Chapitre 2 : Noblesse londonienne
Geoffrey émergea d'un rêve brumeux, il se redressa frottant son visage endolori puis jeta un œil à l'extérieur. C'était le milieu de l'après-midi et son ventre gronda de faim. Il se glissa hors du repaire et chemina dans les rues, il y avait quelques passants, mais ceux-ci ne traînaient pas, se dépêchant d'aller vers leurs destinations. Entre l'épidémie et la guerre, peu de personnes flânaient dans les rues comme autrefois. Geoffrey glissa un papier dans un banc et marcha vers un restaurant encore ouvert malgré tout. Il s'installa et commanda un copieux déjeuné. Son repas glissa sur la table au même instant qu'une femme en face de lui.
"-Bonjour Geoffrey, commença la femme.
-Bonjour Sigrid, répliqua l'homme alors qu'elle commandait un thé Darjeeling et un apple crumble cake.
Sa collation arriva peu après et dégusta son gâteau irlandais avec gourmandise.
-Alors qu'est-ce qu'il y avait de si urgent, questionna la femme.
Malgré son origine danoise, la brune parlait un anglais quasi parfait et avait une place de choix dans l'administration du pays de sa majesté Georges V.
-J'ai besoin de tout ce que tu peux trouver sur Dylan Argall et Henry Morgan, déclara Geoffrey d'un ton sec.
-Pas de soucis, affirma la femme. Tu l'auras ce soir sans faute.
Elle but une gorgée de son thé.
-Au fait, j'ai trouvé des informations sur ce Reid. Je sais que c'est un peu tard, s'excusa la femme. Mais j'ai pensé que tu les voudrais quand même.
Geoffrey s'interrompit dans son repas et étudia attentivement son alliée.
-Dis toujours.
-Alors, de ce que j'ai pu découvrir, son père a disparu sans laisser de trace quand il était jeune. Il vit avec sa mère malade et un valet qui est là depuis des années, sa sœur est décédée il y a peu. Il a été appelé à la guerre est a pu sauver plusieurs centaines de personne grâce à ses multiples connaissances médicales. Mais il a disparu à son tour en revenant du Front. Je suppose, qu'il a un rapport avec tes chasses ?
Sigrid connaissait la véritable nature du travail de Geoffrey depuis qu'il l'avait sauvé de son mari devenu skal, il y a de ça dix ans. Depuis elle l'aidait régulièrement en lui livrant des informations sensibles sur bien des personnes à travers Londres.
-Je tacherais d'en savoir plus sur ces deux noms, indiqua la femme en se levant. Tu auras tout ça ce soir, retrouve-moi ici."
Son déjeuner terminé, Sigrid quitta la table et s'en alla à ses recherches. Le Garde pensif termina son lunch avant de retourner dans l'abri étudier le carnet de Henry. Le jeune homme tenait son confident depuis à peu près un an, suite à sa rencontre avec Dylan. Les deux hommes en devenir s'étaient rencontrés dans les rues de Londres alors que le jeune gallois cherchait son père parti à la guerre et que le petit noble semblait s'être soustrait à ses devoirs quotidiens. Henry et Dylan avaient vite sympathisé et approfondi leur relation devenant un vrai couple au fil des mois. Henry se posait beaucoup de questions sur leur devenir ensemble et la réaction de son père, jusqu'à l'ultime cassure. Le jeune héritier semblait s'être disputé avec son père il y a quelque mois de cela et n'en parlait même plus dans ses récits. Puis vint le moment que cherchait Geoffrey. Le moment où Dylan était devenu un vampire.
Apparemment, le gallois avait tendance à perdre son sang-froid et à chercher des embrouilles. Un soir il avait croisé la route d'un petit jeune voulant faire bonne impression à un membre des Wet Boot Boys, qui avait presque laissé pour mort le pauvre Dylan. Suite à cela, le brun s'était éveillé vampire et avait tout expliqué à son amant. Ils avaient surmonté tout ça et Henry avait décidé de lui même à nourrir celui qu'il aimait. Le noble voulait même tenter de renouer des liens avec son père pour essayer de lui faire entendre raison et poursuivre les études qu'il voulait faire depuis toujours : devenir médecin pour entreprendre de trouver le moyen de museler la faim de Dylan et une alternative au sang humain.
