A quiqui ? : Pour ma Ness si que je eminem o/
Merci à quiqui ?: A haniPyanfar pour sa correction et ses encouragements et à SeanConneraille pour avoir lu ce chapitre morceau par morceau sans se plaindre .
Chapitre 2 : La Victorieuse
-Merlin Harry, tu sembles en forme ! C'est l'air de la France qui te fait cet effet ?
Harry se trouvait à genoux devant la grande cheminée en marbre gris dont sa chambre était pourvue. Il était en pleine discussion avec Hermione Weasley.
-Comment peux-tu voir si je suis en forme ou pas ? Mon visage est composé de flammes, grogna presque le professeur de Défense contre les forces du mal.
-Tes flammes sont vives et flamboyantes, répondit Hermione sentencieusement. Tu n'as jamais remarqué que leur apparence changeait en fonction du moral de leurs utilisateurs ?
Non, Harry n'avait jamais remarqué, d'ailleurs il pensait que seule Hermione avait dû faire attention à un truc comme ça. Il essaya d'analyser le feu qui entourait le visage de son amie mais il ne lui trouva rien de particulier. Il commençait juste à avoir mal aux yeux à force de fixer les flammes dansantes.
-Alors, reprit-elle. Qu'est-ce qui te met dans cet état ?
-Je ne vois pas de quoi tu parles. Je suis dans mon état normal Ô Trelawney-des-Flammes !
Hermione n'eut pas le temps d'être vexée parce que Ron choisit ce moment-là pour s'affaler à ses côtés. Il était essoufflé mais ça ne l'empêcha pas de déposer un baiser sur la tempe de sa femme.
-Désolé du retard, annonça-t-il. Shacklebolt semble avoir un gros faible pour les réunions de dernière minute.
-Harry aussi était en retard, commenta Hermione.
-Parce que je suis un professeur exemplaire qui fait passer ses élèves avant tout, répondit Harry en posant une main sur sa poitrine.
Et c'était vrai, il les avait tous laissé parler par Cheminette avec leur famille avant de prendre son tour. Cela fit ricaner Ron.
-C'est vrai que ça a l'air dur, dix mois de vacances dans le sud de la France, logé aux frais de la princesse. J'espère que tu ne souffres pas trop, ironisa-t-il avec un sourire qui lui mangeait la moitié du visage.
-Je ne suis pas en vacances, répliqua Harry d'un air outré.
-Dis celui qui glande la moitié de la semaine et qui passe l'autre moitié à jouer au Quidditch avec des étudiants.
Harry ne put s'empêcher de sourire devant l'exagération flagrante de son meilleur ami. C'était vrai qu'il faisait parfois cours dehors perché sur son balai quand les beaux jours arrivaient. Il racontait à MacGonagall que voler obligeait les élèves à se concentrer sur plusieurs choses à la fois. Il ne pensait pas que Minerva gobait cette excuse mais quoi qu'il en soit elle le laissait faire.
-Vous n'allez pas recommencer ! soupira Hermione en levant les yeux au ciel. Raconte-nous plutôt comment est Beauxbâtons.
-Trop grand. Trop lumineux. Trop propre. Avec plein de trucs verts que les filles aiment, grimaça Harry qui avait hâte de leur parler de Malfoy.
-Des plantes, tu veux dire ? demanda Hermione.
-C'est ça. Il y en a partout. Des fleurs aussi. Surtout des fleurs.
-Ça a l'air joli.
Harry haussa les épaules. Il supposait que ça l'était en effet, surtout si on était une fille. Mais lui préférait l'ambiance moins raffinée de Poudlard. Pour lui une école était un endroit où les gosses pouvaient revenir boueux d'un match de Quidditch, où on pouvait courir et crier dans les couloirs, lâcher des bombabouses en douce … se battre avec un Serpentard blond imbu de lui-même. Fred et George auraient été malheureux à Beauxbâtons … quoique peut-être pas. Vivre avec toutes ces filles aurait été pour eux une sacrée compensation. Et peut-être que Fred serait encore ici …
L'habituel pincement au cœur le prit comme à chaque fois qu'il pensait au frère de Ron, mais il avait compris que ça ne s'en irait plus à présent. Et ce n'était pas plus mal, Fred et tous les autres méritaient qu'il ne les oublie jamais. Même si ça restait douloureux.
Hermione était en train de l'interroger sur les professeurs français lorsque Harry la coupa.
-Malfoy est ici, lâcha-t-il très satisfait de sa petite bombe.
Ron cessa de jouer avec une mèche de cheveux de sa femme et Hermione fronça les sourcils.
-Durmstrang l'a envoyé ?! demanda-t-elle l'air de ne pas y croire.
Harry hocha la tête. Lui aussi s'était demandé ce qui avait bien pu se passer dans la tête d'Olga Mazaltof pour envoyer Malfoy en France. Un professeur de Magie Noire comme ambassadeur pour prôner l'amitié entre les trois écoles … on avait déjà fait plus pertinent. Malfoy avait dû se montrer très convaincant.
Ron se mit à rire.
-Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure. Tu n'es pas en vacances mais en enfer. Dix mois à côtoyer la fouine, dire qu'il y a cinq secondes encore je t'enviais….
-Malfoy a certainement changé, coupa Hermione les yeux fixés sur Harry.
-Toujours le même connard, la détrompa le brun.
Le numéro de charme de Malfoy avait peut-être marché sur les Français – après tout s'il leur suffisait qu'un type pas trop moche baratine dans leur langue pour l'adopter, grand bien leur fasse ! - Harry lui-même l'avait trouvé presque agréable lorsqu'il parlait de ses élèves ou de son lézard. Il ne put s'empêcher de sourire en repensant à Marc-Antoine. Un bien grand nom pour un petit reptile.
