Auteur : Setsunafr – 15/05/2021
Disclaimer : Le monde de Kuroko No Basuke et les personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki
Rating : T pour quelques termes fleuris.
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Bonjour à tous :)
Merci beaucoup pour vos reviews encourageantes, les « favorites » et les « followers ». Cela fait très plaisir :)
Voici le second chapitre de cette fic. Je me suis bien amusée à l'écrire XD. A la base, il devait être plus court. Mais les choses se sont un peu emballées toutes seules. J'espère qu'il vous plaira.
Un grand merci à ma Beta (bises Maloriel :D) et à mon ami (qui se reconnaitra) :).
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Shadow : Merci, beaucoup. Je suis très contente que l'histoire t'ai plu et que tu trouves que le caractère des persos est respecté. Oui, Kise et Kuroko sont des petits sadiques, pour notre plus grand bonheur. Tu m'as fait bien rire. « C'est la fin du monde… et je peux même pas quitter la terre ». C'est tellement ça XD. J'espère que la suite sera à la hauteur de tes attentes.
Patoshi : Merci merci. Je suis tellement fière de t'avoir amené sur le fandom de Knb, si tu savais :D. En espérant que la suite soit tout aussi délicieuse au palais :D
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Bonne lecture à tous
L'huitre
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La sonnette retentit discrètement dans l'appartement. Un petit coup sec, qui aurait presque pu passer inaperçu… Quittant sa cuisine, Kagami se dirigea vers la porte d'entrée et accueillit son visiteur, sans grand enthousiasme.
- Hey Aomine…
- Hmm…
L'appartement du rouge était plutôt spacieux et d'un style épuré. Le couloir desservait deux chambres et une salle de bain. Au fond, il débouchait sur une grande pièce de vie où se succédaient un salon - salle à manger et une cuisine ouverte. L'accès à la cuisine se faisait en passant derrière un bar qui servait également de plan de travail et séparait les espaces sans les cloisonner.
Aomine avança lentement vers le salon, vouté, trainant les pieds, les yeux à moitié fermés. Il avait quasiment 30 mn de retard sur l'horaire initialement prévu. C'était presque peu en fait, surtout pour recevoir un cours de cuisine durant lequel il allait devoir… participer… Aomine n'aimait pas ce verbe lorsqu'il ne se trouvait pas dans une phrase impliquant un match de basket… « Participer » au match, oui ça s'entendait. « Participer » à la victoire, certes. Bien que « mener » le match ou « remporter » la victoire lui semblait plus juste. Mais « participer » à un cours de maths… « participer » aux tâches ménagères, « participer » à un cours de cuisine… non mais sans rire, ils avaient vu ça où franchement ?
Kagami referma la porte d'entrée, traversa le couloir et rejoignit le brun dans la pièce principale. Malgré le retard de son invité, ils avaient encore le temps avant de se lancer dans les préparatifs du repas. Le tigre avait anticipé en donnant un horaire plus que large à la panthère. Il valait mieux prévenir que guérir. Une heure trente de marge, ça le faisait largement.
- Tu veux boire quelque chose ?
Aomine tourna lentement la tête vers son hôte, les yeux toujours mi-clos.
- Hmm ?
- Tu viens de te lever ou quoi ?
- Raah, nan. Enfin si, mais c'est pas ça – bougonna le brun en se redressant légèrement.
- Alors quoi ? Tu fais encore la gueule pour ce cours de cuisine ? Franchement, tu crois que ça m'amuse, moi ? Et puis tu vas apprendre à te débrouiller comme un grand, qu'est-ce que tu veux de plus ?
Aomine ne répondit pas, haussant juste les épaules. Il se dirigea vers le canapé qui faisait face à l'écran de télévision fixé au mur, et s'y affala dans un grand « sproutch ». Dans le prolongement du mur, la baie vitrée laissait entrer les chauds rayons de soleil, illuminant la pièce de vie de chaleureuses stries dorées. Kagami s'avança vers la cuisine.
- Kuroko et Kise ne vont pas tarder. T'as pas répondu, tu veux boire un truc ou pas ?
- Comment ça Tetsu et Kise ne vont pas tarder ?
- Après notre match il y a deux jours, Kise m'a demandé s'ils pouvaient apprendre en même temps que toi. Dès qu'ils sont arrivés, je les ai envoyés compléter les courses.
- Oh parfait ça ! répondit Aomine dans un soudain élan d'énergie. Apprends à Kise et Tetsu ! Comme ça, j'aurai plusieurs personnes à squatter pour bouffer ! Et puis Kise, avec sa perfect copy, ça ira vite !
