Note de l'auteur : Comme dit dans l'introduction, je suis également sur Wattpad. C'est même sur la plateforme que j'ai décidé de publier les premiers chapitres bien que je sois plus à l'aise sur . Pour autant, même si je pensais que la communauté de fan de BNHA était plus présente sur Wattpad, j'ai été surprise par le nombre très conséquent d'une seule vue.

Heureusement, j'écris parce que j'aime ça et j'ai déjà beaucoup avancé sans besoin de review, je ne suis donc pas vexée. Mais j'imagine qu'en postant également sur FF, je pourrais aussi satisfaire un plus grand nombre de .s !

D'ici là, je vais publier à la suite tous les chapitres que j'ai déjà posté sur WP.

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

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Revenge lurks in the sky

Chapitre I :

Sacrifice and disillusionment.

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Les flots s'agitaient, s'écrasant contre les roches dentées qui perçaient l'océan déchaîné. Plus haut dans le ciel, les yeux fermés et sa frange se collant sur son front luisant d'effort, Kagame fit un geste en direction des deux silhouettes qui se débattaient dans les airs. Elle sentait ses poumons exploser sous la pression, le déferlement des vagues en dessous de ses pieds qui semblait la menacer de l'engloutir et plus que jamais, elle serra les dents en esquivant d'un mouvement souple les poings explosifs du garçon dynamite, ignorant ses vociférations pleines de rage. Elle y était presque, il ne manquait plus que quelques secondes et ils auraient gagné...

Son souffle se bloqua violemment quand elle sentit le poing glacé du fils d'Endeavor s'enfoncer brutalement dans son ventre tandis qu'il la fauchait en se propulsant dans les airs grâce à son alter de feu. Elle fut alors éjectée plus loin et évita de justesse une explosion qui faillit l'atteindre en plein visage en se retournant. De sa main droite, elle fit un geste en arrière et vit le visage tordu de rage du blond se crisper de surprise sous le manque d'air. Elle ne voulait pas le tuer, elle n'avait jamais voulu tuer toutes ses précédentes victimes. Mais, parfois, il fallait faire des sacrifices pour le bien commun.

Pour autant, lorsqu'elle jeta un coup d'œil en direction de Deku qui se battait contre la silhouette monstrueuse de Re-Destro elle se sentit défaillir. Ils n'étaient plus en position de force désormais et perdaient en puissance à mesure que les silhouettes tombaient comme des mouches dans l'œil de son cyclone. Elle ne comptait plus le nombre qui s'étaient fait aspirer tandis qu'elle déchaînait toute la puissance de son alter, se maintenant dans les airs comme elle le pouvait.

Elle pouvait aider Re-Destro, elle le pouvait si elle relâchait la tempête mais alors ils se feraient encerclés et il n'y aurait plus aucune issue. De plus, elle voyait l'ombre menaçante de Shoto s'approcher d'elle pour sauver son ami. Kagame tourna son regard sur le blond dont elle privait toujours d'oxygène. Ce dernier se débattait contre un ennemi invisible, tenant sa gorge tout en essayant de propulser vers elle toute sa charge explosive. En vain. Elle l'évita d'une facilité déconcertante mais dû finalement se résoudre à relâcher sa pression sur le garçon quand elle fit face à Todoroki et son air déterminé.

Utiliser son second alter était dangereux tant qu'elle se trouvait au-dessus de l'eau et ses forces la quittaient peu à peu, rendant ses muscles douloureux. Mais elle ne pouvait faire face des deux côtés et le blond qui avait repris le contrôle arborait une lueur meurtrière dans ses yeux carmins, promesse de la tuer s'il le fallait. Il n'avait pas le profil d'un super-héros, songea-t-elle en dirigeant le vent sous ses pieds pour s'élever et ainsi éviter une énième explosion. L'ouragan qu'elle avait réussi à maintenir jusqu'ici baissa d'intensité tandis qu'elle aspirait en elle toute l'électricité ambiante, des nuages furieux à la puissance du garçon aux cheveux électriques plus bas sur la berge. Son corps tressauta alors qu'elle prenait de son énergie, une vraie source de pouvoir, et elle le vit se faire attraper in-extremis par son amie aux lobes en forme de port jack avant qu'il ne se jette lui-même dans l'océan meurtrier.