Oui, il avait été sur le point de se faire avoir par le nouveau Malfoy. Puis le blond avait proposé le pari et tout était rentré dans l'ordre.
Hermione semblait sur le point de dire quelque chose mais elle fronça les sourcils, se ravisa et donna un coup de coude peu discret à Ron. Harry savait ce qui allait se passer. Après tout, il était présent le jour où ça avait commencé.
Ils étaient installés à la terrasse d'un café londonien Hermione était en train de leur faire la morale parce qu'ils s'étaient mis inutilement en danger – à l'époque Harry étudiait avec Ron pour devenir Auror - puis soudainement elle s'était arrêtée, visiblement contrariée. Elle avait soupiré, disant qu'elle en avait marre de toujours être celle qui devait leur mettre du plomb dans la tête, qu'être la chieuse de service n'avait rien de drôle. Suite à quoi Ron l'avait prise dans ses bras en disant qu'il se ferait un plaisir d'être le chieur de service à sa place quand elle le voudrait. Ce qui semblait être le cas maintenant. Ron esquissa donc une grimace avant de prendre la parole.
-Je suis persuadé qu'il a changé, dit-il en levant les yeux au ciel. - Harry eut mal pour lui, ça devait lui coûter de ne pas enfoncer Malfoy - Vous êtes adultes tous les deux à présent, vous êtes même professeurs alors il faut que tu dépasses tes querelles d'adolescent. »
Hermione eut l'air satisfaite.
-Oh arrête Ron, dit-elle d'un ton un peu bourru mais son sourire disait qu'elle s'amusait assez de la situation. On parle de la fouine, là ! De plus ce n'est pas bon de lutter contre ses instincts ! Si Harry a envie de l'encastrer dans le premier mur qui passe, notre devoir est de l'encourager !
Ron lança à sa femme un regard admiratif.
-C'est exactement ce que j'aurais dit ! s'enthousiasma-t-il.
-Tu n'étais pas mal non plus, répondit Hermione en glissant une main derrière la nuque de Ron.
Ils se regardèrent un instant et Harry sut qu'ils l'avaient complètement oublié. Il les envia et ça faisait un peu mal de se dire qu'il ne trouverait probablement personne qui lui ferait cet effet-là. Mais c'était aussi quelque part rassurant de savoir que personne ne pouvait avoir un tel ascendant sur lui.
Il se racla la gorge et ses deux meilleurs amis se rappelèrent sa présence.
-Je vais y aller, dit-il. Je ne pense pas que ce soit très bien vu d'être en retard pour le premier jour de cours.
-Surtout pour un professeur, approuva Hermione.
-Comme si tes élèves ne savaient pas déjà que tu étais un glandeur, renifla Ron. Ils vont avoir une attaque si tu deviens ponctuel.
-Ne fais pas attention à lui Harry. Mais n'hésite pas à nous envoyer un hibou si tu as besoin de parler de quoi que ce soit… Ou de qui que ce soit.
-De Malfoy quoi, traduisit inutilement Ron.
Hermione fixait Harry avec une telle intensité qu'il se sentit mal à l'aise. Il ne voulait pas leur parler du pari, surtout pas à elle. Lui-même se trouvait insensé d'avoir accepté aussi facilement. Il savait que le blond n'avait attendu que ça. Mais c'était Malfoy et quand il lançait un défi, Harry avait presque physiquement besoin de le relever.
Malfoy avec ses élèves tellement parfaits qu'ils n'avaient pas l'air réels … Harry avait eu envie de leur jeter un petit sortilège juste pour voir leur réaction mais ça aurait sûrement été mal perçu et contrairement à ce que Hermione soupçonnait, il savait se tenir en public. Même avec Malfoy à proximité.
Le blond était tellement certain que ses protégés étaient meilleurs que les élèves de Harry ! Sauf que Malfoy ne connaissait ni Ophiuchus Leto, ni Jayanti Rayat, ni les autres. Ces gosses étaient doués et Harry avait hâte de voir le champion de Poudlard ( quel qu'il soit ) à l'œuvre. Et encore plus hâte de le ou la voir s'opposer aux deux autres champions … surtout à celui de Durmstrang.
Il savait aussi que Malfoy allait tout faire pour gagner son pari. Et Harry y était prêt. Bon sang il avait envie de sourire juste en sachant que cet enfoiré allait tricher, manipuler, ruser pour faire gagner son élève et que lui allait faire en sorte qu'il échoue malgré tout. Comme au bon vieux temps. Peut-être que quelque chose n'allait pas avec lui ?
« Qu'est-ce qui te met dans cet état ? » avait demandé Hermione.
Malfoy.
C'était la réponse.
°O°O°O°
Harry marchait rapidement dans les immenses couloirs vides de BeauxBâtons. Il était en retard finalement mais honnêtement ce n'était pas de sa faute. Au lieu d'avoir des salles de classe numérotées comme dans n'importe quel établissement scolaire, celles de BeauxBâtons avaient des noms de sorciers célèbres. On avait eu la gentillesse de l'informer que la salle Mélusine ( où il allait devoir enseigner chaque matin toutes les semaines ) était située à l'étage Pourpre ( car les étages étaient nommés en fonction des couleurs ), du bâtiment Papaver Rhoeas( c'était tellement plus stimulant de donner les noms scientifiques des fleurs à des bâtiments ! C'est vrai que « coquelicot » c'était plus simple à retenir, donc bien moins marrant ! ).
Il avait donc mis un certain temps à trouver bâtiment et étage mais il sut qu'il touchait au but en entendant des raclements de chaises, des rires, dont celui bruyant d'Opiter Marley ( Miss Mars devait encore amuser la galerie ), la voix froide de Leto lançant des insultes - facile de deviner qu'elles s'adressaient à Devnet O'Flaherty -. Et celle dudit Devnet qui répliquait avec hargne.