Son regain d'énergie retombant comme un soufflé, il reprit :
- Donc pas besoin de me casser la tête… J'ai plus qu'à roupiller…
Kagami fronça les sourcils et son expression se déforma en une moue de mécontentement mais il ne répondit rien. Si le basané pensait s'en tirer à si bon compte, il se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Kagami savait que seul, il ne parviendrait pas à remuer Aomine sur un terrain autre que celui du basket. Mais il était convaincu que la présence de Kuroko et l'enthousiasme de Kise allaient radicalement changer la donne. A trois, ils devraient parvenir à tirer quelque chose du brun. En tous cas c'est ce qu'il se disait pour se motiver. Et puis il fallait quand même avouer que s'il avait dû gérer seul, il aurait tout de suite lâché l'affaire. Certes, il avait perdu le one-on-one mais quand même, c'était une sévère punition. Non pas que cuisiner le gênait, au contraire, il était autonome depuis bien longtemps déjà et il adorait cuisiner. D'ailleurs, si l'As de Tōō s'invitait aussi souvent c'était certes par fainéantise, mais aussi parce qu'il appréciait les petits plats mijotés par Kagami. Mais apprendre à cuisiner à Aomine risquait d'être une autre paire de manches. Et pour preuve, l'apprenti s'était installé à sa place favorite, venant d'ailleurs de s'allonger sur le ventre après avoir tendu le bras pour attraper la télécommande de la télévision. Il zappa sur quelques chaines sans grande conviction et finit par abandonner l'idée de trouver un programme intéressant, les touches semblant particulièrement résistantes à ses faibles pressions de doigt… La télécommande glissa doucement de sa main pour s'échouer lamentablement sur le sol, sous le regard blasé de Kagami.
- Comment tu peux être aussi vif sur un terrain et aussi mou dans la vie de tous les jours ?
- La vie de tous les jours, c'est chiant…
- Tu ne fais rien pour te la rendre plus intéressante non plus !
- Lâche moiiii…, lui répondit Aomine sur un ton trainant.
Kagami s'apprêtait à répliquer quand la sonnette retentit. Trois coups successifs et un quatrième persistant.
- Raaaaaah, mais ils vont arrêter ce bordel ? pesta le brun.
- Ça doit être Kuroko et Kise qui reviennent des courses…
Aomine se plaqua le coussin du canapé sur la tête en ronchonnant. Kagami emprunta le couloir et ouvrit la porte sur un Kise au sourire étiré d'une oreille à l'autre, petit soleil blond illuminant l'entrée. Dans son dos, Kuroko attendait patiemment, un doigt dans chaque oreille, que Kise lâche la sonnette. Le crâne de Kagami manqua d'exploser…
- Kise, arrête ce boucan ! rugit le tigre.
Toujours souriant, le blond dessouda son doigt du bouton, satisfait.
- Bonjour Kagamicchi. Ça a réveillé Aominecchi ? demanda-t-il.
- Comment tu sais qu'il est arrivé ?
- On l'a vu passer quand on était à la caisse du Konbini. Il avait l'air super enthousiaste. Limite il sautillait, dit le joueur de Kaijo en pouffant, légèrement moqueur.
Kagami soupira. Il imaginait d'ici le brun avançant les mains dans les poches, trainant les pieds et ronchonnant. Si ça tombe, il était bien parti à l'heure de chez lui mais avait fait le trajet tellement lentement que cela avait causé son retard… Peut-être avait-il rampé sur le sol, toujours enroulé dans sa couette, avant de finir par la lâcher au coin de la rue, histoire de se donner un peu de contenance à la dernière minute… Bref… Kagami s'effaça pour laisser entrer ses invités. Après avoir salué leur hôte, Kuroko emboita le pas de Kise qui se dirigeait déjà vers le salon.
- Heey Aominecchiiiii.
- Bonjour Aomine-kun.
Aomine leva vaguement les yeux vers ses anciens coéquipiers.
- 'lut
- Motivé à ce que je vois, le taquina le blond.
Aomine l'ignora. Kise et Kuroko avancèrent jusqu'à la cuisine. Ils sortirent les victuailles achetées au Konbini, pour compléter le ravitaillement assuré quelques jours plus tôt par Kagami. Le repas du soir devrait remplir quatre estomacs, et pas des moindres… L'appétit de Kuroko était raisonnable. Kise et Aomine avaient un sacré bon coup de fourchette. Mais celui qui engloutissait le plus de nourriture était sans nul doute Kagami… Il mangeait comme… et bien… difficile à évaluer en fait. Mais une chose était sûre, il valait mieux l'avoir en photo qu'à sa table. Inutile de vous dire que le frigo du rouge débordait, pour ses propres repas et celui qu'ils allaient préparer ensemble. Alors il avait fallu compléter la liste de courses à la dernière minute car plus rien ne rentrait et kagami ne plaisantait pas avec la fraicheur des aliments. Et puis il ne se leurrait pas, prévoir des quantités plus importantes que nécessaire ne serait pas du luxe. Il y avait quand même de grandes probabilités de gâchis pendant cette opération… risquée…
- J'vous sers un truc à boire ? proposa Kagami.
