Alby lui apprit que les trois mois qui ont suivit leur arrivée ici, deux nouveaux blocards étaient arrivés et qu'elle était la troisième. Il lui avait aussi annoncé qu'ils avaient décidé d'organiser une petite fête autour d'un grand feu pour fêter l'arrivée de tous nouveaux Blocards . Suite à sa dispute avec Newt, c'était Alby qui s'était chargé de lui montrer le Bloc. En seulement quatre mois, ils avaient construit un véritable camp. Ils avaient la Ferme, l'endroit qui leur servait de dortoir, d'infirmerie, de cuisine et de salle du Conseil où le conseil, composé des matons (c'est-à-dire les chefs de chaque métier), se réunissaient avec le chef du Bloc et le co-leader, en l'occurrence Alby et Newt au moindre problème ; le Jardin, où ceux qu'ils appelaient les Sarcleurs cultivaient fruits et légumes ; le Gnouf, une sorte de prison où étaient enfermés ceux qui n'obéissaient pas ou enfreignaient les règles ; et l'Abattoir, où était élevé le bétail pour ensuite être abattu.
Alby lui avait ainsi expliqué qu'elle allait devoir tester tous les métiers afin de s'en trouver un, sauf Coureur.
- Pourquoi pas Coureur ? Qu'est-ce que c'est déjà ?
- Les Coureurs, c'est Minho et Newt ! Ils sont les seuls à pouvoir mettre les pieds dans le labyrinthe. Les seuls ! Et personne n'a envie d'y entrer, faut être fou... Ou complètement désespéré... Quoi qu'il en soit, ce n'est pas pour toi !
- Pardon ? Et pourquoi ça ? Tu ne me trouves pas assez forte ? Ou pas assez rapide, endurante, intelligente ? Je suis peut-être une fille, mais s'il me prend l'envie d'entrer là-dedans, je le ferais !
- Non, tu ne le feras pas !
- Et pourquoi ça ?
- Parce que si tu enfreins cette règle primordiale, et que tu reviens vivante, tu seras punie. Bannie si tu préfères. Sais-tu que jamais personne n'a survécu une nuit dans ce truc ?
- Oui, comme jamais encore une fille n'avait mit les pieds ici. Il y a une première à tout, Alby ! Quoi qu'il en soit, je m'adresserai au patron des Coureurs pour intégrer son équipe si je le veux !
- C'est un maton, pas un patron...
- Qu'importe, c'est pareil ! Merci Alby, maintenant, je vais aller voir les autres métiers si tu me le permets, bien sûr !
- Vas-y, la bleue ! Oh, et pour ta gouverne, les Coureurs ne sont pas choisit par leur maton, ils doivent s'entraîner très dur pour devenir Coureur.
- Aucun problème. Et je ne suis pas... Laisse tomber ! À plus Alby !
La jeune fille se dirigea alors vers un groupe de garçon qui s'occupait du Jardin. Elle les salua, se présenta comme étant la nouvelle et leur demanda si elle pouvait savoir à quoi consistait leur métier. Un des garçons se détacha du petit groupe et vint vers elle.
- Salut la nouvelle, je suis Zart. Et par je ne sais quel miracle, je suis devenu le maton des Sarcleurs. Je suis arrivé un mois après les autres, si tu veux savoir. Viens, je vais te montrer ce qu'il faut faire !
Il lui montra l'endroit où il se trouvait avant qu'elle n'arrive et lui expliqua la manière dont elle devrait se servir des outils si elle voulait intégrer le groupe. Au bout d'une bonne heure de travail, elle n'en pouvait plus. Toujours la même chose à faire, elle en avait marre. Ce n'était pas pour elle. La nouvelle remercia Zart et les autres Sarcleurs pour se diriger vers un autre groupe, bien petit. Ils n'étaient que deux.
- Salut la bleue, alors, le métier de Medjack t'intéresse ? demanda un des deux garçons.
