Hey ! Comment allez-vous ? Plus que deux semaines et je suis en vacance ! Pouah, la bonne blague ! Cette année je ne peux échapper au stage.
Bref... Voici la suite de cette histoire. Je pense qu'elle ne va pas prendre le chemin que vous avez imagé, dans le sens où on va tout de suite faire un bon dans le temps de 11 ans. Ce chapitre 2 est le plus long des quatre. Il fait plus de 8 600 mots. Ça peut pas paraitre beaucoup. Mais il va sûrement vous falloir une demie-heure pour en venir à bout.
Shadow : La suite ne s'annonce pas plus légère ^^ Au contraire, même. J'espère que ce trèèèèès long chapitre va te plaire !
Pouletroti : J'espère que cette suite va te plaire ! Malheureusement, si je voulais des enjeux intéressant, je ne pouvais pas raconter toute leur enfance dans le désert. D'autant plus qu'il ne va pas s'y passer grand chose... D'où la raison de ce bond dans le temps ! J'avais besoin qu'Akashi, le plus jeune, soit assez âgé pour avoir des responsabilités si je voulais raconter mon histoire. Mais j'espère garder le côté très familiale de leurs relations.
Sur ce, bonne lecture !
02. Onze ans plus tard
Récapitulatif des âges (approximatif) : Akashi 15 ans, Aomine 16 ans, Midorima 17 ans, Kise 18 ans, Murasakibara 20 ans, Kagami 21 ans et Kuroko 22 ans.
Aomine venait de finir d'allumer le feu avec les quelques bouts de bois qu'ils avaient ramassé en chemin. Ce soir, ils étaient chanceux : ils avaient repéré une crevasse dans la montagne, à l'abri du vent glacial. Avec un peu plus de chance, leur feu durera quelques heures, le temps pour eux de somnoler avant de reprendre la route.
Ils étaient assis en cercle autour du petit feu, les genoux contre la poitrine, grelottants. Leurs vestes n'étaient pas assez épaisses pour les protéger efficacement. Ils soufflaient dans leurs mains rougies par le froid. Murasakibara était le seul debout. Il tenait les bouts de viande au-dessus du feu pour les faire cuire. C'était long.
Kagami donna un coup dans l'épaule de Kuroko pour lui éviter de s'endormir trop profondément. Les temps étaient de plus en plus durs. Ils manquaient cruellement de sommeil.
Les enfants avaient vécu deux premières années difficiles dans les terres désolées par la sécheresse et la poussière radioactive. Ils avaient parcouru tout ce qui était Honshu et s'étaient réfugiés vers le nord. Durant ces deux premières années, ils n'avaient rencontrés aucun autre humain. Ils n'avaient compté que sur eux-même. Et ils avaient survécu. Au nord, le temps était légèrement moins sec et il arrivait qu'il pleuve en hiver. De loin, ils avaient aperçu les grands refuges de l'humanité, comme NeoKyoto ou NeoTokyo. De grandes masses noires hermétiques dans lesquelles les derniers hommes vivaient reclus. Jamais ils ne leur étaient venu à l'idée de les rejoindre pour vivre dans le confort relatif de ces abris. Avoir un matelas leur manquait beaucoup parfois.
Au bout de ces deux ans difficiles, le climat changea un peu. Les températures baissèrent, il pleuvait plus souvent. Petit à petit, le climat devint tempéré. Il y avait plus d'animaux, de plantes, d'arbres. Les enfants ne souffraient plus autant de la chaleur et de la soif. Ils purent penser à s'installer quelque part. Ils restaient sur place environ un mois puis bougeaient. L'idylle dura cinq ans. Cinq ans à manger à leur faim, à dormir sur de l'herbe moelleuse, à boire de l'eau cristalline descendant des glaciers en train de se reformer sur les plus hautes montagnes.
Durant ces cinq années, les enfants croisèrent des humains. C'étaient des hommes venant des abris qui avaient décidés d'essayer de survivre dans ce monde devenu plus amical. Les enfants restaient quelques semaines avec eux, le temps de profiter des petites maisons en bois qu'ils construisaient et des matelas qu'ils avaient amené avec eux. Ils faisaient le plein de vivres et changeaient de vêtements. Pour Akashi et Aomine qui n'avaient presque aucun souvenir de la civilisation, c'était un choc. Ils écoutaient les histoires des plus grands, s'abreuvaient des contes et légendes passées que Kuroko et Kagami ne leur racontait jamais.
Même si la situation était plus stable, Kuroko et Kagami restaient méfiants. Ils ne restaient jamais longtemps avec les autres humains pour éviter que ceux-ci ne pervertissent l'esprit des plus jeunes. Les deux plus grands avaient éduqués Akashi, Aomine et Midorima. Ils étaient leurs grands-frères. Il voulaient faire d'eux des personnes bonnes, raisonnables et généreuses. Ce que tous ces adultes n'étaient plus vraiment.
Quand ils s'installaient quelque part pour un petit mois, ils ne volaient pas toutes les ressources autour d'eux. Ils ne prenaient que le nécessaire. Il y avait plus d'animaux mais ils ne mangeaient pas beaucoup plus, plus de fruits mais ils n'en mangeaient tout de même qu'un par jour chacun. Cela dit, ils trouvèrent grâce à Midorima un procédé pour conserver la nourriture plus longtemps. Kuroko et Kagami savaient que le climat était des plus instable depuis les cents dernières années. Cela dit, l'Humanité n'avait plus côtoyé ce genre de températures depuis un moment. Souvent, la période tempérée durait quelques mois avant de retomber dans des extrêmes de froid ou de chaud.
Et ce qu'ils craignaient finit par arriver. Les températures chutèrent au cours du printemps de leur septième année de liberté. Les nuits se faisaient plus fraîches, il y avait de la brume chaque matin, les populations d'animaux diminuaient. Les humains qui avaient décidés de quitter les abris se sédentarisaient en sentant la période glaciaire approcher.
Quand les enfants les croisaient, ils en profitaient pour récupérer des vêtements de plus en plus chauds et du bois qu'ils transportaient sur leur dos. Les temps étaient de nouveau rudes.
Heureusement pour eux, la transition jusqu'à l'ère glaciaire fut plutôt lente. Ils eurent le temps de se préparer et de penser à un moyen de survivre sur le long terme. Pour commencer, ils migrèrent vers le sud, s'accordant ainsi un sursit d'environ trois mois.