Arrivés tous deux à 15h30 piles (oui, ils connaissaient la ponctualité, eux !), Kagami les avait envoyés directement au Konbini, leur expliquant ce qu'il lui manquait pour le repas du soir et leur donnant des conseils précis sur la manière de choisir les denrées. La cuisine, c'était du sérieux ! Kise et Kuroko acceptèrent donc avec plaisir de se poser quelques minutes autour d'un rafraichissement. Kagami sortit les boissons du réfrigérateur. Du soft ! Il fallait être sobre pour se lancer dans la cuisine. Et surtout, surtout, ne laisser aucune excuse à Aomine pour se défiler ou faire n'importe quoi. Parce que le brun ne crachait pas sur la bière, surtout l'ambrée. Il adorait ça ! Alors hors de question de le laisser toucher une bouteille avant la fin de préparation du repas. Des softs, donc. Enfin, pour Kise et Kuroko, parce que le brun ne prit pas la peine de répondre.
Les trois amis s'installèrent donc autour du plan de travail, sur des tabourets hauts pivotants… seules places assises disponibles, vu qu'Aomine était toujours vautré sur le canapé telle une baleine échouée sur le sable… une baleine… ou un phoque, au choix…
Ils jetèrent un œil au brun. Kagami se pencha vers eux, leur chuchotant :
- Franchement, si vous n'étiez pas venus, je laissais tomber. Que voulez-vous en tirer ? Je vous avais bien dit qu'il passait son temps à pioncer.
- Ne t'inquiète pas Kagami-kun. Nous sommes justement là pour ça, le rassura Kuroko sur le même ton.
- Ouais, ben franchement, ce gage, c'est vache ! je pense qu'on ne pouvait pas faire pire… Et puis je me demandais : si j'avais gagné, ça aurait été quoi, le gage d'Aomine ?
- Suivre ton cours de cuisine !
- What the fuck ? Tu t'es bien foutu de notre gueule ! s'insurgea le tigre en tapant le comptoir du plat de la main.
- Mais non voyons, lui adressa tranquillement son équipier, absolument pas impressionné.
C'est ça. Il avait été piégé ! Qu'il perde, ou gagne, il aurait dû, de toutes façons, se coltiner l'autre fainéant pour lui apprendre la cuisine, à la place de sa mère ! C'est vrai quoi, ils faisaient quoi les parents du brun ? Ils lui payaient des cours de glandage ? Bordel, il était convaincu qu'à dix-sept ans Aomine n'était pas foutu d'allumer le gaz sous une poêle.
Kise, accoudé au plan de travail, le menton dans le creux de la main suivait l'échange en sirotant sa boisson. Il scruta le rouge et lui dit :
- Allez, arrête de râler, Kagamicchi. On va te filer un coup de main pour le mater.
- Ouais, ben j'vous laisse gérer pour le sortir de son trou !
- Yep, t'as juste à donner le signal du départ ! répondit le blond, tout sourire.
Kuroko acquiesça d'un signe de tête, termina son verre et fit pivoter son siège en direction d'Aomine, histoire de voir où il en était de sa somnolence. A l'évidence, le coup rageur du rouge sur le comptoir ne l'avait absolument pas dérangé. Kagami se leva et passa derrière l'évier pour se laver les mains. Il s'adressa au brun d'une voix forte :
- Aomine, debout ! Si on veut manger ce soir, il faut s'y mettre !
L'as de Tōō n'esquissa aucun mouvement pour les rejoindre en cuisine.
- Naaan, c'est trop tôt… C'est l'heure de la sieste… j'ai besoin de recharger mes batteries…, dit-il à moitié endormi.
- Je pense que tes batteries ne tiennent pas la charge, Amonine-kun, constata Kuroko, quittant son siège pour ramasser la télécommande et éteindre la télévision.
Aomine ouvrit un œil en direction de son ancienne ombre, quelque peu contrarié par ce qu'il lui semblait avoir entendu dans son demi comatage.
- T'insinues quoi, là… ? demanda-t-il d'une voix trainante.
- Rien, juste qu'à part quand tu joues au basket, tu as la vitalité d'une huitre.
Aomine ouvrit les deux yeux, piqué au vif. Une huitre ? Avait-il bien entendu ? Kise, le menton toujours posé dans le creux de sa main, ne put se retenir de rire aux paroles du joueur de Seirin. L'œil malicieux, il compléta très sérieusement :
- En fait, la panthère, c'est surfait…
- Comment ça surfait ? s'insurgea Aomine, tout à coup bien réveillé. La panthère, c'est parfaitement justifié ! Tu trouveras pas plus agile et plus félin que moi sur le parquet ! Alors arrête avec tes histoires d'huitre. En plus, les huitres, c'est dégueu. C'est gluant !