Il était plutôt petit, possédait des cheveux brun mais ses tempes étaient déjà grisonnantes. Pourtant, il ne devait pas être beaucoup plus âgé qu'elle... C'est alors qu'elle réalisa qu'elle ne connaissait même pas son âge, ni sa propre apparence. Elle fronça les sourcils et baissa les yeux, dépitée.
- Qu'est-ce que tu as la nouvelle ? Tu ne vas pas te mettre à pleurer quand même ?
- Non parce que c'est déjà pénible avec les garçons, mais si en plus c'est une fille, ce sera la galère !
- Dites, ne voudriez-vous pas arrêter avec ces remarques désobligeantes ? Je ne suis pas inférieure à vous que je sache ! C'est quoi des Medjacks ?
- Nous sommes les infirmiers ! répondit le second garçon en levant un pouce.
- Infirmiers... Vous avez les compétences pour cela ? Je veux dire... Si quelqu'un se blesse gravement, vous sauriez le soigner comme il se doit ?
- Hey, nous, nous sommes comme toi ! Nous ne nous souvenons de rien ! Alors les compétences, bah, si ça se trouve, on les a eue un jour, mais elles se sont barrées avec le reste de notre mémoire ! Au fait, je suis Clint, le maton !
La remarque de ce Clint fit rire la jeune fille. Le métier lui plaisait bien... Elle ne savait pas d'où cela lui venait, mais elle ressentait comme une attirance pour ça. Voyant son attrait pour leur boulot, les deux garçons commencèrent à la harceler. Ils lui demandèrent si elle savait penser des blessures, soigner des bleus, utiliser les plantes pour concocter des médicaments. Sauf qu'elle n'en savait rien. Rien du tout. Alors elle préféra leur demander de lui montrer. Et contrairement à l'heure précédente, celle qu'elle passa avec les Medjacks fut bien plus satisfaisante. Elle avait réussi à créer un baume cicatrisant en moins de quelques minutes. Clint et Jeff, le second pseudo infirmier, semblaient fier de voir qu'elle se débrouillait pas mal du tout.
- Cependant, il te faudra tout de même tester les autres métiers, la bleue. Après, les matons se battront pour savoir qui t'auras. Bien sûr, il faut que tu choisisses le boulot que tu veux faire parmi ceux qui te seront proposés.
- Merci les gars. Medjack est en haut de ma liste !
Elle leur adressa un clin d'œil et leva le pouce en l'air. Elle se retourna et alla vers l'abattoir. L'endroit ne lui faisait pas vraiment envie. En fait, autant elle n'était pas contre se battre contre un être humain, autant faire du mal à un animal la dégoutait. D'ailleurs, quand elle entra dans le bâtiment, un cochon venait d'être tué et se faisait dépecer. Elle sentit son estomac se retourner et elle sortit immédiatement. Un jeune homme s'approcha d'elle.
- Hey, la bleue. Alors, tu n'as pas l'estomac bien accroché à ce que je vois ?
- Désolée, mais je crois qu'il ne faut même pas tenter le coup.
- Ce n'est rien, je comprends. La première fois qu'on a dû tuer un animal, on s'est mit à... enfin bref.
- Ce ne doit pas toujours être joyeux...
- Non. Tu as raison. Surtout que tu ne dois impérativement pas t'attacher à eux... Bon, je ne vais pas t'ennuyer plus longtemps la bleue, sinon, je pense qu'on te perdra !
- Hey ! Je ne suis pas fragile ok ? Je vais revenir tient ! Tu verras, je vais essayer le boulot ! Mais là, je viens de voir quelque chose qui m'intrigue ! Ciao !
- Ciao la bleue ! Moi c'est Henri, le maton !
- Salut, Henri le maton !
La jeune fille s'éloigna de lui. Elle venait de voir un groupe de trois garçons, très baraqués passer devant la ferme. Ils portaient des blocs de pierre qui semblaient très lourds. Elle s'approcha de celui qui était en dernier dans la file. Il se retourna lorsqu'elle l'interpella.
