Re Bonjour/Bonsoir !

Voici une nouvelle OS portant sur l'enfance de Camus, notamment sa rencontre avec Shion.

À partir de maintenant, j'essaierai de suivre un ordre chronologique pour les histoires afin de montrer l'évolution des personnages.

Rating : K+

Les personnages appartiennent à Masami Kurumada, sauf les soeurs et les autres enfants.


« … Et c'est où Athènes ? »

Sœur Annie, la directrice d'un foyer d'enfants rattaché à l'église du village, avait annoncé à Gabriel qu'il venait d'être adopté par un homme d'affaires Grec. Le petit garçon de quatre ans l'avait donc tiré vers la petite salle de classe du bâtiment pour aller vérifier où se trouvait son futur chez lui sur le globe qui se trouvait sur une table d'étude. La pièce n'était pas très équipée, juste le minimum nécessaire pour que les enfants en âge d'aller à l'école ait un endroit pour venir faire leur devoir loin du brouhaha des plus petits.

Elle lui indiqua où était Athènes et puis lui montra l'emplacement de leur village.

« Ce n'est pas très loin! Regardez, je peux faire un pont avec mes doigts. »

La quinquagénaire sourit au commentaire innocent de l'enfant et n'eut pas le cœur de lui expliquer le concept d'échelle cartographique.

« Ça veut dire que je pourrais quand même venir vous voir ?

- Je ne sais pas trésor. Cela dépendra de tes nouveaux parents.

- Ils diront oui ! Le monsieur, vous avez dit que c'est un homme d'affaires et mon papa aussi c'était un homme d'affaires et il était très gentil ! Alors il sera gentil lui aussi !

- Je l'espère mon cœur. »

Oui, elle l'espérait vraiment. Le destin n'a pas été tendre avec les petits chérubins vivants sous son toit. Certains s'accommodaient à leurs nouvelles vies alors que d'autres faisaient encore des cauchemars la nuit. La pauvre dame se sentait impuissante. Elle aussi avait été orpheline mais elle a eu la chance de finir dans un couvent où les sœurs ont été accueillantes et aimantes. C'est ce qui la poussa à ouvrir un orphelinat à son tour pour pouvoir aider le plus d'enfants possibles à trouver un minimum de réconfort dans leurs courtes vies bien mouvementées.

Le petit Gabriel faisait partie de ceux qui se sont accommodés à leur nouvelle vie. Oh, il avait pleuré et demandait ses parents, au début, mais il comprit vite qu'ils ne reviendraient pas. Fort heureusement, il était de nature curieuse et aventureuse. La vue de nouvelles têtes et de nouveaux paysages de la campagne française entourant le village occupaient sont esprit la plupart du temps. Sœur Annie aimait bien ce petit garnement plein d'énergie qui passait son temps à poser des questions et tenter des nouvelles expériences. Il avait même réussi l'exploit d'entrainer Mathieu et Éric, pourtant de trois ans ses ainés, dans ses bêtises. Un jour, ils avaient été surpris dans la cuisine à récolter les graines sur les pains pour les hamburgers car Gabriel voulait « planter un arbre à hamburger, comme ça il n'aura pas à attendre les Samedis pour en manger ». La pauvre sœur Isabelle qui les avait attrapés la main dans le sac (littéralement) a dû utiliser toute la volonté que le bon Seigneur lui accordait pour ne pas éclater de rire.

Ah, il allait lui manquer. Au moins, sa nouvelle famille ne s'ennuiera pas.

Ses affaires étaient toutes prêtes et il n'y avait plus qu'à attendre le lendemain pour l'arrivé de ce fameux homme d'affaires grec.


Le lendemain

L'homme était venu en début de matinée. Il devait être âgé d'une soixantaine d'année au moins et avait une apparence plutôt… unique, se dit sœur Annie en voulant éviter de juger une création du Seigneur. Des cheveux blancs qui lui descendaient jusqu'à la taille, des yeux aux pupilles roses contournés de rides relatant ses longues années et des…points ? à la place des sourcils. Cela devait peut-être être une nouvelle mode des villes donc elle n'avait pas encore entendu parler.

« Bonjour ma sœur, je me nomme Shion et je suis ici pour récupérer le petit Gabriel » dit-il dans un français parfait avec un léger accent grec que la sœur reconnue.

« Bienvenue monsieur, vous arrivez bien tôt. Il doit encore être en train de dormir. Voudriez-vous être installé dans le bureau en attendant ?

- Je veux bien merci. Veuillez m'excuser de cette venue si hâtive.

- Ne vous inquiéter. Il y a beaucoup de nouveaux parents comme vous qui s'impatientent de rencontrer leurs nouveaux bambins. »

Shion la suivit silencieusement vers son bureau. Il n'a pas voulu préciser que son arrivée si matinale était dû au fait qu'il était habitué au réveil des apprentis à l'aurore et qu'il avait légèrement oublié que ce n'était pas nécessairement le cas des enfants…normaux disons, pas que ce petit garçon qu'il venait d'adopter l'était mais ça il ne le savait pas encore.

