CHAPITRE TROIS
Mise en situations
La vapeur avait déjà envahi tout l'espace quand Nick ouvrit la porte de la salle de bain, et un parfum de fleur d'oranger flottait dans l'air. Judy l'attendait, l'eau cascadant sur ses épaules, et lui tendit une patte pour qu'il vienne plus près d'elle. « Comment puis-je avoir autant de chance ? » se demanda-il en la prenant dans ses bras. Elle le transperçait de ses grands yeux violets, et il y vit l'amour qu'elle lui portait, ainsi que le désir de le lui montrer.
Elle enlaça ses bras autour de la tête pour gentiment l'amener jusqu'à elle et l'embrasser tendrement. Malgré l'état d'excitation dans lequel ils étaient, Judy ne voulait pas le brusquer et laissa à Nick le temps de s'adapter. Elle comprenait les réticences de son renard et ferait tout pour le mettre à l'aise.
Les mains de Nick étaient hésitantes, et Judy rougit en sentant son membre durcit contre son ventre. Il avait envie d'elle, et cela fit monter encore plus le désir en elle. Mais elle se retint en voyant Nick se contracter pour se contrôler.
-Tout va bien, bébé, je suis avec toi, lui murmura-elle avant de lui embrasser l'oreille.
Judy n'avait jamais eu ce genre de rapports auparavant, et était bien en retard de ce point de vue que toutes les lapines qu'elle connaissait. Mais le renard faisait rejaillir en elle ses instincts primaires, et elle savait que c'est avec lui qu'elle voulait les partager.
Elle prit la patte de Nick dans la sienne et l'amena jusqu'à son cou, pour qu'il la caresse, avant de la faire descendre jusqu'à ses seins. La lapine n'avait pas la poitrine généreuse, et elle n'appréciait pas nécessairement son corps musclé et peu féminin, cependant elle se sentait belle aux yeux du mammifère qu'elle aimait, et terriblement sexy entre ses pattes.
Nick fit sortir une de ses griffes, et en passa délicatement la pointe sur le sein de Judy avant de le prendre à pleine patte. Elle sursauta légèrement lorsque la griffe passa sur son mamelon dur et sensible, et elle haletait déjà lorsqu'il fit descendre sa patte encore un peu plus bas. Nick ne la lâchait pas des yeux, attendant de savoir l'effet qu'il avait sur elle, en particulier pour éviter de lui faire mal. Il senti la chaleur émaner du visage de Judy, accompagné d'une odeur de désir sexuel si forte que tout les parfums du monde ne sauraient la masquer.
Lentement, sans dire un mot, Judy fit descendre la patte de Nick avec la sienne jusqu'à ce qu'il effleure son intimité. Nick hésita. Il n'osait pas aller plus loins, et commença à caresser l'extérieur de sa vulve en douceur, s'attardant sur son clitoris sans pour autant forcer. Les yeux à demi-clos, la lapine commençait à gémir et sa patte libre se resserrait sur la fourrure de Nick. Elle l'embrassa avec fougue avant de lui immobilier la patte. Elle le regarda alors dans les yeux, hocha lentement la tête avant de lui faire enfoncer ses doigts en elle.
Elle gémit plus fort, sa tête partant en arrière sous l'effet de ses doigts. Il était rentré sans effort tant elle était excitée. Nick s'immobilisa, de peur de lui avoir fait mal, avant qu'elle ne gémisse son nom à son oreille en ne commence à agiter son basin pour qu'il continue.
D'abord lentement il commença le va et vient, et senti l'intérieur de Judy se resserrer autour de ses doigts à mesure qu'il accélérait.
-Ohh, Nick, ne t'arrête pas…plus fort, gémit-elle en le serra contre elle.
De son autre patte il lui attrapa les hanches pour assurer une meilleure prise. La respiration de la lapine n'en fut que plus sonore.
Les doigts du renard étaient bien plus gros et fermes que les siens, et Judy sentait la force de son plaisir à travers les pattes de Nick qui la pilonnait. Jamais elle n'avait ressenti un plaisir aussi intense, et au fond d'elle-même elle savait que ce n'était que le début. Vu ce que Nick lui faisait avec une patte, elle n'osait imaginer l'extase que il la prendrait avec son membre.
