Un masque à terre – Bonus 1

Harry Potter-Flamel observait les alentours, curieux. Bien qu'il soit lord Potter, il n'avait jamais mis les pieds au ministère pour autre chose que les séances du Magenmagot, ce qui était surprenant alors qu'il était âgé de vingt-deux ans. A ses côtés, dame Pernelle La Fay-Flamel, sa mère adoptive, le menait dans les entrailles du bâtiment.

-Qu'est-ce qui était si pressé pour que tu me traînes ici sans m'expliquer pourquoi ? demanda Harry

-Quelques petites explications à une situation, sourit Pernelle. Nous n'allons pas tarder à arriver.

Une langue de plomb les attendait à l'entrée du département des Mystères et les conduisit dans la salle de l'arcade. Pernelle verrouilla tous les accès et les isola pour que son fil et elle puissent parler sans crainte d'être entendus.

-Voici la prison de Dumbledore, annonça Pernelle en indiquant l'arcade.

Harry se tourna vers l'artefact, intrigué. Il avait suivi de loin le bras de fer qu'il y avait eu entre sa mère et l'ancien directeur de Poudlard et avait bien été heureux qu'il n'ait plus la possibilité de faire du mal aux autres.

-Viens, nous allons passer, fit Pernelle.

-Je croyais que c'était un aller simple, fronça des sourcils Harry.

-Pour les sorciers, oui, confirma Pernelle. Pour les mages, c'est un peu plus compliqué que cela. Viens.

Ayant toujours confiance en sa mère, Harry lui prit la main et ils traversèrent.

-Un portail ? comprit Harry en observant les alentours dans une ville qui ne ressemblait en rien à Londres, magique comme sans pouvoirs

-Vers Camelot, confirma Pernelle en se mettant en marche.

Le jeune homme lui emboîta le pas.

-Comme tu le sais, mon ancêtre Morgan a vécu du temps du roi sorcier Arthur, raconta Pernelle. A sa mort, Viviane a eu une vision où les peuples magiques se feraient persécuter au nom d'une supériorité factice des humains. Avec Myrrdhin, ils ont décidé de créer une dimension où toutes les créatures magiques qui le voudraient pourraient y vivre sans crainte de se faire massacrer. Dans le cas où les persécutions continueraient, des portes avaient été aménagées un peu partout en Britannica. Moi-même je m'y rends de temps à autres.

Sans surprise, les habitants qu'ils croisèrent s'inclinèrent devant Pernelle. Visiblement, elle était également connue dans cette dimension.

-En tant que descendante de Morgan, il m'est possible de modifier un peu les destinations des portails, expliqua Pernelle en se dirigeant vers la plus haute bâtisse. Au moment de la condamnation de Dumbledore, j'ai programmé l'arcade pour qu'elle l'amène dans la prison de Camelot.

-Est-ce qu'il ne pourrait pas s'enfuir ? s'inquiéta Harry. Il a quand même réussi à diriger la partie sorcière de la Grande Bretagne.

-C'est vrai, concéda Pernelle. Mais tu remarqueras que la magie ambiante est beaucoup plus puissante ici, ce qui veut dire qu'elle supporte bien moins qu'on la torde pour l'utiliser. Dumbledore en est passé maître, ce qui veut dire qu'il ne peut plus utiliser ses pouvoirs ici. De plus, avec sa politique génocidaire, beaucoup de créatures magiques qu'il a voulu exterminer se sont réfugiées ici donc il n'a littéralement aucun allié.

Ils passèrent plusieurs gardes avant de se retrouver devant une cellule. A l'intérieur, une silhouette décharnée était voutée contre un mur.

-Albus Dumbledore sous sa véritable apparence, présenta Pernelle. Même s'il t'a semblé en bonne santé à son procès, le passage à travers l'arcade a brisé tous les sorts qui maintenaient son apparence de gentil papy gâteau. Nous avons également découvert qu'il volait la magie de plusieurs personnes.

