Voici la seconde version de ce prompt ("Met at a wedding AU"), avec un ton un peu plus léger que la précédente.
/!\ Disclaimer : La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.
Sur ce, bonne lecture à vous !
Faith's wedding - V2
Le mariage est le plus beau jour de votre vie. Voilà ce qu'on entend partout, tout le temps, quand on est une femme. Et pourtant le plus grand mensonge de l'univers. Du moins c'était ce que pensait Faith Mitchell à cet instant. Yokas, se corrigea-t-elle mentalement. Bon sang, elle ne s'y ferait décidément jamais.
Elle aimait Fred de tout son cœur, vraiment, alors pourquoi regrettait-elle déjà de l'avoir épousé ? Non, elle ne regrettait pas. Elle était tout simplement épuisée à cause du stress et de la fatigue, voilà tout.
Elle avait dû s'occuper de toute l'organisation du mariage toute seule, la participation de Fred se résumant à donner son avis et à suggérer tout un tas de fantaisies supplémentaires sur lesquelles elle avait généralement volontairement fait l'impasse. Mais comme souvent, elle avait fini par céder. Et le mariage était devenu un véritable casse-tête financier. Réduire les dépenses ici pour compenser l'augmentation des dépenses là.
Aujourd'hui encore, elle avait du tout gérer de A à Z. Les questions du traiteur, les problèmes de sono, les crises des invités. Et Fred pendant ce temps-là ? Il vidait les bouteilles d'alcool et riait aux éclats avec ses amis. Le seul moment où elle avait réellement profité de l'instant, c'était pendant la cérémonie à l'église.
Mais maintenant qu'elle n'était plus le centre de l'attention, elle pouvait enfin s'accorder une pause.
« Qu'est-ce que je vous sers ? lui demanda le serveur lorsqu'elle s'approcha.
- Ce que vous avez de plus fort.
- Soirée pourrie ? fit un homme à sa droite.
- Je-
- Je vous rassure, je me fais chier aussi. »
Faith rit. Si la question de l'homme l'avait prise de cours, sa réponse lui permet d'éviter de se mettre dans un situation embarrassante. Quel genre de mariée se plaignait le jour même de son mariage ?
« Je n'irais pas jusque-là, mais… c'est compliqué, avoua-t-elle malgré tout, se surprenant elle-même.
- Désolé pour vous.
- Merci, dit-elle doucement avant d'avaler son verre d'une traite. Un autre s'il vous plait.
- Vous rentrez pas en voiture après, j'espère ?
- Vous êtes qui ? Le fils du père Michael ? demanda-t-elle, sans savoir si elle était plus agacée ou amusée.
- Maurice Boscorelli, pour vous servir, répondit l'homme avant de faire une courbette exagérée. Et tout le contraire d'un prête. »
Faith rit de nouveau. Cet homme était un sacré numéro.
« Faith, se présenta-t-elle alors en lui tendant le bras.
- Enchanté, Faith, répondit l'homme en lui serrant la main.
- Tout le contraire d'un prête, ça veut dire quoi exactement, monsieur Boscorelli ?
- Bosco.
- Pardon ?
- C'est comme ça que tout le monde m'appelle : Bosco.
- Militaire ? demanda-t-elle, intriguée.
- Ex. »
Ils restèrent silencieux un moment, et cette fois-ci Faith prit le temps de savourer son verre d'alcool. Elle tourna le dos au bar improvisé et s'y accouda, puis balaya du regard la salle des fêtes dans laquelle ils se trouvaient. Bosco l'imita après avoir commandé un nouveau verre.
« Tu es venu avec qui ? lui demanda-t-elle soudain, curieuse.
- Qui te dit que je suis venu avec quelqu'un ?
- Eh bien… ton visage ne m'est pas familier, or je connais à peu près tout le monde dans notre cercle d'amis.
- Ça m'étonne pas, commenta Bosco.
- Quoi donc ?
- Que vous soyez un cercle restreint. Ils ont tous le même humour ringard que le marié. »
Faith rit une fois de plus. Il n'avait cependant pas tout à fait tort. Plus que ses amis, d'ailleurs, la plupart d'entre eux étaient surtout ceux de son mari.
Elle ne s'en était jamais vraiment aperçu jusqu'au moment de faire la liste des invités, mais elle n'avait plus tellement d'amis propres. Son cercle, et littéralement toute sa vie, ne tournait finalement qu'autour de Fred. Ce constat, même si elle l'acceptait, ne l'avait cependant pas laissé indifférente.