- C'est ça, c'est invertébré et ça glisse. Je dirais même plus que c'est flasque et mou… comme toi hors du parquet ! compléta Kuroko.
- P'tain Tetsu ! T'arrête un peu tes conneries !
- Le seul moment où une huitre est rapide, c'est quand on presse du citron dessus. Elle se rétracte. Tu as du citron Kagami-kun ? se renseigna le joueur de Seirin.
- Attends, je vérifie, répondit Kagami en s'emparant d'une serviette pour s'essuyer les mains.
- Mais non tu ne vérifies pas ! ragea le brun en se levant brusquement du canapé, déclenchant par son geste un sourire furtif sur le visage du joueur fantôme.
Kise lança un clin d'œil complice à son acolyte, le félicitant silencieusement pour cette astucieuse manœuvre. Il n'y avait pas à dire, Kuroko savait exactement comment faire réagir son ancienne lumière, parvenant à ses fins sans en avoir l'air. Cette petite provocation avait eu le mérite de mettre Aomine debout. Il s'arrêta devant le passeur, le fusillant du regard. Il n'appréciait pas du tout être comparé à un mollusque… Kuroko, impassible, le fixa droit dans les yeux, pendant un long… très long moment. Jusqu'à ce qu'il finisse par lui sourire chaleureusement. Sourire qui, après quelques instants, détendit les traits du brun sans pour autant qu'il le lui rende en retour. Il rompit le contact avec son ancien coéquipier en se détournant, la mine perplexe. Il y avait toujours eu une belle complicité entre eux. Même si cette dernière s'était émoussée pendant la période sombre du brun. Et lorsque l'équipe de Tōō avait été battue par celle de Seirin, Aomine avait non seulement retrouvé un peu de gaité, mais s'était également à nouveau rapproché de Kuroko. Il avait d'ailleurs accédé à sa demande d'aide lorsque le passeur cherchait à améliorer ses tirs. Oui, ils avaient retrouvé leur entente, et l'As de Tōō n'était pas dupe : Il venait de se faire joliment manipuler par son ami… Maudite susceptibilité ! Mais bon, maintenant qu'il était sorti de son canapé…
- C'est bon, je suis debout ! On y va ? Je vous attends, là ! lâcha-t-il
Ah oui, susceptibilité, et mauvaise foi aussi… Le combo gagnant ! Et puis, sa réputation avait été entachée… le comparer à une huitre… lui… l'As de la génération miracle. La panthère du parquet. Non mais franchement ! Alors il fallait leur montrer que non, il n'était pas mou. Et non, il n'était pas flasque. Sur ces pensées, il s'avança l'air quasi conquérant vers la cuisine. Kagami le considéra en secouant la tête de dépit, mais chose assez rare pour le souligner, il s'abstint de tout commentaire, ne voulant ni saborder les efforts de ses alliés, ni casser l'élan de son disciple du jour.
- J'ai prévu un curry japonais. La coach a compris la recette. Ça devrait le faire aussi pour vous, expliqua-t-il à l'assemblée.
- Ah au fait, attends avant de commencer, je vous ai amené un truc…
Kise se leva de son siège et récupéra le sac qu'il avait posé contre le bar de la cuisine avant de partir pour les courses. Il l'ouvrit et en extirpa quatre morceaux de tissu pliés. Un sourire jusqu'aux oreilles, il en distribua un à Kagami puis un autre à Kuroko.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Kagami.
- Déplie-le, tu verras bien.
Trois paires d'yeux se posèrent sur Kagami au moment où il dépliait son présent. Il tendit devant lui un tablier de cuisine et siffla d'admiration.
- Classe ! commenta-t-il.
Il l'enfila et se tourna avec fierté vers l'assistance, leur présentant la magnifique tête de tigre rugissant imprimée sur son tablier rouge. Curieux, Kuroko déplia le sien, tout à son image : le fantôme du film Ghostbusters sortant à moitié d'un panneau d'interdiction barré en diagonale, sur tissu noir.
- J'imagine que les derniers sont pour vous deux, déduisit-il.
Kise acquiesça. Il secoua son tablier et l'enfila devant ses amis, leur dévoilant un mignon petit renard kawaii sur fond mauve. Puis, il lança le dernier à Aomine qui le réceptionna. Quelle idée de porter ce genre de truc. Mais bon… le brun déplia son tablier. Il le détailla… reporta son regard sur le blond, puis revint sur le tissu. Kise avait volontairement attendu que tous soient servis pour lui donner le sien. Il se mordit les lèvres, tâchant de garder une contenance sérieuse devant l'As de Tōō. Aomine fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que c'est que ça, Kise ? Pourquoi vous avez tous un truc qui vous correspond et pas moi ? bougonna-t-il.