Harry pressa le pas en soupirant, un mouvement l'interpella à l'extrémité du couloir. Il reconnut la longue chevelure blonde de Syrielle Jonson. La Serdaigle faisait vraisemblablement le guet puisqu'elle entra précipitamment dans la salle en l'apercevant. Trois secondes plus tard, Harry n'entendait plus que ses pas résonner dans le couloir et quand il franchit la porte de sa classe, ses élèves avaient l'air d'une délégation d'anges.
Il réprima un sourire narquois et posa sa mallette sur son bureau.
-Veuillez excuser mon retard, dit-il tout en scannant la pièce, je me suis laissé absorber par la fascinante conception de cette école.
Le plafond de la salle de classe était peint et représentait probablement plusieurs scènes de la vie de Mélusine. Il grimaça en voyant une des peintures s'animer : la sorcière aux longs cheveux d'or se tenait en haut d'une tour et voulait visiblement mettre fin à ses jours. Harry détourna les yeux avant de la voir sauter.
Tout le côté gauche de la salle était vitré et donnait sur ce que Hermione aurait appelé « une charmante petite cour intérieure ».
-Vous vous êtes perdu en fait, commenta une voix masculine.
Harry posa ses yeux sur l'impertinent élève. Il se balançait sur sa chaise, sa voisine Elisa Mars souriait de toutes ses dents. Ils faisaient bien la paire ces deux-là.
-Merci pour votre brillante analyse de la situation, Monsieur Marley.
Le Gryffondor lui renvoya un sourire bonhomme.
-Je vois que vous êtes tous là, reprit Harry qui en réalité n'avait aucune envie de faire l'appel. A ce propos Messieurs O'Flaherty et Leto, je suis agréablement surpris de vous revoir tous les deux vivants. Courage, plus que 263 nuits !
Les deux élèves étaient, comme toujours, aussi éloignés l'un de l'autre qu'il était possible de l'être dans une pièce mais aucun des deux ne sembla goûter la plaisanterie.
-Bien. Avant toute chose j'aimerai revenir sur ce que j'ai dit avant que nous venions en France. A propos du fait que l'essentiel dans ce voyage était de créer des liens d'entente avec les autres écoles, que le Tournoi n'était qu'une compétition cordiale et que tant que nous donnions le meilleur de nous-mêmes, ce serait une victoire quel que soit le résultat final … Il se trouve que la donne a changé. Il n'y aura de victoire que si nous gagnons. Et nous allons gagner ! Autant vous dire que le champion que désignera la Coupe de Feu subira un entraînement spécial et que toute la classe va devoir l'aider. Nous sommes ici pour montrer que Poudlard est la meilleure des écoles. Miss Nott, ça serait utile que vous cessiez de soupirer et que vous écoutiez !
La Serpentarde brune tourna brusquement la tête vers lui, se mit rougir et plongea son nez dans son parchemin. Harry regarda ce qui avait tant captivé la petite sœur de Théodore Nott et retint un juron. De l'autre côté de la cour intérieure, il y avait une autre salle de classe et Malfoy se tenait debout derrière la vitre, la tête tournée dans leur direction.
Savoir qu'il allait avoir Malfoy quasiment sous les yeux tous les matins lui donna envie de rire nerveusement. Le blond se détourna finalement mais Harry n'arrivait pas à détacher ses yeux de la silhouette élancée. Hier soir, il avait été surpris de voir que Malfoy n'avait mis aucun sortilèges autour de sa chambre. Même pas un de silence. Le seul sortilège était celui qui régulait la température de l'habitat de son lézard et il était assez vieux. Harry s'était attendu à ce que Malfoy baigne constamment dans la Magie Noire ou du moins qu'il l'utilise quotidiennement. Mais cela ne faisait qu'une journée et peut-être que la fouine cherchait à paraître inoffensif. Harry se demanda comment les cours du blond se déroulaient. Il fallait bien que les élèves pratiquent la magie noire. La théorie ne devait pas être suffisante à leur niveau…
Il sursauta en voyant la classe de Malfoy devenir soudainement complètement noire. Puis des cris s'élevèrent et Harry sentit les poils se hérisser sur sa nuque.
C'était des hurlements de terreur qui venaient de la salle d'en face.
-Ne bougez pas ! ordonna-t-il à ses élèves tout en agrippant sa baguette.
Il jeta un sort de protection autour d'eux. La seconde d'après, il faisait exploser la vitre qui le séparait de la cour intérieure. Les morceaux de verre percutèrent la barrière magique avant de retomber lourdement sur le sol. Harry parcourut les quelques mètres qui le séparaient de la salle de classe de Malfoy en courant. Les cris semblaient encore plus déchirants et quelqu'un à l'intérieur suppliait pour qu'on ne lui fasse pas de mal. Un des élèves de Durmstrang ou Malfoy lui-même avait dû foirer un sort. Harry repensa au feu Daemon et secoua la tête alors que son cœur battait bien trop vite. Il était certain d'entendre la voix de l'ancien Serpentard hurler avec les autres et cela lui glaça le sang.
D'un mouvement impérieux du poignet il agita sa baguette, n'ayant même pas conscience qu'il lançait un informulé et la seconde vitre vola en éclats. Harry se protégea vaguement le visage à l'aide de son avant-bras et pénétra dans la pièce à l'aveuglette.
Sauf qu'à l'instant où son pied toucha le carrelage de la salle de classe, l'obscurité opaque s'envola et les cris se turent. Les garçons de Durmstrang étaient tranquillement assis à leur bureau et le fixaient avec un sérieux déconcertant, même si une poignée d'entre eux semblaient vaguement amusés. En tous cas, ils allaient tous parfaitement bien.