Voilà tout ce qu'avait pu apprendre le chasseur dans le manuscrit, il était clair que le noble et le gallois était tout l'un pour l'autre malgré la transformation de Dylan. Mais rien sur le Créateur de Dylan, ni quoi que ce soit qui puisse le mettre sur la voie de son agresseur. Du mouvement attira l'attention de l'irlandais, Reid s'extirpait à son tour de son sommeil.
"-Bonsoir Geoffrey, salua le vampire.
-'Soir, gronda l'homme. J'ai tenté d'en savoir plus sur nos tourtereaux, mais ça reste flou. Pas de nom, d'adresse ou quoi que ce soit d'utile.
Reid sorti de son lit et s'approcha du chasseur, mais en restant à distance car ce dernier était dans la lumière filtrée du soleil couchant.
-Tout cela est fâcheux, siffla la créature.
-Ne t'inquiète pas docteur, railla l'homme. Une de mes contacts pourra sans doute nous en dire plus. Je lui ai demandé quelques infos, elle doit m'attendre.
Le visage de Ried s'étira de navrement suite à cette phrase.
-Je ne vais pas y aller sans toi, le soleil est presque couché et je sais que tu feras ce que tu peux pour tout connaitre."
Une fois la nuit tombée, les deux compagnons se dirigèrent vers le banc où Geoffrey avait laissé plutôt son billet. Une femme attendait là, petite, une longue robe simple de couleur bleu poudré, ses cheveux s'arrêtant sous les oreilles, retenus par un bandeau gris clair, elle braqua ses yeux marrons cachés par des lunettes vers ses arrivants.
"-Tu m'as fait attendre McCullum, souffla la femme.
-Léger contre temps, s'excusa Geoffrey.
Sigrid étudia le vampire dans le dos du chasseur.
-Docteur Jonathan Reid je suppose ?
-Oui et vous êtes ?
-Sigrid Andersen, au service de sa royal majesté en tant qu'administratrice.
-Une femme à un poste aussi élevé, releva Reid.
-Je l'ai obtenu grâce à mes compétences et mes exploits, quelque chose à rajouter ?
-Je ne voulez nullement vous vexer Miss Andersen, souri le vampire amusé.
-Nous parlerons de tes exploits une prochaine fois Sigrid, ronchonna Geoffrey. Tu as ce que je t'ai demandé ?
-Oui, soupira la femme en arrangeant son bandeau. Dylan a perdu sa mère alors qu'il n'était qu'un nourrisson, son père l'a élevé seul jusqu'à qu'il parte au Front sans jamais revenir. L'année dernière, Dylan est venu à Londres pour essayer de le retrouver jusqu'à qu'il disparaisse. Pour Henry, c'est presque pareil. Sa mère est morte il y a quatre ans, son père, Richard Morgan, est l'une des plus grandes fortunes d'Angleterre. Il avait prévu les papiers pour un mariage entre son fils et une autre héritière mais ça n'a jamais abouti.
-Tu as l'adresse du père Morgan ? Interrogea le chasseur."
La femme tendit un morceau de papier avec un sourire entendu. L'équipe la remercia et se dirigea vers le quartier West End d'un pas décidé. La maison était une bâtisse en brique rouge de deux étages et un grenier, sur le perron au-dessus de la porte, le blason de la famille Morgan. Reid invita le Garde à sonner, une domestique s'empressa d'ouvrir.
"-Bonsoir, nous souhaitons parler à Lord Morgan.
-Je suis désolée messieurs, mais Milord ne souhaite recevoir personne.
-C'est au sujet de son fils, compléta le docteur. Il a été retrouvé mort.
La gouvernante pâlie d'un coup et s'écarta pour faire rentrer les deux hommes.
-Maître Henry...Comment... ?
-Betty, gronda un homme dans son dos. Qu'est-ce donc cela, je n'ai autorisé personne à venir ?
-C'est à dire Milord, ces messieurs sont là pour votre fils.