Elle n'avait jamais été ce genre de fille à avoir toute une tribu autour d'elle. Elle avait ses quelques amies et ça lui suffisait. Et puis il y avait eu Fred. Elle avait fréquenté d'autres garçons avant lui, mais cette fois-ci avait été différente. Il était rassurant, protecteur. Et il lui vendait des rêves de liberté quand elle se confiait sur sa vie de famille. Il lui avait offert une porte de sortie dans une vie où elle se sentait coincée, et elle était partie sans se retourner.
Elle s'était faite de nouveaux amis, dont Holly de qui elle était particulièrement proche, et elle avait gagné son indépendance. Elle ne regrettait absolument rien. Pourtant, devant cette liste d'invités, elle avait éprouvé un pincement en cœur.
Faith cacha son trouble dans son verre, puis se râcla doucement la gorge avant de se reconcentrer sur la conversation avec l'inconnu.
« Tu n'as pas répondu à ma question, fit-elle remarquer.
- Si.
- Tu es forcément venu avec quelqu'un, on ne vient pas seul à un mariage où on ne connaît personne.
- Sauf si tu comptes repartir avec quelqu'un de ce mariage.
- C'est pour ça que tu es là ?
- Pourquoi pas ? rétorqua-t-il avec un sourire en coin. »
Faith l'observa en silence un instant avant de détourner le regard. Cet homme semblait tellement libre, comparé à elle. Libre de ses choix, libre de sa vie sans aucun égard pour l'opinion des autres. Elle devait admettre qu'elle enviait un peu cela.
C'était peut-être la raison pour laquelle elle appréciait sa compagnie. Même si elle avait conscience qu'elle aurait dû retourner se mêler aux invités, elle souhaitait prolonger encore un peu ce tête-à-tête.
« Tu ne m'as pas l'air particulièrement accompagné, pourtant… commenta-t-elle avec un sourire.
- T'es bien là, toi, répliqua-t-il sur le même ton.
- Moi ? fit-elle, surprise. »
Faith secoua doucement la tête en riant. Espérait-il vraiment repartir avec elle à la fin de la soirée ? Il y avait quelque chose de flatteur à cela, et elle se demanda si elle aurait dû s'en sentir coupable. Buvant une gorgée supplémentaire, elle chassa cette pensée de son esprit et décida de profiter de la soirée. Après tout c'était sa journée. Quel mal y avait-il à se laisser draguer par un inconnu tout en sachant que cela n'aboutirait à rien ? Comme le silence s'éternisait un peu, Bosco reprit la parole.
« Je n'ai toujours pas vu l'ombre d'une mariée, cela dit.
- Ah non ? répondit-elle innocemment.
- Non. C'est dommage d'ailleurs.
- Pourquoi ça ?
- Je suis curieux de voir quel genre de femme arrive à se dégoter un type comme le marié.
- Pourquoi ? Tu comptes lui voler sa femme le jour de leur mariage, peut-être ? plaisanta-t-elle.
- Avoue que ça serait drôle et que ça aurait le mérite de mettre un peu d'ambiance si je lui volais la vedette.
- Encore faut-il que la mariée veuille de toi, répliqua-t-elle en se retenant de rire.
- Excuse-moi, mais tu m'as bien regardé ? »
Tout en disant cela, Bosco fit un pas en arrière et écarta les bras comme pour s'exposer à son regard et appuyer son propos.
« Oui, et ? fit Faith d'un air peu impressionné.
- Outch. »
Ils se mirent tous les deux à rire alors que Bosco vint retrouver sa place à ses côtés. Il fit signe au serveur de le resservir, accoudé face au bar, et regarda Faith.
« Plus sérieusement, non. Les femmes mariées sont hors limite.
- Vraiment ?
- Ouais. Je suis pas là pour briser des couples et me retrouver au milieu des problèmes. J'ai pas envie de me prendre la tête. »
Faith hocha la tête. Derrière ses airs de coureur de jupon, cet homme semblait tout de même avoir de bons principes. Elle était persuadée que, avec un peu plus de temps, elle pourrait découvrir en lui quelqu'un de bien. Hélas cette soirée ne s'éterniserait pas éternellement.
« Je connais pourtant des femmes mariées qui seraient prêtes à repartir avec toi, commenta-t-elle.
- Evidemment.
- Tu es toujours aussi arrogant ?
- Réaliste, c'est tout. »
Cette précision la fit rire. Combien de fois avait-elle rit depuis le début de la conversation, elle n'aurait même pas su le dire. C'était facile, et agréable aussi.
« Et toi ? lui demanda-t-il soudainement.
- Moi quoi ?
- T'es venue avec qui ?
- Qui te dit que je suis venue avec quelqu'un ? répliqua-t-elle, faisant écho à ses propres mots, prononcés un peu plus tôt. »
Bosco se mit à rire devant la répartie de Faith.
« Sérieusement, c'est qui le rencard lourdingue que tu traînes ici ?
