Allongé sur le sol, Eren sentit son corps s'enfoncer alors que ses muscles se détendaient un à un. Il savoura un moment la sensation de la terre fraîche sur le dos de ses mains, qui reposaient mollement au-dessus de lui, libres. Ses yeux s'ouvrirent d'abord sur un ciel parsemé d'étoiles, puis cherchèrent à retrouver ceux de la personne qui avait réussi à apaiser sa fureur. Mais le Caporal ne le regardait plus, il semblait concentré sur autre chose… son ventre?
Le… bas de son ventre? Une chaleur étrange naquit au creux de ses entrailles, se diffusant vers l'endroit où les yeux de son supérieur s'attardaient.
« Caporal… ? »
Le concerné tressaillit, raccrochant son regard à celui d'Eren. Une seconde passa, qui sembla durer une éternité. Eren retint son souffle, pétrifié par ses iris d'un gris électrisant.
Le Caporal se releva prestement, claquant: « Viens avec moi, il faut qu'on parle. »
Eren sauta sur ses pieds, essayant de rattraper le Caporal qui se dirigeait déjà vers le château.
—
Il se faisaient maintenant face dans la cuisine de la demeure, une grande table en chêne foncé trônant entre eux. Levi avait ordonné à Eren de s'asseoir et s'était lui-même adossé contre le mur en pierre apparente, croisant nonchalamment les bras et les jambes. Il scruta l'horizon par la fenêtre, d'où pointaient les premières lueurs de l'aube.
« Gamin, qu'essayais-tu de faire exactement? »
Il avait reposé ses yeux sur le titan. Eren déglutit :
« Je voulais voir si j'arrivais à reprendre une forme décente. J'ai pas tenu plus de cinq minutes, j'ai vu rouge.
- Tu veux t'épuiser pour de bon et te rendre complètement inutile pour nos prochaines missions? Je pensais que t'avais déjà assez encaissé avec les expériences d'Hanji…
- Caporal, comment est-ce que je suis censé refermer le mur Maria si je n'arrive même plus à me transformer correctement? Vous l'avez vu de vos propres yeux, ces temps-ci je ne suis bon à rien. J'ai peur de ne pas… de pas pouvoir contrôler mon titan quand il le faudra vraiment…
- Ressaisis toi. Je n'ai jamais vu personne construire des murs avec des larmes. »
Honteux, Eren baissa les yeux, ceux-ci effectivement embués. S'était-il trop confié? Il ne voulait pas jouer le pleurnicheur devant son supérieur, mais il sentait un besoin irrésistible de lui faire part de ses inquiétudes. Il avait l'intuition que le passé du Caporal, dont il ne connaissait pas grand-chose si ce n'est la rumeur qu'il l'avait vécu dans les souterrains glauques, le rendait apte à comprendre quelque chose de cette noirceur qui l'avait colonisé récemment. L'espoir de l'entendre prononcer des mots qui lui seraient destinés, qui pourraient le rassurer, et peut-être confirmer ce sentiment d'une petite intimité naissante entre eux qu'il avait cru sentir il y a de ça quelques semaines, l'habitait étrangement. Une impression un peu illusoire, pensa-t-il, mais qui s'était ravivée un moment auparavant, dans la clairière…
« Eren, tu sais pourquoi tu fais partie de l'escouade? »
Eren regarda à son tour par la fenêtre. Une brume matinale s'infiltrait entre les arbres, donnant à l'orée de la forêt un caractère irréel, presque menaçant.
« A ce qu'on dit, je suis le dernier espoir de l'humanité…
- C'est ce qu'on dit. Mais être l'espoir de l'humanité ne vaut rien de plus qu'un mec des souterrains qui a découvert la solution contre l'arthrite. Au pire, on te crève pour t'arracher ta trouvaille, au mieux, t'es rendu pour être au service de la classe crasseuse qui nous gouverne. Dans tous les cas, tu n'es plus maître de tes choix. Toi, tu as pris des décisions qui t'ont amenées ici. Et l'une d'elles était de protéger tes amis, coûte que coûte. Si au passage l'humanité s'en voit sauvée, moi ça me va. Je ne choisis pas les élus, mais les soldats qui ne regrettent pas leurs décisions. Il va falloir que tu te rappelles de la tienne, Eren, et vite. »
Le Caporal parlait beaucoup.
Le jeune homme se rappela de la seule fois où il s'était retrouvé avec Levi en tête à tête. Alors qu'il attendait qu'on le livre aux brigades spéciales, avant qu'on lui annonce qu'Annie était le titan féminin. Il se rappelait de la verve du Caporal, qui l'avait également surpris. De son trait d'humour un peu crasse qui l'avait amusé, mais aussi intimidé, comme si le Caporal avait partagé un secret avec lui. La gorge sèche, il avait ri timidement en s'étonnant à voix haute de sa soudaine verbosité… Pendant ce long moment passé en la présence du Caporal, il se rappelait avoir eu le cœur battant et les mains moites, se demandant ce qu'il le mettait dans cet état; l'imminence de son escorte vers la capitale? La honte de leur récente "incompétence", qu'il attribuait à ses propres erreurs de jugements? Ou la seule présence de son supérieur…?