Le quinquagénaire la toisa froidement, tirant nerveusement sur son costume hors de prix. Son teint grisâtre et sa maigreur contrastait avec tout le luxe de ses appartements et vêtements, ses cheveux bien que peignés avec soins étaient trop clairs et parsemés.
-Je n'ai plus de fils, cracha l'homme vindicatif en se dirigeant vers son salon.
-C'est étrange car j'ai un macchabée qui lui ressemble, siffla Geoffrey.
La bonne poussa un couinement outré alors que Reid s'étouffait presque, mais l'effet escompté était là, le Lord se stoppa, pétrifié, se ratatinant quelque peu.
-Est-ce...Est-ce vrai ? Bredouilla le noble.
-Je suis désolé Milord, répliqua le docteur. Son cadavre a été découvert très tard hier.
Le vieil homme chemina vers le salon en faisant signe au duo de venir, il s'écrasa lentement sur un fauteuil en se tenant le front. Betty qui avait suivi indiqua un canapé près du riche et les invita à s'assoir.
-Henry...Comment est-il mort ?
-Assassiné, affirma simplement Reid. Son corps a été trouvé près des docks.
-Il se cachait donc là-bas...murmura le parent. Qui … ?
-Nous ne savons pas encore, intervint Geoffrey. Expliquez-nous pourquoi vous l'avez chassé de chez vous.
Richard Morgan jeta un regard méprisant au Garde qui avait osé poser une question gênante, la bonne dans le coin semblait se dandiner sur place.
-Il a refusé et m'a tenu tête lorsque je lui ai fait part de mes projets pour son mariage.
-Ça et son homosexualité, provoqua un peu plus le chasseur.
-Tout est de la faute de sa mère. Si Wysteria ne l'avait pas autant materné..., gronda l'homme laissant sa phrase en suspens.
-Pourquoi le presser autant pour ce mariage arrangé, questionna le vampire. Que craignez-vous donc à ce point ?
-Mon corps lutte contre lui-même, avoua le riche sous l'influence du sort vampirique. La plupart de mes organes ne fonctionnent plus, je n'en ai plus pour longtemps.
-Qui était la personne qu'il devait épouser ?
-Margaux Grosvenor, ce mariage aurait pu changer la face de Londres, affirma le malade.
-Voyez-vous qui aurait pu en vouloir à Henry ? Sonda un peu plus Ried.
-Personne n'était au courant de mon cancer, confessa le riche. J'avais pris toutes mes précautions pour cela ne se sache jamais. Même Henry était dans l'ignorance, il n'y avait que Betty et mon médecin. Mon...fils était discret, même sa future épouse ne m'a pas tenu responsable de sa disparition alors qu'elle avait beaucoup à perdre. Elle reçoit des pressions de son père.
-Comment le savez-vous ? Inspecta McCullum.
-Lord Cornwall est venu ici quand j'ai expliqué à sa fille que le mariage n'aurait pas lieu, éclairci Richard. Je lui ai dit que mon fils avait disparu, entre le manque de policiers, la grippe espagnole et mon état de santé précaire je ne pouvais faire mieux que des excuses sincères. Mais il a tout de même trouvé le moyen de me faire chanter. Je lui ai dit que j'avais déshérité mon fils pour son...attirance. Je ne l'ai plus jamais revu.
Jonathan pouvait voir le visage de Geoffrey se tordre à l'évocation du nom du père de l'ancienne mariée.
-Cette Margaux Grosvenor habite dans le quartier je suppose, questionna le docteur.
-Oui...murmura le malade. La troisième rue à gauche, un domaine élégant de couleur beige. Pensez-vous que Lord Cornwall pourrait avoir tué mon fils ?
-Nous ne négligeons aucune piste, répliqua le chasseur en se levant.
-Je vois...soupira Richard. Betty, veuillez escorter ces messieurs à la porte, je monte me coucher.
-Bien monsieur."
Morgan se leva avec difficulté et se traina vers les escaliers, Reid imita son allié et suivit la bonne vers la sortie, après une révérence et des salutations, la femme ferma la porte. McCullum piétina d'un air nerveux en se tenant le menton, Jonathan avait noté son trouble depuis l'énonciation de Cornwall.