Re-Destro dû alors sentir qu'elle ne tenait plus et tandis qu'ils échangeaient un regard déterminant, elle étendit ses deux bras en direction du garçon explosif et de Shoto et relâcha la puissance emmagasinée en leur direction, libérant deux éclairs tueurs qui vinrent illuminer le ciel d'un éclat déchirant alors qu'ils se dirigeaient d'une extrême rapidité vers leur cible. L'épais brouillard qui les entourait l'empêchait d'être certaine d'avoir atteint ses cibles mais ils ne revinrent pas à la charge et elle lâcha un profond soupir, comme si elle avait gardé son souffle tout ce temps.

C'est alors qu'elle se sentit petit à petit perdre de l'altitude, son corps se paralysant sous la fatigue tandis que le contre coup de ses alters se faisait ressentir dans tous les muscles qui la composaient. C'était fini, si elle n'avait pas réussi à se débarrasser des deux garçons, ils étaient dans tous les cas perdant. Ils devaient l'accepter et simplement se replier. Oui, c'était la meilleure chose à faire, se dit-elle en sentant le vent fouetter son dos à mesure qu'elle plongeait en piquée. Ils allaient venir la chercher. C'était dans son regard, elle lui avait dit, lui avait fait comprendre qu'elle était à bout de souffle. Elle ne devait pas s'inquiéter de l'océan encore agité qui s'approchait de plus en plus et étendait ses vagues en sa direction pour l'aspirer, ce n'était qu'une question de seconde avant qu'il ne tende sa main en sa direction et qu'il l'emmène loin, qu'ils retournent dans leur QG pour préparer une nouvelle offensive.

Elle pourrait alors se reposer, s'entraîner toujours et encore, peaufiner ses attaques... Pourtant, alors que la distance se réduisait avec l'étendue bleue, elle ne vit rien. Tout était terne. Il n'y avait que les nuages gris aux larmes salées qui trempaient ses joues et l'air qui s'insinuait sous sa cape l'entourant comme deux bras protecteurs. Elle sut alors que les perles brillantes qui s'échappaient de ses yeux dorés n'avaient rien à voir avec l'épaisse masse grise au-dessus d'elle et qu'il était déjà trop tard pour elle quand un immense froid la cueillit et que son corps se brisa au contact de la surface agitée.

Le noir se fit autour d'elle, glaçant et paralysant. Sa combinaison la préservait de l'eau mais nullement de la douleur et elle sentit la brûlure affreuse du liquide dans ses poumons tandis qu'elle hurlait en silence avec l'impression que tous les os de son corps venaient d'éclater en même temps. Kagame se sentit alors suffoquer, son corps s'enfonçant dans les profondeurs alors qu'elle ne pouvait plus bouger, en proie à la panique et amorphe de l'horrible douleur qui se répandait comme un venin dans tous ses membres.

Elle allait mourir.

C'était maintenant certain et chaque inspiration irréfléchie qu'elle faisait en tentant vainement de trouver de l'oxygène la propulsait toujours plus vers l'obscurité et la souffrance. Elle aurait pu se débattre, peut-être, une seule impulsion lui permettrait sûrement de sauver sa vie. Mais elle se sentait trop faible.

Il y avait le bruit sourd dans ses oreilles, l'écho de ses propres battements de coeur qui ralentissent alors qu'elle n'était plus alimentée en oxygène.

Pour autant, alors que ses yeux se fermaient, son cerveau abrégeant son désespoir, elle sentit deux mains l'empoigner sous les aisselles et l'eau salée déferler avec vitesse sur son visage blême tandis qu'on la remontait à la surface. Le noir la cueillit pourtant durant l'ascension, la préfarant davantage morte que vivante et le froid qui l'avait envahie disparu progressivement. Elle était bien, sereine et pour une fois, en paix avec elle-même. Il n'y avait plus cette peur infernale, emprisonnée dans l'étau de l'eau, elle pouvait partir se reposer après en avoir tant bavé.