- Pourquoi lourdingue, tout de suite ?
- T'as vu la tronche que tu tirais en arrivant ici ? On aurait dit que t'avais besoin de te planquer. »
S'il savait… songea Faith qui força un sourire triste. Bosco n'aurait pas pu viser plus juste, même si elle aurait surtout voulu fuir loin d'ici plutôt que simplement se planquer. Par ailleurs elle s'en voulait de savoir que ses émotions étaient aussi flagrantes alors qu'elle était entourée de personnes censées être ses amis, et le jour de même de son mariage.
« Rassure-moi, tu viens pas de te faire larguer en plein mariage ? voulut-il savoir, la tirant ainsi de ses pensées mélancoliques.
- Qu'est-ce que ça changerait ? demanda-t-elle en se retournant vers le bar.
- D'abord le mec qui fait ça est un tocard, et ensuite j'évite de sortir avec des femmes qui viennent de se faire larguer, c'est trop compliqué à gérer.
- Au moins tu as le mérite d'être clair. »
Faith rit doucement, jouant avec le verre entre ses mains. Elle recommanda une tournée, pour elle et son compagnon de solitude, mais ne le porta pas de suite à ses lèvres.
« Et donc ?
- Non, je ne viens pas de me faire larguer, le rassura-t-elle avant d'ajouter pour elle-même : Tout le contraire, en fait.
- Comment ça ?
- Je viens de me marier. »
Sa phrase laissa Bosco confus à ses côtés, et elle ne tarda pas à détourner le regard. Il l'avait pratiquement dragué pendant toute leur conversation et elle l'avait laissé faire tout en sachant qu'il n'avait aucune idée qu'elle était la mariée en question.
« Attends… la mariée, c'est toi ?
- Surprise… »
Bosco resta silencieux. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Après la première danse Faith était allée se changer, troquant sa robe de mariée contre une robe blanche plus légère. Avec la chaleur qu'il faisait, tant à l'extérieur que dans la salle des fêtes elle-même, c'était une tenue plus appropriée. Autrement elle était persuadée qu'elle aurait fini par faire un malaise avant la fin de la soirée.
Elle restait cependant la seule femme habillée en blanc le jour d'un mariage, mais Bosco n'avait apparemment pas fait le rapprochement. Et puisqu'il ne connaissait personne, du moins pas qu'elle sache – la question avait finalement été mise de côté avant qu'elle n'ait pu obtenir de réponse à ce sujet – il n'était pas censé savoir qui elle était.
« Ce tocard a vraiment de la chance, finit-il par déclarer et Faith se mit à rire doucement.
- Je vais prendre ça pour un compliment.
- Désolé mais je vais pas changer d'avis sur ce type juste pour te faire plaisir.
- Merci. »
Elle appréciait sa franchise. C'était quelque chose de rafraîchissant dans un environnement où personne n'osait réellement se dire les choses directement. Et c'était le propre de la plupart des invités d'aujourd'hui. C'était le propre de Fred, aussi. Ce côté passif-agressif quand quelque chose n'allait pas.
« T'as pas l'air super heureuse pour autant, pour quelqu'un qui vient de se marier, reprit Bosco.
- Oui, eh bien…
- Tu regrettes déjà ?
- C'est si évident que ça ? demanda-t-elle avec hésitation. »
Bosco ne répondit pas, mais l'expression sur son visage était une réponse en elle-même. Faith soupira et baissa la tête. La douleur dans ses épaules se réveillait. Ces dernières semaines, avec toute la pression autour de l'organisation du mariage, elle avait été constante. Elle se passa une main sur la nuque, se massant l'air de rien ses muscles endoloris.
« Pourquoi tu l'as épousé ? voulut savoir Bosco.
- Je… »
Faith n'avait pas répondu tout de suite, se laissant le temps de la réflexion pour lui fournir une réponse honnête, mais même là elle luttait avec les mots. Des larmes se mirent à lui piquer les yeux et elle ne savait pas si c'étaient des larmes de tristesse, de fatigue ou de frustration.
« Ça te dit de faire un tour dehors ? proposa alors Bosco, l'air de rien. Il commence à faire chaud ici.
- Okay. »
Faith apprécia ce moment de répit qu'il lui offrait. Rien ne l'obligeait à faire ça. Il aurait tout à fait pu mettre un terme à la conversation et s'en aller draguer quelqu'un d'autre qui ne lui aurait pas menti sur son identité pendant de longues minutes, le laissant s'imaginer des choses.
