Bonjour à toutes et à tous ! Je tiens d'abord à vous remercier pour les vues, les follow, les favoris ainsi que les reviews, c'est très touchant ! Je vais d'ailleurs répondre à tous ceux qui ont commenté :

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Rome7 : Il y a eu effectivement un bug d'affichage, ça s'est heureusement vite réglé ^^

luxcie : Merci pour ta review, Sirius galère mais c'est tout l'apprentissage d'un parent ! Toujours un plaisir d'avoir tes avis :)

lilalali07 : Merci, j'espère que la suite te plaira !

Katymyny : Je te rassure tout de suite, ce sera loin d'être rapide pour la plupart des couples ! Du moins, pour les couples «principaux» de ce premier tome. Je n'ai pas vraiment le temps de lire des fics en ce moment mais merci pour tes suggestions ! Pour l'image, je sais déjà laquelle j'aimerais mettre, mais il faut juste que j'y pense XD

Orion26600 : Heureuse que le premier chapitre t'ait plu, j'espère que la suite te plaira !

Butterfly Fictions : Ce qui s'est passé lors de la troisième tâche du Tournoi des Trois Sorciers n'interviendra que tard dans ce premier tome. Du moins, en ce qui concerne le ressenti de Harry ^^

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Encore merci et bonne lecture à toutes et à tous !

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(lundi 10/07) POV Remus

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Remus était en train de boire son thé lorsque Sirius entra dans le salon. Il s'assit et demanda :

- Tu es déjà levé ?

- Bonjour à toi aussi. J'ai bien dormi, merci, et toi ?

- Oh ça va, tu sais que les politesses d'usage ce n'est pas mon fort... J'ai perdu l'habitude de poser ce genre de questions à Azkaban, tu sais.

- Ça fait deux ans que tu en es sorti, Sirius.

- Dont un passé en cavale, je te rappelle. Quand je me cachais pour fuir les Détraqueurs et ceux qui voulaient me capturer, je demandais rarement aux rats s'ils avaient passé une bonne nuit avant de les manger.

- Très bien, excuse-moi, je ne te ferai plus la remarque.

- Merci, tu seras bien aimable, en effet. Bon, au lieu de me reprocher mon manque de politesse, raconte-moi ta discussion d'hier soir avec Harry.

Remus retint un soupir. Sirius ne perdait pas de temps. Cela ne faisait que cinq minutes qu'il était levé et il lui sautait déjà dessus pour savoir ce que lui avait dit Harry la veille. Du Sirius tout craché. Il ne devrait même pas être étonné. Il raconta donc à son ami la conversation qu'il avait eue avec Harry après le cauchemar de celui-ci. À la fin de son récit, Remus remarqua que Sirius semblait un peu confus.

- Je ne comprends pas tout, avoua-t-il. Au début tu me disais qu'il ne voulait pas en parler et là tu termines en disant qu'il a besoin de se confier...

- Je n'ai pas vraiment fini, en fait, dit Remus.

- Je croyais, pourtant.

- J'ai juste quelque chose à préciser. Il veut se confier, oui, mais pas à n'importe qui. Il aimerait parler à une personne en qui il peut avoir confiance mais sans pour autant que ce soit quelqu'un qu'il connaît.

Remus avait essayé de trouver les bons mots pour ne pas brusquer Sirius mais il sentit qu'il n'avait pas vraiment réussi en voyant son ami pincer les lèvres.

- Tu lui as tendu la perche ? Parce qu'à t'entendre c'est un psychomage qu'il voudrait voir.

- Il n'a pas prononcé le mot. Je ne sais même pas s'il a cette idée en tête ou s'il sait qu'il existe des psys dans le monde sorcier. Il doit être familier avec ce mot dans le monde moldu mais peut-être pas chez les sorciers. Et, non, je ne lui ai pas tendu la perche. Je ne lui en aurais pas parlé alors que je sais très bien que tu n'es pas favorable à cette idée.

- C'est vrai. Excuse-moi, je n'ai pas réfléchi avant de parler. Mais, d'après toi, il veut bel et bien consulter un psychomage ? demanda Sirius.

- Inconsciemment, oui, répondit Remus. Ça m'étonnerait qu'il y pense réellement mais c'est assurément ce qu'il lui faudrait. Cependant je pense que tu devrais essayer de le faire parler sur son passé.

- J'ai quatorze ans de sa vie à récupérer, Remus. Il ne pourra jamais tout me dire.

- Je n'ai jamais dit qu'il devait tout te dire, tempéra Remus. Je pense juste qu'il devrait te parler de certaines choses.

- Lesquelles ?

- Je ne sais pas précisément. Mais tu m'as bien dit que tu avais l'impression qu'il n'était pas très heureux chez les Dursley ?

- C'est le moins qu'on puisse dire, ironisa Sirius. Il y a un an, il m'a quasiment sauté dans les bras quand je lui ai proposé de vivre avec moi une fois que j'aurais récupéré mes biens alors que ça ne faisait que quelques heures qu'il croyait à mon innocence... Je ne pense pas qu'il aurait réagi ainsi s'il avait été heureux chez ses tuteurs.

- Nous sommes bien d'accord. Il y a donc quelque chose à creuser dans son enfance chez les Dursley. Tu sais, hier il m'a dit qu'il savait très bien cuisiner. Je trouve ça un peu étrange. À Poudlard il n'y a pas de cours de cuisine. Il a donc dû apprendre chez les Dursley. Mais il m'a dit ça comme s'il avait l'habitude de faire à manger. Et ce, depuis longtemps.

- Attends, tu ne crois quand-même pas qu'il se faisait exploiter par les Dursley ?! s'affola Sirius.