Après tout, il admirait tellement le Caporal. Déjà plus jeune, il entendait parler de ses prouesses, et ne se lassait jamais d'écouter les membres éméchés de la garnison se raconter les aventures épiques, bien que sanglantes, du Bataillon d'Exploration auquel faisait partie le guerrier le plus puissant de l'humanité. Se retrouver devant lui, se battre à ses côtés, c'était inespéré. Un rêve éveillé. Et puis, il lui avait sauvé la vie à deux reprises. Ça, il en avait honte, et il s'était mordu les joues de culpabilité quand il avait vu son supérieur se crisper de douleur en bougeant sa jambe.
C'était de sa faute s'il s'était blessé.
Était-ce donc ça dont parlait le Caporal, le genre de choix aux conséquences désastreuses, des morts et des blessés à la pelle? Des choix dont lui-même en assumait les conséquences physiques?
Ce qu'il savait en tout cas, c'est que son cœur battait aussi fort, maintenant, que lors de leur échange passé. Mais cette fois-ci, personne n'était sur le point de le livrer à la capitale…
« Eren, qu'est ce qu'il s'est passé? »
La voix alarmée de Mikasa retentit dans la cuisine. Celle-ci s'était levée aux aurores, prête pour sa course à pied matinale habituelle, un rituel qu'elle effectuait tous les jours avant que les autres ne se réveillent. Les yeux écarquillés, elle le dévisageait avec horreur. Il mit quelques secondes avant de se rappeler qu'il s'était massacré la main et qu'il avait probablement du sang partout. Il devait avoir l'air d'un rescapé après un massacre de titan. Elle tourna vivement la tête vers Levi, serrant les poings et le fixant avec rage, prête à lui sauter à la gorge.
« Du calme, l'acariâtre. Ton petit protégé s'est fait ça tout seul. »
Mikasa fixa Eren avec surprise.
« Eren? Qu'est ce qu'il veut dire?
- C'est rien Mikasa, je t'expliquerai. »
Levi se redressa, visiblement lassé de cet échange.
« Hanji a prévu une mission de reconnaissance ce soir. Quand vous aurez fini de roucouler, vérifiez les équipements, je n'ai pas envie de nettoyer de la cervelle parce qu'une sangle a été mal fixée. » dit-il en tournant les talons. Il disparut dans l'escalier, laissant un silence de mort s'installer entre les deux amis. La cuisine baignait maintenant dans la lumière dorée de l'aube, qui faisait scintiller les fines particules de poussière suspendues dans l'air. Finalement, Mikasa haussa les sourcils. « Décidément, toujours aussi glauque celui-là. »
Eren réprima un sourire en pensant à l'ironie de ses propos, et répliqua: « Et toi, tu t'apprêtes à faire quoi? Tu n'es pas censée te reposer?
- Je me suis assez reposée, je vais beaucoup mieux. Et ce n'est pas parce qu'on est au repos qu'il faut baisser notre garde. Alors, raconte-moi. »
Eren bafouilla quelques explications qui résumaient une envie de prendre l'air, une rencontre fortuite avec un sanglier, et un combat à mains nues qui s'était terminé en une victoire certaine pour lui. « OU EST LE SANGLIER? »
Sasha déboula en hurlant dans la cuisine. Elle avait entendu la dernière phrase d'Eren dans les escaliers qu'elle avait dévalés, pensant que les voix qu'elle entendait depuis sa chambre étaient annonceuses d'un petit déjeuner surprise. Il se gratta la tête, gêné. « C'est à dire… c'était un peu trop lourd, et un peu loin… les loups ont dû le manger depuis le temps.
- Quoi? Oooooh, la prochaine fois que tu pars en chasse Eren, dis le moi! Un sanglier, Eren, un sanglier! Tu te rends compte? Les steaks, les saucisses, le pâté… »
Elle avait attrapé Eren par le col et le secouait vivement. Conny apparut alors à son tour, et alors que Sasha s'affalait de tout son long sur la table, tête première et énumérant sur ses doigts en bavant à moitié les mets "délicieux" à base de sanglier qu'il était possible de confectionner, il s'y mit à son tour: « Eren, c'est quoi ce sang sur ta tronche? Tu t'es battu avec Jean? »
Le vacarme qu'était devenu la pièce donnait la migraine à Eren. Il n'était pas d'humeur. Fronçant les sourcils, il se leva et se dirigea vers l'escalier sous l'œil soupçonneux de Mikasa.
Arrivé dans sa chambre, il vit qu'Armin était aussi déjà réveillé. Pas étonnant, avec tout ce boucan. Il lisait assis sur son lit, attendant sans doute patiemment que les cris se tarissent avant de descendre rejoindre le groupe. Quand il leva les yeux sur Eren, il n'eut pas l'air surpris de son apparence qui devait pourtant être lamentable. Il le regarda se laver le visage et tomber lourdement sur le lit avant de lui demander: « Tu as essayé de te transformer tout seul, c'est ça?