-Et il se proclamait chef de la lumière ? s'indigna Harry

-C'était pour le plus grand Bien … chevrota une voix.

Le brun eut du mal à reconnaître celui qui avait voulu jouer à dieu avec sa vie. Il avait beau avoir été emprisonné depuis huit ans, on aurait dit que cela faisait plus d'une vingtaine d'années qu'il était là.

-Le plus grand Bien ne nécessitait pas que vous sacrifiiez des gens à tour de bras, mordit Pernelle.

-Maman, qu'est-ce que nous faisons ici ? demanda Harry

-Je veux qu'il voit ce qu'il aurait pu se passer s'il n'avait pas estimé indispensable de manipuler des vies, grinça Pernelle. Oh, et que tu le vois maintenant qu'il a vraiment été condamné par la Magie.

-Je croyais que c'était déjà fait, fronça des sourcils Harry.

-La justice des sorciers n'est qu'une pâle copie de celle de la Magie, sourit Pernelle. J'en avais besoin uniquement pour que je puisse remettre la Grande Bretagne sorcière sur les bons rails.

-Tu leur as fait croire qu'en passant l'arcade, il mourrait, pointa Harry. Pourquoi ?

-Pour que le phénomène Voldemort ne se reproduise pas, expliqua gravement Pernelle. Les mangemorts pensaient tous qu'il allait revenir et si je n'étais pas intervenue, ça aurait été réellement le cas. Je ne voulais laisser aucune chance de leur faire croire que le plus grand Bien serait leur seule voie possible alors qu'elle amenait seulement à la déchéance de la Magie.

-C'est faux … balbutia Albus en tentant de se relever. Je sais ce qui est bon pour le peuple sorcier …

-Oh, et cela comprend de laisser un morceau de l'âme de l'ennemi dans le corps d'un enfant et en l'abandonnant dans une famille qui ne ferait que le maltraiter et le brimer tout au long de sa vie ? grinça Pernelle. Ne vous fatiguez pas, j'ai eu le temps de faire un tour dans la famille dans laquelle vous avez laissé Harry et j'ai pu admirer les jolis petits cadeaux que vous avez personnellement laissés …

-Personne n'est assez doué pour voir au-delà de mes sorts, déclara Albus d'une voix mal assurée.

-Toute personne qui n'a pas autant maltraité la magie que vous, c'est vrai, concéda Pernelle. Mais pour ceux qui la respecte, vos manipulations sont dignes d'un amateur !

-Pourquoi est-ce qu'il est encore vivant ? demanda Harry pour couper les échanges d'amabilités

-Je crois qu'on peut dire que c'est mon orgueil qui a parlé, rougit Pernelle. Je voulais qu'il voit de ses propres yeux la grandeur de la Grande Bretagne sans qu'il n'ait pu y mettre son nez. Je lui ai montré les premières modifications que j'ai apporté à Poudlard mais il n'avait pas l'air de comprendre. Régulièrement, je l'emmène de l'autre côté pour qu'il puisse voir que le monde se porte bien mieux sans lui.

Harry se tourna vers le vieux sorcier. Même s'il avait laissé sa mère gérer, il y avait des questions qui restaient sans réponses. Certes, elles n'avaient pas d'importance vitale mais maintenant qu'il l'avait sous les yeux …

-Pourquoi avoir voulu faire de moi cet Elu contre Voldemort ? demanda Harry. Je ne devais pas être le seul sorcier né fin juillet dont les parents se sont défendus contre Voldemort, non ?

-Tu étais l'un des seuls dont j'étais proche, avoua Albus. Ainsi, j'aurais pu te guider sur le chemin du plus grand Bien.

-Cela n'explique pas pourquoi vous l'avez déposé sur le perron d'une maison de personnes sans pouvoirs et que vous avez tapissé la maison du sol au plafond de sorts pour qu'il soit maltraité, grinça Pernelle.

