Chapitre 2
Le Capitaine avait sorti Brad de régénérescence.
« Tant pis pour les risques » Avait-il dit. Tout le monde semblait d'accord.
Quand on avait expliqué la situation à Brad, il s'était exclamé « Ben qu'est-ce que vous voulez que j'fasse moi? »
Ce à quoi le Capitaine avait répondu : « C'est vous le scientifique à bord, trouvez une solution! »
Pendant qu'ils argumentaient, je m'étais assis par terre, observant la scène d'un air plutôt découragé. Brad ne m'avait jamais aimé, et le contraire était aussi vrai. Je ne savais pas s'il pouvait réellement m'aider, mais même si c'était le cas, il ne déploierait que le minimum d'effort sur mon cas.
Je soupirai.
Le Capitaine allait sûrement trouver une méthode pour faire travailler Brad sur ma condition. En attendant, leur débat me cassait les oreilles. J'avais toujours eu l'ouie fine, mais même avec des oreilles de chiens, les arguments de Brad en restaient tout aussi exaspérants. Je tournai le dos et sorti de la Salle de Commandement.
Je me dirigeai vers la Salle de Bain. Il fallait que j'aille au petit coin.
Le vaisseau semblait énorme, et je devais faire beaucoup plus de pas pour traverser un simple corridor. Je passai devant le Centre de Santé et j'y vis Serge qui travaillait sur le démolécularisateur de Pétrolia. Il m'entendit sûrement passer car il me lança un « Salut Flavien! » de son poste de travail. Je lui répondis en aboyant 2 fois, mais je commençais à m'habituer que mes mots, peu importe lesquels, sonnaient toujours pareil.
Je continuai mon chemin, et j'arrivai à la porte de la Salle de Bain. Je faillis me cogner le museau dessus parce que qu'elle ne s'ouvrit pas.
Voyons, Pensai-je.
Je reculai un peu et attendis…
Rien.
Bon, puisque le senseur ne me détectait pas, je devais normalement essayer de bouger à une altitude plus élevée.
Je me donnai un élan et je me mis sur mes pattes de derrière.
Ooooh! Pas facile de marcher sur deux pattes quand on est un chien! C'est très instable comme position! Et puis on peut même pas élonger les bras, euh, pattes de devant pour se stabiliser. Deux pas en avant… trois pas en arrière… rien! Le senseur ne me détectait toujours pas!
Je retombai sur quatre pattes. Bon, debout ça marche pas…
Je me donnai un autre élan, et je sautai le plus haut que je pus.
Miracle! La porte s'ouvrit! Je me précipitai pour ne pas qu'elle se referme sur moi.
« Kaiiiiii! »
J'avais oublié que j'avais une queue. Ow. Le bout était resté pris dans la porte mais seulement une fraction de seconde. Bon… maintenant, que j'étais entré, il ne devrait plus y avoir de problème!
J'avançai jusqu'à la toilette… err… elle est un peu haute. Ouache, ça pue! C'est vraiment désagréable d'avoir aussi l'odorat d'un chien.
Peut-être que si je saute dessus… non… si je manque mon coup, je veux même pas savoir ce qu'il se passera après!
Mais je ne pouvais quand même pas faire pipi par terre!
Je tournai en rond. La vessie d'un petit chien, c'est pas mal plus petit que celle d'un humain. Ca commençait à presser. Mais je ne pouvais quand même pas demander à me faire sortir dehors! Et puis je n'oserais jamais demander à une des filles. Et je mourrais de honte de demander ça au Capitaine, et Brad lui s'en ficherait…
Serge!
Un robot, ça c'est pas mal moins pire!
Je me dirigeai vers la porte, sautai pour me faire repérer par le senseur, et me dirigeai rapidement vers le Centre de Santé.
J'y entrai en émettant une plainte pour que Serge me remarque.
« Flavien? Ca va? »
Je gémis à nouveau.
« Voyons, qu'est-ce qui se passe? » Il laissa le démolécularisateur sur la table et se leva.
Comment lui faire comprendre ce que je voulais?
Je trépignai sur place, essayant de mimer ce que je voulais. Il ne sembla pas comprendre car il se gratta la tête, l'air perplexe.
Je fis alors semblant de gratter la porte, comme un chien qui veut sortir.
« Ahh! Tu veux… ahhh! Mais vas-y voyons! »
Je jappai. Voyons, c'était pourtant simple!
« Ah oui… c'est vrai que ça cause un problème. Euh… »
Je m'assis, et j'attendis qu'il trouve une solution.
Il me regarda, embêté.
« Des journaux? » Proposa-t-il.
J'émis un grondement sourd. Non!
« Euhm eh bien… un petit pot? »
J'inclinai la tête. Je suppose que je n'avais guère le choix. J'approuvai et Serge m'installa le nécessaire.
Une fois le problème réglé, Serge retourna au Centre de Santé s'occuper du démolécularisateur, et je me dirigeai vers la cuisine.
J'avais faim.
Et pas question de manger de la bouffe pour chien! Voyons, peut-être un sandwich?
Je sautai pour faire ouvrir la porte de la cuisine, puis j'y entrai en espérant que Bob n'avait pas tout dévoré avant d'aller en régénérescence.
Bon, le pain était sur le comptoir. Je regardai autour… comment monter?
Je vis une des chaises qui était adossée au comptoir un peu plus loin. Je sautai dessus et me retrouvai sur le comptoir en moins de deux. Je pris le pain dans ma gueule et le lançai par terre. Mieux valait travailler à mon niveau.
La mayo et la viande maintenant. Ouvrir le frigo avec seulement le museau, ce n'est pas une simple tâche. Une fois entrouvert, je poussai la porte avec le reste de mon corps. Je poussai délicatement la mayo en dehors du frigo, puis le sachet avec les viandes froides. Je remontai sur le comptoir chercher un couteau, que je pris dans ma gueule, et je redescendit…
Ouvrir un pot… une autre affaire!
Je soupirai.
N'y avait-il rien de facile lorsqu'on était un chien?
Je tentai de prendre le pot, je le poussai, je le tirai, j'appuyai mon museau, rien à faire…
Je regardai de chaque coté pour être certain que personne de me voyais, puis je lichai le pot en essayant de pousser avec ma langue. Berk! Le goût de métal.
Tant pis, je mangerais le sandwich sans mayo… de la moutarde peut-être? Ce pot là, on a qu'à le presser…
Je rouvris le frigo avec mon museau, j'escaladai une étagère et je poussai le pot de moutarde en bas.
Plus facile à ouvrir celui-là, je réussis assez facilement à étaler la moutarde sur les deux tranches de pain. J'ajoutai la viande maladroitement avec mes pattes, refermai le sandwich et, satisfait du résultat, je me léchai les babine.
Je m'approchai pour prendre une bonne bouchée quand j'entendis :
« Alerte Rose avec des bigoudis! »
À suivre...