- Je n'en sais rien mais je me pose des questions.

Sirius grimaça.

- Tu as raison, je dois en parler avec lui.

- Tu en profiteras pour lui proposer de voir un psychomage ? s'enquit Remus.

- Tu ne veux pas t'en occuper ?

- J'ai fait ma part, j'ai débloqué la situation. Maintenant c'est à toi de prendre les choses en main.

- Je ne suis pas aussi doué que toi pour lui parler... soupira Sirius.

- Ça s'apprend, le rassura Remus. Je suis sûr que tu trouveras les bons mots. Commence par lui avouer que je t'ai tout dit sur la discussion qu'il a eu avec moi hier soir. Ça va lancer le sujet.

- D'accord. Tu as d'autres conseils à me donner ?

- Non, désolé. Enfin si : ne stresse pas et sois détendu. S'il te sent crispé il le sera lui aussi.

- Plus facile à dire qu'à faire...

- Tu ne risques rien, Sirius. Il ne va pas se braquer quand tu lui proposeras de voir un psychomage. Si tu amènes le sujet en douceur ça devrait bien se passer. Dis-lui que tu sais qu'il veut parler à quelqu'un de confiance mais qu'il ne connaît pas et qu'un psychomage ferait donc très bien l'affaire puisqu'il correspond à ces critères.

- Tu devrais vraiment lui parler à ma place.

- Non, hors de question, dit fermement Remus. Je te donne les pistes, à toi de te débrouiller avec. Tu es son parrain, Sirius. Tu dois prendre tes responsabilités.

Malgré l'air grognon et réticent de son ami, Remus sut qu'il avait gagné lorsque Sirius poussa un soupir résigné.

- Ok, je vais lui en parler dès que j'en aurai l'occasion.

- Bien. Ne fais pas trop traîner les choses. Ça me semble assez urgent. Il m'a dit que des potions de sommeil sans rêves l'aideraient à mieux dormir. Ça ne réglerait pas le problème à la source mais je pense aussi que ça lui ferait du bien. Il ne peut pas passer les vacances comme ça. Il a besoin de nuits complètes et récupératrices. Mais seul un psychomage peut lui prescrire ce genre de potions.

- Tu es en train de me forcer la main, là, se méfia Sirius.

- Pas du tout, répliqua Remus. Je te dis juste ce que je pense. Il doit en avoir plus qu'assez de faire ce cauchemar toutes les nuits. Il se sentirait bien mieux le matin en ayant passé une nuit sans faire le moindre rêve. Oh et pendant que j'y suis, il m'a dit aussi qu'il aimerait sortir un peu du Square.

- Mais pourquoi il te dit tout ça à toi et pas à moi ?!

- Parce que je l'ai tenu éveillé avec une tasse de chocolat, dit simplement Remus.

- Il n'y a pas que ça. Arrête de tout mettre sur le dos du chocolat.

Remus soupira.

- Je ne veux pas te vexer mais... tu prends trop de pincettes avec Harry, dit-il prudemment. Tu ne veux pas le braquer alors tu laisses tout couler et, résultat, il se renferme sur lui-même. Tu sais, il n'est pas si opposé que ça à l'idée de parler. Je crois qu'il n'a juste pas l'habitude d'être écouté. Il semblait surpris quand je lui ai dit que tu serais toujours là pour lui, désormais. Il n'a jamais dû avoir une oreille très attentive quand il en avait le plus besoin. Mais maintenant tu es là et c'est à toi de le lui faire comprendre. Il faut le pousser un peu. Et ne pas hésiter à insister. Tu ne dois pas avoir peur de le braquer. Si tu le laisses tranquille à chaque fois qu'il ne veut pas parler, tu n'avanceras jamais avec lui.

- C'est trop compliqué d'être parent.

- Tu vas t'y faire, assura Remus en souriant.

- Mouais... En tout cas ce soir c'est moi qui vais aller le réveiller. La pleine lune est après-demain, tu as besoin de te reposer.

- Si tu veux. Bon sinon tu as des idées de sortie ? enchaîna Remus.

- Euh... pas vraiment.

- Tu pensais garder Harry enfermé ici pendant toutes les vacances ?

- Ben... je n'y avais pas vraiment réfléchi. Tu en as, toi, des idées ? demanda Sirius avec un brin d'espoir.

- Je crois que le plus simple est de lui demander ce qu'il voudrait faire.

- Ouais, tu as raison, admit Sirius.

- J'aime quand tu dis ça.

- Je dis souvent ça.

- Parce que c'est vrai.

- Tu n'aurais pas les chevilles qui enflent ?

- Peut-être mais ce doit être une réaction allergique aux chaussettes que tu m'as achetées.

Remus éclata de rire en voyant l'air outré de Sirius.

- Il ne fallait pas faire ça dans mon dos, Sirius. Tu sais que j'ai horreur de ça.

- Ça partait d'une bonne intention...

- Je sais et c'est pour ça que je ne t'en veux pas. Enfin un peu quand-même. Du coup je ne me prive pas pour utiliser cette histoire contre toi quand je veux avoir la situation à mon avantage.

- J'ai toujours su qu'il y avait une part de Serpentard en toi, accusa Sirius.

- Je te rassure, tu en as une aussi. Ah, voilà la marmotte qui arrive.

- Tu es énervant, Remus. Il n'y a jamais de suspense avec toi.

- James et toi étiez bien contents quand je vous prévenais de l'arrivée de quelqu'un quand vous prépariez une de vos blagues débiles.

