Yo !

Du coup cet OS est aussi dans le cadre du défi, comme le reste du recueil.

Les personnages de la peintre (Ursula) et de la sorcière (Kiki) viennent du film Kiki la petite sorcière. Il est impératif d'avoir vu le film pour lire ce drabble. Pas du tout mais allez regarder le film quand même. Il est beaucoup trop bien.

Jour 2 : Fusain

Les mains de sa prof

C'est salissant mais elle aime bien. C'est pas comme ça qu'elle a l'habitude de travailler. Elle préfère la couleur, et puis commencer de l'intérieur des formes. Elle ne fait pas de lignes.

Mais y a cette femme, dans son cours, qui a débarqué avec un sourire immense et les mains toutes noires. De la voir on se serait cru en été.

Elle avait un chiffon pendu à sa poche et elle s'est essuyé les mains dessus, mais ça partait pas.

Ça part jamais vraiment ? elle a dit. J'ai du mal avec la peinture en ce moment, alors ça fait des semaines que je fais du fusain, que du fusain. Et puis elle a ri.

Et Naminé s'est sentie rougir.

Les mains de sa prof, c'est quelque chose.

Elles sont pas délicates, y a des callosités de partout. Naminé lui a pas demandé, mais elle a fixé les doigts, la paume, quand elle est venue demander une correction de son croquis.

On dirait des mains de mineuse, hein ? Pas des mains de peintre.

Les mots, on aurait dit que c'était une insulte, mais comme elle les disait c'était joli. Et puis elle a souri, ri encore. Son rire, il est comme ses mains. Elle a étendu les doigts devant elle.

C'est parce que je travaille beaucoup en extérieur. L'été, je vis dans une cabane ! Tu pourrais venir, si tu veux.

Elle a proposé ça tout naturellement, comme si elles étaient amies. Naminé ne sait pas si elles avaient le droit. Mais elle a dit oui.

L'hiver a passé, puis le printemps. Le sol a gelé en avril, elle a attendu qu'il fasse bien beau pour prendre le train. Elle a trouvé la boulangerie, la petite cour et le grenier où habite une sorcière qui a son âge et qui travaille déjà.

Elles ont pris le bus, Kiki a beaucoup parlé. Elle a regardé la robe toute blanche de Naminé et elle a dit :

C'est drôle ! Tu es tout en blanc, à part tes mains qui sont noires de fusain. Et moi, je suis tout en noir, à part mes mains qui sont blanches à cause de la farine. On est complémentaires.

Parce qu'Ursula avait raison. Ça ne part pas, quand on travaille au fusain tous les jours. Ça partirait au bout de quelques jours si elle changeait de medium, mais elle ne veut pas. Tant qu'elle est loin de la peintre, elle veut porter ça. Comme une marque, un souvenir. Une bonne raison de fuguer.

Elle est là.

Allongée sur le toit, les bras écartés pour profiter du soleil qui passe à travers les arbres. Un carnet à côté d'elle, des fusains. Les mains noires.

Naminé sourit quand son fusain frotte le papier. L'été de ses quinze ans a passé comme un rêve, entre son premier amour, une sorcière et l'odeur de la peinture.

Elle se souvient les couleurs vibrantes, les lumières changeantes.

Mais comme un chemin sur la feuille, elle trace le souvenir au fusain.

.

.

.

Est-ce que Naminé crushe sur Ursula parce que je crushe sur Ursula ? Oui. Et quoi ?

Sur ce.