-J'ai pensé que Lily avait utilisé une protection de sang pour protéger Harry et qu'elle se maintiendrait avec le sang de sa sœur, toussa Albus. Et je voulais qu'il devienne fort dans l'adversité.

-Donc nous sommes d'accord sur le fait que contrairement à ce que vous avez toujours clamé, vous saviez qu'Harry n'avait jamais vaincu Voldemort, pointa Pernelle avec un sourire triomphant.

Albus ouvrit la bouche pour finir par la refermer. Car oui, même s'il avait crié sur tous les toits qu'Harry avait vaincu seul Voldemort, ses actes avaient prouvé qu'il pensait réellement que c'était ceux de Lily qui avaient fait la différence.

-En parlant de protection du sang, il me semble que c'est ce que vous considériez comme de la magie « noire », non ? susurra Pernelle

-Ce n'est pas la même chose, protesta Albus.

-Si, assura Pernelle. En fait, c'était mauvais uniquement quand vous déclariez que c'était le cas. Quelle arrogance …

-Maman, soupira Harry. Est-ce que vous saviez que j'étais un horcruxe ?

Le visage de Dumbledore se troubla, choqué.

-C'est une magie si sombre … souffla Albus.

-Ça veut dire oui, traduisit Pernelle. Ce que je voudrais savoir, c'est pourquoi vous avez estimé indispensable de le laisser à sa place et pire, d'avoir créé l'environnement idéal pour qu'il prenne le pas sur cet enfant.

-Je m'étais assuré que ce n'était pas possible, fit Albus.

-Ah oui, les fameux blocs de magie … siffla Pernelle. Qu'est-ce qui vous a fait penser dans votre esprit détraqué que ça pourrait être la solution ? Dans votre grande débilité, vous avez simplement fait en sorte qu'Harry n'ait aucune chance de se battre contre l'horcruxe !

-Toutes les recherches que j'ai faites … souffla Albus.

-Maman, pourquoi nous sommes réellement là ? demanda Harry, ne voulant pas se perdre dans un débat stérile

-Je voulais présenter à ce cher Dumbledore le nouveau lord Peverell, déclara machiavéliquement Pernelle.

Dumbledore perdit toutes ses couleurs.

-Le testament disait que seul un sorcier œuvrant pour le plus grand Bien … s'étouffa Albus.

Pernelle le darda du regard, prise d'un sombre pressentiment.

-Les Dumbledore n'ont jamais descendu des Peverell, asséna Pernelle. Votre mère Alena a eu connaissance du testament de cette famille parce qu'elle leur était apparenté de manière lointaine. Vous avez traduit le testament à votre convenance alors que les Peverell demandaient simplement que leur héritier respecte toutes les facettes de la Magie, chose où vous avez échoué de manière spectaculaire.

-Euh … à part la propriété de Poudlard, qu'est-ce que ça aurait dû m'apporter ? fit Harry. Ce n'est pas comme si j'utilisais ce titre …

-Un siège supplémentaire au Magenmagot et la possibilité de soumettre à ta politique quasiment toutes les familles du pays puisqu'elles descendent presque toutes des Peverell, sourit Pernelle. Si on doit résumer, en devenant lord Peverell, tu pourrais facilement être le roi de Grande Bretagne.

-Rien que ça ? siffla Harry. Heureusement que ça ne m'intéresse pas !

-Mais pourquoi ? se plaint Albus. Tu pourrais avoir le pouvoir absolu …

-Mais ça ne m'intéresse pas, décréta Harry. Chacun doit être libre de faire ses choix dans le respect de la Magie et non s'incliner devant une cause qu'il n'a pas accepté en son âme et conscience. Je n'ai pas et je n'aurais jamais la prétention de croire que je détiens la parole divine donc jamais je n'irais imaginer que c'est à moi de guider les sorciers, même si j'en ai la possibilité. Tout ce que je pourrais faire, c'est leur montrer la voie mais en aucun cas, leur ordonner de m'obéir au doigt et à l'œil parce que je me sens supérieur à eux. Votre exemple m'a montré que ça ne réussirait jamais.