Sirius voulut répliquer mais il en fut empêché par Harry qui entra à ce moment-là dans le salon. Remus adressa un sourire de triomphe à Sirius qui lui répondit par un regard noir.

- Salut tout le monde... Mmmmh, ça sent bon, ici !

- C'est normal, c'est moi qui ait fait le petit-déjeuner, dit placidement Remus.

- Ça veut dire quoi ça ?!

- Oh non ne commencez pas à vous disputer dès le p'tit dèj... Sinon je retourne me coucher.

- Non, reste là, Harry, dit Sirius. Je réglerai mes comptes plus tard avec monsieur-j'ai-toujours-raison.

- Ne l'asticote pas, Sirius.

- Bien dit, Harry, approuva Remus.

- Bon, que veux-tu manger pour ton petit-déjeuner ? demanda Sirius. Toasts, petits pains, porridge, oeufs au bacon... ?

- Oh euh... j'ai plutôt l'habitude de commencer par un verre de jus de citrouille, en fait.

Remus étouffa un rire tout en buvant son thé. Cela n'échappa pas à Sirius qui fusilla Remus du regard. Il ne dit cependant rien et servit du jus de citrouille à Harry. Remus se sentit un peu honteux de s'être moqué de son ami. Ce n'était pas très gentil. Il décida alors de se rattraper en repensant au dîner de la veille que Sirius avait préparé sous ses directives.

- Le dîner d'hier soir était très bon, dit-il en rompant le silence qui s'était installé.

- C'est normal, j'ai suivi tes consignes, grommela Sirius.

- Oui mais c'est quand-même toi qui a tout fait. Tu sais cuisiner, il faut juste que tu exploites correctement ton talent.

En guise de réponse, Sirius sourit largement à Remus. Celui-ci en fut légèrement troublé, comme souvent lorsqu'il était à l'origine d'un sourire de Sirius. Il n'avait jamais compris pourquoi et n'avait pas vraiment cherché d'explications. C'était comme ça, voilà tout. Il adorait autant embêter Sirius que lui faire plaisir par des gentilles phrases ou par de petites attentions. C'était le seul Maraudeur qui lui restait et il était heureux de l'avoir retrouvé. Et il était encore plus heureux depuis que Harry était arrivé. Tout compte fait, Remus se sentait vraiment bien au Square. Et il y resterait tant que Sirius y accepterait sa présence.

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(mardi 11/07) POV Draco

Alors que Draco lisait un livre sur le Quidditch, il fut attiré par l'ombre d'un hibou qui venait de se poser derrière la fenêtre.

- Tiens, voilà encore un hibou. Cette fois ce doit être pour toi, dit-il à l'homme qui se trouvait en face de lui.

- J'en doute. Tu es plus populaire que moi. La preuve, ce matin tu as reçu deux lettres en à peine une heure.

- Tu en as reçu une, toi aussi. Mais bon, on va vite savoir à qui est adressée cette fameuse lettre. Moi je suis sûr qu'elle est pour toi.

Sur ces mots, Draco se leva et alla ouvrir au hibou qui attendait derrière la fenêtre. Il détacha la missive, lut le destinataire et grimaça. Il détestait avoir tort, en bon Serpentard qu'il était.

- Ah non, c'est pour moi. Une lettre de Blaise.

- Ne fais pas cette tête-là, tu devrais être content d'avoir du courrier.

Draco haussa les épaules et regagna sa place. Même si Blaise était un de ses meilleurs amis, ce n'était pas forcément une bonne nouvelle qu'il reçoive une lettre de sa part. Il n'osait même pas la lire, en fait. Car tous deux attendaient en vain des nouvelles de leur autre meilleur ami, Théo. Ils n'en avaient pas depuis le début des vacances et s'écrivaient presque quotidiennement afin de se tenir au courant. Les lettres se suivaient et se ressemblaient : ni l'un ni l'autre n'avait reçu de lettre de leur ami. Parfois, Draco se demandait si Blaise lui mentait. Peut-être avait-il en réalité des nouvelles et qu'elles n'étaient pas bonnes du tout, ce qui expliquerait pourquoi Blaise les lui cachait. Puis il se raisonnait et se fustigeait d'avoir eu de telles pensées. Mais il savait que Blaise devait se poser la même question de son côté.

- Toujours pas de nouvelles de Théo ?

Cette fois, Draco se retint de grimacer. Même s'il le voulait, il ne pouvait rien cacher à Severus. Ce n'était pourtant pas faute à sa tante Bellatrix de lui avoir appris l'Occlumancie. Mais Severus était un excellent Legilimens et savait détruire toutes les barrières de Draco.

- Non et ça m'inquiète. Il ne nous avait jamais laissés aussi longtemps sans nous écrire. J'aurais dû insister pour savoir où il allait passer les vacances !

Draco s'en voulait énormément. Deux semaines plus tôt, Harry Potter, son grand ennemi de toujours, avait tué le plus grand mage noir de tous les temps, autrement appelé Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. De son vivant, quelques inconscients – comme Dumbledore ou Potter – s'aventuraient à l'appeler par son prénom. Ou plutôt par le surnom que le mage noir s'était donné. Enfin bref, il était assez compliqué celui-là. Draco n'avait jamais compris pourquoi ses parents s'étaient embêtés à le suivre. Surtout son père qui était devenu un Mangemort. À part se gâcher la vie – et la sienne par la même occasion – ils n'y avaient pas gagné grand-chose. À part la cavale en ce moment-même.