Kuroko et Kagami étaient peut-être les plus âgés, ils déléguèrent néanmoins petit à petit les grandes décisions à Akashi. Même si ce dernier n'avait que quinze ans, il était malin et ses initiatives les aidèrent à de nombreuses reprises. Kise était leur rayon de soleil. Sa bonne humeur semblait ne jamais faillir. Midorima avait appris à reconnaître les bonnes des mauvaises plantes et savait de mieux en mieux soigner les plaies du quotidien. Dès qu'ils croisaient des humains, il en profitait pour apprendre d'avantage. Il disait que le soin était le meilleur moyen de survivre.
Désormais, leur situation était compliquée. Encore plus que quand ils s'étaient échappés pour prendre leur vie en main. Le froid était impitoyable. Impossible de parcourir de grande distances, difficultés à trouver de la nourriture, à se chauffer. La chaleur ne posait pas les mêmes problèmes, il y avait toujours un rocher pour faire de l'ombre et pouvoir se reposer, il faisait frais la nuit, il y avait plus de jours sans vent. Mais dans ce monde gelé, le vent détruisait tout. Le blizzard les épuisait chaque jour un peu plus et ils avaient si froid qu'ils s'empêchaient de dormir. La nourriture comme les racines ou les fruits étaient enterrés sous un mètre de neige. Les forêts qui avaient commencées à pousser pendant la période tempérée n'avaient que de jeunes arbres, pas très grands. Cela leur faisait de la peine de les couper pour faire du feu.
Cette crevasse qu'ils avaient trouvé, c'était du grand luxe. Sans compter qu'ils avaient tué un lièvre dans la journée. Aomine l'avait eu à la fronde. Mais un lièvre, ce n'était pas assez pour nourrir sept personnes. Heureusement il leur restait quelques fruits séchés.
Murasakibara découpa les morceaux du lièvre à peine assez cuit. Il les distribua. La nourriture chaude dans leurs mains leur fit beaucoup de bien. Ils la gardèrent ainsi aussi longtemps que possible avant de la manger. Ce n'était que quelques calories.
-Tiens, Aka-chin.
Murasakibara tendit la fin de son morceau de lièvre à Akashi.
-Si tu ne mange pas, tu ne va pas grandir.
-Je n'ai plus faim, Atsuchi, lui répondit-il avec un petit sourire.
Mais le plus grand des enfants (en taille), donna tout de même son bout de viande au plus petit. Akashi le remercia.
Kise se colla contre Aomine. Les deux somnolaient. Midorima piquait du nez à côté. Akashi intercepta le regard inquiet de Kagami.
-Je pense qu'on devrait se sédentariser, lâcha Akashi. Trouvons un groupe d'humains.
-Akashi-kun...
-Tetsuya, tu vois bien qu'on est à bout. On peut peut-être tenir encore un petit mois, mais on ira pas beaucoup plus loin. On ne dort plus, on mange trop peu. On a besoin d'aide. Tous les humains ne sont pas mauvais. Tous ceux qu'on a croisé jusqu'ici ont été très gentils avec nous.
-Je sais, Akashi-kun. Mais dans les situations désespérés, les humains prennent des décisions cruelles.
-Alors tu préfère nous voir crever de froid ? Dit Akashi avec un ton plus dur. Tu as prit la décision de nous emmener, de nous faire vivre à l'extérieur, seuls. Tu pensais qu'on y arriverait. C'est vrai qu'on a tenu longtemps. Grâce à toi et à Kagami, on a pu vivre plus longtemps que prévu. Onze ans de sursit, c'est beaucoup, et on vous en remercie. Mais là, la situation est différente. Notre mode de vie à ses limites. Et je le répète : on va mourir. Même si ça ne te fait pas plaisir, si on veut survivre, il faut qu'on ait de l'aide. À plusieurs, on sera plus fort.
Kuroko soupira.
-On a qu'à se construire un abri, comme font les autres. Mais un abri rien que pour nous, proposât Kise.
-J'aimerai bien. Mais on a plus la force. Tu imagines, Ryota, le temps que cela demanderait ? Il faudrait trouver de grandes quantités de bois, aussi bien pour créer l'abri que pour entretenir le feu qui nous chauffera.
-Sinon, on trouve une source d'eau chaude pour nous chauffer ? Ça nous fera économiser beaucoup de temps et d'énergie, proposât Aomine.
-Justement, j'ai l'impression que toutes les sources ont été prises par les autres groupes de survivants. De toute manière, si on se sédentarise par nos propres moyens, il y a fort à parier qu'on devra accueillir un jour ou l'autre des survivants. On sera obligé de renouer avec les autres.
Midorima remonta ses lunettes sur son nez. Ses verres n'étaient plus adaptés à sa vue depuis le temps mais ses montures avaient pu être changées il y a quelques années.
-Je suis d'accord avec Akashi, dit-il. Je pense qu'on va devoir se greffer à un autre groupe. Si on se lie avec un groupe déjà existant, on pourra toujours partir à un moment. Si on crée notre propre abri, on sera obligé d'y rester, même quand d'autres survivants arriveront.
Kuroko soupira de nouveau. Il échangea un regard avec Kagami.
-Bon, très bien. On va chercher un refuge.
Après avoir somnolé jusqu'à ce que le petit feu s'éteigne, ils repartirent en exploration. Il leur fallut deux semaines pour trouver une petite colonie humaine. Elle consistait en un amas de petites baraques en bois collés les unes aux autres, disposées en cercle autour d'une source d'eau chaude. Il y avait des tuyaux transportant de l'eau entre les murs pour réchauffer les petites maisons. Au dessus de la source d'eau chaude, le toit était ouvert pour laisser la vapeur s'évacuer.
La petite colonie comptait douze habitants. C'était la plus petite qu'ils aient vu jusqu'alors. Ceux-ci acceptèrent sans hésiter le petit groupe. On leur attribua une baraque dans laquelle ils se tassèrent. La colonie vivait grâce à des réserves de graines qu'ils avaient fait durant la période tempérée. Autour de la source d'eaux chaudes, ils tentaient de faire pousser des pois. Quelques pieds avaient donnés des résultats. Ils avaient aussi un poulailler comprenant une dizaine de poules et un coq mis à part pour qu'il ne féconde pas trop d'œufs.
Grâce aux sources d'eau chaude, ils n'avaient pas besoin d'aller constamment chercher du bois si bien qu'à part préparer les repas, confectionner des couvertures, des vêtements et des matelas, il n'y avait pas grand chose à faire. Akashi passait beaucoup de temps auprès du chef de la petite colonie. Il s'était dit qu'il devait se montrer utile, qu'on ne devait pas regretter de les avoir accueillit. Et le jeune adolescent de seulement quinze ans se montra extrêmement efficace. Kuroko et Kagami ressentaient une certaine fierté en voyant comment se débrouillaient Aomine, Akashi et Midorima. Comme ils étaient les plus jeunes lors de leur départ, c'était sur eux que Kagami et Kuroko avaient eu le plus d'influence. Désormais confrontés à d'autres humains, ils pouvaient voir le fruit de cette éducation.