Surpris, Kagami et Kuroko se tournèrent vers le brun qui fixait toujours son tablier, ne sachant trop s'il devait se vexer ou s'énerver.
- Montre, Aomine-kun, lui demanda Kuroko.
- Non ! pesta-t-il en croisant les bras sur son torse, la mine boudeuse et le tablier froissé dans une main.
- Allez, te fais pas prier !
Kagami s'approcha du brun dans l'espoir de voir ce qu'il leur cachait. Aomine recula. Hors de question qu'il leur montre ça ! Cherchant à échapper à la main de Kagami qui s'avançait dangereusement vers l'objet de la honte, il fit encore deux pas en arrière et se cogna à Kise qui s'était sournoisement glissé dans son dos. Le blond lui encercla le torse et les bras, pour l'immobiliser. Aomine se débattit. Kise, moins massif que lui, ne devrait surement pas lui résister longtemps. Mais Kagami, plus corpulent, vint en renfort du blond. Le brun se déchaina pour leur échapper, gigotant dans tous les sens, jurant des « mais bordel » à répétition. Alors qu'il esquivait comme il pouvait les mouvements du rouge pour qu'il n'accède pas à son bien, Kuroko le lui subtilisa sans qu'il ne l'ait vu venir.
Le passeur s'éloigna de quelques pas, secoua le tissu froissé devant lui et le scruta.
- Kise ! Ne le lâche pas ! ordonna Kagami en laissant leur prisonnier à ses bons soins. Il s'avança vers son coéquipier et reprit :
- Hey Kuroko, Show me !
Le petit fantôme s'exécuta et exposa son trophée aux yeux de tous. Kagami éclata de rire. Aomine se renfrogna davantage alors que Kise se délectait de la situation tout en maintenant sa proie.
- Moi, je trouve que c'est plutôt ressemblant. Kise-kun est un fin observateur, remarqua Kuroko.
- Mais merde Kise, qu'est-ce que c'est que ce truc ? Elle est où ma panthère ? râla Aomine.
Fier de lui et sans le lâcher, ordre de leur hôte, le blond rétorqua dans un sourire espiègle :
- Panthère ? Ah ben non, et maintenant que j'y pense, j'aurais même dû faire imprimer une huitre…
C'est qu'il n'avait pas peur de lui faire ce genre de remarque alors qu'Aomine était collé à lui. Le brun fulmina ! Il se débattit pour échapper à l'étreinte, sans succès. Merde alors ! Cette nouvelle référence à l'huitre lui rappela qu'il fallait leur remettre les pendules à l'heure à tous ces imbéciles ! Il recula, pesant de tout son poids sur son agresseur pour l'écraser un grand coup contre le mur face à la baie vitrée.
- Aie, Aominecchi, t'es violent !
Mais Kise tint bon. Aomine se pencha alors d'un coup sec vers l'avant, faisant voler le blond par-dessus lui qui s'étala de tout son long sur le sol dans un grand « boum ». D'un geste agile, la panthère s'éloigna autant qu'elle le put et se retrouva à l'autre bout de la pièce, côté cuisine.
- Kise, je t'avais dit de pas le lâcher. Faut le choper et lui enfiler le tablier.
- Désolée Kagamicchi, il m'a échappé. C'est qu'il est plutôt coriace pour un mollusque, dit-il en se redressant et se frottant les reins.
Aomine les fixa, se faisant l'effet d'un animal traqué ! Il fit deux pas en arrière. Mauvaise idée ! Il n'aurait jamais dû partir du côté de la cuisine. Il se retrouvait désormais dans un cul de sac et en face de lui Kise, vite remis de sa chute, s'interposait, le menaçant de son sourire sournois.
Traitre ! Où était le Kise qui l'adulait, le vénérait comme un dieu ? Celui qui avait commencé le basket pour lui ressembler. Celui qui, lors du match Tōō/Kaijo, avait dû énormément prendre sur lui pour accepter, le temps d'un match, d'imaginer son idole dans la peau du vaincu et s'autoriser enfin à jouer à cent pour cent de ses capacités…
Kagami se positionna aux côtés du blond. Deux contre lui. Le tigre et le renard, face à la panthère. Muscles et ruse qui s'alliaient. Merde ! Ça chauffait pour son matricule… Kise glissa un mot à Kagami que le brun n'entendit pas. Il plissa les yeux et vit l'andouille rouge acquiescer. Ouais… Ça sentait le roussi tout ça… Il se mit en position. Il ne restait qu'une chose à faire : les passer, comme au basket et courir vers la sortie. Aomine se concentra, le regard électrique, et s'élança. En face de lui, Kagami se jeta dans ses genoux, le plaquant au sol à la façon des joueurs de rugby. Surpris, le brun vient s'écraser à plat ventre sur le plancher dans un bruit sourd. Kise bondit pour s'assoir sur son dos. Aomine l'accueillit avec un grand « houmphhhh » expulsant de ses poumons la réserve d'air qui devait alimenter son corps en oxygène pendant sa fuite.
