Chapitre 2 : Suivi
Résumé :
Minerva indique clairement son soutien à Severus.
Comme le groupe se dispersait, Minerva lui fit signe de la suivre. « Severus, comme vous êtes là, j'ai quelques questions à propos de deux de vos élèves de troisième année, » dit-elle. « Peut-être pourrions-nous en discuter autour d'un thé ? »
Après avoir fait leurs excuses, ils se dirigèrent vers les quartiers de Minerva – le feu n'était pas allumé, mais la chaleur de l'été avait suffisamment imprégné les lourds murs de pierre pour que la température soit tout à fait supportable.
- Si Albus l'embauche, ce qui semble probable, que puis-je faire pour vous aider ? » demanda-t-elle sans faire de détour, une fois la porte fermée. « Je regretterai toute ma vie de ne pas être intervenue davantage, et avec plus de succès, quand il étaient enfants. Je - »
- Je n'accepterai pas plus d'excuses de votre part sur ce sujet, » l'interrompit Severus. « Comme je vous ai dit au moins cinq fois depuis 1983. Compte tenu de la façon dont Black avait l'habitude d'être traité, aucune punition infligée par l'école ne lui aurait fait quoi que ce soit, et son insouciance des points et des retenues avait infecté tout le groupe. Prévenir ses parents aurait été cruel, inutile, et très probablement contre-productif, puisqu'il faisait de son mieux pour faire le contraire de ce qu'ils réclamaient à chaque fois qu'il en avait l'occasion. S'il avait été expulsé, il serait devenu un enfant-soldat ou une victime de la guerre dans les six mois. » Il eut un sourire amer. « Je peux lui en vouloir pour ce qu'il m'a fait et tout de même reconnaître que vous aviez bien peu de moyens pour l'en empêcher. »
Elle le regarda en fronçant les sourcils. « C'est très raisonnable de votre part, Severus, mais ça a tout de même été un manquement abominable à notre devoir de protéger les élèves. » Elle planta ses mains sur ses hanches. « Et ne croyez pas que je n'ai pas remarqué que vous n'avez pas répondu à ma question. »
Parfois, songea Severus en lui-même, il était difficile d'oublier que Minerva avait été son professeur, à une époque. Son expression sévère n'avait pas beaucoup changé. « … Je ne veux pas avoir à me soucier de lui, » reconnut-il. « Je ne veux pas m'asseoir à côté de lui à table, je ne veux pas collaborer avec lui, je ne veux pas être impliqué dans les mesures de sécurité le concernant. »
Minerva hocha la tête d'un air pensif, remplissant la théière d'eau chaude et lançant l'infusion. « Oui, cela va être un problème, » murmura-t-elle. « Je pense qu'il est clair que nous allons avoir besoin de quelque chose de mieux que la Cabane. »
- Installez-la sur une propriété isolée, avec un accès par cheminette, » dit Severus avec une grimace. « Je ne veux pas qu'il reste à proximité de qui que ce soit, en particulier à l'école, et personne ne remarquera que la porte des quartiers d'un professeur est fermée pendant la nuit s'il est malade. Mais quelqu'un ferait mieux de vérifier qu'il a quitté l'école tous les mois, et cette personne ne sera pas moi. »
- Non, je le ferai, » le rassura Minerva. Elle soupira, sortit la boîte à biscuits, puis réalisa qu'elle était vide et la rangea. « C'est une solution assez raisonnable, maintenant que nous ne sommes plus en guerre. Ça aurait même peut-être fonctionné à l'époque, mais Albus préférait garder tout sous son contrôle autant que possible et aucun de nous ne pouvait le faire changer d'avis. »
Severus grimaça. « Il va me désigner volontaire pour préparer la potion tue-loup de Belby, sans aucun doute, » murmura-t-il. « Parce que bien sûr je n'ai rien d'autre à faire de mes journées. »
- Et ce n'est pas une tâche qui peut être facilement confiée à Thomas, » murmura Minerva, versant le thé et lui tendant une tasse. « Eh bien, au moins avec Emma dans l'équipe j'ai assez de temps libre pour gérer Remus. Ça n'aurait pas été le cas avant. »
Severus eut un sourire en coin. « Devrais-je dire aux Malefoy que vous leur êtes reconnaissante d'être intervenus ? » dit-il d'une voix amusée.