Le froid se faisait plus mordant. La nuit, la température dans les maisons descendait à moins dix degré malgré le chauffage et l'isolation faîtes en ballots de pailles. Ils dormaient sur des matelas fait en vêtements usés, pailles et plumes de poules. Ils se serraient les uns contre les autres en une masse humaine, les trois couvertures les recouvrant de la tête aux pieds.
Les nuits où il faisait trop froid, ils sortaient tous de leurs petites maisons et allaient se masser en cercle autour de la source chaude. Ils dormaient presque nus pour se communiquer de la chaleur. Chaque famille formait une petite masse devant la source. Akashi dormait à cheval sur Murasakibara et Kagami et Kuroko à cheval sur Aomine et Kise. Midorima était souvent à l'extérieur, contre Murasakibara.
Ce fut pendant une de ces froides nuits d'hiver que le chef de la colonie mourut. Il avait quarante ans, un âge canonique dans ces contrés. Les gelures l'avaient privé de trois de ses doigts. Suite à la mort du chef, tout le monde se tourna vers Akashi.
Même si Kuroko n'y pouvait rien, il n'aimait pas ça. Si Akashi prenait les commandes -et il n'avait pas vraiment le choix- alors il leur était impossible de quitter la colonie. Ou du moins, cela devenait plus délicat. Certes, pour le moment la situation était bonne. Ils survivaient bien, ils étaient solides et solidaires. Mais si Kuroko avait bien appris une chose, c'était que tout pouvait changer d'un moment à l'autre.
Et les premiers problèmes commencèrent assez vite. La petite radio de la colonie, qu'ils parvenaient à faire fonctionner en remontant chaque jour un mécanisme, intercepta les communications d'un groupe d'humains égarés dans le froid. Que faire ? Ils ne pouvaient pas les abandonner à leur sort dans la neige. Akashi parvint à leur répondre et leur donna leurs coordonnées. Les survivants seraient là dans cinq jours.
La colonie devint une ruche, très active pour construire en vitesse de nouvelles petites maisons. Il n'y avait plus assez de place dans le premier cercle autour de la source. Il fallait agrandir le système de canalisation qui permettait de transporter l'eau chaude et réchauffer les maisons les plus éloignées. Ces travaux demandèrent toute l'énergie des habitants.
Les survivants arrivèrent. C'était un petit groupe composé d'hommes et femmes ayant quitté leur refuge. Certains venaient de NeoKyoto, d'autres de NeOsaka. La plupart était seul au début, désespéré, puis avait croisé le chemin d'autres désespérés pour former ce petit groupe. Les gelures ne les avaient pas épargnés. Dès leur arrivée, Midorima dû s'occuper d'eux. Il était le seul avec assez de connaissances pour procéder à des amputations. Ce n'était pas un travail qui le réjouissait.
Il dû notamment s'occuper d'un homme d'une quarantaine d'année. Il avait le visage recouvert par un drap. Ces jambes étaient si gelées qu'il ne pouvait plus marcher. Ses pieds avaient commencés à se nécroser. Ses collègues le portait depuis des mois. Mais Midorima parvint à lui sauver la vie. L'homme ne parlait pas, gardait le drap sur son visage pour le protéger du froid.
Quand Midorima voulu soigner son visage, notamment ses oreilles qui semblaient elles aussi gelées, il dû retirer le drap. Il reconnu le visage de l'homme. Seul dans la petite infirmerie, Midorima mit un pied dans le passé. L'homme le regarda de ses yeux profonds. Il fronça ses sourcils gelés en voyant le visage de Midorima. Il le reconnaissait lui aussi.
Ses lèvres étaient sèches, craquelées, ensanglantées. Il voulu articuler quelque chose, poser la question qui le taraudait depuis onze ans. À ce moment, Akashi entra dans la pièce pour voir comment allaient les blessés. Il apportait une bassine d'eau chaude. Il remarqua le regard choqué de Midorima.
-Qui a-t-il ?
-Je... je vais te laisser seul un moment. Excuses-moi.
-Shintarô ?
Le garçon quitta l'infirmerie. Akashi grommela. Il s'assit à côté de l'homme et trempa un morceau de tissu dans l'eau chaude.
-Sei... juro.
Akashi sursautât. Il regarda l'homme. Son visage lui disait vaguement quelque chose mais il ne comprit pas immédiatement qui il était. L'homme bougea lentement son bras engourdi et prit quelque chose dans la porche de sa veste. Son geste était lent. Akashi le regarda avec une curiosité grandissante. Puis, il apperçu la forme dans la main de l'homme.
Un doudou. Son doudou.
-Mais...
-Je le savais... je savais que tu étais en vie. Je savais que j'allais te revoir un jour.
Les mains tremblantes, Akashi prit le doudou. Il était froid, un peu abîmé, mais c'était bien le sien.
-Comment ?
-La rivière l'a amené jusqu'au refuge. Dès que je l'ai vu...
-Alors... vous êtes mon père ?
L'homme eu un vague sourire. Akashi avait du mal à y croire. Il ignorait si c'était une bonne ou une mauvaise chose de rencontrer cet homme. D'un côté, c'était son père. L'homme qui lui avait donné la vie. Même si Kuroko n'aimait pas la façon dont il avait géré NeoKyoto, il avait avoué à Akashi que cet homme avait été un bon père avec lui. Mais pour Akashi, cet homme était un parfait inconnu. Il était une vague image.
-Tu ne te souviens pas de moi ? C'est vrai que tu n'avais que quatre ans...
Akashi posa le doudou sur ses genoux.
-Je suis désolé. Je ne garde qu'un vague souvenir de ce jour-là. Les détails de votre visage m'ont échappé.
-Par pitié, ne me vouvoie pas ! Tu m'appelais « papa » à l'époque.
-Excusez... excuses-moi.
-Quel âge as-tu maintenant ?
-Environ quinze ans. Je crois. Tu sais, on a vite perdu le compte des jours. Surtout avec les saisons qui sont si déréglées. On le reprenait quand on croisait d'autres humains.
Le silence tomba sur l'infirmerie. Akashi cherchait dans sa mémoire ses souvenirs les plus lointains. Il n'avait jamais vraiment posé de questions à Kuroko, Kagami ou Murasakibara à propos de son père ou de sa mère. Il n'avait connu que ses grands-frères. Jamais il n'avait ressentis le besoin de savoir ce genre de choses avant.