La panthère était désormais aplatie sur le sol, Kagami bloquant ses jambes et Kise à califourchon sur lui, une main dans la tignasse du brun et l'autre exposant un V victorieux. Un flash agressa leur rétine. Kuroko venait d'immortaliser l'instant à l'aide de son téléphone portable. La quête annexe « les dossiers d'Aomine-kun » était lancée !
Kagami se releva et jeta un coup d'œil interrogatif à Kuroko. Il fallait trouver un moyen d'enfiler le tablier d'Aomine. Après quelques secondes de réflexion, le passeur dit :
- Kise-kun, nous devons le faire rouler sur le dos.
Le blond lui envoya un sourire lumineux et, en un salut militaire à deux doigts, lui signifia qu'il avait bien reçu le message. Il fallait bien préparer leur manœuvre. Le brun sous lui était agile. Attention à ne pas le laisser s'échapper avant la fin de l'opération !
- Bloque lui les mains dans le dos, lui conseilla Kuroko.
Le bond s'exécuta, sous les jurons d'Aomine qui se tortillait sous lui. Le joueur de Kaijo se souleva légèrement alors que Kagami, à genoux à côté de lui poussa sur le brun pour le faire rouler sur le dos.
- Mais bordel, Lâchez moi ! cracha-t-il. j'veux pas mettr… « houmph » !
Il n'eut pas le temps d'en dire plus que Kise se rasseyait sur son torse. Les bras coincés dans le dos, immobilisés sous son propre poids, Aomine tentait de reprendre sa respiration.
- Go Kuroko !
Le passeur s'avança, enfila le haut du tablier par-dessus la tête de son ancienne ombre, déroula l'ensemble du tissu en le glissant sous les fesses de Kise et interpella Kagami.
- Soulève lui les hanches, que je puisse faire le nœud.
Kise se pencha en avant, reportant tout son poids sur les épaules de son prisonnier. Comme le disait la chanson, s'il avait les yeux révolver, le blond serait mort à cet instant. Mais peu lui importait. Ses yeux à lui pétillaient. Accrochant les prunelles du brun, il lui offrit son plus beau sourire alors que Kagami lui soulevait le bassin et que Kuroko serrait le tablier dans le bas de son dos en un double nœud impossible à enlever seul.
Opération réussie ! Kuroko et Kagami se relevèrent et le blond libéra son prisonnier qui se mit debout face à ses soi-disant amis, haletant d'avoir eu le souffle coupé et le thorax compressé sous le poids du mannequin. Les deux joueurs de Seirin reculèrent pour admirer le tablier du brun représentant un homme des cavernes, habillé d'une espèce de jupette léopard et une massue à la main, tirant une tête de six pieds de long.
- Vous faites chier les gars ! pesta l'As de Tōō en une moue qui n'était pas sans rappeler la tête dessinée sur son tablier.
Kise se retint d'exploser de rire. Il ne fallait pas trop vexer Aomine qui venait à n'en pas douter de passer un mauvais moment. Il ne put toutefois s'empêcher de laisser échapper un petit commentaire.
- Quand je disais que ça lui correspondait bien ! On dirait presque des jumeaux.
- P'tain Kise arrête de dire n'importe quoi !
Aomine chercha à enlever le nœud de son tablier, prêt à s'en débarrasser mais Kagami lui attrapa le bras, stoppant son geste.
- Noway, Dude !
Mais merde, il avait l'air ridicule avec ce truc. Non seulement ils osaient lui imposer un cours de cuisine, mais en plus ils le traitaient d'huitre et le forçaient à mettre ce… truc… Et ils se disaient ses potes ? Mais franchement, pourquoi passait-il du temps avec ces mecs ?
Un nouveau flash illumina la pièce.
- Bordel Tetsu ! Arrête avec tes photos !
- C'est pour la postérité, lui répondit Kuroko.
Kagami tenait toujours le bras d'Aomine. Il le sentait irrité… Mais après tout, c'était de sa propre faute s'il se trainait cette réputation de ronchon et gros fainéant de service ! Il ne faisait aucun effort au quotidien pour qu'on le perçoive autrement, alors il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même… Pour le rouge, la priorité désormais était de s'assurer que le brun coopérerait, sans trop d'esclandre. Kise s'avança vers eux, leur adressant un sourire bienveillant.