Ils arrivèrent dans une pièce de petite taille meublée d'un bureau en bois de chêne, un fauteuil en cuir noir qui avait vu des jours meilleurs, deux chaises gondoles en face de la table et une bibliothèque où étaient rangés les classeurs contenant les fiches des enfants qui vivaient et avaient vécu à l'orphelinat.

« Installez-vous confortablement. Je dois vous fausser compagnie pour quelques minutes, on doit finir de préparer le petit déjeuner avant que les enfants ne se réveillent. »

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'Atlante, il ne comprenait que trop bien.

« Prenez votre temps.

- Voulez-vous vous joindre à nous pour le petit-déjeuner ?

- Non, merci. Je ne veux pas vous alourdir la tâche.

- Mais non voyons, il y'en aura assez pour tout le monde et puis cela vous permettra de faire la connaissance de votre fils. »

Le Grand Pope ne put qu'accepter l'offre. Il voulait en effet voir à quoi ressemblait le futur Verseau et surtout évaluer son comportement en société. Il avait déjà à gérer un Angelo cleptomane, un Shaka muet comme une tombe et un Milo qui causait au moins deux catastrophes par jour. Il se passera volontiers d'un nouveau phénomène.

Et il ne fût pas trop déçu…

Lors du petit-déjeuner, il pouvait voir que le petit Français savait bien se comporter à table même à son jeune âge. Il l'avait poliment salué lorsqu'ils avaient été présentés l'un à l'autre et avait l'air plutôt timide à première vue. Cependant, il s'enleva vite cette conclusion de la tête en le voyant bavarder aussi jovialement avec les deux garçons assis à côté de lui lors du repas.

Sœur Annie lui avait dit qu'il était très intelligent, curieux et aimait toucher à tout. D'un côté, cela rassurait le vieil Atlante car il s'agissait de qualités importantes pour le porteur de la onzième armure mais, de l'autre côté, il se rappelait que l'enfant avait le même âge qu'Aiolia et Milo et il priait pour qu'il n'ait pas affaire à un nouveau « expérimentateur » comme Ayoros aimait appeler les deux petits grecs.

À la fin du repas, Gabriel alla chercher sa petite valise et c'est avec un cœur lourd qu'il dû dire au revoir à ses amis et aux sœurs de l'établissement qu'il avait appris à apprécier. Ils montèrent dans un taxi qui les dirigea vers l'aéroport. Le trajet fût très silencieux. Comme il ne connaissait pas ce nouveau monsieur, Gabriel était très gêné et n'avait pas le courage de commencer la conversation. Il préférait regarder le paysage défiler par la fenêtre. Le Grand Pope en profita pour lire les quelques rapports de mission qu'il avait emporté avec lui. Mine de rien, un calme confortable s'installa entre l'adulte et l'enfant.

En ce mois de mai, les verdures et les champs de la campagne française s'étalaient à perte de vue. De temps en temps, Gabriel pouvait apercevoir des vaches brouter tranquillement dans des vastes terrains clôturés ou encore des chevaux galoper librement.

Arrivé près de la ville, le spectacle fût tout autre. Il aperçut quelques petites maisons et des grands immeubles colorés plus loin. L'enfant s'était toujours demandé à quoi pouvait ressembler la vue d'un appartement tout en haut de ces bâtiments. Il avait toujours vécu dans des maisons à un étage au plus et rêvait de pouvoir un jour vivre tout en haut d'un gratte-ciel.

Le taxi arriva finalement à l'aéroport. Après avoir généreusement payé le chauffeur, ils passèrent les douanes et la sécurité sans encombre vu qu'ils n'avaient pas beaucoup de sac avec eux. Shion n'avait emporté qu'un sac à dos et la valise de Gabriel était assez légère. Ils se permirent donc de la prendre avec eux pour la ranger en cabine. Une fois les formalités remplies, ils allèrent s'installer à leur porte d'embarquement pour attendre l'avion qui les emmènera à Athènes.

Gabriel n'avait toujours pas dit un mot, toujours aussi gêné, mais il arriva le moment où la curiosité du petit Français devint plus forte que sa timidité.

« Vous voyagez beaucoup ?

- Je te demande pardon ?

- Sœur Annie a dit que vous étiez un homme d'affaires et ça voyage beaucoup les hommes d'affaires.

- Ce n'est pas le cas malheureusement et je ne suis pas un homme d'affaires Gabriel. Il est temps que je te dise la vérité.

- Vous n'êtes pas un homme d'affaires ? » répéta le petit Gabriel choqué, ignorant le reste des paroles.

« Non, je viens de te le dire.

- Vous avez menti à Sœur Annie ?! Mais….mais elle a dit que c'est pas bien de mentir et que les gens vont en enfer s'ils mentent. »

Le petit garçon était scandalisé. C'était la première fois qu'il rencontrait un adulte qui mentait ! Il ne savait même pas que cela aurait pu être possible. Oh non, dans quoi avait-il été embarqué ?