Il regarda cet homme. Son visage le jour où ils s'étaient quittés se faisait plus précis. Il était alors plus jeune, son visage semblait moins soucieux. Le chagrin semblait l'avoir rongé entre temps. Akashi se souvenait de la tristesse qui l'avait envahis, de cette déchirure dans son être, des bras chaleureux de Kuroko qui l'avait réconforté. Il avait occulté pendant des années cet épisode de sa vie.
-Après le décès de ta mère, tu étais tout ce qu'il me restait, Seijuro.
L'homme étendit son bras pour prendre la main de son fils. Il avait les doigts froids. Akashi en eu des frissons.
-J'ai prié, après que ton nom soit sorti, pour que le mien sorte aussi. J'ai essayé de tricher. J'aurai tout donné pour qu'on échange nos places. Puis, j'ai vu le doudou... il aurait pu tomber du chariot pendant le voyage. Mais quelque chose me soufflait que tu t'étais enfuis, que tu étais en vie quelque part. Je ne pouvais abandonner la colonie pour partir à ta recherche.
-Alors comment êtes-v... es-tu arrivé là ?
-On m'a plus ou moins relevé de mes fonctions il y a quelques mois. J'ai préféré quitter NeoKyoto.
Akashi reprit la bassine d'eau tiède. Il imprégna le tissu et le plaça sur le visage de son père.
-Vous... tu devrais te reposer, papa. Je reviendrai te voir.
Cette rencontre avait secoué Akashi. Pendant son entre-vue avec son père, Midorima avait eu le temps d'expliquer la situation aux autres. Kise se retenait d'aller voir l'ancien chef de NeoKyoto pour lui demander comment allaient ses parents.
Akashi ressortit de l'infirmerie après avoir appliqué un tissu chaud sur le visage de chaque blessé. Ils avaient presque tous des engelures sur le nez et les oreilles.
-Tout va bien, Akashi-kun ? Lui demanda Kuroko.
-Oui, ne t'en fais pas.
Le chef de la petite colonie s'éclipsa. Il alla s'enfermer dans leur petite baraque. À cette heure-ci, elle était vide, tout le monde était occupé. Akashi resta un moment seul dans la pièce, appuyé contre le tuyau de chauffage.
On toqua à la porte. C'était le chargé de la radio. Akashi lui ouvrit. On avait réceptionné un nouveau message : il y avait un autre groupe de survivants à une semaine d'ici. Devait-il répondre à leur appel à l'aide ? Akashi lui demanda d'attendre. Il alla chercher Aomine et lui demanda combien de baraques ont pouvait encore construire d'après lui. La limite, c'était le bois et les tuyaux. On ne pouvait pas transporter les vapeurs chaudes et l'eau à l'infini. Il y avait une distance limite. Et le bois, certes il y en avait un peu aux alentours, mais pas tant ça. Aomine répondit néanmoins qu'ils pouvaient encore accueillir une vague de survivants étant donné que les maisons qu'ils avaient finis de construire n'étaient pas toute occupées -en grande partie parce que l'infirmerie était bondée-.
Akashi retourna voir le gérant de la radio et lui donna les instructions.
Le chef soupira lourdement. Il évita de croiser les regards des autres. C'étaient eux qui l'avait poussé à devenir le chef, ils ne pouvaient juger ses décisions. Et puis, il ne pouvait pas laisser tous ces gens mourir dans le froid. Il fallait bien les recueillir.
Il alla s'asseoir à coté de Kuroko, près des tables de coutures.
-Pourquoi ce soupir ? Demandât le plus âgé sans lever les yeux de son travail.
-Rien...
-Comment va ton père ?
-Quand je l'ai quitté, ça allait. Il va falloir surveiller ses jambes. Midorima va amputer, ça pourrait s'infecter. L'infirmerie est proche des sources, il fait humide là-bas.
Kuroko acquiesça.
-Je t'ai entendu discuter avec Aomine. On va avoir de nouveaux arrivants ?
Akashi détourna le regard. Ainsi, il avait entendu...
-Je le crains, oui. Qu'aurais-tu fait à ma place ?
-Probablement la même chose. Après vous avoir sauvé la vie à tous, je n'aurai pas pu en laisser d'autres mourir.
Akashi prit un morceau de tissu et du fil. Il aida Kuroko à coudre. Une jeune fille du nom de Satsuki Momoi, arrivée avec le nouveau groupe, passa près d'eux. Elle avait l'âge de Kuroko et était très jolie : un corps svelte, bien sculpté, de longs cheveux et un adorable minois. Elle était comme Kise : rayonnante. Elle sourit en regardant Kuroko.
Akashi nota ce regard insistant. Tiens donc... Cela le fit sourire. Kuroko avait-il noté l'intérêt de Momoi pour lui ? Il était si observateur... il devait bien l'avoir remarqué.
Midorima retourna à l'infirmerie soigner les blessés. Il examina les plaies, les gelures. Dans l'ensemble, tout le monde allait bien. Les gelures étaient en bonne voie de guérison. Kise entra dans l'infirmerie à son tour. Il prit des nouvelles des blessés puis s'assit à côté du père d'Akashi. Kise avait sept ans quand il avait quitté NeoKyoto. Il se souvenait de la moiteurs de la base, des corps pressés les uns contre les autres, du riz qu'on leur servait presque tous les jours et de ses parents.
-Monsieur Akashi ? Je suis le fils de Chieri Kise et Yûdai Kise. Est-ce que... vous pourriez me dire ce qu'ils sont devenus ?
Onze ans avaient passés. Une nouvelle Migration avait-elle eu lieu ? Ses parents avaient-ils finalement été choisis ? Est-ce qu'il leur manquait ?
Midorima s'approcha.
-Kise, je crois qu'il dort... Tu devrais...
-Kise Ryota, c'est ça ? Murmurât Masaomi Akashi. Tes parents sont de braves gens... Ils ont eu deux filles après ta disparition. Riya et Reina. La première est morte d'une maladie infectieuse. La deuxième est toujours en vie aux dernières nouvelles.
Kise sentit son cœur se serrer. Il avait deux sœurs. Dont une était décédée. La vie avait continué après son départ. Que savaient se sœurs à son propos ? Lui ressemblait-elles ?
-Et... mes parents ?
-Ta mère a été choisie pour la dernière migration. Lors de la période tempérée, il y a eu un boom des naissances et quand les températures ont baissées, il a fallut faire un choix... Ton père est toujours à NeoKyoto.
-Je vois... Merci pour vos réponses, monsieur Akashi.