- Je préfère vous dire ça à vous, » répondit Minerva, un léger sourire éclairant son visage. « Je suis parfaitement consciente du fait que les Malefoy ne seraient pas intervenus si vous n'aviez pas été impliqué, et c'est de ça que je suis reconnaissante. Nous avions toutes les peines du monde à enseigner un programme complet avec un budget de broche à foin, et c'était infaisable sur le long terme. Au moins maintenant ils cherchent d'autres sources de financement pour que nous puissions conserver un nombre de professeurs acceptable. »
Une annonce du Conseil d'Administration de Poudlard, École de Magie et Sorcellerie :
« Attendu que la nomination du professeur junior Emma Kirby et du professeur junior Thomas Mulpepper pour l'enseignement des sujets principaux aux élèves de première et deuxième année a mené à une amélioration des résultats des élèves et à une capacité accrue pour l'équipe d'enseignement de soutenir les élèves hors des cours,
Attendu qu'un examen de six mois du statut de l'enseignement de la Défense contre les forces du Mal à Poudlard a révélé la valeur probable de séparer cet enseignement en deux,
Et attendu que la population scolaire de Poudlard demeure amplement inférieure aux nombres historiques et à la quantité suffisante pour assurer le salaire plein des membres du personnel au tarif actuel,
Il est de la décision du Conseil d'Administration de Poudlard que les frais de scolarité devraient être augmentés à raison de 50 gallions par élève et par an, pour atteindre les 350 gallions par élève et par an, jusqu'à ce que la population scolaire soit remontée jusqu'à au moins 400 élèves, et que le Conseil d'Administration considère que l'équipe d'enseignement de l'école est suffisante.
Toutes les bourses seront ajustées pour demeurer dans la même proportion des frais de scolarité annuels. Les parents recherchant un support financier additionnel pour des raisons de difficultés personnelles sont invités à contacter la Directrice Adjointe Minerva McGonagall.
Toute personne souhaitant effectuer un don à l'école est invité à contacter le Secrétaire du Conseil d'Administration, M. Julius Fawley. »
Salutations à Maître Damoclès Belby, de la part de Maître Severus Rogue.
Je vous écris pour vous demander conseil à propos de la Potion Tue-Loup, comme exemple d'une potion complexe qui utilise différents processus au cours de sa préparation.
En raison de mon métier de professeur, je me trouve souvent dans l'incapacité de surveiller la préparation pendant les longues périodes que nécessitent certaines potions. Par conséquent, je recherche des points de stabilité dans des potions incomplètes – pas des périodes de mijotage, dans lesquels la potion est laissée à se développer pendant des minutes, des heures ou des semaines, mais des moments où la potion peut être laissée sans surveillance pendant de longs moments sans affecter le résultat final.
J'ai découvert, par exemple, que la préparation de la potion de Sommeil Sans Rêves peut être interrompue après l'intégration de pierre de lune broyée, si la potion est laissée à refroidir peu à peu et conservée à température ambiante dans un chaudron couvert. Lorsque la préparation reprend, il faut réchauffer progressivement la potion avant d'ajouter la racine de valériane, puis continuer comme d'habitude. Cela produit un résultat identique à une potion qui aurait été préparée sans interruption.
Compte tenu de la complexité de votre fameuse Potion Tue-Loup, je suis curieux de savoir s'il existe des points pendant lesquels vous estimez que la préparation peut être interrompue. Bien sûr, le chronométrage est essentiel pendant la caléfaction à la lune descendante du mélange aconit et asphodèle, mais une fois passé la distillation, il me semble qu'il est possible d'atteindre un point de stabilité. Également au moment de filtrer à travers le tamis de crin de licorne et de sisymbre, avant l'addition finale de sang de dragon et de poudre d'émeraude. Quelle est votre opinion sur le sujet ?
Cordialement,
Severus Rogue, Maître de Potions
À R. Lupin,
Je n'accepterai pas de correspondance directe de votre part pour le moment. Tout ce qui est essentiel peut m'être envoyé en passant par le professeur M. McGonagall. Votre message n'était pas ce que je considère essentiel.
S. Rogue
À suivre…
Note de la traductrice :
La note d'autrice qui suit fait référence aux commentaires de la VO, où Lupin a été violemment critiqué. Je l'ai conservée car il y a des éléments intéressants sur la façon dont les personnages sont présentés dans cet univers.
Note de l'autrice :
C'est vraiment excitant de vous voir tous aussi passionnés par cette fic ! Cela dit, j'ai été un peu mal à l'aise cette semaine devant la véhémence de certains des propos anti-Remus, donc j'aimerais aborder la façon par laquelle j'approche généralement les personnages dont les actions dans le canon sont… on va dire 'problématiques'.