Le jeune homme se tourna vers sa mère.

-Je pense qu'il serait temps de rentrer, maman, fit Harry. Ce sorcier n'a pas l'intention de comprendre que nul n'est indispensable et lui encore moins. Laissons-le délirer avec ses rêves de grandeur, il est temps que nous poursuivons nos routes.

Mère et fils tournèrent des talons et ce fut la dernière fois qu'ils furent en présence du sorcier déchu.

§§§§§

Nicholas Flamel ne râlait pas souvent au sujet de sa femme mais quand il le faisait, beaucoup se demandaient comment il avait pu rester aussi longtemps avec !

-Venez avec moi, souffla Nicholas.

Le domestique lui emboîta le pas.

-La dernière expérience de Pernelle a créé un bazar monstre et ça s'est infiltré partout, grogna Nicholas. Vous allez devoir traquer le moindre grain de poussière car s'il en reste, je n'aurais aucune envie de gérer la catastrophe. Me suis-je bien fait comprendre ?

-Oui, monsieur, fit le domestique en serrant les dents.

Un sourire railleur orna les lèvres de Nicholas tandis qu'il laissait le domestique entrer dans la salle aux trésors. Ça restait assez drôle de voir celui qui avait terrorisé la Grande Bretagne être reconverti en simple domestique !

Quand Pernelle avait détecté l'horcruxe en Harry, elle avait fait des recherches – elle ne savait pas tout, encore heureux ! – puis, après avoir compris qu'il y en avait d'autres dans la nature, notamment grâce au journal de Riddle, elle les avait cherchés à travers tout le pays. En fermant Poudlard, elle avait mis la main sur le diadème de Serdaigle – et s'était débarrassée de la soi-disant malédiction sur le poste de professeur de défense contre les forces du mal d'abord en supprimant le support et ensuite la matière – et en se renseignant sur le fameux propriétaire du journal ensorcelé, elle avait pu remonter le fil de sa vie et récupérer la coupe de Poufsouffle – les gobelins avaient été ravis de se débarrasser de cet artefact qui rongeait leurs protections – et de la bague des Gaunt – ou plutôt retrouver la pierre de résurrection qu'un Gaunt avait volé à la famille Peverell – ce qui totalisait cinq horcruxes. Le dernier fut plus délicat à trouver, les témoignages de l'enfance de Riddle étant rares car l'orphelinat dans lequel il avait vécu avait été détruit sous les bombardements de Londres, les enfants éparpillés à travers le pays et surtout, Dumbledore avait soigneusement dissimulé son dossier parce que, comme l'apprit par la suite Pernelle, le vieux fou s'était désigné tuteur magique pour avoir totalement la mainmise sur lui. Après quelques tâtonnements, le dégagement de magie avait permis de repérer la grotte où il avait dissimulé des centaines d'inferi mais le message de R.A.B. avait tellement agacé sa femme qu'elle avait vaporisé le lac souterrain. Cela lui avait d'ailleurs valu une sévère réprimande des nécromanciens qui auraient bien voulu rendre les corps à leur dernière demeure. Reconstituer ces derniers avait été un travail de très longue haleine qui avait efficacement douché Pernelle au sujet de ses accès d'humeur. Ce fut presque par hasard qu'elle mit la main sur le médaillon de Serpentard. Ayant découvert la situation de Sirius Black et l'ayant fait libérer d'Azkaban, ce dernier, après de lourds soins médicaux, avait dû, dans le cadre de sa thérapie, faire face à ce qu'il avait vécu dans son enfance, notamment en confrontant le manoir ancestral du clan Black à Londres. Harry, alors âgé de seize ans, l'avait accompagné et Nicholas avait également fait le voyage pour étudier les dérives induites par les sorcelleries « occultes ». Même s'il n'avait pas le prestige de la famille La Fay, Nicholas était tout aussi puissant que Pernelle et c'était suffisant pour que Kreattur, le dernier elfe de maison du clan Black, vienne présenter ses respects à une personne qui respectait la Magie. Ce fut également suffisant pour qu'il sollicite son aide pour respecter la dernière volonté de son maître Regulus, détruire la « mauvaise magie » dans un médaillon précieux qui n'était nul autre que celui de Serpentard. Pernelle avait alors débarqué telle une furie et avait pris le parti de scanner toute la maison du sol au plafond au cas où il y aurait d'autres surprises du même genre.

