Disclamer : L'histoire et Harry Potter ne m'appartiennent pas
Titre : The Long Road Home
Auteur : Penelope Muir
Traducteur : Ange Phoenix
Résumé : Voldemort avait choisi Neville mais les Potter ne s'en sortirent pas indemnes. Regulus Black survit à la guerre et créa une Fondation pour réparer les dommages infligés par Voldemort. Cinq ans plus tard, Lily Potter, nouvelle employée, revint dans la vie de Severus Snape. Les choses étaient sur le point de se compliquer.
Bêta : Antidote
Avancé de la fanfiction originale : 170 chapitres, terminée
Autorisation : J'ai l'autorisation de traduire toutes les fanfictions de l'auteure
The Long Road Home
Chapitre 1
Septembre 1986...
Une explosion éclata au milieu de la pièce.
Severus se précipita vers le bureau de l'étudiant, ses robes noires flottant derrière lui, reflétant parfaitement sa fureur.
« Dearborn », grinça-t-il, en colère, alors que le troisième année, terrifié, se relevait du sol et se recroquevillait sous le regard du professeur de potion : « Expliquez-vous. »
« Euh... euh... » bégaya le garçon, visiblement plus pétrifié que jamais, remarqua Severus. Il roula des yeux et agita sa baguette, nettoyant instantanément le désordre, et il se détourna, retournant vers son bureau.
« Dix points en moins pour Poufsouffle. Et vous devrez écrire un essai décrivant tout ce que vous avez fait de mal dans cette préparation pour vendredi. »
Il entendit le garçon pousser un soupir irrité et dirigea vers lui des yeux sombres. Le garçon se redressa aussitôt et hocha immédiatement la tête.
Severus soutient le regard de l'élève pendant un moment avant de jeter un coup d'œil au reste de la classe, qui l'observait maintenant fixement. Il leva un sourcil — « Eh bien ? » — et la classe recommença à travailler sur leurs potions.
Severus secoua la tête devant l'idiotie de ses élèves et se demanda, une fois de plus, pourquoi il s'était donné la peine de rester dans la profession d'enseignant. Cela faisait cinq ans — plutôt agréable, s'il devait se l'avouer à lui-même — que le Seigneur des Ténèbres était tombé et pourtant, voilà. Il suivait toujours les ordres de Dumbledore.
Était-ce la gratitude qui l'avait poussé à rester ? Était-ce que dû au fait qu'il avait promis à Dumbledore de protéger Neville Londubat ? Après tout, il lui était reconnaissant. D'un seul coup, le Seigneur des Ténèbres avait disparu et la menace qui pesait sur Lily également. Il n'avait pas pu faire autrement que de se jeter sur le vieil homme par gratitude et de lui promettre une loyauté éternelle lorsqu'il avait appris le sort de son vieux maître.
Mais Dumbledore s'était empressé de mettre un frein à son ivresse, l'avertissant que le Seigneur des Ténèbres reviendrait — reviendrait ? – . Dumbledore n'avait pas expliqué comment il pouvait en être ainsi. Mais il n'avait pas besoin de le faire. Severus avait ses propres soupçons, après tout, et lesdits soupçons avaient été confirmés plus d'un an plus tard lors d'une conversation avec Regulus, lorsqu'il lui avait révélé les vraies raisons pour lesquelles le vieil homme lui avait offert sa déclaration publique — une déclaration assez cruciale pour mener à l'effondrement du procès contre lui — affirmant la loyauté de Regulus envers la lumière. Il s'était en effet rendu à Dumbledore avec des informations sur l'horcruxe.
Cet horcruxe avait maintenant été trouvé et était actuellement enfermé dans un endroit inconnu, car ni Regulus ni Dumbledore ne savaient comment le détruire. Pour autant que Severus le sache, l'objet pourrait très bien se trouver entre ces mêmes murs — c'était le scénario le plus probable, que Dumbledore choisisse de le garder à proximité — et Severus avait presque frissonné à cette idée.
« Excusez-moi, professeur ? » dit une jeune voix timide à ses côtés.