Lucius, dans le canon, est un suprématiste du sang raciste, manipulateur et impitoyable, auteur d'attaques verbales vicieuses, et qui cause également des attaques physiques (même si certaines ne sont pas directement de son fait)… dans cet univers, il est un suprématiste du sang raciste, manipulateur et impitoyable, capable d'attaques verbales et physiques vicieuses. Cependant, cela n'est montré qu'en aperçus, en règle générale, parce que nous le voyons à travers la perspective de sa famille et de ses alliés. La perversité n'est pas une fin en soi pour lui – c'est un outil qu'il utilise pour arriver à ses fins. À savoir maintenir le pouvoir de lui-même et de sa famille dans la sphère politique, et protéger son fils. C'est pour ces raisons qu'il s'oppose à une guerre, et qu'il veut que l'école comporte des professeurs compétents et assure la sécurité des élèves. Il agit dans ce but, ce qui le fait paraître assez raisonnable.
Minerva, dans le canon, est un professeur sévère, juste mais à peu près inapprochable, qui semble ne jamais être disponible quand Harry ou ses camarades ont besoin d'aide ou de conseils. La seule fois où Harry VA la voir pour demander de l'aide, dans le premier livre, elle refuse de l'écouter. Dans cette série, elle est assez similaire, en fait, mais nous pouvons voir POURQUOI : elle n'a pas une foutue minute à elle. Nous avons vu que Severus a une charge de travail considérable et en plus essaie de se rendre disponible pour ses élèves – quelques heures par semaine – mais nous savons aussi que Minerva doit en plus prendre en charge les tâches de Directrice Adjointe. Est-ce que ses élèves ont besoin d'elle ? Oui, probablement. Est-ce qu'elle est capable de la fournir ? Non. Pas sa faute.
Je trouve difficile et désagréable d'écrire des raclures, donc généralement j'évite. J'écris des gens imparfaits qui font des erreurs et sont soumis à des contraintes qu'ils ne contrôlent pas. Parfois, j'écris des personnages dont je n'accepte pas du tout les valeurs, mais qui sont néanmoins humains, capables de s'améliorer, et d'agir pour le bien des autres. Un des mots-clés de cette série est 'Bon Severus Rogue', mais je ne le vois pas vraiment comme quelqu'un de 'bon'. Je le vois comme quelqu'un qui essaie, qui a des principes moraux qu'il essaie de suivre, du remords pour des choses qu'il a faites dans le passé, et un sens du devoir envers ses élèves.
De plus, je ne pense pas que le caractère de quelqu'un est figé. La première série Harry Potter que j'ai écrite, Correspondance, a traité les livre d'après la perspective de Minerva McGonagall et d'Augusta Londubat. Et une des choses que j'ai tirées de cette expérience est que, du point de vue de deux femmes qui approchent des 80 ans, beaucoup de personnages sont des enfants. James Potter avait à peine plus de vingt ans quand il est mort. C'est incroyablement jeune. Combien de vingtenaires se disent 'attendez, je suis censé être adulte là ?'. Sirius avait environ quinze ans quand il a attiré Severus vers la Cabane. Était-ce quelque chose d'incroyablement stupide, imprudent et vicieux à faire ? Oui, absolument ! Est-ce que je pense que Sirius cherchait vraiment à tuer Severus ? Non. C'était un adolescent stupide qui avait beaucoup de mal à évaluer les conséquences de ses actions, et qui avait pris l'habitude de passer du temps avec un loup-garou transformé en toute sécurité. Il a été idiot. Est-ce que cet incident aurait dû être pris au sérieux ? Oui. Est-ce que je pense que Sirius est capable de devenir quelqu'un de différent et de meilleur en tant qu'adulte qu'en tant qu'adolescent ? Oui aussi.
Donc pour la façon dont je vais traiter Remus, je voudrais vous demander de vous rappeler que nous ne le voyons qu'en aperçus, qu'une personne peut grandir et changer, qu'une personne peut avoir des bons et des mauvais côtés, et que c'est un homme qui a subi des traumatismes, l'isolement et la pauvreté, et qu'aucune de ces choses n'aide à faire de bons choix. Il est imparfait, il fait des erreurs, mais je vais le traiter avec la même complexité et compassion que Severus, et je vous demande, si vous le haïssez, de ne pas me le dire.
Je vous donne la permission de détester Ombrage, par contre. Je ne vais même pas essayer avec elle.