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La douleur qui la cueillit comme une brûlure infernale lui fit violemment ouvrir les yeux. C'était instinctif, animal, elle hurla à la mort, se mordant la langue jusqu'au sang et s'étouffant en le sentant couler dans sa gorge, emplissant ses poumons d'un liquide carmin au goût de fer.

Elle avait mal. Pire que ça, elle faillit s'évanouir tant elle se sentait mourir une seconde fois. Les larmes, salées et amères, se mirent à couler le long de ses joues et elle se retint de supplier qu'on l'achève, se contentant de sangloter sans pouvoir bouger le moindre membre au risque de décupler sa peine. Son alter remua alors en elle et une peur panique la prit, la faisait violemment trembler. Elle ne devait pas l'utiliser, pas alors qu'elle était encore dans l'eau. Elle renaissait et mourrait encore et encore, suffoquant en gémissant pitoyablement. Puis une plainte s'éleva alors à sa droite et lui permit de reprendre légèrement conscience tandis que son cerveau lui indiquait qu'elle n'était plus perdue au cœur de l'étendue bleue, son dos reposant contre une surface dure.

Elle n'était pas seule non plus et son instinct de survie lui fit relâcher toute l'électricité qu'elle venait d'absorber, faisant sortir des éclairs de ses mains sans même qu'elle ne s'inquiète de qui elle toucherait. Si elle était entourée de ses alliés, ils connaissaient ses alters et sauraient se protéger. Autrement, son attaque permettrait de tenir des ennemis à distance, la rendant trop imprévisible pour qu'on l'approche.

C'était le minimum que Kagame pouvait faire sans sentir ses os se liquéfier. Pour autant, elle ne tint pas longtemps et retomba contre le sol avec épuisement. Ses sanglots s'étaient taris mais les larmes continuaient de couler silencieusement dans sa nuque, trempant ses mèches de cheveux sombres.

Elle avait mal, tellement mal qu'elle se serait elle-même achevée. Son corps immobile, son visage tordu en une expression de souffrance pure et ses cheveux éparpillés comme un halo, elle semblait à bout de force. Aussi, elle ne vit qu'une masse de cheveux verts dans son champ de vision avant de s'abandonner de nouveau à l'obscurité, anesthésiant sa douleur dans un soulagement coupable.

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«Elle a faillit nous tuer,» déclara platement Shoto en jetant un regard en coin à Katsuki. Ce dernier arborait une expression haineuse mais étrangement calme. Il ne rajouta rien et se contenta de fusiller le garçon aux cheveux vert du regard. Il n'arrivait pas à croire que cet imbécile ait sauvé une meurtrière, d'autant plus d'une mort qu'elle avait elle-même provoquée. L'ouragan qui avait fauché nombre d'innocents et faillit tuer plusieurs super-héros lui restait encore en travers de la gorge. Il serait bien allé l'achever dans son sommeil agonisant mais avait l'interdiction d'approcher la chambre dans laquelle son corps brisé en mille morceaux reposait. Il était certain qu'il y avait encore quelques os à casser de ses propres mains mais personne ne semblait d'accord avec ses projets.

Qu'à cela ne tienne, il n'avait pas de temps à perdre avec des conneries pareilles. S'il fallait attendre qu'elle soit de nouveau sur pied pour pouvoir la tuer à la loyale, il saurait se montrer pour une fois patient. La vengeance bien préparée était délicieuse et il rêvait de pouvoir l'achever lui-même pour ce qu'elle lui avait fait. Il ne s'était pas senti aussi impuissant depuis qu'il s'était fait coincer par le Gluant il y a de cela plusieurs années. Elle allait le payer, il s'en fit la promesse en serrant plus fortement sa mâchoire.