-Andreï, fit la voix de Malfoy, que dit le chronomètre, s'il te plaît ?
Harry tourna la tête vers l'ancien Serpentard. Il se tenait nonchalamment appuyé contre son bureau mais son regard était fixé sur son élève. Lui aussi avait l'air en pleine santé.
-Trente-huit secondes Monsieur, répondit un adolescent blond tiré à quatre épingles assis au premier rang.
L'élève referma dans un clappement sec une montre à gousset probablement aussi chère qu'un mois du salaire de Harry, avant de la ranger dans la poche de son tout aussi onéreux uniforme.
-Malfoy, gronda Harry, à quoi est-ce que tu joues ?
L'ancien Serpentard daigna enfin le regarder. Et même si tout son visage ne montrait qu'un détachement blasé, les yeux gris, eux, jubilaient. Oui, il semblait incroyablement en forme. Harry avait très envie de le frapper.
-Je montrais à mes élèves comment invoquer le grand Harry Potter en moins d'une minute. Il semble que ce soit une réussite.
Momentanément incapable de dire un mot, Harry serra sa baguette à s'en faire mal. Malfoy avait l'air en effet très content de lui. Comment ce connard pouvait-il s'amuser à faire ce genre de chose ?
-Plus sérieusement, reprit Malfoy tandis que Harry tentait de se convaincre que c'était une mauvaise idée de le tuer devant une quarantaine d'élèves, voici un sortilège de diversion facile et efficace. Spécialement si vous avez en face de vous des gens souffrant d'un complexe de héros. Mais je ne vous cache pas que la majorité des personnes fuiront le bruit de lutte ou du moins se contenteront d'appeler les autorités compétentes plutôt que de foncer tête baissée dans le noir.
Malfoy le regarda encore et les sourcils blonds se froncèrent. Harry crut voir une lueur de remords passer dans les yeux gris. Mais il pouvait se les foutre au cul ses remords. Le mal était fait.
Harry se sentait pâle, défait, humilié. Il avait eu peur. Peur pour ce connard entre autre. Et ce n'était même pas la première fois.
« QU'EST-CE QUE TU FAIS ? QU'EST-CE QUE TU FAIS ? LA PORTE EST PAR LA ! » (1)
Harry secoua la tête, chassant les hurlements venus d'un autre temps.
-Merci professeur Potter pour votre participation, murmura Malfoy.
Harry se détourna, le dos raide. Les morceaux de verre crissèrent sous ses chaussures. Il entendit Malfoy demander à un de ses élèves de réparer la vitre derrière lui.
Quand il entra dans sa salle, vingt paires d'yeux étaient fixés sur lui et les sourires amusés commençaient à fleurir sur les lèvres.
-Le premier que j'entends rire, commenta Harry sombrement avant de s'asseoir sur sa chaise, verra sa moyenne baissée de moitié à la fin de l'année scolaire.
°0°0°0°0°
La lumière que faisait son Patronus réveilla Harry.
L'ancien Gryffondor soupira et se leva alors que le grand cerf argenté essayait semblait-t-il de brouter ses cheveux. Harry par réflexe fit un geste pour l'éloigner mais sa main ne rencontra que du vide.
Comme à chaque fois qu'il se réveillait, il chercha en priorité ses lunettes avant de les mettre sur son nez. Il poussa un grognement en voyant qu'il était trois heures du matin. Il enfila rapidement un jean et un débardeur tout en se demandant quelles excuses foireuses les fraudeurs de couvre-feu allaient bien pouvoir inventer. Deuxième nuit qu'ils passaient à BeauxBâtons. Harry avait pensé qu'ils allaient attendre un peu avant de fuir leur lit. O'Flaherty devait avoir donné rendez-vous avec sa petite amie du moment. Il supposait qu'il s'agissait de Leïla Younsi – les deux Gryffondors lui avaient semblé bizarrement proches ces derniers jours - mais c'était peut-être déjà terminé, ça ne durait jamais très longtemps avec Devnet.
Harry sortit dans le couloir et suivit son Patronus. Le cerf allait le guider tout droit vers les petits branleurs – ce qui était, Harry l'espérait, une image. Il n'avait aucune envie de surprendre ses élèves en train se masturber -. Retenant une grimace mais pas un bâillement, il aperçut enfin l'ombre du resquilleur.
-Hé toi ! lança-t-il de mauvaise humeur à l'élève. Le couvre-feu c'est pour les chiens ?
Le cerf était à présent presque sur l'ombre et à la grande stupeur de Harry, sa lumière argentée brilla plus vivement, éclairant pratiquement tout le couloir. Cette fois, Harry ne put faire autrement que de reconnaître Malfoy.
-Potter, grogna l'ancien Serpentard en protégeant ses yeux de la lumière éblouissante avec sa main, arrête ça !
Harry aurait bien aimé mais il ne savait pas pourquoi son Patronus se prenait soudainement pour une illumination de Noël. A croire qu'il était heureux de voir Malfoy, et par extension que Harry lui-même l'était. Ce qui était erroné. Harry était encore furieux contre Malfoy pour sa petite mise en scène du matin. Et même sans ça, voir cet homme lui procurait toujours une envie de mordre. Harry regretta sa tenue décontractée parce que Malfoy, lui, avait l'air sur le point de se rendre à une journée de travail et pas de sortir du lit. Enfin au moins ses vêtements étaient propres.
-Qu'est ce que tu fiches ici ? siffla-t-il, résistant à l'envie stupide de passer sa main dans ses cheveux pour tenter de les arranger.
-En quoi ça te regarde ? répliqua Malfoy mais en y mettant moins de morgue.
Il était bien trop perturbé par le fait que le Patronus essayait à présent de le renifler ( alors qu'il ne possédait même pas de vrais poumons et sûrement pas le moindre sens olfactif ! ) Harry regardait faire le crétin de cerf sans comprendre mais lorsque le museau immatériel de l'animal se dirigea vers le bas-ventre de Malfoy, il se hâta de le faire disparaître.