Severus jeta un coup d'œil à la jeune fille près de lui, « Mlle Tonks ? »
Elle leva son bras et lui montra l'intérieur de celui-ci, révélant une vilaine marque de cloques qui commençait à se développer. Il la fixa avec horreur pendant un moment avant de prendre son bras avec douceur ; son ton, cependant, n'était pas aussi doux ; « Comment est-ce arrivé ? »
« Euh... quand la potion a explosé, monsieur », déclara-t-elle, s'efforçant également de le regarder.
« Vous auriez dû me le dire immédiatement », répliqua-t-il d'un ton sec, « Dearborn, escortez Mlle Tonks à l'infirmerie et expliquez à l'infirmière pourquoi elle y a été envoyée. »
Il lança un regard désapprobateur au garçon, avant de s'adresser au reste de la classe : « S'il y a d'autres blessures, veuillez les signaler maintenant. » Il attendit un moment et, comme il ne reçut pas de réponse positive, il fit un signe de la main : « Continuez. »
Idiots !
Les enfants le rendaient vraiment fou parfois. À treize ans, ils devraient savoir que les blessures magiques, en particulier celles qui impliquaient des potions inconnues, devaient être vérifiées immédiatement.
Et la dernière chose dont il avait besoin était qu'Andromeda Tonks lui saute au cou la prochaine fois qu'ils se rencontraient — assez rapidement, si son emploi du temps était précis — et lui reproche de ne pas avoir gardé un œil sur sa fille — qui s'était avouée incroyablement maladroite.
Quelques instants plus tard, la classe faisait la queue pour livrer des échantillons de leurs potions et quittait la salle de classe.
Severus observa les flacons sans enthousiasme. La nuit allait être longue.
Il avait déjà un certain nombre d'articles à lire concernant la Fondation Aurelius et, pour couronner le tout, le nouveau projet devait démarrer dans un peu plus d'une semaine. Pour l'instant, il avait à peine eu le temps de se documenter sur les recherches nécessaires à première réunion. D'après ce qu'il avait entendu de la part des autres membres, le projet était à peine prêt à commencer à la date prévue. Eugene Hopkins — toujours aussi en retard — n'avait même pas encore commencé le processus de sélection des candidats à la bourse. Il ne faisait aucun doute qu'il se retrouverait bientôt impliqué dans cette tâche.
Dans les prochaines quarante-huit heures, si l'on se fiait aux précédentes expériences, Severus serait rapidement bombardé de candidatures pour la Bourse de Médicomagie Avancée, avec une excuse d'Eugène quant à la lourdeur de sa charge de travail — ce satané patron, quel tyran ! – et ainsi commencerait une chasse effrénée pour leur prochaine poignée de boursiers. Il sourit, se souvenant de la tactique d'Hopkin l'année précédente, lorsqu'ils s'étaient lancés dans le projet Libius — ne voulant pas s'imposer à nouveau à Severus, alors qu'il l'avait déjà fait, si souvent cette année-là —, le vieux médicomage avait simplement pris une candidature au hasard ; s'était lancé, sans même lire l'essentiel, et avait accepté le sorcier.
Il l'avait regretté, comme tous les autres.
Franchement, Severus ne voyait pas pourquoi ils s'embêtaient à prendre des boursiers. Surtout lorsqu'il s'agissait de projets comme celui-ci, dont l'orientation était très délicate et qui ne serait en aucun cas achevé au moment où le boursier arriverait au terme de son contrat. Severus était tout à fait prêt à passer les prochaines années à travailler sur ce projet — ça changerait la donne, si jamais cela fonctionnait.
Mais s'il était honnête, il était également prêt à échouer dans cette entreprise, aussi enthousiaste qu'il puisse être quant à ses implications. Ce n'était pas, bien sûr, impossible, mais c'était suffisamment improbable pour que ses attentes soient faibles.
L'inversion des dommages infligés par le doloris... était… et bien, c'était quelque chose que les chercheurs avaient essayé de faire — ils avaient échoué — et ils cherchaient des traitements depuis des années, des décennies maintenant, sans succès. Même avec l'intérêt accru dans ce domaine, suite à la guerre.