Bref, les horcruxes rassemblés, Pernelle avait demandé aux nécromanciens une méthode pour trouver le dernier morceau d'âme. Ce dernier avait trouvé refuge dans la maison paternelle depuis le fiasco de la pierre philosophale et son apparence ne lui avait pas garanti beaucoup de résistance. Toujours grâce aux nécromanciens, Pernelle avait décidé de lui rendre son intégrité psychique à Canterbury – bien plus discret pour les rituels magiques – et Riddle, certain de sa supériorité, avait décidé d'attaquer ceux qui l'avaient « aidé » aussitôt qu'il aurait récupéré un corps à sa mesure.

Seul problème : le rituel avait pris en contrepartie toute sa magie.

Avec un délice machiavélique, Pernelle lui avait alors expliqué que rassembler une âme volontairement déchirée se faisait toujours sous le regard de la Magie et qu'elle punissait sévèrement tout outrage qui Lui était fait. Après un rapide scan magique, elle lui avait expliqué qu'en plus d'avoir perdu toute sa magie sans possibilité de la récupérer un jour, tous les dons magiques qu'il aurait pu avoir comme le fourchelang lui seraient à jamais inaccessibles. Désormais, il n'était qu'un être sans pouvoirs que le monde sorcier et magique ne tarderait pas à oublier définitivement.

Mais Pernelle n'en avait pas fini avec le sorcier qui avait blessé son fils. Particulièrement sadique, elle avait ensuite décidé de l'engager comme domestique et il avait pour charge de nettoyer les différentes pièces du château Flamel et plus particulièrement la salle des trésors, où le couple stockait ses artefacts magiques les plus précieux, et la bibliothèque, où une copie des livres manuscrits ou imprimés dans le monde arrivait au rythme des pérégrinations de Pernelle et de Nicholas.

Artefacts et connaissances que Tom Riddle ne pourrait jamais utiliser.

Le supplice de Tantale dans toute sa splendeur.

Cela faisait trois ans que l'ancien sorcier remâchait sa rancœur et admirait ses trésors sans pouvoir en profiter. Pour bien l'enfoncer, Pernelle avait même récupérer la prophétie qui soi-disant désignait Harry comme étant celui qui allait le défaire et la laissa à sa portée. Une explication à Harry alors que Tom n'était pas loin lui appris l'amère vérité : si n'importe qui pouvait l'entendre, cela voulait dire que la prophétie était totalement fausse. Et n'importe qui voulait dire y compris un sans pouvoirs … L'horreur qui s'était peinte sur le visage de Riddle avait été mémorable quand il avait pu entendre la prophétie complète. Il avait également perdu des couleurs en comprenant qu'il avait été manipulé pour le plus grand Bien et par Dumbledore le premier mais qu'il ne pouvait plus rien y faire désormais.

La famille Flamel avait très vite cessé de voir Tom Riddle en tant que Voldemort. A la place, il ne le voyait que comme un domestique lambda, ce qui froissait énormément son ego, ayant toujours voulu montrer ce qu'il valait réellement et s'étant toujours considéré comme supérieur à tout le monde. Le summum était atteint quand Harry Potter-Flamel venait leur rendre visite. En plus d'être lord Potter et lord Black, Tom avait appris qu'il était également lord Peverell, ce qui faisait de lui la personne la plus puissante de Grande Bretagne, sans même verser une seule goutte de sang ou prendre les armes. Mais le jeune homme n'utilisait pas ses titres – et encore moins le dernier – pour se hisser à la tête du pouvoir. Non, il était parfait à un tel point que c'en était écœurant.