«Il n'y avait aucun nom inscrit qui aurait pu lui correspondre dans les registres des mariages d'Alter. Il faut chercher ailleurs,» souffla Izuku en ignorant la haine palpable du blond en face de lui, passant une main fatiguée sur son visage.

«On peut aussi lui exploser sa putain de gueule et arrêter de la soigner,» cracha Katsuki en se levant de sa chaise, des petits bruits de pétards retentissant entre ses poings serrés.

Les cernes qui s'étendaient sous les yeux du numéro un s'assombrirent alors qu'il perdait patience. Le peu d'heures de sommeil qu'il avait réussi à grappiller, son inquiétude quant à l'état d'Ochako qui guérissait encore de ses blessures infligées par le Faucheur et la haine irréfléchie de l'explosif à ses côtés le tendait plus que de raison et il en trembla légèrement sous les sourcils froncés et le regard inquiet de Shoto.

«Il ne s'agit pas seulement de la soigner mais de lui soutirer des informations,» grinça le vert, affrontant les yeux tueurs du garçon.

«J'en ai rien à foutre de ses informations, elle crachera rien. T'es putain de naïf,» fulmina le blond, sa veine palpitant sur son front.

Voyant que la situation dégénérait, Shoto lança un regard appuyé à Midoriya mais la porte s'ouvrit et laissa apparaître la petite silhouette de Recovery Girl. Si elle ne dit rien en voyant les deux alliés se regarder en chien de faïence, leur position ne laissant pas de mystère quant à ce qu'ils s'apprêtaient à faire, elle se tourna en revanche vers Izuku.

«Miss Uraraka s'est réveillée.»

La tension dans les épaules du vert sembla s'évanouir en un instant tandis qu'il fonçait en direction de l'infirmerie, un poids en moins au fond de son estomac. Se voyant relégué au second plan pour une histoire d'amour débile, Katsuki lâcha un "tch" dédaigneux avant de sortir de la pièce, claquant vivement la porte derrière lui et se dirigeant à grand pas vers la sortie pour faire un tour. Une putain de fille, tout ça pour une putain de fille, se dit-il. De son côté, il en aurait bien fait exploser une, blessée ou non.

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La moiteur qu'elle sentit au creux de ses paumes lui tira un râle dégoûté et elle se tourna en soupirant finalement de bien-être, la douceur des draps et le moelleux de son oreiller lui offrant le paradis sur terre. Pour autant, alors que sa respiration se faisait plus lente, elle se figea en rouvrant les yeux.

Elle n'était pas dans le QG. La lumière qui perçait les stores était trop douce et l'odeur de brioche chaude qui emplissait ses narines était inhabituelle. Soudain, tout lui revint. La fatigue qui avait paralysé son corps, les vagues déchaînées qui l'avaient cueillie comme une mère nourricière, l'enfermant dans la noirceur et la douleur insoutenable de sentir tous ses os brisés tandis qu'elle coulait dans les profondeurs de l'étendue. Puis les bras qui l'avaient ramenée à la surface, lui offrant le réveil le plus douloureux de sa vie et son envie si réelle et si forte de mourir.

Elle sursauta en entendant un frottement contre le sol et se tourna vivement, grimaçant quand elle tira sur l'aiguille enfoncée dans la peau fine de son bras. Deux personnes se trouvaient en face d'elle et elle reconnut avec effroi le successeur d'All Might et l'un de ceux qu'elle avait tenté de faucher en plein vol et qui, visiblement, s'en était sorti face à ses éclairs. Tous deux la fixaient avec une expression indéchiffrable, entre la neutralité excessive pour le fils d'Endeavor et la contrariété pour Izuku. Elle garda ses lèvres scellée, jetant un coup d'œil aux alentours pour trouver un moyen de s'échapper mais tomba sur deux choses qui la firent abandonner tout espoir de fuite.

La première était sa prothèse en carbone, d'un noir matte profond, qui reposait contre un siège. Et, sur ce siège était simplement installé Eraser Head, ses yeux fatigués si profondément fixés sur elle que Kagame n'essaya même pas de produire une once d'éclair, sachant déjà qu'il ne servait à rien de montrer un comportement menaçant. Ils auraient pu la tuer un milliard de fois mais en plus de la sauver, ils semblaient attendre des choses d'elle.