- Oui. »
Rien ne pouvait lui échapper à celui là.
« Tu n'y es pas arrivé?
- Non.
- C'est Levi qui t'as trouvé? »
Eren le regarda, surpris. Comment savait-il? Armin rougit un peu, avant d'avouer : « Il m'a demandé de garder un œil sur toi Eren. Avant qu'il ne parte à Trost. J'ai clairement manqué à mon devoir… Je me suis réveillé ce matin et tu n'étais pas dans ton lit, puis j'ai entendu Levi dans la cuisine… J'ai compris que tu étais parti dans la nuit pour t'entraîner. Je vais passer un sale quart d'heure.
- T'en fais pas, tu n'y es pour rien.
- Tu sais, il faut juste que tu te reposes. Tu arriveras à retrouver ta forme de titan, j'en suis sûr… »
Eren acquiesça distraitement. Levi pensait donc qu'il fallait le surveiller, garder un oeil sur lui? Pourquoi, avait-il alors déjà remarqué son état morne, ses yeux cernés, sa difficulté à s'impliquer dans les conversations de groupe autrement que par des affrontements puérils avec Jean? Tout le monde savait que ses capacités de transformation étaient diminuées, mais il n'avait partagé ses inquiétudes avec personne sur ce qu'il considérait personnellement comme une faiblesse qui allait les mener à leur perte. Et encore moins ses visions d'horreur qui le hantaient jour et nuit. Et le Caporal n'avait rien laissé paraître, agissant comme à son habitude de façon distante et cassante. Eren avait du mal à imaginer que derrière son épaisse carapace autoritaire pouvait se cacher une sensibilité à l'égard de ses pairs. Levi était donc capable d'empathie… Où n'était-ce qu'une façon de s'assurer qu'il ne ruinerait pas son don de solidification et par conséquent, la reprise du mur Maria? C'était sûrement ça, il voulait le garder sous sa botte, en bon soldat…
Eren, épuisé, perdit lentement le fil de ses pensées et s'enfonça dans un sommeil profond. Armin observa son ami, qui lui avait à peine adressé quelques mots, s'endormir tout habillé. Il sentait qu'Eren n'était plus lui-même depuis l'affrontement avec Reiner et Bertold, qu'il portait en lui quelque chose de lourd. Il avait essayé de parler de ce qu'il s'était passé avec lui, pour comprendre comment Eren digérait les derniers évènements, mais ce dernier ne semblait pas vouloir s'épancher sur son état, et répondait distraitement aux questions d'Armin en restant vague. Le petit blond soupira, et posa son livre pour aller rejoindre l'escouade qui s'agitait encore dans la cuisine. Il essayerait plus tard.
—-
« Silence, je veux que tout le monde soit à l'écoute! »
L'escouade s'était regroupée dans la cour du QG, autour d'une Hanji plus excitée que jamais, galvanisée par la mission qu'elle avait élaborée sous la direction d'Erwin et dont elle dirigeait l'opération le soir même. La chaleur de la journée était encore lourde, et les membres de l'escouade suaient à grosses gouttes dans leurs équipements tridimensionnels.
« Ce soir, c'est une mission de reconnaissance qui est importante autant pour nous éclairer sur les motivations qui ont poussé Bertold et Reiner à trahir notre unité, que pour tester la coordination de cette nouvelle escouade! »
La Capitaine s'époumonait devant les soldats qui grimaçaient d'inconfort sous sa voix stridente. Sa verve s'accompagnait malheureusement d'une tendance à détraquer les oreilles (et autres organes) de son audience.
« C'est peut-être un exercice banal pour vous, mais il reste dangereux, même de nuit et même sur un territoire familier. Il est donc pri-mor-dial que votre coordination soit im-pec-cable! Je répète: im-pec-cable! »
Hanji expliqua une nouvelle fois le plan de déploiement pour atteindre Idgarto, un village abandonné non loin de Ragako qu'ils devaient inspecter, suite à des rumeurs venant de Trost sur d'éventuels bandes organisées qui s'y cacheraient. Cela coïncidait plus ou moins avec les évènements sinistres qui s'étaient produits à Ragako, donc si tout cela s'avérait vrai, il était possible que les voleurs aient aperçu quelque chose de suspect. Cela en faisait des témoins clés. Hanji trépignait d'impatience à l'idée de récolter des informations cruciales, mais restait réaliste; une rumeur restait une rumeur. Elle se consolait d'avance sur l'opportunité de tester la nouvelle escouade de Levi sur le terrain et familiariser la bande au style de commande de leur supérieur.
Le plan d'Hanji était simple : se rendre en groupe complet jusqu'aux abords de la forêt qui bordait le village, puis se séparer en deux groupes pour y pénétrer par les deux flancs. Si une bande armée s'y trouvait effectivement, le premier groupe qui le repèrerait déclencherait un signal de fumée verte pour prévenir le deuxième. S'ils trouvaient le clan en fuite, un signal de fumée rouge serait déclenché, indiquant la direction de leur fuite pour pouvoir les poursuivre. Pour la suite, elle s'en remettait à son talent d'improvisation sans pareil, à son don exceptionnel de persuasion, et dans le pire des cas, à leurs lames aiguisées.