Nicholas regarda Tom s'éloigner en maudissant la famille Flamel. Heureusement que le domestique ne savait pas que sa nourriture était aromatisée d'élixir de longue vie ce qui lui garantissait quelques dizaines d'années auprès d'eux, enfin jusqu'à ce que Pernelle en ait marre de lui …

§§§§§

-Milord, s'inclina le sorcier.

-Qu'est-ce que j'ai fait à la Magie pour mériter ça … soupira Harry. Sirius, par pitié, ça suffit !

-Vous êtes mon chef de famille, rappela poliment Sirius Black.

-Et tu es mon parrain donc cesse tes pitreries ! grogna Harry

Pour toute réponses, Sirius se perdit dans son rire si semblable à un aboiement.

-Je vais finir par croire que tu as autant le sens de l'humour que notre chauve-souris des cachots ! fit Sirius. Allez, entre, il ne fait pas chaud dehors.

Le jeune homme entra et confia sa cape à Kreattur, l'elfe de maison en charge de la maison de son parrain, avant de se rendre dans le salon pour saluer les autres invités.

Quand Pernelle avait fermé l'école et commencé son inspection de la bâtisse, elle s'était posée beaucoup de questions sur la présence du saule cogneur dans le parc de l'école, d'autant plus qu'il s'agissait d'un ajout relativement récent de Dumbledore. Le passage secret n'avait pas été compliqué à trouver – et le pire était qu'il n'était pas compris dans la zone de protection des barrières magiques, même si elles étaient déjà faibles et semblables à des passoires – et les traces retrouvées dans la cabane hurlante, construite en même temps qu'avait été planté l'arbre magique, de l'autre côté du passage, avait fait comprendre que Poudlard avait eu l'occasion d'accueillir un loup-garou pendant sa scolarité. Or, Dumbledore avait retravaillé le règlement de l'école pour que seuls les sorciers puissent y étudier « pur souche » donc sa présence était surprenante. Elle avait alors interrogé Minerva McGonagall, qui était en poste depuis des dizaines d'années et ce fut ainsi que la mage apprit l'existence de Remus Lupin, loup garou depuis l'âge de trois ans et personnellement invité à Poudlard dès sa première année alors que Dumbledore se faisait un plaisir de refuser les inscriptions de d'autres enfants atteints de la même maladie chronique mais qui avaient l'avantage de maîtriser leur transformation et surtout, qui ne venaient que pour passer leurs années d'ASPIC.