- Oh, la nouvelle. Qu'est-ce que tu nous veux ?
- Savoir ce que vous êtes.
- Parce que tu crois que tu pourrais devenir Briqueton ? Pff. T'es qu'une fille ! Tu ferais mieux de devenir Torcheur, fit-il en éclatant de rire.
La remarque fit grimacer la jeune fille. Elle ne savait pas ce qu'était un Torcheur, mais vu la manière dont il le lui avait dit, ce n'était sûrement pas le boulot le plus convoité du Bloc. Elle croisa les bras sur sa poitrine et le défia du regard tandis qu'il déposait son bloc par terre. Les deux autres s'étaient retournés.
- Roos ! Arrête tes conneries ! Elle n'est pas qu'une fille, elle est la nouvelle. Et au même titre que nous tous, elle se doit d'essayer chaque métier ! Donc, tu vas lui expliquer en quoi consiste celui de Briqueton, et Volt, tu lui expliqueras celui de Bâtisseur.
- Gally, tu n'as aucun ordre à me donner ! C'est moi le maton ici, pas toi ! répliqua le dénommé Volt.
- Très bien, dans ce cas, Volt, en tant que maton, aurais-tu l'obligeance de lui montrer les ficelles de notre métier ?
- Bien sûr, Gally !
Volt et l'autre abrutit de Roos s'éloignèrent tandis que Gally se tournait vers la nouvelle. Il avait une taille imposante, mais il était surtout maigre. Son nez n'avait pas l'air d'être en très bon état et ses dents semblaient quelque peu abimées.
- Il n'est pas un peu bête ? Non, parce que tu lui as donné un ordre quand même avec l'obligeance et tout là !
- Laisse couler ! Il est bête, mais c'est aussi le maton, alors faut pas aller trop loin ! Tu n'auras qu'à revenir tout à l'heure, Roos te montreras comment les Briquetons assistent les Bâtisseurs.
- Merci, Gally ?
- Oui, c'est ça. Tu ne sais toujours pas ton prénom ?
- Non...
- Il te reviendra, t'inquiète pas pour ça. Il a mit plusieurs jours à me revenir. C'était la galère d'ailleurs. Certains d'entre nous ont bien cru qu'ils n'allaient jamais se souvenir du leur. La pagaille complète. Allez, je dois travailler ! On n'aime pas les branleurs ici !
Il se mit à courir à la poursuite de ses camarades qui étaient déjà loin d'eux. Elle le regarda partir avant de se retourner pour examiner ce qu'il y avait encore autour d'elle. Au loin, Newt avait observé la scène et croisa le regard de la jeune fille, qui lui fit un signe de la main pour le saluer, un sourire narquois aux lèvres. Alby lui avait dit qu'il y avait dix boulots. Elle n'avait prit connaissance que de six. L'idée de connaître les quatre restant lui procura un sentiment d'excitation. En fait, elle n'avait pas vraiment de peine d'être là, contrairement aux garçons. D'après ce qu'elle avait pu comprendre, ils n'avaient pas bien supporté d'être enfermés dans ce Bloc.
Le ciel commençait déjà à s'assombrir au-dessus de leurs têtes. La bleue se dit qu'elle allait peut-être retourner voir Alby. Mais alors qu'elle se rendait près de la ferme, elle fut prise d'un mal de tête violent. Mettant ses mains sur ses tempes, elle serra les dents en essayant de faire passer la douleur. Mais celle-ci se fit de plus en plus forte. Le monde autour de la jeune fille se fit lointain, elle n'entendait presque plus rien. Seulement une voix à son oreille qui lui demandait ce qu'elle avait. Tout tourna, elle se sentit comme prise par une spirale. Puis elle sombra, avec pour seule et unique chose en tête un prénom. Son prénom. Mélanie.