-C'était quoi ça ?
La voix de Malfoy sonnait étrangement haut perchée. Harry fut heureux de se retrouver soudainement dans le noir, comme ça le blond ne pouvait pas voir à quel point il était mortifié. Après quelques secondes, il décida tout de même de lancer un Lumos puisque Malfoy ne semblait pas vouloir le faire et qu'entendre leurs deux respirations dans l'obscurité avait un côté intime qui perturbait l'ancien Gryffondor.
-Mon Patronus a dû te prendre pour une sorte de Détraqueur, dit-il après s'être éclairci la gorge.
-Et bien, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a une singulière technique pour les faire fuir. Remarque, il a effectivement dû en traumatiser plus d'un. Pourquoi l'as-tu invoqué ? Y a-t-il un problème ?
Cette fois Malfoy avait les sourcils légèrement froncés.
-C'est mon patrouilleur, expliqua Harry, irrité de détailler son ancien ennemi de la sorte. Il fait sa ronde dans le couloir et m'avertit dès que quelqu'un s'y déplace. Je n'avais pas pensé qu'il allait aussi le faire pour ton côté du couloir.
-Etonnant, tout le monde sait que la réflexion c'est ton truc pourtant ! ironisa Malfoy. Et tu n'as pas à t'inquiéter de mes étudiants. Ils respectent les règles, eux.
-Tu n'as que des garçons Malfoy. Mon groupe est mixte et la saison des amours c'est tout le temps avec eux.
Malfoy eut un étrange sourire, Harry écarquilla légèrement les yeux, retenant sa respiration malgré lui. Ça lui allait bien de sourire à ce con.
-Tu sais Potter, séparer les filles et les garçons n'est pas forcément le gage que personne ne copulera dans cette partie du château. C'est même plutôt pratique quand on préfère s'amuser avec quelqu'un du même sexe.
Est-ce que Malfoy essayait de le choquer ? Harry le dévisagea, se demandant quelle serait sa réaction s'il savait justement où allait sa préférence.
Il ne pensait pas que Malfoy fut homophobe mais il savait qu'il se servirait de cette information s'il pensait qu'il y avait là un moyen de le contrarier. Et c'était une arme qu'il ne voulait pas lui donner. Harry n'avait pas honte de ce qu'il était ( même si, en étant tout à fait honnête, regarder la vérité en face avait été difficile et lui avait pris pas mal de temps ). Cependant il n'avait aucune envie de voir son homosexualité s'étaler partout dans la presse sorcière.
Ou pire, Malfoy pourrait s'imaginer alors qu'il avait un ascendant sur lui. Le blond plaisait avec son air de dandy désabusé, il en était conscient et savait en jouer. Harry se rappelait très bien de Pansy Parkinson en adoration devant lui. Et un peu avant que Malfoy ne parte en Bulgarie, alors qu'il venait de perdre son manoir et sa fortune, la rumeur lui prêtait une liaison avec Daphné et Astéria Greengrass. Les deux parfaites sœurs Sang-Pur en même temps. Belle performance pour un aristocrate déchu.
Harry ne savait pas pourquoi il repensait à cette histoire. Il se fichait des prouesses amoureuses de Malfoy, même si depuis, dès qu'il croisait une ou l'autre des sœurs Greengrass il ne pouvait s'empêcher d'être agacé.
-Donc tu comptes rester éveillé toutes les nuits à attendre que ton drôle de Patronus t'alerte de quelque chose ? reprit finalement Malfoy de sa voix traînante.
Ses yeux gris voyagèrent paresseusement sur lui mais Malfoy ne fit aucun commentaire sur sa tenue. Harry aurait bien aimé ne pas ressentir cette espèce d'alanguissement juste parce que le blond était en train de l'examiner.
-Je comprends pourquoi tu es en retard en cours le matin…
La voix de Malfoy sembla les réveiller tous les deux puisque le blond détourna les yeux et mit les mains dans ses poches. Harry, lui, recula d'un pas.
-Pourquoi je resterais éveillé ? grogna-t-il. Il m'avertit s'il y a quelque chose d'anormal, c'est tout.
-Tu veux dire que tu utilises un Patronus matériel toute la nuit, en étant endormi ?
Harry haussa les épaules, il était conscient que pour la plupart des gens c'était un sortilège difficile et qu'il n'était pas censé perdurer des heures mais lui y arrivait et il n'allait pas s'excuser pour ça.
Malfoy serra les dents. Visiblement il n'appréciait pas que Harry soit si doué. C'était une sorte de petite victoire. Pourtant habituellement l'ancien Gryffondor n'aimait pas faire étalage de ses capacités, mais avec Malfoy chaque point était bon à prendre. Et il était plutôt content de le voir momentanément à court de mots.
-Tu ne m'as toujours pas dit ce que tu faisais dans les couloirs à trois heures du matin ?
-Ça ne te regarde toujours pas. Au cas où ça t'aurait échappé, je ne suis pas un de tes élèves.
Harry aurait justement préféré que ce soit un de ses étudiants, quelques points en moins et Malfoy lui aurait parlé autrement. Il aurait baissé les yeux devant lui. Ou il l'aurait au moins remercié pour lui avoir sauvé la vie dans la salle en flammes.
Harry frissonna, se demandant pourquoi il pensait à ça. Ça n'avait rien de nouveau. Même avec Malfoy au loin, Harry pensait à lui, à la salle en flammes, à sa main dans la sienne. Qu'il n'avait pas pu attraper du premier coup. Il revoyait les yeux gris démesurément écarquillés par la peur.
-Tu sors à la chasse aux indices ? demanda-t-il enfin.
