dans une moindre mesure, bien évidemment). C'était assez pathétique.
Stiles songea qu'il ferait peut-être mieux de commencer à faire ses cartons maintenant, et revendre toutes ses affaires de couture aussi, parce qu'il n'aurait de toute façon pas assez d'argent pour finir l'année dans cet appartement dans l'état où sa vie se trouvait. C'était ridicule de songer à bouger en réalité parce que s'il était trop vidé pour se laver et s'habiller depuis 3 jours, bien sûr qu'il n'allait pas commencer à préparer un déménagement maintenant. Il laissa son téléphone sonner dans le vide. C'était sûrement Scott qui s'inquiétait du peu de message qu'il lui avait envoyé depuis qu'il s'était fait virer. Lydia quant à elle avait été attentive et révoltée au début mais elle connaissait Stiles, alors elle l'avait laissé tranquille et elle était sûrement en train d'attendre la fin de son hibernation. Lydia était une fille incroyable et Scott aussi à sa manière, mais il ne se connaissaient pas encore assez pour être aussi fusionnels que la rousse et lui. Stiles ne doutait pas que ça n'allait pas prendre de temps à l'être de toute façon. Scott était un mec vraiment trop cool, et ils s'entendaient comme s'ils étaient frères. Mais là, il voulait juste être seul et continuer sa crise d'injustice. Scott pouvait bien attendre.
Le téléphone se remit à sonner tout de suite après la fin de son premier vacarme et le châtain se mit à grogner. Il ramassa son oreiller autour de sa tête, cria brièvement à l'intérieur et comment ça à chercher son téléphone a tâtons sur le matelas. La personne qui l'appelait devait avoir une bonne excuse. Il plissa les yeux à la luminosité de l'écran (parce qu'il vivait dans le noir depuis des jours) et il ne prit pas la peine de regarder le nom de son interlocuteur. Il décrocha en commençant à parler d'une voix molle.
- Scott, je sais que tu t'inquiètes pour moi et c'est mignon, hein mais-...
- Stiles ! L'interrompit une voix.
Stiles se figea. Ce n'était pas du tout Scott. Scott n'avait pas une voix féminine. Scott n'était même pas une femme.
- Je pensais que j'allais t'étriper ! Depuis quand tu ne réponds pas à mes appels ?!
- Lydia ? Demanda Stiles, incertain.
Il n'avait pas entendu la voix de Lydia par téléphone depuis des mois. Elle préférait largement le harceler de messages en temps normal.
- Maintenant, Allume ta télévision. Chaîne 143.
- Quoi ? Demanda Stiles, perdu. Il regarda son téléphone comme s'il allait lui expliquer pourquoi Lydia était devenue folle.
- Stiles ! S'énerva-t-elle. Fait juste ce que je te dis et allume ta putain de télévision, chaîne 143.
- Hein ?
- Stiles ! Cria-t-elle.
- Okay, Okay, attend je retrouve la télécommande. Il sortit de son lit, et trouva sa télécommande sur sa table de chevet.
- Chaîne 143, tu dis ?
Elle confirma et il zappa les chaînes aussi vite qu'il put, stressé par le brouhaha qu'il entendait de là où se trouvait sa meilleure amie.
Stiles bailla et il demanda pendant que son téléviseur cherchait la chaîne qu'il avait tapé :
- Tu pourrais me dire qu'elle heure il est, Lydia ? J'suis déphasé.
- 20 heures et demie. Répondit-elle au tac au tac.
Stiles grimaça. On était le vendredi, maintenant. C'était sûrement l'ouverture du gala de Laura Hale. Sa télévision s'alluma enfin sur la chaîne que Lydia avait demandé. Ça montrait une place noire de monde et même si le son était éteint, les gros titres du reportage et les logos de marque qu'il pouvait voir dans l'image donnaient le ton : c'était le début de cérémonie du défilé lancé par HaleWillness. Par reflexe, il se mit à chercher le R stylisé de la marque de Rancy.