Juste après la chute du grand mage noir, Lucius Malfoy avait pris la fuite, entraînant sa femme avec lui et abandonnant Draco dans le même temps. Heureusement, ce dernier avait pu compter sur son parrain qui l'avait aussitôt pris sous sa responsabilité. Draco pouvait tout de même remercier ses parents d'avoir été prévoyants. Dans le cas où ils ne pourraient plus s'occuper de leur fils, ils avaient toujours souhaité que ce soit Severus qui récupère la garde de Draco. Mais un parrain n'ayant aucun droit légal sur son ou sa filleul(e), les parents de Draco avaient posé une demande auprès du Ministère qui l'avait acceptée après avoir passé quelques semaines à étudier le dossier. Ainsi, dès que le Ministère avait su que Lucius était parti en cavale avec sa femme, il avait expressément demandé à Severus de recueillir Draco. Car la chute du mage noir avait eu lieu à la toute fin de l'année scolaire. Pour ne pas arranger les choses. Draco s'était donc retrouvé un peu orphelin du jour au lendemain.

Mais Severus faisait de son mieux pour qu'il se sente bien. Et il y arrivait plutôt bien. Cela n'était pas la première fois que Draco passait des vacances chez son parrain. Sauf que d'habitude, ce n'était qu'une partie, et non pas toutes les vacances. Draco avait un peu peur de déranger son parrain, même s'il savait que ce n'était pas le cas. En fait, il devait se considérer chanceux. Il était chez quelqu'un qui tenait à lui. Tout le monde n'avait pas cette aubaine. Ce n'était pas pour rien si Draco s'inquiétait pour Théo. Il avait des raisons de s'en faire. Edward Nott, le père de son ami, avait également été un fervent partisan du grand mage noir. Lui aussi se cachait pour échapper aux Aurors qui s'étaient lancés à la recherche de tous les Mangemorts. Draco ignorait comment mais il était persuadé que Nott avait réussi à faire en sorte que son fils passe les vacances d'été avec lui.

Jusqu'au dernier jour passé à Poudlard, Draco avait essayé de faire parler Théo sur l'endroit où il allait passer l'été. Mais son ami n'avait rien lâché. Il lui avait simplement dit qu'il n'avait pas à s'en faire pour lui. Draco n'était cependant pas dupe. Il avait bien vu que le visage de Théo s'assombrissait à chaque fois qu'il abordait le sujet des vacances. Draco était sûr que Nott avait gardé le contact avec Théo après la chute du mage noir et qu'il lui avait donné des directives pour le rejoindre en toute discrétion après être descendu du Poudlard Express. Cela expliquerait pourquoi Draco avait soudain perdu de vue Théo qui était descendu du train avant lui. Si tout ce qu'il pensait était vrai, Théo avait suivi les ordres de son père sous la contrainte. Car d'aussi loin que Draco s'en souvenait, il avait toujours vu son ami avoir une peur monstre de son père. Du coup, le savoir coincé pendant deux mois avec son paternel qui se cachait des Aurors n'était pas du tout fait pour le rassurer.

- Tu n'aurais pas pu le faire parler, Draco. Tu es mieux placé que moi pour savoir que ton ami est quelqu'un de très secret. Seule une fiole de Veritaserum aurait pu lui faire dire la vérité.

- Dans ce cas j'aurais dû descendre le premier du train. Je l'ai laissé filer trop facilement !

- Tu n'as aucun reproche à te faire. Tu dis souvent que Théo n'a rien à faire à Serpentard mais ce qui s'est passé prouve le contraire. Crois-moi, s'il avait suivi la voie de son père, au fil des ans, il serait devenu le plus dangereux de tous les Mangemorts.

- Oui bah en attendant je m'inquiète toujours pour lui. J'espère au moins qu'il se porte bien. Je ne suis pas idiot. Je sais très bien que son père le maltraite. Mais cette tête d'hippogriffe ne voudra jamais l'avouer.

- À sa place tu serais comme lui. Tu ne voudrais pas le crier sur tous les toits.

- Je ne lui demande pas ça ! J'aimerais juste qu'il me le dise à moi. Et à Blaise. Nous sommes ses meilleurs amis. Il devrait nous faire confiance.

- Ce n'est pas une question de confiance, Draco. Mais tant que tu n'es pas à sa place je pense que tu ne peux pas comprendre. En plus tu n'as aucune preuve tangible qu'il se fasse maltraiter par son père. Et puis c'est à lui d'en parler.

- Je m'y attendais à celle-là... Mais c'est toujours pareil, Severus. Les adultes n'écoutent jamais rien. Même si Théo venait se plaindre auprès de personnes compétentes, ça ne changerait rien. Personne ne le croirait. Aucun adulte ne veut croire un enfant ou un adolescent qui dit subir des maltraitances de la part d'un membre de sa famille.

- Tu caricatures un peu trop, Draco.

- Si peu. Enfin bon, je ne veux pas qu'on se prenne la tête à ce sujet.

Severus acquiesça et retourna à sa lecture de la Gazette du Sorcier. Draco, lui, déplia sa lettre et se mit à la lire.

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«Draco,

Comment vas-tu ? De mon côté ça va. Toujours pas de nouvelles de Théo. Je crois qu'on recevra une lettre de sa part uniquement lorsque son père sera arrêté. En espérant que ça arrive d'ici la fin des vacances. Sinon croisons les doigts pour le voir à la rentrée.

Quand penses-tu aller acheter tes fournitures, d'ailleurs ? Vu que tu n'es pas chez tes parents il y a peut-être une chance pour qu'on se retrouve sur le Chemin de Traverse ? En quatre ans on n'a jamais pu se voir à cette occasion. C'est quand-même dommage.