-Pardon ?
-Pour le Tournoi. Ce midi Fournier a dit que la première épreuve était quasiment prête. Tu es dehors pour trouver en quoi elle consiste.
Malfoy esquissa un sourire en coin et Harry comprit qu'il avait deviné juste.
-Ça serait tricher, répondit-il tout de même sur un ton faussement indigné.
-Ce qui n'est pas ton genre, ironisa Harry.
Le sourire en coin de Malfoy s'en trouva agrandi. A croire qu'il commençait à s'amuser de cette situation. Peut-être que lui aussi avait ressenti ce décalage ? Harry avait de nouveau l'impression d'avoir quinze ans et ça lui donnait aussi envie de sourire.
-On ne peut pas tricher quand il n'y a pas de règles.
-On peut être deux à jouer à ce jeu, répondit Harry.
Cette fois Malfoy eut un léger rire et ce fut au tour de Harry de détourner les yeux.
Merde.
Qu'est-ce qui n'allait pas avec lui ce soir ? Il était censé être furieux contre le blond, pas le trouver charmant dès qu'il daignait sourire ! Les sourires du Malfoy du passé n'avaient été que des rictus moqueurs. Il n'y était pas habitué, voilà tout.
-Fais ce que tu veux, lança Harry finalement, je vais me recoucher.
Oui, une nuit de sommeil lui remettrait les idées en place. Il voulait bien laisser Malfoy fureter dans le château cette nuit. Il ne pensait pas qu'il puisse trouver quelque chose. Lui-même avait fait un tour dans la soirée mais tout ce qu'il avait gagné, c'était de s'être encore perdu dans les dédales de couloirs. Il lui tourna le dos.
-Attends !
La main de Malfoy s'était posée sur son épaule mais il l'avait tout aussitôt retirée dès qu'il avait réalisé son geste. Harry pouvait presque encore sentir les longs doigts pâles sur sa peau.
Merde !
-Quoi ? demanda-t-il sans se retourner mais il était incroyablement conscient que tout son corps s'était crispé.
Malfoy devait le voir aussi.
-Pour ce matin. Je n'aurais pas dû envoyer ce sort. Je pensais que tu viendrais pour voir ce qui se passait mais j'ignorais que tu imaginerais le pire … C'était puéril.
La voix de Malfoy sonnait un peu lointaine, ça devait lui coûter de déballer ce semblant d'excuses.
-Tu savais que j'imaginerais le pire, le détrompa Harry toujours sans le regarder. Alors épargne-nous tes pseudo-remords.
-Crois ce que tu veux. Après tout je ne suis qu'un salopard qui idolâtre la magie noire, n'est-ce pas ?
Cette fois Harry se retourna, se forçant à sourire.
-Fais attention Malfoy, ta voix sonne bien trop amèrement. Je pourrais penser que tu préférerais obtenir mon estime.
Malfoy lui renvoya un regard noir.
-La seule chose que je veuille de toi, c'est que tu me fasses embaucher à Poudlard.
-Ce qui n'arrivera pas. Durmstrang ne gagnera pas.
Malfoy n'eut pas l'air impressionné par l'assurance de Harry et se contenta de hausser les épaules.
-Nous verrons, Potter, répondit-il finalement de sa voix traînante puis il poursuivit son chemin dans la semi obscurité.
Harry le regarda s'éloigner avant de grincer des dents lorsqu'il s'aperçut qu'il reluquait plus particulièrement le cul de Malfoy.
Il n'avait vraiment pas besoin de ça.
°O°O°O°O°
« Voiiis sur ton chemiiiin, gamiiiins oubliééés, égarééés… »
Harry ne comprenait rien aux paroles de la chanson ce qui ne l'empêchait pas de vouloir qu'elle s'arrête très vite. Mais les petites choristes de BeauxBâtons semblaient malheureusement motivées pour continuer jusqu'au bout de la nuit s'il le fallait.
Harry espérait qu'ils n'en n'arriveraient pas jusque là. Cela faisait déjà plus d'une heure qu'ils poireautaient devant la Coupe de Feu. Les discours s'étaient succédés, en français bien entendu, ce qui n'avait pas aidé à sa concentration.
« Donneuh-leur la maiiin pour les mener verrrs d'autreuh l'en-en-en-demaiiin… »
Harry se trouvait entre le ministre des Sports Magiques français et Armand Merle. Harry aimait bien le professeur de métamorphose, même si parfois il le trouvait un peu envahissant. Pour la centième fois de l'heure, son regard se porta de l'autre côté de la Coupe. Malfoy avait l'air d'écouter avec attention la chorale mais Harry pouvait voir des signes d'impatience dans son attitude. Par exemple il se touchait souvent le lobe d'oreille et il pinçait légèrement les lèvres. Comme s'il se sentait observé, le regard gris fut soudainement sur Harry.
Harry détourna les yeux le premier. Malfoy avait toujours eu un regard magnétique mais depuis quelques jours, Harry avait du mal à le soutenir sans finir par se demander à quel point les yeux gris s'assombrissaient lorsque Malfoy prenait son pied. Et c'était une question tout à fait inappropriée et bien trop dangereuse. Cela faisait dix jours maintenant qu'ils étaient en France et depuis leur rencontre dans le couloir en pleine nuit, Harry avait sagement décidé d'éviter de se retrouver tout seul avec Malfoy. Bien qu'ils soient voisins de chambre, ça avait plutôt bien marché, à croire que Malfoy l'évitait aussi. Ce qui ne l'empêchait pas d'observer l'ancien Serpentard de loin, de toute façon, ça, il n'arriverait pas à s'en empêcher. Et plus le temps passait, plus il trouvait que quelque chose clochait avec le blond mais il ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce que c'était.
