"C'est terminé entre nous Severus."

La déclaration de Harry fut suivie d'un silence pesant, pendant lequel Severus se demandait s'il avait vraiment bien entendu ce que le jeune homme lui avait dit. Il le fixa dans les yeux, découvrant la même lueur décidée. Non, il n'avait pas rêvé, Harry avait bien osé lui jeter cette bombe à la figure, comme si cela ne le dérangerait pas.

"Et ?"

Cette petite question anodine le figea complètement. Severus comprit aisément que son amant devait craindre une mauvaise réaction de sa part, pensée tout à fait justifiée. Il n'ajouta rien de plus, attendant une explication de la part du concerné sur cette soudaine décision.

"Euh, en fait, euh... j'ai, j'ai pensé que... en fait, euh...

_Tu as pensé que ?"répéta Severus, tout en s'avançant vers lui.

Celui-ci reculait au fur et à mesure que le yakuza avançait, essayant sans doute de mettre ses pensées au clair pour expliquer ses raisons à Severus.

"Voilà... a... avec tout ce qui se passe, je... je crois..."

_Bien, je t'écoute, si c'est ce que tu veux. Très bien, je peux savoir quelles conneries te sont encore passées par la tête ?"

_Ce ne sont pas des conneries ! Ce n'est pas quelque chose que j'ai décidé du jour au lendemain ! Je ne supporte plus la situation, c'est tout."

A cette tirade, le cœur de Severus se serra faiblement, voyant arriver ce qu'il redoutait le plus, sans qu'il ne lui soit possible de faire quoi que ce soit pour l'arrêter.

"Ça fait déjà des mois que ça dure, et j'ai l'impression que c'est de pire en pire. C'est vrai quoi, je ne fais rien d'autre que rester cloîtré ici, je ne sais même pas de quand date ma dernière photo, ce n'est vraiment pas moi de rester aussi inactif ! Je flippe pour un rien, je ne peux pas m'empêcher de regarder derrière mon épaule quand je suis dans la rue, et je continue tout de même à affirmer que tout va bien ! Sans compter ces crises de panique qui reviennent fréquemment depuis plusieurs mois. C'est pour toutes ces raisons que je pense que ce serait mieux pour nous deux si on s'arrêtait là. C'est vrai quoi, je ne suis qu'un boulet pour toi, deux de tes hommes sont obligés de me surveiller pratiquement 24h/24, je les plains les pauvres, c'est un sacré changement de métier ! J'ai pensé prendre un peu de distance, quitter la ville pour aller dans je ne sais quel trou paumé, changer un peu d'air quoi ! Après tout, je n'ai pas quitté cette ville depuis que j'y suis né, ça ne me fera pas de mal de voir un peu de pays ! Je suis désolé, je pense sincèrement que ça aurait pu marcher nous deux, peut-être dans d'autres circonstances. J'ai déjà rassemblé mes affaires. Adieu Sev !"

Dans l'esprit de Severus, tout devint blanc. Le peu de raison qui lui restait encore avait fait place à une colère sans borne par ces deux simples mots.

"Adieu ?"

Harry, qui avait esquissé quelques pas vers la porte d'entrée, se figea en entendant le ton sur lequel Severus avait prononcé ce mot. Il se retourna doucement, et vit alors le yakuza approcher à pas lents de lui.

"Tu crois peut-être que tu as le droit de me dire ça ?"

Le jeune homme ne savait pas quoi faire. Il se doutait bien que Severus ne le laisserait pas partir sans rien dire, mais il ne pensait pas non plus qu'il se mettrait dans une telle colère. Car ça, Harry pouvait aisément le constater : le yakuza était plus que furieux.

"Tu crois peut-être que tu es libre de partir ? Tu es à moi, et tout ce qui est à moi reste dans cette maison tu m'appartiens !

Harry ne pouvait plus se le cacher : l'homme devant lui lui faisait peur. Très peur. Tellement qu'il ne parvenait pas à esquisser le moindre geste pour fuir, bien que cela eut été totalement inutile, ou à prononcer le moindre mot susceptible de calmer la colère du yakuza. Impuissant, il se contenta de regarder, effrayé, Severus s'approcher. Celui-ci posa brusquement une main contre le mur, le bloquant de la même manière.