Sinon j'ai eu des nouvelles de Pansy. Je suppose que toi aussi. Tu dois donc connaître sa nouvelle lubie. Elle me dépasse, cette fille. Je crois que je ne la comprendrai jamais. Mais Draco, par pitié, si tu tiens un tant soit peu à notre maison, ne la laisse pas faire. Je sais que tu n'as aucun pouvoir de décision mais tu es assez proche de Montague. Essaie de le convaincre de ne surtout pas la prendre. Sinon je me jette de la Tour d'Astronomie.

Bon à part ça ma mère ne s'est toujours pas trouvé de nouveau mari. Il doit encore lui rester assez d'argent qu'elle a hérité du précédent. Mais j'ai quand-même peur. C'est une vraie psychopathe. Enfin bon je la critique mais elle est super gentille avec moi. Je sais qu'elle tient à moi mais... je ne suis quand-même pas à l'aise. Comme tous les ans elle me fait plein de cadeaux mais je n'en veux pas. Ça m'embête de vivre avec cet argent. Je crois que je préférerais être pauvre. J'aurais la conscience plus tranquille.

J'espère que tes vacances se passent bien. Je sais que tu es entre de bonnes mains, je ne me fais donc pas trop de soucis.

Prends bien soin de toi. Et tiens-moi au courant de tout.

Blaise.

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Draco était passé par toutes les émotions en lisant cette lettre. La déception de savoir que Blaise n'avait pas de nouvelles de Théo, l'inquiétude au sujet de celui-ci, l'amusement à l'idée de la nouvelle lubie de Pansy, la compassion pour Blaise qu'il savait mal à l'aise avec sa mère... S'il devait élire le meilleur passage dans cette lettre, ce serait celui sur Pansy. Comme l'avait deviné Blaise, Draco avait reçu lui aussi une lettre de leur amie. Il savait donc à quoi Blaise faisait référence quand il parlait de cette «nouvelle lubie». Draco avait failli faire une crise d'angoisse en apprenant que Pansy souhaitait devenir poursuiveuse dans l'équipe de Quidditch de leur maison. Si elle venait vraiment à intégrer l'équipe, Serpentard était alors à tout coup sûr voué à l'échec pour la coupe des quatre maisons. Car Pansy n'avait aucune expérience en Quidditch. Malgré le fait qu'elle soit une Sang-Pur, elle n'avait jamais été vraiment attirée par ce sport typiquement sorcier. Et elle voulait obtenir l'un des deux postes qui permettaient d'engranger des points ! Non, non et non, Draco ne pouvait pas la laisser faire ! C'était la réputation de leur maison qui était en jeu ! Certes, Draco n'était pas le capitaine de l'équipe – Blaise l'avait bien souligné – mais il était en effet assez proche de celui qui occuperait ce poste à la rentrée, à savoir Graham Montague. Il pourrait sûrement le convaincre de ne pas choisir Pansy si elle se présentait aux sélections.

Comme il n'y avait pas eu de Quidditch l'année précédente – à cause du Tournoi des Trois Sorciers – tous les postes étaient remis en jeu dans chaque équipe. Draco était sûr de garder sa place, mais il savait que Potter conserverait également la sienne. Et cela l'ennuyait prodigieusement. Car même s'il ne l'avouerait jamais, il devait reconnaître que Potter était un excellent attrapeur. Draco n'avait jamais réussi à attraper le vif d'or face à lui. Il espérait que cette année serait la bonne et qu'il parviendrait à battre ce crétin binoclard de Gryffondor.

Pour en revenir à Pansy, Draco pensait savoir pourquoi elle s'était soudain prise de passion pour le Quidditch. Il semblait à Draco que son amie était très intéressée par Cassius Warrington qui occupait l'un des postes de poursuiveur durant l'année qui avait précédé celle du Tournoi des Trois Sorciers. Sans doute voulait-elle le côtoyer de plus près. Cette idée ne plaisait pas trop à Draco. Il connaissait Cassius et savait qu'il était du genre à collectionner les filles. Il ne voulait pas que Pansy se fasse avoir. Si elle s'intéressait à un garçon, c'était pour avoir une vraie histoire d'amour avec lui. Cassius n'était donc pas un garçon pour elle. Draco comptait bien la mettre en garde. Il ne voulait pas qu'un goujat rende sa meilleure amie malheureuse. Il se promit de lui en toucher deux mots quand il répondrait à sa lettre qu'il avait reçue le matin-même. Il avait déjà hâte de la revoir. Tout comme il avait hâte de revoir Blaise et Théo.

Draco soupira en se disant qu'il restait plus d'un mois et demi avant la rentrée. Ça allait être long. Mais il allait sûrement passer les meilleurs vacances de sa vie, même s'il avait toujours l'impression d'avoir été abandonné par ses parents. Parce qu'il ne pouvait pas dire que les vacances au Manoir étaient très drôles. Il ne discutait presque pas avec ses parents. Les bonnes manières d'aristo bourgeois primaient avant tout alors qu'il n'aimait pas vraiment ça. Il se sentait tellement fade lorsqu'il se comportait ainsi... Au moins chez Severus il était plus libre. C'était plus décontracté, même s'il devait tout de même suivre certaines règles. Mais c'étaient des règles qu'il s'imposait déjà à lui-même dans un souci de bienséance. Mais ce qu'il appréciait surtout, c'était de pouvoir discuter avec Severus. Tous les sujets y passaient. Oui, Draco pouvait vraiment s'estimer chanceux. Il savait que Severus serait d'accord pour l'emmener sur le Chemin de Traverse pour aller acheter ses fournitures un jour où Blaise pourrait s'y rendre également. Mais il lui en parlerait plus tard. Il y avait des jours où Severus était plus enclin que d'autres à accepter ce genre de requête. Actuellement, il était en train de lire la Gazette. Il valait donc mieux attendre. Ce n'était pas pressé, après tout. Draco n'avait pas encore reçu sa liste de fournitures. Au lieu d'importuner son parrain, il préféra donc plutôt répondre à ses deux amis. Peut-être pourrait-il retrouver également Pansy sur le Chemin de Traverse ? Les parents de cette dernière étaient plutôt cool, n'importe quel jour leur conviendrait. Il pourrait ainsi essayer de la raisonner quant à son envie de rejoindre l'équipe de Quidditch de Serpentard... Car il était vraiment hors de question qu'elle mette en danger la réputation de leur maison. Draco n'en démordait pas : cette année, la Coupe serait pour Serpentard, un point c'est tout !