Quelques instants plus tard, ses pensées furent interrompues, alors que sa classe d'ASPICs, une classe de Serpentard et de Gryffondor, commençait à affluer dans la salle. Avec un soupir résigné et silencieux, il repoussa toute pensée concernant ses activités extra-scolaires.
« Albus, » soupira Lily avec exaspération, « Vous devez comprendre les raisons pour lesquelles je vous demande ça. »
Cela faisait presque une décennie qu'elle avait quitté Poudlard et, bien qu'elle ait servi avec lui dans l'Ordre pendant la guerre, Lily ne pouvait toujours pas s'empêcher de le considérer comme son vieux et sage directeur d'école. C'est pourquoi elle ne l'appelait qu'en de très rares occasions autrement que « professeur Dumbledore ». Cependant, à ce moment précis, elle était prête à mettre de côté toute forme de politesse et à supplier le vieil homme de l'aider.
Dumbledore la regarda un instant avant de jeter un nouveau coup d'œil aux documents qu'elle lui avait remis au début de leur rencontre : « Lily, vous n'êtes pas du tout qualifiée pour ce poste ».
« Mais avec votre soutien... »
« Ah, mais mon approbation ne serait pas d'une grande aide dans ce cas, » interrompit-il, « Car que sais-je de ces choses ? »
Lily le regarda fixement, sentant sa frustration atteindre son paroxysme, « Vous êtes l'un des sorciers les plus estimés de tous les temps. Je suis sûre que votre approbation signifiera quelque chose pour ma candidature. »
Le vieux sorcier l'observait presque avec amusement nota-t-elle furieuse.
« Vous devez comprendre la compétitivité de ces programmes », avait déclaré Dumbledore au début de leur rencontre.
Elle s'était sentie pousser des cris d'indignation. Elle avait certainement l'expérience de vie nécessaire, la détermination et la motivation pour réussir. Et bien que, oui, elle soit peut-être sous-qualifiée, il n'était pas rare que des sorciers et des sorcières passent directement de l'apprentissage de la médicomagie à la formation de chercheur. Aussi improbable que soit son acceptation, cela valait quand même la peine de postuler — il n'y avait certainement rien à perdre — et avec l'approbation de son ancien directeur, les chances qu'elle réussisse étaient d'autant plus élevées.
« Albus, quel mal pourriez-vous faire en approuvant ma candidature ? »
« Ce n'est pas le mal que je pourrais faire qui me préoccupe », répondit-il en la regardant intensément.
Elle soupira, sentant le peu d'énergie qu'elle avait pu avoir la quitter. Devait-elle toujours mener cette bataille seule ? Personne ne comprenait-il pourquoi elle devait faire cela ? Elle avait déjà eu d'innombrables discussions avec Sirius et Remus au sujet de la Bourse ; aucun d'eux n'était heureux à cette idée et aucun ne lui avait offert son soutien.
Elle ne ressentait pas le même désespoir que celui qu'elle avait ressenti cinq ans auparavant. Ces temps plus sombres, où elle ne pensait qu'à James, à tout ce qu'ils avaient perdu et à la façon de le récupérer.
Ce désespoir l'avait quittée quand Harry, à l'âge de deux ans, avait commencé à lui demander pourquoi elle n'était jamais à la maison. Il ne fallait pas que son fils les perde tous les deux. Alors, elle avait arrêté ses recherches frénétiques. Mais elle vivait toujours dans l'espoir que son mari pourrait, un jour, leur revenir. Et cela, précisément, était l'une des choses qu'elle pouvait faire pour aider à faire de cet espoir une réalité. Après tout, il était nécessaire qu'elle fasse un internat avant d'être pleinement certifiée en tant que médicomage et, bien qu'une bourse soit nécessairement accordée par la suite, cela ferait d'une pierre deux coups. Elle deviendrait médicomage — l'objectif mineur de son choix de carrière, elle était prête à l'admettre — et elle le ferait d'une manière qui resterait fidèle à l'objectif réel qu'elle s'était fixé, ces années auparavant : épuiser toutes les pistes possibles pour réunir sa famille.