Cette simple conversation semblait avoir épuisé Masaomi Akashi. Il se rendormit tandis que Midorima changeait ses bandages et le linge humide sur les gelures des patients. Kise ne resta pas plus longtemps. Le soir tombait, les températures baissaient, il était bientôt l'heure de manger.
La petite troupe était regroupée à une table autour des sources. C'était l'heure du repas. Les rations étaient plus petites depuis qu'il y avait plus de monde dans le refuge. Après le repas, Akashi fit une petite annonce pour expliquer qu'ils allaient devoir accueillir de nouveaux réfugiés et qu'il allait falloir construire de nouvelles maisons.
Akashi nota dans les regards des hommes que ceux-ci étaient hésitants et un peu réticents. Les réserves de nourritures n'étaient pas éternelles et rien ne poussait sur ce sol gelé. Mais personne ne voulait dire qu'il ne fallait pas les recueillir. C'était mal de penser ça.
Tout le monde se dispersa et rejoignit ses petites baraques pour la nuit. Akashi attrapa le grands bras de Murasakibara.
-Atsushi, tu veux bien me rendre un service demain ?
-Bien sûr, Aka-chin.
-J'aimerai que tu estimes de combien de nourriture on dispose. Essais d'être le plus précis possible et prend en compte qu'on sera quinze de plus d'ici une semaine. Et il faut aussi imaginer les plus petites rations possibles par personne.
-C'est compliqué... je vais devoir faire des calculs ?
Akashi se sentait assez irrité ce soir-là. Il tapa du pied sur le sol. Sa tête lui semblait lourde.
-C'est pas si compliqué tout de même ! Je ne te demande qu'une estimation.
Murasakibara fronça les sourcils.
-Si ce n'est pas compliqué, tu peux le faire toi-même, Aka-chin.
-Je n'ai pas le temps. J'ai... j'ai besoin de ton aide, Atsushi...
Cet aveu apaisa le géant. Il passa sa main dans les cheveux roux du plus jeune avec tendresse.
-Tu es nerveux, Aka-chin... d'accord, je vais t'aider. Maintenant vient, on a besoin de dormir.
Ils se rendirent dans leur petite maison. Akashi s'allongea entre Kuroko et Murasakibara. Kise eut beaucoup de mal à s'endormir. Il pensait à sa famille, celle qu'il n'avait pas connue et celle qu'il avait perdu. Il se souvenait de ses parents. Sa vie était divisée en deux : l'avant et l'après. Avait-il bien fait de poser ces questions ?
-Dors, Kise... soufflât Midorima à moitié endormis.
-J'y arrive pas... Tu as entendu comme moi, non ?
-Oui. Mais tu ne peux rien y faire. Alors cesse d'y penser.
Et puis, ta famille, c'est nous, non ? Voulait ajouter Midorima. Aomine se tourna en dormant et passa son bras sur Kise. Il ronflait légèrement. Kise sourit en le voyant ainsi. Cela apaisa quelque peu le chaos dans sa tête.
Le lendemain, aux aurores, Midorima se leva pour aller voir l'état des blessés. Malheureusement, dans la nuit, deux personnes étaient mortes. Midorima suspectait une septicémie. Il avait amputé trop tard les membres gangrenés. Les autres par contre allaient bien. Les gelures guérissaient, les amputations étaient propres et n'étaient pas infectées. Il surveilla notamment l'état du père d'Akashi.
Le jeune chef se leva lui aussi de bonne heure. Il alla prendre des nouvelles de son père. À l'heure du petit-déjeuner, Midorima laissa les deux Akashi seuls.
-De combien de nourriture disposez-vous ? Demandât Masaomi.
-Murasakibara devrait justement estimer l'état de nos réserves aujourd'hui.
-Tu ne l'a pas fait faire plus tôt ?
-Non.
-C'est une erreur, Seijuro.
Le garçon serra les poings. Pourquoi ces reproches ?
-Avant, ce n'était pas utile, se défendit-il. Nous n'étions pas nombreux.
-Si vous manquez de nourriture, pourquoi accepter de recueillir des gens ?
-Je devrais les abandonner ? Vous seriez alors mort.
Masaomi se tut une petite minute. Puis, il reprit.
-Vous n'avez que des graines ?
-Essentiellement. Et des poules. Elles nous fournissent un peu de viande et des œufs. Mais nous ne fécondons pas tous les œufs pour éviter une surpopulation et une consanguinité. Ce serait l'assurance de ne plus avoir de poules viables.
-As-tu songé à faire des expéditions ?
Akashi pencha légèrement la tête sur le côté, curieux.
-Des expéditions ?
-Oui. Pour chasser d'éventuels animaux, trouver des refuges abandonnés, rencontrer d'autres refuges avec qui échanger des animaux pour justement éviter la consanguinité. Voir même demander des ressources aux grandes bases comme NeoKyoto. Eux ont des cultures qui fonctionnent peu importe la température extérieure. Ils peuvent vous aider.
Akashi acquiesça. L'idée n'était pas mauvaise, il devait y réfléchir.
-Je vous... euh, je te remercie pour ces conseils. Maintenant tu devrais te reposer.
Il mit sa main sur celle de son père. Midorima revint du petit-déjeuner avec un petit pain pour Akashi.
-Tu as les mains brûlantes, soufflât Masaomi.
Akashi retira sa main par réflexe. Quand Midorima lui donna le petit pain, il en profita pour prendre la main d'Akashi et vérifier les dires de Masaomi.
-En effet. Tu n'aurais pas de la fièvre ?
-N'importe quoi. Je vais très bien.
Le garçon commençait à s'éloigner mais Midorima le retint. Il l'attrapa par la veste et le tira de force dans l'infirmerie. Puis, il prit un thermomètre à mercure et le glissa dans la bouche du petit-frère. Akashi protesta puis céda. Midorima attendit que le mercure se stabilise avant de libérer Akashi.
-Presque trente-neuf. Tu as de la fièvre.
-Je vais bien, Shintarô.
-Ménages-toi dans les jours à venir, d'accord ?
Le garçon se renfrogna puis acquiesça à contrecœur. Il quitta l'infirmerie. Dans le refuge, il n'y avait pas grand monde. Tous ceux qui pouvaient travailler étaient à l'extérieur pour construire les maisons. Ne restait que quelques personnes, affairées à cuisiner, à essayer de faire pousser les pois, ou à coudre des couvertures et duvets pour les nouveaux arrivants.
Murasakibara sortit de la réserve. Il se dirigea vers Akashi. D'après lui, il pourront tenir une petite année. Ne sachant pas quand ce blizzard allait se terminer, c'était une prévision très pessimiste. Ils avaient un an pour trouver une solution concernant la nourriture.