« Ardeur de la viie, de la viiie. Sentier de gloiiire. Sentieeer de gloiiire.»
Son regard se porta sur le côté gauche un peu en contrebas. C'était le coin des journalistes. Rita Skeeter dans un tailleur d'un rose vif était bien sûr de la partie comme représentante de la presse anglaise. Chacun des trois pays avait le droit de dépêcher seulement un journal national pour couvrir le Tournoi et les organisateurs anglais avaient choisi la Gazette. Depuis le début de la cérémonie, la plume à papotes de Skeeter avait déjà griffonné son parchemin autant de fois que Harry avait regardé Malfoy à la dérobée. Ce qui faisait beaucoup. A côté d'elle se trouvait une ancienne connaissance dont Harry se serait aussi bien passé – de toute façon Harry se serait passé de n'importe quel journaliste -.
Il ignorait que Blaise Zabini travaillait pour la Gazette mais il n'ignorait pas que lui et Malfoy étaient amis. Avec son bouc, sa robe de sorcier élégante et ses lunettes fines, Zabini ressemblait plus à quelque ambassadeur en visite qu'à un journaliste.
La presse bulgare était composée aussi de deux personnes. Deux grandes femmes brunes qui se ressemblaient tellement que Harry les pensait sœurs.
Les journalistes français étaient trois. Deux hommes et une femme et l'un des hommes était déjà venu lui soutirer une interview pour après la cérémonie. Harry avait accepté en se disant qu'il valait mieux être débarrassé rapidement de la presse.
« Ardeuur de la viiieuh. Sentiiiier de gloiiiire. »(2)
La chorale se tut – enfin - et les applaudissements fusèrent.
-Quelle charmante chanson ! s'enthousiasma le ministre à côté de lui.
Harry hocha la tête en souriant pour ne pas l'offenser mais les chorales n'étaient définitivement pas son truc.
Après ça la directrice de BeauxBâtons s'approcha de la Coupe de Feu. Encore une fois, Harry ne comprit que peu de choses mais d'après le silence tendu dans la cour il sut qu'on allait enfin connaître les champions.
Le premier papier sorti de la Coupe sous forme d'un drakkar pour atterrir dans la main de Fournier.
-Taurus Petersen, champion de Durmstrang ! s'exclama la directrice après avoir lu le papier.
Un tonnerre d'applaudissement retentit et sous les acclamations du groupe de Durmstrang, un garçon brun se détacha et avança vers l'estrade. Harry se souvint que Malfoy avait parlé d'un certain Taurus lors de leur premier repas ici mais il ne se rappelait plus ce qu'il avait dit sur lui. L'adolescent n'était pas très grand, ni très épais. Son petit gabarit lui donnait facilement deux ans de moins que le reste de ses camarades mais ses yeux bleu foncé brillaient d'intelligence et même avec son uniforme parfaitement coupé, on devinait aisément qu'il avait l'allure nerveuse d'un sportif.
Cependant ce qui rassurait le moins Harry, c'était le sourire ravi de Malfoy. Même si ce sourire faisait ressortir une petite fossette sur la joue gauche du professeur de Magie Noire et le rendait plus séduisant que jamais, Harry pensait que ce n'était pas de bon augure pour lui de le savoir si excessivement satisfait.
Il n'eut pas vraiment le temps de s'attarder sur le sujet qu'un aigle en papier sortit brusquement de la Coupe et vola jusqu'à la directrice.
-Le champion de Poudlard est une championne, annonça-t-elle, Jayanti Rayat !
Harry fut soulagé et applaudit avec force la jeune Indienne qui venait vers eux. Jayanti était un bon choix. Il aurait pourtant pensé que Ophiuchus aurait plus fait l'affaire. Jayanti était douée mais bien trop gentille pour le genre de compétition qui s'annonçait – et connaissant Malfoy, elle allait être sans pitié -, mais si la Coupe avait préféré la Serdaigle au Serpentard c'était qu'elle était meilleure.
-Félicitation Miss Rayat ! dit-il à son élève qui venait de se placer à ses côtés. Je n'en attendais pas moins de vous. Cela ne fait plus aucun doute à présent, nous allons gagner le Tournoi.
-Je vais essayer Monsieur, répondit-elle en souriant. D'autant que Jayanti veut dire « La Victorieuse », je pars avec un avantage, plaisanta-t-elle.
-C'est vrai ? demanda Harry ravi.
Elle hocha la tête. C'était parfait. Harry n'était pas superstitieux mais avec un prénom comme le sien, c'était la destinée de Jayanti de gagner le Tournoi.
Prends ça dans tes dents, Malfoy ! pensa-t-il.
Un autre oiseau de papier sorti de la coupe, il ressemblait à l'aigle de Jayanti mais en plus petit. Harry avait compris que l'aigle représentait la maison Serdaigle et le drakkar le Nord et le froid et donc Durmstrang mais d'après ses souvenirs, il n'y avait aucun oiseau dans les armoiries de BeauxBâtons.
-La championne de BeauxBâtons est Margaux Héritier ! s'exclama la directrice.
Il sembla à Harry que les applaudissements étaient bien plus enthousiastes pour la jeune Française que pour les deux autres champions mais c'était normal, elle bénéficiait du fait d'être chez elle. Il ne fallait pas qu'il oublie de prendre ça en compte.
La championne française sortit du groupe des choristes - ce qui n'était pas vraiment un point en sa faveur si on voulait l'avis de Harry -. Elle vérifia que sa jupe plissée était bien mise avant de s'avancer vers eux d'un pas tranquille. Harry s'était à moitié attendu à voir une nouvelle Fleur Delacour. Mais les deux filles n'avaient que leur blondeur en commun. Cependant la nouvelle venue était mignonne et ses quelques kilos en trop lui allaient plutôt bien s'il devait en croire les regards de convoitise de ses propres troupes et ceux des élèves de Malfoy.