Peut-être qu'à la fin de la bourse, Harry et elle pourraient retrouver James.
Lily soupira : « Je suis fatiguée, Dumbledore. Je suis fatiguée de me battre, pas seulement pour mon mari, mais contre tous ceux qui prétendent se soucier de moi. Vous, Sirius, Remus, » elle secoua la tête, « Si vous vous souciez vraiment de moi, vous me soutiendriez. Comprenez un peu pourquoi je vous demande ça, monsieur, » lui lança-t-elle d'un air puéril, mais c'était plus fort qu'elle, « Ce n'est pas comme si je vous demandais une si grande faveur, après tout. »
Les yeux de Dumbledore pétillèrent légèrement et elle vit sa lèvre se retrousser devant son attitude provocante. Après l'avoir regardée un moment, pendant lequel elle était sûre que sa vision s'était troublée pendant un instant, il se pencha en arrière.
« Très bien, Lily. »
Elle se redressa avec une excitation enfantine, les yeux écarquillés.
« Je vais approuver votre demande », elle allait le remercier, mais il continua : « Mais je dois vous avertir : ne soyez pas trop impatiente. Comme je l'ai dit, mon approbation n'est pas une garantie que vous serez acceptée. »
Lily roula des yeux, sa joie précédente étant diminuée avec succès par le pessimisme du vieil homme ; « Merci, Professeur. »
Si elle était reconnaissante, elle éprouvait également un sentiment de profonde irritation en retournant à la maison qu'elle partageait avec Sirius et Harry ce soir-là.
Elle en avait vraiment assez de se battre. Elle était fatiguée de tous les regards inquiets, des fréquentes disputes qu'elle devait endurer avec ses amis — et pas seulement avec ses amis, mais aussi ceux de James —, eux, parmi tous, devraient comprendre. Et elle était fatiguée des questions de Harry, de ses fréquentes allusions à son père comme s'il n'était plus là. Parce que Sirius avait fait en sorte que, même si elle ne l'accepterait jamais, son fils l'accepterait. Et ça l'avait rendue furieuse quand elle l'avait découvert.
« Ce n'est pas juste de donner de faux espoirs à un petit garçon », lui avait grogné Sirius pendant la dispute qui avait suivi. Une dispute qui avait été suivie d'une autre, tout aussi passionnée, lorsque Remus lui avait dit qu'il pensait la même chose. Bien que Remus, au moins, ait eu la courtoisie de s'occuper de ses affaires. Ainsi, bien qu'il lui ait fait part de sa désapprobation, il n'avait pas pris la peine d'informer son fils qu'il ne retrouverait probablement jamais son père.
La seule chose dont Lily pouvait être reconnaissante était que Sirius avait, apparemment, commencé à s'assurer que Harry le sache dès son plus jeune âge. C'est-à-dire qu'il était assez jeune pour ne pas vraiment comprendre ce que son parrain lui avait dit. Ainsi, le fait que son père ne soit pas impliqué dans sa vie et qu'il soit actuellement à Ste Mangouste était devenu une normalité pour lui et elle n'avait jamais vraiment eu à le lui expliquer. Elle en était reconnaissante ; elle supposait qu'il était préférable qu'il ne s'attende pas à ce qu'il revienne et qu'il soit surpris, plutôt que d'attendre constamment que son père passe la porte.
« Maman, regarde ! » Son fils de six ans la repéra dès qu'elle entra dans la maison et il se mit à voler vers elle sur le nouveau balai que Sirius lui avait acheté.
Elle sourit lorsqu'il sauta et la salua en la serrant dans ses bras : « Où étais-tu ? ».
« J'étais à Poudlard. »
Ses yeux s'illuminèrent immédiatement : « C'est l'école où je vais aller, n'est-ce pas ? ».
« C'est vrai », acquiesça-t-elle en enlevant sa cape. « Où est oncle Sirius ? »
« Dans la cuisine avec oncle Remus », dit Harry, désintéressé, en remontant sur son balai.
« Avec Remus ? » répéta-t-elle, surprise.