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(mercredi 12/07) POV Harry

Harry se retourna dans son lit pour ce qui devait être la trois cent quatre-vingt quatorzième fois depuis qu'il était réveillé. C'est-à-dire depuis moins d'une heure. Il savait qu'il n'arriverait pas à se rendormir. Aussi préféra-t-il se lever plutôt que chercher désespérément le sommeil qui ne viendrait pas. Lorsqu'il arriva dans le salon, il fut surpris d'y voir uniquement son parrain.

- Salut... Tu es tout seul ?

- Oui, c'est la pleine lune ce soir. Remus est retourné chez lui.

- Ah oui, c'est vrai...

Cela lui était complètement sorti de la tête. Il s'assit à table et se servit un verre de jus de citrouille.

- Je suis désolé, c'est moi qui ait préparé le petit-déjeuner, du coup.

Harry sourit à son parrain.

- Tu es plutôt doué pour faire de bons petits-déjeuners.

- Mais pas pour faire de bons petits plats.

- Tu t'es amélioré, depuis quelques jours.

- Parce que Remus m'aide. Allez, avoue que ce n'était pas très bon, ce que je préparais à manger.

- Tu veux vraiment que je te dise ça dès le matin ?

- Disons que je ne sais jamais quel est le meilleur moment pour te parler. Ou, plutôt, pour que toi, tu me parles.

Harry soupira.

- Tu vas me parler de mes cauchemars ?

- Entre autres, oui. Mais il n'y a pas que ça. J'aimerais que tu me dises tout ce que je devrais savoir et que tu me caches.

Harry regarda son parrain avec un air un peu dépassé.

- Pas maintenant, ça peut attendre, le rassura Sirius. Et puis j'aimerais d'abord qu'on discute de deux choses.

- Lesquelles ?

- Je te le dirai une fois que tu auras mangé.

Harry voulait en savoir plus mais il savait qu'il n'obtiendrait rien de plus pour le moment. Il se mit alors à manger et savoura le petit-déjeuner préparé avec amour par son parrain. Ce dernier était vraiment doué pour ça. Le porridge et les oeufs au bacon étaient excellents. Lorsqu'il eut avalé son troisième petit pain et bu son deuxième verre de jus de citrouille, il relança Sirius :

- Alors, de quoi veux-tu me parler ?

- Tu ne perds pas de temps, toi.

- J'ai bien compris que je n'échapperai pas à une conversation ce matin. Alors autant s'y mettre dès maintenant.

Sirius parut soulagé à l'idée que Harry ne soit pas hostile à la communication. Harry le vit chercher ses mots avant qu'il ne se décide à se lancer :

- Est-ce que tu te souviens que dimanche, c'est Remus qui soit venu te réveiller ?

- Ce serait inquiétant si je l'avais oublié. Je ne suis pas encore amnésique, je te rassure.

Sirius leva les yeux au ciel mais ne releva pas l'humour mordant de Harry.

- Il m'a raconté la discussion que vous avez eue.

- Ça ne m'étonne pas. Il m'a demandé mon autorisation et je la lui ai donnée. Il t'a dit que je voulais parler de mes cauchemars à quelqu'un ?

- Oui, et de préférence à quelqu'un que tu ne connais pas.

Harry se sentit mal à l'aise. Sirius s'en aperçut et lui sourit :

- Je ne l'ai pas mal pris, si c'est ce qui t'inquiète.

- Tu pourrais, pourtant.

- Non parce que je te comprends. Je serais pareil à ta place. Et puis je t'avoue que je ne saurais pas quoi te dire pour te rassurer. Au début je n'étais pas favorable à cette idée mais Remus a fini par me convaincre. Nous pensons que le mieux serait que tu vois un psychomage.

Harry haussa les sourcils.

- Un quoi ?

- Un psychomage. Tu ne sais pas ce que c'est ?

- Je n'en ai surtout jamais entendu parler. C'est comme un psy chez les moldus ?

- Euh... oui, d'après ce que m'a dit Remus. Il m'a prévenu que tu ne connaîtrais peut-être pas l'existence des psychomages. Tu pensais que les sorciers étaient exempts des problèmes mentaux, de dépressions et autres soucis de ce genre ?

- Je ne me suis jamais posé la question. Mais maintenant que j'y pense, cela me semble inconcevable que les sorciers ne puissent pas consulter de psychologue. Enfin, de psychomage.

- Tu serais donc d'accord pour en voir un ?

- Je ne sais pas. Ça me fait un peu peur, je crois.

Sirius sembla hésiter avant de lâcher :

- Je ne te l'ai pas dit mais... je consulte moi-même une psychomage.

Harry écarquilla les yeux.

- Sérieux ? Mais... depuis quand ?

- Depuis qu'un certain loup-garou m'y a forcé la main.