À cet instant elle était une proie, Sa proie, et elle désirait plus que tout que son prédateur ne fasse ce que tout prédateur fait avec sa proie…
Nick sentait Judy se cambrer au fur et a mesure qu'il lui faisait du bien, et elle lui attrapa la nuque pour que son museau se retrouve dans son cou.
-Mords-moi, bebe, parvint-elle à articuler entre deux gémissements de plaisir.
Si la requête surprit Nick autant que Judy, le renard ne se le fit pas dire deux fois et ses instincts resurgirent lorsqu'il posa avec une délicate fermeté ses crocs autour de la gorge de Judy avant de serrer la mâchoire.
Dès que ses crocs entrèrent en contact avec sa chair, la lapine se cambra en arrière en poussant un cri puissant, et le renard retira immédiatement sa mâchoire, certain que ses crocs avaient entamés sa chair. Ce n'est que lorsqu'il sentit les fluides chauds de la femelle couler le long de son poignet, ainsi que l'intérieur de son intimité convulser autour de ses doigts, qu'il comprit qu'elle venait d'avoir l'orgasme le plus intense de sa vie.
Les yeux clos et la respiration saccadée, elle resta ainsi plusieurs secondes avant que ses jambes n'arrêtent de trembler et qu'elle puisse se remettre debout. Elle poussa un dernier gémissement lorsqu'il retira sa patte humide de son intimité avant de lui adresser un grand sourire. Il l'embrassa, faisant jouer sa langue avec la sienne, tandis que l'odeur de Judy imprégnait peu à peu ses narines.
-Nick…C'était…wahou c'était…dit-elle avec difficulté.
-Manifestement ça t'a plu mon cœur.
-Plus que ça…répondit-elle en posant sa tête contre le torse de Nick.
Elle se détacha de lui en contempla l'entrejambe du renard avec envie. Elle se retenait difficilement de lui grimper dessus pour faire rentrer son membre en elle. Elle le voulait, elle désirait que son renard la pénètre et fasse d'elle la sienne.
Elle posa les mains sur le torse de Nick, l'embrassa encore une fois avant de le repousser avec violence contre le mur de la douche.
-Qu'est-ce que tu fais, Carotte ?demanda-il un peu surpris.
-À ton tour…dit-elle d'un air sensuel en l'embrassant dans le cou.
Avec une infinité de baiser Judy embrassa chaque partie du corps de Nick, du haut de son cou jusqu'à son torse, son ventre, ses hanches, avant de se retrouver à genou devant le membre viril du renard.
Elle savait que la taille serait une différence non négligeable dans leurs rapports intimes. Pour une lapine, Nick était impressionnant, et Judy se surprit à penser que ça ne passera jamais en elle. Cependant cela faisait parti de Nick, et l'odeur puissante qui s'en dégageait lui donnait encore plus de pensées lubriques.
-Judy, tu n'es pas obligée de…
-Je sais. Je le veux. J'ai envie de faire plaisir au renard que j'aime, et c'est un juste retour des choses après ce que tu viens de me faire.
Elle mit ses mains à la base de son sexe. Déjà elle sentait le nœud du renard se former. Elle commença par poser ses lèvres sur le haut de son gland pour y déposer un baiser. Elle fit ensuite parcourir sa langue de haut en bas, comme pour le nettoyer, et déjà Nick poussait de petits grognements de satisfaction. Elle passa alors à la vitesse supérieure et le prit dans sa bouche. Les gémissements de Nick se firent plus forts à chaque mouvement de tête, et elle sentit les griffes du renard lui effleurer la tête alors qu'elle le rentrait de plus en plus profondément. Elle le prit jusqu'au fond de sa gorge, savourant l'effet qu'elle lui faisait et qui l'excitait elle aussi. Nick grogna de plaisir lorsqu'elle passa sa langue sur le bout de son gland, et ne put se retenir de lui agripper les oreilles quand elle le reprit en elle.
Elle adora ça. Elle ne put s'empêcher de mettre sa main libre sur son entrejambe et de commencer à se masturber tant le plaisir qu'elle ressentait à lui faire plaisir était important. Malgré ce que Nick lui avait fait, elle se savait proche d'un second orgasme, mais préférait se retenir jusqu'à ce qu'il puisse jouir en même temps qu'elle.
Judy sentit qu'il était proche quand elle eut le goût de son liquide pré-séminal dans la bouche et que nœud se resserra en remontant vers l'extrémité.
-Carotte, l'entendit-elle murmurer d'une voix douloureuse.