« Encore un plan qui va finir en kidnapping », Jean maugréa en lançant un regard noir à Eren et Historia. Il ne se rappelait que trop bien de la mission de reconnaissance de Keith qui s'était terminée en catastrophe pendant leurs années d'entraînement. Et de leur toute dernière mésaventure…
Eren ne réagit pas à son commentaire, feignant de réajuster la bride de son cheval. Cette remarque opérait pourtant comme une douloureuse piqûre de rappel: oui, quand il s'agissait de rapt, on pouvait être sûrs qu'Historia et lui étaient de la partie. Était-ce vraiment prudent de les exposer maintenant? Il chassa vite cette pensée de son esprit. S'il voulait reprendre le mur Maria, autant se remettre vite en selle, au sens propre comme au figuré.
Armin chassait distraitement les mouches qui s'agglutinaient sur son cheval tout en observant Conny qui ajustait maladroitement son équipement tridimensionnel. Il avait les mains qui tremblaient, remarqua le petit blond. L'idée de retourner vers son village d'origine devait le tourmenter, et il appréhendait peut être un témoignage qui apporterait un peu de lumière sur la disparition de ses parents…
Armin ne fit pas attention à Levi qui avançait vers lui et fit un bond quand ce dernier le tira de son monologue intérieur: « Armin, je croyais t'avoir dit de garder un œil sur Eren. »
Apeuré, il repensa à la fuite d'Eren. Il avait essayé d'être discret après leur discussion, mais il savait qu'il ne pouvait pas éviter Levi toute la journée. Il bafouilla quelques mots, vite interrompus: « Tchk, on en reparlera plus tard. Tu feras partie de mon groupe avec Eren, Conny et Sasha, je compte sur toi pour ne pas foirer cette fois ci. »
Armin soupira de soulagement… et percuta les mots du Caporal. Ils allaient être séparés en deux groupes. Mikasa, Historia et Jean partiraient avec Hanji et Moblit tandis qu'Eren, Sasha, Conny, et lui-même seraient avec Levi. Mikasa ne serait donc pas avec eux. Il était sûr qu'elle serait furieuse, surtout qu'elle avait récemment montré, avec encore plus d'ardeur, son intention de rester aux côtés du Titan coûte que coûte pour le protéger. Il la vit en effet se tenant à côté d'Eren, la mine renfrognée.
L'équipe se mit en selle et commença son itinéraire vers Idgarto, qui se trouvait à deux heures à cheval de la ferme, et environ trente minutes à cheval de Ragako. Après une heure de galop effréné, la chaleur laissa progressivement place à la fraîcheur du soir que les cavaliers accueillirent avec des soupirs de soulagement. Le soleil ardent sombrait lentement derrière une ligne de fins nuages, inondant le ciel entier d'un mélange délicieux de pourpre orangé. Ils avançaient vers le sud dans un rythme soutenu depuis plus d'une heure maintenant, et bientôt, leur troupe sembla fendre une ligne imaginaire qui opposait un crépuscule naissant à leur droite aux dernières couleurs vives qui s'accrochaient aux nuages à leur gauche. Eren regarda les teintes rosées qui semblaient lutter pour subsister dans leur coton nébuleux, et les reflets doux qu'elles envoyaient sur la troupe. Son cœur se serra en voyant le visage de ses amis, rosis, adoucis par cette lumière désespérée. L'image était trompeuse. Comment les visages de ceux qui avaient vu tant de sang et d'horreur pouvaient avoir l'air si apaisé, si calme? La nostalgie l'envahit d'un coup et il tenta de se concentrer sur les pointes de sapins de la forêt dont ils s'approchaient et qu'il apercevait déjà de loin. Les cheveux de Levi, juste devant lui, volaient au vent, secoués par le rythme saccadé du galop. Eren se plut à observer son undercut, parfaitement net, et l'harmonie des cheveux fins de jais qui retombaient en douceur sur le bas dénudé de son crâne. Levi était plutôt petit, même sacrément petit considérant que seuls Conny et Historia ne le dépassaient pas, mais il était extraordinairement puissant. Athlétique et svelte, il était parfaitement taillé pour les combats où l'agilité était requise, et il avait démontré plus d'une fois lors de combats, dans les airs autant qu'à terre, que ses réflexes inhumains n'avaient d'égal que sa rapidité foudroyante. Mais surtout, il dégageait une aura puissante, quelque chose de menaçant et d'intriguant à la fois, même de dos. Et de face, son regard perçant achevait de compléter l'image d'un chat noir aux aguets, prêt à bondir sur le pauvre rat qui aurait osé traverser la pièce sous sa garde. Eren frissonna et se rapprocha de Historia qui semblait vouloir se détacher du groupe pour aller plonger dans l'obscurité des alentours.