"-Quelque chose ne va pas Geoffrey ?
-Lord Cornwall est un vampire, expliqua le chasseur. Il a échappé à la dernière Grande chasse, il est aussi insaisissable que Redgrave, Ashbury ou Marshall.
L'évocation de cette particularité n'enchanta guère le médecin.
-Margaux serait une vampire elle-aussi ? Demanda l'homme de science.
Geoffrey ne répliqua pas, réfléchissant à toute allure.
-Elle sait forcément quelque chose, expliqua Reid en touchant le coude du chasseur pour le sortir de sa concentration. Allons la voir."
McCullum acquiesça lentement et engagea la marche vers la bâtisse de la noble. Ce fut le médecin qui toqua et un jeune homme au teint livide arriva, blond, les yeux verts, un visage fin et gracile, portant un costume gris élégant sur une chemise blanche, un pendentif vert ovale retenu par un lacet noir ornait son cou.
"-Que voulez-vous ? Enquêta le vampire
-Bonsoir, répliqua l'Ekon. Margaux Grosvenor est-elle ici ?
-Que lui voulez-vous ? Sa pupille se rétracta ne formant qu'une fente noire dans le vert émeraude.
-Simplement lui poser quelques questions, insista Reid. À propos de Henry Morgan.
-Henry ? Que se passe-t-il avec Henry ? Demanda une blonde ressemblant trait pour traits au jeune homme dans l'encadrement de porte. Marcus, laisse-les rentrer.
Le vampire s'écarta et inclina la tête en invitant les deux hommes à passer la porte, fermant rapidement derrière eux. Margaux portait une longue robe de couleur chair ornée du même pendentif vert que Marcus.
-Excusez mon frère messieurs, pardonna Margaux. Il devient tatillon dès qu'il s'agit de moi.
-Méfis toi de l'humain, gronda le vampire. C'est un Garde de Priwen.
-Marcus ! S'énerva la vampire. Cette maison m'appartient, et j'ai le droit de faire rentrer qui je veux en ces murs. Va donc t'agiter ailleurs et laisse-moi m'occuper de mes hôtes.
L'intéressé siffla en jetant un regard sombre à McCullum qui ne se laissa pas intimider. Marcus baissa le regard et quitta la maison. Poussant long soupir, la jeune femme les conduisit dans le salon et les installa devant elle dans de confortables sièges individuels.
-Bien, qui êtes-vous messieurs ?
-Voici Geoffrey McCullum, introduisit Jonathan. Et je suis le docteur Jonathan Reid.
-J'imagine que si un membre de Priwen est présent, commença la femme ekon. Cela veut dire que Henry a été tué par l'un des notre.
-C'est exact, affirma Reid. Il a été trouvé près des Docks la nuit dernière.
-Je vois, larmoya Margaux. Je lui avais dit de rester prudent avec Dylan, un humain seul ne peut contenter éternellement un jeune ekon.
-Vous étiez donc au courant pour Dylan ? Questionna le praticien.
-Oui, abdiqua la noble. Voyez-vous...Dylan, Marcus et moi partageons le même Créateur.
-Comment est-ce possible ? S'interrogea vivement Geoffrey.
-Marcus et moi sommes jumeaux, expliqua l'ekon. Sir Cornwall nous a "sauvé" lors de la guerre civile en 1745, mon frère et moi allions mourir mais Sir Cornwall nous a vampirisé tous les deux.
-Vous en parlez avec une certaine légèreté, constata Reid. L'on m'a dit que nous ne devions sous aucun prétexte parler de notre Créateur.
Les lèvres de Margaux s'étirèrent légèrement en sourire moqueur.
-Je n'ai que faire des conventions établies par les membres de notre espèce. Je suis fière d'être la Progéniture de Sir Cornwall et de ce qu'il nous a fait à moi et mon frère jumeau.
-Je vois, hasarda Reid. Comment savez-vous qu'il a vampirisé Dylan ?
Visiblement la noble se délectait de la situation, son sourire s'agrandit encore plus rappelant qu'elle n'était pas humaine et avait plus de cent cinquante ans d'existence, malgré son apparence de poupée.