-Je te fais mal ?demanda-elle en s'arrêtant immédiatement et en le regardant.
-Pas du tout. Justement c'est que…dit-il en rougissant.
Judy lui sourit et raffermit sa prise au niveau de son nœud. Elle lécha le bout de son sexe sans le lâcher des yeux.
-Je veux que tu jouisse pour moi, bébé, dit elle d'une voix sensuelle avant de remettre ses lèvres autour de lui.
-Nom de Dieu, Carotte, tu vas me tuer, grogna-il alors que les mouvements de la lapine s'accéléraient.
En quelques mouvements la patte de Nick se crispa autour de ses oreilles, et elle sentit le nœud remonter jusque dans sa gorge tandis que son renard jouissait. Le goût du renard était meilleur que ce à quoi elle s'at tendait, un liquide sucré et un peu acide qui lui rappelait celui des baies et des fruits rouges. Elle adorait ça. Elle goûta la semence de son mâle dans sa bouche, avalant le liquide avec avidité, alors qu'elle aussi avait un long et puissant orgasme.
Les jambes de Nick ne le supportèrent plus, et il se laissa glisser lentement le long de la paroi de la douche pour arriver à son niveau. Alors qu'elle avalait avec délectation le précieux liquide il posa sur elle un regard interrogateur avec un grand sourire. Jamais de sa vie il n'avait ressenti un tel plaisir.
-Quelque chose ne va pas ?demanda Judy en surprenant son regard.
-C'était extraordinaire, Carotte. Je te savais pas aussi lubrique.
-Ça te dérange ?dit elle d'une petite voix un peu honteuse.
Si les lapins étaient réputés pour leur libido prononcée, Judy n'était pas en reste sur ses désirs et ses attentes, et le fait de s'être restreint tant d'années pour se consacrer à sa carrière n'avait fait qu'exacerber ses pulsions. Nick tendit immédiatement sa patte et la tira vigoureusement à lui pour la prendre dans ses bras.
-Pas du tout, Carotte, bien au contraire. Je suis juste un peu surpris.
Elle posa sa tête dans le creux de sons cou, endroit qui lui maintenant exclusivement réservé, avant de s'installer confortablement sur lui pour un câlin.
-Je peux encore vous surprendre, M. Wilde, ronronna-elle en posa un petit baiser sur son menton. Et attends un peu que je sois en chaleurs…
-C'est pour ça que je t'aime, mon cœur.
Elle lui sourit et l'embrassa. Il passa sa queue trempée autour d'eux comme dans un écrin protecteur.
-Moi aussi je t'aime, mon renard.
Et ils restèrent ainsi longtemps, jusqu'à ce que le livreur n'arrive avec ses trente cinq minutes de retard.
-Je croyais qu'on ne devait travailler que demain…dit Judy en bâillant longtemps.
-Bogo vient de m'appeler. Fangmeyer est malade et McHorn est porté abstention. Il lui manque du personnel.
Nick disposa une assiette de gaufres aux noisettes devant elle, avec une tasse de café dans lequel il avait stylisé un cœur dans le nuage de crème.
-T'es trop mignon bébé, dit elle avec un petit sourire.
-Tu sais, Carotte, même si j'adore ça je pense qu'il va falloir que tu fasses attention quand tu seras au poste. Ça la ferait mal si tu m'appelles « bébé » devant le chef.
-J'essaierai de bien me tenir, fit elle avec un rictus. Essayer.
-En tout cas il faut qu'on se dépêche de prendre une douche avant d'y aller. Tu as mon odeur partout sur toi.
Elle afficha une mine boudeuse en buvant son café.
Après la soirée qu'ils avaient passé, ils avaient décidé qu'il serait plus sage que Nick reste dormir chez elle. Ils avaient alors passé la nuit à simplement se câliner tendrement jusqu'à ce qu'elle s'endorme dans ses bras, entouré de sa queue, pour la meilleure nuit qu'elle eut depuis des années. Elle aimait sentir l'odeur de son mâle sur elle, comme une appartenance. Elle savait qu'il fallait qu'elle s'en sépare cependant pour ne pas attirer l'attention, mais l'idée lui déplaisait.
-Je suppose que je peux pas la prendre avec toi, celle-ci ?
Elle lui lança un regard lubrique en se mordillant la lèvre. Nick la trouvait si craquante, si sexy quand elle faisait ça, qu'il dut se retenir de lui arracher son haut de pyjama.