« Ça va Historia? » demanda-t-il discrètement. Se retournant d'un coup, elle lui offrit son plus beau sourire.
« Mais oui Eren, quelle belle soirée, tu ne trouves pas? Il fait si frais maintenant!
- Mmh oui… Historia, on ne sera pas dans le même groupe tous les deux, mais je serai sur mes gardes, n'hésite pas à utiliser ton signal de fumée si tu as besoin de nous.
- Eren, tout va bien se passer! Tu te rappelles que je fais partie de l'escouade pour une raison moi aussi non? Je suis peut être petite mais tuer des titans n'a jamais été un problème!
- A vrai dire, ce n'est pas vraiment de titans dont on craint les attaques ici… », dit Eren en fronçant les sourcils. Historia agissait comme une comédienne qui répétait ses lignes, un faux sourire sur les lèvres. C'était d'ailleurs la première fois qu'elle souriait autant depuis qu'ils s'étaient réfugiés dans leur cachette provisoire.
La forêt était maintenant toute proche, et l'on pouvait apercevoir une rivière en sortir du côté est. Hanji brandit son bras au-dessus d'elle en avant avant de lancer le signal de séparation et de crier: « En avant les enfants! On y va soldats! C'est parti les abrutis!
- Arrête tes simagrées la folle, tu vas nous faire repérer », s'exaspéra Levi en se détachant du groupe pour prendre le côté est du village, suivi par ceux de sa faction.
L'obscurité les enveloppait complètement, et ils ralentirent au pas lorsqu'il entrèrent dans la forêt. Les torches ne devaient pas être utilisées avant d'arriver au village, avait précisé Hanji, et à part la faible lueur de la lune qui perçait à peine à travers la canopée, il n'avait aucune autre source de lumière. Silencieux, ils avançaient lentement en suivant la rivière, dont le bruit couvrait les craquement éventuels de branches et de feuilles sous les sabots. Soudain, une lumière rouge apparut dans le ciel, pointant vers l'est. Vers eux. Levi murmura: « Ils ont dû arriver au village et tomber sur la bande en fuite. Il y avait sûrement des guets postés autour du village.
- Si on n'a encore rien vu ni entendu, c'est qu'ils ont dû prendre la fuite vers la partie sud-est, rajouta Armin.
- On continue le long de la rivière, ouvrez les yeux et accélérez! » ordonna le Caporal.
Ils partirent au trot, évitant dans la mesure du possible de faire trop de bruit. Les branches fouettaient le visage d'Eren, lui coupant le souffle à chaque fois. Il ne put s'empêcher d'admirer Sasha, qui naviguait entre les arbres et évitait les branches avec grâce, comme si elle possédait une vision nocturne intégrée. Celle-ci s'écria soudain: « Là bas! » Elle pointait du doigt la berge opposée de la rivière. Eren ne voyait rien, et lorsqu'il rejoint Sasha qui avait déjà traversé le cours d'eau et observait minutieusement le sol, il dut plisser les yeux pour apercevoir ce qu'elle pointait du doigt.
« Des traces de chaussures toutes fraîches qui s'éloignent vers l'est! Quelqu'un vient juste de traverser la rivière!
- Bien joué, et on dirait qu'il n'y a qu'une paire, on a sûrement affaire à un seul homme. Sasha, indique-nous le chemin », dit Levi.
Elle partit au galop, suivant les traces qu'elle seule semblait avoir le temps de détecter. Ils entendirent bientôt des bruits de branches et des pas saccadés devant eux, et la silhouette d'un individu qui courait leur apparut enfin. Conny s'élança soudain devant Sasha et Levi, et rattrapa l'homme quelques secondes. Il sauta de son cheval et se jeta dans son dos, le plaquant violemment au sol. Brandissant son épée pour la pointer vers sa nuque, il hurla:
« Bouge pas, et range ce couteau! »
En effet, l'homme avait sorti un couteau de l'intérieur de sa veste et le tenait encore fermement. Il ouvrit les doigts pour lâcher l'arme, suffoquant sur le poids de Conny qui s'était assis sur son dos, enfonçant ses genoux dans ses omoplates. La troupe s'était regroupée autour d'eux. Conny ne bougea pas, la pointe de son épée s'enfonçant dangereusement dans la nuque de l'individu qui couinait de peur.
« Où sont tes copains, enflure? » Conny l'écrasa encore plus, ignorant ses gémissements et le sang qui coulait maintenant le long de son cou.
« Faudrait peut-être que tu dégages ton poids d'âne mort de son dos si on veut pouvoir entendre ce qu'a à dire le crasseux tu crois pas? » Levi le regardait, les bras croisés et l'air blasé.
Conny se dégagea enfin et tira l'homme par le col pour le remettre sur ses pieds. Levi lui fit face.
« Combien êtes-vous? Où sont tes copains? »
L'homme ne broncha pas, se contentant de regarder d'un oeil noir Conny qui le maintenait par le col. Celui-ci approcha son visage à deux centimètres du sien, et pointa une nouvelle fois sa lame vers sa gorge.