-L'odeur, il a la même odeur que mon frère.
-Vous saviez que lui et Henry étaient en couple.
-Bien sûr, hocha la femme. Mais je ne savais pas où ils se cachaient tous les deux. Je ne le voyais plus depuis quelque temps. Je respecte leur choix de vivre à l'écart de tout ceci.
-Mais vous pensez tout de même que Dylan ait pu tuer Henry, releva le Garde.
-Eh bien, lâcha Margaux en reprenant son sérieux. Les jeunes ekon ont du mal à gérer leur appétit. Malgré tout l'amour et les liens qui unissent Henry et Dylan, la faim a pu rendre aveugle Dylan.
-Et Lord Cornwall, rétorqua Reid. Il a menacé Richard Morgan.
-Non, répliqua l'Ekon. Vous pensez que mon Père ait pu...Non...Non !
-Je sens une pointe d'hésitation dans votre voix, remarqua Jonathan.
Le regard de la noble fuyait pour se perdre dans la contemplation du parquet.
-Je ne sais pas où il peut se trouver, cracha la jeune femme. Personne ne sait où il est.
-Où étiez-vous la nuit dernière ? Demanda Geoffrey.
-Chez mon amie Miss Fuller, avoua la femme. Nous avons passé la nuit ensemble à parler de tout et de rien. Elle habite deux maisons plus loin si vous voulez l'interroger.
-Bien, merci de nous avoir reçu Lady Grosvenor. Nous vous laissons."
Jonathan se leva et fit signe à Geoffrey de le suivre. Après un grognement, le chasseur se leva et suivit Reid vers la sortie. Au moment de passer la porte le chasseur senti un frisson glacé lui chatouiller le cou. Marcus l'observait de loin le sourcil froncé. Reid qui était déjà dans la rue l'interpella, tournant la tête pour lui répondre d'attendre un peu, il reporta son attention vers là où se trouvait le frère mais il avait disparu. Soupirant, il ferma la porte et rejoignit son collègue.
"-Nous ne sommes pas plus avancé, souffla McCullum.
-Il y a peut-être quelque chose qui nous échappe, souleva Reid en marchant aux côtés de son allié.
Le chasseur lui accorda un signe de tête avant de se stopper. Un membre de la Garde se tenait au coin de la rue désaffectée.
-Ne bouge pas Reid, ordonna l'irlandais en s'avançant un peu. Martin, c'est toi ? Il y a un problème ?"
Le corps de la brute tomba au sol comme une marionnette désarticulée. Poussant un soupir, McCullum arma son arbalète et empoigna son épée à deux mains, Jonathan se posa à ses côtés, son sabre parfait bien en main et sa pupille se rétractant. Un grognement s'échappa et une créature difforme sortie de l'ombre. Malgré la couleur cendre de sa peau et ses cheveux blancs, les deux hommes reconnurent Dylan.
"-Où...est Henry ? Articula difficilement le pauvre homme.
-Dylan, tenta Reid en parlant lentement pour le calmer. Reprends tes esprits.
-Vous...C'est vous qui l'avez tué.
Son bras droit se déforma s'étirant et grossissant a vu d'œil.
-VOUS me l'avez enlevé, gronda le garçon qui ne se contrôlait plus.
À une vitesse incomparable, ses deux jambes subirent le même sort que son bras. D'un bond il percuta McCullum qui lâcha son épée, l'enfonçant dans un mur de brique alors que son membre distordu balaya d'un simple revers Reid. Complétement sonné et groggy, Geoffrey chuta par terre. Dylan porta son attention à l'Ekon qui se redressait, un filet de sang au coin de la lèvre.
-Dylan, tenta de raisonner le médecin. Je n'ai pas tué ton amant !
-Mensonge !"