-Si tu fais ça, on sera vraiment en retard, Carotte. Et j'imagine même pas la tête de Bogo si on se pointe avec deux heures après l'appel, qu'on loupera quoi qu'il en soit.
-C'est pas faux, soupira-elle en lui caressant la queue sur le chemin de la salle de bain.
-Il faut qu'on passe chez moi pour que je récupère mon uniforme, dit-il en ressortant de la douche dix minutes plus tard.
Judy était en train de récupérer son arme quand elle se figea un instant. Le renard ne portait qu'une serviette nouée autour de sa taille, et l'eau ruisselait encore sur la fourrure de son torse. Elle le reluqua un instant avant de venir à sa rencontre en jouant des hanches lascivement.
-On t'as à déjà dit que tu étais magnifique, Mister Fox ?dit elle en caressant langoureusement son torse
-Hum…Oui, c'est déjà arrivé, quelques fois, avec mes nombreuses conquêtes…lui répondit Nick en jouant le jeu.
-Ah oui, Dom Juan ? Tu pourras pas me rendre jalouse, parce que je sais que t'es à moi.
Elle serra sa patte dans sa fourrure et déposa un baiser sur son museau.
-Holà, Bunnygirl, tu serais pas un peu possessive ?
-Oh que oui, dit-elle avec un clin d'œil en caressant son sexe à travers la serviette.
-En voilà une vilaine lapinette.
Il lui caressa les oreilles, griffant doucement le haut de son cou au passage.
-Ce soir, tu n'auras qu'à me mettre la féssée.
Elle l'embrassa avant de s'éloigner rapidement dans la salle de bain, laissant le renard pantois en pleine érection.
-Tu comptes me laisser comme ça ?demanda-il d'une petite voix suppliante.
-T'avais qu'à pas te balader à moitié à poil dans mon appart', renard crétin, dit elle en ouvrant l'eau.
-Lapin malin…maugréa-il en gardant tout de même l'idée de la féssée dans un coin de sa tête.
-Hopps ! Wilde !rugit le buffle à peine les deux policiers eurent-ils franchis les portes du poste central. Dans mon bureau !
Clawhauser leur lança un petit regard navré derrière son bureau. Bogo semblait encore plus sûr les nerfs que d'habitude, et Judy baissa nerveusement ses oreilles dans son dos. Même si sa relation avec le chef s'était nettement améliorée depuis leur première rencontre, elle avait toujours peur du chef et de ses accès de colère.
-Tout de suite, ma vachette, dit Nick à Judy pour détendre l'atmosphère.
La lapine pouffa et tout deux se dirigèrent vers l'ascenseur. Clawhauser ne put s'empêcher de remarquer la queue du renard qui virevolta jusqu'à frôler les oreilles de Judy.
« Ces deux-là sont vraiment trop mignons ! »
-Vous êtes en retard !leur dit le buffle sans préambule des qu'ils entrèrent dans son bureau.
-Pour notre défense, chef, on est surtout sensés ne pas être là du tout…dit Nick narquoisement.
-On s'en cogne, Wilde. Je vous ai pas fait venir pour des clopinettes.
-Vous pouvez pas vous passer de nous, avouez.
-Nick, arrête !fit Judy en mettant un coup de coude à son partenaire. Que se passe-il chef ?demanda Judy sérieusement.
Le buffle grogna en jetant un dernier regard à Nick avant de se tourner vers Judy.
-J'ai besoin de vous dans la rue, aujourd'hui. J'ai plusieurs absents et le maire me tanne pour que je fasse en sorte d'avoir une ville propre pour la visite présidentielle du mois prochain. J'ai pas le choix de vous envoyer à Tundratown, et en double service.
Nick se crispa sur son siège et Judy soupira. Ils savaient que le President devait venir à Zootopie pour sa visite annuelle, et le nouveau Maire voulait faire bonne impression après le fiasco de l'affaire Bellweather et des Hurleurs Nocturnes. Mais un double service…Ils ne seraient pas rentrés avant tard dans la nuit. Des heures et des heures côte à côte dans la même voiture sans pour autant pouvoir se toucher. Nick serra les dents rien qu'en y pensant.
-Donc, maintient de l'ordre, surveillance et verbalisation. Ça sera tout. Disposez !
-Voyons le côté positif, Nick. On va passer la journée ensemble, dit Judy en prenant les clefs de la voiture de patrouille.