« T'as quelque chose à nous dire par toi même où tu préfères qu'on te l'arrache de force avec chacune de tes dents? »
Ils entendirent soudain un coup de feu distant, suivi d'un deuxième. Puis rien, si ce n'est quelques battements d'ailes d'oiseaux paniqués s'envolant au loin.
« Oi, Conny, calme toi. On retrouve les autres d'abord et on passera à l'interrogatoire ensuite. C'est trop tard pour rattraper ses potes de toute façon.
- Mais, Caporal, on pourrait…
- On y va j'ai dit! »
Il sauta sur son cheval, laissant le soin à Sasha et Conny d'attacher le prisonnier et de le traîner derrière eux jusqu'au village. Lorsqu'ils arrivèrent, ils trouvèrent le reste de l'escouade rassemblés à côté d'un lavoir vers le centre du village, l'air épuisé, et… en sang. Historia, assise par terre au milieu des autres, en était particulièrement recouverte, ses cheveux blonds d'habitude si soyeux et brillants étaient collés et poisseux, tombant lamentablement sur sa figure d'ange maintenant souillée de sang séché. Elle était adossée au lavoir, et derrière elle, une jambe pendait en dehors du bassin, dans une position grotesque de pantin désarticulé. Les autres avaient l'air désemparé, ne sachant quoi regarder. Elle même regardait le sol, l'œil vide. Hanji les vit arriver et se précipita vers eux: « Haaaa vous voilà! Et vous nous avez ramené un poisson frais en plus, mais quelle équipe!
- Je vois que vous aussi, mais il n'a plus l'air très frais non…? Levi n'avait pas l'air surpris, tout juste lassé.
- Et bien, on a, comment dire… eu un petit contretemps, voilà, rien de méchant!» répondit-elle en tapotant les doigts de ses mains les uns contre les autres nerveusement.
Elle expliqua ce qu'il s'était passé en riant nerveusement à chaque fin de phrases, essayant vainement de dédramatiser la situation. Son équipe était arrivée une demi-heure auparavant, et était tombée sur un homme en fuite. Apparemment, la plupart des membres du groupe armé s'étaient déjà enfuis à cheval, laissant derrière eux les scélérats "bas de gammes", comme les avait nommés Hanji, se débrouiller à pied. L'homme avait quand même un fusil et avait tiré dans leur direction, les avait loupé mais c'était considérablement ralenti dans le même temps, le fusil de chasse n'étant pas l'arme la plus légère et facile à manier. Ils avaient donc réussi à le rattraper sans mal, mais juste avant que Jean ne lui saute dessus, ce "ramassis de purin" avait eu le temps de tirer une nouvelle fois, cette fois en plein dans le poitrail de son cheval. Jean avait tout de même réussi à le maîtriser et c'est lorsqu'ils s'étaient tous retrouvés autour de lui que la situation avait dégénéré. Le "maroufle" s'était mis à insulter le bataillon d'exploration, répétant sans cesse c'était de leur faute si les titans s'étaient infiltrés à l'intérieur de l'enceinte Rose, et qu'ils n'avaient fait qu'empirer une situation déjà sacrément critique. Puis il s'était mis à se réjouir de la mort d'anciens soldats qui s'étaient battus à Trost, affirmant que c'était un bon débarras. C'est là qu'Historia avait vu rouge, s'était élancée sur le "ramasseur d'endives" et l'avait traîné jusqu'au lavoir pour le transpercer de son épée du ventre à la gorge, "comme un vulgaire cochon".
« Je crois que la petite a simplement voulu laver notre déshonneur de la bouche de ce malhonnête! Qui aurait cru qu'un si petit gabarit était capable de tant de force et de détermination, c'est impressionnant… » Elle regarda Historia avec un air circonspect, un bras reposant sur l'autre croisé, le menton pris entre ses doigts.
« Et "la petite" a confondu le savon avec un sabre en acier, c'est ça?
- Oui, bon, c'est vrai qu'elle y est allée un peu fort, mais tout va bien, vous nous avez trouvé un remplaçant! »
Elle se frottait maintenant les mains en regardant le prisonnier, qui, tremblant, regardait tour à tour la jambe désarticulée et Historia d'un air terrifié. Il venait de réaliser que son sort reposait entre les mains de tueurs sanguinaires.
« Hanji, je sais que tu trépignes à l'idée d'interroger notre invité, et loin de moi l'idée de t'en empêcher, mais il vaudrait mieux le faire à la ferme.
- Pourquoi perdre une minute de plus Levi, on l'a sous la main…
- Au cas où tu n'aurais pas remarqué Hanji, mon escouade ressemble plus à groupe de soutien pour Traumatisés de Shiganshina qu'à l'élite du bataillon d'exploration. Ça m'étonnerait qu'une séance de torture les rende tout d'un coup fanfarons.