- Tu t'es laissé amadouer ? se moqua Harry.

- C'était la seule solution pour qu'il accepte de s'installer ici, se défendit Sirius.

Harry regarda attentivement son parrain.

- Visiblement, il a eu raison de t'y pousser. En arrivant ici j'aurais pu m'attendre à te voir instable, angoissé ou nerveux, mais pas du tout. Tu as l'air relativement calme. Bien sûr, ça se voit que tu es sur tes gardes par moment, tu le seras peut-être toujours mais tu n'as rien de quelqu'un qui a passé douze ans à Azkaban et qui tente de s'en remettre seul. J'aurais dû me douter qu'il y avait un psychomage là-dessous. Enfin, plutôt une psychomage, d'après ce que tu m'as dit. Tu penses que je pourrai avoir la même ?

- Ça m'étonnerait. Elle est plutôt spécialisée dans les traumatismes des adultes. Ce qu'il te faudrait c'est plutôt quelqu'un qui s'occupe des ados. Ça va être assez compliqué à trouver mais il doit bien en exister. Et puis Remus m'aidera à chercher.

- Laisse-le d'abord se remettre de la pleine lune, grimaça Harry.

- Je veux te trouver un psychomage au plus vite. Il est temps que tes cauchemars cessent. Remus m'a d'ailleurs dit que tu voulais avoir des potions de sommeil sans rêves.

- Oui mais apparemment ça ne s'achète pas comme on achèterait un philtre de paix.

- En effet, il faut une ordonnance.

- Ah, je me disais, aussi. Est-ce que le psychomage pourra m'en donner une ?

- C'est même le seul qui est habilité à le faire. Enfin tu peux aussi en obtenir auprès d'un médicomage mais il doit obligatoirement avoir un diplôme de psychomagie.

- Mais Mme Pomfresh m'a pourtant déjà donné des potions de sommeil sans rêves. Et je ne pense pas qu'elle ait un diplôme de psychomagie...

- À l'infirmerie ces potions sont faiblement dosées. Ce qu'il te faut, là, c'est quelque chose de beaucoup plus fort. Mais si tu étais à Poudlard, Mme Pomfresh ne pourrait pas te donner ce dont tu as besoin. À part si tu lui donnais une ordonnance valable.

- Oh... je n'en savais rien.

- C'est normal, on ne vous dit rien, à Poudlard, s'agaça Sirius. On vous donne des potions de sommeil sans rêves en vous laissant croire que vous pouvez en avoir comme ça, à la demande, alors qu'il n'en est rien. C'était pareil de mon temps. Mais ça encore ce n'est rien. Il y a plein de choses qu'on devrait vous enseigner et qu'on ne vous enseigne pourtant pas. Il faudrait que ça change.

- Va voir Dumbledore et dis-le-lui. Propose-lui ton propre programme !

- Il n'en tiendrait pas compte. Il a un peu trop tendance à croire qu'il a tout le temps raison. Enfin bon, je ne devrais pas le critiquer.

- Tu as le droit, dit Harry, perplexe. C'est ce qu'on appelle la liberté d'expression.

- Je sais mais il vaut quand-même mieux que je me restreigne.

- Pourquoi ?

- Parce que je ne dois pas t'influencer.

Harry plissa les yeux.

- C'est fou comme j'ai l'impression de te servir de prétexte, tout à coup. Tu me caches quelque chose, j'en suis sûr. Mais bon, j'imagine que ça fait partie des choses que je ne dois pas savoir.

- Tu sauras bientôt, Harry.

- Donc j'ai raison ! Je le savais. Je ne vais pas insister pour savoir, ne t'inquiète pas. Tu voulais me parler d'autre chose ?

- Oui mais c'est plus général. Ça attendra. En fait Remus m'a conseillé de te faire parler sur ton enfance chez les Dursley. Mais ça va sûrement faire un peu trop pour aujourd'hui.

- En effet. Surtout que je n'ai rien de spécial à dire là-dessus.

- Vraiment ? Tu as quand-même passé quatorze ans chez eux.

- Et alors ? Tu veux que je te les raconte jour par jour ? Je suis censé retourner à Poudlard le premier septembre, c'est-à-dire dans sept semaines, on n'aura jamais assez de temps.

Sirius soupira.

- Je ne te demande pas de me faire un récit aussi détaillé. J'estime juste qu'il y a des choses que je dois savoir. Si ça se passait mal tu dois me le dire. Tu m'as raconté ce qui s'est passé lors de tes deux premières années à Poudlard mais tu ne m'as rien dit sur ton enfance. Remus m'a dit qu'il t'avait trouvé particulièrement maigre durant l'année où il a enseigné à Poudlard. Comme si tu n'étais pas suffisamment nourri. Était-ce le cas ?

- Je ne vois pas en quoi c'est important que tu le saches. Je suis ici, désormais. Je n'aurai plus à retourner chez les Dursley maintenant que tu as ma garde et que Voldemort n'est plus là.

- Peu importe. Si tu as été maltraité je dois le savoir. Tu ne peux pas me cacher ce genre de choses. Je suis responsable de toi, à présent. Tu dois me faire confiance. Je dois connaître le maximum de choses sur toi. Est-ce que tu comprends ?

- Oui, répondit sincèrement Harry. Mais je n'ai pas envie d'en parler là, tout de suite, maintenant

- D'accord, je n'insiste pas, alors. De toute façon on a dit que ça ferait trop pour aujourd'hui. On verra ça plus tard. Le plus important, pour le moment, c'est que tu vois un psychomage. Enfin, si tu veux bien. Tu ne m'as toujours pas dit si tu étais d'accord.