La main griffue laboura le buste de Jonathan qui avait esquivé de justesse, le sang perla sur la chemise déchirée du pauvre docteur. Geoffrey avait réussi à se relever, mais une douleur dans le bras le fit grimacer. Au moins, il n'avait aucune blessure mortelle, mais son épaule déboitée ne pourrait pas soulever sa lourde épée. Obligé de garder ses distances en attaquant avec ses fléchettes, il envoya une volée bien placée au vulkod qui avait achevé sa transformation en empoignant la gorge de Jonathan. Grondant de surprise plus que de douleur, le loup garou lâcha sa prise pour porter son regard rougeoyant sur le chasseur. Ce dernier n'avait aucune option, incapable de prendre son arme, la tête et les membres en feu, il ne pouvait rien faire de plus que tirer carreaux sur carreaux. Son arme à sec, il tenta de glisser sa main valide vers sa réserve de munitions et constata qu'elle était vite. Une pensée fugace lui traversa l'esprit alors que le monstre n'était qu'à quelques mètres de lui. Jamais, il n'aurait cru périr en combat au côté d'un vampire. Les mains griffues maltraitaient le pauvre chasseur sans pour autant lui arracher la vie, chaque coup ne faisaient que briser la combativité de l'homme.
Un sourire risible le modifia alors que Reid se relevait enfin frottant sa gorge endolorie, ses blessures au torses refermées mais visiblement épuisé. Les deux hommes avaient tout donné contre cet ennemi trop puissant pour eux. Les lances de sang transpercèrent le cuir de la bête et un nuage noir se formait sous lui. Hurlant de fureur, Reid invoqua son pouvoir Abysse, les lames noires acérées brisèrent l'élan de la créature qui mit enfin un genou à terre.
"-Non...Henry, siffla le misérable. Comment... ?
-Dylan, reprends-toi mon garçon, encouragea Jonathan en s'approchant lentement.
La colère du jeune vulkon s'apaisait graduellement, ses yeux avaient retrouvé leur couleur bleu, mais ses membres resteraient à jamais comme ceux de Fergal.
-Qui a pu lui faire une chose pareille ?
-C'est ce que nous essayons de comprendre, avoua le médecin en s'approchant un peu plus de Geoffrey.
Le chasseur observa le docteur qui inspectait ses plaies.
-Cela n'a pas l'air grave Geoffrey, mais tu as besoin de soins.
-Comment peux-tu penser un truc pareil maintenant Reid, gronda le garde.
-Ma vocation est de sauver des vies, déclara Jonathan avec un sourire heureux. Pas d'en détruire.
Puis l'ekon se tourna vers Dylan qui regardait toute la scène d'un œil brillant.
-Qui aurait pu en vouloir à Henry ? Interrogea le docteur avec bienveillance. Verrais-tu un ekon viser ton ami ?
-Henry était doux et gentil, affirma le garçon. Il ne se battait jamais et n'haussait presque pas la voix. Je ne me suis pas lié avec aucun d'autre ekon que Margaux, l'Ascalon Club a essayé de m'approcher mais n'a jamais insisté quand ils ont su ce que j'étais réellement.
-Je vois, conclu Reid compatissant.
-Que vais-je faire maintenant qu'il n'est plus là ?
-Vas de l'avant, conseilla le docteur. Fais tout ce que tu peux pour que Henry soit fier de toi.
-Il voulait être médecin, comme vous, sourit faiblement le jeune vulkon. Je pourrais peut-être le devenir, créer du sang artificiel pour faire en sorte qu'aucun humain n'ai à subir les crocs glacés d'un ekon. Margaux saura m'aider et m'instruire. Elle est ma...sœur après tout.
Jonathan aida le jeune vulkon à se redresser, après de chaleureux remerciements, il se dirigea vers la maison de la noble. Le médecin s'approcha de son autre patient et lui proposa son soutien.
-Comment fais-tu pour encore tenir debout alors que tu es au bout de tes forces Jonathan, soupira le garde. Tout vampire que tu es, je vois bien que tes plaies se régénèrent moins vite. Tu es à court de sang et de forces.
-Ta santé passe en premier, sourit le docteur. Tes plaies pourraient s'infecter et ton épaule a besoin d'être remise en place.
Le garde secoua la tête, désappointé.
-Il y a un repaire de la Garde pas loin, affirma l'homme. Avec tout le matériel nécessaire. Aide-moi à y aller et on pourra se remettre d'aplomb."