« Oui. Ils ont dit que c'était privé — » Harry fit la grimace « — Mais ils parlent de toi, de toute façon, alors ça n'a pas d'importance si tu y vas », ajouta-t-il, innocemment, alors que son balai décollait du sol.
Lily roula des yeux. C'était assez évident de savoir de quoi ils parlaient alors.
Elle entra dans la cuisine sans frapper, les deux personnes de l'autre côté de la porte se taisant immédiatement — leurs expressions de culpabilité étant évidentes — avant d'afficher des sourires forcés.
« Ça va, Lily ? » la salua Sirius, « Je ne t'ai pas entendu entrer. »
Remus leva une main, son sourire devenant authentique, en signe de reconnaissance : « Salut Lily. »
« Hé, Remus », elle sourit, « Comment te sens-tu ? »
« Bien », répondit-il, rapidement, avec un regard en direction de la fenêtre, avant de revenir vers elle, « Et toi ? ».
Lily hocha la tête, levant un sourcil arqué : « Bien aussi. »
« Comment ça s'est passé avec Dumbledore ? » Sirius était allé droit au but, sans se laisser aller à la tactique des fausses civilités de Remus : « Il a accepté de le faire ? »
Remus et lui l'avaient regardé avec une curiosité non dissimulée.
« Oui, il a accepté », c'est tout ce qu'elle offrit, en se dirigeant vers la cuisinière, « Est-ce que l'un d'entre vous voudrait un peu de thé ? ».
« Non, merci », répondit poliment Remus, tandis que Sirius lui jetait un regard noir.
Lily se mit à en préparer un pour elle-même, bien qu'elle n'en ait pas vraiment envie de toute façon.
« A-t-il dit autre chose ? » demanda Remus, quand Sirius leva un sourcil vers lui - de toute évidence, il voulait impliquer Remus dans son « combat » de ce soir.
Lily soupira, « Comme quoi ? »
« Comme — "pourquoi ?" » dit Sirius en se penchant sur sa chaise, visiblement trop impatient à cause du tact de Remus pour le laisser continuer.
Lily secoua la tête ;
« Non. Je suis désolée de te décevoir, Sirius, mais il ne l'a pas fait. »
« Lily — »
« Remus, » l'interrompit-elle et elle se tourna pour lui faire face, « Je ne suis vraiment pas d'humeur. Je ne vais pas me lancer là-dedans avec vous deux ce soir, » elle les observa l'un après l'autre, « Vous pensiez vraiment que vous liguer contre moi, comme avec une sorte de stratégie, m'empêcherait de faire ça ? »
« Lily, » Remus se pencha en avant, lui parlant avec une rare insistance, « Cela fait cinq ans. Il est... il est temps de passer à autre chose. Tu as mis ta vie en attente assez longtemps. »
Lily croisa ses bras sur sa poitrine, « Ce n'est pas comme si je ne vivais pas, Remus. J'ai un fils. J'ai des amis. J'ai presque terminé ma formation. »
« Oui, une formation qui a été entreprise à cause de ce qui est arrivé à James », rétorqua Remus, « avec l'intention de le ramener ».
« Ça a peut-être commencé comme ça, mais je ne suis pas indifférente à ce que je fais, » raisonna-t-elle ; « J'ai arrêté de me concentrer uniquement sur le problème de James il y a plus d'un an. Je suis passée à autre chose, du mieux que je peux. Et ce n'est pas à vous — aucun de vous — de décider pourquoi j'ai choisi de vivre ma propre vie, » elle ne pouvait pas croire qu'elle était, encore une fois, en train de se défendre devant eux ; « Et, compte tenu des circonstances, il serait stupide de ma part de ne pas essayer d'obtenir une place dans cette bourse. »
« Lily — »
« Sirius, » l'arrêta-t-elle, « S'il te plaît. Essaies-tu de me dire que si tu avais la chance de... de découvrir quelque chose qui pourrait l'aider ; d'être impliqué dans quelque chose qui pourrait éventuellement le ramener, tu ne la prendrais pas ? »
Sirius était silencieux et elle savait qu'elle l'avait touché. Elle jeta un coup d'œil à l'autre homme ;
« Et toi, Remus ? »
« Tu prends chaque décision en fonction de ce que tu penses que James voudrait. Tu agis comme s'il était... »
« Comme s'il était quoi ? » demanda-t-elle, à voix basse.