- Je croyais que tu n'étais pas «favorable à cette idée» ?

- Je la voyais surtout comme un dernier recours. Je ne veux que ton bien. Alors si c'est ce qu'il te faut, je suis prêt à l'accepter. Mais est-ce que toi, tu es d'accord ?

- Oui. J'en ai marre de ces cauchemars. Je veux qu'ils s'arrêtent. J'espère qu'en parler avec un psychologue sera efficace. Sinon il ou elle pourra toujours me donner des potions de sommeil sans rêves.

- Ça ne doit être qu'une solution à court terme, Harry. Tu ne dois pas en prendre sur une trop longue durée. Tu risques d'en devenir dépendant. Et au bout d'un moment ça ne fera plus effet. Mais la personne que tu verras t'expliquera tout ça. Je vais commencer à chercher un psychomage qui a bonne réputation. Je veux que tu sois suivi par le meilleur.

- Ça m'aurait étonné, s'amusa Harry. Tu as le don pour exagérer les choses.

- Je n'exagère rien du tout, répliqua Sirius. Mon filleul mérite ce qu'il y a de mieux et c'est mon devoir de parrain d'y veiller.

Harry ne put s'empêcher de sourire. Il repensa alors à ce que lui avait dit le professeur Lupin le soir où il l'avait réveillé de son cauchemar. Sirius sera toujours là pour toi, maintenant. Il avait sûrement raison. Sirius faisait tout pour le rendre heureux. Harry s'en voulut de ne pas réussir à lui parler. Il devait faire un effort. Pour la première fois de sa vie, quelqu'un lui proposait de parler de ce qu'il avait vécu chez les Dursley. Quelqu'un était prêt à l'écouter. Quelqu'un était prêt à le croire. Quelqu'un était prêt à le soutenir. Quelqu'un était prêt à l'aimer, tout simplement. Comme il aurait du l'être par les Dursley. Comme il ne l'avait pourtant jamais été. C'était une chance inouïe, pour lui. Il devait la saisir. Il devait en profiter. Il eut de nouveau peur que Sirius prenne son refus de parler comme un manque de confiance. Il ne voulait pas que Sirius croit qu'il ne se sentait pas bien avec lui. Parce que c'était tout le contraire. Il était heureux d'être avec son parrain. Il pouvait au moins le rassurer à ce sujet, même s'il n'était pas encore prêt à parler.

- Sirius ? dit-il timidement.

Son parrain leva la tête.

- Oui ?

- Euh...

Ah bah non, même ça, il ne pouvait pas. Il était vraiment un cas désespéré. Mais il était un Gryffondor, bon sang ! Il prit son courage à deux mains et se lança.

- Je suis content d'être avec toi. Même si cette maison est franchement glauque, je m'y sens bien. Parce que tu es là. Avec moi.

Eh bien voilà, ce n'était pas si compliqué que ça ! Sirius le regarda, l'air à la fois surpris et ému. Surtout ému. Harry décida de continuer sur sa lancée.

- Je voulais te dire aussi que j'ai confiance en toi. Si je ne veux pas me confier sur mon enfance chez les Dursley c'est simplement parce que je ne suis pas prêt. Tu te doutes déjà que je n'ai pas été très heureux et je le confirme. C'est justement parce que mon enfance a été difficile que j'ai du mal à en parler. Il me faut juste du temps.

Sirius acquiesça.

- Je comprends. Je te promets de te laisser tranquille avec ça jusqu'à ce que tu te sentes apte à aborder le sujet.

- Ça va venir vite, affirma Harry. J'aimerais te dire le maximum de choses avant la fin des vacances. Ça va être compliqué parce que ça ne nous laisse qu'un mois et demi mais je vais avoir le temps de te dire le principal.

Sirius sembla sur le point de dire quelque chose mais il se ravisa.

- Tu me diras ce que tu pourras, dit-il en souriant. Ça te va comme ça ?

Harry hocha la tête.

- Allez, mange encore un petit pain.

Harry éclata de rire.

- J'en ai déjà mangé trois !

- Oui bah un de plus ne te fera pas de mal. Tu as vraiment besoin de reprendre du poids.

- Je sais, tout le monde me le dit, grommela Harry.

Sirius esquissa un sourire.

- Sujet sensible ?

- Voilà.

- Bien, je n'insiste pas. Mais je compte bien te remplumer pendant les vacances !

- Ça je t'y autorise, rit Harry. Avec le professeur Lupin qui te coache super bien, je suis sûr que d'ici la fin du mois d'août je vais avoir pris dix kilos !

- Tu comptes vraiment l'appeler «professeur» pendant toutes les vacances ?

- C'est facile pour toi de te moquer, répliqua Harry. Ce n'est pas toi qui est à ma place. Tu peux bien me laisser du temps, non ?

- Tu me dis ça à chaque fois. Ça commence à faire long. Remus ne te dit rien mais je suis sûr que ça l'agace, lui aussi. Mais tu vas l'appeler Remus avant la fin des vacances, tu peux me croire.

- C'est toujours beau d'espérer. Mais tu vas te casser les dents.

- Ne sous-estime jamais un Black, Harry. Les gens de cette famille sont beaucoup plus coriaces que tu ne le crois.

Harry haussa les épaules, feignant l'indifférence. Mais il savait, au fond de lui, qu'il devait se méfier de Sirius. Il avait quand-même réussi à s'échapper d'Azkaban ! Forcer son filleul à appeler son ancien professeur par son prénom devait largement être dans ses cordes. Mais Harry ne comptait pas se laisser faire. Il était quelqu'un de têtu et il comptait bien le prouver à Sirius !