- J'imagine qu'avoir le matériel avec nous pourrait aider, et puis on serait plus près de Trost pour l'y emmener après et discuter avec Erwin… Entendu! On rentre à la base, et on s'amuse ensuite! »
Armin s'approcha alors timidement : « Euh… j'ai remarqué qu'il y avait encore des armes qui traînaient, en plus de matériels de bricolage et des butins qu'ils n'ont sûrement pas eu le temps d'emballer. Si leur guet a eu le temps de leur dire qu'on était le bataillon d'exploration, ils savent alors que nous ne sommes pas une bande organisée ennemie et que nous ne resterons pas sur place. J'en déduis qu'ils envisagent peut-être de revenir sur les lieux pour récupérer leur biens…
- Mmh, c'est pas faux, Hanji réfléchissait. Ok, Levi tu monteras la garde cette nuit avec trois autres soldats et les autres, on rentre à la base. Préparez les chevaux et le prisonnier! »
Elle prit le Caporal à part : « Levi, qui veux-tu garder avec toi pour monter la garde? »
« Les moins dérangés », pensa Levi en scrutant les recrues. Ce qui éliminait Historia et Conny d'office. Il frissonna à l'idée de rester une nuit entière aux côtés de Mikasa, et Moblit suivrait de toute façon Hanji. Restaient Jean, Armin, Sasha et Eren. Il était déjà agacé à l'idée de devoir séparer Eren et Jean dans une énième bagarre, et à choisir entre les deux… il préférait Eren. Il avait une curieuse envie de garder un œil sur le jeune homme lui-même, le sachant également instable récemment. Sasha et son flair de chasseuse seraient très adaptés pour une garde nocturne, et l'idée d'avoir la vivacité d'esprit d'Armin en prime n'était pas déplaisante.
« Eren, Armin et Sasha, Répondit-il.
- Bien chef! » Elle frappa sa poitrine avec son poing dans un geste théâtrale. Levi claqua la langue : « Fais moi plaisir et garde un oeil sur les perturbés mentaux du groupe, je n'ai pas envie que mon escouade finisse en suicide collectif.
- Toujours aussi positif mon cher Levi, mais c'est sans compter sur la joie communicative de leur supérieure! Personne ne déprime avec Hanji! »
Les recrues se préparaient à partir, attachant le prisonnier au cheval de Historia qui allait elle-même chevaucher avec Jean. Mikasa nettoyait le sang du visage d'Historia qui semblait complètement perdue. Eren avait voulu l'approcher, mais il lui semblait que ce n'était pas le moment, et avant qu'il change d'avis elle était déjà en selle derrière Jean. Mikasa, Armin et lui échangèrent quelques mots avant de se séparer.
« Elle a complètement déraillé, Eren, lui raconta Mikasa, Quand elle a sauté sur le bandit, elle n'était plus elle-même, et elle murmurait des mots qui ne faisaient pas trop sens. Je n'ai pas tout entendu, mais je crois me rappeler de "cheval", "destin", "innocent"…
- Vous pensez qu'elle a réagit à quoi, le cheval ou les insultes? Osa Armin.
- Demain, elle aura peut-être plus envie de parler et on pourra lui demander ce qu'il s'est passé dans sa tête. En attendant, garde un oeil sur elle Mikasa, on ne sait jamais.
- Si j'ai bien compris, on ne fait encore pas partie du même groupe? Coupa Mikasa, Le nain le fait exprès ou quoi?
- A mon avis Mikasa, tenta Armin, c'est plutôt qu'ils préfèrent t'avoir près d'Historia. Tu es l'un des atouts les plus forts de l'escouade, probablement le plus fort, alors stratégiquement c'est plutôt logique de te garder près de la descendante de sang royal… »
Elle afficha une moue boudeuse et sauta dans ses étriers, et suivit l'équipe qui partait déjà au galop au cri d'Hanji, non sans lancer un regard noir à Levi qui lui en rendit un morne et désaffecté.
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Il se partageait la garde avec un système de roulement, avec deux personnes en poste, l'un perché dans le grenier d'une maison centrale qui offrait une vue panoramique, et l'autre devant l'entrée principale. Au bout d'une heure, chacun prenait la place du précédent. Chacun pouvait donc dormir deux heures d'affilée pendant que les trois autres tournaient, jusqu'à recommencer son tour. Eren avait presque fini sa deuxième heure, et se morfondait dans le grenier de la maison. Il était impatient de retourner au rez-de-chaussée, non pas parce qu'il voulait dormir, il n'était pas du tout fatigué, mais parce qu'il s'ennuyait mortellement ici tout seul. Rien ne se passait, aucun bruit, mouvement ou activité, qui aurait pu stimuler ses sens. Dans les pièces principales au moins, il pourrait fouiller un peu pour s'occuper, peut-être trouver des objets intéressants, quelque chose à lire, où même parler avec l'autre personne si elle était réveillée. S'il se souvenait bien, c'était Sasha qui devait le relayer, elle-même remplacée par Armin. La personne qu'il retrouverait à l'intérieur serait donc Levi. Eren ne s'attendait pas à ce qu'il soit réveillé, où même lui adresse la parole dans le cas contraire, mais il sentit son cœur battre un peu plus vite dans une anticipation curieuse. Un nouveau "tête-à-tête"… Il attendit la relève en trépignant encore plus.