La tristesse lui fendit le cœur et sur le coup il en voulu à Lydia. Qu'est-ce qu'il lui prenait de lui rappeler aussi clairement qu'il aurait dû être là-bas, lui aussi ?
- euh, Lydia ? Tu réalises que je bois comme un trou depuis 3 jours justement pour m'empêcher de penser à ça ?
- Tais toi ! Exigea-t-elle. Attend de voir Laura arriver !
- Lydia, ça ne m'amuse pas. Je sais que t'es sur place et que t'as des places, puisque tu fais du mannequinat et tout, et en temps normal j'aurais été super heureux de commenter le défilé en direct et j'aurais même commencé une ode à Laura Hale avec toi, mais sérieusement, ce n'est juste pas le moment...
Il pinçait l'arrête de son nez en regardant ailleurs parce que rien qu'en parler lui donnait des larmes aux yeux.
- Oh mon dieu, tais-toi ! Elle semblait vraiment énervée et Stiles avait juste envie de lui raccrocher au nez. Non mais sérieusement ? C'est lui qui aurait dû s'énerver ! Qu'est-ce que c'était que cette attitude ?
- Regarde ta putain de télé et explique-moi ce bordel, maintenant. Avec le décalage l'arrivée des Hale sur le podium ne devrait pas tarder à passer.
Il poussa un petit soupir bref et releva la tête. Effectivement sur l'écran la caméra avait arrêté de filmer les spectateurs et se braquait maintenant sur une scène noire, recouverte d'un tissu en velours et Stiles soupçonnait des reflets bleu nuit et violets en fonction des prises de vue. Éclairée sobrement par des led blanches de part et d'autre, un grand rideau en velours noir était fermé au fond de la scène. C'était exactement comme ça qu'on lui avait décrit la salle qu'il allait avoir à décorer quand il était encore à la tête de son atelier.
Il y eu quelques secondes de blabla d'une présentatrice en robe de soirée puis la caméra revint sur la grande scène lorsque Laura Hale fit son entrée accompagnée par son frère qu'elle tenait par le bras, et très vite suivie par Cora Hale et toute l'équipe de couturier et stylistes de proximité de la jeune brune.
Laura était sublime. Comme toujours. Elle portait un une robe sirène noire et dorée qui avait l'air d'être faite d'une dentelle tellement fine que ça ressemblait à des sortes de tatouages sur ses bras. La robe était à manches longues avec des épaules découvertes et un dos nu à tomber par terre. Ses cheveux chocolat, lissés, s'accordaient avec son teint hâlé et faisaient ressortir ses boucles d'oreille en or qui arboraient la forme de sa marque : le triskèle. Elle était sublime. Rien ne clochait chez elle. Non en fait, ce qui clochait, c'était le type qui lui tenait le bras et qui détonnait avec le sourire lumineux de sa sœur par une expression neutre presque aussi professionnelle que celle d'un mannequin. Oh oui, un truc clochait.
Parce qu'il portait un truc que Stiles ne connaissait que trop bien.
- qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Lâcha-t-il
- Maintenant explique moi, Stiles. Devinant qu'il avait fini par voir les images.
-... Lydia, pourquoi Derek Hale porte mon costume ?
- Ça c'est ma question ! S'épouvanta Lydia.
Le Costume en question était la première commande qu'on lui avait faite. Il avait passé tellement de nuits dessus qu'il était sûr d'être capable de donner le nombre de points que l'aiguille avait fait pour souder tous ses morceaux ensemble. Il était à peu près sûr d'avoir déjà pleuré de fatigue en le faisant. Oh bordel, il l'avait brodé lui-même après tout !
Il avait conçu le costume en free-lance sur un mixage entre un costume italien et britannique. Le tissu était plus fin qu'un modèle anglais, mais il n'avait vraiment pris la peine d'insister sur le rembourrage des épaulettes.