Des informations, pensa-t-elle en agitant sa jambe gauche sous le léger drap qui la recouvrait. Sans surprise, elle sentit une lanière enserrer sa seule cheville. Ils n'avaient pas jugé nécessaire d'encercler sa cuisse droite, laquelle se terminait seulement par un genou. Le malaise qui la prit d'avoir été ainsi déshabillée lui noua le ventre. Elle ne craignait pas de devoir retenir tout ce qu'elle savait, ils avaient de toutes manières bien trop de scrupules pour lui faire subir ce qu'on lui avait déjà fait subir pour l'entraîner.

Mais, ainsi étendue dans sa plus simple faiblesse, toutes ses couleurs quittèrent son visage marqué par les cicatrices. C'était le signal qu'il leur fallait car le vert s'approcha avec le visage fermé du lit dans lequel elle reposait. Elle se redressa comme un animal blessé, se recroquevillant comme elle le pouvait. Sa jambe gauche ne pouvait que rester tendue, en revanche.

«Qui es-tu ?» commença le plus petit d'une voix neutre qui cachait difficilement son mécontentement. Kagame n'en attendait pas moins après ce qu'elle avait provoqué, mais elle les connaissait tous. De leurs faiblesses à leurs forces, il n'y avait pas une seule chose qu'elle ignorait d'eux. Il en était tout autre à son encontre. Elle était le joker, la pièce du fou, et ses pupilles dorées brillèrent d'un éclat de vie.

Ils ne pouvaient pas la laisser ici, ils viendraient la chercher. On lui avait toujours répété son importance, on l'avait entraînée pour ce jour où elle devrait faire le plus de dégâts possibles. Leur petite équipe de super-héros regretterait de l'avoir ainsi sauvée. Ils avaient fait une grave erreur en l'empêchant de se noyer. Maintenant, le compte à rebours était lancé et la finalité entraînerait forcément des pertes.

Face à son silence, le visage d'Izuku se tordit. Il était vraiment fatigué pour réagir ainsi, elle qui était persuadée qu'il se contenterait de la harceler de questions jusqu'à ce qu'elle cède. S'était-elle trompée ? Elle conserva sa posture défensive mais son visage marqué se détendit. Ça ne faisait que commencer, autant qu'elle relâche la pression dès maintenant.

Pour autant, elle continua de forcer sur son alter, n'arrêtant jamais d'essayer d'absorber l'énergie autour d'elle. Ce fut imperceptible mais elle sentit un bref éclair traverser son bras, preuve du clignement d'yeux d'Eraser Head. Cependant elle ne l'envoya nul part, le faisant remonter près de son cœur à qui elle envoya une petite décharge. La machine reliée à ce dernier s'affola légèrement devant le froncement de sourcil de Shoto mais reprit un rythme normal alors qu'elle détournait son regard en direction de la fenêtre, comme si de rien n'était. Le calme était apaisant.

«Tu as le même âge que nous, n'est ce pas ? Tu ne sembles pas très vieille. Et tu possèdes deux alters,» continua-t-il après avoir reprit son calme, sous le désintérêt total de la jeune femme qui continuait de regarder entre les rainures du store. Ils pensaient peut-être que ces deux pauvres informations leur suffiraient à retrouver son identité ? Oh, elle ne doutait pas qu'ils y arrivent à un moment où un autre, elle était même curieuse de voir leur réaction quand ils découvriraient tout. Mais, pour le moment, elle était celle qui détenait les cartes.

«Ça ne sert à rien,» retentit la voix neutre du fils d'Endeavor. Cette soudaine prise de parole la fit tendre l'oreille alors qu'elle conservait sa posture. «Elle ne dira rien, Midoriya. Ils suivent des entraînements pour ça. Ne perdons pas plus de temps.»