Shion prit le commentaire sur lui sans broncher. Ça le vexait un peu de se faire donner la morale par un gamin de quatre ans mais au moins ça le rassurait de voir qu'il suivait déjà des bons principes.

« Il y a des rares fois où cela est nécessaire pour le bien de tous. Écoute-moi maintenant, ce que je vais te dire est très important. »

Le petit garçon voulu répliquer que ce n'est jamais bien de mentir mais resta silencieux, curieux de savoir ce qu'il avait à lui dire.

« Nous allons dans un lieu secret qui n'est pas connu par beaucoup de gens. Seulement ceux qui ont des pouvoirs spéciaux ont le droit d'y entrer.

- Des pouvoirs spéciaux ? Comme dans les contes ?

- En quelques sortes. Tu ne les sens pas encore mais toi aussi tu en as et c'est pour cela que je suis venu te chercher. Tu devras apprendre à utiliser tes pouvoirs pour faire le bien.

- Ohh comme les super-héros qui aident les gens ?

- Oui, comme les super-héros qui aident les gens. »

Les yeux du petit garçon brillaient d'excitation. Il avait complètement oublié son indignation face au comportement de l'adulte, beaucoup trop content d'apprendre qu'il pourrait avoir des pouvoirs comme les super-héros. D'ailleurs, il ne savait pas pourquoi mais il avait bien senti que ce monsieur était un peu différent des autres personnes qu'il avait connu dans sa courte vie. D'un coup, il lui parut plus sympathique et appréhendait moins ce qui l'attendait. Sauf un petit détail qui le tracassait fortement.

« Mais… je pourrais garder mes sourcils ?

- Pardon ? »

Gabriel ne répondit pas sur le moment, ne sachant pas comment poliment expliquer à son nouveau tuteur qu'il ne voulait pas perdre ses sourcils comme lui. Le cerveau de Shion prit quelques secondes pour traiter la question et ce dernier éclata de rire lorsqu'il comprit les inquiétudes du bambin. Ledit bambin le regardait, perplexe, ne comprenant pas ce qu'il y avait de drôle.

« Ne t'inquiète pas, personne ne touchera à tes sourcils » avait-il répondit après avoir réussi à reprendre son souffle.

La réponse le rassura mais ajouta à ses questions. Vu que son gardien avait l'air de ne pas trop se vexer, il se permit de demander :

« Où sont vos sourcils ?

- Je n'en ai pas. Les gens de mon peuple naissent comme ça.

- Ohh et c'est lequel votre peuple ?

- Je suis un Atlante. Nous ne sommes plus beaucoup, le continent sur lequel nous vivions à sombrer sous l'eau il y a très longtemps.

- Comment vous avez fait pour vous échapper ?

- C'était il y a des siècles. Je n'étais pas encore né mais quelques survivants ont réussi à s'échapper et à recommencer leurs vies sur les autres continents. »

Gabriel resta silencieux, il lui fallait du temps pour traiter les nouvelles informations qui venaient de lui être données. Shion pouvait entendre fonctionner les rouages de son cerveau et ne pouvait s'empêcher de trouver cette petite moue sérieuse adorable.

« C'est à cause du Déluge que votre continent est allé sous l'eau ?

- Le déluge ?

- Sœur Isabelle a dit qu'il y a très longtemps, Dieu s'est fâché et il a tout noyé pour punir les humains sauf Noé. »

Aïe. Voilà une situation que le Grand Pope n'était pas encore prêt à affronter. Comment expliquer à un petit garçon, ayant baigné toute sa vie dans une croyance catholique, qu'il existe différentes conceptions du Divin. Encore pire, comment lui annoncer qu'il s'engagera à servir une déesse païenne ? Bon, il allait essayer.

« Je ne crois pas que Dieu était en colère. Les déluges font partis du cycle de la vie, cela allait arriver à un moment ou un autre.

- Comment ça vient les déluges ?

- Et bien… Il arrive à la Terre de rentrer dans des périodes très chaudes où les neiges et les glaces des pôles se mettent à fondre et augmentent le niveau des océans » renseigna d'un coup le Grand Pope, espérant que l'enfant comprend.

Nouveau silence. Gabriel se remit à traiter la nouvelle information.

« Est-ce que ça va recommencer ?

- Je ne sais pas. C'est la nature qui le décidera. »

Il voulait poser une autre question, mais en entendant l'annonce d'embarquement, Shion lui demande de prendre sa valise pour se diriger vers la porte. En voyant la moue toujours aussi sérieuse du petit, il comprit que la discussion allait probablement durer tout le trajet. Sœur Annie n'avait pas exagéré en disant qu'il était curieux, mais cela n'avait pas l'air de déranger le Grand Pope. Son maître aura intérêt à être patient et très pédagogue.


Voilà ! J'espère que c'était plaisant. N'hésitez pas à laisser des reviews ou des simples commentaires.