« Comme si... comme si c'était sûr qu'il allait revenir, » élabora Sirius, « Écoute, je ne dis pas que c'est impossible. Mais... » il hésita un instant, « Mais tu ne peux pas vivre chaque jour en t'attendant à ça, Lily. Tu ne peux pas. »
Lily soutint son regard un moment, mais, sachant qu'elle n'avait pas l'énergie pour entrer dans une discussion plus profonde, elle secoua juste la tête et se détourna. Elle avait fait de son mieux pour vivre sa vie ; elle appréciait toujours la vie.
Même ainsi, elle savait qu'ils avaient raison — bien qu'elle ne l'admettrait jamais — au fond d'elle-même, elle savait qu'elle ne pouvait pas prendre chaque décision en fonction de ce qu'elle pensait que James voudrait. Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle l'avait fait pendant si longtemps. Elle avait cru pendant si longtemps qu'il reviendrait.
Elle ne savait pas comment faire face à la situation.
Alors elle continua et refusa tout simplement d'y croire.
Les soupçons de Severus s'étaient avérés exacts dans une certaine mesure.
Eugène n'avait pas choisi ses candidats pour la Bourse. Cependant, il l'avait surpris en ne lui demandant pas encore d'examiner les candidats pour lui. Il errait actuellement dans le bureau du vieux sorcier, attendant de nouveaux articles qu'ils devaient étudier avant le début du projet et — à ce stade — devenait plus qu'impatient. Il jeta un coup d'œil à l'horloge, confirmant que, oui, il attendait depuis presque vingt minutes.
Il avait presque envie de partir.
Une photo émouvante était accrochée au mur : une femme d'environ son âge entourait de ses bras deux jeunes filles qui lui souriaient et lui faisaient signe. Severus faillit rouler des yeux. Son propre bureau ne contenait pas de tels objets ; des livres, des parchemins, de l'encre et des plumes. Le travail n'était pas un endroit pour la sentimentalité.
Il jeta un coup d'œil aux demandes de bourse qui reposaient sur son bureau et les prit avec curiosité, décidant de jeter un coup d'œil aux différents collègues potentiels avec lesquels il allait travailler. La plupart de ceux qu'il lisait étaient des sorciers plus âgés qui avaient depuis longtemps terminé leur internat ; seuls quelques-uns étaient jeunes et nouvellement qualifiés. De toute évidence, ils étaient parfaitement conscients que l'expérience, plutôt que les qualifications, était un aspect tout aussi important du projet — plus même — et que peu d'entre eux en disposaient à leur âge.
« Mes excuses, Severus ! » dit Eugène en entrant dans la pièce et en examinant des papiers. Il les sépara et lui en tendit quelques-uns, « Voici les articles dont nous avons discuté. »
Severus les prit et les regarda brièvement, tandis que le vieux sorcier parcourait les papiers entre ses mains. Au bout d'un moment, Severus leva les yeux au moment où l'autre sorcier se moqua, et il le vit rouler des yeux.
Au regard interrogateur de Severus, il expliqua : « Demande de bourse. Sous-qualifié. »
Il la roula — en signe évident de rejet — et fit le tour de son bureau.
« S'ils sont sous-qualifiés, pourquoi accepter la demande ? » Severus s'est demandé à voix haute en prenant place de l'autre côté du bureau.
« Cette candidature a l'aval d'Albus Dumbledore. »
La tête de Severus se leva à ce moment-là. Il fronça les sourcils : « Dumbledore ? »
« Un autre de vos patrons, n'est-ce pas ? »
Severus hocha la tête et désigna la demande : « Puis-je ? »
« Je vous en prie — » Eugène la lui tendit ; « — bien sûr, je ne peux pas l'accepter. Elle n'a même pas terminé sa formation ! » dit-il en riant, « Je m'étonne que le vieux sorcier accepte... »
La voix d'Eugène s'était complètement éteinte alors que Severus fixait l'application devant lui. La demande de Lily Potter.