Avec Remus Lupin, Pernelle apprit l'existence des Maraudeurs mais quand elle prit connaissance de la composition de ce groupe et surtout, de leurs faits d'armes, elle sut qu'il y avait anguille sous roche. Quand on connaissait les efforts faits par le vieux sorcier pour soumettre Harry Potter avant son arrivée à Poudlard, qu'il y ait un lien avec le fait que son père James et ses amis aient été protégés des conséquences de leurs bêtises, y compris quand ils avaient failli tuer un autre élève, ne semblait pas totalement délirant. Alors que la directrice de Gryffondor encensait le quatuor d'adolescents, Severus Snape lui avait révélé le revers de la médaille : les quatre amis étaient des brutes et des harceleurs de la pire espèce qui avaient fait de sa scolarité un véritable enfer et même, s'il voulait être objectif, l'avait poussé à s'intéresser réellement à l'idéologie de Voldemort. Pernelle n'avait pu passer sur les évènements qui avait disloqué irrémédiablement le groupe si populaire – la mort de James Potter et de sa femme Lily Evans qui avait conduit à l'attaque de Voldemort sur le petit Harry et celle le lendemain de Peter Pettigrow par la main de Sirius Black qui avait été accusé d'avoir vendu les Potter – et avait commencé à en voir les incohérences. Voulant en avoir le cœur net, elle avait demandé une révision du procès – procédure très peu inusité dans la justice sorcière mais qu'on ne pouvait pas décemment refuser à la régente Peverell – et avait découvert qu'il n'y avait jamais eu de procès et donc, qu'un homme avait été enfermé arbitrairement à vie à Azkaban. Il n'avait fallu qu'un souvenir – celui de l'altercation entre Sirius Black et Peter Pettigrow qui avait soi-disant conduit à la mort de ce dernier – et un simple sort – lancé par une langue de plomb pour déterminer si une personne avait bien fait partie intégrante d'un fidelitas en tant que gardien – pour complètement innocenter Sirius Black. Dans la foulée, Pernelle l'avait envoyé dans une clinique en dehors de la Grande Bretagne pour se faire soigner et avait fait en sorte de l'y clouer jusqu'à ce qu'il puisse affronter seul ses souvenirs de ces années d'enfer.

Harry avait à peine quinze ans quand il vit pour la première fois son parrain. Il ne lui avait fallu qu'une discussion d'une quinzaine de minutes pour comprendre les principaux éléments à connaître sur Sirius Black : il le prendrait toujours pour James Potter, son mépris irraisonné pour le clan Black était tellement ancré en lui qu'il ferait un très mauvais chef de famille et pire que tout, s'il avait des enfants un jour, ils ne seraient que des psychopathes en devenir comme lui à son âge qui voudront uniquement soumettre la magie à leur volonté. Oh, et qu'il tenait à ce que les enfants des Maraudeurs disposent de la même « capacité » à faire des blagues que leurs aînés au même âge. Traduction : qu'ils se montrent aussi voire plus cruels qu'eux pour asseoir leur réputation à la postérité. Il avait fallu chercher les tableaux magiques des arrières grands parents de Sirius pour avoir une idée à peu près objective de la grandeur du clan Black qui ne passait ni par une soumission au plus grand Bien – Sirius – ni par une autre « inspirée » par la suprématie sang pur de Serpentard – Voldemort – qui respectait un tant soit peu la Magie.

Ce furent d'ailleurs les portraits d'Acturus et de Lucretia, respectivement grand-père et tante du côté paternel de Sirius qui lui avait donné la solution pour préserver le clan Black. A la mort d'Orion, son épouse Walburga avait voulu rendre effectif le reniement de son fils Sirius qui notamment, n'avait pas voulu suivre les préceptes de Voldemort. En tant que régente Black, cela aurait été tout à fait possible mais elle avait oublié un point important : le lord Black n'était pas Orion mais son père Acturus, toujours vivant mais réfugié depuis des années dans un manoir de la famille à cause de sa santé défaillante. Il avait attendu la mort de Walburga et de Druella, sa belle-sœur, les plus susceptibles de lui mettre des bâtons dans les roues, pour se pencher sur la plus jeune génération. Le reniement d'Andromeda était intervenu alors que la jeune femme refusait le mariage arrangé par ses parents. Bien qu'Acturus n'ait pas été d'accord avec le choix du fiancé, il avait confirmé le reniement non pas parce que la jeune femme s'était enfuie devant l'autel mais parce qu'elle avait jeté le déshonneur sur le clan Black en épousant en grande pompe son petit-ami né de moldus, Théodore Tonks, ce qui était un affront énorme et une condamnation publique sur laquelle on ne pouvait passer. A ses yeux, le clan devait toujours garder un front uni et le comportement de Sirius, en soutenant aussi ouvertement Dumbledore, portait atteinte à son intégrité, ce qui avait conforté son reniement. Au duo s'était rajouté Bellatrix qui, en suivant Voldemort, avait torturé et tué de nombreux sangs purs, parfois même alliés du clan Black, et condamnée à vie à Azkaban.