Sa déclaration la surprit légèrement. Il avait l'air de connaître un minimum le sujet et elle supposa avec justesse qu'être le fils du nouveau numéro 1 avait ses avantages. Elle ne voulait pas les sous-estimer, c'était une erreur qui leur avait fréquemment coûté la victoire, mais elle ne se sentait pas pour autant en danger. Pas encore. Et elle ferait en sorte que ça n'arrive pas.

Le vert semblait en proie à un dilemme, comme s'il faisait face à un nouvel échec. Mais, comme elle le pensait, il finit par hocher la tête, écoutant sagement son ami à demi-rouge et à demi-blanc. Seul le plus vieux ne s'impressiona pas et resta assis dans le fauteuil. Il n'avait pas le choix de la surveiller, il était le seul à pouvoir annihiler ses alters. Mais elle sentit à quel point il n'avait aucune envie d'être ici et la fatigue qui lui tendait ses épaules. Derrière ses cheveux noirs et filasses, ses yeux ne la quittaient pas un seul instant.

Ainsi, quand la porte claqua après avoir laissé passer les deux adolescents, Kagame perdit son air ennuyé et se tourna plus vivement vers l'adulte, le jugeant du regard à son tour. Il était impassible, expérimenté très certainement et si elle n'avait pas eu une once de contrôle, l'aurait sûrement trouvé intimidant. Elle fit une pause, observant la pièce et remarqua que son costume était plus loin, plié sur une chaise et sûrement fouillé avant de le laisser dans cette chambre d'infirmerie. La brune sentit poindre en elle de l'agacement quand elle vit les multiples trous qu'avaient causé le garçon dynamite dans sa cape. Si elle avait souvent réussi à éviter ses furieuses attaques, elle ne pouvait pas en dire autant de ses vêtements. Tous les entraînements n'auraient pas suffit à ce qu'elle soit réellement préparée à faire face aux deux garçons, la preuve qu'elle en serait sûrement morte sans le sauvetage du vert.

Elle frissonna en repensant à son plongeon.

«Que t'ont-ils dis pour que tu travailles pour eux ? Ce n'est pas du chantage, non, tu serais soulagée d'être tenue pour morte à leurs yeux. Tu le fais de ton plein gré, tu es même attachée. Tu ne fixerais pas cette fenêtre, autrement. Ils t'ont promis un monde meilleur ?» commença la voix grave et réfléchie de l'homme face à elle. Kagame retint toute réaction qui pourrait la dévoiler. Elle devait gagner du temps et cela se complexifiait. Il était intelligent. «Non, c'est plus personnel. Ils ont fait quelque chose pour toi. Sauvée ? Recueillie ?»

Kagame ne put s'empêcher de tressaillir sur ce dernier mot et jeta un coup d'œil furtif à ses battements de cœur. Ils n'avaient pas accélérés, peut-être n'avait-il pas remarqué... ?

«Tu es bien plus bavarde que tu ne le penses,» déclara-t-il simplement, ce qui n'empêcha pas la jeune femme de serrer la mâchoire alors qu'elle se sentait piégée. Elle douta même que l'abandon si rapide des deux adolescents ne soit pas en fait un leur pour qu'elle baisse sa garde et qu'il soit plus facile pour Eraser Head d'observer ses réactions.

La brune changea de tactique.

«Vos yeux ne sont plus aussi bons, n'est-ce pas ? Ils sont faibles. Vous allez rapidement vous fatiguer. Et quand cela arrivera, vous ne pourrez plus retenir mes alters,» souffla-t-elle d'une douceur étrange en se retournant. Quitte à se faire démasquer, autant qu'elle en profite pour reprendre des forces et empêcher la manipulation mentale de l'homme sur elle. Elle ne vit par ailleurs pas sa réaction et se contenta de fermer les yeux. Ce n'était pas un véritable sommeil qui l'attendait, elle était comme un chien aux oreilles affûtées, guettant ceux qui l'entouraient avant de se faire poignarder dans le dos. C'est ce qu'on lui avait appris le mieux.