Visiblement, les épaules de Derek Hale comblaient totalement ce manque de toute façon. La partie droite du revers à cran était brodé de fil doré et ça s'étendait du col jusqu'à l'épaule en descendant à mi-hauteur. Le dessin représentait des plumes de paon sur le devant, mélangé aux motifs complexes des pétales et boutons de roses qu'il avait dessiné et brodé une à une. La composition s'harmonisait par des motifs de feuillages. Il avait utilisé un fil plus ou moins fin et plus ou moins iridescent, ce qui donnait une impression d'écaille à chaque pétale différent.
Le pantalon a pince demi-break qu'il avait imaginé tombait sans break sur les hanches de Derek. Il devait avoir des jambes un peu plus longues que son modèle de base. La même broderie que le blazer s'étendait sur sa cuisse et le côté de sa jambe gauche. Le frère de Laura portait une chemise noire aux boutons ouverts sur sa gorge et Stiles voyait d'ici que c'était une chemise à col italien et il mourait d'envie de la boutonner. Le veston a col en V profond et sans revers entièrement brodé était visible parce que Derek avait ouvert la veste pour être plus à l'aise. Stiles fixa alors les détails : les deux boutons des pans avant, les 2 boutons des manches, les poches plates formelles et sans revers : tout lui indiquait que c'était son travail.
- Lydia, c'est mon costume ! Il porte mon costume !
- Stiles, pourquoi Derek Hale porte ton costume ?
Le jeune styliste couina et se précipita même jusque dans son dressing, fouillant a la recherche de la housse dans laquelle son putain de costume était sensé moisir depuis un an et demi au moins. Mais ladite blouse était introuvable.
- Il n'est plus ici, Lydia !
Il commençait doucement et sûrement à paniquer et les relents d'alcool de la veille et l'avant-veille lui montaient à la tête. Même s'il avait passé la Journée à vomir, il était certain que ses nausées n'étaient rien à côté de ce qui se passait actuellement dans sa tête.
- Bien sûr qu'il n'est plus chez toi, idiot ! Il est devant moi !
A l'écran, Laura et Cora Hale étaient maintenant prises en vidéo en train de saluer les plus grandes représentantes (et représentants) de mode du pays. A côté d'elles, un Derek Hale avec une main dans la poche avait l'air ailleurs. Stiles aurait pu jurer qu'il était en train de chercher quelqu'un (et qu'il ... reniflait ?). Alors qu'il jetait un coup d'œil panoramique à la foule autour d'eux, son regard finit par croiser la caméra et il plissa les yeux.
Stiles senti son cœur tomber dans son estomac quand la caméra fit un zoom sur le noiraud. Oh fuck. Il était vraiment beau. Une petite voix dans sa tête ajouta même : et il porte ton costume, Stiles ! Un type trop beau porte ton costume ! Le châtain secoua la tête et attrapa la télécommande pour mettre le volume.
" - ...-rek Hale ne fait pourtant pas partie des mannequins-égéries de HaleWillness et il a d'ailleurs confié dans son dernier interview qu'il n'y connaissait rien à la mode.
- Sa sœur a toujours souligné en rigolant qu'il avait toujours eu mauvais goût. Fait remarquer une deuxième présentatrice d'un ton amusé.
Elles sont en trains de commenter les images avec force de motivation et de bonne humeur. Ça ferait presque mal à la tête.
- Peut être que c'est une simple taquinerie entre frères et sœur ? parce qu'aujourd'hui ça saute aux yeux : Derek Hale est un canon ! Wow !
- Finalement, et contrairement à la légende urbaine, il saurait même sortir de l'ennui de ses costumes noirs pour porter de somptueux vêtements !
- Est-ce une pièce unique créée par sa sœur ? "
Alors que les deux commentatrices du live continuaient de parler, la caméra intercepta un mouvement de Laura qui se rapprochait de son frère. Il se pencha vers elle pour entendre malgré le brouhaha et Stiles s'enorgueillit de la chute de reins qui apparut quelques secondes à l'écran. Son travail était parfait. Il se sentait si stupidement fier et si stupidement déboussolé
Lydia au bout du fil semblait s'être isolée pour parler plus calmement avec Stiles.