-On passera pas la journée si c'est toi qui prend le volant, railla le renard en s'asseyant tout de même sur le siège passager.
-Renard crétin, dit Judy en prenant la sortie du parking menant vers Tundratown.
Le voyage vers le quartier hivernal dura une grosse demi heure durant laquelle le jeune couple se disputa pour choisir la musique de la voiture. Elle voulait de la pop électro là où lui voulait « de la musique avec des musiciens », à savoir du Heavy Métal. Ils finirent par tomber d'accord sur un bon vieux rock alors qu'ils passaient les murs d'enceinte frigorifiques.
-Je te suggère de commencer par le quartier ouest, Carotte.
-C'est là qu'il y a le plus d'action ?demanda Judy en suivant la direction indiquée par Nick.
Même si elle vivait à Zootopie depuis plus d'un an maintenant, elle était loin de connaître la ville aussi bien que Nick, en particulier dans les quartiers que les mammifères de son acabit ne fréquentent pas souvent.
-Pas du tout. C'est le coin le plus calme du quartier, mais ils font des chocolats chauds à tomber.
-Nick…
-Judy, on est là pour faire la décoration pour que le Maire fasse bonne impression. Alors autant en profiter et me laisser t'offrir un chocolat. On en aura pas pour longtemps, promis.
La lapine le regarda plusieurs minutes, hésitant sur le choix à faire
-Bon, un seul arrêt, finit-elle par lui dire. Et je veux un beignet aux framboises.
-Tout ce que tu voudras, dit-il avec un large sourire.
La petite boulangerie dans laquelle Nick les emmena ne payait pas de mine, mais Judy la trouva magnifique, avec son architecture en bois et ses murs en pierre traditionnelle. Elle insista pour y aller elle-même malgré le froid, et en sortie avec une demi-livre de pin d'épice en plus de la collation promise pas Nick.
-J'adore cet endroit, lui confia-elle alors qu'elle sirotait son chocolat dans la voiture. Il me fait penser aux vacances d'hivers quand je vivais chez mes parents.
-Tu aimes l'hiver ? Je te voyais plus comme une amatrice de l'été.
-C'est ma saison préférée. Quand j'étais petite j'attendais que les champs soient recouverts de neige pour y jouer des heures avec mes frères et sœurs. Et le soir mon père allumait un grand feu et ma mère nous faisait des tartes aux myrtilles. Celles que t'adores. On finissait tous pas attraper froid ce qui, tu te doutes, tournait rapidement à l'épidémie avec autant lapereaux dans une même maison. Mais on s'en fichait, c'est pas ça qui allait nous empêcher de continuer tous les ans.
En l'écoutant parler ainsi de son enfance le cœur de Nick se serra dans sa poitrine. Judy et lui ne pouvaient pas avoir eu une enfance plus différente. Et pourtant le destin les avait fait se croiser pour qu'ils en soient là à cet instant. Le renard ne parvenait toujours pas à réaliser la chance qu'il avait, et continuait de penser qu'il ne la méritait pas. Sans doute savait-il que toutes les bonnes choses ont une fin.
-Dis-moi, Nick, tu veux des petits ?
La question le prit au dépourvu, et il se figea, son gobelet de chocolat à moitié levé, ce qui lui fit renverser une partie du breuvage brûlant sur son torse.
-Il est un peu tôt pour parler de ça, tu ne crois pas ?dit il en épongeant du mieux qu'il pouvait le chocolat.
-Simplement pour savoir si tu y avais déjà pensé. Bien sûr pour ça il faudrait que tu te trouves une gentille renarde, ajouta Judy en tapotant l'air de rien le rétro-viseur de leur véhicule.
Nick s'apprêtait à répondre quand il comprit où elle voulait en venir. Toutes les voitures de la police de Zootopia disposaient d'un micro et d'une caméra embarquée, qui enregistraient tout dès que le moteur était en marche. Ça permettait aux forces de l'ordre de vérifier la validité d'une intervention lors des patrouilles, et d'éviter les débordements policiers. Même s'il n'y avait qu'une infime chance que quelqu'un écoute leur bande spécifiquement, ni Judy ni Quick ne voulait prendre le risque.
-Je sais pas, Carotte. L'idée me tente bien, mais je pense que je n'ai pas la fibre paternelle. Je suis certain de faire un très mauvais père.
-Je suis certaine que non, Nick, dit Judy à voix basse en posant sa patte sur sa cuisse.