- Tu avoueras que c'était trop tentant. Mais ok, promis, on ne fera plus de commentaire là-dessus. Par contre tu gardes le tablier pendant toute la séance…
Le mannequin planta ses yeux dorés dans le bleu orageux de ceux de la panthère. Aomine soutint son regard, mécontent. L'autre entama doucement le lissage du tablier du brun d'une main apaisante.
- S'il te plait, Aominecchi, le supplia-t-il en une moue des plus adorable.
Enfoiré de blondinet qui jouait sur sa corde sensible… Sans rien ajouter, il se dégagea de la poigne de Kagami. Il tourna le nez en une mine boudeuse, et se contenta de repousser la main de Kise en croisant les bras sur son torse, cachant une partie du dessin imprimé… Au bout de quelques secondes, il alla se poser sur l'un des tabourets hauts devant le plan de travail, bras toujours croisés.
On pouvait dire ce qu'on voulait d'Aomine mais il y avait bien un petit cœur sous cette carapace de nonchalance et de dureté. Ses vrais amis le savaient bien et Kise venait d'en profiter. A l'évidence, Kuroko n'était pas le seul manipulateur de la bande…
Le brun semblant résolu, il ne fallait pas manquer cette opportunité ! Parce qu'avec leurs conneries, l'heure était bien avancée et la préparation du repas toujours au point mort.
- Bon, donc on va faire un curry japonais. Y a pas mal de temps de cuisson et faut tout synchroniser. Entre les légumes, le roux et la viande, c'est chronométré !
Kagami et Kise passèrent derrière le plan de travail alors que Kuroko s'assit à côté d'Aomine. Kagami sortit des planches à découper de ses placards et demanda au blond de préparer des couteaux. Kise fouilla les tiroirs, trouva facilement ce qu'il cherchait et déposa le tout sur le plan de travail. Le rouge rechercha la recette sur son téléphone et le posa à la vue de tous.
- Ouais t'as besoin d'un tuto… En fait, t'as pas vraiment de mérite…, constata Aomine, perplexe…
- Ok, vas-y, il faut faire quoi là ?
- Ben… Euh… prendre les légumes ? répondit le brun après avoir jeté un œil à la recette.
- Au moins tu sais lire… lui rétorqua Kagami en se dirigeant vers le réfrigérateur.
Aomine grogna. Non mais oh ! Bien sûr qu'il savait lire. Il le prenait pour qui ? Le chef de cuisine déposa légumes et viande sur le plan de travail, avant de se pencher vers les placards bas pour en sortir des casseroles.
- Euh, tu attends du monde ? Y a en a pour un régiment, lui fit remarquer Kise.
- J'ai prévu pour 8 à 10 personnes en fait.
- 8 à 10 personnes ? tu vois large ! s'exclama le blond.
- Tu ne te souviens pas de l'appétit de Kagami-kun ? Ce n'est pas un estomac qu'il a, c'est un puit sans fond… expliqua le joueur fantôme.
- Oh, c'est bon Kuroko. J'ai un corps et du muscle à nourrir !
Aomine leva les yeux au ciel. Il n'allait pas la ramener avec sa carrure ! Du muscle, peut-être, mais ça le rendait lourd. Ouais, c'était un lourdaud, voilà ! Un lourdaud et un bourrin, alors que lui était tout en finesse et en agilité.
- Tch ! Tu le nourris mais tu ne sais pas le bouger sur le parquet !
Kagami s'arma de ce qui lui passa sous la main et Aomine reçut un coup de torchon en pleine tête. Heureusement pour lui qu'il avait déjà posé les casseroles…
- Come on ! J'te prends quand tu veux sur le terrain en bas de l'immeuble, Ahomine !
- Ah ouais ? Eh bien on y va tout de suite, Bakagami ! répliqua le brun en choppant l'autre extrémité du torchon qui venait de le fouetter.
Les yeux plantés dans ceux de l'autre et les dents serrées, ils se déportèrent jusqu'à ce que le plan de travail ne soit plus un obstacle entre eux. Ah ben oui, il ne fallait pas trop les chauffer ces deux-là. Aomine avait cédé pour le tablier mais il accusait encore le coup de sa fierté égratignée alors il ne fallait pas le chercher. De son côté, Kagami, en bon sanguin, se montrait toujours prompt à répondre à ses provocations. Les deux grognaient, prêts à en découdre, tirant chacun sur le morceau de tissu qui ne demandait rien à personne. Ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas insultés et provoqués, tiens… Ils étaient vraiment impossibles ! Tous deux se dirigèrent d'un pas vif vers la sortie de l'appartement, liés par le torchon, en continuant à se provoquer. Kuroko et kise se regardèrent par-dessus le plan de travail. C'est qu'ils allaient les planter là ces deux idiots !