- Stiles, comment c'est possible ?
- J'en ai absolument aucune idée... Marmonna-t-il, déphasé et hypnotisé par les écailles dorées du col de son costume. Son costume porté par quelqu'un. Son costume porté par un sombre inconnu. Son costume porté par un sombre inconnu sexy.
- Tu... T'es fait cambrioler ?
- Cambrioler ? Au 5eme étage ? Cambrioler des vêtements ? Cambrioler par Derek Hale ? Pourquoi il serait venu dans mon appartement, même ?
- Est-ce que par hasard tu aurais laissé le costume chez Rancy ? je ne sais pas, peut-être qu'Erica l'a mis en vente ?
- Ce costard est coincé dans mon dressing depuis une éternité, Lyd. Il était même en quelques sortes destiné à y rester pour le restant de mes jours. Et puis Erica a beaucoup de défauts mais elle ne l'aurait jamais vendu sans mon accord, c'est absurde.
- En même temps, à quand remonte la dernière fois où tu as touché à ce costume, de toute façon...
Stiles sait que ce n'est pas vraiment une question, et que c'est plus un constat. Mais il décide d'y répondre quand même parce que cette situation lui échappe totalement.
- Eh bien, il est resté sur un mannequin pendant environ 4 mois après le mariage. Je l'ai rangé quand j'ai été embauché chez Erica. Ça fait plus d'un an. ... Oh mon dieu, Lydia, qu'est-ce que je suis sensé faire ? Aller réclamer mon costume à Derek Hale ?
- Honnêtement ça serait du gâchis, vu le cul que ça lui fait. Après un petit bruit appréciateur, elle ajoute : Sérieusement cette fente à l'arrière semble avoir été faite pour ses fesses, Stiles.
(Et quelles fesses)
- Stiles, il faut que tu viennes. Déclare-t-elle soudainement comme si voir le séant moulé d'un Hale pouvait lui donner de très bons conseils.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Tu te poses la question ? Vraiment ? Derek Hale porte ton œuvre, l'artiste se doit d'être sur place !
Rien qu'avec le ton d'autosuffisance qu'elle utilisait, Stiles pouvait voir le hairflip de sa meilleure amie juste en l'écoutant.
- Non mais Lydia, je ressors de 3 jours de cuite et de dépression et tu sais ce que j'ai conclu de tout ça ? J'ai conclu que j'ai été viré de chez Rancy parce que je n'ai pas été à la hauteur ni de sa marque ni de la haute-couture en général : je n'ai même pas d'invitation individuelle pour assister au défilé. Alors quoi ? Je me pointe et je fais quoi ? Je regarde de loin le putain de complexe sportif qui a été loué juste pour l'occasion ? Je choisi entre me jeter d'un pont ou me jeter sous une voiture ? Je n'ai pas ma place là-bas, Lyd. Même si Derek Hale porte mon costume. Même si je suis l'artiste.
De l'autre côté du téléphone, Lydia grogna. Et Stiles grimaça parce que la dernière fois que Lydia Martins avait grogné devant lui, la semaine d'après elle avait bousillé la vie d'un type. C'était i ans : Matt Deahler, une ordure de paparazzi avait installé des caméras dans la salle de bain d'une des amies de Lydia. De ce qu'il se souvenait de l'histoire, Stiles savait que Matt avait maintenant un suivi psychologique à cause de Lydia et qu'il avait en plus purgé une peine de 2 ans d'emprisonnement pour divulgation de clichés infantiles des enfants d'une autre mannequin. Et puis, par je ne sais quel moyen, Matt Deahler n'avait en quelques sortes plus l'autorisation d'acheter du matériel pourvu de caméra ou d'appareil photo. Parfois Stiles le croisait dans la rue et s'il n'était pas au courant de son passé de connard, il aurait sans doute pitié de ce qu'il était devenu.