Lily !
Severus n'arrivait pas à croire ce qu'il voyait. Bien qu'il suppose que ce n'était pas vraiment une surprise qu'elle tente de gagner une place dans le projet. Vu les circonstances de sa famille...
Severus chassa de son esprit les pensées désagréables de James Potter et continua à lire le dossier de candidature ; la déclaration personnelle entrait dans les détails de son expérience des séquelles du doloris, non seulement la situation avec Potter, mais aussi les effets à court terme qu'elle avait vécus pendant la guerre. Severus faillit rouler des yeux. Quel manque de professionnalisme que d'inclure des détails aussi intimes de sa propre vie dans le dossier de candidature. Mais Lily avait toujours été une idiote sentimentale qui croyait en la capacité de compassion des autres.
Il supposait qu'elle était aussi naïve que d'habitude.
« Je crois, » commença Severus, arrêtant Eugène au milieu de sa phrase, et sans vraiment penser à ce qu'il faisait, « que cette jeune femme pourrait être un ajout précieux à notre équipe. »
Eugène mit un moment à comprendre ce que Severus venait de dire, puis il fronça les sourcils, « Tu crois ? ».
Severus haussa un sourcil, avant d'agiter la main tenant la candidature, « Elle a certainement de l'expérience dans le traitement du genre de patients que nous allons rencontrer. »
« Mais, Severus, elle est sous-qualifiée ! »
« Comme vous l'avez dit, cependant, j'ai... autrefois connu cette sorcière », déclara-t-il, avec autant de détachement qu'il pouvait en avoir, « Nous étions à Poudlard ensemble. Elle était une étudiante plutôt impressionnante. »
Eugène le regarda d'un air sceptique : « Ce projet n'a rien à voir avec une scolarité à Poudlard. »
« Oui, mais je connais son caractère, » dit Severus, plus assuré cette fois-ci, « Elle est très déterminée à réussir, ce qui sera bénéfique dans ce projet. En plus de cela, il y aura sa détermination et son enthousiasme supplémentaires en raison de ses circonstances actuelles, » il agita une nouvelle fois sa main tenant les papiers une fois de plus, « Comme indiqué dans sa demande. »
Eugène resta silencieux, d'abord en continuant à le regarder, puis en semblant ne rien regarder pendant un moment.
Il se retourna vers lui et porta une main à son menton, avant de sourire, d'un air taquin : « Serait-ce possible ? Severus Snape serait-il en train d'offrir son soutien à cette jeune femme ? »
Severus, une partie de lui disant qu'il ne savait pas pourquoi il devrait être d'accord et l'autre le reconnaissant sans doute, haussa les épaules.
« Je suppose qu'on peut le voir de cette façon. »
Le sourire d'Eugène s'élargit encore. Il prit la demande des mains de Severus et y jeta un nouveau coup d'œil.
« Lily Potter », prononça-t-il à haute voix, comme s'il la jugeait, avant de lever les yeux vers Severus, « Vous êtes sûr de vous ? Nos collègues ne verront pas d'un bon œil que j'accepte une autre idiote », dit-il en faisant référence à sa précédente candidate.
Severus sourit légèrement à ce rappel avant de répondre avec assurance ;
« Je pense qu'elle est une candidate très compétente pour ce poste. »
Eugène baissa les yeux sur la candidature pendant un moment, avant de dire pensivement.
« Eh bien... je suppose que je serais idiot d'ignorer votre approbation et celle de Dumbledore... »
Après quelques secondes de plus à fixer le formulaire, Eugène fit un signe de tête décisif et leva les yeux au ciel : « Bien, je suppose que c'est réglé alors. Quel est la pire chose qui puisse arriver ? »
Qu'est-ce qui peut arriver, en effet ?
Et voici le premier chapitre. Je dois avouer que ça faisait un moment qu'il trainait dans mes dossiers, mais j'avais du mal à rendre ce chapitre fluide. Et franchement, je ne suis pas tout à fait satisfaite du résultat.
Mais comme toutes mes histoires, je vais les relire et si jamais quelque chose me gêne, je le modifierai.