Après plusieurs nouveaux discours et félicitations, Harry s'éloigna avec Jayanti dans un coin à l'écart. Il voulait la préparer aux interviews avec les journalistes – surtout avec Skeeter - et ils devaient avoir une ou deux minutes devant eux avant qu'on se rappelle leur existence.
-Tiens, pas de quatrième champion cette fois. Pas trop déçu Professeur Potter ?
Harry sursauta. Il n'avait même pas vu Malfoy approcher.
-La seule chose qui me déçoit, c'est votre sens de l'humour Professeur Malfoy, répondit-il.
Cela fit vaguement sourire Malfoy puis les yeux gris se posèrent sur Jayanti et Harry comprit qu'il était là pour évaluer l'adversaire de son élève.
-Miss Rayat, salua-t-il d'un signe de tête, toutes mes félicitations !
-Merci, répondit Jayanti avec une désinvolture qui rendit Harry plutôt fier.
-Jayanti veut dire « la Victorieuse », lui apprit Harry sans pouvoir empêcher son ton de sonner extrêmement satisfait.
-Tiens donc ? fit Malfoy en levant un sourcil.
-Mon père l'a choisi à cause de ça, précisa Jayanti.
Malfoy esquissa un sourire inquiétant et Harry fronça les sourcils.
-Votre père travaille au Ministère de la Justice je crois…
La voix de Malfoy était douce et chaude. Harry attrapa son élève par le bras.
-Jayanti, il faut aller voir les journalistes maintenant, dit-il pour l'éloigner du blond.
Mais la Serdaigle resta bien campée sur ses deux pieds.
-Il est avocat, répondit-elle en souriant.
-Oui, un avocat très doué même, susurra Malfoy. Il a obtenu la condamnation de mon père au baiser du Détraqueur en un temps record.
Le visage de Jayanti se décomposa. Toute sa belle prestance venait de fondre comme neige au soleil.
-Je…je suis désolée, balbutia-t-elle.
-Pas autant que moi, lâcha Malfoy.
Harry crut que la gamine allait se mettre à pleurer.
-Jayanti, dit-il en fixant Malfoy, attends-moi avec les autres. J'arrive.
Elle s'éloigna sans demander son reste.
-Vas-tu me frapper ? questionna Malfoy sur le ton de la conversation lorsqu'ils ne furent plus que tous les deux.
-Ce n'est qu'une gamine ! cracha Harry. Tu n'avais pas à t'en prendre à elle !
-Je n'ai fait qu'énoncer la vérité. Ça serait à moi d'être émotif, tu ne crois pas ? Après tout, c'est mon père qui est mort.
-Arrête ça ! Je sais très bien que ton seul but était de la bouleverser !
Malfoy eut un sourire narquois.
-Peut-être que mon but était que tu cesses de m'ignorer ? répondit-il.
-Qu'est-ce que tu…
-Ah les voilà ! Draco Malfoy et Harry Potter comme au bon vieux temps !
Harry se figea. Skeeter fonçait sur eux à une rapidité affolante malgré ses talons hauts pourtant peu appropriés pour marcher dans l'herbe. Derrière elle venait Zabini portant un appareil photo.
-N'est-ce pas un fantastique retour en arrière ? poursuivit-elle sans prendre la peine de les saluer. Je n'interromps rien, j'espère ?
Ses yeux luisaient d'une curiosité maladive derrière ses extravagantes lunettes.
-Ah je crois que vous connaissez mon assistant Blaise Zabini, poursuivit Skeeter car aucun d'entre eux ne répondait.
-Son collègue, rectifia Zabini d'une voix morne tout en serrant la main de Malfoy. Ça faisait un moment Draco.
Malfoy hocha la tête tout en fixant son ami. A la grande surprise de Harry, il n'avait pas l'air franchement ravi de le voir.
-Alors Harry, reprit Rita Skeeter, j'espère que ce n'est pas trop douloureux pour vous avec tous ces affreux souvenirs liés au précédent Tournoi des Trois Sorcier. Surtout l'horrible drame, la mort de votre ami…
Cédric n'avait pas spécialement été son ami mais ça n'avait pas empêché Harry de cauchemarder sur sa mort de longs mois durant.
-Il est évident que le dernier Tournoi a laissé des traces, dit-il à la place après avoir redressé ses lunettes sur son nez, mais il faut savoir laisser les heures sombres du passé derrière nous. Les nouveaux champions représentent l'avenir et je suis certain que ce sera un avenir positif. Je suis très heureux que la Coupe ait choisi Jayanti Rayat pour représenter Poudlard. Je pense qu'elle a toutes les chances de gagner.
Skeeter cligna des yeux, apparemment peu habituée à le voir aussi volubile. Mais Harry avait appris depuis longtemps à orienter les journalistes sur les sujets que lui voulait aborder. Et même si Skeeter réessayait de temps en temps de ramener l'interview sur la guerre, Voldemort ou combien Harry devait être perturbé, il parvenait à chaque fois à ne parler que du Tournoi actuel et de la championne de Poudlard.
Il réussit même à glisser que Jayanti voulait dire la Victorieuse. Et si le Royaume-Uni était derrière Rayat, alors ça serait formidablement bénéfique pour le moral de la Serdaigle.
L'interview continua donc et Harry trouva qu'il s'en sortait plutôt bien.
Et cerise sur le gâteau, le regard dérouté de Malfoy était un véritable plus pour son moral à lui.
Le jeu venait de commencer.
A suivre...
(1)Harry Potter et les Reliques de la Mort
(2)Vois sur ton chemin, chanson tiré du film « Les choristes ». Si vous l'avez dans la tête maintenant alors c'est que mon plan diabolique a marché. Mouhahaha !
A bientôt o/