Bref, le tableau d'Acturus Black, dernier lord de la famille, avait révélé qu'avec la mort de Regulus, le prochain lord Black porterait le nom de Beurk, Longbottom, Croupton, Malfoy … ou Potter. Lucretia, la fille d'Acturus, avait souligné que le lien de parrainage ajoutait un lien magique entre la famille Potter et la famille Black qui pourrait permettre à Harry de récupérer le clan Black. Le titre de lord Potter qu'il avait récupéré à ses quinze ans lui avait permis de récupérer celui de lord Black devant Draco – puisque le blond n'était qu'héritier Malfoy – et s'était présenté devant Sirius en lui montrant simplement la bague de lord de sa famille. Sirius avait tempêté, voulant remettre sa famille sur les rails lui-même, et n'avait pas parlé à son filleul pendant deux ans avant de se rendre compte que sa réaction était puérile et qu'il avait désormais tous les avantages. Depuis, leur relation s'était apaisée et quand un curieux venait demander pourquoi il était lord Black et pas Sirius, Harry répondait invariablement qu'il avait négocié avec le principal concerné. Qu'il ne lui ait pas laissé le choix n'était qu'entre eux.

-C'est quand que tu nous présentes ta dulcinée ? taquina Sirius

-C'est quand que tu vas enfin demander la main de Remus ? rétorqua Harry. Mine de rien, ça doit bien faire vingt ans qu'il attend ça !

Sirius crachota d'indignation sous les rires des convives avant de se mettre à bouder tandis que ledit Remus souriait doucement. Sirius et lui vivaient ensemble mais le mariage sorcier ne l'intéressait pas le moins du monde.

Après s'être occupé de Sirius, Pernelle avait cherché Remus Lupin. Ce n'était pas pour réunir deux amis qui s'étaient perdus de vue mais parce que les deux Maraudeurs pouvaient lui servir dans un rituel de localisation pour trouver celui qui avait trahi les Potter. Une fois Peter Pettigrow capturé – et après lui avoir arraché tous ses secrets dans les prisons de Camelot avant de le remettre à la justice sorcière – la mage s'était penché sur le loup garou et s'était retenue de ne pas tuer Dumbledore. Lupin n'avait jamais été éduqué dans sa nature, était dépressif et étrangement reconnaissant qu'on ait pu le laisser faire ses études à Poudlard alors qu'il n'aurait jamais dû y mettre les pieds avant d'avoir pu maîtriser ses transformations. Pire, sans aîné à ses côtés, l'enfant n'avait jamais pu s'harmoniser avec son côté sauvage ce qui avait entraîné les transformations extrêmement douloureuses et surtout, sa sauvagerie les nuits de pleine lune. Une jolie petite bombe ambulante, en somme. Il était même étonnant qu'il n'y ait pas eu de cas de morsures pendant sa scolarité …

Pernelle n'avait pas pris de gants et l'avait directement jeté dans l'une des meutes du continent pour qu'il soit correctement éduqué et pour qu'il ne soit plus un danger pour son entourage. Cela avait pris huit longues années avant d'être considéré comme équilibré et qu'il puisse rejoindre celui qu'il avait toujours aimé en secret. D'ailleurs, le duo était le seul à ne pas remarquer les sentiments qu'ils avaient pour l'autre.

Tandis que Sirius tentait sans succès de connaître le nom de la personne que son filleul fréquentait et que Remus, arrivé entre temps, essayait de le tempérer, Harry se dit que sans l'intervention de sa mère, de nombreuses choses auraient conduit la Grande Bretagne sorcière à l'anéantissement de nombreux clans sangs purs, à commencer par celui des Black ou des Potter …

Et qu'il n'avait pas l'intention de permettre à son parrain d'harceler la personne qui vivait à ses côtés !

FIN