" Je te possède et ton corps va t'aider à retrouver la raison"

Harry écarquilla les yeux à cette phrase et tenta de s'échapper de l'emprise du yakuza pour quitter l'appartement. Trop tard. Severus avait déjà bloqué ses poignets au-dessus de sa tête d'une seule main et de l'autre, il commençait à soulever son t-shirt et caresser son ventre. D'un geste lent, le yakuza remonta ses mains jusqu'à un téton qu'il caressa quelques instants. La main du yakuza se mit à redescendre, effleurant les abdominaux. Severus déboutonna le pantalon de Harry de sa main libre, et plongea sa main dans son boxer. Il s'attaqua ensuite à son cou, plaquant avec plus de force son amant contre le mur. Les larmes commencèrent à couler le long des joues de Harry.

"Arrête, s'il-te-plaît... Tu... tu me fais peur quand tu es comme ça..."

Le ton suppliant du jeune homme surprit Severus qui releva la tête et découvrit son amant, des larmes coulant librement le long de ses joues. Il se crispa à cette vue, mais rapidement, la colère le submergea encore plus. Alors Harry lui résistait ? Non seulement il ne cédait pas sous ses caresses, mais en plus, il avait peur de lui ?

Brusquement, il se décolla du mur et tout en gardant les poignets du jeune homme prisonniers de sa main, il traîna celui-ci en direction de la chambre. Harry prit soudain conscience des intentions du yakuza, et les larmes sur ses joues redoublèrent d'intensité, se sentant de plus en plus effrayé devant son impuissance.

"Non, s'il-te-plaît ! Arrête ! Arrête ! S'il-te-plaît, laisse-moi..."

Harry se débattit, et parvint à soustraire ses poignets de l'emprise du yakuza. Une fois libéré, il s'élança en direction de la porte mais une douleur vint stopper sa tentative de fuite. Harry maintenait ses deux bras bloqués derrière son dos, dans une position plus qu'inconfortable, mais ce détail ne préoccupa pas un seul instant le yakuza. Il poussa le jeune homme devant lui et une fois dans la chambre, il le jeta sur le lit et se retourna pour fermer la porte à clé.

Severus le rejeta violemment sur le lit et se positionna au-dessus de lui, lui bloquant toute nouvelle tentative de fuite. Le yakuza entendait vaguement Harry prononcer quelques mots, d'un ton suppliant, mais il n'en avait que faire. D'un geste brusque, il déchira le t-shirt du jeune homme sur toute sa longueur, puis descendit ses mains jusqu'à son pantalon qu'il s'empressa de retirer. En vain, les mains de Harry tentaient de stopper le yakuza, essayant tantôt de bloquer le cheminement de ses mains sur son corps, tantôt de le repousser pour échapper à son emprise. Severus prit les restes du t-shirt désormais inutilisable et noua les deux poignets de Harry ensemble, avant de le retourner sur le ventre. Sa main s'avançait déjà vers le dernier rempart s'élevant contre sa nudité...

"Arrête ! Comment tu peux me faire ça ? "

De ses mains expertes, Severus caressa la moindre parcelle de son corps, s'attardant avec soin sur les points érogènes de son amant, laissant ses lèvres glisser avec douceur le long de sa peau. Cette soudaine douceur devait totalement contraster avec la violence dont le yakuza avait fait preuve précédemment, mais ce déluge de sensations ne manquerait pas de faire plier la volonté de Harry.

Celui-ci était extrêmement sensible, et le stimuler de la sorte ne manquerait pas de faire naître des gémissements de sa bouche, sons délicieusement agréables pour l'oreille du yakuza. Convaincu de l'exactitude de ses pensées, l'agacement de Severus fut à son comble quand il prit conscience que ses agissements n'avaient pas du tout l'effet escompté sur son amant.

Les larmes continuaient de couler le long de ses joues et même si elles étaient de moins en moins fortes, les plaintes de Harry continuaient à s'élever dans la pièce, à la place des gémissements tant attendus. Le peu de raison qu'il restait encore au yakuza s'évanouit lorsque les pleurs du jeune homme redoublèrent d'intensité, au moment même où l'une de ses mains venait se glisser sous le tissu du boxer.

Sa main descendit le long de la jambe du jeune homme, et retira le dernier obstacle à sa nudité. Ses pleurs. Ses gémissements plaintifs. Severus s'en gorgea et continua plus loin. Encore plus loin. Beaucoup trop loin.

Cette nuit-là, quelque chose s'était définitivement brisé entre les deux hommes. Et toute la nuit durant,

Severus continua de prouver à Harry que son corps lui appartenait, multipliant les caresses et profanant de nombreuses fois son corps,

tout en faisant abstraction des plaintes de plus en plus faibles qui sortaient de sa bouche,

sans remarquer que la lueur dans les yeux de Harry faiblissait de plus en plus. Tout ceci prit fin à l'aube.