Une fois dehors, elle prit un instant pour savourer la fraîcheur de la nuit. En réalité la température n'avait pas baissé tant que ça depuis la fin d'après-midi, mais comparée à la chaleur qu'il faisait à présent à l'intérieur de la salle des fêtes, c'était un changement agréable. Elle ferma les yeux et inspira profondément, ne les rouvrant que lorsqu'elle sentit Bosco passer à ses côtés. Elle l'observa la dépasser de quelques pas avant de s'arrêter. Il glissa les mains dans les poches de son pantalon de costume et semblait fixer l'horizon.
Faith marcha jusqu'au point d'herbe non loin et ôta ses chaussures à talon. La sensation de l'herbe épaisse sous ses pieds nus était divine.
« Tu te sens mieux ? lui demanda son acolyte.
- Ça fait du bien, approuva-t-elle en hocha la tête.
- Je sais pas comment vous faites pour marcher avec ce genre de chaussures.
- L'habitude. »
Elle baissa la tête un instant avant de croiser de nouveau le regard de Bosco, puis elle avança dans l'herbe. Un peu plus loin, légèrement en contrebas, se trouvait une barrière en bois qui faisait le tour de la propriété. Faith s'en approcha, suivie peu après par Bosco, et s'y accouda.
« Jusqu'à aujourd'hui je pensais que Fred était tout ce dont je rêvais, confessa-t-elle au bout d'un long silence. Je ne pensais pas un jour me sentir prise au piège… »
Le penser était une chose, mais l'avouer à voix haute comme elle venait de le faire en était une autre. Cela venait donner du poids à une vérité qu'elle avait longtemps cherché à ignorer, elle s'en rendait compte à présent.
« Tu dois me trouver pathétique…
- Pas toi, contra doucement Bosco. C'est ta situation qui l'est.
- C'est du pareil au même, non ?
- Qu'est-ce que tu comptes faire ? lui demanda-t-il alors.
- Qu'est-ce que je peux faire ? Ce n'est pas comme si je pouvais faire marche arrière maintenant… »
Cette seule pensée suffit à lui nouer la gorge de larmes. Elle détourna le regard et fixa un point au loin dans la nuit noire le temps de se reprendre. Ce n'était que la vérité, après tout. Que penseraient les gens si elle quittait Fred tout juste quelques heures après lui avoir dit oui ?
« Donc tu comptes rester malheureuse toute ta vie ?
- Je n'ai pas dit que j'étais malheureuse… rétorqua-t-elle, mais sa phrase sonnait faux même pour elle.
- T'as pas besoin de le dire, tu sais ? »
Faith croisa les bras sur le bois de la barrière, en un geste défensif. Ce n'était pas agréable de s'entendre décryptée avec tant de justesse par un presque inconnu, de cette façon. Mais que pouvait-elle dire ? Elle s'était mise toute seule dans cette situation, dans tous les sens du terme.
« Je vais le briser si je fais ça…
- Eh, Faith… »
Elle refusa de le regarder, de peur de ce qu'elle pourrait encore le laisser entrevoir de sa détresse. Mais quand il posa le bout de ses doigts sur la peau nue de son bras, elle sursauta. Il attendit de rencontrer son regard avant de dire ce qu'il avait à dire, un air sérieux sur le visage.
« Ne gâche pas ta vie dans un mariage qui te rend malheureuse. Personne n'est jamais mort d'avoir divorcé. »
Elle hocha la tête doucement, sans vraiment savoir pourquoi. Est-ce qu'elle était d'accord avec lui ? Est-ce qu'elle prenait sa décision ? Est-ce qu'elle voulait juste lui faire abandonner le sujet ? Elle-même ne le savait pas.
« Tu devrais retourner à l'intérieur, déclara soudainement Bosco, la tirant de ses pensées. Les gens vont sûrement s'inquiéter de ne plus te voir.
- Probablement, acquiesça-t-elle sans grande conviction. »
La vérité c'était qu'elle n'était pas certaine d'avoir envie de retourner là-bas, maintenant qu'elle avait pleinement pris conscience de toute ce qui n'allait pas. Comme si elle était incapable de préserver le bonheur dans sa vie, qu'elle était obligée de volontairement tout gâcher d'une façon ou d'une autre.
Sans attendre plus longtemps Bosco se décolla de la barrière, lui souhaita bonne nuit et tourna les talons.
« Attends ! l'interpella-t-elle soudain alors qu'il remontait déjà vers le chemin.
- Hmm ?
- Merci. Pour tout ça, je veux dire. Les discussions et le bon moment passé en ta compagnie.
- Avec plaisir.
- Désolée d'avoir plombé de potentielles rencontres.
- Je t'ai rencontré, toi. »
Faith sourit timidement lorsqu'il lui un clin d'œil, puis il tourna le dos et s'en alla. Il ne retourna pas à l'intérieur, prenant plutôt la direction opposée, en direction du côté de la propriété qui faisait office de parking.
Alors ? =)