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En revanche, elle ne s'attendait pas à ce qu'ils aillent aussi vite et la droguent d'une façon qu'elle ne connaissait pas encore pour pouvoir l'enchainer et maintenir ses mains collées au matelas, preuve que ses menaces avaient fait leur bonhomme de chemin. Ils la craignaient, c'est ce qu'elle avait voulu.

Pour autant, elle pouvait difficilement user de son alter, maintenant, se fit-elle la réflexion en observant paresseusement les lanières qui l'empêchaient de bouger, enserrant ses poignets fins. Il n'y avait plus personne dans la pièce, ni l'homme aux longs cheveux corbeaux, ni les apprentis super-héros. Autour d'elle, les machines étaient éteintes et elle ne sentit qu'une faible puissance électrique autour d'elle. Rien qui ne pourrait lui permettre de s'échapper par la force. Ou alors elle aurait dû frotter pendant plusieurs heures des bouts de tissus mais elle n'avait rien de tel sous la main et les vêtements qui la recouvraient étaient opaques et solides mais leur matière lui faisait penser à du papier souple.

Ils avaient tout prévu, tout calculé alors qu'elle ne pouvait rien faire d'autre qu'observer par la fenêtre les rayons du soleil frapper contre le store à demi fermé. Enchaînée comme elle l'était, son alter vent ne lui était d'aucune utilité. Après de longues minutes, elle entendit néanmoins la poignée se tourner et la silhouette d'Eraser Head apparaître. Elle ne lui fit pas la joie de montrer son agacement, elle se contenta de le suivre du regard tandis qu'il en faisait de même.

«Kagame Misoga,» commença-t-il de sa voix morne alors qu'elle voyait le moment où elle devait trouver une véritable solution arriver. «Lycéenne de seconde en filière général au lycée Utsubyō, ne montre que les signes d'un faible alter de vent, amputée du tibia droit à ses quatre ans après un accident de voiture qui a coûté la vie à ses parents. Vit chez son grand-père, un homme veuf de soixante dix ans, malade et sénile. Des résultats excellents dans toutes les matières.»

Il fit une pause alors qu'elle ne quittait pas son regard doré de lui. Elle songea à cet homme qui était vraisemblablement persuadé qu'elle était sa petite fille et ce, depuis plusieurs années. Se souvenait-il seulement d'elle ou son absence ne lui causerait aucune peine ? Après tout, il était sénile, ce n'était pas comme si elle devait regretter de ne pas lui avoir fait un câlin d'aurevoir.

«Félicitations ?» ironisa-t-il tandis qu'elle détournait le regard. S'ils s'arrêtaient là, elle ne perdait pas. Autrement, elle pouvait abandonner l'immunité de sa double vie. C'était trop rapide. Ne le voyant pas près à partir, elle devina la suite avant même qu'il ne l'oralise. «Maintenant, reprenons sans les mensonges. Kagame Misoga, membre de l'Armée de Libération des Super-Pouvoirs depuis tes huit ans, âge auquel tu a été recueillie de l'orphelinat après la mort de tes parents et entraînée comme un bon petit soldat. Double alter foudre et vent, hérité de tes parents : les célèbres super-héros Scarlet Light et Storm Might."

Un fin sourire un peu pensif étira ses lèvres sèches. Elle avait soif, depuis quand n'avait-elle rien avalé qui ne soit sous intraveineuse ? Elle ne se sentait pas non plus excessivement sale bien qu'elle n'aurait pas refusé une bonne douche, même tiède. Il valait mieux ignorer de quelle manière ils maintenaient son hygiène au risque de perdre la face.

"Vous avez été rapide, finalement," se contenta-t-elle de répondre, avouant à demi-mot. Pour autant, la réponse de son interlocuteur la figea.

"Autant que peuvent l'être un mois et demi."

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Note de l'auteur : Ce chapitre est loin d'être mon préféré (malgré qu'il soit le premier) mais il fixe le contexte. La suite dans les secondes qui arrivent (il est temps de poser le micro et de saluer l'assemblée vide).