-Viens, on va aller vers la place centrale, histoire de se dégourdir les pattes, suggéra Nick pour couper court au sujet.
-Comme tu veux.
Le sujet le mettait manifestement très mal à l'aise, et Judy se maudit de l'avoir abordé aussi tôt dans leur relation. Elle avait cru que le moment s'y prêtait, mais elle oubliait rapidement que Nick avait eut une enfance difficile et que la notion de famille et d'engagement était pour lui des notions délicates.
Ils arrivèrent dans le centre de Toundraville, et Judy gloussa quand ils passèrent devant une agence de locomotion de limousine. Le souvenir de cette nuit affolante était encore présent dans sa mémoire. Elle regarda Nick qui checkait ses mails sur son téléphone. Tant de choses s'étaient passées depuis ce soir là. « Je suis vraiment une lapine chanceuse », de dit-elle en passant sa main dans le cou de Nick. Sans la regarder il posa sa queue sur son bras.
Ils arrivèrent en vue de la place principale de Tondratown, une vaste esplanade encerclée d'eau glacée et d'icebergs, et où bon nombre de citadins aimait se balader en toute saison tant elle était dépaysante.
-Ho ho…dit Nick dès qu'ils arrivèrent sur place. Regarde, Carotte.
Sa voix était soudain devenue tendue, et il pointa du doigt l'entrée d'un bistro mixte, où proie et prédateurs peuvent se retrouver sans être jugés. Le genre d'endroit que Nick appréciait de plus en plus.
-C'est un peu tôt pour un verre, Nick, commenta Judy. « Mais meurt d'envie de le partager avec toi ».
-Regarde plutôt les deux gus, là.
La lapine vit ce que Nick voulait voir. Un lièvre à l'air émacié et un grand chat aux frusques miteuses. Ils semblaient attendre au coin du troquet en échangeant des plaisanteries et en fumant des cigarettes de basses qualités.
-Ça, Carottes, c'est un mauvais coup en perspective…
-T'es sûr de de toi, Nick ?demanda nerveusement Judy en sortant tout de même son tazer de son étuis.
Elle avait depuis longtemps appris à se fier à l'instinct du renard, et lui faisait une confiance absolue sur le sujet.
Soudain un long cri s'échappa du pub, suivit par un bruit de lutte à l'intérieur.
-J'ai toujours raison, Carotte, dit Nick en sortant prestement du véhicule.
Dès que les deux. Policiers furent hors de la voiture, les deux individus se mirent à bouger tandis qu'un troisième, un blaireau au visage masqué par une cagoule, sortait en trombe de l'échoppe. Il portait un grand sac sur son épaule et hurlait à ses camardes quelque chose que ni Judy ni Nick ne purent entendre.
-POLICE DE ZOOTOPIA ! PLUS UN GESTE !leur cria immédiatement Judy en les menaçant de son arme.
-METTEZ-VOUS FACE AU MUR !ordonna Nick sur ses talons.
Neuf fois sur dix l'intervention s'arrêtait là.
-Compte la-dessus, mon poulet !leur hurla le lièvre en leur faisait un doigt expressif.
La dixième fois ça se passait comme ça.
Les trois mammifères se dirigèrent vers la ruelle, mais le renard fut plus rapide. Il tira sur le chat, mais le félin esquiva sans problème les aiguillons électrifiés et sorti ses griffes acérées en prenant une posture d'attaque. Judy arrivait déjà dans le dos des deux autres.
-COUCHEZ-VOUS AU SOL ! DERNIÈRE SOMMATION !
Le lièvre et le blaireau se retournèrent vers elle et ce dernier se jeta sur elle avant qu'elle ne puisse faire feu. Son arme tomba au sol tandis qu'il lui assénait un coup de patte en plein menton, là mettant au sol, sonnée.
-Compte là-dessus, la peluche !
Toujours aux prises avec le chat, Nick ne vit pas ce que le lièvre cherchait dans les replis de sa veste. Il ne put qu'apercevoir son sourire sadique quand Judy se relevait en sortant son arme de service. Et il n'entendit qu'un puissant bruit qui lui perça les oreilles avant de voir la lapine, SA lapine, tomber lourdement sur le bitume.
Judy ne sentit qu'un violent coup lui parcourir le corps. Ses yeux se remplirent de noir alors qu'elle. entendait. une voix sauvage hurler son nom.