Comme la veille, Akashi s'installa à la table de Kuroko et l'aida à coudre. Mais il était préoccupé et il se piqua les doigts à de nombreuses reprises. Kuroko le força à arrêter.
À quelques mètres d'eux, Satsuki Momoi cuisinait le repas du midi. Elle jetait régulièrement des coups d'œil vers Kuroko. C'était tellement évident qu'elle craquait sur lui ! Akashi les observa en souriant.
À midi, les travailleurs revinrent dans le refuge. Aomine, Kagami et Kise s'affalèrent à leur table, vite rejoint par Kuroko, Akashi et Midorima quelques minutes plus tard. Momoi passait entre les tables pour servir tout le monde. Elle regarda longuement Kuroko une fois à leur table. Elle leur souhaita un bon repas puis s'éloigna.
Ils mangèrent une première bouchée et se regardèrent tous à la dérobée.
-Bah, c'est dégueu sa cuisine ! Pouah !
-Ouais, j'ai jamais mangé un truc aussi répugnant... commentât Aomine. Sérieux, elle est mignonne mais sa cuisine est une horreur.
Kuroko rougissait. Il était parfaitement d'accord avec eux : ce plat était un massacre de saveur. Mais l'idée qu'on se moque de Momoi alors qu'elle faisait de son mieux le gênait.
Cela dit, ce repas dégoûtant les faisait plus rire qu'autre choses. En regardant autour de lui, il vit que tout le monde rigolait bien de la situation.
-C'est quand même con que ce soit la seule chose qu'on puisse bouffer en ce moment ! Plaisantât Aomine.
-On ne devrait pas permettre à Momoi de cuisiner de nouveau, tranchât Akashi.
-Oh ça va, on plaisante ! Ne soit pas si sérieux, Akashi.
-Et pourquoi ça ? Demandât le chef en haussant un peu le ton. Comme tu l'as si bien dit, ces graines sont notre seules nourriture actuellement. Or à cause de Momoi et de sa cuisine désastreuse, beaucoup de vont pas finir leur assiette. On n'est pas dans une situation où on peut se permettre de gâcher de la nourriture.
Il y eut un blanc à la table. Tous se regardèrent. Akashi avait les épaules tendues et la tête lourde. Il voulait finalement bien croire Midorima quand il lui disait qu'il avait de la fièvre.
-Pas la peine de le prendre comme ça, Akashicchi.
-Et puis, tu sais, peut-être qu'elle a si mal cuisiné parce qu'elle était concentrée sur Tetsu.
-Tu es vexé par ce que je t'ai dit, Aka-chin ?
-De quoi avez-vous parlé, Murasakibara-kun ?
-J'ai dit à Aka-chin qu'on aurait pas assez de réserves pour finir l'année.
De nouveau un silence de plomb.
-Parlez moins fort, ordonnât Akashi.
Mais ils n'échangèrent plus un mot jusqu'à la fin du repas. Ils allèrent laver leurs assiettes puis chacun retourna à son occupation. Midorima avait beaucoup de travail à l'infirmerie. Kuroko, quant à lui, retourna à la couture. Momoi continua à lui tourner autour. Elle avait la mine un peu morne. Sans doute avait-elle comprit que son repas n'avait pas fait l'unanimité.
Elle vint s'asseoir à côté de Kuroko.
-Tu es Kuroko Tetsuya, c'est ça ? Demandât-elle.
-Effectivement. Et tu es Momoi Satsuki, répondit-il avec le sourire.
Elle pencha la tête et regarda ce qu'il cousait. Ce n'était pas un travail très soigné. Il n'avait pas le temps de s'appliquer et malgré la proximité des source chaudes, il avait les doigts glacés.
-Tu as besoin d'aide ?
Vite, Kuroko essaya de trouver quelque chose. Le fil glissa de son aiguille. Il la regarda. Momoi eut un petit rire puis prit l'aiguille et le fil. Ils restèrent ainsi à discuter presque tout l'après-midi. Momoi était charmante. Kuroko n'avait jamais eu l'occasion de parler avec une fille de son âge. Il était hésitant, maladroit. Mais Momoi était patiente avec lui et semblait tout aussi maladroite.
Quelques jours plus tard, la construction des nouvelles maisons était achevée. Pile à temps. Le groupe de survivant arrivait. Ils étaient une quinzaine, dirigée par un homme d'environ vingt-six ans. Un ancien. Akashi se chargea de les accueillir et l'homme nommé Haizaki Shogo le dévisagea longuement.
-C'est toi le chef ?
-C'est moi.
Cet homme avait dix ans de plus qu'Akashi. Son expérience était indéniable. Néanmoins, Akashi ne détourna pas le regard et garda ses yeux plantés dans les siens. Haizaki pesta et demanda insolemment où il allait dormir. Kagami lui répondit sans la moindre politesse. L'ambiance lors du repas du soir était tendue. Les nouveaux arrivants dévisageaient tous les autres. Akashi prit le temps d'aller à leur table leur parler et leur indiquer notamment comment s'organisait la vie ici. Aomine décida de l'accompagner dans cette mission qui, mine de rien, semblait périlleuse. Aomine n'avait certes qu'un an de plus qu'Akashi mais il était assez grand et intimidant.
Les nouveaux arrivants amenèrent avec eux des blessés dont Midorima dû s'occuper. Il passait ses journées à l'infirmerie à soigner des gangrènes et des gelures. Akashi ou Kuroko venait de temps en temps lui apporter de l'aide. Akashi en profitait pour prendre des nouvelles de son père. Ses gelures allaient mieux et pour le moment, ses plaies ne s'infectaient pas.
L'autorité d'Akashi était mise à mal par tous les nouveaux arrivants. Haizaki s'en prenait aussi à Kise qu'il jugeait inutile. Heureusement, Aomine prenait sa défense. L'ambiance n'était plus la même. Elle était chaque jour un peu plus pesante. Akashi dû prendre une décision radicale. D'autant plus qu'il commençait à soupçonner les nouveaux de voler de la nourriture. La réserve était accessible à tous mais seuls ceux qui cuisinaient y allaient régulièrement. Murasakibara fût le premier à noter la diminution étrange des réserves et en informa Akashi.
Le chef était nerveux. Il sentait que la situation pouvait lui glisser entre les doigts à tout moment. Qu'est-ce qui était le plus important ? Mâter la rébellion ? La tuer dans l'œuf ou assurer la survie de la colonie en évitant les conflits ? Dilemme...
Un soir, Akashi réunit tous le monde après le repas. Il monta sur une table pour dominer toute la foule. Ils étaient une cinquantaine désormais.
-Nous allons organiser une expédition.