Lydia allait commencer sa diatribe envers Stiles quand quelqu'un sonna et tambourina à sa porte. Il fixa celle-ci avec défiance, s'attendant à voir Lydia sortir de son trou à tout moment. Il la pensait totalement capable. D'ailleurs, il s'en assura.
- ... C'est toi ?
- Comment veux-tu que ça soit moi, imbécile ?
Il finit par se lever, enveloppé dans un plaid et il ouvrit la porte, priant pour que ça ne soit pas son proprio ou ... Ou la personne qu'il avait sous les yeux en ce moment même.
- ... Erica Reyes ?
C'est à 20 heures 43 qu'il reçut un message lui signifiant qu'il était viré. Mais à ce moment-là, Stiles venait juste de passer dans les bras de son 5ème bar. Il n'avait même plus la force de pleurer. Il avait juste abandonné son rêve d'enfance au moment où il avait quitté la boutique Rancy®. Ça faisait trop longtemps qu'il travaillait sur ce projet et son père lui avait dit que si son travail ne devenait pas plus rentable d'ici un ou deux ans, il devrait commencer à penser à un autre métier, à un changement de carrière. Et il avait tout misé sur ce défilé. Parce qu'il représentait l'unique moyen de faire décoller sa carrière.
Stiles n'avait pas envie d'abandonner sa passion mais il devait avouer que son père avait raison. Même s'ils vivaient ici depuis longtemps et que son paternel était Shérif, cela ne devait pas signifier qu'ils gagnaient bien leur vie. Ils parvenaient à peine à payer le studio que Stiles occupait dans le centre-ville pour se rapprocher de la boutique. Il avait sacrifié beaucoup pour cette carrière de styliste. Beaucoup trop. Trop d'argent, trop de temps et trop d'efforts. Et maintenant, trop de lui-même, peut-être ?
Avec le litre d'alcool qu'il avait dans le sang, il se sentait juste désolé. Désolé d'avoir emmené son père dans sa galère. Il n'avait pas de mauvais résultats au lycée, il aurait dû prendre une autre voie. Devenir avocat, peut-être médecin, même. Son père l'aurait mérité. Il n'aurait pas dû lui faire ça. Il se sentait coupable. Dans sa tête, il énumérait les différentes phases du deuil comme une litanie, comme s'il avait vraiment perdu une personne en quittant son métier.
Et c'était peut-être le cas. Puisqu'il se perdait dans la rue et qu'il ne savait même pas où il posait les pieds. Si les bars l'acceptaient encore sans le prendre pour un ivrogne, c'était seulement parce que sa démarche était droite. Lui qui ne marchait pas très droit naturellement, à cause du stress et de ses tics, enivré, sous alcool, il devenait presque normal. Stiles se fit la réflexion que c'était peut-être parce qu'il était toujours passablement bourré quand il dansait que les gens lui disaient qu'il avait le sens du rythme.
Il ne regardait même plus les enseignes où il s'engouffrait. Il dut entrer dans un pub de luxe parce qu'il lui sembla que son porte-monnaie se vidait plus vite que d'habitude. Il était accoudé sur un bar. D'une main, il faisait tourner son whisky dans son verre, fixant les glaçons avec une certaine fascination. Le café était presque vide et la musique de jazz était si basse qu'il l'entendait à peine. Il s'appuya sur le bar en résine noire pour se tourner vers la salle. Il y avait quelques tables, des pots de fleurs exotiques et les sièges du lieu étaient en cuir sombre. Le parquet clair, beige, donnait une ambiance tranquille. Comme les autres clients étaient trop loin pour qu'il n'écoute leur conversation, il se détourna de la salle et revint vers son verre. Il aimait bien la musique, il aimait bien le veston rayé du barman, il aimait bien le bruit des glaçons sur le verre. Alors Stiles resta là un moment. Il parla, babilla. Sans s'arrêter, jusqu'à ce qu'il oublie la forme des phrases et que son interlocuteur ne fasse même plus semblant de l'écouter, partant s'occuper d'autres personnes. Il attendit tellement qu'il vit la pièce s'emplir. A 22 heures, le serveur lui demanda de partir. Il ne voulait pas qu'un homme ivre reste ici alors que les petits riches se rejoignaient.