Lorsqu'il descendit enfin dans la pièce principale de la maison, une modeste salle-à-manger salon où deux sofas entouraient un vieux tapis devant une cheminée morte qui abritait le feu contenu d'une petite torche, il aperçut tout de suite la silhouette de Levi, allongé sur l'un des canapés, les yeux fermés. Il était si silencieux, sa respiration si calme qu'Eren se demanda s'il dormait vraiment. Il resta immobile pendant quelque secondes, avant de faire le tour de la pièce en observant un par un les objets qui l'entouraient. Des fleurs mortes dans vase rose un peu grossier, une peinture de paysage où le fond vert et brun de collines boisées se dégradait pour se fondre au bleu d'une rivière, un livre oublié, et une poupée aux cheveux rouge, posée sur l'une des chaises de la table à manger. Il prit le jouet en tissu dans ses mains et le regarda un moment, comme s'il attendait à ce qu'elle lui raconte pourquoi elle avait l'air d'attendre quelqu'un, toute seule sur cette chaise. Qui l'avait posée là? L'enfant à qui elle appartenait? Ses parents? C'était stupide, si cette poupée était si chère à l'enfant qu'elle méritait une place à table, pourquoi ne l'avait-il pas prise avec lui? Non, elle avait été délibérément abandonnée, posée sur cette chaise dans un geste d'hommage, peut-être même dans l'espoir d'un retour. Eren serra ses doigts un peu plus fort autour de la pauvre marionnette, dont le sourire absurde resterait éternellement figé sur le tissu. Il n'y a que les idiots qui sourient en attendant qu'on les sauve.
Il reposa la poupée d'une main fébrile et s'éloigna vite, sentant monter une colère sourde. Il se rapprocha de la cheminée, s'assis au sol, et, adossé au sofa opposé à celui de Levi, il le contempla tranquillement. C'était grisant de pouvoir regarder le Caporal sans qu'il ne le sache, et il s'amusa à détailler le corps du soldat, commençant par ses jambes, longues et fines, et remontant vers son ventre ferme où reposaient ses mains croisées. Il finit par fixer son visage, et se perdit dans sa contemplation. Le Caporal avait les cheveux si noirs, si fins, et une peau lisse et laiteuse. Sa mâchoire était saillante et carrée, mais la forme en cœur de son menton apportait une douceur presque enfantine à l'air dur et puissant de son visage. Il nota la rondeur de ses lèvres, qui étaient plutôt charnues malgré la fâcheuse habitude qu'avait le soldat de les pincer. Sans qu'il ne s'en rende compte, les secondes se transformèrent en minutes, puis en heure. Il était presque temps de changer de garde, et Eren observait toujours le Caporal.
Il se sentait étrangement attiré par cet être qui dormait si silencieusement, l'air presque mort tant il était immobile. Il se rapprocha du canapé en bougeant comme un félin, séduit par l'idée de pouvoir scruter son visage de plus près, et intrigué par les petites lignes verticales entre ses yeux qui lui donnaient l'air de froncer les sourcils même dans son sommeil. Il arriva à sa hauteur et pencha son visage près du sien, si près qu'il pouvait y détecter les petits tics nerveux de ses paupières fermées. Tout d'un coup, ce furent deux pupilles noires dilatées, qui le fixaient, menaçantes.
« Qu'est ce que tu fous morveux? »
Levi avait été si rapide qu'Eren n'avait pas eu le temps de s'apercevoir qu'il avait dégainé son petit couteau pour le pointer en direction de son torse, par en dessous. Eren sursauta vivement et dans son élan, s'érafla le bras sur la pointe du couteau. Du sang coula lentement le long de la lame, passa la garde, et atterrit sur l'index de Levi. Eren regarda le Caporal, interdit. Celui-ci le fixait toujours et lentement, entreprit de chercher son mouchoir de la main droite, pour venir saisir le couteau par la lame, et observa ensuite son index tâché par le sang d'Eren. Celui-ci, ébahi, fixa le sang sur le doigt de son supérieur, et prit d'une envie irrésistible, fit la chose la plus étrange qui soit. Il saisit doucement son doigt et le plaça dans sa bouche.
Le temps s'arrêta, et Eren se rendit compte de ce qu'il venait d'oser faire.
Bon je sais, je vous laisse en plein suspense... mais la suite arrive!
Merci pour ceux qui me suivent!
Commentaires:
Tirose : Merci pour ce commentaire positif, et j'espère continuer à restranscrire les émotions d'Eren selon l'anime, tout en me permettant d'être un peu créative. L'univers SnK me fascine et les personnages ont tous une personnalité riche et intéressante, il y a de quoi faire!
Guest : Merci! Très encourageant tout ça!
Un grand MERCI à ma Beta readeuse The Mushu m'aide beaucoup!