Kuroko et Kagami sentirent de désagréables frissons descendre le long de leur colonne vertébrale. Pourquoi Akashi ne leur avait pas parlé de son idée ? Ils sentaient dans sa façon de parler qu'il y réfléchissait depuis un moment.
-Le but sera d'explorer les environs pour trouver d'éventuels refuges abandonnés, d'autres colonies, avec qui échanger. Nous devons trouver un moyen d'avoir de nouvelles sources fiables de nourriture. J'aimerai qu'entre cinq et sept personnes prennent par à cette expédition.
Il y eut un lourd silence. Puis, une petite voix s'éleva.
-Mais... dans ce froid, on va mourir.
-Non. C'est d'ailleurs pour cela que vous allez partir en groupe. Pour vous tenir chaud. Ensuite, vous ne partirez pas longtemps. Un mois au maximum. Vous emporterez une radio avec vous pour qu'on puisse rester en contact. De plus, nous avons beaucoup de vêtements chauds désormais.
De nouveau un silence. Les survivants se regardaient. Kuroko n'aimait pas cette décision. Il aurait aimé qu'Akashi lui en parle. Il savait que cette idée allait leur déplaire et avait peut-être préféré la garder secrète pour ça.
-Y a-t-il des volontaires parmi vous ? Sinon, je devrais vous désigner.
Kagami vit les mains légèrement tremblantes d'Akashi. Il faisait ça pour les sauver. Cette décision ne l'enchantait pas. Il ne voulait pas mettre des gens en danger. Mais il fallait trouver une solution à la situation. Alors, lentement, Kagami leva la main. Il était un des plus vieux, il pouvait bien se sacrifier pour les autres.
Akashi sembla soulagé en voyant sa main levée. Puis, ce fut celle d'Aomine. D'autres hommes levèrent la main. Kagami monta sur la table avant qu'Akashi ne mette fin à la réunion.
-J'aimerai qu'Haizaki vienne avec nous, dit-il.
Le concerné fronça les sourcils.
-J'ai aucun envie d'aller me geler le cul dehors. Et je viens à peine d'arriver.
-Tu connais un peu les environs, ajoutât Akashi.
-On te laisse pas le choix en fait, répliquât Aomine.
-Et pourquoi vous forcez pas l'autre blond à vous accompagner ?
-Ryota ne survivrait pas dans un tel froid.
Akashi vit du coin de l'œil le blond en question s'insurger.
Haizaki se retrouva obligé d'accepter. Kagami était parvenu à éloigner le trouble fait. Tant qu'il sera absent, la colonie sera à l'abri d'un coup d'état.
Après la réunion, tout le monde alla se coucher.
-Akashicchi ! C'était pas sympa ! D'où tu dis que je ne peux pas survivre ? Pleurnichait Kise en se glissant sous une couette.
-C'était pour te sauver la mise, Ryota. Ne le prend pas mal.
Kuroko restait en retrait. Aomine remarqua bien le comportement très renfermé de l'aîné. Il dévisageait Akashi et semblait réfléchir à quoi lui dire et quand lui dire. Alors qu'Akashi s'apprêtait à se coucher, Kuroko se décida.
-Akashi-kun. Tu aurais dû nous en parler. La décision que tu as prise n'est pas anodine.
Akashi baissa les yeux.
-Je savais que tu allais être contre.
-Évidement !
-Ça va, Kuroko, c'est pas comme s'il c'était une migration, dit Kagami. On va juste explorer les alentours et revenir. Je pense que tu as conscience qu'on a problème de nourriture. On ne peux pas attendre que le problème s'aggrave. On doit trouver de la nourriture. Et une source constante et fiable si possible.
-Mais Kagami-kun... tu te rends compte du danger ?
-Bien sûr. Mais on est volontaire. C'est bon, on va le faire.
Kuroko eut beaucoup de mal à trouver le sommeil. Il n'aimait pas cette situation. Si Akashi n'était pas devenu le chef de cette colonie, Kuroko aurait proposé de partir et d'aller trouver refuge ailleurs. La tournure que prenaient les événements ne lui plaisait pas.
Le lendemain, toute la colonie se mobilisa pour préparer l'expédition. Les couturiers et couturières fabriquèrent des chaussettes, bonnets, gants et rajoutèrent des couches sur les vêtements de ceux qui allaient partir. On tua une vieille poule et on utilisa ses plumes pour rembourrer encore un peu le sac de couchage. Murasakibara fit sécher la viande de la poule. Il prépara des galettes de céréales, très sèches, qui pouvaient se conserver longtemps. Même si, avec le froid qu'il faisait, la nourriture ne pouvait pas vraiment pourrir. Au contraire même, elle risquait de geler et d'être dure comme du béton.
Kuroko n'arrêtait pas de se piquer les doigts en cousant. Momoi, à ses côtés, finit par le remarquer. Elle prit délicatement sa main et l'examina.
-Tu vas mettre du sang partout si tu continu... Tu devrais aller voir ton ami Midorima.
-Oui... sans doute.
-Tu es nerveux ?
-Évidement. Kagami-kun et Aomine-kun vont partir...
-Ils vont revenir.
-Malheureusement, rien ne le dit.
Elle se leva et revint avec un bandage. Elle prit la main de Kuroko et l'entraîna vers le cercle de maison extérieur, là où se trouvait la petite baraque où vivait Momoi avec deux autres filles. La maison était vide. Il faisait plus froid que dans les maisons plus proches de la source d'eau. Momoi s'assit sur les couvertures rembourrées et invita Kuroko à s'asseoir. Le garçon hésita, puis se laissa guider. Momoi prit sa main et soigna ses petites blessures. Elle lui disait que s'il ne faisait pas attention, ses doigts allaient pourrir.
Après avoir dit cela, elle rougit comme une tomate et s'excusa d'être si alarmiste. Kuroko ne répliqua pas. Elle avait raison d'être ainsi. Être à cheval sur la santé était un bon moyen de rester en vie.
-D'où viens-tu ? Finit-il par lui demander.
Elle leva les yeux vers lui, cessant un instant de s'occuper de sa main.
-NeoKobe.
-Il y avait des migrations là-bas ?
-Je ne suis pas sûre de savoir ce que tu entend par migration...
-A NeoKyoto, tous les dix ans, 30% de la population était tirée au sort pour quitter le dôme et aller le jeter dans l'océan. C'était dans le but de réduire le nombre d'humains. Je me suis enfuis de la migration avec mes amis. Nous n'étions que des enfants...
-C'était courageux de votre part. Ou débile, à voir. Seuls, dans la nature, vous n'auriez pas dû survivre. Surtout que si j'ai bien compris, certains étaient vraiment très jeunes.