Stiles se laissa faire avec un sourire méprisant. Il regardait les femmes se parler les unes sur les autres. Il voulait s'approcher des plus belles robes, les complimenter sur leurs sacs. Mais il serait mal vu. Et puis, le barman le lui avait interdit quand il avait émis l'hypothèse de le faire, dans son babillage constant. Celui-ci le mit à la porte en lui proposant d'appeler un taxi. Il paraissait presque sympathique dans sa façon de le jeter dehors.
Stilinski déclina l'offre et, faisant semblant d'appeler quelqu'un pour venir le chercher, il attendit que le barman ne le laisse tout seul. Dès qu'il fut sûr du résultat, il s'assit sur l'un des bancs extérieurs et souffla un coup. Scott et Lydia, les deux personnes qu'il avait prévenu dès son renvoi, lui avaient laissé plus de 20 messages chacun, lui demandant où il était, ce qu'il s'était passé, si c'était une blague. Le jeune homme n'avait juste pas envoyé d'SMS à son père, trop honteux. Il rangea son téléphone sans donner de réponse, certain que tous les messages qu'il essayerai d'écrire ce soir seraient inintelligibles et illisibles. Il ne se souvenait plus où était garée sa voiture ni même où était son appartement. Il allait se remettre à pleurer quand il entendit des voix derrières lui.
- T'inquiète pas, Laura, je vais juste rentrer. Je ne m'amuse pas, ici.
- T'es sûr ? demanda une voix moins rauque. Tu sais, t'as besoin de décompresser, toi aussi. Tu devrais rester avec nous, Der'.
- Nan, vraiment, c'est bon. J'en ai eu assez.
- Ça pourrait te faire du bien. Insistait grossièrement la femme avec qui l'homme parlait.
- Laura. Grogna l'autre en avertissement.
- D'accord, d'accord. Elle abdiqua et Stiles entendit ses talons revenir à l'intérieur du bar.
L'homme soupira derrière lui. Il ne le voyait pas mais Stiles se mit à frissonner au premier pas qu'il entendit. L'aura de danger qui s'échappait de lui était tellement forte qu'il avait l'impression de se faire écraser par une grue ou l'équivalent de la tour Eiffel. Mais quand sa respiration se fit hacher par cette pression, il se sentit étrangement mieux, comme si on lui avait offert une ancre pour sortir du trou où il se trouvait. Et s'il se sentait misérable sur son banc, là, proche de lui, à l'instant où l'inconnu passa à ses côtés, il se sentait juste bien. Comme protégé, comme dans une bulle. Son regard fut attiré vers la personne qui s'éloignait dans la rue.
C'était un homme grand, 1 mètre 80, peut-être plus. De dos, Stiles ne pouvait voir que ses cheveux noirs, un début de barbe et une carrure imposante. Ainsi qu'une veste de costard qui ne lui allait pas du tout à la taille. Le pan droit de la veste était plié et devait s'être prit dans la ceinture de l'individu. Stiles avait l'impression que l'air vibrait autour de lui tant son instinct en prenait un coup à cause de l'atmosphère qui se dégageait de l'inconnu. D'habitude, il fuyait ce genre de types à tout bout de champs. C'était comme avec Scott, mais avec une puissance comme multipliée : il avait l'impression qu'il était en danger constant. Peut-être même qu'il allait mourir s'il le frôlait. Ça le faisait flipper. Si un jour il se mettait à traîner avec des personnes pareilles, Stiles avait peur d'être emmené dans des histoires desquelles il n'était pas sûr de pouvoir sortir indemne. Pendant quelques secondes, il se demanda pourquoi il s'était mis à traîner avec Scott.
C'est pourquoi il ne comprit pas son propre geste quand il partit à la poursuite de l'autre homme, le hélant de toutes ses forces. La suite, Stiles ne s'en souvint plus.