- Stop ! Dois-je vous rappeler pourquoi nous sommes ici ? demanda Kuroko d'un ton sans appel.
Les deux stoppèrent net leur mouvement. Ils se fixèrent.
- C'est de sa faute aussi, il me cherche ! se dédouana le tigre.
- Ah ouais, c'est moi qui te cherche ? Qui est-ce qui m'a aplati sur le sol et qui m'a traité d'illettré et qui m'a balancé un coup de torchon en pleine tête ?
- T'avais qu'à arrêter de te défiler et de râler !
- Vous êtes mignons, reliés par votre torchon, les interrompit Kise.
Aomine et Kagami regardèrent de concert le tissu dont ils tenaient chacun une extrémité. Tout hérissé, Kagami tira un grand coup dessus :
- Rends moi mon torchon, Asshole !
- J'en veux pas de ton truc de toutes façons ! dit le commis du jour, en croisant les bras sur son torse.
- Revenez ici ! Je pense que nous avons du travail, ordonna Kuroko.
- Ok ok, on arrive, abdiqua Kagami à contre cœur. Parce que là, il n'aurait pas refusé un petit affrontement au basket pour se défouler. Il était chaud !
Il reprit sa place aux côtés de Kise, derrière le comptoir. Aomine, lui, ne bougeait pas. Il ronchonnait... Kuroko se pencha vers ses affaires et sortit l'arme ultime de son sac.
- Aomine-kun ? l'interpella-t-il en exposant l'exemplaire de juin du brun.
- Bordel, comment tu l'as eu, celui-là ? Rends-moi mon magazine !
- Oui bien sûr. Ce soir, après le repas…
Le brun hésita puis s'avança vers le plan de travail, baragouinant dans sa barbe. Il y avait du Satsuki là-dessous, à n'en pas douter ! Elle allait l'entendre ! Pffff… Inutile de chercher à récupérer son bien par la force. L'ennemi avait l'avantage du nombre… Il se rassit lourdement à la place qu'il occupait quelques minutes plus tôt et attendit, bras croisés.
Voilà ! On allait enfin pouvoir entrer dans le vif du sujet… Et pour commencer… Les bases ! Kagami s'empara d'un couteau et d'une carotte et se pencha au-dessus de plan de travail vers le brun, des flammes rouges dansant dans les yeux.
- Ça, c'est un couteau ! Fais gaffe, ça coupe ! lui dit-il, provocateur, du défi plein les yeux
Aomine le dévisagea en fronçant les sourcils.
- Ça, c'est une carotte ! poursuivit le rouge en levant le légume à hauteur d'yeux.
- C'est ça, prends moi pour un con aussi ! Et pourquoi il y a qu'à moi que tu précises tes conneries ?
- Eux, ils savent déjà à quoi ressemble une carotte et comment on utilise un couteau…, rétorqua Kagami
- Et moi pas, peut-être ?
- J'ai quelques doutes…, dit le tigre, le fixant toujours droit dans les yeux.
- Comme si je ne savais pas découper des carottes !
Non mais franchement, il se foutait de lui. C'est vrai qu'il ne cuisinait jamais mais fallait quand même pas le prendre pour une bille ! Et pour prouver ses dires, il s'empara du couteau et de la carotte avec laquelle l'autre abruti l'avait nargué. Il prit l'une des planches à découper que le rouge avait posées sur le plan de travail et commença son ouvrage sous les yeux de Kuroko, toujours assis à côté de lui et de Kagami qui suivait ses gestes d'un œil critique. Tandis que Kise, derrière l'évier, terminait de se sécher les mains. Lorsqu'il eut fini son ouvrage, très fier de lui, Aomine poussa sa planche vers Kagami.
- Tiens, mange-moi ça Bakagami !
Trois paires d'yeux scrutèrent les morceaux de carotte, plutôt grossiers, qui gisaient sur la planche à découper. Quelques secondes s'écoulèrent en silence avant que Kuroko lui fasse remarquer :
- Aomine-kun, je crois que tu as oublié une étape…
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Une carotte, ça s'épluche, Aho ! railla Kagami. Et avant de commencer à cuisiner, on se lave les mains !
- Ben c'est pas de ma faute si t'es nul comme prof ! Et puis c'est bon, de toutes façons, après ce sera cuit. Y aura pas de microbes dans la bouffe ! Alors on s'en fout !
La vache… la séance serait longue…
Très longue…
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Un chapitre plus long que le premier. J'espère qu'il vous a plu.
Je suis, bien sûr, preneuse de vos impressions et remarques via un petit commentaire.
A très vite pour la suite et fin de cette fiction :)