-On s'est montré solidaire.
Momoi acquiesça. Elle lâcha la main de Kuroko après avoir finit de le soigner.
-Il n'y avait pas de migrations comme chez vous. Néanmoins, une fois la trentaine atteinte, on ne te soignait plus si tu étais malade, on te nourrissait moins... on précipitait ta mort en quelque sorte. Il fallait vivre vite et mourir jeune.
-C'est pour ça que tu as fuit ?
Elle eu un étrange sourire.
-Pas vraiment. Quand on m'a rapporté que le monde était en train d'aller mieux, que les plantes poussaient, que les animaux revenaient, j'ai eu de l'espoir. Ma mère s'appelait Hana (nda. fleur en japonais) et quand j'étais petite, je lisais beaucoup de livres sur la botanique. Quand j'ai entendu que le monde était en fleur, j'ai voulu le voir de mes propres yeux. Ma mère était alors très malade à force de travailler dans les mines. Je suis sortie, je lui ais cueillie une fleur et... à mon retour, elle était morte. J'ai fuit pour cette raison. Et le froid m'a rattrapée.
-Je suis désolé.
-Ce n'est de la faute de personne. Et puis, on a tous connus ça. La mort jalonne la vie de tous les humains.
Momoi resta silencieuse un moment, puis elle tourna son corps vers Kuroko. Son regard rosée se plongea dans le sien. Elle se rapprocha.
-Heureusement, il nous reste l'amour...
Le garçon resta indécis, immobile, quand elle se pencha pour l'embrasser. Le contact était chaud, doux. Il sentait l'odeur florale qui se dégageait d'elle. Kuroko avait l'impression de n'avoir jamais sentit pareille odeur dans ce monde. Il passa sa main dans les longs cheveux de la jeune fille et répondit à son baiser.
Kuroko regretta son geste quand il ressortit de la maisonnée de Momoi. Si la situation devait dégénéré, il ne voulait pas avoir d'attache avec cet endroit, avec plus de personne que ceux avec qui il avait grandit, que ses petits-frères. Momoi était une fille super, il l'aimait beaucoup. Il soupira lourdement. La situation lui échappait.
Midorima ne dit rien en voyant Akashi entrer dans l'infirmerie. Le garçon à lunettes ne s'était pas prononcé sur la décision qu'il avait prit. Pourtant, Akashi sentait que cela le démangeait. Akashi le savait : s'il devait arriver quelque chose à Kagami ou Aomine durant cette expédition, on ne le pardonnera jamais. Midorima donnait l'impression d'être détaché de tout, mais en réalité, il se préoccupait de tout le monde.
Il tendit un thermomètre à Akashi dès que ce dernier s'assit sur le tabouret, près de son père.
-Inutile, Shintarô. Je vais bien.
-C'est un ordre.
Akashi voulu répliquer que ce n'était pas à Midorima de donner les ordres mais il se retint. Même s'il était en rogne ce matin, ce n'était pas une raison pour se brouiller avec tout le monde. Il prit donc le thermomètre et le glissa dans sa bouche avant d'attendre que le mercure se stabilise.
-Tu as toujours de la fièvre. Tu permet que je t'examine ?
Akashi lui fit un signe agacé. Midorima regarda ses amygdales, écouta sa respiration, son cœur. Il chercha tout ce qui, d'après ce qu'il avait appris, pouvait occasionner de la fièvre. Mais il ne trouva rien de concret.
-Cependant, je trouve que ton cœur bat un peu trop vite.
Akashi haussa les épaules. Midorima renonça pour aujourd'hui à lui faire entendre raison.
A la fin de la journée, les préparatifs étaient achevés. Tous était prêt pour le départ de l'expédition, le lendemain matin. Kuroko resta assez renfermé sur lui, sauf quand Momoi venait le voir pour prendre de ses nouvelles. Aomine et Kagami se montraient optimistes mais ils n'étaient pas sereins. Cette idée de partir en expédition dans le froid ne les réjouissaient pas. Ils avaient acceptés parce qu'ils savaient que la situation était compliquée et qu'il fallait à tout prix trouver une solution.
Akashi alla se coucher tôt. Tout le monde fit sensiblement pareil. Ceux qui allaient partir étaient stressés. Cette nuit sera la dernière dans des conditions décentes avant un moment.
Murasakibara se coucha à côté d'Akashi et passa un bras sur lui. Une tentative pour lui montrer son soutient. Murasakibara était resté très en retrait et n'avait pas commenté la décision du chef. Mais il avait toujours soutenu les décisions d'Akashi auparavant. Il l'aimait beaucoup et le respectait.
-Aka-chin est tout chaud.
-Il a de la fièvre, répliqua Midorima en remontant ses lunettes.
-Lâches-moi avec ça, Shintarô, grogna Akashi qui cherchait à dormir.
-De la fièvre ? Demandât Kise. Tu es malade Akashicchi ?
Akashi se releva dans le lit.
-Bon, vous me laissez un peu tranquille ? J'ai de la fièvre, et alors ? Je ne suis pas contagieux aux dernières nouvelles. Maintenant, dormez !
Kuroko se coucha près d'Akashi. Façon silencieuse de faire un peu la paix avec lui. La torpeur s'abattit sur le petit groupe. Seul Aomine et Kuroko ne dormaient pas encore. Le plus âgé était allongé sur le dos, Akashi dormait profondément, la tête reposée sur son épaule. Kuroko sentait bien que le front de son petit-frère était chaud.
-On aura une radio, dit Aomine. On pourra communiquer avec la colonie. Ça va bien se passer.
-Vous devez revenir. À tout prix. Je ne supporterai pas de vous perdre. Vous êtes ma famille...
Aomine sourit dans le noir.
-Je sais.
Aomine ferma les yeux et ne remarqua même pas qu'il venait de s'endormir. Il se réveilla presque un clin d'œil plus tard. Il était l'heure de se lever.
Ceux qui partaient en expédition eurent droit à un repas plus complet que les autres. Puis, ils enfilèrent leurs vêtements chauds, prirent leurs sacs à dos, une des trois radios que possédait la colonie. Il était l'heure d'y aller.
Ils ouvrirent la porte du refuge qui menait vers l'extérieur. Un vent glacial fouetta leur visage. Il y avait un mètre de neige. Ils creusèrent la neige pour se frayer un chemin. Le voyage commençait.
Eh bah ! C'était long ! Long à écrire, long à relire et long à lire ! J'espère que ce chapitre vous a plu. Je le répète mais c'est le plus long, les autres seront un poil plus court.
Je trouve qu'Akashi fait sa crise d'ados dans ce chapitre... Pas vous ?
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