Wow ! Quel accueil !
Merci beaucoup pour tous vos messages, suivis et favoris ça m'a fait tellement chaud au coeur !
Si j'arrive un peu tard, c'est parce que je viens tout juste de finir mes partiels (je pense avoir réussi, mais je croise les doigts !) c'était si frustrant de voir vos messages arriver et de ne pas pouvoir vous répondre alors que vous m'avez tant motivée (oui parce que l'appli de fanfiction ne me permet pas de vous répondre :(( )
De fait, je le fais dès maintenant :
flibulle :
Tu ne crois pas si bien dire avec les rubans :P et j'espère que la suite va te contenter : Stiles ne se laisse jamais faire après tout...
Rompolaris :
J'ai tellement hâte de publier la suite ! aaaah je suis trop motivée x)) ! J'espère que ce chapitre t'as plu et que la suite te plaira encore plus (promis on verra encore plus de Hale) !
( visiblement les points d'exclamations sont contagieux mdrr )
Zessliana :
Oooh, je suis contente si le début en mise en bouche a pas été trop lourd (j'avais l'impression de faire un flot d'information sans fond...) et j'espère que ce chapitre et es prochains vont réussir a changer ton avis sur Erica, au moins un petit peu... c'est dur de pardonner quelqu'un qui vire stilounet, je sais (je m'en veux mdrrr)
Theel394 :
Hey hey hey reverse !
Alors sache que moi non plus j'y connais pas grand chose en mode (j'apprends sur le tas, alors j'espère que je ne dis pas n'importe quoi...). Tout ce que j'ai comme expérience, c'est les quelques petits trucs que j'improvise avec ma machine... ( autant dire que c'est pas du tout une référence mdrrr).
D'un côté je suis contente parce que ça veut dire que j'ai réussi a faire passer des émotions dans mon texte mais en même temps j'ai l'impression de blesser votre petit coeur D:
J'espère que tu vas apprécier Erica par la suite (c'est une petite peste mais on l'aime quand même, j'ose espérer)
Pour ce qui est des plannings d'écriture, je pense faire environ une semaine (les deux semaines précédentes étaient exceptionnelles parce que j'avais mes examens, mais en temps normal, si je suis a bloc sur la motivation, je peux écrire très vite)
Merci beaucoup pour ta review :3
TataLotus
Héhé, je suis contente d'avoir attiré ton attention et j'espère que la suite te plaira ;))
ChocolatB
Voilà un second chapitre ! alors, tu as eu quelques réponses à tes questions ? J'espère que tu vas avoir de nouvelles réponses au prochain chapitre ;))
Vamps-Wolf
Hello Vamp's, si tu as aimé le premier chapitre, j'espère que celui-ci est a la hauteur de tes attentes ? Désolée du retard, j'espère que je ne t'ai pas perdue dans ce laps de temps :0 Merci d'avoir pris le temps de me laisser ton avis, ça m'a fait super plaisir !
Akane :
Hello, Merci beaucoup pour tous ces compliments j'espère que ce chapitre là te plaira aussi :D (Désolée de l'attente en passant, et merci pour ta review ! )
lesaccrosdelamerceri
Hey ! "les accros de la mercerie" ? aurais-je affaire a des spécialistes de la couture ? (j'espère que je dis pas trop de bêtises dans ce que j'écris si c'est le cas... ) Merci pour ta review et j'espère que la suite te plaira !
Courb44 :
Tu m'as fait exploser de rire avec ton "J'espère que Stiles lui fera bouffer ses chaussures." ! on sentait vraiment toute ta rage wow ! j'espère que tu vas apprécier un peu plus Erica par la suite (elle est pas si horrible) (je crois...) merci pour ta review !
Ptitanonymous :
Hey ! J'hésite a répondre a tes questions maintenant ou a te laisser la surprise... :P (mais oui, je reste dans l'univers des loups garous : qu'est-ce qu'un Derek sans grognement, après tout ?) Merci pour toute la motivation !
